Fascination

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Fascination Page 5

by Stephenie Meyer


  — Pas vraiment, répondis-je, choisissant la franchise.

  Préoccupée par mes soupçons ridicules, j'avais du mal à être attentive.

  — Tu n'aimes pas le froid.

  C'était une affirmation.

  — Ni l'humidité, renchéris-je.

  — Tu dois difficilement supporter Forks, s'aventura-t-il.

  — Tu n'imagines même pas à quel point.

  Ces mots parurent le fasciner, ce qui me laissa pantoise. Quant à son visage, il m'obsédait tellement que je devais m'interdire de le contempler plus que ne l'autorisait la courtoisie.

  — Pourquoi es-tu venue t'installer ici, alors ?

  Personne ne m'avait posé la question — en tout cas, pas de façon aussi directe.

  — C'est... compliqué.

  — Je devrais réussir à comprendre, persifla-t-il.

  Je ne dis rien pendant un long moment, puis commis l'erreur de croiser son regard. Ses prunelles d'un or sombre me déstabilisèrent, et c'est sans réfléchir que j'acceptai de m'expliquer.

  — Ma mère s'est remariée.

  — Ça ne me paraît pas très compliqué, souligna-t-il. Quand est-ce arrivé ?

  — En septembre.

  Même moi, je perçus la tristesse de ma voix.

  — Et tu ne l'apprécies pas, conjectura Edward sans se départir de sa gentillesse.

  — Si, Phil est chouette. Trop jeune, peut-être, mais sympa.

  — Pourquoi n'es-tu pas restée avec eux, s'il est aussi agréable ?

  Son intérêt me dépassait. Il me scrutait pourtant comme si ma pauvre vie était d'une importance fondamentale.

  — Phil voyage beaucoup. Il est joueur de base-ball professionnel, précisai-je avec un demi-sourire.

  — Célèbre ? s'enquit-il en souriant à son tour.

  — Non. Il n'est pas très bon. Juste des championnats de second ordre. Il se déplace pas mal.

  — Et ta mère t'a expédiée ici afin de l'accompagner librement.

  De nouveau, c'était une affirmation.

  — Non, protestai-je, elle n'y est pour rien. C'est moi qui l'ai voulu.

  — Je ne saisis pas, avoua-t-il en fronçant les sourcils.

  Sa frustration me sembla démesurée. J'étouffai un soupir. Pourquoi prenais-je la peine de raconter ma vie ? Sûrement parce que l'intensité de sa curiosité ne faiblissait pas.

  — Au début, repris-je, elle est restée avec moi. Mais il lui manquait. Elle était malheureuse... Bref, j'ai décidé qu'il était temps que je connaisse un peu mieux Charlie.

  Je prononçai ces dernières paroles avec des intonations sinistres.

  — Et maintenant, c'est toi qui n'es pas heureuse, en déduisit-il.

  — La belle affaire !

  — Ça n'est pas très juste.

  — On ne te l'a donc jamais dit ? ripostai-je avec un ricanement amer. La vie est injuste.

  — J'ai en effet l'impression d'avoir déjà entendu ça quelque part, admit-il sèchement.

  — Inutile de se lamenter, par conséquent, conclus-je en me demandant pourquoi il me fixait ainsi.

  — Tu donnes bien le change, murmura-t-il, appréciateur, mais je parie que tu souffres plus que tu ne le laisses voir.

  Je le gratifiai d'une grimace, résistant difficilement à l'envie de lui tirer la langue comme une gamine de cinq ans, puis je détournai la tête.

  — Je me trompe ?

  Je l'ignorai. Difficilement.

  — J'en étais sûr ! plastronna-t-il.

  — Et en quoi ça te concerne, hein ? répliquai-je, acide.

  Je refusais toujours de le regarder et me focalisai sur les rondes du prof dans la salle.

  — Bonne question, chuchota-t-il, si doucement qu'il parut se parler à lui-même.

