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TENTATION Page 33

by Stephenie Meyer


  En bas, la sonnette carillonnait.

  18

  L'ENTERREMENT

  Je dégringolai les marches et ouvris la porte en grand.

  Comme de bien entendu, c'était Jacob. Alice était peut-être aveugle, elle n'en restait pas moins futée. Si ce n'est qu'il avait reculé à environ deux mètres du seuil et fronçait le nez d'un air écœuré, son visage était lisse comme un masque. Cette apparence ne me trompa pas — ses mains tremblaient légèrement. L'hostilité qui émanait de lui roulait comme une houle, me ramenant au jour horrible où il m'avait préféré Sam. Mon instinct de défense prit le dessus, et je tendis le menton en avant, prête à lutter.

  Le long du trottoir, la Golf tournait au ralenti. Jared était au volant, Embry sur le siège passager. Je compris. Ils avaient eu peur de le laisser venir seul, ce qui m'attrista et m'agaça un peu aussi. Les Cullen n'étaient pas ce qu'ils croyaient trop facilement.

  — Salut ! finis-je par lancer, vu qu'il ne disait rien.

  Il pinça les lèvres, ne se rapprocha pas. Ses yeux balayèrent la façade de la maison.

  — Elle n'est pas là, grondai-je. Tu veux quoi ?

  Il hésita.

  — Tu es seule ?

  — Oui, soupirai-je.

  — Je peux te parler un instant ?

  — Évidemment, Jacob ! Entre.

  Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule. Embry secoua la tête dans un geste presque imperceptible. J'ignore pourquoi, mais cela me rendit folle de rage.

  — Espèce de trouillard ! marmonnai-je entre mes dents.

  Jake se tourna vivement vers moi, et ses épais sourcils noirs formèrent un angle furibond au-dessus de ses prunelles enfoncées. Il serra la mâchoire et, raide comme un piquet, remonta l'allée au pas de charge et me bouscula pour pénétrer dans le couloir. De mon côté, je vrillai mon regard sur celui de Jared et d'Embry qui me toisaient avec hostilité. Croyaient-ils vraiment que je laisserais Alice faire du mal à Jacob ? Je leur claquai la porte au nez. Derrière moi, Jake contemplait les couvertures en désordre dans le salon.

  — Tu as organisé une soirée pyjama ? demanda-t-il, mauvais.

  — Exact, ripostai-je sur le même ton. Ça te pose un problème ?

  Son comportement m'horripilait. Une fois encore, il fronça le nez, comme s'il sentait une odeur déplaisante.

  — Où est ton « amie » ?

  Les guillemets étaient audibles.

  — Elle est sortie. Qu'est-ce que tu veux, Jacob ?

  Il était sur le qui-vive, ses longs bras secoués de tremblements. Sans répondre à ma question, il fila dans la cuisine, les yeux en alerte. Je l'y suivis. Il se mit à arpenter la pièce comme un animal pris au piège.

  — Hé ! lançai-je en me mettant sur son chemin. Qu'est-ce que tu as ?

  — Ça ne me plaît pas d'être ici.

  — Alors, je suis navrée que tu aies dû venir, répliquai-je, piquée au vif. Dis-moi donc ce qui t'amène et sauve-toi.

  — J'ai juste une ou deux questions à te poser. Il faut que nous repartions. Pour l'enterrement.

  — Bien. Alors, inutile de perdre du temps. Vas-y.

  J'en rajoutais sans doute un peu dans l'antagonisme, mais c'était une façon de lui cacher à quel point j'étais blessée par son attitude. Même si je me montrais injuste — après tout, je lui avais préféré la « buveuse de sang », deux soirs plus tôt. J'avais dégainé la première. Il inspira profondément, ses doigts se calmèrent soudain et son visage affecta la sérénité.

  — Un membre de la famille Cullen habite chez toi.

  — Oui. Alice.

  — Elle compte rester longtemps ?

  — Aussi longtemps qu'elle le souhaitera.

  — À ton avis, tu pourrais... s'il te plaît... lui expliquer la situation ? Au sujet de l'autre... de Victoria ?

  Je pâlis.

  — Je lui en ai déjà parlé.

  — Il faut que tu saches que nous ne pouvons surveiller que nos terres, maintenant qu'un Cullen est ici. Tu ne seras en sécurité qu'à La Push. Je ne suis plus en mesure de te protéger ici.

  — Compris, murmurai-je.

  Il tourna la tête vers les fenêtres de derrière. N'ajouta rien.

  — C'est tout ?

  — Une dernière chose, précisa-t-il sans me regarder.

  J'attendis, rien ne vint.

  — Oui ? le poussai-je.

  — Le reste de la famille a l'intention de rappliquer aussi ?

