TENTATION

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TENTATION Page 8

by Stephenie Meyer


  Charlie abattit son poing sur la table.

  — Cette fois, ton compte est bon, Bella ! Je te renvoie à la maison.

  Je levai la tête de mes céréales, sur lesquelles je méditais au lieu de les manger, et dévisageai mon père avec ahurissement. N'ayant pas suivi la conversation — j'ignorais que nous en avions une -, les raisons de son emportement m'échappaient.

  — J'y suis déjà, à la maison, murmurai-je.

  — Chez Renée, à Jacksonville, clarifia-t-il, exaspéré.

  Lentement, ses paroles prirent un sens.

  — Mais qu'est-ce que j'ai fait ? gémis-je.

  C'était tellement injuste ! Ces quatre derniers mois, mon comportement avait été au-dessus de tout reproche. Après la première semaine, dont ni lui ni moi n'avions jamais reparlé, je n'avais pas manqué un seul cours. Mes notes étaient excellentes, je ne dépassais pas la permission de minuit (certes, pour ça, il aurait d'abord fallu que je sorte, ce qui n'était pas le cas) et je ne lui servais que rarement les restes de la veille.

  — C'est bien le problème, riposta Charlie, sourcils froncés. Tu ne fais rien.

  — Tu préférerais que je mène une vie de barreau de chaise ? ripostai-je, incrédule et outrée.

  Je me forçai à lui prêter attention. Pas facile. J'étais si habituée à me déconnecter de tout que mes oreilles donnaient l'impression d'être bouchées.

  — Ce serait toujours mieux que broyer du noir.

  Voilà qui était vexant. J'avait pourtant eu l'impression de soigneusement dissimuler ma morosité.

  — Je ne broie pas du noir.

  — Je me suis mal exprimé, concéda-t-il. Au moins, broyer du noir, ce serait agir. Tu es... apathique, Bella. C'est ça le mot que je cherchais.

  L'accusation était fondée. En soupirant, je tâchai d'insuffler un peu d'entrain dans ma réponse.

  — Désolée, papa.

  Même moi, je me rendis compte de la platitude de ma réaction. J'avais cru l'embobiner. Mes efforts n'avaient tendu qu'à un but : l'épargner. Constater qu'ils n'avaient servi à rien était des plus déprimants.

  — Ce ne sont pas des excuses que je veux.

  — Quoi, alors ?

  — Bella...

  Il s'interrompit, jaugeant déjà l'effet que ses prochaines paroles allaient avoir.

  — Tu n'es pas la première à passer par là, tu sais ?

  — Je sais.

  — Écoute, chérie, je pense que... que tu aurais besoin d'aide.

  — Pardon ?

  Une fois encore, il hésita.

  — Quand ta mère est partie en t'emportant avec elle..., reprit-il, le front plissé, eh bien, ça a été vraiment dur, pour moi.

  — Je m'en doute.

  — Sauf que j'ai surmonté cette épreuve. Toi, tu ne te remets pas. J'ai patienté. J'ai guetté une amélioration. (Il me vrilla des yeux, et je baissai rapidement les miens.) Il me semble que toi comme moi sommes conscients que ça ne s'arrange pas.

  — Je vais très bien, protestai-je.

  Mon objection le laissa de marbre.

  — Il serait peut-être pas mal, je dis bien peut-être, que tu en parles à quelqu'un. À un pro.

  — Tu veux que je consulte un psy ?

  Un soupçon d'acidité colorait ma voix, maintenant que j'avais deviné ses intentions.

  — Si ça se trouve, ça t'aiderait.

  — Tu parles !

  La psychanalyse, je n'y connaissais pas grand-chose, mais ça ne fonctionnait que si le sujet était relativement sincère, j'en étais quasi certaine. Oh ! je pouvais raconter la vérité, rien de plus simple. À condition d'avoir envie de passer le reste de mon existence à l'asile. Devant mon expression butée, Charlie tenta une autre approche.

  — Je suis dépassé, Bella. Ta mère...

