Les chasseurs de mammouths
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— Ces bâtons d’ivoire ressemblent à celui de Talut. Ce sont aussi des Bâtons Qui Parlent ?
— Oui, en effet. Les Sungaea sont plus proches des Mamutoï que certaines personnes ne veulent l’admettre, répondit le chaman. Il y a certaines différences, mais cette cérémonie d’ensevelissement ressemble beaucoup à la nôtre.
— Pourquoi tiennent-ils à placer des Bâtons Qui Parlent dans une tombe qui contient des enfants ?
— On les munit de ce qui leur sera nécessaire lorsqu’ils se réveilleront clans le monde des esprits. Fils et fille de la Femme Qui Ordonne, ce frère et cette sœur étaient destinés à devenir chefs à leur tour, sinon dans ce monde, alors dans l’autre. Il est indispensable de donner des preuves de leur rang, afin qu’ils ne perdent pas leur prestige de l’autre côté.
Ayla, durant un moment, suivit le déroulement de la cérémonie, avant de s’adresser de nouveau à Mamut.
— Pourquoi les ensevelit-on ainsi, tête contre tête ?
— Ils sont frère et sœur, répondit le vieil homme, comme si c’était là une explication suffisante.
Mais il vit l’expression perplexe de la jeune femme et continua :
— Le Voyage jusqu’au monde des esprits peut être long, difficile et chaotique, surtout pour des êtres aussi jeunes. Ils doivent être en mesure de communiquer l’un avec l’autre, afin de se réconforter, de s’aider, mais c’est une abomination au regard de la Mère qu’un frère et une sœur partagent les Plaisirs. S’ils se réveillaient côte à côte, ils pourraient oublier qu’ils sont frère et sœur et s’accoupler par erreur, dans l’idée qu’ils dormaient ensemble parce qu’ils étaient destinés à être unis. Tête contre tête, ils peuvent s’encourager durant le Voyage, sans toutefois se tromper sur leurs liens à leur arrivée de l’autre côté.
Ayla hocha la tête. L’explication lui paraissait logique. Elle n’en regrettait pas moins, en regardant la terre s’accumuler dans la tombe, de n’être pas parvenue en ce lieu quelques jours plus tôt. Peut-être n’aurait-elle pas réussi à sauver ces enfants mais du moins aurait-elle pu essayer.
Talut s’arrêta au bord d’un petit cours d’eau. Il regarda vers l’amont, puis vers l’aval, consulta la plaque d’ivoire marquée de signes qu’il tenait à la main. Il vérifia la position du soleil, étudia, au nord, quelques formations nuageuses, renifla le vent. Finalement, il examina ce qui l’entourait.
— Nous allons dresser le camp ici, pour la nuit, déclara-t-il.
Il se débarrassa de son sac et de sa hotte, s’approcha de sa sœur qui était en train de décider de l’endroit où l’on placerait la tente principale, afin que les autres, contiguës, restent sur un terrain plat.
— Tulie, si nous nous arrêtions pour faire un peu de troc, qu’en dirais-tu ? Je regardais ces cartes que Ludeg a dressées. Je n’y avais pas prêté attention tout de suite, mais regarde.
Il lui montra deux plaques d’ivoire gravées de signes.
— Cette carte indique la route jusqu’au Camp du Loup, le nouveau site choisi pour la Réunion d’Été, et celle-ci, c’est celle qu’il a tracée rapidement pour nous montrer le chemin jusqu’au Camp sungaea. D’ici, le détour ne serait pas bien grand pour passer par le Camp du Mammouth.
— Tu veux dire le Camp du Bœuf Musqué, fit Tulie, avec un agacement dédaigneux. Ils ont montré bien de la présomption en changeant le nom de leur Camp. Tout le monde possède un Foyer du Mammouth, mais personne ne doit donner à un Camp le nom du mammouth. Ne sommes-nous pas tous des Chasseurs de Mammouths ?
