La maison en rondins des Black m'était vaguement familière. Petite, percée de fenêtres étroites, couverte d'une peinture rouge fanée qui lui donnait des airs de grange miniature. Jacob me repéra avant même que je sois sortie de la camionnette. Le rugissement de mon moteur, qu'il connaissait si bien, l'avait sûrement averti de mon arrivée. Jacob avait été très content que Charlie achète la Chevrolet à son père pour me l'offrir, car ça lui épargnait de devoir la conduire quand il en aurait l'âge. Si j'aimais beaucoup ma voiture, lui semblait considérer sa lenteur comme un inconvénient majeur. Il vint à ma rencontre.
— Bella ! s'écria-t-il.
Un sourire épanoui fendit ses lèvres, ses dents blanches formant un contraste saisissant avec sa peau cuivrée. C'était la première fois que je le voyais avec les cheveux dénoués, et ils tombaient comme un rideau de satin noir autour de son large visage. Ces huit derniers mois, il avait grandi, dépassant le stade où les muscles de la prime jeunesse durcissent, créant ces silhouettes charpentées et dégingandées propres aux adolescents. Les tendons et les veines de ses bras et de ses mains saillaient à présent. Ses traits, aussi charmants qu'autrefois, s'étaient également durcis — pommettes plus proéminentes, mâchoire plus carrée -, effaçant les rondeurs de l'enfance.
— Salut, Jacob !
Son amabilité était contagieuse, et je me rendis compte que j'étais heureuse de le voir, ce qui m'étonna. J'avais oublié à quel point je l'appréciais. Il s'était planté à quelques centimètres de moi, et je fus obligée de lever la tête pour l'examiner — autre source de stupéfaction.
— Tu as encore poussé ! l'accusai-je, ahurie, tandis que la pluie dégouttait sur mes joues.
Il rit, sa bouche s'étirant de façon presque impossible.
— Un mètre quatre-vingt-quinze, annonça-t-il, éminemment satisfait.
Sa voix était plus grave que celle, feutrée, dont j'avais gardé le souvenir.
— Et tu comptes t'arrêter où ? demandai-je en secouant le menton. Tu es un géant.
— Plutôt une asperge, grimaça-t-il. Entre, tu es en train de te faire tremper.
Il repartit vers la maison. Tout en marchant, il rassembla ses cheveux entre ses immenses battoirs, tira un élastique de sa poche et se façonna une queue-de-cheval.
— Papa ? appela-t-il en se baissant pour franchir le seuil. Devine un peu qui est là !
Installé dans son fauteuil roulant, Billy lisait dans le minuscule salon carré. En m'apercevant, il posa son livre sur ses genoux et vint à moi.
— Eh bien, tu parles d'une surprise ! s'exclama-t-il. Content de te revoir, Bella.
Nous échangeâmes une poignée de main, la mienne se perdant dans son énorme paume.
— Qu'est-ce qui t'amène ici ? Charlie va bien ?
— Très bien. Depuis tout ce temps, j'avais juste envie de renouer avec Jacob.
Les yeux de celui-ci s'éclairèrent aussitôt. Son sourire était si large qu'il donnait l'impression de blesser ses joues.
— Tu restes dîner ? s'enquit Billy, ravi lui aussi.
— Non, il faut que je rentre nourrir Charlie.
— Je peux l'appeler. Tu sais qu'il est toujours invité chez nous.
Je m'esclaffai, histoire de cacher mon embarras.
— Ce n'est pas comme si je comptais ne jamais revenir, protestai-je. Je jure de multiplier mes visites au point que vous en aurez assez de moi.
Après tout, si Jacob parvenait à réparer la moto, il faudrait bien que quelqu'un m'apprenne à la conduire.
— Très bien, recula Billy, amusé. Une prochaine fois, alors.
— Alors, Bella, intervint Jacob, tu as envie de faire quelque chose de particulier ?