  Le silence s'installa, et je devinai qu'il n'en dirait pas plus à ce sujet. Irritée, je fixai le tableau en fronçant les sourcils.

  — Je t'agace ? demanda-t-il, l'air soudain amusé.

  Sans réfléchir, je lui jetai un coup d'œil... et lui avouai la vérité, une fois de plus.

  — Pas vraiment, maugréai-je. Je m'agace moi-même, plutôt. Je suis tellement transparente. Ma mère m'appelle son livre ouvert.

  — Je ne suis pas d'accord. Je te trouve au contraire difficile à déchiffrer.

  Malgré tout ce que je lui avais confessé et tout ce qu'il avait deviné seul, il était apparemment sincère.

  — C'est que tu es bon lecteur.

  — En général, oui.

  Il m'adressa un large sourire qui dévoila une rangée de dents extrablanches et régulières. À cet instant, M. Banner rappela la classe à l'ordre, et je me tournai vers lui, soulagée. J'étais ébahie d'avoir révélé ma misérable existence à ce garçon étrange et superbe qui pouvait me mépriser ou pas au gré de ses humeurs. Il m'avait donné l'impression d'être subjugué par notre conversation, mais une brève vérification m'apprit qu'il s'était de nouveau éloigné de moi, et que ses mains agrippaient la table avec une évidente tension.

  Je m'astreignis à écouter M. Banner qui illustrait, transparents et rétroprojecteur à l'appui, ce que j'avais élucidé sans difficulté à l'aide du microscope. Hélas, j'avais l'esprit bien embrouillé.

  Lorsque la cloche retentit enfin, Edward se sauva, aussi vif et gracieux que le lundi. Et, comme ce jour-là, je le regardai s'éloigner avec stupeur. Mike se précipita vers moi pour porter mes livres à ma place. L'image d'un saint-bernard remuant la queue s'imposa à moi.

  — C'était nul, grogna-t-il. Toutes ces lamelles se ressemblaient. Tu as de la chance d'avoir Cullen pour partenaire.

  — L'exercice ne m'a posé aucun problème, rétorquai-je, piquée par ses insinuations. Et puis, j'avais déjà mené une expérience de ce type, ajoutai-je aussitôt, regrettant ma rebuffade et craignant de l'avoir blessé.

  — Cullen a eu l'air plutôt sympa, aujourd'hui, commenta-t-il au moment où nous enfilions nos manteaux.

  Et lui n'avait pas l'air très content.

  — Je ne sais pas ce qui lui a pris la semaine dernière, éludai-je en jouant l'indifférence.

  Sur le trajet du gymnase, je fus incapable de prêter l'oreille aux bavardages de Mike. L'heure d'éducation physique n'arrangea rien non plus. Ce jour-là, Mike était dans mon équipe. Chevaleresque, il défendit ma position et la sienne, et mes rêvasseries ne furent interrompues que lorsque c'était mon tour de servir — chaque fois, mes coéquipiers se baissèrent prudemment.

  La pluie n'était plus qu'un brouillard quand j'émergeai sur le parking, mais je fus heureuse de gagner l'abri de ma Chevrolet. Je mis en marche le chauffage, pour une fois insoucieuse du rugissement abêtissant du moteur, déboutonnai mon coupe-vent, rabattis le capuchon et ébouriffai mes cheveux.

  J'inspectais les alentours afin de m'assurer que la voie était libre lorsque je remarquai une silhouette blanche et immobile. Edward Cullen s'appuyait contre la porte avant de la Volvo, à trois voitures de là, et me fixait. Aussitôt, je fis marche arrière, manquant, dans ma hâte, d'emboutir une Toyota Corolla rouillée. Heureusement pour elle, j'enfonçai la pédale de frein à temps. C'était exactement le genre de véhicule que ma camionnette aurait réduit en bouillie. Je pris une profonde inspiration et, veillant avec application à ne pas le regarder, je repris ma manœuvre, avec plus de succès ce coup-ci. Raide comme un piquet, je dépassai la Volvo — j'aurais juré qu'Edward riait.

