Fascination

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Fascination Page 37

by Stephenie Meyer


  Je voyais presque ma mère, debout à l'ombre du grand eucalyptus où j'avais joué, enfant. Ou agenouillée près du petit coin de terre situé au pied de la boîte aux lettres, cimetière de toutes les fleurs qu'elle avait tenté de faire pousser. Les souvenirs valaient mieux que la réalité qui m'attendait aujourd'hui. Pourtant, je les fuis, galopant à fond de train, abandonnant tout derrière moi.

  J'avais l'impression de me traîner, comme si j'avais couru dans le sable mouillé, comme incapable de trouver une prise sur le trottoir en béton. Je trébuchai à plusieurs reprises, tombai une fois, même, m'écorchant les mains en voulant amortir ma chute, titubant pour mieux retomber ensuite. Mais je réussis à atteindre le premier carrefour. Plus qu'une rue ! Je fonçais, je haletais, j'étais en sueur. Le soleil me brûlait la peau. Violent, il m'éblouissait en se réfléchissant sur le sol blanc. Je me sentais dangereusement exposée. Je regrettai les forêts vertes et protectrices de Forks avec plus de vigueur que je ne m'en serais crue capable. Forks... la maison.

  Quand je débouchai à l'angle de Cactus boulevard, j'aperçus le studio, tel que je me le rappelais. Le parking était vide, les stores tirés. J'étais hors d'haleine. L'épuisement et l'effroi m'avaient vidée. Seule la pensée de ma mère me permit de poursuivre mon chemin. M'approchant, je découvris l'affichette scotchée de l'autre côté de la porte vitrée. Manuscrite sur papier rose, elle stipulait que l'école était fermée pour les vacances de Pâques. Je tournais prudemment la poignée, le verrou n'était pas tiré. Le souffle court, j'ouvris le battant.

  Le hall était sombre et désert, frais aussi, car l'air conditionné fonctionnait. Les chaises en plastique moulé étaient empilées le long des murs, et la moquette exhalait des senteurs de nettoyant industriel. À travers la fenêtre de la salle d'attente, je distinguai la petite pièce plongée dans la pénombre. L'autre studio, le plus grand, était allumé, lui. Mais ses volets étaient clos.

  La frayeur qui s'empara de moi était si puissante qu'elle me piégea littéralement. Je me pétrifiai sur place. À cet instant, la voix de ma mère résonna.

  — Bella ? Bella ?

  Les mêmes accents de panique hystérique que lors du coup de fil passé à cinq heures et demie du matin. Je me ruai dans cette direction.

  — Bella, tu m'as fait tellement peur ! Ne recommence plus jamais ! continuait-elle.

  Une fois dans la grande salle de danse, je regardai autour de moi, essayant de détecter l'endroit où elle se tenait. Elle rit, et je me retournai brusquement.

  Elle était là : sur l'écran de télévision, ébouriffant mes cheveux avec soulagement. C'était Thanksgiving1, et j'avais douze ans. Nous avions rendu visite à ma grand-mère, en Californie, l'année précédant sa mort. Un jour, nous étions allées à la plage, et je m'étais trop approchée du bord de la jetée. Ma mère m'avait vue juste à temps, au moment où j'essayais de reprendre mon équilibre, un pied en l'air. « Bella ? Bella ? » avait-elle crié, affolée.

  L'écran devint bleu.

  Je pivotai lentement sur mes talons. Il se tenait, immobile, près de la sortie de secours, si figé que je ne l'avais même pas remarqué. Sa main était fermée sur la télécommande. Nous nous dévisageâmes longtemps, puis il sourit. Il me frôla presque en allant reposer l'objet près de la télé. Je l'observai minutieusement.

  — Désolé, Bella, mais il valait mieux que ta mère ne soit pas impliquée, tu ne penses pas ?

  Il était courtois, presque gentil. Alors, je compris. Ma mère ne risquait rien. Elle se trouvait toujours en Floride, n'avait jamais eu mon message. N'avait jamais été terrifiée par ces yeux rouge sombre enfoncés dans la peau anormalement blême de la créature qui se tenait devant moi. Elle était saine et sauve.

