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TENTATION

Page 4

by Stephenie Meyer


  — J'ai conscience que cela paraît un peu bizarre, venant d'un vampire, reprit Carlisle en souriant (il savait que l'emploi décontracté de ce terme ne manquait jamais de me choquer), cela ne m'empêche cependant pas de chercher un sens à la vie, y compris la nôtre. Nos chances de rédemption sont certes infimes, ajouta-t-il d'une voix désinvolte, et selon toute probabilité, nous sommes damnés. Néanmoins, je compte, sottement peut-être, qu'avoir essayé sera porté à notre bénéfice.

  — Je ne vois rien de sot là-dedans.

  Je n'imaginais pas en effet que quiconque, y compris d'essence divine, ne pût être impressionné par Carlisle. Et puis, à mes yeux, un paradis sans Edward n'était pas le Paradis.

  — Tu es bien la première à être d'accord avec moi.

  — Les autres membres du clan ne partagent pas votre foi ? m'étonnai-je.

  Je songeai, bien sûr, à une personne en particulier et, là encore, Carlisle ne s'y trompa pas.

  — Edward me suit jusqu'à un certain point. Pour lui, Dieu, le ciel existent... l'enfer aussi. Mais il doute de l'existence d'un au-delà pour notre espèce.

  Son ton était devenu très doux, et il contemplait l'obscurité, de l'autre côté de la grande fenêtre qui surplombait l'évier.

  — Il est persuadé que nous avons perdu notre âme, ajouta-t-il.

  Je me rappelai aussitôt les paroles qu'Edward avaient prononcées cet après-midi-là. « Sauf à souhaiter mourir... ou, du moins, à subir le sort qui nous est réservé, à nous autres vampires. » Brusquement, une ampoule s'éclaira au-dessus de ma tête.

  — C'est tout le problème, n'est-ce pas ? commentai-je. Ça explique ses réticences à me transformer.

  — Lorsque je regarde... mon fils... quand je vois sa force, sa bonté, son éclat, je suis d'autant plus certain de la légitimité de mes espérances. Comment admettre qu'un être tel Edward ne mérite pas plus ? (J'acquiesçai avec ferveur.) Toutefois, si je pensais comme lui... ou plutôt, si toi, tu partageais ses convictions, serais-tu capable de lui voler son âme ?

  Ses prunelles insondables me dévisageaient. Posée en ces termes, la question me désarçonna. M'eût-il demandé si j'étais prête à sacrifier mon âme pour Edward, ma réponse eût été évidente. Quant à infliger un sort identique à celui que j'aimais... Je fis la grimace. Ces arguties étaient injustes.

  — Tu mesures l'ampleur de la difficulté, reprit Carlisle.

  Je secouai le menton, consciente de me comporter comme une enfant têtue. Il soupira.

  — C'est mon choix, objectai-je.

  — Le sien également, répliqua-t-il en levant la main pour arrêter mes protestations. C'est lui qui endossera ou non cette responsabilité.

  — Il n'est pas le seul à pouvoir procéder.

  — Je t'arrête tout de suite ! s'écria-t-il, en partant d'un rire qui allégea soudain l'atmosphère. C'est avec lui que tu devras aborder ce sujet. Mais, précisa-t-il aussitôt, de nouveau grave, j'ai été confronté à la situation et je te garantis qu'on ne se débarrasse jamais du doute. La plupart du temps, je pense avoir agi au mieux. Et pourtant, ai-je eu raison de condamner mes compagnons à cette existence ? Je n'ai pas de réponse tranchée à cette question.

  Je gardai le silence. En songeant à l'influence que cela aurait eu sur ma propre vie si Carlisle avait supporté sa solitude, je frissonnai.

  — C'est la mère d'Edward qui m'a décidé, chuchota-t-il, le regard perdu au loin.

  — Ah bon ?