  Sa voix était devenue froide et basse, et elle me rappela le comportement toujours si maîtrisé de Sam. Jacob lui ressemblait de plus en plus... Pourquoi cela m'ennuyait-il autant ? Ce fut à mon tour de garder le silence, et il fut contraint de me dévisager, les yeux interrogateurs.

  — Non, finis-je par répondre, de mauvaise grâce.

  Son expression ne se modifia pas.

  — Bien. J'ai fini.

  Je le toisai, mon irritation ranimée.

  — Alors, file. Va rapporter à Sam que les vilains monstres ne viendront pas vous manger.

  — Bien, répéta-t-il, toujours aussi calme.

  Sur ce, il sortit à grands pas de la pièce. Je guettai le bruit de la porte — rien. En revanche, j'entendais parfaitement la pendule qui, sur la cheminée, égrenait ses minutes. Je m'émerveillai une fois de plus de sa discrétion.

  Quel désastre ! Comment m'étais-je débrouillée pour qu'il devînt mon ennemi aussi vite ? Et quel ennemi ! Me pardonnerait-il, quand Alice serait partie ? Dans le cas contraire, le supporterais-je ? Je m'adossai à un placard, enfouis mon visage dans mes mains. Comment avais-je réussi à tout gâcher ? Mais qu'aurais-je pu faire d'autre ? Même avec du recul, je ne voyais pas meilleure façon d'agir. Les dégâts étaient inévitables.

  — Bella...

  C'était lui. La voix cassée. Je relevai la tête, le découvris qui hésitait sur le seuil de la cuisine. Contrairement à ce que j'avais cru, il ne s'en était pas allé. Remarquant brusquement des gouttes cristallines sur mes doigts, je me rendis compte que je pleurais. La froideur de Jacob avait cédé la place à l'anxiété et au malaise. Il revint rapidement vers moi et se baissa de façon à ce que nos yeux soient à la même hauteur.

  — J'ai recommencé, hein ? murmura-t-il.

  — Quoi ? marmonnai-je entre deux sanglots.

  — J'ai trahi ma promesse. Désolé.

  — Pas grave. C'est moi qui ai ouvert les hostilités, cette fois.

  — Je connaissais ton amitié pour eux, avoua-t-il, en grimaçant. Je n'aurais pas dû être aussi surpris.

  Sa révulsion était palpable. J'aurais voulu lui expliquer ce qu'Alice était en réalité, la défendre contre ses préjugés — quelque chose m'avertit que ce n'était pas le bon moment.

  — Je suis navrée, me contentai-je donc de marmonner.

  — Ne nous angoissons pas inutilement, d'accord ? Ce n'est qu'une petite visite. Elle finira par partir, et tout redeviendra normal. Non ?

  — Il est donc impossible que je sois amie avec vous deux en même temps ?

  Cette fois, je n'avais pas tenté de dissimuler ma peine. Il secoua lentement la tête.

  — Non, je ne crois pas.

  Je reniflai, détournai mon regard du sien.

  — Tu attendras, hein ? Tu restes mon ami, bien que j'aime aussi Alice ?

  Il ne répondit pas immédiatement, et je n'osai relever la tête, par peur de ce que je risquais de lire sur son visage. C'était sans doute aussi bien.

  — Oui, bougonna-t-il enfin, je serai toujours ton ami, qui que tu aimes.

  — Juré ?

  — Juré.

  Je sentis ses bras se refermer sur moi et me laissai aller contre son torse.

  — C'est vraiment nul, me lamentai-je.

  — Oui, reconnut-il en reniflant mes cheveux. Beurk.

  — Quoi ? me rebellai-je en m'écartant brusquement. Pourquoi tout le monde ne cesse-t-il de me humer ? Je ne sens pas mauvais !

  — Si, avoua-t-il avec un pauvre sourire. Tu as leur parfum. Sucré, trop sucré. Et... glacial. Il me brûle le nez
.

  — Ah bon ?

  C'était étrange. L'arôme que dégageait Alice était divin. Pour un humain en tout cas.

  — Mais pourquoi Alice estime-t-elle que je pue, elle aussi ?

  Ma question effaça son sourire.

  — Euh... si ça se trouve, mon odeur la répugne également.

  — En tout cas, la tienne comme la sienne me vont, décrétai-je en me blottissant de nouveau contre lui.

  Il me manquerait terriblement quand il franchirait la porte de la maison. C'était un cercle vicieux. D'un côté, j'aurais voulu qu'Alice reste pour toujours — lorsqu'elle partirait, j'en mourrais, métaphoriquement parlant ; de l'autre, comment allais-je m'en sortir si j'étais privée de Jake ? Quel bazar...