— Mais les Camps portent toujours le nom du foyer du chef, et leur nouveau chef est en même temps leur mamut. D’ailleurs, ce n’est pas une raison pour ne pas faire du négoce avec eux... s’ils ne sont pas partis pour l’été. Ils sont apparentés au Camp de l’Ambre, tu le sais, et ils ont toujours de l’ambre à proposer.
Talut connaissait bien la faiblesse de sa sœur pour les tons chauds et dorés de la résine pétrifiée.
— Et Wymez prétend que, par ailleurs, ils ont accès à un bon gisement de silex. Nous apportons une grande quantité de peaux de rennes, sans parler de quelques autres belles fourrures.
— Je ne comprends pas comment un homme peut fonder un foyer quand il n’a même pas de femme avec lui, mais j’ai dit simplement qu’ils se montraient présomptueux. Ça ne nous empêche pas de faire du commerce avec eux. Mais oui, Talut, il faut nous arrêter chez eux.
Le visage de la Femme Qui Ordonne s’éclaira d’un sourire énigmatique.
— Oui, certainement. Je pense qu’il serait intéressant, pour le Camp du Mammouth, de faire la connaissance de notre Foyer du Mammouth.
— Très bien. Nous aurons intérêt à partir de bonne heure, demain matin, dit Talut.
Mais il considérait Tulie d’un air intrigué, en secouant la tête. A quoi pouvait bien penser sa sœur, avec son intelligence et son astuce ? se demandait-il.
Le Camp du Lion parvint à une large rivière sinueuse qui s’était creusé un lit entre deux rives abruptes de lœss. Talut s’avança jusqu’à un promontoire entre deux ravins et examina avec attention les alentours. Dans la plaine inondable, au-dessous de lui, il vit des cerfs et des aurochs qui, au bord de l’eau, paissaient dans une prairie verdoyante, parsemée de petits arbres. A quelque distance, il remarqua un amoncellement considérable d’ossements, entassés contre une berge haute, à l’endroit où la rivière faisait un coude. De minuscules silhouettes s’y démenaient, et il en vit plusieurs emporter de gros os.
— Ils sont encore là, annonça-t-il. Ils doivent être en train de construire.
Les voyageurs descendirent une pente qui menait au Camp, situé sur une large terrasse qui ne dominait pas de plus de cinq mètres le lit de la rivière. Si Ayla avait été surprise en découvrant le Camp du Lion, elle fut stupéfaite à la vue du Camp du Mammouth. Au lieu d’une seule vaste habitation semi-souterraine et couverte d’herbe, à laquelle la jeune femme avait trouvé une ressemblance avec une caverne ou avec un terrier à l’échelle humaine, ce Camp était composé de plusieurs huttes groupées sur la terrasse. Elles étaient massives et solides, elles aussi, sous une épaisse couche de terre recouverte d’argile, et l’herbe poussait par endroits autour d’elles, mais pas sur les toits. Elles évoquaient pour Ayla d’énormes buttes chauves au-dessus de terriers de marmottes.
En approchant, elle comprit pourquoi les couvertures des huttes étaient nues. Comme chez eux, le Camp du Mammouth utilisait les toits de ses huttes comme postes d’observation. Une foule de spectateurs s’étaient regroupés sur deux d’entre elles, et, bien que l’arrivée du Camp du Lion ait capté leur attention, ce n’était pas cela qui les avait d’abord regroupés sur les toits. Quand le Camp du Lion eut contourné une hutte qui bloquait la vue, Ayla découvrit avec stupéfaction l’objet de leur intérêt.