  Chaque fois que j'avais interrogé Edward sur ses parents, il s'était borné à dire qu'ils étaient morts depuis longtemps, et que ses souvenirs étaient confus. Ceux de Carlisle en revanche, malgré la brièveté de ses contacts avec eux, ne s'effaceraient jamais.

  — Oui. Elle s'appelait Elizabeth. Elizabeth Masen. Le père, Edward Senior, n'a pas repris connaissance. Il a été victime de la toute première vague de grippe espagnole. Elizabeth, elle, est restée alerte quasiment jusqu'au bout. Edward lui ressemble beaucoup. Elle avait les mêmes étranges cheveux bronze, et leurs yeux étaient d'un vert absolument identique.

  — Verts ? murmurai-je en essayant de me le représenter ainsi.

  Ceux de Carlisle, ocre, étaient maintenant à une centaine d'années de là.

  — Oui... Elle s'inquiétait pour son fils de manière obsessive. Elle a gâché ses chances de guérir en voulant le soigner, alors qu'elle était déjà atteinte. Il allait tellement plus mal qu'elle que je m'attendais à ce qu'il disparût le premier. Sa fin à elle a été très rapide. Ça s'est passé juste après le coucher du soleil, je venais d'arriver pour relever les médecins de jour. L'époque ne se prêtait pas aux faux-semblants, il y avait trop de travail. Je n'avais pas besoin de me reposer, et je détestais devoir rentrer chez moi pour me cacher dans le noir et faire croire que je dormais, alors que tant de malheureux mouraient.

  « Je me suis tout de suite rendu au chevet d'Elizabeth et de son fils. Je m'étais attaché à eux, ce qui est toujours dangereux quand on connaît la fragilité innée des humains. J'ai immédiatement compris que son état avait gravement empiré. La température qui s'était emparée d'elle ne retombait pas, et elle n'avait plus la force physique de se battre. Pourtant, elle n'avait pas l'air faible lorsqu'elle m'a toisé de son lit. “Sauvez-le !” m'a-t-elle ordonné d'une voix rauque, la seule que sa gorge réussissait à émettre désormais. “Je m'y efforcerai”, ai-je promis en lui prenant la main. La fièvre qui la dévorait était si brûlante qu'elle ne s'est sans doute pas rendu compte à quel point ma propre peau était anormalement glacée. Pour elle, tout devait paraître froid. “Je l'exige”, a-t-elle insisté en serrant mes doigts avec une telle force que je me suis demandé si elle n'allait pas, finalement, surmonter la crise. Ses iris étaient durs comme des pierres — deux émeraudes. “Vous devez faire tout ce qui est en votre pouvoir. Vous devez faire pour mon Edward ce que les autres sont incapables de faire.” J'ai eu peur. Elle me scrutait d'un regard perçant et, l'espace d'un instant, j'ai eu la certitude qu'elle avait deviné mon secret. Puis la température a eu raison d'elle, et elle a sombré dans un coma irréversible. Elle est morte quelques heures après avoir exprimé son souhait.

  « J'avais passé des décennies à envisager de me créer un compagnon. Rien qu'une deuxième créature qui serait à même de me connaître vraiment, au-delà de l'image que je donnais de moi. Cependant, il me semblait injustifiable d'infliger à autrui ce dont j'avais été victime moi-même. Edward était à l'agonie. Il était évident qu'il n'en avait plus que pour quelques heures. À côté de lui gisait sa mère ; étrangement, la mort n'avait pas apaisé ses traits. »

  Carlisle revivait la scène — le siècle écoulé entre-temps n'avait pas brouillé sa mémoire. Et moi aussi, je voyais tout ce que ses paroles évoquaient : le désespoir planant sur l'hôpital, la présence oppressante de la mort, Edward en proie à la fièvre, et que la vie fuyait à chaque nouvelle minute... Je tressaillis et m'obligeai à chasser ces images de mon esprit.