  — Si, répondis-je, immensément soulagée.

  — Tu ne sembles pas furieuse du petit tour que je t'ai joué.

  — Je ne le suis pas.

  Ma soudaine euphorie me donnait du courage. Quelle importance, de toute façon ? Ce serait bientôt fini. Charlie et maman ne seraient pas atteints, ils n'auraient pas à avoir peur. J'en étais presque étourdie. Au fond de moi, une petite voix m'avertit pourtant que j'étais à deux doigts de craquer.

  — Comme c'est étrange. Tu es sincère.

  Ses prunelles foncées me jaugeaient avec intérêt. Les iris en étaient quasiment noirs, bordés d'une trace rubis. Il était assoiffé.

  — Je dois reconnaître ça à ta race, reprit-il. Vous autres humains vous révélez parfois passionnants. Tes motivations me désarçonnent. On dirait qu'une part de toi n'a aucun instinct de survie... c'est fascinant.

  Bras croisés, il m'étudiait avec curiosité. Ni son attitude ni ses traits n'étaient menaçants. Il était tellement banal. Seuls le teint blafard et les yeux creusés auxquels j'avais fini par m'habituer le trahissaient. Il portait une chemise bleue à manches longues et un jean délavé.

  — J'imagine que tu vas me jurer tes grands dieux que ton petit ami te vengera ? lança-t-il avec ce qui me parut des accents bravaches.

  — Non. En tout cas, je lui ai demandé de ne pas le faire.

  — Et comment a-t-il réagi ?

  — Je ne sais pas, je lui ai seulement laissé une lettre.

  Quelle drôle de situation c'était de converser avec ce prédateur mondain !

  — Une lettre, comme c'est romantique ! Respectera-t-il tes dernières volontés ?

  Ses intonations s'étaient durcies, et le sarcasme sous-jacent démentait son affabilité.

  — Je l'espère.

  — Hum... Dans ce cas, nos espérances diffèrent. Tu vois, tout cela a été un peu trop facile et rapide. Pour être franc, je suis déçu. J'attendais un défi plus relevé. Après tout, il ne m'a fallu qu'un brin de chance.

  Je ne répondis rien.

  — Quand Victoria n'a pas réussi à approcher ton père, je lui ai ordonné d'enquêter sur toi. Il ne servait à rien d'arpenter la planète à te traquer en vain alors qu'il me suffisait de t'attendre confortablement dans un lieu de mon choix. Bref, après avoir parlé à Victoria, je suis venu ici, à Phoenix, histoire de rendre une petite visite à ta mère. Je t'avais entendue dire que tu voulais rentrer chez elle. Tout d'abord, j'ai eu du mal à croire que tu étais sérieuse. Puis j'ai réfléchi. Les humains peuvent se montrer très prévisibles, ils aiment les places familières et sûres. Et quelle machination admirable — te rendre, alors que tu étais censée te cacher, dans le plus évident des endroits, celui-là même où tu avais affirmé aller. Naturellement, ce n'était qu'une intuition. D'ordinaire, j'ai toujours un pressentiment, concernant la proie que je chasse, un sixième sens, si tu veux. J'ai eu ton message en arrivant ici. Bien sûr, j'ignorais d'où tu avais appelé. Avoir ton numéro était très utile, mais tu aurais pu aussi bien être en Antarctique, à ce stade. Or le jeu ne fonctionnerait qu'à condition que tu te trouves tout près.

  Je l'écoutais dévider sa petite histoire, imperturbable.

  — Puis ton cher et tendre a pris un avion pour Phoenix. Victoria les surveillait pour mon compte, évidemment. Dans une partie impliquant autant de joueurs, il m'était impossible de faire cavalier seul. Bref, ils m'ont appris ce que je voulais savoir : tu étais ici. Je m'étais préparé. J'avais déjà visionné tous vos délicieux petits films de famille. Ensuite, ça n'a plus été qu'une question de bluff. Vraiment très simple, comme tu le constates, très loin de mes standards habituels. C'est pourquoi je souhaite sincèrement que tu te trompes pour ce qui est de ton jeune amoureux, comprends-tu ? Edward, si je ne m'abuse.

