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TENTATION Page 12

by Stephenie Meyer


  Au petit déjeuner, Charlie se montra lui aussi circonspect. Il tenta de cacher sa curiosité, ne levant les yeux de son œuf que lorsqu'il croyait que je ne le voyais pas.

  — Quels projets, aujourd'hui ? s'enquit-il en inspectant un fil sur sa manche, comme si ma réponse lui était indifférente.

  — J'ai rendez-vous avec Jacob.

  — Ah bon, acquiesça-t-il, mine de rien.

  — Ça t'embête ? prétendis-je m'inquiéter. Je pourrais rester si tu...

  — Non, non ! protesta-t-il, en me regardant bien en face cette fois, une lueur alarmée dans les yeux. Vas-y. De toute façon, Harry a prévu de venir voir le match ici.

  — Et s'il prenait Billy au passage ? suggérai-je en songeant que moins l'on serait de fous, plus l'on rirait.

  — Bonne idée !

  À la réflexion, le match n'était peut-être, pour Charlie, qu'un bon prétexte pour me flanquer dehors même s'il semblait impatient de partager cet instant avec ses potes. Il partit téléphoner pendant que j'enfilai mon imperméable. Le chéquier enfoncé dans ma poche me troubla. Je ne m'en étais encore jamais servi.

  Il pleuvait à seaux, et je fus obligée de conduire plus lentement que je l'eus souhaité tant la visibilité était mauvaise. Je finis cependant par m'engouffrer dans l'allée boueuse des Black. Avant même que j'aie coupé le contact, Jacob sortit de la maison en courant, porteur d'un immense parapluie noir qu'il maintint au-dessus de la portière que j'ouvrais.

  — Charlie a appelé, il nous a dit que tu étais en route, se justifia-t-il en souriant.

  Sans avoir à me forcer, sans donner d'ordre à mes lèvres, je lui retournai son sourire, et une étrange chaleur bouillonna dans ma gorge, en dépit des gouttes gelées qui éclaboussaient mes joues.

  — Bonjour, Jacob.

  — Félicitations pour avoir pensé à nous débarrasser de Billy.

  Je dus me mettre sur la pointe des pieds pour claquer ma paume contre la sienne, ce qui déclencha son hilarité. Cinq minutes plus tard, Harry déboula pour emmener Billy. Jacob me fit rapidement visiter sa petite chambre pendant que nous attendions que les adultes disparaissent.

  — Alors, où va-t-on, Superbricolo ? demandai-je, sitôt la porte refermée sur Billy.

  Il tira de sa poche un bout de papier et le déplia.

  — Pour commencer, la casse, annonça-t-il. Si ça se trouve, on aura de la veine. Parce que tout ça risque de coûter assez cher, tu sais. Ces bécanes vont nécessiter un sacré lifting avant de pouvoir rouler. Plus de cent dollars, peut-être, précisa-t-il comme je ne réagissais pas.

  — T'inquiète, on est couverts, répliquai-je en sortant mon chéquier et en m'éventant avec.

  Ce fut une drôle de journée. Je m'amusai bien, y compris chez le ferrailleur, sous la pluie battante et de la boue jusqu'aux chevilles. D'abord, je mis ça sur le compte du contrecoup consécutif à la perte de mon apathie, puis cette explication me parut un peu maigre. C'était plutôt, et pour l'essentiel, la présence de Jacob. Pas seulement parce qu'il était presque toujours content d'être avec moi, ni parce qu'il ne me reluquait pas du coin de l'œil, guettant un geste susceptible de prouver que j'étais folle ou dépressive. Cela n'avait aucun rapport avec moi ; ça ne tenait qu'à lui seul. Il était d'une nature heureuse et transportait cette joie de vivre partout avec lui, telle une aura, en contaminant quiconque se trouvait dans les parages. Tel un soleil, il réchauffait ceux qui avaient l'heur de se trouver dans le champ de son rayonnement. De façon totalement naturelle, qui plus est. Pas étonnant donc que je m'accroche à lui comme une moule à son rocher.