  — Les mots d'Elizabeth résonnaient en moi. Comment avait-elle deviné ce dont j'étais capable ? Comment pouvait-elle désirer un tel sort pour son fils ? J'ai contemplé Edward. La maladie n'avait rien enlevé à sa beauté, ni à la pureté et à la bonté qu'exprimaient ses traits. Il avait le visage que j'aurais souhaité à mon enfant...

  « Après tant d'années d'indécision, j'ai suivi une impulsion, tout bêtement. J'ai d'abord emmené sa mère à la morgue, puis suis revenu le chercher. Personne n'a remarqué qu'il respirait encore. Il n'y avait pas assez de mains ni assez d'yeux pour satisfaire aux besoins de la moitié des patients. La morgue était vide — de vivants en tout cas. J'ai volé Edward et me suis sauvé par la porte de derrière, empruntant les toits pour regagner ma maison. J'ignorais comment procéder. J'ai choisi d'administrer les mêmes blessures que celles dont j'avais souffert, des siècles auparavant, à Londres. Plus tard, je m'en suis voulu. Cela a été bien plus douloureux et long que nécessaire. Mais je n'ai pas regretté mon geste. Je n'ai jamais déploré d'avoir sauvé Edward. »

  Carlisle secoua
la tête, revint au temps présent.

  — Je vais te ramener chez toi, conclut-il en me souriant.

  — Je m'en occupe, intervint Edward qui surgit du salon obscur.

  Par rapport à d'habitude, il marchait lentement. Son visage lisse n'exprimait rien, même si ses prunelles trahissaient une sorte de malaise qu'il s'efforçait de cacher. Je frémis.

  — J'aime autant que ce soit Carlisle, objectai-je.

  Je baissai les yeux sur ma chemise ; le coton bleu clair était humide et taché de sang. Une épaisse croûte rosâtre recouvrait mon épaule droite.

  — Je vais bien, affirma Edward d'une voix dénuée d'émotion. Il faut que tu te changes. Charlie risque d'avoir une crise cardiaque s'il te voit dans cet état. Je préviens Alice.

  Il ressortit de la cuisine.

  — Il est bouleversé, remarquai-je en regardant Carlisle avec anxiété.

  — Oui. Il s'est produit ce soir exactement ce qu'il craignait le plus. Tu as couru un danger réel. À cause de ce que nous sommes.

  — Il n'y est pour rien.

  — Toi non plus.

  Je me détournai de ses beaux yeux pleins de sagesse. Je ne pouvais être d'accord avec lui à ce sujet. M'offrant sa main, il m'aida à me lever, et je le suivis dans le salon. Esmé y était revenue et lavait le plancher à l'endroit où j'étais tombée — à grands renforts d'eau de Javel pure, à en juger par l'odeur.

  — Laissez-moi faire, Esmé, proposai-je en rougissant.

  — J'ai terminé, répondit-elle avec un sourire. Comment te sens-tu ?

  — Ça va. Carlisle coud plus vite que son ombre.

  Le couple rigola. À cet instant, Edward et Alice franchirent la baie vitrée. Elle se précipita vers moi, mais lui resta en retrait, son expression toujours aussi énigmatique.

  — Viens, me lança Alice, je vais te trouver une tenue moins macabre.

  Elle dénicha une chemise appartenant à Esmé dont la couleur était proche de la mienne. Charlie ne s'apercevrait de rien, j'en étais sûre. Le pansement blanc sur mon bras parut moins sérieux après une toilette rapide.

  — Alice ? chuchotai-je alors que celle-ci se dirigeait vers la porte.

  — Oui ?

  Elle prenait soin elle aussi de parler à voix basse et me contempla avec curiosité.

  — C'est grave ?

  Je ne savais pas trop si nos murmures étaient peine perdue. Bien que nous fussions à l'étage, Edward nous entendait peut-être.

  — Je n'en ai aucune idée pour le moment, répondit-elle.

  — Dans quel état est Jasper ?