  3

  PHÉNOMÈNE

  Lorsque j'ouvris les yeux le lendemain matin, quelque chose avait changé.

  La lumière. Le vert-de-gris ambiant du genre jour nuageux en forêt était illuminé d'une nuance plus claire. M'apercevant que le brouillard n'opacifiait pas ma fenêtre, je sautai du lit pour aller voir... et poussai un gémissement horrifié. Une fine couche de neige recouvrait la cour, saupoudrait le toit de ma camionnette, blanchissait la rue. La pluie de la veille avait gelé, solidifiant les aiguilles des arbres en sculptures fantastiques et somptueuses et transformant l'allée en patinoire. J'avais déjà assez de mal à ne pas me casser la figure quand le s
ol était sec — il était sûrement plus sûr que je retourne me coucher tout de suite.

  Charlie était parti lorsque je descendis. Par bien des aspects, vivre avec lui ressemblait à vivre en célibataire, et je me surprenais à savourer mon indépendance plutôt qu'à souffrir de solitude. J'engloutis un bol de céréales et quelques gorgées de jus d'orange — directement au goulot. J'avais hâte de filer au lycée, ce qui m'effrayait. J'avais conscience que ce n'était ni vers une studieuse émulation ni vers le plaisir de retrouver mes nouveaux amis que je courais. J'étais pressée de me rendre à l'école à cause d'Edward Cullen. Et c'était très, très bête.

  J'aurais dû l'éviter complètement, après mes sots et embarrassants bavardages de la veille. Et puis je me méfiais ; pourquoi avait-il menti à propos de ses yeux ? L'hostilité qui émanait parfois de lui continuait à me terrifier, et la seule idée de son admirable visage à me paralyser. Je savais aussi que nous n'étions pas du même monde. En aucun cas, donc, je n'aurais dû être fébrile à la perspective de le revoir.

  Il me fallut faire appel à toutes mes capacités de concentration pour réchapper de l'allée verglacée. Je faillis bien perdre l'équilibre en atteignant ma voiture mais réussis à m'accrocher au rétroviseur juste à temps. La journée allait être cauchemardesque, aucun doute là-dessus.

  Sur le trajet du lycée, j'oubliai mes soucis en repensant à Mike et Éric et à la façon manifestement différente dont les garçons, ici, se comportaient à mon égard. J'étais pourtant certaine d'avoir la même tête qu'à Phoenix. Peut-être était-ce que mes camarades masculins, là-bas, m'avaient vue traverser lentement toutes les phases difficiles de l'adolescence et ne s'étaient pas donné la peine de dépasser ce stade. Peut-être était-ce que je représentais une nouveauté dans une ville où celles-ci étaient rares. À moins que ma maladresse qui confinait à l'infirmité ne fût considérée avec sympathie plutôt qu'avec mépris, me donnant des allures de princesse en détresse. Quoi qu'il en fût, l'attitude de chiot de Mike et l'apparente jalousie d'Éric étaient déconcertantes. Je n'étais pas sûre de ne pas leur préférer ma transparence coutumière.

  Je conduisis avec une lenteur d'escargot, peu désireuse de semer le désordre et la destruction sur ma route. La Chevrolet semblait cependant ne pas avoir de difficultés avec la glace noire qui couvrait l'asphalte. Lorsque j'en descendis, sur le parking du lycée, je découvris pourquoi. Un éclat argenté ayant attiré mon attention, je me rendis à l'arrière du véhicule — en m'agrippant prudemment au plateau — afin d'y examiner les pneus. Ils étaient ceints de fines lignes métalliques entrecroisées en losanges. Charlie s'était levé à point d'heure pour chaîner ma camionnette. J'eus la gorge serrée, soudain. Je n'avais pas l'habitude qu'on s'occupât de moi, et les attentions discrètes de mon père me prenaient au dépourvu.

