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TENTATION

Page 6

by Stephenie Meyer


  Je redescendis au rez-de-chaussée sans me presser, l'appareil toujours à la main, essayant d'ignorer les soubresauts qui secouaient mon estomac dès que je songeais à l'étrange distance que je ne voulais pas lire dans les prunelles d'Edward. Il allait s'en remettre. Sûrement, il s'inquiétait déjà de ma réaction lorsqu'il m'inviterait à l'accompagner au loin. Je le laisserais se débrouiller de ça sans m'en mêler. Et quand il me ferait sa demande, je serais prête.

  Je m'approchai du salon en douce après avoir réarmé l'appareil. J'étais persuadée qu'il me serait impossible de prendre Edward au dépourvu, mais il ne réagit pas à mon arrivée. Je frémis, un spasme glacé me tordit le ventre. J'appuyai néanmoins sur le déclencheur, et les deux hommes relevèrent la tête. Charlie fronça les sourcils. Le visage d'Edward n'exprima aucune émotion.

  — Qu'est-ce que tu fiches, Bella ? se plaignit mon père.

  J'allai me poser par terre devant le divan en affichant une mine enjouée.

  — Voyons, tu sais bien que maman ne va pas tarder à m'appeler pour vérifier que j'utilise mes cadeaux. Il faut que j'y travaille avant qu'elle se vexe.

  — Mais pourquoi me photographies-tu, moi ? ronchonna-t-il.

  — Parce que tu es beau. Et comme c'est toi qui as acheté l'appareil, tu n'y échapperas pas.

  Il marmonna dans sa barbe.

  — Hé, Edward ! appelai-je avec un détachement admirable. Prends-en une de mon père et moi.

  Je lui lançai l'appareil en évitant soigneusement de rencontrer ses yeux et m'agenouillai près de l'accoudoir sur lequel Charlie avait posé la tête. Mon géniteur poussa un soupir à fendre l'âme.

  — Souris, Bella, murmura Edward.

  Je fis de mon mieux.

  — À moi de vous tirer le portrait, les enfants, décréta Charlie pour détourner l'attention de lui-même.

  Edward se mit debout et lui envoya l'appareil d'une passe adroite. Je me plantai à son côté, pose qui me parut formelle, artificielle. Il plaça une main légère sur mon épaule, j'enlaçai sa taille avec des airs de propriétaire. J'aurais voulu le regarder, n'osai pas.

  — Souris, Bella, dit à son tour Charlie.

  J'inspirai profondément et m'exécutai. La lumière du flash m'aveugla.

  — Ça suffit pour ce soir, déclara alors mon père en fourrant l'engin dans le pli d'un coussin avant de se coucher dessus. Pas la peine de terminer la pellicule aujourd'hui.

  Laissant tomber son bras, Edward se libéra habilement de mon étreinte pour se rasseoir dans le fauteuil. J'hésitai un instant, puis réintégrai ma place initiale, sur le sol. Ma peur était soudain telle que mes mains en tremblaient. Je les dissimulai contre mon ventre, appuyai mon menton sur mes genoux et me focalisai sur l'écran de télévision, le regard vide. Quand l'émission s'acheva, je n'avais pas bronché d'un millimètre. Du coin de l'œil, je vis Edward se redresser.

  — Il faut que je rentre, annonça-t-il.

  — À plus, répondit Charlie, accaparé par la page de publicités.

  Je me remis maladroitement sur mes pieds, engourdie par mon immobilité, et suivis Edward sur le perron. Il fila droit à sa voiture.

  — Tu ne restes pas ? demandai-je, déjà vaincue.

  — Pas cette nuit.

  N'ayant espéré aucune réponse, j'encaissai sans trop de mal et ne posai pas de question. Il monta dans la Volvo et s'éloigna, me laissant figée sur place, à peine consciente de la pluie. J'attendis, quoi ? je l'ignorais — jusqu'à ce que, derrière moi, la porte s'ouvrît.