Talut ne s’était pas trompé. Ils construisaient. Elle avait surpris les remarques de Tulie à propos du nom que ces gens s’étaient choisi, mais, au vu de la demeure qu’ils édifiaient, ce nom lui paraissait tout à fait approprié. Peut-être, une fois fini, cet édifice ressemblerait-il à tous les autres, mais la manière dont ces gens utilisaient les os de mammouth en guise de structure semblait s’approprier une qualité particulière de l’animal. Certes, les gens du Camp du Lion se servaient d’os de mammouth pour soutenir leur habitation, ils avaient choisi certains d’entre eux, les avaient parés à la forme voulue, mais ceux qui étaient utilisés ici n’étaient pas seulement des supports. Ils étaient choisis et disposés de telle manière que la structure tout entière parvenait à traduire l’essence même du mammouth de façon à exprimer les croyances des Mamutoï.
Pour ce faire, ils apportaient d’abord en nombre considérable des éléments semblables des squelettes de mammouths, qu’ils trouvaient dans l’amoncellement d’ossements, au-dessous de leur terrasse. Ils commençaient par former un cercle d’environ six mètres de diamètre, avec des crânes placés de manière à présenter à l’intérieur la surface massive des fronts. L’ouverture était constitu
ée par l’arche familière, constituée de deux immenses défenses recourbées, fixées de chaque côté dans la cavité d’un crâne de mammouth et jointes au sommet. Sur le pourtour du cercle et jusqu’à mi-hauteur, ils élevaient un mur fait d’une centaine de mâchoires en forme de V, empilées, la pointe en bas, sur quatre rangées d’épaisseur.
L’effet d’ensemble de ces piles de V, placées côte à côte, était peut-être le concept le plus significatif de la construction. Elles créaient un motif en zigzag, semblable au dessin utilisé sur les cartes pour représenter l’eau. Mieux encore, Ayla l’avait appris de Mamut, ce dessin en zigzag représentait aussi le symbole le plus profond de la Grande Mère, Créatrice de toute vie. Il évoquait le triangle, pointe en bas, de son sexe, l’expression extérieure de sa matrice. Ainsi multiplié de nombreuses fois, le symbole représentait toute vie, non seulement l’eau, mais aussi le liquide amniotique de la Mère, qui avait inondé la terre et rempli les mers et les rivières lorsqu’Elle avait donné naissance à toute vie. Aucun doute : cet édifice abriterait le Foyer du Mammouth.
Le mur extérieur n’était pas achevé, mais on travaillait déjà au reste de la hutte : on insérait des os du bassin et des vertèbres, en les assemblant étroitement, selon un motif symétriquement et rythmiquement répété. A l’intérieur, une charpente de bois consolidait la structure, et, apparemment, le toit serait fait de défenses de mammouth.
— Voilà l’ouvrage d’un véritable artiste ! dit Ranec, qui s’était approché pour mieux admirer le travail.
Ayla avait prévu son approbation. A quelque distance, elle vit Jondalar, qui tenait la longe de Rapide. Lui aussi appréciait et admirait l’artiste inspiré qui avait conçu cette architecture. Pour tout dire, le Camp du Lion tout entier avait perdu l’usage de la parole. Mais, comme l’avait pensé Tulie, le Camp du Mammouth n’était pas moins stupéfait devant ses visiteurs – ou plutôt par les animaux apprivoisés qui voyageaient avec eux.
Après un moment de stupeur réciproque, un homme et une femme, l’un et l’autre un peu plus jeunes que les chefs du Camp du Lion, s’avancèrent pour accueillir Tulie et Talut. L’homme avait été occupé à traîner sur la pente de pesants ossements de mammouth : il était nu jusqu’à la taille, luisant de sueur. Son visage était couvert de tatouages, et Ayla dut se reprendre en main pour ne pas le dévisager avec trop d’insistance. Comme Mamut du Camp du Lion, il portait un motif en chevrons sur la joue gauche, mais il avait aussi un arrangement symétrique de zigzags, de triangles, de losanges et de spirales en deux couleurs, bleu et rouge.
