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Fascination

Page 23

by Stephenie Meyer


  — Tu ne pourrais pas me résister, murmura-t-il.

  Je n'avais pas bronché, effrayée pour de bon. C'était la première fois que je voyais tomber sa façade soigneusement cultivée ; jamais il n'avait été aussi peu humain, ni plus beau. Hébétée, stupéfiée, j'étais un oiseau pris au piège d'un serpent. Ses yeux magnifiques semblaient briller d'une âpre excitation. Ils se ternirent peu à peu, et son visage retrouva le masque de tristesse qui était le sien d'ordinaire.

  — N'aie pas peur, chuchota-t-il, ses intonations veloutées volontairement séductrices. Je te promets... Je te jure de ne jamais te faire de mal.

  J'eus l'impression qu'il cherchait à s'en convaincre lui-même.

  — N'aie pas peur, répéta-t-il en se rapprochant avec une lenteur exagérée.

  Dans un mouvement délibérément mesuré, il se baissa jusqu'à ce que nos yeux fussent à niveau.

  — S'il te plaît, pardonne-moi. Je sais me contrôler. Tu m'as pris au dépourvu, c'est tout. Je vais être sage, maintenant.

  Il guetta ma réaction ; malheureusement, j'étais incapable de prononcer un mot.

  — Je n'ai pas soif, aujourd'hui, insista-t-il en m'adressant un coup d'œil complice.

  Je ne pus m'empêcher de rire, un petit son tremblotant et étranglé.

  — Ça va aller ?

  La tendresse était revenue. Sa main marmoréenne se posa prudemment sur la mienne. Je contemplai sa peau lisse et froide, puis ses pupilles. Elles étaient douces et contrites. Je repris délibérément mes caresses le long des veines de sa main et lui lançai un sourire timide. Celui qu'il me retourna était éblouissant.

  — Où en étions-nous, avant que je me comporte aussi mal ?

  — Très franchement, j'ai oublié.

  Il parut honteux.

  — Je crois que nous parlions de ce qui provoquait ta peur, en dehors des raisons évidentes.

  — Ah oui.

  — Alors ?

  Je continuais à dessiner au hasard des tracés sur sa paume iridescente. Les secondes s'écoulèrent.

  — La patience n'est pas mon fort, soupira-t-il.

  Plongeant dans ses yeux, je compris que tout cela était aussi nouveau pour lui que pour moi. Quelles que fussent ses années d'insondable expérience, c'était dur pour lui également. Cette réaction me donna le courage nécessaire.

  — J'ai peur parce que, pour des raisons évidentes, je ne peux pas rester avec toi. Or, j'ai peur d'en avoir envie de manière déraisonnable.

  Je ne le regardais plus — il m'était difficile de prononcer ces paroles tout haut.

  — Oui, désirer ma compagnie est effectivement effrayant. Et vraiment pas dans ton intérêt. (Je fronçai les sourcils.) J'aurais dû m'éloigner depuis longtemps. Il faudrait que je parte, là, tout de suite. Hélas, je ne suis pas certain d'en avoir la force.

  — Je ne veux pas que tu t'en ailles.

  — Voilà exactement pourquoi je devrais m'y résoudre. Ne t'inquiète pas, va. Je suis égoïste. Moi aussi, je désire trop ta compagnie pour être raisonnable.

  — J'en suis heureuse.

  — C'est mal !

  Il retira sa main, plus doucement cette fois, même si sa voix était devenue dure (mais tellement plus belle que n'importe quelle voix humaine). Il était ardu à suivre — ses brusques et constantes sautes d'humeur me désarçonnaient.

  — Ce n'est pas seulement ta compagnie que je désire, reprit-il. Ne l'oublie jamais. Rappelle-toi que je représente un danger sans égal pour toi, que je suis la menace absolue.

  Il s'interrompit. Levant la tête, je m'aperçus qu'il fixait sans la voir la forêt.

  — Je ne suis pas certaine de te comprendre.

  Il me regarda et, une fois encore, la tendresse reprit le dessus.