  — Qu'est-ce que tu fais là, Bella ? s'étonna Charlie.

  — Rien, éludai-je avant de me réfugier à l'intérieur, dégoulinante.

  Ce fut une longue nuit, sans beaucoup de repos.

  Je me levai dès qu'une faible lueur filtra par la fenêtre de ma chambre et m'habillai de façon machinale, guettant le jour. Mon bol de céréales avalé, je décidai qu'il faisait suffisamment clair pour prendre des photos. J'immortalisai ma camionnette puis la façade de la maison. Suivirent quelques clichés de la forêt qui bordait l'autre côté de la rue. Étrangement, elle ne m'effrayait plus comme autrefois, et je me rendis compte qu'elle allait me manquer avec sa verdure, son intemporalité, son mystère.

  J'enfouis l'appareil dans mon cartable avant de partir pour le lycée. En route, je m'absorbai dans mon nouveau projet plutôt que de me laisser submerger par mes craintes qu'Edward fût toujours aussi en retrait. Ma peur se teintait désormais d'impatience. Combien de temps cela allait-il durer ?

  Toute la matinée, apparemment. Edward m'escorta partout en silence, me donnant l'impression d'être transparente. Je m'efforçai de prêter attention en classe, mais même le cours d'anglais me passa au-dessus de la tête. M. Berty dut répéter deux fois sa question sur Lady Capulet avant que je comprenne qu'il s'adressait à moi. Edward ne sortit de sa tour d'ivoire que pour me souffler la réponse puis s'y retira de nouveau. Au déjeuner, ce fut pareil. Pour éviter de céder à mon envie de hurler comme une démente, je traversai la frontière invisible de notre table et interpellai Jessica.

  — Salut, Jess !

  — Comment va, Bella ?

  — Bien. Tu me rendrais service, s'il te plaît ? lançai-je en plongeant la main dans mon sac. Ma mère m'a demandé de lui envoyer des photos de mes amis. Tu veux bien t'en occuper ?

  Je lui tendis l'appareil.

  — Bien sûr, acquiesça-t-elle en souriant.

  Sur ce, elle réalisa un portrait peu flatteur de Mike, la bouche pleine. La suite était prévisible. L'engin passa de main en main, chacun riant, flirtant, protestant qu'il ne voulait pas être photographié. Je jugeai tout cela assez infantile. Il faut dire que je n'étais sans doute pas d'humeur à supporter les comportements humains normaux ce jour-là.

  — Houps, désolé ! s'exclama Jessica en me rendant l'appareil. Je crois que nous avons fini la pellicule.

  — T'inquiète, j'avais déjà pris celles qu'il me fallait.

  À la fin des cours, Edward me raccompagna à ma voiture sans se départir de son mutisme. J'étais attendue au magasin et, pour une fois, j'en fus heureuse. Visiblement, ma présence n'arrangeait rien. Un peu de solitude lui serait sûrement bénéfique.

  Je déposai la pellicule en me rendant au travail, récupérai les développements au retour. À la maison, je saluai brièvement Charlie, attrapai une barre de céréales et me réfugiai dans ma chambre. Perchée sur mon lit, j'ouvris la pochette de photos avec une curiosité empreinte d'inquiétude. Je m'attendais presque à ce que le premier cliché fût vide. Ridicule. En vérité, il m'arracha un cri de surprise. Edward était aussi beau que dans la réalité. Il me couvait du regard chaleureux qui me manquait tant depuis deux jours. Que quelqu'un puisse être si... si... indescriptible relevait presque du mystère. Aucun mot n'aurait su décrire ce portrait.

  J'examinai rapidement le reste de l'enveloppe avant d'isoler trois images que j'étalais devant moi.

