Fascination

Home > Science > Fascination > Page 22
Fascination Page 22

by Stephenie Meyer


  Mes affaires prêtes pour le matin, je finis par me coucher. J'étais sur les nerfs et n'arrêtais pas de m'agiter. Me relevant, je fouillai dans la boîte à chaussures qui contenait mes CD jusqu'à ce que je trouve des nocturnes de Chopin. Je les mis, le volume au minimum, me rallongeai et m'astreignis à décontracter toutes les parties de mon corps, les unes après les autres. Vers le milieu de l'exercice, les cachets agirent, et je sombrai.

  Je me réveillai tôt, après une nuit calme et sans rêves. Bien que je fusse reposée, je retombai aussitôt dans l'état d'énervement de la veille. Je m'habillai précipitamment, lissant mon col et ajustant mon gilet marron clair jusqu'à ce qu'il se positionne correctement au-dessus de mon jean. Un coup d'œil par la fenêtre m'apprit que Charlie était déjà parti. Une fine couche de nuages cotonneux voilait le ciel. Ils ne dureraient pas.

  J'avalai machinalement mon petit-déjeuner, puis me dépêchai de nettoyer et de ranger. Je regardai une nouvelle fois dehors, rien n'avait changé. Je venais juste de terminer de me laver les dents et redescendais quand un coup discret à la porte déclencha des pulsations incontrôlées dans ma poitrine. Je planai jusqu'à l'entrée, me débattis avec le verrou mais finis par réussir à ouvrir le battant à la volée — c'était lui. Dès que je vis son visage, mon agitation s'évanouit, et je me ressaisis. Mes craintes de la veille paraissaient sans fondements du moment qu'il était là.

  Au début, il ne me sourit pas, il était préoccupé. Puis son expression s'éclaircit au fur et à mesure qu'il me détaillait, et il se mit à rire.

  — Bonjour ! lança-t-il joyeusement.

  — Qu'est-ce qui cloche ?

  Je m'examinai sous toutes les coutures afin de vérifier que je n'avais rien oublié d'important, comme mes chaussures ou mon pantalon.

  — Nous sommes habillés pareil ! s'esclaffa-t-il.

  Je vis en effet qu'il arborait un long gilet marron clair d'où pointait un col blanc et un jean bleu. Mon rire se joignit au sien, en dépit d'un vague regret — pourquoi fallait-il qu'il ressemble à un mannequin et pas moi ? Pendant que je fermais la porte, il s'approcha de la camionnette et m'y m'attendit, côté passager, avec des airs de martyr.

  — On a passé un accord, lui rappelai-je, triomphante, tout en grimpant derrière le volant.

  J'ouvris sa portière de l'intérieur.

  — Où va-t-on ? m'enquis-je.

  — Mets ta ceinture, j'ai déjà la frousse.

  J'obéis, non sans le gratifier d'un regard mauvais.

  — Prends la 101 en direction du nord, m'ordonna-t-il.

  J'eus beaucoup de mal à me concentrer sur la route, sachant qu'il me couvait des yeux. Du coup, je traversai encore plus lentement que d'ordinaire la ville endormie.

  — Tu as l'intention de quitter Forks avant la nuit ? m'apostropha-t-il.

  — Cette bagnole est assez vieille pour avoir appartenu à ton grand-père. Un peu de respect.

  Malgré ce qu'il venait d'en dire, nous ne tardâmes pas à franchir les limites de la ville. Des sous-bois denses et des troncs verdis de mousse remplacèrent les pelouses et les maisons.

  — Tourne à droite sur la 110, m'intima-t-il au moment où j'allais lui poser la question. (J'obéis en silence.) Maintenant, on continue jusqu'à ce que la chaussée disparaisse.

  Je perçus son amusement mais ne tournai pas la tête vers lui, de peur de quitter la route — et de lui donner raison par la même occasion.

  — Et qu'y a-t-il après la chaussée ?

  — Un sentier.

