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Les chasseurs de mammouths

Page 64

by Jean M. Auel


  — Mais ce ne sont pas des animaux ! Une guérisseuse du Clan a des connaissances très étendues !

  — Je le sais Ayla. Je connais mieux que personne les talents d’une guérisseuse du Clan. Et je crois qu’ici, tout le monde le sait, à présent, même Frébec. Ils apprécient tes capacités, mais Frébec se refuse à battre en retraite, après toutes ces disputes. Il a peur de perdre la face.

  — Qu’y a-t-il de plus important ? Sa face ou l’enfant de Fralie ?

  — Fralie attache sans doute plus d’importance à la face de Frébec.

  — Ce n’est pas la faute de Fralie. Frébec et Crozie font tout leur possible pour l’obliger à choisir entre eux, et elle se refuse à choisir.

  — La décision lui appartient.

  — Mais, précisément, elle ne veut pas prendre de décision. Elle refuse le choix.

  Mamut secoua la tête.

  — Non, elle en fait un, qu’elle le veuille ou on. Mais elle ne le fait pas entre Frébec et Crozie. Quand doit-elle mettre son enfant au monde ? Elle est près de son terme, il me semble.

  — Je n’en suis pas sûre, mais, à mon avis, ce n’est pas encore tout proche. Sa maigreur fait paraître son ventre plus gros, mais l’enfant n’est pas encore en position. C’est ce qui m’inquiète. Il est trop tôt, je pense.

  — Tu ne peux rien y faire, Ayla.

  — Si seulement Frébec et Crozie ne se disputaient pas constamment à propos de tout...

  — Cela n’a rien à voir. Ce problème-là ne concerne pas Fralie : il est entre Frébec et Crozie. Fralie n’est pas obligée de se laisser piéger entre les deux. Elle est capable de prendre ses propres décisions. En fait, elle en a pris une : elle a choisi de ne rien faire. Ou plutôt, si tes craintes sont fondées – et je crois qu’elles le sont –, elle a choisi de mettre un enfant au monde maintenant ou plus tard. Peut-être est-ce un choix entre la vie et la mort pour son enfant... au prix d’un danger pour elle-même. Mais telle est sa décision, et elle se justifie peut-être par des raisons que nous ignorons les uns et les autres.

  Bien après la fin de leur conversation, Ayla garda en mémoire les commentaires de Mamut. Lorsqu’elle alla se coucher, elle y songeait encore. Bien sûr, il avait raison. En dépit des sentiments de Fralie pour Frébec et pour sa mère, ce n’était pas son combat. Ayla s’efforçait de découvrir un moyen de convaincre Fralie mais elle avait déjà essayé et, maintenant que Frébec lui refusait l’accès de son foyer, elle n’avait plus l’occasion d’en parler à la jeune femme. Quand elle s’endormit, l’inquiétude pesait encore lourdement sur son esprit.

  Elle se réveilla en pleine nuit. Sans bouger, elle tendit l’oreille. Elle ne savait trop ce qui l’avait tirée du sommeil mais elle avait l’impression que c’était la voix plaintive de Fralie. Le silence se prolongeait. Sans doute avait-elle rêvé, se dit-elle. Loup gémit, et elle tendît la main pour l’apaiser. Peut-être faisait-il un cauchemar lui aussi, et était-ce ce qui l’avait réveillée. Sa main, pourtant, s’immobilisa avant d’avoir atteint le louveteau : elle tendit de nouveau l’oreille vers ce qui lui paraissait être une plainte étouffée.

  Ayla rejeta les couvertures, se leva. Sans bruit, elle passa derrière le rideau, chercha à tâtons le panier pour s’y soulager, avant d’enfiler une tunique. Elle s’approcha ensuite du trou à feu. Elle entendit alors une toux retenue, suivie d’une quinte interminable qui s’acheva dans un gémissement retenu également. Ayla ranima les braises, ajouta un peu de bois, des copeaux d’os, jusqu’au moment où les flammes montèrent. Elle y laissa tomber quelques pierres à cuire, tendit la main vers l’outre.