  La première était celle d'Edward dans la cuisine. Ses prunelles pleines de tendresse étaient éclairées par une lueur amusée et magnanime. La deuxième le représentait en compagnie de Charlie, dans le salon. La différence d'expression était sidérante. Ici, ses iris trahissaient prudence et réserve, son visage d'une splendeur toujours aussi renversante était plus froid, plus sculptural, moins vivant. La dernière nous montrait, lui et moi, debout l'un près de l'autre, gênés. Comme sur la précédente, les traits d'Edward étaient figés et distants. Le plus troublant cependant était le contraste entre nous, douloureux. Lui ressemblait à un dieu ; j'étais quelconque, même pour une humaine. Mon insignifiance frôlait l'indécence. Envahie par un sentiment de dégoût, je retournai la photo.

  Au lieu de m'attaquer à mes devoirs, je consacrai ma soirée à remplir l'album. Au stylo à bille, j'inscrivis des légendes sous tous les clichés, précisant les dates, les lieux, les prénoms. Quand vint le tour de celui où j'étais avec Edward, j'évitai de le contempler trop longuement, le pliai en deux et le glissai sous le coin métallique, cachant la moitié sur laquelle je figurais. Cela terminé, je mis l
e deuxième jeu de photos dans une enveloppe et rédigeai une longue lettre de remerciements à Renée.

  Edward n'avait toujours pas daigné apparaître. Je ne voulais pas admettre que c'était ce qui me poussait à veiller aussi tard, bien que ce fût le cas. Je tâchai de me rappeler la dernière fois qu'il m'avait ainsi évitée, sans une excuse, sans un coup de fil... ça n'était jamais arrivé.

  Je dormis mal cette nuit-là aussi.

  Le lendemain, au lycée, se déroula la même routine mutique, frustrante et terrifiante. Un bref soulagement s'était emparée de moi le matin, en découvrant Edward à son poste, sur le parking, mais ça n'avait pas duré. Il n'avait pas changé d'attitude, si ce n'est, peut-être, qu'il se montra encore plus lointain. Je me promis d'avoir une sacrée discussion avec lui en fin de journée. Je n'accepterais aucune excuse.

  Lorsqu'il me conduisit à ma voiture, je m'étais blindée, prête à exprimer mes exigences. Il me devança.

  — Ça ne t'ennuie pas si je passe chez toi ? demanda-t-il.

  — Bien sûr que non.

  — Tout de suite ? insista-t-il en m'ouvrant la portière.

  — Pourquoi pas ? répondis-je d'une voix égale, même si je n'aimais pas l'urgence de son ton. Je dois juste poster une lettre à Renée. Je te retrouve là-bas.

  Il examina l'épaisse enveloppe posée sur le siège à côté du mien, puis, d'un geste brusque, s'en empara.

  — Je m'en charge, murmura-t-il. Ça ne m'empêchera pas d'être chez toi le premier.

  Il me gratifia de la moue rieuse à laquelle je ne résistais jamais. Sauf qu'elle était fausse : le sourire ne contamina pas ses yeux.

  — À ta guise, acceptai-je, incapable de me détendre.

  Refermant ma portière, il se dirigea vers la Volvo.

  Comme prévu, il me précéda. Il était garé à l'emplacement de Charlie quand je tournai dans l'allée. Mauvais signe — cela signifiait qu'il n'avait pas l'intention de rester. Je me secouai et respirai profondément, histoire de rassembler mon courage. Il sortit de sa voiture quand je descendis de la Chevrolet et vint à ma rencontre. Il me débarrassa de mon cartable. Rien que de très normal. Il le remit sur le siège — anormal.

  — Viens te promener avec moi, m'invita-t-il platement en saisissant ma main.

  Je ne répondis pas, ne trouvai rien à lui objecter, alors que j'en avais eu immédiatement envie. La tournure que prenaient les choses me déplaisait. « Ça va mal, très mal », me serina une petite voix intérieure, encore et encore. De toute façon, il n'escomptait pas que je réagisse et m'entraîna vers la partie du jardin sur laquelle empiétait la forêt. Je le suivis de mauvaise grâce, essayant de contenir mon affolement pour réfléchir. Une chance de tout mettre à plat, n'était-ce pas ce que j'avais désiré ? Alors, pourquoi l'angoisse m'étouffait-elle à ce point ?

