Fascination

Home > Science > Fascination > Page 4
Fascination Page 4

by Stephenie Meyer


  — Tu connais les Cullen ? risquai-je.

  — La famille du médecin ? Bien sûr. Le docteur est un chic type.

  — Ils... leurs enfants... sont un peu spéciaux. Ils n'ont pas l'air de s'être vraiment intégrés, au lycée.

  La colère de Charlie me prit au dépourvu.

  — Ah, les gens d'ici ! grommela-t-il. Le docteur Cullen est un brillant chirurgien qui pourrait travailler dans n'importe quel hôpital et gagner dix fois plus. (Son ton monta.) Nous avons de la chance de l'avoir et que sa femme accepte de vivre dans une petite ville. C'est un grand atout pour notre communauté, et leurs gamins sont bien élevés et polis. À leur arrivée, j'avais des doutes. Des adolescents adoptés... Mais ils se sont révélés très mûrs, ils ne m'ont pas donné l'ombre d'un souci. Je ne peux pas en dire autant d'autres gosses qui vivent dans la région depuis des générations. En plus, ils sont très unis, un exemple pour nous tous. Ils partent camper un week-end sur deux... Mais parce que ce sont des étrangers, les habitants du cru se sentent obligés de cancaner.

  C'était le discours le plus long que je l'avais jamais entendu prononcer. Aucun doute, il supportait mal les racontars — quels qu'ils fussent — à propos des Cullen. Je fis machine arrière.

  — Oh, ils ne m'ont pas semblé antipathiques. C'est juste qu'ils ne se mélangent pas. Ils sont drôlement beaux, ajoutai-je, désireuse de me montrer positive.

  — Tu verrais le docteur, plaisanta Charlie, apaisé. Heureusement qu'il est heureux en ménage. Les infirmières ont du mal à se concentrer sur leur boulot quand il est dans les parages.

  Le dîner s'acheva dans le calme. Charlie débarrassa la table pendant que je m'attaquais à la vaisselle. Puis il retourna au salon et, ma corvée terminée — à la main, pas de machine -, je regagnai ma chambre en traînant des pieds à l'idée des exercices de maths qui m'y attendaient. Je voyais déjà se profiler une routine quotidienne.

  Cette nuit-là fut enfin sereine. Je m'endormis rapidement, épuisée.

  Le reste de la semaine se passa sans anicroche. Je m'habituais au train-train de mes cours. Le vendredi, j'étais à même de reconnaître, sinon d'identifier, presque tous les élèves du lycée. En gym, tandis que nos adversaires tentaient de profiter de ma faiblesse, mes partenaires apprirent à ne pas me passer le ballon. Pour ma part, je fus trop heureuse de m'écarter de leur chemin.

  Edward Cullen ne revint pas en classe.

  Chaque jour, je guettais avec anxiété le moment où le reste de la tribu entrait dans la cantine, sans lui. Alors seulement, je me détendais et me joignais à la conversation régnant à ma table. Elle tournait pour l'essentiel autour de l'excursion à l'Ocean Park de La Push que Mike projetait pour dans quinze jours. J'étais invitée, et j'avais accepté, plus par politesse que par envie. À mes yeux, les plages se devaient d'allier chaleur et temps sec.

  Le vendredi, c'est avec une décontraction parfaitement naturelle que je franchis la porte de ma classe de sciences nat, sans plus m'inquiéter de l'éventuelle présence d'Edward. Pour moi, il avait abandonné l'école. Je m'évertuais à ne pas penser à lui, même si je n'arrivais pas totalement à me chasser du crâne que j'étais responsable de sa disparition, aussi ridicule que cela semblât.

  Mon premier week-end se déroula sans incident notoire. Charlie, peu habitué à rester dans une maison d'ordinaire déserte, travailla presque tout le temps. Moi, je fis le ménage, m'avançai dans mes devoirs et écrivis à ma mère des mails faussement enjoués. Le samedi, je me rendis à la bibliothèque, mais le fonds était si maigre que je ne pris pas la peine de m'inscrire ; il allait falloir que je pousse très bientôt jusqu'à Olympia ou Seattle pour y trouver une bonne librairie. Je m'interrogeai vaguement sur la consommation de la camionnette... et fus prise de frissons.