  — On part en balade ?

  Dieu merci, j'avais mes vieilles tennis.

  — Ça te pose un problème ?

  À croire qu'il l'avait espéré.

  — Non.

  Je m'étais efforcée de prononcer ce mensonge avec assurance. Mais s'il trouvait que ma camionnette se traînait, il n'allait pas être déçu avec moi.

  — Détends-toi, rien qu'une petite dizaine de kilomètres, et nous ne sommes pas pressés.

  Une dizaine de bornes ! Je ne relevai pas, craignant que, sous l'effet de la panique, ma voix ne déraille. Dix kilomètres de racines embusquées et de cailloux instables qui essaieraient de tordre mes chevilles ou de me blesser par quelque moyen que ce fût. L'humiliation promettait d'être complète. Nous roulâmes en silence tandis que je ruminais l'horreur qui m'attendait.

  — À quoi penses-tu ? finit-il par s'impatienter.

  — Je me demandais juste où nous allions, mentis-je une nouvelle fois.

  — C'est un endroit où j'aime me rendre quand il fait beau.

  D'un même mouvement, nous jetâmes un coup d'œil sur les nuages qui s'effilochaient.

  — Charlie m'a assuré que la journée serait chaude.

  — Lui as-tu avoué ce que tu manigançais ?

  — Non.

  — Jessica croit toujours que nous allons ensemble à Seattle, au moins ?

  Idée qui parut le réjouir.

  — Non plus, je lui ai raconté que tu avais annulé — ce qui est vrai, d'ailleurs.

  — Alors, personne ne sait que tu es avec moi ?

  Il était en colère, maintenant.

  — Pas forcément... Car j'imagine que tu as prévenu Alice ?

  — Bravo, Bella ! J'ai vraiment l'impression d'être soutenu !

  Je fis comme si je n'avais pas entendu.

  — Es-tu si déprimée par Forks que tu veuilles te suicider ? s'emporta-t-il.

  — Je croyais que ça risquait de t'attirer des ennuis... qu'on nous voie ensemble.

  — Tu t'inquiètes des soucis que je pourrais avoir si toi, tu ne rentrais pas chez toi ? C'est le bouquet !

  J'acquiesçai, les yeux rivés sur le pare-brise. Il marmonna dans sa barbe, si vite que je ne compris pas. Le reste du chemin se déroula sans un mot. Je sentais des vagues de réprobation furibonde émaner de lui, et je ne trouvais rien à dire pour l'apaiser.

  La route s'acheva brutalement, se réduisant à un étroit sentier pédestre balisé d'un petit piquet en bois. Je me garai sur le bas-côté et bondis de voiture, à la fois parce que j'étais effrayée par sa colère et parce que ça me donnait une excuse pour ne pas le regarder. L'air s'était réchauffé, à présent, il était plus doux que ce que j'avais jamais connu depuis mon arrivée à Forks, presque lourd à cause des nuages. Retirant mon gilet, je l'attachai autour de ma taille, heureuse d'avoir mis ma chemise légère sans manches — d'autant plus que dix kilomètres de randonnée m'attendaient.

  Sa portière claqua, et je relevai la tête. Lui aussi avait ôté son gilet. Il me tournait le dos, contemplant la forêt épaisse le long de laquelle nous étions parqués.

  — Par ici, dit-il en jetant un coup d'œil derrière lui, l'air toujours aussi revêche.

  Sur ce, il s'enfonça dans les bois.

  — Mais le chemin ? bêlai-je, paniquée, en courant autour du camion pour le rattraper.

  — Je n'ai jamais dit que nous l'emprunterions.

  — Ah bon ?

  — Je ne te laisserai pas te perdre, va !

  Il se retourna, un sourire moqueur aux lèvres. J'étouffai un petit cri. Sa chemise sans manches était déboutonnée, révélant le lissé blanc de sa peau qui s'étalait, ininterrompu, de sa gorge aux contours marmoréens de son torse, libérant sa musculature impeccable des vêtements qui d'habitude n'en donnaient qu'une vague idée. Il était trop parfait, me rendis-je compte, désespérée. Il était impossible qu'une créature aussi divine pût m'être destinée. Il me dévisagea, décontenancé par mon air torturé.