  Nous n'avions parcouru que quelques pas sous le couvert des arbres quand il s'arrêta. Nous étions tout près du sentier, je distinguais encore la maison. Tu parles d'une balade ! Il s'adossa à un tronc et me dévisagea impassible.

  — Allons-y, discutons, décrétai-je.

  Une manière de bravoure que j'étais loin de ressentir. Il prit une grande aspiration.

  — Nous partons, Bella.

  J'inhalai moi aussi. C'était une option acceptable à laquelle je m'étais préparée. N'empêche.

  — Pourquoi maintenant ? Encore un an, et...

  — Il est grand temps, Bella. Nous ne nous sommes déjà que trop attardés à Forks. Carlisle a beau prétendre avoir trente-trois ans, il a l'air d'un gamin. C'était inéluctable, alors aujourd'hui ou demain...

  Je perdis pied. J'avais cru que le seul intérêt de notre départ était de laisser sa famille en paix. Pourquoi nous en allions-nous si les Cullen déménageaient eux aussi ? Je l'interrogeai du regard, le cerveau en ébullition. Il me toisa froidement. Soudain, je compris ma méprise, et la nausée me monta à la gorge.

  — Quand tu dis nous..., chuchotai-je.

  — Il s'agit de moi et des miens.

  Chacun des mots martelé avec soin. J'agitai la tête de haut en bas, mécanique destinée à m'éclaircir les idées. Il attendit sereinement. Il me fallut quelques minutes pour retrouver la parole.

  — D'accord. Je viens aussi.

  — Impossible, Bella. Notre destination... ce n'est pas un endroit pour toi.

  — Quel que soit le lieu où tu es, j'y ai ma place.

  — Je ne t'apporte rien de bon, Bella.

  — Ne sois pas idiot.

  J'avais tenté d'insuffler de la colère à cette repartie ; elle résonna comme une prière.

  — Tu es ce qu'il y a de mieux dans ma vie, ajoutai-je.

  — Mon univers n'est pas fait pour toi.

  — Ce qui s'est passé avec Jasper, ce n'était rien, Edward, rien du tout !

  — En effet. Il est juste arrivé ce qui devait tôt ou tard arriver.

  — Tu as juré ! À Phoenix, tu as promis que tu resterais...

  — Tant que c'était ce qu'il y avait de mieux pour toi, me rappela-t-il d'un ton brusque.

  — Non ! C'est à cause de mon âme, hein ?

  Je criais, à présent, et mes paroles se déversaient en un torrent furieux ; pourtant, elles avaient toujours des allures de supplique.

  — Carlisle m'en a parlé. Je m'en moque, Edward, si tu savais comme je m'en moque ! Prends-moi mon âme. Je n'en veux pas, sans toi. Je te l'ai déjà donnée.

  Il poussa un long soupir et resta quelques instants à regarder le sol sans le voir. Sa bouche frémit. Lorsqu'il releva enfin la tête, ses yeux étaient différents, plus durs — comme si leur or liquide s'était figé.

  — Je ne veux pas que tu viennes, Bella, m'assena-t-il lentement, distinctement.

  Ses prunelles glaciales me scrutaient. Il attendait que je comprenne enfin ce qu'il m'annonçait.

  Je me répétai plusieurs fois la phrase, en isolant chaque composant pour tâcher d'en saisir le sens réel.

  — Tu... me... quittes ? résumai-je tout fort, incrédule, déroutée par ce que les mots signifiaient ainsi prononcés.

  — Oui.

  Hébétée, je plongeai dans ses iris. Il me fixait sans l'ombre d'un regret. Ses pupilles étaient deux topazes dures, claires et abyssales, et j'eus l'impression que je pourrais m'enfoncer à l'infini dans leur insondable tréfonds sans pour autant y déceler un indice qui contredît le petit « oui » qu'il venait de proférer.