  La pluie tomba doucement et sans bruit, je n'eus pas d'insomnies.

  Le lundi, des gens me saluèrent sur le parking. Des prénoms m'échappaient encore, mais j'agitai la main et souris à tout un chacun. Il faisait plus froid, ce matin-là, mais, ô joie, il ne pleuvait pas. En anglais, Mike prit sa place réservée à côté de moi. Nous eûmes droit à une interro surprise sur Les Hauts de Hurlevent. Facile, très facile.

  L'un dans l'autre, je me sentais bien plus à l'aise que je n'aurais cru l'être au bout d'une seule semaine. Plus à l'aise que je n'avais jamais espéré l'être ici, en fait.

  À la sortie du cours, l'air était saturé de traînées blanches qui tournoyaient. Les élèves s'interpellaient avec excitation. La bise me mordait les joues, le nez.

  — Super ! s'écria Mike.

  Je contemplai les lambeaux de coton duveteux qui s'accumulaient le long du trottoir et voletaient de façon erratique devant mes yeux. Adieu ma belle journée.

  — Beurk !

  — Tu n'aimes pas la neige ? s'exclama Mike, surpris.

  — Non. Ça signifie qu'il fait trop froid pour pleuvoir. (Tu parles d'une évidence.) En plus, je croyais qu'elle se présentait sous la forme de beaux gros flocons bien propres. Là, on dirait les extrémités de cotons-tiges.

  — Tu n'as jamais vu la neige tomber ? me demanda-t-il, incrédule.

  — Bien sûr que si. (Pause.) À la télé.

  Il éclata de rire. C'est alors qu'une grosse boule molle et détrempée s'écrasa sur sa nuque. Nous nous retournâmes pour voir d'où elle venait. Je soupçonnai vite Éric, qui s'éloignait sans nous regarder en direction — la mauvaise — de son prochain cours. Mike était parvenu aux mêmes conclusions, car il ramassa un tas de bouillie blanche.

  — Je te retrouve à la cafète, d'accord ? annonçai-je en m'en allant. Les gens qui se bombardent de trucs humides, très peu pour moi.

  Les yeux rivés sur la silhouette d'Éric, il hocha le menton.

  Toute la matinée, ce ne furent que discussions animées sur la neige. Apparemment, c'était la première chute de la saison. Je ne m'en mêlai pas. Certes, elle était moins humide que la pluie — jusqu'à ce qu'elle fonde dans vos chaussettes.

  Lorsque je me rendis à la cantine avec Jessica, après notre cours d'espagnol, j'étais sur mes gardes. De la bouillasse volait de tous côtés. J'avais une chemise cartonnée à la main, et j'étais prête à m'en servir comme d'un bouclier en cas de besoin. Jessica me trouva tordante, mais mon expression la retint de s'en prendre elle-même à moi.

  Mike nous rattrapa à la porte, hilare. La glace prise dans ses cheveux dérangeait les pointes de sa coiffure. Lui et Jessica, énervés comme des gosses, évoquèrent la bataille de boules de neige tandis que nous prenions notre place dans la queue. Par habitude, j'inspectai la table du coin. Je me figeai sur place. Cinq personnes y étaient assises.

  — Oh hé, Bella ? (Jessica me tira par le bras.) Tu veux manger quoi ?

  Je baissai les yeux ; mes oreilles étaient brûlantes. Je n'avais aucune raison d'être gênée, me rappelai-je. Je n'avais rien fait de mal.

  — Qu'est-ce qui lui arrive, à Bella ? demanda Mike à ma nouvelle amie.

  — Rien, répondis-je. Je ne prendrai qu'une limonade, aujourd'hui.

  Je rattrapai la file d'attente.

  — Tu n'as pas faim ? s'inquiéta Jessica.

