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Fascination

Page 7

by Stephenie Meyer


  — Super ! m'exclamai-je en feignant le ravissement. Vous allez vous éclater.

  — C'est que...

  Il hésita, étudia mon sourire, visiblement douché par ma réaction.

  — Je lui ai répondu que j'avais besoin d'y réfléchir.

  — Quelle idée !

  Je m'étais autorisé une once de reproche dans la voix. En réalité, j'étais soulagée qu'il n'eût pas refusé tout net.

  — Je me demandais si... euh, si tu comptais m'inviter, toi.

  Je gardai le silence un instant, détestant la vague de remords qui m'envahissait. De biais, je vis la tête d'Edward pivoter vers nous imperceptiblement, en un geste instinctif.

  — Mike, je crois que tu devrais accepter.

  — Tu as déjà choisi quelqu'un ?

  Edward remarqua-t-il la façon dont le regard de Mike papillotait dans sa direction ?

  — Non. J'ai bien l'intention de sécher le bal.

  — Pourquoi ?

  Peu désireuse d'entrer dans des explications sur le défi périlleux que danser représentait pour moi, je lui donnai le premier prétexte que je trouvai.

  — Je vais à Seattle, ce samedi-là.

  De toute façon, j'avais besoin de m'aérer un peu — soudain, cette date convenait à merveille.

  — Tu ne peux pas choisir un autre week-end ?

  — Non, désolée. En tout cas, tu ne devrais pas faire languir Jessica plus longtemps. C'est impoli.

  — Ouais, tu as raison, marmonna-t-il.

  Et, découragé, il regagna sa place. Je fermai les yeux et appuyai mes doigts sur mes tempes pour tenter de repousser la culpabilité et la compassion que j'éprouvais envers lui. M. Banner se mit à parler. Je soupirai, rouvris les paupières. Edward me dévisageait curieusement, avec cette touche à présent familière de frustration dans les yeux, encore plus nette lorsque ses iris étaient noirs. Déconcertée, je soutins son regard, m'attendant à ce qu'il fuie aussitôt. Au lieu de quoi, il continua de me scruter de façon pénétrante. Il était exclu que je cède la première. Mes mains se mirent à trembler.

  — Monsieur Cullen ? appela le prof, attendant une réponse à sa question que je n'avais pas entendue.

  — Le cycle de Krebs, lança Edward qui s'arracha à sa contemplation avec une réticence évidente pour faire face à M. Banner.

  Immédiatement, je plongeai dans mon livre. Plus pleutre que jamais, je ramenai mes cheveux par-dessus mon épaule droite afin de dissimuler mon visage. J'étais incrédule devant la bouffée d'émotions qui m'avait saisie, juste parce qu'il avait daigné me regarder, pour la première fois en plus d'un mois. Je ne lui permettrais pas d'avoir une telle influence sur moi. C'était minable. Plus, c'était malsain.

  Je fis mon maximum pour l'oublier durant le reste de l'heure et, comme c'était impossible, pour qu'au moins il ne devine pas que j'étais consciente de sa présence. Quand la cloche sonna enfin, je rassemblai mes affaires en priant pour qu'il file tout de suite, comme d'ordinaire.

  — Bella ?

  Sa voix n'aurait pas dû m'être aussi familière — comme si j'en avais connu le timbre toute ma vie et non depuis quelques petites semaines. De mauvaise grâce, je me retournai. Je ne voulais pas ressentir ce que je savais que je ressentirais devant son visage trop parfait. J'arborai une expression prudente ; la sienne était indéchiffrable. Il n'ajouta rien.

  — Quoi ? Tu me parles de nouveau ? finis-je par demander, une involontaire note irascible dans la voix.

  — Non, pas vraiment, admit-il, tandis que ses lèvres frémissaient pour étouffer un sourire.

  Paupières closes, j'inspirai doucement par le nez, consciente que je grinçais des dents. Lui attendait.

  — Alors, qu'est-ce que tu veux, Edward ?