  Même sa remarque sur le trou qui défigurait mon tableau de bord ne déclencha pas la panique attendue.

  — Ton auto-radio ne fonctionne plus ? demanda-t-il.

  — Non, mentis-je.

  — Qui l'a enlevé ? marmonna-t-il en trifouillant dans le boîtier. Un vrai travail de sagouin.

  — Moi, avouai-je.

  — Alors, il vaudrait sans doute mieux que tu ne touches pas aux motos, rigola-t-il.

  — Aucun souci.

  D'après lui, nous eûmes de la chance, à la casse. Il s'enthousiasma pour plusieurs morceaux de métal tordus et noirs de graisse ; pour ma part, qu'il sût les identifier suffisait à m'impressionner. De là, nous partîmes pour le magasin de pièces détachées, à Hoquiam. Avec ma camionnette, c'était un trajet de plus de deux heures, sur une quatre voies balayée par le vent, mais le temps passait vite en présence de Jacob. Une fois encore, il évoqua ses amis et son lycée, et je me surpris à l'interroger avec une curiosité non feinte.

  — Je suis le seul à bavasser, se plaignit-il après m'avoir raconté une longue histoire sur les ennuis dans lesquels s'était fourré Quil, lorsqu'il avait invité une fille qui sortait depuis longtemps avec un type de Terminale. À ton tour. Parle-moi un peu de Forks. Ça doit quand même être plus marrant que La Push.

  — Faux, soupirai-je. Je n'ai rien à en dire. Tes copains sont mille fois plus intéressants que les miens. Je les apprécie. Quil est marrant.

  — J'ai l'impression que tu lui plais aussi, se renfrogna-t-il.

  — Il est un peu jeune pour moi, pouffai-je.

  — Pas autant que tu crois, riposta Jacob en s'assombrissant encore. À peine un an et quelques mois.

  J'eus le sentiment qu'il ne faisait plus allusion à Quil, là. Aussi pris-je soin de répondre sur un ton moqueur et léger.

  — Certes, mais vu la différence de maturité entre filles et garçons, j'estime qu'il serait plus sage de compter les années comme pour les chiens. Ce qui me vieillit de... combien ? Douze ans ?

  Il rit, leva les yeux au ciel.

  — Un point pour toi. Sauf que, si tu le prends comme ça, tu dois aussi relativiser en terme de taille. Tu es tellement petite que je suis obligé de retrancher dix ans du total.

  — Un mètre soixante-trois est une moyenne parfaitement respectable, grognai-je. Ce n'est pas ma faute si tu es un monstre.

  Nous badinâmes ainsi jusqu'à Hoquiam, bataillant à propos de la façon correcte de calculer l'âge de quelqu'un. Je perdis encore deux années parce que j'ignorais comment changer une roue, mais en regagnai une pour être responsable des comptes du foyer. Une fois au magasin, Jacob retrouva son sérieux. Nous dénichâmes tout ce qu'il avait listé, et il décréta que notre butin allait lui permettre d'avancer rapidement.

  Le temps de rentrer à La Push, j'avais vingt-trois ans et lui trente — décidément, il était doué pour faire pencher la balance en sa faveur.

  Je n'avais pas oublié les raisons qui me poussaient à agir ainsi. J'avais beau m'amuser plus que je m'y étais attendue, cela n'amoindrissait en rien mes motivations premières. Je persistais à vouloir tricher. Que cela n'ait guère de sens m'indifférait complètement. J'avais bien l'intention de me montrer aussi téméraire que Forks me permettrait de l'être. Je ne serais plus la seule à respecter un accord vidé de sa substance. La compagnie de Jacob était juste un avantage que je n'avais pas soupçonné, la cerise sur le gâteau.