  — Je suis un peu patraque, expliquai-je sans oser la regarder en face.

  Je patientai pendant qu'ils se servaient, puis leur emboîtai le pas en direction d'une table, concentrée sur mes pieds. Une fois installée, je bus lentement ma boisson, l'estomac en déroute. Deux fois, Mike s'enquit de ma santé avec une sollicitude démesurée. Je lui garantis que ce n'était rien, même si j'envisageai de jouer les malades et de me réfugier à l'infirmerie durant l'heure suivante.

  N'importe quoi ! Je n'aurais pas dû me sentir obligée de fuir.

  Je décidai de m'autoriser un coup d'œil à la famille Cullen. S'il me toisait avec hostilité, je sécherais la biologie, en vraie trouillarde que j'étais. Je les épiai en catimini. Aucun d'eux ne nous observait. Je me redressai un peu. Ils riaient. Edward, Jasper et Emmett avaient le crâne couvert de glace fondue. Alice et Rosalie s'étaient écartées d'Emmett qui s'ébrouait dans leur direction.
Ils se réjouissaient de ce premier vrai jour d'hiver, comme tout le monde. Sauf qu'ils me donnèrent l'impression d'une scène de film. Et puis il y avait autre chose derrière ces rires et cette espièglerie. Une espèce de différence sur laquelle je n'arrivais pas à mettre le doigt. J'étudiai Edward plus minutieusement que ses frères et sœurs. Sa peau était moins pâle, trouvai-je, peut-être rosie par l'excitation, et ses cernes s'étaient beaucoup estompés. Mais ce n'était pas ça non plus. Je me perdis dans des supputations, m'escrimant à identifier ce qui avait changé.

  — Bella, qui est-ce que tu fixes comme ça ? intervint soudain Jessica en suivant mon regard.

  À cet instant précis, les yeux d'Edward rencontrèrent les miens. Aussitôt, je baissai la tête et m'abritai derrière mes cheveux. J'eus cependant la conviction que, au moment où nos prunelles s'étaient croisées, il n'avait pas semblé inamical ni dur, contrairement à notre dernière rencontre. Une fois encore, il m'était apparu curieux et bizarrement insatisfait.

  — Edward Cullen te mate, me chuchota Jessica en riant.

  — Il n'a pas l'air furieux, hein ? ne pus-je m'empêcher de demander.

  — Non, répondit-elle, déroutée par ma question. Il devrait ?

  — Je crois qu'il ne m'apprécie guère, avouai-je.

  Toujours aussi barbouillée, je posai ma tête sur mon bras.

  — Les Cullen n'aiment personne... Enfin, disons qu'ils ne s'intéressent pas assez aux autres pour les aimer. En tout cas, il continue à t'admirer.

  — Arrête de le regarder, sifflai-je.

  Elle gloussa. Je soulevai le menton pour voir si elle obéissait, envisageant de recourir à la violence dans le cas contraire, mais elle s'exécuta.

  Puis Mike se mêla à notre conversation. Il projetait une bataille de boules de neige épique sur le parking après les cours et nous invitait à nous joindre à lui. Jessica accepta avec enthousiasme. Sa façon de contempler Mike était transparente — elle était prête à faire tout ce qu'il voudrait. Je gardai le silence, envisageant déjà de me cacher au gymnase en attendant que le parking se vide.

  Jusqu'à la fin du repas, je pris grand soin d'éviter de me tourner vers sa table. Après mûre réflexion, je décidai de relever le défi que je m'étais lancé : comme il avait semblé dénué de colère, j'irais en sciences nat. La perspective de m'asseoir une nouvelle fois à côté de lui déclencha des petits soubresauts apeurés dans mon ventre.

  Je ne tenais pas trop à me rendre en cours avec Mike — visiblement, il constituait une cible appréciée des chahuteurs. Mais, arrivés à la porte, tous ceux qui m'entouraient grognèrent : il pleuvait, et la pluie emportait les ultimes traces de neige en ruisseaux glacés qui s'écoulaient dans les caniveaux. Je mis ma capuche, secrètement enchantée. Je pourrais rentrer directement à la maison après l'éducation physique. Mike, lui, ne cessa de se plaindre sur le chemin du bâtiment 4.