— Non, rien de spécial. À quoi t'occupais-tu avant que je t'interrompe ?
J'étais étrangement à l'aise, ici. L'endroit était familier, de façon assez lointaine néanmoins. Il ne recelait aucune trace douloureuse d'un passé récent. Jacob hésita.
— J'allais juste commencer à bricoler ma voiture, mais on peut...
— Non, c'est parfait ! J'adorerais que tu me la montres.
— Bon, acquiesça-t-il, dubitatif. Elle est derrière, dans le garage.
Voilà qui était encore mieux, songeai-je.
— À un de ces jours ! dis-je à Billy en sortant.
Un épais bosquet d'arbres et de buissons séparait la maison du garage, lequel consistait en deux abris de jardin préfabriqués qu'on avait vissés l'un à l'autre après avoir abattu les cloisons intérieures. Dedans, une auto reposait sur des parpaings. À moi, elle parut complète. En tout cas, j'identifiai l'écusson ornant la calandre.
— Qu'est-ce que c'est, comme Volkswagen ?
— Une vieille Golf de 1986. Un classique.
— Ça avance ?
— J'ai presque fini, s'enthousiasma-t-il. Mon père a respecté sa parole du printemps dernier, ajouta-t-il en baissant d'un ton.
— Ah.
Il sembla saisir mes réticences à aborder le sujet, cependant que je m'efforçais de ne pas me laisser happer par le souvenir du bal de fin d'année qui s'était déroulé en mai. Jacob avait été corrompu par son père — en échange d'argent et de pièces détachées pour sa voiture, il avait joué les messagers auprès de moi. Billy m'avait priée de rester à bonne distance de la personne qui comptait le plus dans ma vie. Son inquiétude n'avait plus lieu d'être. Je ne risquais absolument plus rien, désormais.
Situation à laquelle j'avais la ferme intention de remédier, toutefois.
— Tu t'y connais en motos, Jacob ?
— Couci-couça. Mon pote Embry a un trial. Il nous arrive de bricoler ensemble dessus. Pourquoi ?
— Eh bien...
Je me mordis les lèvres, songeuse. Je n'avais aucune garantie qu'il ne bavarderait pas à tort et à travers. En même temps, je n'avais guère le choix.
— J'ai mis la main sur deux machines qui ne sont pas au meilleur de leur forme. Je me demandais si tu saurais les réparer.
— Cool, rigola-t-il, apparemment enchanté par le défi. Je peux toujours essayer.
— Juste un truc ! le prévins-je, l'index levé. Charlie est contre ces engins. S'il l'apprenait, il mourrait sans doute d'un infarctus. Donc, pas un mot à Billy.
— T'inquiète, je comprends.
— Je te paierai.
— Tu débloques ? s'offusqua-t-il. Ça me plaît, de t'aider. Hors de question que tu débourses un seul dollar.
— Dans ce cas... je te propose un marché. (J'inventai au fur et à mesure, mais ça me paraissait raisonnable.) Je n'ai besoin que d'une moto, ainsi que de leçons. Donc, je t'offre la deuxième, et toi, tu m'apprends à piloter l'autre.
— Gé-nial ! s'exclama-t-il en détachant les syllabes.
— Une minute ! Tu as l'âge ? C'est quand ton anniversaire ?
— Tu l'as raté, railla-t-il. J'ai enfin eu seize ans1.
— Non que ça t'ait jamais empêché de conduire avant. Désolée d'avoir manqué l'événement.
— Pas de souci. Je ne fête pas le tien non plus. Tu en es à combien, quarante ?
— Pas loin, maugréai-je.
— On n'aura qu'à organiser une fête commune pour nous rattraper.
— Voilà qui ressemble à un rendez-vous.
Le mot déclencha des étincelles dans ses prunelles. Il fallait que je calme ses ardeurs avant qu'il se fasse des idées. J'avais commis une erreur, seulement parce que je ne m'étais pas sentie aussi légère et pleine d'entrain depuis longtemps. La rareté de telles émotions en rendait le contrôle plus difficile.