  — Ça change tout.

  Le calme et la maîtrise de ma voix me décontenancèrent. Sans doute étais-je trop ahurie. Je ne saisissais pas. La situation n'avait pas de sens.

  — Naturellement, reprit-il en s'adressant aux arbres, une part de moi continuera à t'aimer. En quelque sorte. Mais je suis... las de jouer un rôle qui n'est pas moi. Je ne suis pas humain.

  Il revint à moi — les reliefs glacés de son visage sans défauts n'étaient effectivement pas de ce monde.

  — J'ai trop longtemps laissé l'imposture s'installer. J'en suis désolé.

  — Arrête. Ne fais pas ça.

  Mes paroles, maintenant, n'étaient plus guère qu'un chuchotis. La compréhension commençait à s'infiltrer en moi, tel un acide dans mes veines. Il me toisa, et ses yeux m'apprirent que ma prière intervenait trop tard. Il l'avait déjà fait.

  — Tu ne m'apportes rien de bon, Bella.

  Il avait renversé la phrase de tout à l'heure. Or, qu'avais-je à lui opposer ? Il avait raison. Je ne lui arrivais pas à la cheville, que lui aurais-je apporté ? J'ouvris la bouche, la refermai. Il patienta, le visage impénétrable.

  — Si... c'est ce que tu souhaites, finis-je par murmurer.

  Il acquiesça. Mon corps était gourd, paralysé à partir du cou.

  — J'ai une dernière faveur à formuler, cependant, continua-t-il. Si ce n'est pas trop te demander.

  Je ne sais quelle expression il lut sur mon visage mais il tressaillit. Sans me laisser le loisir d'identifier cette émotion, il se ressaisit, et recomposa son masque de pierre.

  — Tout ce que tu voudras, répondis-je d'un ton
un peu plus ferme.

  Ses prunelles de givre fondirent, et l'or s'en liquéfia de nouveau, fusion incandescente qui incendia les miennes avec une intensité qui me coupa le souffle.

  — Pas d'acte téméraire ou stupide, m'ordonna-t-il en redevenant celui que j'aimais. Entendu ?

  Je hochai la tête, hypnotisée. Puis son regard se figea derechef, et la réserve reprit le dessus.

  — C'est à Charlie que je pense, bien sûr. Il a besoin de toi. Prends soin de toi... pour lui.

  — D'accord.

  Il parut se détendre un peu.

  — En échange, je vais te faire une promesse. Je te jure que tu ne me reverras plus jamais. Je ne reviendrai pas. Je ne t'entraînerai plus dans ce genre d'épreuves. Vis ta vie, je ne m'en mêlerai plus. Ce sera comme si je n'avais jamais existé.

  Mes genoux tremblaient sans doute car, soudain, les arbres vacillèrent. Le sang battait à mes tempes plus vite que de coutume, son martèlement assourdissant les paroles d'Edward.

  — Rassure-toi, enchaîna-t-il, presque tendrement, vous autres humains avez la mémoire courte. Le temps guérit les blessures de ceux qui appartiennent à votre espèce.

  — Et la tienne ? réussis-je à répliquer, en dépit de la boule qui obstruait ma gorge au point que j'avais la sensation d'étouffer.

  — Eh bien... Je n'oublierai pas. Toutefois, ma... race se laisse facilement distraire.

  Il sourit — pas avec les yeux -, recula.

  — Voilà, c'est tout. Nous ne t'importunerons plus.

  Le pluriel me fit réagir, ce qui me surprit, tant je pensais être anesthésiée.

  — Je ne reverrai pas Alice, haletai-je, inaudible.

  J'ignore s'il m'entendit, en tout cas, il devina.

  — Non. Ils ne sont plus ici. Je suis resté pour te dire au revoir.

 

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