  Billy n'étant pas encore rentré, nous n'eûmes pas besoin de décharger en catimini nos prises de guerre. Sitôt les différentes pièces étalées sur le sol plastifié près de sa boîte à outils, Jacob se mit au travail, sans cesser de discuter avec bonne humeur, cependant que ses doigts agiles s'affairaient. L'habileté de ses mains était stupéfiante. Elles paraissaient trop grosses pour les tâches délicates qu'elles accomplissaient pourtant avec facilité et précision. Lorsqu'il bricolait, il devenait presque gracieux, alors que debout, handicapé par sa taille et ses grands pieds, il était quasiment aussi dangereux que moi.

  Quil et Embry ne se montrant pas, j'en conclus que ses menaces avaient été efficaces.

  La journée passa trop vite à mon goût, et l'obscurité qui avait envahi l'extérieur du garage me prit au dépourvu. Puis nous entendîmes Billy qui nous appelait. Je sautai sur mes pieds pour aider Jacob à ranger, hésitant sur ce que j'avais ou non le droit de toucher.

  — Laisse tomber, me dit-il, je compte revenir y travailler ce soir. />
  — Pas question que tu négliges tes devoirs, le morigénai-je, vaguement coupable.

  Je ne tenais pas à ce qu'il s'attire des ennuis. Ça, je me le réservais.

  — Bella ?

  Nous tressaillîmes tous les deux en reconnaissant la voix de Charlie, du côté du bosquet.

  — Flûte ! marmonnai-je. J'arrive ! criai-je vers la porte.

  — Allons-y, décréta Jacob, enchanté par la clandestinité de notre conduite.

  Il éteignit la lumière et, durant quelques secondes, je fus aveugle. Attrapant ma main, il me guida dehors, ses pas trouvant sans peine le sentier familier. Sa paume était calleuse et très chaude. Malgré le chemin, nous trébuchâmes plus d'une fois, et c'est hilares que nous parvînmes à la maison. Nos rires restaient superficiels, mais ils étaient bons quand même, et je suis sûre qu'il ne remarqua pas la légère touche hystérique qui teintait le mien. Je n'étais pas habituée à rire, et cela me semblait à la fois bien et mal.

  Charlie attendait sous le porche arrière. Le fauteuil de Billy s'encadrait sur le seuil, derrière lui.

  — Salut, papa ! lançâmes-nous en chœur, ce qui déclencha un nouvel accès de gaieté.

  Charlie me contempla avec des yeux ronds qui ne manquèrent pas de remarquer la main de Jacob dans la mienne.

  — Billy nous a invités à dîner, annonça-t-il distraitement.

  — Vous aurez droit à ma recette ultrasecrète des spaghettis, renchérit Billy d'un ton grave. Dans la famille depuis des générations.

  — Et la marque de la sauce que nous achetons remonte à Mathusalem, se moqua son fils.

  La maison était bondée. Harry Clearwater était là avec sa famille, sa femme Sue que je connaissais un peu depuis l'époque de mes étés d'enfance à Forks, et ses deux enfants. Leah était en Terminale, comme moi, mais avait un an de plus. Elle était belle — d'une beauté exotique : magnifique peau cuivrée, luisante chevelure aile de corbeau, cils aussi longs que des plumeaux — et préoccupée. Lorsque nous entrâmes, elle était pendue au téléphone et ne le lâcha pas de la soirée. Seth avait quatorze ans ; il buvait les moindres paroles de Jacob, une expression idolâtre sur le visage.

  Comme nous étions trop nombreux pour nous asseoir autour de la table de la cuisine, Charlie et Harry installèrent des chaises au jardin. Nous mangeâmes avec nos assiettes sur les genoux, dans la lueur qui filtrait par la porte restée ouverte. Les hommes commentèrent le match, et Harry et Charlie se lancèrent dans des projets de pêche. Sue asticota son époux sur son taux de cholestérol et tenta, sans résultat, de l'inciter à manger plus de légumes. Pour l'essentiel, Jacob ne s'adressa qu'à moi-même et à Seth, lequel intervenait bruyamment dès que son dieu menaçait d'oublier sa présence. Charlie m'observait en douce, l'air timidement ravi. L'atmosphère était sonore et, parfois, confuse, chacun coupant la parole à son voisin, les rires provoqués par une plaisanterie interrompant le récit d'une nouvelle blague. Je n'eus pas besoin d'ouvrir trop souvent la bouche, mais je souris beaucoup, sans me forcer d'ailleurs. Je n'avais pas envie de partir.