  Je n'avais pas rouvert les yeux, car il m'était plus aisé ainsi de m'adresser à lui sans divaguer.

  — Je te prie de m'excuser. (Il paraissait sincère.) Je ne suis pas très courtois, je sais. Mais c'est mieux comme ça, crois-moi.

  Cette fois, je fus obligée de le regarder. Il était très sérieux.

  — Je ne te comprends pas, répondis-je avec précaution.

  — Il vaut mieux que nous ne soyons pas amis. Fais-moi confiance.

  Je fronçai les sourcils. J'avais déjà entendu cette phrase.

  — Dommage que tu ne t'en sois pas aperçu plus tôt, grondai-je. Tu te serais épargné tous ces regrets.

  — Des regrets ? (Le mot et mon ton l'avaient apparemment désarçonné.) De quoi ?

  — De ne pas avoir laissé cet imbécile de fourgon me réduire en bouillie.

  Ébahi, il m'observa un moment. Quand il reprit la parole, il était presque mécontent.

  — Tu penses vraiment que je regrette de t'avoir sauvée ?

  — Je le sais ! aboyai-je.

  — Tu ne sais rien du tout.

  Cette fois, il était en colère pour de bon. Je tournai brusquement la tête, mâchoires serrées, tâchant de retenir les accusations délirantes que j'avais envie de lui cracher à la face. Je récupérai mes livres, me levai et filai vers la porte. J'avais envisagé une sortie théâtrale mais, bien sûr, je me pris les pieds dans le chambranle et lâchai mes affaires. L'idée m'effleura de les abandonner sur place puis, avec un soupir, je me penchai pour les ramasser. Il était déjà là ; il me tendait mes manuels empilés, le visage dur.

  — Merci, dis-je sèchement.

  — De rien, riposta-t-il en pinçant les lèvres.

  Je me redressai et partis à grandes enjambées raides vers le gymnase sans regarder derrière moi.

  La séance de sport fut brutale. Nous étions passés au basket. Mon équipe ne me lança jamais le ballon, ce qui était bien, mais je tombai beaucoup, entraînant parfois des gens dans ma chute. Ce jour-là fut pire que d'habitude, parce que j'étais obnubilée par Edward. Je tâchai de me concentrer sur mes pieds, mais il ne cessait de revenir insidieusement hanter mon esprit, alors que j'avais plus que jamais besoin de mon équilibre.

  Comme toujours, ce fut une vraie délivrance de rentrer à la maison. Je rejoignis ma camionnette en courant presque parce que je souhaitais éviter un maximum de gens. La Chevrolet n'avait subi que des dégâts mineurs dans l'accident. J'avais dû remplacer les feux arrière et, si j'avais eu un pot de peinture sous la main, je serais allée jusqu'à faire quelques retouches. Les parents de Tyler, eux, avaient été contraints de vendre leur fourgon en pièces détachées. Je manquai d'avoir une crise cardiaque quand, au détour d'un bâtiment, je distinguai une grande silhouette sombre appuyée contre le flanc de ma voiture. Puis je compris que ce n'était qu'Éric. Je continuai mon chemin.

  — Salut !

  — Salut, Bella.

  — Quoi de neuf ?

  — Euh, je me demandais juste... si tu accepterais d'aller au bal avec moi ?

  Sa voix dérailla sur le dernier mot. J'étais en train de déverrouiller ma portière, et ses paroles me désarçonnèrent.

  — Je croyais que c'était aux filles de choisir leur cavalier ? ripostai-je, trop étonnée pour être diplomate.

  — Euh, ouais, admit-il, penaud.

  Recouvrant mon sang-froid, je m'arrachai un sourire chaleureux.

  — Je serai à Seattle ce jour-là, mais merci quand même.

  — Oh. Une autre fois, peut-être ?

  — C'est ça, me dérobai-je.