  Je ne prononçai pas un mot. Mon courage commençait à flancher. Je devinai qu'il arrivait au terme de ses fanfaronnades. Ce discours ne m'était sûrement pas destiné, d'ailleurs. Quelle gloire avait-il à me vaincre, moi la misérable humaine ?

  — Cela t'ennuierait-il beaucoup si je laissais à mon tour une lettre de mon cru au cher Edward ?

  Reculant, il s'empara d'une petite caméra digitale posée en équilibre au sommet de la stéréo. Un voyant rouge indiquait qu'elle tournait déjà. Il régla minutieusement la prise de vue, élar
gissant le champ. Je le contemplai, épouvantée.

  — Excuse-moi, mais je ne crois pas qu'il résistera à l'envie de me chasser une fois qu'il aura regardé ça. Je ne voudrais pas qu'il rate quelque chose. Tout ça n'était que pour lui, tu sais. Tu n'es qu'une humaine qui, malheureusement, s'est retrouvée au mauvais endroit au mauvais moment. Et qui fréquente indubitablement les mauvaises personnes, si je puis me permettre.

  Il avança vers moi, souriant.

  — Avant de commencer...

  Une vague de nausée me tordit l'estomac. Je n'avais pas prévu ce film amateur.

  — ... juste une petite précision. Tu aurais pu m'échapper dès le début. Si tu savais combien j'ai craint que ton soupirant y songe et me gâche mon plaisir. Car c'est arrivé, figure-toi. Oh, il y a des siècles ! La seule et unique fois où ma proie m'a échappé. Mon rival était si bêtement entiché de la jeune fille qu'il s'est résolu à accomplir ce que ton Edward a été trop faible pour entreprendre. Quand il a deviné que j'en avais après elle, il l'a enlevée de l'asile où il travaillait — je ne comprendrais décidément jamais l'obsession de certains d'entre nous pour les humains — et l'a sauvée aussitôt que libérée. Elle n'a même pas paru ressentir la douleur, cette pauvre chérie. Elle avait été confinée dans ce trou de basse-fosse pendant si longtemps. Cent ans plus tôt, on l'aurait brûlée vive pour avoir eu ces visions. Dans les années 1820, c'était la maison de fous et les électrochocs. Lorsqu'elle a ouvert les yeux, toute pleine des forces de sa nouvelle jeunesse, c'était à croire qu'elle n'avait encore jamais vu le soleil. Le vieux vampire l'avait transformée en l'une des nôtres. Je n'avais plus de raisons de la toucher. Par vengeance, j'ai détruit son créateur, précisa-t-il en soupirant.

  — Alice, soufflai-je, ahurie.

  — Oui, ton amie. J'ai été vraiment surpris de la retrouver. Son clan devrait arriver à en tirer un peu de réconfort. Après tout, c'est donnant-donnant : toi contre elle, l'unique victime qui m'ait échappé. Quel honneur ! Et elle sentait tellement bon. Encore aujourd'hui, je regrette de ne pas l'avoir goûtée... Son odeur était plus enivrante que la tienne, même. Désolé, je ne voulais pas te vexer. Ton parfum est délicieux, un peu floral.

  Il avança jusqu'à se trouver à seulement quelques centimètres de moi. Soulevant une mèche de mes cheveux, il la huma délicatement avant de la remettre en place avec soin, et je sentis le bout glacé de ses doigts contre ma gorge. Il m'effleura rapidement la joue de son pouce, le visage curieux. J'aurais voulu m'enfuir à toutes jambes, j'étais pétrifiée. Je ne tressaillis même pas.

  — Non, murmura-t-il en laissant retomber la main, je ne saisis pas. Bon, soupira-t-il, il faudrait que nous nous mettions au travail. Ensuite, j'appellerai tes amis pour leur signaler où tu es ainsi que mon petit message.