  Nous étions cependant dans l'État de Washington, et la pluie, inévitable, finit par disperser cette fête improvisée. Le salon de Billy était bien trop étroit pour permettre à la réunion de s'attarder. Harry ayant amené Charlie à La Push, lui et moi rentrâmes ensemble dans la Chevrolet. Il m'interrogea sur ma journée, et je dis presque la vérité — Jacob et moi étions allés chercher des pièces détachées, puis je l'avais regardé travailler dans son garage.

  — Penses-tu y retourner prochainement ? me demanda-t-il en affichant l'indifférence.

  — Demain après les cours, admis-je. Ne t'inquiète pas, j'emporterai mes devoirs.

  — N'y manque pas, ronchonna-t-il sans parvenir cependant à dissimuler sa satisfaction.

  Le temps d'arriver chez nous, j'étais nerveuse, et c'est à reculons que je montai à l'étage. La chaleur contagieuse de Jacob s'estompait et, loin de lui, mon anxiété reprenait le dessus. J'étais persuadée que je n'aurais pas droit à deux nuits calmes d'affilée.

  Pour retarder l'heure du coucher, je consultai mes mails. Renée m'avait envoyé un nouveau message. Elle y détaillait son dimanche, le club de lecture qui remplaçait les leçons de méditation qu'elle venait d'abandonner, sa semaine de remplacement en CE1, précisant que ses élèves de maternelle lui manquaient. Phil adorait son boulot d'entraîneur, et ils envisageaient une seconde lune de miel à Disneyworld. Le tout évoquait plus un journal intime qu'une lettre à un véritable correspondant. Le remords me submergea, amer — j'étais une fille indigne.

  Je lui répondis rapidement, commentant chaque partie de son mot et livrant quelques informations me concernant — le dîner chez Billy, mon plaisir à observer Jacob construire des objets utiles à partir de minuscules bouts de métal, avouant à l'occasion mon admiration et mon envie. Je ne fis aucune allusion à la différence de ton qui distinguait cette missive de celles qu'elle avait reçues les mois précédents. Car si je me rappelais à peine ce que j'avais pu lui écrire une semaine plus tôt, j'étais certaine que ça n'avait pas été très enjoué. Plus j'y pensais, plus je me sentais coupable. J'avais vraiment dû lui causer du souci.

  Je restai debout très tard, finissant des devoirs qui ne pressaient pourtant pas. Malheureusement, ni la fatigue de mes insomnies successives ni l'espèce de bonheur en demi-teinte que m'avait procuré la compagnie de Jacob ne réussirent à tenir éloigné le cauchemar deux nuits de suite.

  Je m'éveillai en grelottant, étouffant un cri dans l'oreiller.

  Tandis que la lueur blême de l'aube transperçait le brouillard, je traînassai au lit en tâchant de me sortir du rêve. Celui-là avait été marqué par une toute petite différence par rapport aux autres, et ça m'intriguait. Pour la première fois, je n'étais plus seule. Sam Uley, l'homme qui m'avait retrouvée dans les bois cette fameuse nuit à laquelle je ne supportais pas de repenser, était là également. Voilà qui constituait une étrange altération au scénario habituel. Les prunelles de l'Indien étaient bizarrement hostiles et dissimulaient un secret qu'il semblait vouloir garder pour lui. Je l'interrogeais du regard autant que mes recherches frénétiques me le permettaient, en vain. Sa présence ajoutait une forme de malaise à ma panique ordinaire. Peut-être parce que, lorsque je détournais les yeux, sa silhouette paraissait trembler et se modifier, pour autant que ma vision périphérique me permettait de m'en rendre compte. Pourtant, il ne faisait rien d'autre qu'être là à m'observer. Contrairement à ce qui s'était passé dans la réalité, il ne me proposait pas son aide.