  Je me mordis aussitôt la langue. Pourvu qu'il ne prenne pas ma réponse au pied de la lettre. Il s'éloigna mollement en direction du lycée. Un ricanement étouffé me parvint, et Edward passa devant mon capot, regard fixé sur l'horizon et lèvres serrées. Bondissant dans l'habitacle, je claquai rageusement la portière. Je fis gronder le moteur de manière assourdissante et reculai dans l'allée. Edward était déjà dans sa voiture, à deux places de là, et il déboîta en douceur, me coupant la route. Puis il s'arrêta pour attendre ses frères et sœurs. Je les apercevais, tous les quatre, qui s'approchaient ; ils se trouvaient encore au niveau de la cantine cependant. J'envisageai de démolir l'arrière de la Volvo rutilante, mais il y avait trop de témoin
s. Jetant un coup d'œil dans mon rétroviseur, je constatai qu'une queue avait commencé à se former. Juste derrière moi, Tyler Crowley agitait la main, assis dans sa vieille Sentra tout récemment acquise. Énervée, je ne lui répondis pas.

  Tandis que je patientais, regardant partout sauf en direction de la voiture stationnée devant moi, j'entendis qu'on frappait à ma vitre, côté passager. C'était Tyler. Surprise, je vérifiai dans mon rétro : sa voiture tournait, portière ouverte. Je me penchai pour abaisser la fenêtre. La manivelle résista, et j'abandonnai à la moitié.

  — Excuse-moi, Tyler, je suis coincée derrière Cullen, lançai-je agacée.

  Il était clair que l'embouteillage n'était pas de ma faute.

  — Oh, je sais, je voulais juste te proposer un truc pendant qu'on est bloqués ici, répondit-il avec un sourire jusqu'aux oreilles.

  Non ! Ce n'était pas possible.

  — Tu veux bien m'inviter au bal ? continua-t-il.

  — Je ne serai pas là, Tyler, rétorquai-je sèchement.

  Un peu trop. Après tout, ce n'était pas sa faute si Mike et Éric avaient épuisé mes réserves de tolérance pour la journée.

  — Ah ouais, Mike me l'a dit, reconnut-il.

  — Alors pourquoi...

  — J'espérais seulement que c'était une façon sympa de l'éconduire, admit-il en haussant les épaules.

  Bon, c'était bien sa faute, finalement. Je tâchai de cacher mon irritation.

  — Désolée, Tyler, je serai effectivement absente.

  — Pas grave. Il nous restera toujours le bal de promo.

  Et, sans me laisser le temps de répliquer, il repartit vers sa voiture. J'étais sous le choc. À travers le pare-brise, je vis Alice, Rosalie, Emmett et Jasper monter à bord de la Volvo. Edward me fixait dans son rétroviseur. Aucun doute : il s'amusait beaucoup, à croire qu'il avait capté toute ma conversation avec Tyler. Mon pied taquina l'accélérateur... un petit coup ne leur ferait pas de mal. Seule cette peinture argentée bien lustrée souffrirait. J'enclenchai la première. Mais Edward filait déjà. Je rentrai lentement, prudente, marmonnant dans ma barbe durant tout le trajet.

  Une fois à la maison, je décidai de préparer des enchiladas de poulet pour le dîner. C'était un processus long, ce qui m'occuperait. Pendant que les oignons et les poivrons réduisaient à petit feu, le téléphone sonna. J'eus presque peur de décrocher, mais ça pouvait être Charlie ou ma mère.

  C'était Jessica, et elle jubilait. Mike l'avait rattrapée à la fin des cours pour lui annoncer qu'il acceptait d'être son cavalier. Je me réjouis brièvement de la nouvelle tout en remuant mon plat. Elle était pressée, car elle voulait appeler Angela et Lauren pour partager sa joie. Je suggérai — avec une innocence étudiée — qu'Angela, la timide qui était en biologie avec moi, invite Éric. Et que Lauren, une fille distante qui m'avait toujours ignorée, en parle à Tyler — j'avais entendu dire qu'il était encore libre. Jess trouva que c'était une excellente idée. À présent qu'elle était certaine d'avoir Mike à son bras, elle parut sincère lorsqu'elle affirma qu'elle regretterait mon absence. Je lui servis l'excuse de Seattle.