  — Tu peux faire de la tisane pour moi aussi, dit Mamut à voix basse.

  Il repoussa ses couvertures, se mit sur son séant.

  — Nous serons tous debout avant longtemps, je crois.

  Ayla hocha la tête, ajouta un peu plus d’eau dans le panier. Après une nouvelle quinte de toux, il y eut du mouvement, des voix contenues dans le Foyer de la Grue.

  — Et il faut quelque chose pour apaiser la toux... et quelque chose aussi pour interrompre le travail... s’il n’est pas déjà trop tard. Je vais voir ce que j’ai parmi mes remèdes, dit Ayla.

  Elle posa sa coupe, ajouta, après une hésitation :

  — … pour le cas où quelqu’un demanderait mon aide.

  Elle se munit d’un tison, et Mamut la regarda passer en revue les rayons sur lesquelles elle avait rangé les remèdes rapportés de sa caverne. Il est merveilleux de la voir pratiquer son art de Femme Qui Guérit, se disait le vieil homme. Mais elle est bien jeune. A la place de Frébec, j’aurai été plus préoccupé par sa jeunesse et, peut-être, son manque d’expérience que par le milieu d’où elle vient. Je sais qu’elle a été instruite par les meilleures, mais comment peut-elle déjà posséder un tel savoir ? Sans doute l’avait-elle en naissant, et cette guérisseuse, Iza, a dû dès le début, découvrir ce don... Ses réflexions furent interrompues par une autre quinte de toux qui provenait du Foyer de la Grue.

  — Tiens, Fralie, bois un peu d’eau, proposa Frébec d’un ton anxieux. Incapable de parler, Fralie fit « non » de la tête. Elle s’efforçait de maîtriser sa toux. Étendue sur le côté, relevée sur un coude, elle tenait devant sa bouche un morceau de peau souple. La fièvre lui donnait un regard vitreux, ses efforts lui empourpraient le visage. Elle jeta un coup d’œil vers sa mère qui, assise sur son lit, de l’autre côté du passage central, la regardait d’un air furieux.

  La colère de Crozie était aussi évidente que sa détresse. Elle avait tout essayé pour convaincre sa fille de demander de l’aide : la persuasion, les disputes, les diatribes, rien n’y faisait. Elle avait même sollicité d’Ayla un remède pour son rhume. Il était stupide de la part de Fralie, de refuser le secours qui était disponible. Tout était de la faute de cet homme stupide, de ce stupide Frébec, mais il ne servait à rien d’en parler. Crozie avait décidé de ne pas dire un mot de plus.

  La toux de Fralie s’apaisa. Exténuée, elle se laissa retomber sur le lit. Peut-être l’autre douleur, celle dont elle ne voulait pas reconnaître la présence, n’allait-elle pas se manifester, cette fois. Fralie attendait, le souffle retenu pour ne rien provoquer. La peur la tenaillait. La douleur naquit au creux de ses reins. Elle ferma les yeux, inspira profondément, s’efforça de chasser la souffrance par sa seule volonté. Elle posa la main sur le côté de son ventre distendu, perçut la contraction de ses muscles sous la souffrance. Son inquiétude s’accrut encore. Il est trop tôt, pensa-t-elle. L’enfant ne devrait pas venir au monde avant un autre cycle de lune, pour le moins.

  — Fralie ? Tout va bien ? questionna Frébec.

  Il était resté debout près d’elle, la coupe emplie d’eau entre les mains. Elle vit sa détresse, son désarroi, essaya de lui sourire.

  — C’est cette toux, dit-elle. Tout le monde tombe malade, au printemps.