  — Il se sent super-coupable, soupira-t-elle. Cela représente un tel défi pour lui. Il déteste montrer ses faiblesses.

  — Il n'est pas responsable. Dis-lui que je ne lui en veux pas. Pas du tout. D'accord ?

  — Compte sur moi.

  Edward m'attendait devant l'entrée. Dès qu'il me vit au bas de l'escalier, il ouvrit le battant sans un mot.

  — N'oublie pas tes affaires ! s'exclama Alice alors que je m'approchais avec précaution de son frère.

  Elle récupéra les paquets, dont l'un à moitié ouvert, et mon appareil photo sous le piano et les fourra dans mes mains.

  — Tu nous remercieras plus tard, quand tu auras fini de le déballer.

  Esmé et Carlisle me saluèrent, et je ne manquai pas de noter que, comme moi, ils jetaient des coups d'œil furtifs à leur fils trop impassible.

  Je fus soulagée de me retrouver dehors et dépassai rapidement les roses et les lanternes qui, à présent, n'évoquaient plus que de mauvais souvenirs. Edward me suivait en silence. Il m'ouvrit la portière passager, et je grimpai dans la camionnette sans protester.

  Un gros ruban rouge était collé au tableau de bord, près du nouvel auto-radio. Je l'arrachai, le jetai par terre et le glissai du pied sous mon siège pendant qu'Edward contournait le véhicule. Il s'installa derrière le volant sans me regarder non plus que l'appareil. Ni lui ni moi ne le mîmes en marche, et le soudain grondement du moteur renforça le silence. Nous nous éloignâmes, trop vite, sur le chemin sinueux et sombre. Ce mutisme ne tarda pas à me rendre folle.

  — Dis quelque chose, finis-je par lancer lorsqu'il bifurqua sur la grande route.

  — Que veux-tu que je te dise ? répliqua-t-il, lointain.

  — Que tu me pardonnes, murmurai-je, refroidie par la distance qu'il maintenait entre nous.

  Ma réflexion eut le don d'animer ses traits. Un éclat de colère les traversa.

  — Te pardonner ? À toi ? De quoi ?

  — Si j'avais été plus prudente, rien de tout cela ne se serait passé.

  — Bella ! Tu t'es coupée avec un bout de papier. Tu ne mérites pas d'être fusillée pour ça !

  — N'empêche, c'est ma faute.

  Ces mots ouvrirent les vannes.

  — Ta faute ? Si tu t'étais blessée chez Mike Newton, en présence de Jessica, d'Angela et de tes autres amis normaux, qu'aurait-il pu arriver de grave ? Qu'ils soient à court de pansements ? Si tu avais trébuché sur une pile d'assiettes, et ce sans que personne ne t'y précipite, aurait-ce été un drame ? Au pire, tu aurais mis du sang sur la banquette de la voiture pendant qu'ils t'emmenaient aux urgences. Mike Newton t'aurait tenu la main pendant qu'on te recousait, et il n'aurait pas eu besoin de lutter contre l'envie de te tuer pendant les soins. Ne t'accuse pas, Bella. Cela ne sert qu'à augmenter le dégoût que j'éprouve à mon encontre.

  — Veux-tu bien m'expliquer pourquoi nous en sommes à évoquer Mike Newton ? m'emportai-je.

  — Parce qu'il serait beaucoup plus sain pour toi de le fréquenter.

  — Plutôt mourir ! Toi seul comptes.

  — Inutile d'être aussi théâtrale.

  — Inutile d'être aussi bête.

  Il ne releva pas, fixa le pare-brise d'un air renfrogné. Je me creusai les méninges pour tâcher de trouver une façon de sauver cette soirée, mais lorsque nous nous garâmes devant chez moi, rien ne m'était encore venu à l'esprit. Il coupa le contact sans pour autant ôter ses mains crispées du volant.

  — Tu restes, cette nuit ? demandai-je.