— On verra quand les motos seront réparées, éludai-je. Un cadeau mutuel, en quelque sorte.
— D'accord. Quand comptes-tu me les apporter ?
— Elles sont dans la camionnette, avouai-je, gênée.
Il ne sembla pas se vexer.
— Super.
— Billy ne risque-t-il pas de les apercevoir ?
— On va se débrouiller, répondit-il avec un clin d'œil complice.
Nous fîmes le tour par l'e
st, utilisant l'abri des buissons quand nous étions visibles de la maison et affectant de nous promener. Jacob déchargea rapidement les machines et les roula l'une après l'autre jusqu'au bosquet où je me cachais. Ça avait l'air facile, alors que je les avais trouvées extrêmement lourdes.
— Elles ne sont pas en si mauvais état que ça, commenta-t-il quand nous les poussâmes sous le couvert des arbres. Celle-là vaudra même quelque chose quand j'en aurai terminé avec elle. C'est une vieille Harley Sprint.
— Alors, ce sera la tienne.
— Tu es sûre ?
— Sûre et certaine.
— Par contre, on va devoir investir un peu, ajouta-t-il en examinant des bouts de métal noircis. Certaines pièces ont besoin d'être changées.
— On rien du tout, objectai-je. Si tu bosses gratis, c'est moi qui paie le matériel.
— Je ne sais pas...
— J'ai des économies. Pour la fac.
La fac, mon œil ! De toute façon, je n'avais pas mis assez d'argent de côté pour aller où que ce soit. Et puis, je ne tenais pas du tout à quitter Forks. Quelle importance, si je tapais un peu dans ma cagnotte ? Jacob hocha la tête. L'université et lui...
Tandis que nous retournions en douce au garage, je m'avisai que j'avais de la chance. Seul un adolescent était susceptible d'accepter de tromper nos parents respectifs en piochant dans l'argent destiné à mes études pour remettre en état des engins dangereux. Jacob ne trouvait rien à redire à mon plan ; il était un cadeau du ciel.
1 ge légal du permis de conduire aux États-Unis.
6
AMITIÉ
Le garage était une cachette idéale. Le fauteuil roulant de Billy n'aurait pu franchir la bande de terrain inégale qui le séparait de la maison.
Jacob entreprit immédiatement de démantibuler la moto rouge, celle qui m'était réservée, après m'avoir ouvert la Golf pour que je m'y installe plutôt que par terre. Tout en s'activant, il bavardait allégrement, n'exigeant de moi qu'un minimum d'encouragements pour entretenir la conversation. Il m'informa des progrès de son année de Seconde, jacassant à qui mieux mieux sur ses cours et ses deux meilleurs copains.
— Quil et Embry ? l'interrompis-je à un moment. Drôles de noms.
— Celui de Quil, ils se le transmettent de génération en génération, rigola Jacob. Quant à Embry, je crois que ça vient d'une vedette de feuilleton télé, mais je n'en suis pas sûr. En tout cas, vaut mieux ne pas aborder ce sujet devant eux, sinon ils te filent une trempe, et ils s'y mettent à deux !
— Charmants amis.
— Si, si, je t'assure, ils sont chouettes. Seulement, il ne faut pas se moquer de leurs noms.
Juste à cet instant, un appel retentit au loin.
— Jacob ?
— Billy ? m'inquiétai-je immédiatement.
— Non, répondit Jacob en baissant la tête et, malgré la matité de sa peau, j'eus l'impression qu'il rougissait. Quand on parle du loup, ajouta-t-il en marmonnant.
— Jake ? Tu es là ?
Les cris s'étaient rapprochés.
— Ouais ! brailla Jacob en retour avant de soupirer.