  Personne ne le comprenait, se disait-elle, sa mère moins que personne. Il faisait tant d’efforts pour montrer à tous qu’il méritait leur estime. Voilà pourquoi il se refusait à céder, pourquoi il se montrait si souvent querelleur, pourquoi il était si susceptible. Son comportement embarrassait Crozie. Il ne comprenait pas qu’on prouvait sa valeur le nombre et la qualité de ses attaches, la puissance de son influence en montrant ce qu’on pouvait obtenir de sa famille, de ses amis, afin que chacun pût en être témoin. La mère de Fralie avait essayé de le lui faire comprendre en lui faisant don du droit à la Grue, pas seulement au Foyer que lui avait apporté Fralie lors de leur Union, mais au droit de revendiquer la Grue comme son droit de naissance.

  Crozie s’était attendue de sa part à un assentiment sans réserve à tous ses vœux, à tous ses désirs : il aurait montré ainsi qu’il comprenait, qu’il appréciait le fait d’être en mesure de se réclamer du Foyer de la Grue, qui appartenait encore nominalement à Crozie, même si elle ne possédait plus grand-chose d’autre. Mais les exigences de la vieille femme étaient parfois excessives. Elle avait perdu tant d’avantages qu’il lui était difficile de re
noncer à ce qui restait de son prestige, surtout au profit de quelqu’un qui possédait si peu. Ce prestige, Crozie redoutait constamment de voir Frébec l’affaiblir ; elle avait sans cesse besoin d’être rassurée. Fralie ne voulait pas mortifier Frébec en essayant de lui expliquer de tels raisonnements. Il s’agissait de subtilités dont on prenait conscience en grandissant... si on les avait toujours eues. Mais Frébec, lui, n’avait jamais rien eu.

  La douleur reprenait dans le dos de Fralie. Peut-être s’en irait-elle, si elle ne bougeait pas... si elle pouvait se retenir de tousser. Elle commençait à souhaiter pouvoir parler avec Ayla, au moins pour lui demander un remède contre la toux. Mais elle ne voulait pas laisser penser à Frébec qu’elle prenait le parti de sa mère. Par ailleurs, de longues explications lui irriteraient la gorge et mettraient Frébec sur la défensive. Elle se remit à tousser, au moment où la contraction atteignait son point culminant. Elle étouffa un cri.

  — Fralie ? Est-ce autre chose que la toux ? demanda Frébec. A son avis, une simple toux n’aurait pas dû la faire gémir ainsi. Elle hésita.

  — « Autre chose » ? Que veux-tu dire ?

  — Eh bien, l’enfant... Mais tu as déjà eu deux enfants. Tu sais comment ça se passe, n’est-ce pas ?

  Fralie devint la proie d’une quinte déchirante. Quand elle reprit son souffle, elle éluda la question.

  La lumière commençait à souligner les bords du trou à fumée quand Ayla revint à son lit pour achever de s’habiller. La majeure partie des occupants du Camp étaient restés éveillés une partie de la nuit. C’était d’abord la toux convulsive de Fralie qui les avait tirés du sommeil, mais il apparut bientôt qu’elle souffrait d’autre chose que d’un rhume. Tronie connaissait quelques difficultés avec Tasher qui voulait aller retrouver sa mère. Elle le prit dans ses bras, l’emporta au Foyer du Mammouth. Il continuait à pleurer. Ayla le prit à son tour, le promena autour du foyer en lui présentant différents objets susceptibles de le distraire. Le louveteau la suivait. Elle emmena Tasher, à travers le Foyer du Renard et le Foyer du Lion, jusqu’à celui où l’on faisait la cuisine.

  Jondalar la regarda approcher, tandis qu’elle cherchait à calmer, à réconforter l’enfant, et son cœur battit plus vite. Mentalement, il souhaitait de toutes ses forces la voir venir plus près mais il se sentait nerveux, anxieux. Ils s’étaient à peine adressé la parole, depuis la séparation, et il ne savait que lui dire. Il chercha autour de lui quelque chose qui pourrait apaiser le petit enfant, et son regard tomba sur un os qui restait d’un rôti.

  — Il aimerait peut-être se faire les dents là-dessus, proposa Jondalar, quand la jeune femme pénétra dans le vaste foyer commun, il lui tendit l’os.