  — Si ça te tient tant à cœur, le coupai-je, je sors ce soir. Il suffit que j'appelle Jess ou Angela.

  — Il ne s'agit pas de ça, bon sang ! s'emporta-t-il. Je ne supporte plus que tu te débattes ainsi. Je n'ai jamais vu quelqu'un souffrir autant que toi. Ça me fait mal.

  — Je ne pige pas, répondis-je en prenant l'air bête. D'abord, tu me reproches d'être amorphe. La seconde suivante, tu m'interdis de sortir.

  — Je veux juste que tu sois heureuse... Même pas, tiens. Seulement que tu cesses d'être malheureuse. Je crois que ça te serait plus facile si tu quittais Forks.

  Je m'animai soudain, ce qui ne m'était pas arrivé depuis longtemps.

  — Je ne partirai pas, décrétai-je.

  — Pourquoi ?

  — C'est mon dernier semestre. Pas question de fiche en l'air mes études.

  — Tu es une bonne élève. Tu t'en sortiras.

  — Je ne veux pas embêter maman et Phil.

  — Ta mère meurt d'envie de te reprendre.

  — Il fait trop chaud en Floride.

  Une fois encore, il tapa du poing sur la table.

  — Ni toi ni moi ne sommes dupes, Bella ! Ça ne te vaut rien. Depuis des mois, pas un coup de fil, pas une lettre, rien. Tu ne peux pas continuer à l'attendre.

  Je rougis presque, ce qui, également, était devenu rare. Le sujet était tabou, il le savait parfaitement.

  — Je n'attends rien du tout, rétorquai-je en le fusillant du regard. Rien du tout.

  — Bella...

  — Il faut que j'y aille.

  Je me levai et déposai mon bol, intact, dans l'évier. Je ne le lavai même pas, tant j'avais hâte d'échapper à cet entretien.

  — Je m'arrangerai avec Jessica, annonçai-je en attrapant mon cartable et sans rencontrer les yeux de mon père. Je ne serai peut-être pas là pour dîner. Nous irons au cinéma à Port Angeles.

  Je sortis sans lui laisser l'occasion de répondre.

  Ma précipitation m'amena à arriver au lycée parmi les premiers. L'avantage, c'est que je dénichai une bonne place de parking. L'inconvénient, c'est que je me retrouvai avec du temps libre devant moi, ce que je tâchais d'éviter à tout prix. Je pêchai mon livre de maths en vitesse, afin de ne pas penser aux accusations de Charlie, l'ouvris à la leçon du jour et me plongeai dedans. Lire des équations était encore pire qu'écouter un prof les exposer, mais je m'améliorais de jour en jour. Ces derniers mois, j'avais consacré aux maths dix fois plus d'heures que durant toute ma scolarité. Résultat, je parvenais à me maintenir largement au-dessus de la moyenne, même si on était loin de l'excellence. M. Varner attribuait ces progrès à la qualité de ses méthodes d'enseignement — grand bien lui fasse. Je m'obligeai à bosser jusqu'à ce que le parking soit plein et je finis par devoir courir, sous peine d'être en retard en anglais. Nous étions en pleine analyse de La Ferme des animaux d'Orwell, un sujet facile. L'étude du communisme me convenait : elle me changeait agréablement des histoires d'amour qui avaient constitué l'essentiel des cours précédents. Je m'installai à ma place, heureuse de la diversion apportée par M. Berty.

  La notion de temps se délitait, au lycée. Bien trop tôt à mon goût, la cloche sonna. Je me mis à ranger mes affaires.

  — Bella ?

  Je reconnus la voix de Mike et devinai ce que seraient ses prochains mots avant qu'il les formule.

  — Tu viens à la boutique, demain ?

  Je tournai la tête vers lui. Il se penchait au-dessus de moi, le visage anxieux. Tous les vendredis, il me posait la même question, alors que je n'avais jamais loupé un jour de travail. Enfin, à une exception près, des mois auparavant. J'étais une employée modèle.

  — Comme tous les samedis. Nous sommes bien samedi, demain, non ?