Une minute de silence passa, puis deux garçons à la peau sombre apparurent au détour d'un arbre, avançant nonchalamment. Le premier était mince et presque aussi grand que Jacob. Ses cheveux noirs séparés par une raie médiane lui arrivaient au menton, le pan gauche coincé derrière son oreille tandis que l'autre retombait librement sur le côté. Le plus petit était trapu. Son T-shirt blanc était tendu sur son torse musculeux, ce dont il semblait avoir fièrement conscience. Ses cheveux étaient coupés court, presque à ras. Tous deux s'arrêtèrent net en me découvrant. Les yeux du plus fin firent la navette entre Jacob et moi, tandis que ceux du costaud me détaillaient, et qu'un sourire étirait lentement ses lèvres.
— Salut, les gars ! lança Jacob sans beaucoup d'entrain.
— Salut, Jake, répondit le bien bâti sans cesser de me dévisager.
Son sourire était si espiègle que je ne pus retenir le mien. Aussitôt, il m'adressa un clin d'œil.
— Salut, toi !
— Quil, Embry, je vous présente mon amie, Bella.
Les deux garçons — j'ignorais encore qui était qui — échangèrent un regard complice.
— La fille de Charlie, c'est ça ? me demanda le petit en me tendant la main.
— Exact, confirmai-je.
Sa poigne était ferme, et la lui serrer ressemblait à un exercice de musculation.
— Je suis Quil Ateara, annonça-t-il avec pompe.
— Ravie de te rencontrer, Quil.
— Salut, Bella. Moi, c'est Embry, Embry Call. Mais tu avais sans doute deviné.
Embry sourit timidement et agita la main avant de la fourrer dans sa poche. J'acquiesçai.
— Enchantée.
— Qu'est-ce que vous fabriquez ? lança Quil qui me fixait toujours.
— Bella et moi allons réparer ces bécanes, expliqua Jacob.
Hum. Lui, surtout. En tout cas, le mot « bécanes » devait être magique, car les deux nouveaux venus se penchèrent sur les tas de ferraille tout en bombardant leur ami de questions. Je ne comprenais pas la moitié des mots qu'ils employaient. Il fallait sans doute avoir un chromosome Y pour apprécier l'intérêt de tout ça. Ils étaient encore plongés dans leur conversation lorsque je décidai de partir. Il était temps que je retourne à la maison si je voulais y être avant Charlie. En soupirant, je me glissai hors de la Golf.
— On t'ennuie, hein ? s'excusa Jacob.
— Non. (Ce n'était pas un mensonge. Bizarrement, je m'amusais bien.) Il faut seulement que j'aille préparer le dîner de Charlie.
— Oh... Bon, je vais terminer de démonter les motos ce soir et je réfléchirais à ce dont nous avons besoin pour les rafistoler. Quand veux-tu revenir pour travailler dessus ?
— Demain, ça irait ?
Les dimanches étaient mon enfer sur Terre. Je n'avais jamais assez de devoirs pour me tenir occupée. Quil poussa du coude Embry, et ces deux idiots ricanèrent.
— Ce serait super ! s'exclama Jacob, aux anges.
— Dresse une liste, et on ira acheter les pièces détachées.
— Je ne veux pas que tu paies pour toutes, se renfrogna-t-il.
— T'occupe ! C'est ma tournée. Toi, tu te bornes à apporter ton expertise et ton boulot.
Embry leva les yeux au ciel.
— N'empêche, protesta Jacob.
— Écoute, si je portais ces engins chez un mécano, combien cela me coûterait-il, Jake ?
— O.K., céda-t-il. C'est toi le chef.
— Et n'oublie pas non plus les leçons de conduite, ajoutai-je.
Un sourire jusqu'aux oreilles, Quil chuchota à Embry quelque chose que je n'entendis pas. Jacob lui assena une claque sur la nuque.
— Ça suffit, grogna-t-il. Fichez-moi le camp.