  Après avoir raccroché, je me concentrai sur mon repas, la découpe du poulet en petits dés notamment : je ne tenais pas à effectuer une nouvelle visite aux urgences. Mais j'avais l'esprit ailleurs et ne cessai de revenir sur chacune des paroles qu'avait prononcées Edward. Qu'avait-il voulu dire en affirmant qu'il valait mieux que nous ne soyons pas amis ?

  Une crampe me tordit le ventre quand je compris le sens caché de ces mots. Il devait avoir remarqué à quel point je m'intéressais à lui ; il ne souhaitait pas m'encourager... donc, une amitié entre nous était exclue... parce que je lui étais complètement indifférente. Évidemment, ruminai-je, amère, les yeux brûlants — une réaction tardive aux oignons sûrement. Je n'étais pas intéressante. Lui, si. Fascinant... brillant... mystérieux... parfait... beau... et sûrement capable de soulever d'une seule main des fourgons d'une tonne. Eh bien, tant pis. Je n'avais qu'à le laisser tranquille. Je le laisserais tranquille. J'effectuerais la peine que je m'étais imposée dans le Purgatoire qu'était Forks puis, avec un peu de chance, une fac du Sud-Ouest ou de Hawaii m'offrirait une bourse. J'imaginai des plages ensoleillées et des palmiers tout en achevant les enchiladas et en les mettant au four.

  Charlie prit un air soupçonneux quand, à son retour, il renifla l'odeur des poivrons verts. Impossible de lui en vouloir — on ne trouvait probablement de nourriture mexicaine à peu près consommable que dans le sud de la Californie. Mais il était flic, même s'il n'était qu'un petit flic dans une petite ville, et il eut le courage d'avaler une bouchée qui parut lui plaire. Il était amusant d'observer la façon dont sa confiance en mes talents culinaires progressait peu à peu.

  — Papa ? lançai-je une fois qu'il eut presque terminé.

  — Oui, Bella ?

  — Euh... je tenais juste à t'avertir que je comptais aller passer la journée à Seattle le samedi de la semaine prochaine... Si ça ne t'embête pas.

  Je ne voulais pas demander sa permission — ça aurait créé un précédent fâcheux ; en même temps, il aurait été quelque peu cavalier de le mettre devant le fait accompli.

  — Pourquoi ? s'étonna-t-il, comme s'il lui était inconcevable que Forks ne répondît pas à tous mes désirs.

  — J'ai envie d'acheter des livres, la bibliothèque d'ici est plutôt pauvre, et peut-être quelques fringues.

  J'avais plus d'argent que d'habitude puisque, grâce à Charlie, je n'avais pas eu à payer ma voiture. Non que la camionnette ne fût pas ruineuse en essence.

  — Ton engin doit consommer un maximum, avança-t-il, comme s'il avait lu dans mes pensées.

  — Je m'arrêterai à Montesano et Olympia, voire à Tacoma si nécessaire.

  — Tu y vas toute seule ?

  Je ne sus déterminer s'il soupçonnait l'existence d'un petit ami ou s'il était juste inquiet que la voiture ne me posât des problèmes.

  — Oui.

  — Seattle est une grande ville, tu risques de t'égarer, objecta-t-il, inutilement paniqué.

  — Papa, Phoenix est cinq fois plus grande que Seattle, et je suis capable de lire un plan. Détends-toi.

  — Tu ne veux pas que je t'accompagne ?

  Je dissimulai l'horreur que m'inspirait cette proposition sous une ruse de Sioux.

  — Inutile. Je vais sans doute perdre ma journée aux cabines d'essayage. Rien de très passionnant.

  — Oh, c'est d'accord.

  La perspective d'être coincé ne serait-ce qu'une minute dans des boutiques de vêtements l'avait fait immédiatement reculer. Je souris.