  — Tu vas me manquer aussi, chuchota Jacob, comme s'il avait lu dans mes pensées. À chaque instant. J'espère qu'elle s'en ira bientôt.

  — Ça pourrait se passer autrement, tu sais.

  — Non, soupira-t-il. Tu l'aimes. Alors, vaut mieux que je ne m'en approche pas. Je ne suis pas sûr d'être assez équilibré pour le supporter. Sam serait furieux que je rompe le traité, et toi, tu n'apprécierais sûrement pas que je la tue.

  Je tentai de me dégager, horrifiée par ses paroles, mais il me retint.

  — Inutile de se voiler la face, Bella, continua-t-il. C'est la triste vérité.

  — Elle me rend malade.

  Sa grande main brune souleva mon menton pour m'obliger à le regarder.

  — Oui, c'était plus simple quand nous étions tous deux humains, n'est-ce pas ?

  Je poussai un long soupir. Nous nous dévisageâmes un long moment. Sa peau brûlait la mienne. Je devinais que mes traits n'exprimaient qu'une insondable tristesse. Je n'avais pas envie de dire au revoir, aussi courte dût être notre séparation. Lui aussi semblait mélancolique. Soudain, il lâcha ma taille, et ses doigts effleurèrent ma joue ; ils tremblaient, mais plus de rage. Il emprisonna ma figure entre ses paumes incandescentes.

  — Bella, murmura-t-il.

  Je me figeai. Non ! Je n'avais pas encore pris de décision. Je ne savais pas si j'en étais capable et, pour l'instant, je n'étais pas en état d'y réfléchir. Cependant, le rejeter maintenant aurait eu de graves conséquences. Je l'observai. Il n'était pas mon Jacob, même s'il pouvait l'être. Ses traits m'étaient familiers, je les aimais. De bien des façons d'ailleurs, je l'aimais. Il était mon réconfort, le port où m'ancrer. En cet instant, j'étais en mesure de choisir qu'il fût à moi. Alice était revenue, certes — cela ne changeait rien. Mon véritable amour, je l'avais perdu à jamais. Mon prince ne réapparaîtrait pas pour m'embrasser et me sortir de mon sommeil enchanté. Je n'étais d'ailleurs pas une princesse. Que disait le protocole des contes de fées à propos des autres baisers ? De ceux qui, ordinaires, ne brisaient pas les envoûtements ? Ce serait peut-être plus facile : tenir sa main, sentir ses bras autour de moi. Ce serait peut-être agréable. Ça n'aurait peut-être pas l'air d'une trahison. Et puis, qui trahissais-je, sinon moi-même ?

  Sans me quitter des yeux, Jacob se pencha vers moi, et je n'avais toujours rien décidé.

  La sonnerie stridente du téléphone nous fit sursauter, mais elle n'interrompit pas son geste. La main qui soutenait mon menton se tendit pour attraper l'appareil, tandis que l'autre restait collée à ma joue. Ses prunelles noires ne dévièrent pas des miennes. Trop confuse pour réagir, je ne profitai pas de cette diversion.

  — Maison Swan ? dit Jacob de sa voix sourde et intense.

  Son interlocuteur parla, et le visage de Jake se transforma en une seconde. Se redressant, il me lâcha, ses prunelles perdirent leur éclat, son visage pâlit. J'aurais parié le peu qu'il restait de mes économies qu'il s'agissait d'Alice. Me reprenant, je voulus lui arracher le combiné. Il m'ignora.

  — Il est absent, lâcha Jacob sur un ton presque menaçant.

  Il y eut une brève réponse, apparemment une demande de renseignements plus précis, car il ajouta avec réticence :

  — Il est à l'enterrement.

  Sur ce il coupa la communication.

  — Sales buveurs de sang ! grommela-t-il en se retournant vers moi, le masque revêche de nouveau en place.

  — Qui était-ce ? m'écriai-je, furieuse. On ne raccroche pas comme ça au nez des gens ! Chez moi ! Avec mon téléphone !

  — Du calme ! C'est lui qui a raccroché le premier.

  — Lui ? Qui donc ?

  — Le docteur Carlisle Cullen, répliqua-t-il en insistant sur le titre, moqueur.

  — Pourquoi m'as-tu empêchée de lui parler ?

  — Il n'a pas demandé après toi, riposta-t-il, froid et comme dénué d'émotions (ce que contredisaient ses mains, qui s'étaient remises à trembler). Il voulait seulement savoir où se trouvait Charlie, et je l'ai renseigné. Je n'ai pas l'impression d'avoir été impoli.

  — Écoute-moi un peu, Jacob Black...

  Sauf que, apparemment, il ne m'écoutait pas du tout. Il jeta un brusque coup d'œil derrière lui, comme si quelqu'un l'avait appelé de la pièce voisine. Il écarquilla les yeux, se raidit ; son corps s'agita. Automatiquement, je tendis l'oreille — en vain.