  Elle le prit, le mit dans la main de l’enfant.

  — Tiens, Tasher, ça te plairait, ça ?

  Il n’y avait plus de viande sur l’os, mais il conservait encore une certaine saveur. Le petit mit dans sa bouche l’extrémité la plus grosse, goûta, décida qu’il aimait ça et, finalement, cessa de pleurer.

  — Tu as eu une bonne idée, Jondalar, dit Ayla.

  L’enfant de trois ans dans ses bras, elle se tenait tout près de Jondalar et levait les yeux vers lai.

  — Ma mère agissait toujours ainsi quand ma petite sœur faisait un caprice, répondit-il.

  Ils se regardaient, affamés tous les deux de la contemplation de l’autre. Sans rien dire, ils se rassasiaient de cette vue, détaillant chaque trait, chaque ombre, chaque menu changement.

  Il a perdu du poids, se disait Ayla. Il a l’air hagard... Elle est soucieuse, tourmentée au sujet de Fralie, elle a envie de l’aider, pensait Jondalar. O, Doni, elle est si belle.

  Tasher laissa tomber l’os, et Loup s’en empara.

  — Laisse ! commanda Ayla.

  A regret, le louveteau lâcha l’os mais continua de monter la garde tout près.

  — Autant le lui laisser, maintenant, conseilla Jondalar d’un ton raisonnable. Frébec ne serait pas content, je crois, si tu rendais l’os à Tasher quand Loup l’a tenu dans sa gueule.

  — Je ne veux pas le voir continuer à prendre ce qui ne lui appartient pas.

  — Il ne l’a pas vraiment pris. Tasher l’a laissé tomber. Loup a probablement cru qu’il était pour lui.

  — Tu as peut-être raison. Autant le lui laisser, je suppose.

  Elle fit un signe. Loup baissa sa garde, reprit l’os, l’emporta tout droit jusqu’aux fourrures de couchage que Jondalar avait étalées sur le sol, près de l’aire réservée aux tailleurs de silex. Il s’installa confortablement et se mit à ronger l’os.

  — Loup, sors de là, ordonna Ayla en se dirigeant vers lui.

  — Ne t’inquiète pas Ayla... Il vient souvent ici et s’y trouve comme chez lui. Je... j’aime assez sa présence.

  — Alors je le laisse faire, dit la jeune femme en souriant. Tu as toujours été ami avec Rapide aussi. Les animaux t’aiment bien, je crois.

  — Pas autant que toi. Ils t’adorent. Et moi...

  Il s’interrompit brusquement. Son front se plissa, il ferma les yeux. Quand il les rouvrit, il se redressa, de toute sa taille, fit un pas en arrière.

  — La Mère t’a accordé un don rare, dit-il.

  Sa voix, son attitude étaient beaucoup plus cérémonieuses.

  Elle sentit soudain des larmes lui brûler les yeux, sa gorge se serrer douloureusement. Elle baissa la tête, recula d’un pas, elle aussi. Jondalar changea de sujet.

  — Si j’en crois ce qui se passe, Tasher ne va pas tarder à avoir un petit frère ou une petite sœur.

  — J’en ai bien peur.

  — Tiens ? Tu penses qu’elle ne devrait pas avoir cet enfant ? fit-il, surpris.

  — Si bien sûr, mais pas maintenant. Il est trop tôt.

  — Tu en es certaine ?

  — Non. On ne m’a pas laissée la voir.

  — Frébec ?

  Elle hocha la tête.

  — Je ne sais pas quoi faire.

  — Je ne comprends pas pourquoi il en est encore à sous-estimer ton savoir-faire.

  — Frébec, dit Mamut, ne pense pas que les Tête Plates puissent s’y connaître en soins. Il ne croit donc pas que j’aie pu apprendre quoi que ce soit chez eux. A mon avis, Fralie a vraiment besoin d’aide, mais Mamut prétend qu’elle doit le demander.