  — Merci.

  — Tu seras rentrée à temps pour le bal ?

  Bon sang ! Il n'y avait que dans un bourg aussi minuscule que votre père pouvait être au courant de la soirée organisée par le lycée.

  — Non. Je n'aime pas danser, de toute façon.

  Lui, pour le moins, devait comprendre ça. Ce n'était pas de ma mère que j'avais hérité mes problèmes d'équilibre. Par bonheur, il comprit.

  — D'accord, conclut-il.

  Le lendemain matin, en arrivant sur le parking, je me garai volontairement le plus loin possible de la Volvo argent. Je préférais éviter les tentations qui auraient risqué de me conduire à racheter une voiture aux Cullen. Je sortis de la camionnette et me débattis avec mes clés, qui tombèrent dans une flaque. Alors que je me baissais pour les ramasser, une main blanche apparut brusquement et s'en empara avant moi. Je me relevai d'un bond. Edward Cullen s'adossait avec décontraction à ma Chevrolet.

  — Pour quelle raison as-tu fait ça ? braillai-je, à la fois surprise et irritée.

  — Fait quoi ?

  Il tendit les clés et les laissa choir dans ma paume.

  — Surgi à l'improviste.

  — Bella, je ne suis quand même pas responsable si tu es particulièrement inattentive.

  À l'ordinaire, ses intonations étaient douces, veloutées, assourdies. Je le toisai. Ses yeux étaient redevenus clairs, d'
une couleur miel doré assez soutenue. Je fus obligée de baisser la tête pour reprendre mes esprits.

  — Pourquoi ce bouchon, hier soir ? lançai-je sans le regarder. Je croyais que tu étais censé te comporter comme si je n'existais pas. Pas t'arranger pour m'embêter jusqu'à ce que mort s'ensuive.

  — Je rendais service à Tyler, ricana-t-il. Histoire de lui donner sa chance.

  — Espèce de... hoquetai-je.

  Aucun mot suffisamment grossier ne me vint à l'esprit. L'intensité de ma colère aurait pu le brûler, mais il n'en parut que plus amusé.

  — Et je ne prétends pas que tu n'existes pas, enchaîna-t-il.

  — C'est donc bien ma mort que tu souhaites, puisque le fourgon de Tyler n'y a pas suffi !

  Un éclat de fureur traversa ses pupilles fauves. Ses lèvres se pincèrent en une ligne mince. Toute trace d'humour s'évapora.

  — Bella, tu es complètement absurde, murmura-t-il d'une voix blanche.

  Mes paumes me démangèrent sous le besoin urgent de frapper quelque chose. J'en fus moi-même étonnée, n'étant pas du genre violente. Je me détournai et filai.

  — Attends ! appela-t-il.

  Je continuai d'avancer d'un pas furibond sous la pluie battante. Il n'eut aucune difficulté à me rattraper.

  — Désolé pour ces paroles désagréables, s'excusa-t-il en m'accompagnant. Non qu'elles soient fausses, mais je n'étais pas obligé de les dire, ajouta-t-il comme je ne répondais pas.

  — Et si tu me fichais la paix, hein ? grommelai-je.

  — Je voulais juste te poser une question, c'est toi qui m'as fait perdre le fil, rigola-t-il, l'air d'avoir retrouvé sa bonne humeur.

  — Souffrirais-tu d'un dédoublement de la personnalité ? ripostai-je sévèrement.

  — Voilà que tu recommences.

  — Très bien, soupirai-je. Vas-y, pose-la, ta question.

  — Je me demandais si, samedi de la semaine prochaine, tu sais, le jour du bal...

  — Essaierais-tu d'être drôle, par hasard ? l'interrompis-je en fonçant sur lui.

  La pluie me trempa la figure quand je levai le menton pour le dévisager. Une lueur malicieuse allumait ses yeux.

  — Et si tu me laissais terminer ?

  Me mordant les lèvres, je croisai mes mains et mes doigts pour me retenir de le battre.

 

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