  En classe, je constatai avec joie que la place à côté de la mienne était encore vide. M. Banner déambulait dans la pièce, déposant un microscope et une boîte de lamelles sur chaque paillasse. Le cours ne commençant que dans quelques minutes, les bavardages allaient bon train. J'évitai de guetter la porte tout en gribouillant sur la couverture de mon cahier.

  J'eus beau entendre très nettement qu'on tirait le tabouret voisin, je restai concentrée sur mes dessins.

  — Bonjour, murmura une voix harmonieuse.

  Je redressai la tête, stupéfaite qu'il m'eût adressé la parole. Il se tenait aussi loin que possible de moi, mais son siège était orienté dans ma direction. Ses cheveux mouillés dégouttaient, ébouriffés ; pourtant, il donnait l'impression de sortir d'une pub pour un gel coiffant. Son visage éblouissant était ouvert et cordial, un léger sourire étirait ses lèvres sans défaut. Seuls ses yeux restaient prudents.

  — Je m'appelle Edward Cullen, poursuivit-il. Je n'ai pas eu l'occasion de me présenter, la semaine dernière. Tu dois être Bella Swan.

  Soudain, j'étais perdue. Avais-je rêvé ? Car il était d'une politesse exquise, maintenant. Il attendait que je réagisse. Malheureusement, je ne trouvai rien de conventionnel à dire.

  — D'où... d'où connais-tu mon nom ? bredouillai-je.

  Il éclata d'un rire séduisant.

  — Oh, ce n'est un secret pour personne. Tu étais attendue comme le messie, tu sais.

  Je grimaçai, guère étonnée.

  — Ce n'est pas ça, m'enferrai-je bêtement. Pourquoi Bella ?

  — Tu préfères Isabella ?

  — Non, mais je pense que Charlie... mon père... ne m'appelle pas autrement derrière mon dos. Du moins, c'est ainsi que tout le monde ici paraît me connaître, essayai-je d'expliquer, tout en ayant l'impression d'être une vraie crétine.

  — Ah bon.

  Il laissa tomber, et je détournai les yeux, penaude. Par bonheur, M. Banner débuta son cours à cet instant, et je m'appliquai à suivre. Il nous expliqua que les lamelles des boîtes étaient mal rangées. Nous devions identifier les différentes étapes de la mitose à laquelle étaient soumises les racines d'oignons qu'elles renfermaient et rétablir l'ordre de la division cellulaire. Nous étions censés travailler à deux, reporter nos résultats sur le polycopié fourni, le tout en vingt minutes et sans utiliser nos livres.

  — Allez-y, conclut M. Banner.

  — Les dames d'abord ? me proposa Edward.

  Son sourire était si beau que je le dévisageai comme une idiote.

  — À moins que tu préfères que je commence.

  Le sourire se fana. Visiblement, il s'interrogeait sur mes capacités mentales.

  — Non, protestai-je en piquant un fard, aucun problème.

  C'était de la frime. Un peu. J'avais déjà mené cette expérience, et je savais quoi chercher. Ça devrait être facile. Prenant la première lamelle, je l'insérai sous le microscope et ajustai rapidement l'oculaire. Un coup d'œil me suffit.

  — Prophase, décrétai-je avec assurance.

  — Ça t'embête si je regarde ? intervint Edward au moment où j'allais retirer la lamelle.

  Sa main s'empara de la mienne pour arrêter mon geste. Ses doigts étaient glacés, à croire qu'il les avait plongés dans une congère juste avant le cours. Mais ce ne fut pas pour cela que je me libérai de son emprise à toute vitesse — son contact m'avait brûlée comme une décharge électrique.

  — Désolé, marmonna-t-il en me lâchant aussitôt.

  Il ne renonça pas pour autant à se saisir du microscope. Chancelante, je l'observai mener un examen encore plus rapide que le mien.