  — Mamut a probablement raison. Mais, si elle est sur le point d’avoir son enfant, elle pourrait bien faire appel à toi.

  Ayla changea Tasher de position. Il s’était enfoncé un doigt dans la bouche et semblait satisfait pour le moment. Elle vit Loup sur les fourrures familières de Jondalar qui, récemment, étaient près des siennes. La vue de ces fourrures, la présence toute proche du jeune homme lui rappelait le contact de Jondalar, les sensations qu’il éveillait en elle. Elle aurait voulu voir les fourrures de retour sur sa plate-forme de couchage. Lorsqu’elle reporta les yeux sur lui, ils exprimaient tout son désir. Jondalar éprouva une réaction immédiate, un besoin douloureux de tendre les bras vers elle, mais il se contrôla. Son attitude déconcerta Ayla. Il s’était mis à la regarder de la façon qui provoquait toujours en elle un fourmillement intérieur. Pourquoi avait-il changé ? Elle était anéantie mais, l’espace d’un instant, elle avait ressenti... quelque chose... un espoir, peut-être. Pourrait-elle découvrir le moyen de l’atteindre, si elle ne relâchait pas ses efforts ?

  — J’espère qu’elle m’appellera, dit-elle, mais peut-être est-il déjà trop tard pour arrêter le travail.

  Elle se disposait à partir, et Loup se leva pour l’accompagner. Elle posa son regard sur l’animal, puis sur l’homme, demanda, après une hésitation :

  — Si elle faisait appel à moi, Jondalar, voudrais-tu garder Loup avec toi ? Je ne peux pas lui permettre de me suivre et de se trouver dans les jambes de tout le monde au foyer de la Grue.

  — Oui, bien sûr, mais voudra-t-il rester ici ?

  — Loup, retourne ! commanda-t-elle.

  Le louveteau la regarda, un gémissement au fond de la gorge, comme s’il posait une quest
ion.

  — Retourne au lit de Jondalar, insista-t-elle, un bras levé, l’index tendu. Va au lit de Jondalar, répéta-t-elle une fois de plus.

  Loup, la queue entre les pattes, le ventre près du sol, obéit. Les yeux fixés sur la jeune femme, il s’assit sur les fourrures.

  — Reste ici ! commanda-t-elle.

  Le jeune loup se coucha sur le ventre, posa le museau sur ses pattes et la suivit des yeux quand elle fit demi-tour pour quitter le foyer.

  Crozie, toujours assise sur son lit, regardait Fralie se tordre en poussant des cris. Finalement, la douleur passa. Fralie respira profondément, ce qui amena une quinte de toux. Sa mère crut lire sur son visage une expression de désespoir. Crozie, elle aussi, commençait à désespérer. Il fallait que quelqu’un intervînt. Le travail, chez Fralie, était déjà bien avancé, et cette toux l’affaiblissait. Il n’y avait plus beaucoup d’espoir pour l’enfant : il allait naître trop tôt, et les petits nés trop tôt ne survivaient pas. Mais Fralie avait besoin de quelque chose pour apaiser la toux et des douleurs. Plus tard, il lui faudrait autre chose pour soulager son chagrin. Elle n’avait eu aucun succès en parlant à Fralie, pas en présence de cet homme stupide. Il ne voyait donc pas qu’elle était très mal ?

  Crozie observait Frébec. Inquiet, désemparé, il tournait autour du lit de la jeune femme. Peut-être était-il vraiment inquiet, se dit-elle. Peut-être devait-elle faire une nouvelle tentative, mais obtiendrait-elle quelque chose en s’adressant à Fralie ?

  — Frébec ! dit Crozie. Je veux te parler.

  L’homme parut stupéfait. Crozie l’appelait rarement par son nom, déclarait plus rarement encore qu’elle voulait lui parler. Elle se contentait le plus souvent de l’abreuver d’injures.

  — Que me veux-tu ?

  — Fralie est trop obstinée pour m’écouter, mais tu dois bien maintenant constater par toi-même qu’elle va avoir son enfant...

 

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