by Jean M. Auel
— Ce n’est pas la même chose, riposta-t-il.
Il parlait d’un ton grave, semblait prêt à pousser plus loin son attaque. Mais il s’interrompit, sourit. Il ne voulait pas la bousculer. Elle était bouleversée, il le voyait bien. Il ne s’était guère écoulé de temps, depuis la séparation. Il frictionna affectueusement le crâne de Loup.
— Il est trop petit pour te tenir chaud... mais, je dois l’avouer, il est charmant.
Ayla lui rendit son sourire, avant de déposer le louveteau dans son panier. Il en sortit immédiatement, d’un bond, et, d’un autre bond, se retrouva sur le sol. Il s’assit pour se gratter, décampa ensuite vers son écuelle. Ayla entreprit de plier la tunique blanche, avant de la ranger. Elle frotta doucement le cuir souple, la blanche fourrure d’hermine, rajusta les petites queues terminées par une pointe noire. Elle sentait son estomac se nouer, sa gorge se serrer. Des larmes lui brûlaient les yeux, elle devait faire un effort pour se maîtriser. Non, ce n’était pas la même chose, se disait-elle. Comment aurait-il pu en être autrement ? Ranec était debout derrière elle.
— Ayla, tu sais combien je te désire, combien je te suis attaché, dit-il. Non ?
— Oui, je le crois, répondit-elle, les paupières closes, sans se retourner.
— Je t’aime, Ayla. Tu es indécise, à présent, je le sais, mais je veux que tu le saches : je t’ai aimée dès le premier instant où je t’ai vue. Je veux partager mon foyer avec toi, m’unir avec toi. Je veux te rendre heureuse. Tu as besoin de temps pour y réfléchir, j’en ai conscience. Je ne te demande pas de prendre une décision, mais dis-moi que tu penseras à... me permettre de te rendre heureuse. Le feras-tu ? Y penseras-tu ?
L’esprit saisi de vertige, Ayla baissait les yeux sur la tunique qu’elle tenait entre ses mains. Pourquoi Jondalar ne veut-il plus dormir avec moi ? Pourquoi a-t-il cessé de me toucher, cessé de partager les Plaisirs avec moi, même quand il dormait encore dans mon lit ? Tout a changé, une fois que je suis devenue Mamutoï. Ne voulait-il pas me voir adoptée ? Mais alors, pourquoi n’a-t-il rien dit ? Mais peut-être le voulait-il, il me l’avait dit. Je croyais qu’il m’aimait. Peut-être a-t-il changé d’avis. Peut-être ne m’aime-t-il plus. Jamais il ne m’a demandé de m’unir à lui. Que ferais-je si Jondalar s’en va sans moi ? Le nœud au creux de son estomac était dur comme une pierre. Ranec m’aime et il désire que je l’aime. Il est gentil, drôle, il me fait toujours rire... et il m’aime. Mais moi, je ne l’aime pas. Je voudrais bien l’aimer... je devrais peut-être essayer.
— Oui, Ranec, j’y penserai, dit-elle à voix basse. Mais sa gorge se serrait douloureusement.
Jondalar regarda Ranec quitter le Foyer du Mammouth. Le grand jeune homme blond était venu espionner, bien qu’il se le reprochât. Il n’était pas de mise, pour des adultes dans ce Camp ou parmi son peuple, de suivre du regard ou de s’occuper indûment des activités d’une autre personne, et Jondalar avait toujours témoigné d’un respect particulier pour les conventions sociales. Cette fois, pourtant, il ne pouvait s’empêcher de les enfreindre. Il essayait de le cacher, mais constamment il épiait Ranec et Ayla.
Le pas léger du sculpteur, son sourire ravi, tandis qu’il regagnait le Foyer du renard, emplissait d’appréhension le visiteur. Si le Mamutoï était si joyeux, c’était certainement parce que Ayla avait dit ou fait quelque chose. Et son imagination morbide redoutait le pire.