  — Tu préfères rentrer ? murmura-t-il d'une voix qui exhalait une souffrance différente de la mienne.

  — Non.

  J'avançai jusqu'à me retrouver tout près de lui, anxieuse de ne pas perdre une des secondes du temps qui m'était imparti en sa compagnie.

  — Qu'y a-t-il, alors ? voulut-il savoir, soudain très tendre.

  — Je ne suis pas très bonne marcheuse, confessai-je, penaude. Il va falloir que tu sois très patient.

  — J'en suis capable... même si ça exige beaucoup d'efforts.
r />   Il me sourit, soutenant mon regard comme pour me tirer de mon inexplicable découragement. Je tentai de lui retourner son sourire, mais je ne fus pas très convaincante. Il m'observa longuement.

  — Tu vas rentrer chez toi, me jura-t-il.

  Je ne réussis pas à déterminer si cette promesse était sans condition ou soumise à un départ immédiat. Je devinais qu'il mettait mon bouleversement sur le compte de la peur qu'il m'inspirait et, une fois encore, je fus contente d'être celle dont il n'arrivait pas à lire les pensées.

  — Si tu veux que je crapahute dix bornes dans la jungle avant le coucher du soleil, tu ferais mieux d'avancer, lançai-je, acide.

  Il fronça les sourcils, essayant d'interpréter mon ton et mon expression, mais il finit par renoncer et prit la tête de notre expédition.

  Ce ne fut pas aussi difficile que je l'avais craint. Le terrain était presque plat, et Edward écartait les fougères humides et les rideaux de mousse devant moi. Lorsqu'il fallait escalader des troncs d'arbre ou des rochers, il m'aidait à les franchir en me soutenant par le coude, me relâchant dès que j'étais de l'autre côté. Son contact glacé ne manquait jamais d'accélérer les battements de mon cœur. À deux reprises, je détectai sur ses traits une réaction qui me confirma qu'il les entendait. Je tâchai d'éviter le plus possible de regarder son corps sublime, mais je dérapais souvent. À tous les coups, sa beauté me transperçait de tristesse.

  Nous progressâmes en silence, ne parlant que rarement. De temps à autre, il me posait une question au hasard, de celles qui avaient échappé à ses investigations des deux jours précédents. Mon anniversaire, mes enseignants de l'école primaire, les animaux de mon enfance — je dus avouer que, après avoir tué trois poissons rouges à la suite, j'avais renoncé à ce genre d'institution. Ce détail provoqua en lui une hilarité d'une vigueur inédite, l'écho de ses rires pareils à des clochettes se répercutant à travers la forêt déserte.

  La balade nous prit presque toute la matinée, mais il ne fit pas une fois montre d'agacement. Les bois s'étalaient alentour en un labyrinthe infini de très vieux arbres, au point que je commençai à me demander avec nervosité si nous retrouverions notre chemin. Lui était parfaitement à l'aise dans cette toile de verdure et paraissait n'avoir aucun doute quant à notre trajectoire.

  Au bout de quelques heures, la lumière filtrée par la feuillée passa d'un vert olive soutenu à un jade plus clair — le soleil l'avait emporté, comme prévu. Pour la première fois depuis que j'avais pénétré dans la forêt, l'excitation s'empara de moi et ne tarda pas à se transformer en impatience.

  — On est bientôt arrivés ? lançai-je, faussement bougonne.

  — Presque, répondit-il, mon changement d'humeur déclenchant un rictus narquois. Tu vois la lueur, là-bas ?

  Je scrutai les arbres.

  — Euh... non.

  — C'est sans doute un peu trop loin pour tes yeux.

  — Alors, il serait temps que j'aille chez l'ophtalmo, marmottai-je, ce qui le fit rire.