  Durant le petit déjeuner, Charlie ne cessa de me dévisager, ce que je tâchai d'ignorer. Je le méritais, j'imagine. Je ne pouvais décemment pas espérer qu'il ne s'inquiète plus. Des semaines seraient sans doute nécessaires pour qu'il cesse de guetter le retour du zombie. Ma seule solution serait d'agir comme si cela m'était égal. Après tout, moi aussi j'allais surveiller de près ce zombie. Quarante-huit heures étaient largement insuffisantes à déclarer que j'étais guérie.

  Le lycée, lui, m'opposa une réaction tout autre. Maintenant que mon attention s'était ranimée, il m'était évident que personne ne s'intéressait à moi. Me revint en mémoire mon premier jour dans l'établissement, mon envie désespérée de m'effacer, de me fondre dans la grisaille ambiante du béton mouillé, comme un gros caméléon. Un an plus tard, mon vœu s'était apparemment réalisé. Tout se passait comme si je n'existais pas. Même les profs survolaient mon siège, me donnant l'impression qu'il était vide.

  Ce matin-là, je prêtai une oreille attentive à ce qui se disait, redécouvrant les voix des gens qui m'entouraient. Je m'efforçai aussi de me mettre au courant de ce que j'avais pu louper, mais les échanges étaient si décousus que je finis par abandonner la partie.

  Jessica ne broncha pas quand je m'assis à côté d'elle en maths.

  — Salut, Jess ! lançai-je avec une nonchalance étudiée. Comment s'est passé ton week-end ?

  Elle me jeta un regard soupçonneux. Était-elle encore en colère ? Ou simplement t
rop impatiente pour supporter une folle ?

  — Super, répondit-elle avant de replonger dans son manuel.

  — Tant mieux, marmottai-je.

  L'expression « battre froid » contenait visiblement une part de vérité. Malgré les bouffées de chaleur qui s'échappaient des bouches d'aération, j'étais glacée. Je remis la veste que j'avais posée sur le dossier de ma chaise.

  Mon dernier cours de la matinée s'étant terminé en retard, la table où je déjeunais habituellement était pleine quand j'arrivai à la cantine. Y étaient installés Mike, Jessica et Angela, Conner, Tyler, Eric et Lauren. Katie Webber, la rousse de Seconde qui vivait à côté de chez moi était encadrée par Eric et Austin Marks, le frère aîné du garçon qui m'avait donné les motos. Je fus incapable de me souvenir s'ils mangeaient avec nous depuis longtemps, ou si c'était une première. Je commençais à être sérieusement agacée par moi-même. J'eusse été empaquetée dans des billes de polystyrène durant le semestre précédent que le résultat eût été le même.

  Personne ne réagit lorsque je m'assis près de Mike, bien que la chaise que j'avais tirée eût couiné bruyamment sur le linoléum. Je tentai de suivre les conversations. Mike et Connor parlant sport, je m'en détournai aussitôt.

  — Où est Ben, aujourd'hui ? demandait Lauren à Angela.

  Je me redressai, mon intérêt soudain ravivé. Cela signifiait-il qu'Angela et Ben avaient rompu ? Lauren était méconnaissable. Elle avait sacrifié sa longue crinière blonde comme les blés et arborait désormais une coupe de lutin, si courte que sa nuque était rasée comme celle d'un garçon. Quelle drôle de décision ! J'aurais aimé savoir ce qu'elle cachait. Du chewing-gum s'était-il collé dans ses cheveux ? Les avait-elle vendus ? Les gens avec lesquels elle se montrait d'ordinaire si garce l'avaient-ils coincée derrière le gymnase pour la scalper ? Je m'arrêtai à ces supputations, décidant qu'il était injuste de ma part de la juger selon mes opinions d'autrefois. Si ça se trouve, elle était devenue quelqu'un de bien.

 

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