  — Comment t'expliquer sans t'affoler ?

  Sans réfléchir, il replaça sa main entre les miennes ; je la serrai comme un trésor précieux.

  — Cette impression de chaleur est étonnamment agréable, commenta-t-il en contemplant nos doigts entrelacés, avant de se concentrer sur ses idées. Bon, reprit-il un peu plus tard, tu sais que les gens n'ont pas les mêmes goûts. Certains aiment la glace au chocolat, d'autres préfèrent la fraise. (J'acquiesçai.) Désolé pour cette comparaison malheureuse, je n'ai pas trouvé mieux. (Nous rîmes.) Tu vois, chacun a une odeur particulière, une essence personnelle. Si tu enfermais un alcoolique repenti dans une pièce pleine de bière frelatée, il réussirait à résister. Mais supposons que tu remplaces la bière éventée par un verre d'un excellent et rarissime cognac, que tu remplisses la pièce de ce seul et puissant arôme de vieux brandy, comment crois-tu qu'il se débrouillerait ?

  Nous nous dévisageâmes, comme pour lire les pensées de l'autre. Il fut le premier à briser le silence.

  — La métaphore est sûrement mal choisie. Il n'est peut-être pas si difficile de résister au cognac. J'aurais dû prendre un héroïnomane.

  — Serais-tu en train de me suggérer que je suis une dose d'héroïne ?

  — Exactement.

  — Cela arrive-t-il souvent ?

  Il réfléchit à ma question en contemplant la cime des arbres.

  — J'en ai parlé à mes frères. Pour Jasper, vous êtes interchangeables. Il est le membre le plus récent de notre famille, et son sevrage relève du combat. Il n'a pas encore eu le temps de se sensibiliser aux différentes odeurs et saveurs. Navré...

  — Ce n'est rien. Écoute, ne te soucie pas de me choquer ou de m'effrayer. C'est votre mode de fonctionnement, et je peux le comprendre, m'y efforcer du moins. Explique les choses comme elles te viennent.

  — Merci. Bref, Jasper n'est pas sûr d'avoir rencontré quelqu'un qui soit aussi... attirant que tu l'es pour moi. Emmett, qui est, si je puis dire, dans le bain depuis plus longtemps m'a compris, lui. Il m'a avoué que ça lui était arrivé deux fois, dont une de manière très puissante.

  — Et à toi ?

  — Jamais.

  Le mot resta suspendu un instant dans la tiédeur ambiante.

  — Comment a réagi Emmett ? demandai-je pour rompre le silence.

  Mauvaise question visiblement. Le visage d'Edward s'assombrit, sa main dans la mienne se serra en un poing, et il détourna les yeux. J'attendis, mais compris que je n'obtiendrais pas de réponse.

  — Je crois deviner, finis-je par murmurer.

  Il me regarda, l'air triste et suppliant.

  — Même le plus fort d'entre nous a le droit à l'erreur, non ? chuchota-t-il.

  — Que veux-tu ? Mon consentement ?

  Ma voix avait claqué, plus sèche que je ne l'aurais souhaité. Je tâchai de me contrôler — après tout, pareille franchise devait beaucoup lui coûter.

  — Est-ce à dire qu'il n'y a pas d'autre solution ?

  La sérénité avec laquelle j'étais en train d'évoquer ma propre mort me confondit.

  — Non, non ! s'empressa-t-il d'objecter. Il y en a d'autres, bien sûr. Il est évident que je ne...

  Il n'acheva pas sa phrase. Ses yeux brûlants plongèrent dans les miens.

  — Nous deux, reprit-il, c'est différent. Pour Emmett, il s'agissait... d'étrangers, croisés au hasard. C'était il y a longtemps, et il n'était pas aussi... entraîné ni aussi prudent qu'aujourd'hui.

  Il se tut et me dévisagea intensément tandis que je méditais ces paroles.

  — Donc, si nous nous étions rencontrés... dans une allée sombre, je ne sais pas...