  Je me tenais derrière ma voiture en essayant de maîtriser la brusque vague d'émotion qui s'était emparée de moi quand j'entendis un drôle de bruit.

  Plusieurs choses arrivèrent en même temps. Et pas au ralenti, comme dans les films. Au contraire, l'adrénaline parut dégourdir mon cerveau, et je réussis à saisir en bloc une série d'événements simultanés.

  À quatre voitures de moi, Edward Cullen avait les traits tordus par une grimace horrifiée. Son visage se détachait sur une mer d'autres visages, tous figés dans un masque d'angoisse identique. De plus immédiate importance cependant m'apparut le fourgon bleu nuit qui glissait, roues bloquées et freins hurlant, en tournoyant follement à travers le parking verglacé. Il fonçait droit sur ma Chevrolet, et j'étais en plein sur sa trajectoire. Je n'eus même pas le temps de fermer les yeux.

  Juste avant que ne me parvienne le crissement de tôles froissées du véhicule fou s'enroulant autour du plateau de ma camionnette, quelque chose me frappa. Fort. Sauf que le coup ne surgit pas de là où je l'attendais. Ma tête heurta le bitume gelé, une masse solide et froide me cloua au sol. Je me rendis compte que je gisais sur le sol, derrière la voiture marron près de laquelle je m'étais garée. Je n'eus pas le loisir d'engranger d'autres détails, car le fourgon se rapprochait : après avoir rebondi bruyamment sur l'arrière de la Chevrolet, il continuait sa course désordonnée et s'apprêtait à me rentrer dedans une deuxième fois.

  Un juron étouffé m'apprit que je n'étais pas seule. Impossible de ne pas reconnaître cette voix. Deux longues mains blanches jaillirent devant moi pour me protéger, et le fourgon s'arrêta en hoquetant à quelques centimètres de ma figure, les grandes paumes s'enfonçant par un heureux hasard dans une indentation profonde qui marquait le flanc du véhicule.

  Puis les mains bougèrent, si vite qu'elles en devinrent floues. L'une d'elles attrapait soudain le dessous du fourgon, et quelque chose me tirait en arrière, écartant mes jambes comme celles d'une poupée de son jusqu'à ce qu'elles viennent frapper les pneus de la voiture marron. Dans un grondement métallique qui me déchira les tympans et une averse de verre brisé, le fourgon retomba à l'endroit exact où, un instant plus tôt, s'étaient trouvées mes jambes.

  Un silence absolu régna pendant une seconde interminable, puis les hurlements commencèrent. Dans le charivari, j'entendis plusieurs personnes crier mon nom. Mais plus clairement que ces braillements, je perçus, toute proche, la voix basse et affolée d'Edward Cullen.

  — Bella ? Ça va ?

  — Très bien.

  Mes intonations sonnèrent étranges à mes propres oreilles. Je voulus m'asseoir, m'aperçus qu'il me serrait contre lui dans une étreinte de fer.

  — Attention, m'avertit-il quand je me débattis. Je crois que tu t'es cogné la tête assez fort.

  Je pris conscience d'une douleur lancinante au-dessus de mon oreille gauche.

  — Ouille ! murmurai-je, déconcertée.

  — C'est bien ce que je me disais.

  Il semblait sujet à une étrange gaieté.

  — Comment diable...

  Je m'interrompis pour tâcher d'éclaircir mes idées et de recouvrer mes esprits.

  — Comment as-tu réussi à t'approcher aussi vite ?

  — J'étais juste à côté de toi, Bella, affirma-t-il en retrouvant son sérieux.

  Je me détournai pour me redresser et, cette fois, il me lâcha, délaçant ses bras et s'éloignant de moi autant que l'espace restreint le lui permettait. Il arborait une moue inquiète et innocente, et je fus de nouveau désorientée par l'intensité de ses pupilles dorées qui paraissaient me reprocher l'absurdité de ma question.

  Tout à coup, on nous découvrit, une meute de gens aux joues striées de larmes, se hélant, nous interpellant.