  Au bout d'une centaine de mètres cependant, je distinguai en effet sous les frondaisons une trouée plus jaune que verte. J'accélérai, de plus en plus fiévreuse. Me laissant passer devant, il me suivit sans bruit.

  Franchissant la dernière rangée de fougères, j'entrai dans l'endroit le plus ravissant du monde. La clairière, petite et parfaitement ronde, était tapissée de fleurs violettes, jaunes et blanches. À quelques mètres de là, murmurait un ruisseau. Le soleil tombait droit sur nous, noyant la place sous un halo de lumière mordorée. Intimidée, j'avançai lentement dans l'herbe tendre, les pétales chatoyants, l'air tiède et doré. Je me retournai à demi, désireuse de partager cet instant avec lui, mais il n'était plus là. Je le cherchai vivement des yeux, soudain alarmée, et finis par le repérer — il était resté dans l'ombre épaisse des feuilles, à l'orée de la clairière et me contemplait prudemment. Me revint alors en mémoire ce que la beauté des lieux m'avait fait oublier — l'énigme d'Edward et du soleil qu'il avait promis de me montrer aujourd'hui.

  Je fis un pas vers lui, pleine de curiosité. Il paraissait circonspect, réticent. Avec un sourire encourageant, je l'invitai à venir et me rapprochai encore. Il leva le bras, et je m'arrêtai, oscillant sur mes talons. Il parut inhaler longuement puis plongea dans l'éclatante aura du soleil de midi.

  13

  CONFESSIONS

  Le spectacle d'Edward au soleil était choquant. Je ne parvenais pas à m'y habituer, bien que je l'aie eu sous les yeux tout l'après-midi. Sa peau, blanche en dépit d'une vague rougeur due à sa partie de chasse de la veille, flamboyait littéralement, comme si des millions de minuscules diamants y avaient été incrustés. Il était allongé dans l'herbe, totalement immobile, chemise ouverte sur son torse sculptural enivrant, ses bras nus chatoyants. Ses paupières couleur lavande étaient fermées, même s'il ne dormait pas, naturellement. Il était une statue parfaite, travaillée dans un matériau inconnu lisse comme le marbre et scintillant comme le cristal. Parfois, ses lèvres bougeaient, si vite qu'on eût dit qu'elles tremblaient. Lorsque je lui posai la question, il me répondit qu'il chantait ; trop bas pour que je l'entendisse.

  Moi aussi, je profitai du beau temps, bien qu'il ne fît pas assez sec à mon goût. À l'instar d'Edward, j'aurais aimé m'étendre et laisser le soleil réchauffer ma peau. Au lieu de quoi, je me contentai de me pelotonner en chien de fusil pour l'observer, insatiable. La brise était douce, emmêlant mes cheveux et ébouriffant l'herbe qui s'agitait autour de sa silhouette figée.

  La clairière, si spectaculaire au premier abord, pâlissait devant tant de magnificence.

  Hésitante, toujours aussi effrayée qu'il disparût tel un mirage tant il était trop beau pour être vrai... hésitante, je tendis un doigt et caressai le dos de sa main étincelante. Une fois encore, je m'émerveillai de la texture sans défaut de sa peau, douce comme du satin, fraîche comme de la pierre. Lorsque je relevai les yeux, les siens me regardaient. Un sourire plissa les commissures de ses lèvres admirables.

  — Je ne t'effraie pas ? plaisanta-t-il.

  Je sentis pourtant une réelle curiosité derrière le badinage affiché.

  — Pas plus que d'habitude.

  Son sourire s'élargit, et ses dents miroitèrent au soleil. Je me rapprochai, osant tracer les contours de son avant-bras du bout de mes doigts, qui tremblaient, ce qu'il n'allait sûrement pas manquer de remarquer.

  — Je t'embête ? murmurai-je, car il avait refermé les yeux.

  — Non. Tu n'imagines pas les sensations que tu me procures.