— Non, non, me récriai-je en me dirigeant vers la porte, c'est moi qui m'en vais. À demain, Jacob.
Sitôt hors de vue, les deux copains de Jacob se lâchèrent.
— Wouah ! s'écrièrent-ils comme un seul homme.
Suivirent des bruits de taloches ponctués de « Ouille ! » et de « Hé ! ».
— Si jamais l'un de vous ose mettre un doigt de pied dans les parages demain...
Le reste des menaces de Jacob se perdit à mesure que je m'éloignais. J'étouffai un rire, ce qui m'interloqua. Je riais. Je riais pour de bon, et personne n'était là pour en témoigner. J'étais tellement bien que je ris derechef, histoire de faire durer le plaisir.
J'arrivai avant Charlie. Quand il rentra, j'étais en train de retirer le poulet frit de la poêle pour le déposer sur du papier absorbant.
— Bonsoir, chérie, me salua-t-il d'une voix incertaine. Tu t'es bien amusée avec Jacob ?
— Oui, répondis-je en portant la nourriture sur la table.
— Tant mieux, commenta-t-il, toujours aussi prudent. À quoi avez-vous passé le temps ?
Ce fut mon tour de marcher sur des œufs.
— On a
traîné dans son garage, et je l'ai regardé bricoler. Tu savais qu'il restaurait une Volkswagen ?
— Il me semble que Billy m'en a parlé, en effet.
L'interrogatoire s'interrompit quand Charlie commença à manger, ce qui ne l'empêcha pas de continuer à m'observer attentivement. Après dîner, je traînassai dans la cuisine, que je nettoyais deux fois, puis m'attaquai à mes devoirs tandis que Charlie regardait un match de hockey. J'attendis le plus longtemps possible, mais il finit par me signaler qu'il était tard. Comme je ne relevai pas, il se mit debout, s'étira puis quitta le salon en éteignant derrière lui. Je lui emboîtai le pas de mauvaise grâce.
En grimpant les marches, je sentis les dernières parcelles du bien-être anormal de l'après-midi me quitter pour laisser place à la peur sourde qu'engendrait la perspective de ce que j'allais devoir affronter à présent. Je n'étais plus amorphe. Cette nuit, je n'en doutais pas, risquait d'être aussi pénible que la précédente. Je me roulai en boule sur mon lit, prête à subir l'attaque. Je fermai fort les paupières et... me réveillai comme une fleur, le lendemain matin.
Ahurie, je contemplai la lumière argent pâle qui filtrait par la fenêtre. Pour la première fois depuis plus de quatre mois, je n'avais pas rêvé. Ni hurlé. J'ignorais quelle émotion, du soulagement ou de la stupéfaction, était la plus puissante. Je restai couchée pendant quelques minutes, attendant que ça revienne car, naturellement, quelque chose devait survenir — à défaut de douleur, du moins l'hébétude. Je patientai, en vain. J'étais reposée, et dans une forme éblouissante, même si je m'attendais à ce que ça ne dure pas. J'étais en équilibre instable sur une arête, et il n'en faudrait pas beaucoup pour que je bascule. Rien qu'examiner ma chambre avec cette conscience toute neuve — pour en déduire combien elle paraissait étrange, trop bien rangée, à croire que je n'y vivais pas — était dangereux.
Je décidai de penser à des choses plus gaies et, tout en me vêtant, me focalisai sur ma prochaine et deuxième rencontre avec Jacob, perspective qui me rendit presque... optimiste. Avec un peu de chance, ça se passerait comme la veille : je n'aurais pas besoin de prendre garde à feindre l'intérêt ou à opiner ou à sourire aux moments appropriés, contrairement à la comédie que j'étais contrainte de jouer avec tous les autres. Quoique... non, ça non plus, ça ne durerait sûrement pas. Il était impossible que cette journée fût aussi aisée que celle du samedi. Mieux valait rester réaliste, ça m'éviterait d'être déçue.
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