  J'étais vraiment nauséeuse, maintenant. J'allais souffrir — je le lisais dans ses pupilles. Il ne lui suffirait pas de gagner, de se nourrir et de partir. La fin rapide que j'avais escomptée me serait refusée. Mes genoux se mirent à flageoler, et j'eus peur de tomber.

  Il s'éloigna de quelques pas et me contourna avec décontraction, comme s'il essayait de trouver un meilleur angle de vue en admirant une statue dans un musée. Son visage ne se départit pas de son expression avenante tandis qu'il s'interrogeait sur la manière dont il allait s'y prendre. Soudain, il bondit, adoptant cette position accroupie qui commençait à m'être familière, et son sourire aimable s'élargit lentement, s'agrandissant jusqu'à n'être plus un sourire mais un rictus fait de dents découvertes et luisantes.

  Alors, ce fut plus fort que moi — je tentai de fuir. Bien que j'eusse conscience de la futilité de mon geste et de mes jambes flageolantes, la panique l'emporta et je fonçai vers la sortie de secours. Il se dressa devant moi en un éclair. J'ignore s'il se servit de sa main ou de son pied, il fut trop rapide. Un coup violent frappa ma poitrine, et je partis à reculons. J'entendis le fracas des miroirs lorsque ma tête tapa dedans. Les glaces explosèrent dans une averse de débris. La surprise m'empêcha d'avoir mal. J'avais le souffle coupé.

  Il se rapprocha lentement.

  — Très joli effet, commenta-t-il, de nouveau amical, en examinant le verre brisé. Je me suis dit que cette pièce donnerait de l'ampleur dramatique à mon petit film. C'est pourquoi je l'ai choisie. Elle est parfaite, non ?

  L'ignorant, je rampai à quatre pattes en direction de l'autre porte. Une fois encore, il fut sur moi en un clin d'œil, et son pied s'écrasa sur mon tibia. Je perçus le craquement écœurant avant même d'en éprouver la souffrance. Mais lorsque celle-ci me submergea, je ne pus retenir un hurlement de martyre à l'agonie. Je me dévissai le cou pour voir ma jambe. Il me dominait, hilare.

  — Souhaites-tu réviser ta dernière requête ? me demanda-t-il plaisamment.

  Ses orteils frôlèrent mon membre cassé, et un nouveau hurlement retentit. Choquée, je m'aperçus avec un moment de retard qu'il s'agissait du mien.

  — Tu ne préférerais pas qu'Edward se lance à mes trousses ? insista-t-il.

  — Non, croassai-je. Non. Edward, je t'en sup...

  Quelque chose percuta mon visage, me renvoyant dans les glaces brisées. Par-dessus la douleur qui émanait de mon tibia, je sentis un éclat de miroir entamer mon cuir chevelu, puis un liquide chaud se répandit dans mes boucles à une vitesse affolante, imbibant mon col et mes épaules, gouttant sur le plancher. L'odeur me tourna le cœur.

  Au-delà de ma nausée et du vertige, j'eus une brusque bouffée d'espoir. Ses prunelles, si froides auparavant, brûlaient désormais d'un feu incontrôlé. Le sang qui teintait de pourpre ma chemise blanche et tachait le sol rendait sa soif irrésistible. Quelles qu'aient été ses intentions premières, il n'allait pas réussir à se retenir très longtemps.

  Qu'il en termine. Telle fut ma dernière pensée avant que l'hémorragie n'avale le peu de conscience qui me restait. Mes paupières se fermèrent peu à peu, lourdes de fatigue.

  J'entendis, de façon sourde comme si j'avais été sous l'eau, le grognement du prédateur. Je devinai à travers les longs tunnels étroits qu'étaient devenus mes yeux sa silhouette sombre qui s'approchait. Dans un ultime effort, ma main se porta instinctivement devant mon visage pour le protéger. Je perdis connaissance.