  — J'ai été contraint de fournir un effort démesuré pour me retenir... au milieu de cette classe pleine d'élèves. Lorsque tu es passée près de moi, j'aurais pu détruire en une fraction de seconde tout ce que Carlisle a bâti. Si je n'avais pas eu l'habitude de lutter contre ma soif depuis... trop longtemps, j'aurais été incapable de résister.

  Il me jeta un coup d'œil lugubre. Cet instant n'était que trop vif dans nos mémoires à tous deux.

  — Tu as dû te dire que j'étais possédé.

  — Je n'ai pas compris cette haine immédiate.

  — C'était comme si tu étais une sorte de démo
n surgi de mon Enfer personnel pour me détruire. L'arôme de ta peau... j'ai cru devenir fou. Durant toute cette heure, j'ai imaginé mille et un stratagèmes pour t'attirer dehors et t'avoir à moi seul. Je les ai combattus un à un en pensant aux miens, aux répercussions éventuelles. Il fallait que je m'enfuie, que je m'éloigne avant de ne pouvoir retenir les mots qui t'auraient incitée à me suivre...

  Je chancelai à l'évocation de ce souvenir amer. Ses prunelles dorées lançaient des flammes, hypnotiques et mortelles.

  — Tu serais venue, m'assura-t-il.

  — Sans doute, acquiesçai-je d'une voix que j'espérai calme.

  Sourcillant, il me libéra de la puissance de son regard incandescent.

  — Ensuite, enchaîna-t-il, j'ai voulu changer mon emploi du temps afin de t'éviter, et tu étais là, dans ce petit bureau surchauffé, et ton odeur était enivrante. Là aussi, j'ai failli craquer. Il n'y avait qu'un autre humain avec nous, une femme frêle que je n'aurais eu aucun mal à liquider.

  Malgré le soleil, je frissonnai. Ce n'était que maintenant que je prenais la mesure des périls auxquels j'avais été exposée. Pauvre Mme Cope. J'avais été si près de provoquer, involontairement, sa mort. J'en tremblai de nouveau.

  — Mais j'ai résisté, disait Edward. J'ignore comment. Je me suis forcé à ne pas t'attendre, à ne pas te suivre. Dehors, il m'a été plus facile de réfléchir et de prendre la bonne décision, car je ne sentais plus ta fragrance. J'ai déposé les autres à la maison — j'avais trop honte pour leur confier ma faiblesse. Ils avaient juste deviné que quelque chose de très grave s'était produit — et j'ai foncé droit à l'hôpital pour annoncer à Carlisle que je m'en allais.

  Cet aveu me dérouta. Lui sembla contrit, comme s'il venait de confesser une immense lâcheté.

  — Nous avons échangé nos voitures, il avait fait le plein de la sienne, et je ne voulais pas m'arrêter. Je n'ai pas osé rentrer affronter Esmé. Elle ne m'aurait pas laissé partir sans une scène, sans essayer de me persuader que c'était inutile... Le lendemain matin, j'étais en Alaska. J'y ai passé deux jours, avec de vieilles connaissances... mais la maison me manquait. Savoir que j'avais meurtri Esmé, les autres, ma famille adoptive, m'était insupportable. Dans l'air pur des montagnes, j'avais du mal à croire que tu sois aussi irrésistible. Je me suis convaincu que fuir était minable. J'avais déjà été tenté, pas avec une telle ampleur, loin de là. J'étais fort. Qui étais-tu, petite fille insignifiante (il eut un grand sourire), pour me chasser de l'endroit où je désirais vivre ? Alors, je suis revenu...

  Il s'abîma dans le spectacle de la nature. J'étais muette.

  — J'ai pris mes précautions, chassant et mangeant plus que nécessaire avant de te revoir. J'étais certain d'être assez solide pour te traiter comme n'importe quel autre humain. Malheureusement, c'était de l'arrogance. Qui plus est, mon incapacité à lire tes pensées et connaître tes sentiments à mon égard n'a fait que compliquer les choses. Je n'étais pas habitué à recourir à des méthodes aussi retorses, comme de t'espionner à travers Jessica... dont l'esprit n'est pas très original et dont je ne pouvais être certain de la fiabilité. Tout ça était très irritant. J'étais agacé de devoir m'abaisser à ce genre de comportement.