  — Mieux vaudrait que je rentre.

  Si je le laissais faire, il allait se complaire dans le remords. Pas question.

  — C'est mon anniversaire, tentai-je d'arguer.

  — N'espère pas jouer sur tous les tableaux, riposta-t-il. Soit tu acceptes qu'on te le souhaite, soit tu refuses. Pas les deux en fonction de tes sautes d'humeur.

  Son ton était sec, pas aussi grave qu'avant, cependant. J'étouffai un petit soupir de soulagement.

  — Alors, va pour les célébrations ! On se voit là-haut.

  Je sautai au bas de la Chevrolet, tendis le bras pour m'emparer des cadeaux.

  — Tu n'es pas obligée de les accepter, souligna-t-il, les sourcils froncés.

  — J'y tiens.

  — Je te signale que Carlisle et Esmé ont dépensé de l'argent.

  — Je m'en remettrai.

  Coinçant maladroitement les paquets sous mon bras valide, je claquai la portière. Il fut à mon côté en moins d'une seconde.

  — Laisse-moi les porter, dit-il en me les retirant. Je te retrouve dans ta chambre.

  Je souris.

  — Merci.

  — Bon anniversaire, souffla-t-il.

  Il se pencha, et ses lèvres effleurèrent les miennes. Lorsqu'il recula, je me hissai sur la pointe des pieds pour que le baiser dure plus longtemps. Il m'adressa sa moue la plus craquante et disparut dans le noir.

  Le match n'était pas terminé. Sitôt passé le seuil, j'entendis le commentateur qui s'égosillait au-dessus des cris de la foule.

  — Bella ? me héla Charlie.

  — Salut, papa.

  J'entrai dans le salon en prenant soin de plaquer mon bras contre mon corps. Cette légère pression suffit à me brûler, et je plissai le nez. Les effets des anesthésiants commençaient à se dissiper, apparemment.

  — Comment c'était ? s'enquit Charlie, affalé sur le canapé, ses pieds nus pendant par-dessus l'accoudoir, les rares cheveu
x qui lui restaient aplatis sur le côté de son crâne.

  — Alice a exagéré. Fleurs, gâteau, bougies, cadeaux — tout le toutim.

  — Que t'ont-ils offert ?

  — Une stéréo pour ma camionnette.

  Et divers objets encore inconnus.

  — Super !

  — Oui. Bon, je monte me coucher.

  — À demain.

  — C'est ça.

  Et j'agitai la main.

  — Qu'est-il arrivé à ton bras ?

  Je m'empourprai, jurai en silence.

  — J'ai trébuché. Rien de grave.

  — Bella, soupira-t-il en secouant le menton d'un air résigné.

  — Bonne nuit, papa.

  Je me dépêchai de monter à la salle de bains, où je gardais un pyjama pour les nuits comme celle-ci. Je me glissai dans le pantalon et le débardeur assortis qui avaient remplacé le survêtement troué d'autrefois. Ce faisant, les points de suture se rappelèrent à mon bon souvenir et m'arrachèrent une grimace. Je me lavai le visage et me brossai les dents, puis gagnai ma chambre d'un bond.

  Assis au milieu de mon lit, Edward jouait avec l'un des paquets argentés.

  — Salut !

  Sa voix était triste. Comme prévu, il se vautrait dans le remords. Je m'approchai, repoussai les cadeaux et m'installai sur ses genoux.

  — Salut ! murmurai-je en me blottissant contre son torse de pierre. Puis-je ouvrir mes présents, maintenant ?

  — D'où te vient ce brusque enthousiasme ?

  — Tu as éveillé ma curiosité.

  Je me saisis du long rectangle plat qui devait représenter la participation de Carlisle et d'Esmé aux festivités.

  — Si tu permets, suggéra Edward.

  Il me le prit, déchira l'emballage argenté en quelques gestes fluides et me rendit une boîte blanche.

 

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