  Parce que Charlie venait juste de me le reprocher, je m'aperçus à quel point mon ton était monocorde.

  — Oui. On se voit en espagnol.

  Il m'adressa un petit salut de la main, s'éloigna. Il avait renoncé à m'escorter à chacun de mes cours, désormais. C'est sans entrain que je me rendis en maths. J'y étais assise à côté de Jessica. Depuis des semaines, voire des mois, celle-ci ne se donnait même plus la peine de me saluer quand je la croisais dans les couloirs. Je l'avais offens
ée par mon attitude asociale. Elle boudait. Ça n'allait pas être facile de lui adresser la parole maintenant, surtout pour lui demander un service. Je soupesai soigneusement les options qui s'offraient à moi en traînassant dans le couloir, tentant de retarder l'échéance.

  Il était exclu que j'affronte de nouveau Charlie sans rapport de sortie à lui présenter. Sauf que je ne pouvais mentir, bien que l'idée d'un aller-retour seule à Port Angeles — avec kilométrage exact au compteur, des fois qu'il vérifiât — fût très tentante. La mère de Jessica était la concierge de la ville et, tôt ou tard, mon père avait toutes les chances de la rencontrer. Et alors, il ne manquerait pas de mentionner l'expédition. Lui servir des craques était hors de question.

  En soupirant, je poussai la porte. M. Varner me jeta un sale regard — il avait déjà commencé son cours. Je me dépêchai de gagner mon pupitre. Jessica ne daigna pas lever les yeux lorsque je m'assis à côté d'elle. Tant mieux — j'avais cinquante minutes pour me préparer mentalement.

  Cette heure passa encore plus vite que celle d'anglais. En partie parce que, telle une petite sainte, je m'étais préparée le matin sur le parking ; surtout parce que le temps filait comme le vent lorsque je me ruais vers les désagréments. Je grimaçai quand M. Varner nous libéra avec cinq minutes d'avance, très content de lui, comme s'il nous faisait une grâce.

  — Jess ?

  J'eus un léger mouvement de recul et plissai le nez, inquiète, attendant qu'elle se tourne vers moi. Elle se tordit sur son siège et me dévisagea, incrédule.

  — C'est à moi que tu parles, Bella ?

  — Évidemment, répondis-je en écarquillant les yeux, image de l'innocence.

  — Qu'est-ce qu'il y a ? Tu as des difficultés en maths ?

  Sa voix trahissait l'amertume.

  — Non. Je voulais juste savoir si tu... Tu m'accompagnerais au cinéma, ce soir ? J'ai vraiment besoin d'une soirée entre filles.

  Mes mots sonnèrent aussi faux à mes oreilles qu'une mauvaise réplique. Elle devint soupçonneuse.

  — Pourquoi moi ? répliqua-t-elle, hostile.

  — Parce que tu es la première à laquelle je songe quand j'ai envie d'une soirée entre filles.

  Je lui souris d'une façon que j'espérais authentique. Ce n'était pas réellement un mensonge. Elle était effectivement la première qui me venait à l'esprit... quand je désirais éviter Charlie. Ce qui revenait au même. Presque. Elle parut s'adoucir quelque peu.

  — Faut voir.

  — Tu as déjà d'autres projets ?

  — Non... bon, c'est d'accord, j'imagine. Tu pensais à un film précis ?

  — Je ne sais pas trop ce qui passe en ce moment, éludai-je.

  Elle m'avait coincée. Je me creusai la cervelle. N'avais-je pas entendu des critiques, récemment ? Entraperçu une pub ?

  — Que penses-tu de celui avec la femme qui devient présidente ? repris-je.

  Elle me fixa d'un air étrange.

  — Ça fait des mois qu'il n'est plus à l'affiche, Bella.

  — Oh. Mais toi ? Il y en a un en particulier qui te tente ?

  Malgré elle, son entrain naturel commença à percer tandis qu'elle réfléchissait à voix haute.