Ranec, Jondalar le savait, était devenu un visiteur assidu depuis que lui-même avait quitté le Foyer du Mammouth. Il s’en voulait de lui en avoir fourni l’occasion. Il aurait aimé revenir sur tout ce qu’il avait dit, sur toute la ridicule discussion, mais il était convaincu qu’il était maintenant trop tard pour réparer. Il se sentait désarmé, mais, en même temps, c’était un soulagement d’avoir mis une certaine distance entre Ayla et lui.
Même s’il ne voulait pas se l’avouer, son comportement ne venait pas seulement du désir de lui laisser choisir l’homme qu’elle préférait. Il avait été si profondément blessé qu’une partie de lui-même voulait blesser en retour. Si Ayla était capable de le rejeter, il pouvait la rejeter à son tour. Mais, en même temps, il éprouvait le besoin de se donner la possibilité d’un choix, lui aussi, de voir s’il était capable d’oublier son amour pour elle. Il se demandait sincèrement s’il ne serait pas préférable pour Ayla de rester en ces lieux, où elle était acceptée, aimée, plutôt que de l’accompagner quand il partirait rejoindre son peuple. Il redoutait sa propre réaction, si ce peuple rejetait sa compagne. Serait-il prêt à mener avec elle une existence de bannis ? Serait-il prêt à repartir, à quitter de nouveau les siens, surtout après avoir accompli un si long voyage pour les rejoindre ? Ou bien la rejetterait-il, lui aussi ?
Si elle choisissait d’aimer un autre homme, il serait bien obligé de la laisser derrière lui et il n’aurait pas à prendre une telle décision. Mais la seule idée qu’elle pût aimer quelqu’un d’autre lui causait une souffrance si intolérable qu’il se demandait s’il pourrait y survivre ou même s’il le désirerait. Plus il luttait contre lui-même pour ne pas révéler son amour, plus il devenait jaloux et possessif et plus il se haïssait. Le tourment que faisaient naître en lui ses efforts pour démêler les émotions violentes et complexes qui l’agitaient commençait à laisser des traces. Il ne pouvait ni manger, ni dormir, il maigrissait, s’affaiblissait. Ses vêtements pendaient sur son corps efflanqué. Incapable de se concentrer, même sur un magnifique morceau de silex, il lui arrivait de se demander s’il était en train de perdre la raison ou s’il était possédé de quelque funeste esprit de la nuit. Déchiré comme il l’était par son amour pour Ayla, la douleur de risquer de la perdre, la crainte de ce qui pourrait arriver s’il ne lui laissait pas sa liberté, il ne supportait plus de se trouver trop près d’elle. Il craignait de perdre tout sang-froid, de commettre un acte regrettable. Mais il ne pouvait s’empêcher de l’épier constamment.
Le Camp du Lion se montrait indulgent à l’égard de l’indiscrétion de son visiteur. Tout le monde était au courant de ses sentiments pour Ayla, en dépit de ses efforts pour les dissimuler. Chacun, dans le Camp, parlait de la douloureuse épreuve que traversaient les trois jeunes gens. La solution à leur problème paraissait toute simple à ceux qui le considéraient de l’extérieur. De toute évidence, Ayla et Jondalar s’aimaient. Alors, pourquoi ne se l’avouaient-ils pas, avant d’inviter Ranec à partager leur Union ? Mais Nezzie sentait bien que ce n’était pas aussi simple. Cette femme avisée, maternelle avait conscience que l’amour de Jondalar était trop violent pour être bridé par l’incapacité à trouver les mots pour l’exprimer. Quelque chose de plus puissant s’interposait entre eux. Par ailleurs, Nezzie, plus que quiconque, comprenait la profondeur de l’amour de Ranec pour Ayla. A son avis, une telle situation ne pouvait se résoudre par une Union partagée.
Ayla devait faire son choix.
Comme si l’idée même détenait un pouvoir irrésistible, Ayla, depuis le moment où Ranec lui avait demandé de réfléchir à la possibilité de partager son foyer et avait souligné le fait évident, douloureux, qu’elle dormait maintenant seule, ne pouvait plus penser à autre chose. Elle s’était accrochée à la conviction que Jondalar oublierait leurs paroles trop dures, qu’il reviendrait. Il lui semblait à chaque coup d’œil lancé vers le premier foyer qu’elle le voyait, entre les poteaux de soutènement et les objets accrochés au plafond dans les foyers intermédiaires, se détourner vivement. Il s’intéressait donc encore assez à elle, se disait-elle, pour regarder dans sa direction. Mais chaque nuit qu’elle passait seule réduisait son espoir.