  — Prophase, acquiesça-t-il en inscrivant soigneusement ce résultat dans la première case de l'imprimé.

  Il positionna habilement la deuxième lamelle, à laquelle il n'accorda guère plus qu'une étude superficielle.

  — Anaphase, annonça-t-il en écrivant.

  — Je peux ? demandai-je d'une voix neutre.

  Avec une moue narquoise, il fit glisser l'appareil vers moi. Je m'empressai de vérifier. Bon sang, il avait raison ! Je fus déçue.

  — Troisième lamelle, exigeai-je en tendant la main sans le regarder.

  Il me la passa en s'arrangeant pour ne pas toucher ma peau, cette fois. Je fus aussi brève que possible.

  — Interphase, pronostiquai-je.

  Je lui cédai le microscope avant qu'il ait eu le temps de le réclamer. Il contrôla mon verdict pour la forme puis le reporta sur le polycopié, ce que j'aurais pu faire pendant son observation, sauf que son écriture nette et élégante m'impressionnait. Je ne tenais pas à déparer la page avec mes pattes de mouche.

  Nous eûmes fini bien avant les autres. Je vis Mike et sa partenaire comparer deux lamelles plusieurs fois de suite, et un des groupes de travail avait ouvert en douce son livre sous la table.

  J'eus donc tout le loisir de m'obliger à ne pas dévisager mon voisin, sans succès. J'étais en train de le guigner quand je m'aperçus qu'il me contemplait avec cet air de frustration inexplicable qui m'avait déjà intriguée. Tout à coup, je crus deviner ce qui avait changé en lui.


  — Tu portes des lentilles, non ? m'exclamai-je tout à trac.

  Cette réflexion inattendue parut le désarçonner.

  — Non.

  — Ah bon, marmottai-je. Tes yeux sont différents, pourtant.

  Haussant les épaules, il détourna la tête. Malgré tout, j'étais convaincue qu'il y avait quelque chose de nouveau en lui. Je gardais un souvenir très net de la noirceur terne de ses pupilles lorsqu'il m'avait toisée — une couleur qui tranchait sur sa pâleur et ses cheveux blond vénitien. Aujourd'hui, ses yeux avaient une teinte complètement autre : un ocre étrange, plus soutenu que du caramel mais panaché d'une nuance dorée identique. Je ne me l'expliquais pas, à moins qu'il m'eût menti à propos des lentilles. Pourquoi l'aurait-il fait, cependant ? Ou alors, Forks me rendait folle, au sens littéral du mot. Baissant les yeux, je remarquai qu'il serrait les poings.

  Intrigué par notre inactivité, M. Banner s'approcha de notre paillasse. Par-dessus nos épaules, il découvrit notre imprimé dûment complété et examina de plus près nos réponses.

  — Laisse-moi deviner, Edward, insinua-t-il, tu as estimé qu'Isabella ne méritait pas de toucher au microscope ?

  — Bella, le corrigea automatiquement mon voisin. Et détrompez-vous, elle en a identifié trois sur cinq.

  M. Banner s'adressa à moi, quelque peu sceptique.

  — Tu as déjà travaillé là-dessus ?

  — Pas avec des racines d'oignons, admis-je, embarrassée.

  — De la blastula de féra ?

  — Oui.

  — Tu suivais un programme pour élèves avancés, à Phoenix ? devina-t-il en hochant le menton.

  — Oui.

  Il médita quelques instants.

  — Eh bien, finit-il par déclarer, il n'est sans doute pas mauvais que vous deux soyez partenaires de labo.

  Il s'éloigna en grommelant dans sa barbe. Je repris mes gribouillis.

  — Dommage, pour la neige, hein ? me lança Edward.

  J'eus l'impression qu'il se forçait à faire la conversation. Une fois de plus, je cédai à la paranoïa — c'était comme s'il avait entendu l'échange que Jessica et moi avions eu à la cafétéria et qu'il essayait de prouver qu'il s'intéressait aux autres.

 

‹ Prev