  — Eh bien, il y a cette nouvelle comédie romantique qui a eu de supercritiques. Ça me dit bien. Et mon père a vu Dead End 1 il n'y a pas longtemps, et il a adoré.

  — De quoi ça parle ? m'enquis-je, alléchée par ce titre prometteur.

  — De zombies, je crois. Mon père a eu la frousse de sa vie.

  — Ça a l'air génial.

  J'aurais encore préféré me colleter avec de vrais morts vivants plutôt que regarder un film d'amour.

  — D'accord, répondit-elle, surprise.

  J'essayai de me rappeler si j'appréciais le cinéma d'horreur, en vain.

  — Je passe te prendre après les cours ? me proposa-t-elle.

  — Entendu.

  Avant de s'en aller, elle me gratifia d'un sourire un peu forcé. J'y répondis avec un temps de retard, mais je crois qu'elle le vit.

  Le reste de la journée s'écoula rapidement tant j'étais concentrée sur la soirée à venir. Par expérience, je savais qu'une fois Jessica lancée sur un sujet il me suffirait de marmonner des réponses çà et là aux moments appropriés pour être tranquille. Elle n'exigerait de moi qu'une participation minimale à la discussion.

  La brume épaisse qui caractérisait désormais mon existence était parfois déroutante. Ainsi, je m'étonnai de me retrouver dans ma chambre, n'ayant aucun souvenir précis d'être revenue du lycée ni d'être entrée dans la maison. Cela n'avait guère d'importance, cependant. Perdre la notion du temps, je n'en demandais pas plus à la vie. Et je ne combattis pas ce brouillard non plus lorsque je me tournai vers mon armoire — l'engourdissement m'était plus nécessaire à certains moments qu'à d'autres. Je remarquai à peine ce qui s'offrait à mes yeux quand je fis glisser la porte, révélant la pile d'objets mis au rebut sous des vêtements que je ne portais jamais, dans la partie gauche du meuble. Je ne vis pas le sac poubelle qui contenait le cadeau de mon dernier anniversaire, le plastique noir que tendait l'auto-radio. Je ne repensai pas à mes ongles écorchés jusqu'au sang après que je l'avais arraché du tableau de bord... Je décrochai de son clou le vieux sac à main que j'utilisais rarement avant de refermer vivement le battant.

  Au même instant, on klaxonna dehors. Je transférai en vitesse mon porte-monnaie de mon sac à dos dans ma poche et me précipitai dans l'escalier, comme si cette frénésie allait permettre aux heures à venir de défiler plus rapidement. Je jetai un coup d'œil à mon reflet dans le miroir de l'entrée avant de sortir, me composant soigneusement un visage affable.

  — Merci de m'accompagner ce soir, lançai-je à Jess en m'installant sur le siège passager.

  Je m'étais efforcée d'adopter un ton reconnaissant. Depuis longtemps, je ne réfléchissais plus à ce que je disais, sauf à Charlie. Avec Jess, c'était difficile. Je doutais des émotions qu'il me fallait afficher.

  — Je t'en prie. Alors, comment ça t'a prise ?

  — Quoi donc ?

  — Cette soudaine envie de... sortir.

  Elle avait hésité. À croire qu'elle avait décidé de modifier sa question à la dernière minute.

  — Oh, c'est juste histoire de me changer les idées.

  Reconnaissant la chanson que diffusait la radio, je tendis prestement la main vers le bouton.

  — Ça ne t'ennuie pas si je mets autre chose ?

  — Pas du tout.

  Je changeai les stations jusqu'à ce que j'en trouve une qui fût inoffensive. La musique remplit l'habitacle, et je vérifiai en douce la réaction de Jessica. Elle battit des cils, ahurie.

  — Depuis quand écoutes-tu du rap ? s'enquit-elle.

  — Aucune idée. Un moment.

  — Ça te plaît ? s'étonna-t-elle.

  — Oui.

  Juste un subterfuge, en réalité. Car il m'aurait été encore plus difficile de soutenir la conversation si, parallèlement, j'avais dû essayer d'occulter la musique. Je me mis à balancer la tête au rythme de la batterie. Enfin, j'espérais être en rythme.