« Penses-y... ». Les paroles de Ranec se répétaient dans l’esprit d’Ayla, tandis qu’elle pilait des feuilles séchées de bardane et de fougère, destinées à une infusion pour l’arthrite de Mamut. Elle songeait au sourire de l’homme à la peau sombre, se demandait si elle pourrait apprendre à l’aimer. Mais l’idée d’une vie sans Jondalar lui laissait au creux de l’estomac un vide douloureux. Elle ajouta aux feuilles pilées un peu de gaul
thérie fraîche et de l’eau chaude, apporta la tisane au vieil homme.
Elle sourit à ses remerciements, mais elle paraissait triste, préoccupée. Tout au long de la journée, elle avait eu la tête ailleurs. Depuis que Jondalar avait quitté le foyer, elle n’était pas dans son assiette, Mamut le savait, et il aurait voulu pouvoir l’aider. Il avait vu Ranec s’entretenir avec elle et il se demandait s’il devait en parler à Ayla, mais il croyait que rien ne se produisait dans la vie d’Ayla sans un but précis. La Mère, il en était convaincu, avait une bonne raison pour susciter les difficultés présentes. Il hésitait donc à intervenir. Les épreuves imposées à Ayla et aux deux hommes étaient nécessaires.
Il la regarda passer dans l’abri des chevaux, la vit revenir un moment après.
La jeune femme couvrit le feu, regagna sa plate-forme de couchage, se dévêtit, se prépara à dormir. Affronter la nuit en sachant que Jondalar ne viendrait pas dormir auprès d’elle était un supplice. Elle s’affaira à de petites tâches pour retarder le moment où elle se glisserait dans ses fourrures, avec la certitude de rester éveillée une bonne moitié de la nuit. Finalement, elle souleva le petit loup, s’assit avec lui au bord de sa couche, le câlina, le caressa, parla au jeune animal chaud et affectueux, jusqu’au moment où il s’endormit entre ses bras. Elle le remit alors dans son panier.
Pour compenser l’absence de Jondalar, Ayla prodiguait son amour au louveteau.
Mamut prit conscience qu’il était éveillé et ouvrit les yeux. Il distinguait à peine des formes vagues dans la pénombre. L’habitation était silencieuse, de ce silence nocturne peuplé seulement de légers frémissements, de lourdes respirations et de sourds borborygmes du sommeil. Lentement, Mamut tourna la tête vers le faible rougeoiement des cendres dans le trou à feu. Il cherchait à découvrir ce qui l’avait arraché à un sommeil profond. Il entendit tout près du souffle haletant, un sanglot étouffé. Le vieil homme, alors, repoussa ses couvertures.
— Ayla ? Ayla, tu souffres, demanda-t-il à voix basse. Elle sentit sur son bras une main tiède.
— Non, répondit-elle.
Le mot s’étrangla dans sa gorge. Elle gardait le visage tourné vers le mur.
— Tu pleures.
— Je te demande pardon de t’avoir réveillé. J’aurais dû faire moins de bruit.
— Tu ne faisais pas de bruit. Ce n’est pas cela qui m’a réveillé, mais le besoin que tu avais de moi. La Mère m’a envoyé vers toi. Tu souffres. C’est un mal intérieur, n’est-ce pas ?
Ayla reprit péniblement son souffle, réprima le cri qui voulait sortir de sa gorge.
— Oui.
Elle se retourna vers le chaman qui vit briller des larmes dans la lumière diffuse.
— Alors, pleure, Ayla. Tu ne dois pas tout renfermer en toi. Tu as de bonnes raisons de souffrir et tu as aussi le droit de pleurer, déclara Mamut.
— Oh ! Mamut, cria-t-elle dans un lourd sanglot.
Elle tentait encore de ne pas faire trop de bruit, mais, libérée par la permission qu’il lui avait donnée, elle pleura doucement son chagrin, son angoisse.