Visiblement, la femme, elle aussi, avait participé au travail commun elle avait le torse nu mais, au lieu de jambières, elle portait une jupe sans couture qui descendait juste au-dessous des genoux. Elle n’avait pas de tatouages, mais l’aile de son nez avait été percée, et un ornement fait d’un petit morceau d’ambre poli et sculpté était inséré dans le trou.
— Tulie, Talut, quelle surprise ! Nous ne vous attendions pas, mais, au nom de la Mère, vous êtes les bienvenus au Camp du Mammouth, dit la femme.
— Au nom de Mut, nous te remercions de ton accueil, Avarie, répondit Tulie. Nous n’avions pas l’intention d’arriver à un moment inopportun.
— Nous étions tout près, Vincavec, ajouta Talut, et nous ne pouvions passer sans nous arrêter.
— Le moment n’est jamais inopportun pour une visite du Camp du Lion, déclara l’homme. Mais d’où vient que vous vous soyez trouvés dans les parages ? Ce n’est pas votre route pour aller au Camp du Loup.
— Le courrier qui est venu nous dire que le lieu de la Réunion avait changé était passé par un Camp sungaea. Il nous a dit qu’ils avaient la maladie. Nous avons parmi nous un nouveau membre, une Femme Qui Guérit, Ayla du Foyer du Mammouth, expliqua Talut.
Il fit signe à la jeune femme d’approcher.
— Elle tenait à voir si elle pouvait les aider. Nous en arrivons à présent.
— Oui, je connais ce Camp sungaea, dit Vincavec.
Il se tourna vers Ayla. L’espace d’un instant, elle sentit son regard peser sur elle. Elle eut une brève hésitation : elle n’était pas encore tout à fait accoutumée à soutenir le regard direct d’un inconnu. Mais elle sentit que ce n’était pas le moment de manifester la timidité, la pudeur d’une femme du Clan et elle rendit à Vincavec son regard intense. Il se mit brusquement à rire. Ses yeux gris pâle eurent une lueur d’approbation, et il parut apprécier sa féminité. Elle remarqua alors combien il était séduisant : non qu’il fût particulièrement beau ou qu’il possédât des traits frappants, bien que les tatouages le distinguassent des autres, mais parce que, de toute sa personne, émanaient la force, la volonté et l’intelligence.
Il leva les yeux vers Mamut, à califourchon sur Whinney.
— Tu es donc toujours avec nous, vieil homme, dit-il, visiblement heureux.
Il ajouta avec un sourire entendu :
— Et jamais à court de surprises. Depuis quand invoques-tu les esprits pour attirer les animaux ? Deux chevaux et un loup qui voyagent avec le Camp du Lion ? C’est plus que le Don d’Invocation.
— Un autre nom pourrait convenir, Vincavec, mais ce don n’est pas le mien. Ces animaux obéissent à Ayla.
— Ayla ? Apparemment, le vieux Mamut s’est trouvé une fille digne de lui.
Avec un intérêt évident, Vincavec examina de nouveau la jeune femme. Il ne vit pas Ranec s’empourprer de colère, mais Jondalar, lui, se sentit pour la première fois étrangement proche du sculpteur.
— Ne restons pas debout ici à bavarder, dit Avarie. Nous en aurons tout le temps. Les voyageurs doivent être fatigués, affamés. Il faut me laisser vous préparer un repas et un endroit où vous reposer.
— Vous êtes en train de construire un nouveau foyer, Avarie. Inutile de te mettre en frais pour nous. Indique-nous seulement où dresser nos tentes, déclara Tulie. Un peu plus tard, nous serons heureux de partager un repas avec vous et, peut-être, de vous montrer quelques belles peaux de rennes et des fourrures que nous avons justement emportées.
Talut se débarrassait de sa hotte. Il lança, de sa voix sonore :
— J’ai une meilleure idée ! Si nous vous aidions ? Il faudra peut-être me dire où les poser, mais j’ai assez de force pour porter un os de mammouth ou deux.