  Ce souvenir lui arracha une grimace.

  — Je désirais que tu oublies ce fameux jour, et j'ai tenté de te parler comme à n'importe qui. J'avais hâte, même, espérant ainsi réussir à décrypter ton cerveau. Malheureusement, tu étais bien trop passionnante, et je me suis retrouvé pris au piège de tes expressions... aujourd'hui encore, quand tu agites la main ou secoue tes cheveux, ton odeur m'enivre... Après, bien sûr, tu as failli être écrasée sous mes yeux. En mon for intérieur, je me suis inventé une excuse idéale — si je n'étais pas intervenu, ton sang se serait répandu devant moi, et j'aurais été incapable de me contenir, ce qui aurait montré à tous ma vraie nature. Mais ce prétexte ne m'est venu que tardivement. Sur le moment, ma seule pensée a été « pas elle ».

  Il ferma les paupières, perdu dans sa douloureuse confession. J'étais attentive, avide, irrationnelle. Le bon sens me susurrait que j'aurais dû être terrifiée. Au lieu de quoi, j'étais soulagée de comprendre, enfin. Surtout, j'étais pleine de compassion pour ce qu'il endurait, alors même qu'il m'avouait être calciné par le désir de m'ôter la vie.

  — Et à l'hôpital ? finis-je par réussir à murmurer d'une toute petite voix.

  Rouvrant les yeux, il me transperça de son regard.

  — J'étais consterné. Je n'arrivais pas à croire que j'avais mis les miens en danger, que je m'étais livré à ton pouvoir, toi parmi tant d'autres. Comme si j'avais eu besoin d'une nouvelle raison de te tuer.

  Nous tressaillîmes tous deux lorsque le mot lui échappa.

  — Sauf que ça a eu l'effet contraire, s'empressa-t-il de poursuivre. Je me suis battu avec Rosalie, Emmett et Jasper lorsqu'ils ont suggéré que je tenais là une occasion de... Nous ne nous étions encore jamais affrontés aussi violemment. Carlisle s'est rangé de mon côté. Alice aussi. Esmé m'a seulement conseillé d'agir de façon à pouvoir rester parmi eux. (Il secoua la tête avec indulgence.) Le lendemain, toute la journée, j'ai scanné les esprits de ceux à qui tu parlais, et j'ai été choqué de constater que tu tenais parole. Je ne te comprenais pas du tout. Je savais juste qu'il m'était impossible de m'impliquer plus avant avec toi. J'ai fait mon maximum pour m'éloigner. Et chaque jour, le parfum de ta peau, de ton haleine, de tes cheveux... me frappait aussi puissamment que lors de notre première rencontre.

  Ses pupilles se tournèrent une nouvelle fois vers moi, étonnamment tendres.

  — Paradoxalement, tout aurait été plus facile si je nous avais exposés dès le début en cédant à mes impulsions. Il est trop tard à présent, même là, tout de suite, alors que nous sommes seuls, sans témoins.

  J'étais suffisamment humaine pour lui demander pourquoi.

  — Isabella...

  Il prononça mon nom en entier, soigneusement, puis m'ébouriffa gentiment les cheveux de sa main libre. Un frisson secoua mon corps.

  — ... Bella, je ne me supporterais plus si je le faisais. Tu ne devines pas à quel point cela m'a torturé. (Il baissa la tête, de nouveau honteux.) T'imaginer immobile, blanche, froide... ne plus jamais te revoir rougir, ne plus jamais revoir cet éclat d'intuition allumer tes yeux quand tu pressens mes mensonges... ce serait intolérable. Tu es désormais l'élément le plus important de ma vie. De toute ma vie.