— Ne te retiens pas, Ayla. Pleurer te fait du bien, lui dit le vieux chaman.
Il s’était assis au bord de la couche et flattait doucement la jeune femme de la main.
— Tout finira comme il se doit, comme il a été décidé. Tout va bien, Ayla.
Quand les larmes se tarirent enfin, elle chercha un morceau de peau souple pour s’essuyer les yeux et le visage, avant de se redresser pour s’asseoir près du vieil homme.
— Je me sens mieux, à présent, dit-elle.
— Il est toujours bon de pleurer quand on en éprouve le besoin, mais ce n’est pas fini, Ayla.
Elle baissa la tête.
— Je le sais.
Elle se tourna vers lui pour demander :
— Mais, pourquoi ?
— Un jour, tu sauras pourquoi. Ta vie, je le crois, est gouvernée par des forces puissantes. Tu as été choisie pour un destin exceptionnel. Ce n’est pas un fardeau léger, celui que tu portes. Vois plutôt ce que tu as déjà subi dans ta jeune existence. Mais ta vie ne sera pas tissée uniquement de peines, tu connaîtras aussi de grandes joies. Tu es aimée, Ayla. Tu attires l’amour. Ce don t’a été accordé afin de t’aider à supporter ton fardeau. Tu auras toujours l’amour... trop, peut-être...
— Je croyais que Jondalar m’aimait...
— Ne sois pas trop sûre du contraire. Mais bien d’autres êtres t’aiment, y compris le vieil homme que je suis, déclara Mamut en souriant.
La jeune femme sourit, elle aussi.
— Tu as même un loup et des chevaux pour t’aimer. N’y a-t-il pas eu bien des gens qui t’ont aimée aussi ?
— Oui, c’est vrai. Iza m’aimait. Elle était ma mère. Je n’étais pas née d’elle, mais cela lui importait peu. Quand elle est morte, elle a dit qu’elle m’aimait plus que tout... Creb m’aimait aussi... même si je l’ai déçu, blessé...
Ayla s’interrompit un instant, puis poursuivit :
— Uba m’aimait... et Durc, elle s’interrompit encore.
— Crois-tu que je reverrai mon fils, Mamut ?
Le chaman prit un temps avant de répondre.
— Depuis combien de temps ne l’as-tu pas vu ?
— Trois... non, quatre années. Il est né au commencement du printemps. Il avait trois ans quand je suis partie. Il a environ l’âge de Rydag...
Elle leva soudain les yeux vers le vieil homme, pour reprendre, avec une animation passionnée :
— Mamut, Rydag est un enfant de sangs mêlés, comme mon fils. Si Rydag peut vivre ici, pourquoi Durc ne pourrait-il pas ? Tu es allé jusqu’à la péninsule et tu en es revenu. Pourquoi n’irais-je pas chercher Durc pour le ramener ici ? Ce n’est pas si loin.
Mamut, le front plissé, réfléchit à sa réponse.
— Je ne peux rien te dire là-dessus, Ayla. Tu es la seule à pouvoir décider, mais il te faudra bien réfléchir à ce qui vaut le mieux, non seulement pour toi mais pour ton fils aussi. Tu es mamutoï. Tu as appris à parler notre langage et tu connais maintenant beaucoup de nos coutumes, mais il te reste encore beaucoup à apprendre.
Ayla n’écoutait plus les mots soigneusement choisis du chaman. Déjà, son esprit s’envolait.
— Si Nezzie a pu accueillir un enfant qui n’est même pas capable de parler, pourquoi n’en accueillerait-elle pas un autre qui, lui, en est capable ? Durc le serait, s’il avait un langage à apprendre. Durc pourrait être un ami pour Rydag. Il pourrait aller lui chercher ce dont il aurait besoin. Durc court très vite.
Mamut, lui laissa poursuivre le catalogue des vertus de Durc jusqu’au moment où elle s’arrêta d’elle-même. Il demanda alors :
— Quand irais-tu le chercher, Ayla ?
— Le plus tôt possible. Ce printemps... Non, les voyages sont trop difficiles, au printemps : il y a trop d’inondations. J’attendrai l’été... La jeune femme fit une pause.