  1 Journée d'action de grâces, chaque quatrième jeudi de novembre. En 1621, un an après leur arrivée au Massachusetts, les premiers colons (des puritains ayant fui l'Angleterre pour pratiquer librement leur religion) organisèrent une fête destinée à marquer une année de sacrifices récompensée par des récoltes abondantes. Aujourd'hui, symbole de liberté et de prospérité. On y sert toujours les plats traditionnels (dinde, sauce aux airelles et tarte au potiron). Pour les Américains, fête la plus importante avec le 4 Juillet (Indépendance).

  23

  L'ANGE

  Je rêvai.

  Je flottais entre deux eaux. Brisant la surface sombre sous laquelle je me trouvais, me parvint le plus joyeux des sons que mon esprit fut à même d'évoquer, aussi beau et envoûtant qu'il était fantomatique ; un autre grognement, un rugissement plus grave qui tremblait de fureur.

  Une vive douleur qui mordait ma main levée me ramena soudain vers la conscience, presque à la surface, mais je m'égarai en route et ne réussis pas à ouvrir les yeux.

  Alors, je compris que j'étais morte.

  Parce que, au-delà des eaux profondes, un ange m'appelait, m'invitant vers le seul paradis dont j'eusse envie.

  — Oh non, Bella ! s'écriait-il, horrifié.

  Derrière cette musique si ardemment désirée retentissait un tumulte affreux que mon esprit tentait de fuir. Une basse rageuse qui grommelait, un craquement repoussant, une mélopée aiguë qui s'interrompait brusquement. Je me concentrai sur la voix angélique.

  — Bella, je t'en supplie, réveille-toi ! Je t'en prie, Bella, je t'en prie ! Bella !

  « Je suis là », voulais-je lui répondre. Rien. Je ne retrouvais pas mes lèvres.

  — Carlisle ! hurlait l'ange qui paraissait souffrir mille morts. Bella, Bella, non, oh par pitié, non, non !
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  Il sanglotait, de ces sanglots heurtés et sans larmes. Il n'aurait pas dû pleurer, c'était mal. J'avais envie de lui dire que tout allait bien, mais l'eau lourde m'oppressait, et je n'arrivais pas à respirer.

  On appuya sur ma tête. Aïe ! La souffrance transperça l'obscurité pour m'atteindre et, soudain, d'autres douleurs, plus vives, suivirent. Je poussai un cri d'agonie qui rompit les eaux noires.

  — Bella ! s'exclama l'ange.

  — Elle a perdu beaucoup de sang, mais la blessure n'est pas profonde, intervint une autre voix, calme. Attention à sa jambe, elle est cassée.

  Un ululement de rage mourut sur les lèvres de l'ange. Un brusque élancement me déchira le flanc. Tout cela ne pouvait être le paradis. J'avais trop mal.

  — Quelques côtes aussi, je pense, poursuivait Carlisle avec méthode.

  Puis mes diverses souffrances s'estompèrent, balayées par une concurrente, une incandescence abominable dans ma main qui éclipsait tout le reste. On me brûlait.

  — Edward...

  Malheureusement, ma prononciation était si lente et sourde que je ne me compris pas moi-même.

  — Tout va s'arranger, Bella. Tu m'entends ? Je t'aime.

  — Edward...

  — Je suis près de toi.

  — J'ai... mal...

  — Je sais, Bella, je sais... chuchotait l'ange, rassurant, tout proche. Tu ne peux rien faire ? ajoutait-il, plus éloigné, avec des accents angoissés.

  — Passe-moi ma sacoche, s'il te plaît... Retiens ton souffle, Alice, ça sera plus facile.

  — Alice...

  — Elle est là aussi, c'est elle qui t'a trouvée.

  — Ma main... elle brûle.

  — Carlisle va te donner de quoi calmer la douleur.

  — Ma main brûle ! m'époumonai-je en jaillissant enfin du néant ténébreux.

  J'ouvris les yeux. Je ne distinguai pas son visage. Quelque chose de sombre et de chaud voilait ma vue. Pourquoi n'éteignaient-ils pas l'incendie qui me ravageait ?

  — Bella ?

  Il semblait effrayé.

 

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