— Oui, j’aimerais participer à vos travaux, déclara spontanément Jondalar.
Il fit avancer Rapide, aida Rydag à en descendre.
— Vous élevez là une hutte pas comme les autres, ajouta-t-il. Je n’en ai jamais vu de pareille.
— Certainement. Nous acceptons votre aide avec plaisir. Certains, parmi nous, sont pressés de partir pour la Réunion, mais auparavant, nous devons achever la hutte : il faut tout un été pour la consolider. Le Camp du Lion est très généreux, dit Vincavec.
Il se demandait en même temps combien de morceaux d’ambre allait lui coûter cette générosité, quand viendrait le moment des échanges. Mais il décida qu’achever sa hutte et apaiser quelques mécontents en valaient la peine.
Vincavec n’avait pas remarqué dès le début le grand homme blond, au milieu des arrivants. Il le regarda par deux fois, puis Ayla qui dételait Whinney de son travois, C’était un étranger, comme Ayla, et, comme elle, il semblait à l’aise avec les chevaux. Mais, par ailleurs, le petit Tête Plate paraissait dans les meilleurs termes avec le loup, et il n’était plus un inconnu. Cela devait avoir un rapport avec cette femme. Le mamut et chef du Camp du Mammouth reporta son attention sur Ayla. Il s’aperçut que le sculpteur à la peau sombre ne la quittait guère. Ranec, pensa-t-il, avait toujours su reconnaître la beauté, l’exceptionnel. Son attitude avait quelque chose de possessif. Mais l’étranger, qui était-il ? N’était-il pas lié à la femme ? Vincavec lança un coup d’œil vers Jondalar, vit qu’il surveillait Ayla et Ranec.
Il se passe quelque chose entre ces trois-là, se dit Vincavec. Il sourit. Si les deux hommes témoignaient d’un tel intérêt, il était probable que la femme n’était encore unie officiellement à aucun des d
eux. Une fois encore, il la détailla. Elle était d’une beauté saisissante, et c’était une fille du Foyer du Mammouth, une Femme Qui Guérit, selon ses compagnons. Elle avait certainement un pouvoir unique sur les animaux. Une femme de grand prestige, sans doute, mais d’où venait-elle ? Et pourquoi était-ce toujours le Camp du Lion qui se présentait avec quelqu’un sortant de l’ordinaire ?
Les deux Femmes Qui Ordonnent se tenaient dans une hutte de terre récemment construite mais encore vide. L’extérieur était couvert, mais, à l’intérieur, le motif en chevrons ressortait subtilement.
— Es-tu sûre de ne pas vouloir voyager avec nous, Avarie ? demanda Tulie, dont le cou était orné d’un nouveau collier de grosses perles d’ambre. Nous attendrions volontiers quelques jours de plus, jusqu’à ce que vous soyez prêts.
— Non, partez devant. Tout le monde, je le sais, à grande hâte d’arriver à la Réunion, et vous en avez déjà fait beaucoup trop pour nous. La hutte est presque terminée. Sans vous, nous n’en serions pas là.
— Nous l’avons fait avec plaisir. La nouvelle hutte, je dois l’avouer, est tout à fait impressionnante. Elle fait honneur à la Mère. Ton frère est vraiment un homme remarquable. La présence de la Mère est presque palpable, en ce lieu.
Elle était sincère. Avarie ne s’y trompa pas.
— Merci, Tulie. Nous n’oublierons pas votre aide. Voilà pourquoi nous ne voulons pas vous retenir plus longtemps. Vous vous êtes déjà mis en retard pour nous. Les meilleures places vont être prises.
— Il ne nous faudra plus bien longtemps pour arriver là-bas. Notre chargement s’est considérablement allégé. Le Camp du Mammouth est dur en affaires.
Les yeux d’Avarie effleurèrent le collier de l’autre Femme Qui Ordonne.