— Peut-être pas. C’est l’été du Rassemblement du Clan. Si je n’arrive pas avant leur départ, je serai obligée d’attendre leur retour. Mais, alors, Ura sera avec eux...
— La petite fille qui a été promise à ton fils ?
— Oui. Dans quelques années, ils s’uniront. Les enfants du Clan mûrissent plus vite que les Autres... que moi. Iza ne pensait pas que je deviendrais jamais une femme. J’étais tellement attardée, en comparaison des filles du Clan... Ura, elle pourrait déjà être une femme, prête à avoir un compagnon et son propre foyer.
Ayla fronça les sourcils.
— C’était encore un bébé, quand je l’ai vue, et Durc... La dernière fois que j’ai vu Durc, c’était un tout petit garçon. Bientôt, ce sera un homme qui devra nourrir sa compagne... une compagne qui pourra avoir des enfants. La compagne de mon fils pourrait bien avoir un enfant avant moi.
— Sais-tu quel âge tu as, Ayla ?
— Pas exactement. Mais je compte toujours mes années à la fin de l’hiver, à peu près maintenant. Je ne sais pas pourquoi.
Son front se plissa.
— Le moment est venu pour moi, je crois, d’ajouter une autre année. Je crois donc avoir...
Elle ferma les yeux pour se concentrer sur les mots qui exprimaient des nombres.
— J’ai maintenant dix-huit années, Mamut. Je commence à être vieille !
— Tu avais donc douze ans à la naissance de ton fils ? demanda-t-il, surpris.
Elle acquiesça d’un signe de tête.
— J’ai connu quelques filles qui devenaient femmes à neuf ou dix ans, mais c’est très jeune. Latie n’est pas encore une femme et elle est dans sa douzième année.
— Ça ne tardera plus, je peux te le dire.
— Oui, tu as raison, je crois. Mais tu n’es pas si vieille, Ayla. Deegie a dix-sept ans et elle ne sera pas unie avant la saison prochaine, à la Réunion d’Été.
— C’est vrai. J’ai promis de participer à la cérémonie de son Union. Je ne peux aller en même temps à une Réunion d’Été et à un Rassemblement du Clan.
Mamut la vit pâlir.
— De toute manière, je ne peux pas assister à un Rassemblement du Clan. Je ne suis pas même sûre de pouvoir retourner au Clan. Je suis maudite. Je suis morte. Durc lui-même pourrait me prendre pour un esprit et avoir peur de moi. Oh, Mamut, que dois-je faire ?
— Tu dois réfléchir très consciencieusement à tout cela, avant de décider ce qu’il y a de mieux.
Elle avait l’air troublée. Il décida de changer de sujet.
— Mais tu as le temps. Nous ne sommes pas encore au printemps. Toutefois, la Fête du Printemps sera là avant que nous n’ayons eu le temps d’y penser. As-tu réfléchi à la racine et à la cérémonie dont tu m’avais parlé ? Consentirais-tu à insérer cette cérémonie dans la Fête ?
La jeune femme fut parcourue d’un frisson. Cette idée la glaçait de frayeur, mais Mamut serait là pour l’aider. Il saurait quoi faire et il avait vraiment l’air de s’y intéresser et de vouloir tout en apprendre.
— C’est entendu, Mamut, oui, je le ferai.
Jondalar, tout en se refusant à le reconnaître, s’aperçut immédiatement du changement survenu dans les relations entre Ayla et Ranec. Il les surveilla plusieurs jours durant et ne put finalement se dissimuler que Ranec passait presque tout son temps au Foyer du Mammouth et qu’Ayla paraissait accueillir avec joie sa présence. Il avait beau tout faire pour se convaincre que tout était pour le mieux, et qu’il avait bien fait de s’éloigner, il ne parvenait pas à apaiser la souffrance d’avoir perdu l’amour de la jeune femme ni à maîtriser la douleur de se voir banni de son entourage. C’était lui qui s’était éloigné d’elle, qui avait de son plein gré abandonné son lit, sa compagnie. Il n’en avait pas moins l’impression d’être rejeté par elle.