  J'avais du mal à suivre les méandres de la conversation. Du joyeux sujet de mon imminent décès, nous en étions soudain venus à des déclarations. Il attendait que je réagisse, et j'avais conscience de ses pupilles dorées fixées sur moi.

  — Tu sais ce que j'éprouve pour toi, finis-je par confesser à mon tour. Je suis ici... ce qui, en gros, signifie que je préférerais mourir plutôt que de te perdre. Je suis une idiote.

  — Tu l'es, admit-il en s'esclaffant sèchement.

  Nos regards se rencontrèrent, et je ris aussi. Nous trouvions tous deux ma bêtise et l'improbabilité du moment que nous vivions désopilantes.

  — Et le lion s'éprit de l'agneau... murmura-t-il.

  Exaltée, je détournai la tête et dissimulai mes yeux.

  — Quel imbécile, cet agneau ! soupirai-je.

  — Quel fou, ce lion... Quel masochiste...

  Il s'abîma dans la contemplation de la forêt ombreuse, entraîné par des pensées secrètes.

  — Pourquoi...

  Je m'interrompis, hésitant à poursuivre. Il me sourit, et le soleil se refléta sur son visage... et ses dents.

  — Oui ?

  — Dis-moi pourquoi tu t'es enfui devant moi.

  — Je viens de te l'expliquer, rétorqua-t-il en se fermant.

  — Non. Je voudrais savoir ce que j'ai fait de mal. Il va falloir que je sois sur mes gardes, dorénavant. Mieux vaut donc que j'apprenne tout de suite les gestes à éviter. Celui-ci, par exemple, ajoutai-je en caressant le dos de sa main, paraît acceptable.

  — Tu n'as rien fait de mal, m
'assura-t-il en retrouvant son entrain. C'était ma faute, Bella.

  — Mais je veux aider à te rendre les choses plus aisées, si c'est possible.

  — Eh bien... C'était juste ta proximité. Par instinct, la majorité des humains nous évitent, révulsés par notre étrangeté... Je ne m'attendais pas à ce que tu ne te sauves pas. Et puis, il y avait l'odeur de ta gorge.

  Il s'arrêta net, comme s'il craignait de m'avoir choquée.

  — Très bien, je la cacherai à partir de maintenant !

  Je baissai le menton, histoire de détendre l'atmosphère qui s'était alourdie. Ça fonctionna — il rit.

  — Non, vraiment, j'ai surtout été surpris.

  Sa main libre se plaça délicatement sur mon cou. Je ne bronchai pas. La froideur de ses doigts me fit vibrer, comme si la nature exigeait que j'eusse peur. Mais, dans le maelström de mes émotions, la peur n'avait pas sa place.

  — Tu vois, dit-il, tout va bien.

  Mon sang battait dans mes veines, et j'aurais voulu être capable de ralentir sa course, pressentant que cela devait contribuer à compliquer la tâche d'Edward, qui l'entendait sûrement.

  — Ces rougeurs sont magnifiques, murmura-t-il.

  Doucement, il dégagea son autre main. Les miennes retombèrent, inertes, sur mes genoux. Il effleura ma joue, prit mon visage entre ses doigts de marbre.

  — Ne bouge pas, chuchota-t-il.

  Pas de danger ! J'étais pétrifiée. Posément, sans jamais me quitter des yeux, il se pencha vers moi. Puis, vif mais caressant, il appuya sa joue glacée contre la courbe de ma gorge. Pour le coup, j'en fus réduite à une immobilité totale. J'écoutai sa respiration mesurée, observant le soleil et le vent qui jouaient dans ses cheveux de cuivre, ce qu'il y avait de plus humain chez lui. Avec une lenteur délibérée, ses mains glissèrent le long de mon cou. Je frissonnai, l'entendis reprendre son souffle, mais il ne s'interrompit pas, et ses doigts légers descendirent sur mes épaules avant de s'arrêter. Son visage se faufila sur le côté, son nez frôla ma clavicule et, enfin, il enfouit sa tête dans ma poitrine, bouleversant de tendresse.

 

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