  — Ne bougez pas ! nous ordonna quelqu'un.

  — Sortez Tyler du fourgon, cria quelqu'un d'autre.

  Une activité fébrile s'organisa. Je tentai de me lever, mais la main glacée d'Edward m'en empêcha.

  — Attends encore un peu.

  — J'ai froid ! protestai-je.

  Il étouffa un rire. Qu'est-ce que ça signifiait ?

  — Tu étais là-bas, me rappelai-je soudain. Près de ta voiture.

  — Non, répliqua-t-il en se fermant brusquement.

  — Je t'ai vu !

  Alentour, c'était le chaos. Des voix graves retentirent, signe que des adultes arrivaient sur place. De mon côté, je n'avais pas l'intention de céder. J'avais raison, et Edward Cullen allait devoir en convenir.

  — Bella, j'étais tout près de toi et je t'ai tirée de là, c'est tout.

  Il me balaya du pouvoir dévastateur de ses yeux, comme pour me communiquer une information cruciale.

  — Non, m'entêtai-je, mâchoires serrées.

  L'or de ses iris flamboya.

  — S'il te plaît, Bella.

  — Pourquoi ?

  — Fais-moi confiance.

  La douceur envoûtante de ses accents fut interrompue par les ululements de sirènes lointaines.

  — Jure que tu m'expliqueras plus tard.

  — D'accord ! aboya-t-il, soudain exaspéré.

  — Tu as intérêt à tenir parole, insistai-je, furieuse.

  I
l fallut six secouristes et deux profs — Varner et Clapp — pour déplacer le fourgon suffisamment loin afin de laisser passer les brancards. Edward refusa vigoureusement de s'allonger sur le sien, et je m'efforçai de l'imiter, mais le traître leur révéla que je m'étais cogné la tête et que je souffrais sûrement d'une commotion. Je faillis mourir d'humiliation lorsqu'ils me mirent une minerve. On aurait dit que tout le lycée était là qui observait gravement mon chargement en ambulance. Edward grimpa à l'avant. C'était horripilant.

  Histoire de ne rien arranger, le Chef Swan débarqua avant qu'ils aient eu le temps de m'évacuer.

  — Bella ! brailla-t-il, paniqué, lorsqu'il me reconnut sur la civière.

  — Tout va aussi bien que possible, Char... papa, soupirai-je. Je suis indemne.

  Il n'en demanda pas moins confirmation à l'ambulancier le plus proche. Je pris le parti de l'ignorer et m'appliquai à dérouler l'inexplicable méli-mélo d'images folles qui se bousculaient dans mon crâne. Lorsque les brancardiers m'avaient emportée, j'avais remarqué sans l'ombre d'un doute que le pare-chocs de la voiture marron était profondément enfoncé — une forme qui n'était pas sans évoquer le contour des épaules d'Edward. Comme s'il s'était arc-bouté contre l'auto avec assez de force pour en tordre le métal... Et puis il y avait les siens, qui avaient contemplé la scène de loin, avec un mélange d'émotions qui allaient de la désapprobation à la fureur mais sans une once d'inquiétude pour la santé de leur frère. Il fallait que je trouve une explication logique à ce à quoi je venais d'assister — une explication évitant de conclure que j'étais cinglée.

  Naturellement, l'ambulance fut escortée par la police jusqu'à l'hôpital du comté. C'était d'un ridicule consommé. Le pire fut qu'Edward franchit tranquillement les portes des urgences sur ses pieds. La rage me fit crisser des dents.

  Ils m'installèrent dans une grande salle d'examen avec une rangée de lits séparés par des rideaux aux dessins pastel. Une infirmière me colla un tensiomètre autour du bras et un thermomètre sous la langue. Personne ne se soucia de tirer la tenture pour me donner un peu d'intimité. Estimant que je n'étais pas obligée de garder cette imbécile de minerve, j'en ôtai rapidement les bandes Velcro et la balançai sous un meuble, une fois l'infirmière partie.

 

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