  Je fis courir ma paume légère le long des muscles incomparables de son bras, suivant le réseau bleuâtre des veines au creux de son coude. Mon autre main avait entrepris de retourner la sienne. Devinant mes intentions, il s'exécuta en l'un de ces gestes d'une rapidité aveuglante et déconcertante, et je me figeai.

  — Désolé, marmonna-t-il. J'ai tendance à me laisser aller à ma vraie nature, avec toi.

  Soulevant son poignet, je l'orientai de-ci de-là afin de voir le soleil ricocher dessus. Je le collai tout près de mon visage, cherchant à distinguer les facettes cachées de son derme.

  — Dis-moi à quoi tu penses, murmura-t-il. L'ignorer est si étrange, ajouta-t-il.

  — Je te signale que c'est notre lot commun, à nous autres.

  — Votre existence est dure. Dis-moi, répéta-t-il.

  — Je songeais que j'aurais aimé savoir ce que toi tu pensais...

  — Et ?

  — Je songeais que j'aurais aimé croire en ta réalité. Et ne pas avoir peur.

  — Je ne veux pas que tu aies peur.

  Son chuchotement taisait ce qu'il ne pouvait affirmer avec certitude — que je n'avais rien à craindre.

  — Pour être exacte, la peur en elle-même ne me préoccupe pas tant que ça. Bien qu'elle ne soit pas négligeable.

  Trop vite pour mes pauvres yeux d'humaine, il se releva à demi, s'accouda sur son bras droit, sa paume gauche toujours dans mes mains. Son visage d'ange n'était qu'à quelques centimètres du mien
. J'aurais pu — j'aurais dû — reculer devant cette soudaine proximité, sauf que j'étais incapable de bouger, hypnotisée par ses prunelles dorées.

  — Que crains-tu ?

  Une question à laquelle il me fut impossible de répondre. Car, pour la seconde fois depuis que je le connaissais, je humai son haleine. Une odeur fraîche et sucrée, délicieuse et unique, qui me mit l'eau à la bouche. Instinctivement, je me penchai, inhalant à plein nez. Alors, il s'échappa. Le temps que je reprenne mes esprits, il se tenait à dix mètres de moi, au bord de la clairière, dans la pénombre d'un énorme sapin. Il me fixait de ses iris sombres, arborant une expression énigmatique. J'étais blessée, secouée, et mes doigts vides brûlaient.

  — Excuse-moi, dis-je tout bas, sachant qu'il m'entendrait.

  — Donne-moi juste un moment.

  J'attendis, immobile. Au bout de quelques secondes incroyablement longues, il revint, lentement pour lui. Il s'arrêta à quelques pas de moi et s'assit gracieusement en tailleur. Son regard était vrillé au mien. Il inspira profondément.

  — Désolé, marmonna-t-il avec un sourire hésitant. Comprendrais-tu si je te disais n'être qu'un homme ?

  J'acquiesçai aussitôt, mais sa plaisanterie ne me dérida pas. L'adrénaline envahit mes veines au fur et à mesure que le danger s'imposait à ma conscience. Il le flaira sans peine, et sa moue devint narquoise.

  — Je suis le meilleur prédateur au monde, n'est-ce pas ? Tout en moi t'attire — ma voix, mes traits, mon odeur. Comme si j'avais besoin de ça !

  Brusquement, il se remit debout et disparut d'un bond pour réapparaître sous le même arbre qu'auparavant. Il avait fait le tour de la clairière en moins d'une seconde.

  — Tu ne pourrais pas m'échapper ! s'esclaffa-t-il avec amertume.

  Il arracha au sapin une branche de cinquante centimètres de diamètre — le bruit fut assourdissant, le geste facile — et joua avec pendant un instant avant de la jeter à une vitesse effarante contre le tronc d'un autre arbre énorme, où elle explosa. Puis, il fut de nouveau devant moi, aussi figé qu'un roc.

 

‹ Prev