  — Ah bon.

  Elle se concentra sur la route, visiblement peu convaincue.

  — Alors, vous en êtes où, toi et Mike ? me dépêchai-je de demander.

  — Tu le vois plus que moi.

  Flûte ! Ma question était tombée à plat au lieu de déclencher un de ses intarissables monologues.

  — On n'a pas beaucoup l'occasion de discuter, au travail, me défendis-je mollement. Tu fréquentes quelqu'un, sinon ?

  Deuxième tentative.

  — Pas franchement. Il m'arrive de sortir avec Conner. Et il y a quinze jours, ça a été avec Eric.

  Sa mimique exaspérée me laissa entrevoir une longue histoire. Je m'y agrippai aussitôt.

  — Eric Yorkie ? Qui a pris l'initiative ?

  Elle gémit, s'anima.

  — Lui, bien sûr ! Et moi, je n'ai pas réussi à refuser gentiment.

  — Où t'a-t-il e
mmenée ? Raconte-moi tout !

  Je savais qu'elle interpréterait mon empressement comme de l'intérêt. Ça ne rata pas. Elle se lança dans son soliloque, et je me détendis, même si je m'obligeai à écouter attentivement, émettant des bruits sympathiques ou des hoquets horrifiés aux moments appropriés. Sa mésaventure avec Eric achevée, elle poursuivit sur sa lancée sans que j'aie besoin de la pousser, enchaînant sur une comparaison avec Conner.

  La séance commençant tôt, Jess proposa que nous dînions après. Je ne protestai pas. J'avais obtenu ce que je désirais — que Charlie me fiche la paix.

  Je continuai à faire parler Jess durant les bandes-annonces, ce qui me permit de les ignorer plus facilement. Mais la nervosité s'empara à nouveau de moi quand le film débuta. Un jeune couple marchait sur la plage, main dans la main, se jurant un amour mutuel avec une artificialité écœurante. Je résistai à l'envie de me boucher les oreilles et de fredonner. Bon sang ! Je n'avais pas dépensé autant d'énergie pour ça !

  — Je croyais qu'on avait choisi un film d'horreur ? sifflai-je à Jessica.

  — C'est celui-là.

  — Alors pourquoi personne ne se fait manger ?

  Elle me regarda d'un air alarmé.

  — Je suis sûre que ça ne va pas tarder, répondit-elle.

  — Je vais chercher du pop-corn. Tu en veux ?

  — Non merci.

  Derrière nous, quelqu'un nous intima de nous taire.

  Au point de vente, je m'attardai devant la pendule tout en calculant le nombre de minutes qu'un film d'une heure trente pouvait décemment consacrer à des batifolages amoureux. Dix, pas plus, décidai-je. Je m'octroyai toutefois une pause à l'entrée de la salle, histoire de m'en assurer. Des hurlements terrifiés résonnaient dans les haut-parleurs — la voie était libre.

  — Tu as tout raté ! marmonna Jess quand je me glissai à ma place. Ils se sont presque tous transformés en zombies, maintenant.

  — Tu exagères ! répliquai-je en lui offrant du pop-corn.

  Elle en prit une pleine poignée.

  Le reste du film se résuma à des attaques répugnantes perpétrées par des cadavres ambulants sur de rares survivants qui ne cessaient de piailler et dont le nombre diminuait rapidement. J'avais cru que ce navet ne présenterait aucun risque ; pourtant, j'étais mal à l'aise. Je ne compris pas tout de suite pourquoi. Ce ne fut qu'à la toute fin, alors qu'un zombie hagard pourchassait en titubant une des dernières victimes, que je mis le doigt sur le problème. La caméra ne cessait de passer du visage terrifié de l'héroïne à celui, impassible, de son poursuivant, les gros plans se multipliant au fur et à mesure que la distance entre les deux s'amenuisait. Tout à coup, je saisis lequel des personnages me ressemblait le plus.

 

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