  — Salut, Bella, cracha-t-il soudain en fonçant vers la porte d'entrée.

  — Que se passe-t-il ? criai-je en courant après lui.

  Il stoppa net, poussa un juron, et je le heurtai de plein fouet. Il pivota sur ses talons, me bousculant au passage. Je vacillai, tombai par terre, mes jambes emmêlées dans les siennes.

  — Hé, aïe ! protestai-je alors qu'il se dégageait promptement.

  Il fila en direction de la porte de derrière et, une fois de plus, s'arrêta aussi sec. Alice se tenait immobile, au pied de l'escalier.

  — Bella ! haleta-t-elle.

  Me remettant debout, je la rejoignis en tanguant. Ses pupilles étaient voilées, lointaines, sa peau encore plus blême que d'ordinaire. Elle semblait secouée par une agitation intérieure.

  — Qu'y a-t-il ? m'exclamai-je en posant mes paumes sur sa figure pour essayer de la calmer.

  Brusquement, ses yeux plongèrent dans les miens, agrandis par le chagrin.

  — Edward ! chuchota-t-elle.

  Mon corps réagit plus vite que mon esprit. D'abord, je ne compris pas pourquoi la pièce tournoyait ni d'où venait le rugissement creux qui emplissait mes tympans. Mon cerveau s'activait pour tâcher de saisir ce qui reliait le visage vide d'Alice à Edward, cependant que mon enveloppe charnelle cherchait déjà le réconfort de l'inconscience pour m'éviter la réalité. L'escalier bascula en prenant une inclinaison bizarre.

  Tout à coup, la voix furieuse de Jacob résonna à mon oreille, y déversant un flot de grossièretés, ce qui me choqua vaguement. Ses nouveaux amis avaient une influence déplorable sur lui. Je me retrouvai sur le canapé sans savoir comment j'y étais arrivée, Jake continuait de jurer. J'avais l'impression d'un tremblement de terre, le divan s'agitait sous mon dos.

  — Que lui as-tu fait ? brailla-t-il.

  Alice ne daigna pas relever.

  — Bella ? m'implora-t-elle. Reviens à toi, Bella ! Nous n'avons pas de temps à perdre.

  — Recule ! lui ordonna Jake.

  — Calme-toi, Jacob Black, lui riposta-t-elle. Épargne-lui ça, s'il te plaît.

  — Je pense réussir à me contrôler, rétorqua-t-il, un peu douché cependant.

  — Alice ? murmurai-je faiblement. Que s'est-il passé ?

  — Je n'en ai aucune idée. À quoi pensait-il ?

  Je réussis à m'asseoir et luttai contre le vertige. Jacob me soutenait, c'était lui qui tremblait, pas le sofa. Il fallait que j'apprenne ce qui s'était produit, même si je n'y tenais pas tellement. Alice tirait un petit mobile argenté de son sac quand je me tournai vers elle. Ses doigts composèrent le numéro si rapidement qu'ils étaient à peine visibles.

  — Rose ? lança-t-elle sèchement. Il faut que je parle à Carlisle. Tout de suite. Très bien, dès son retour, alors. Non, je serai bientôt dans l'avion. Dis-moi, tu as des nouvelles d'Edward ?

  Elle s'interrompit, écoutant sa sœur, une expression
de plus en plus consternée sur le visage. Elle lâcha un petit « oh ! » horrifié, et sa main vacilla.

  — Pourquoi ? reprit-elle. Pourquoi as-tu fait ça, Rosalie ?

  La réponse l'amena à serrer la mâchoire. Un éclat de colère envahit ses yeux.

  — Eh bien, tu as eu tort à tout point de vue, Rosalie. Ce qui nous pose un problème, tu ne crois pas ? Oui, je te le confirme, elle se porte comme un charme. Je m'étais trompée... c'est une longue histoire... tu as tout faux là-dessus aussi, figure-toi, d'où mon appel... oui, c'est exactement ce que j'ai vu.

  Elle s'exprimait d'une voix très dure, et ses lèvres étaient retroussées sur ses dents.

  — C'est un peu tard, Rosalie. Garde tes regrets pour quelqu'un qui acceptera de les gober.

  Elle coupa la communication avec hargne. Quand elle me regarda, ses prunelles étaient affreusement tristes.

  — Alice, me jetai-je à l'eau — je ne pouvais la laisser parler la première, par peur qu'elle détruise ce qu'il restait de ma vie -, Alice, Carlisle est revenu, il vient juste d'appeler, et...

  — Il y a longtemps ? demanda-t-elle froidement.

  — Trente secondes avant ton arrivée.

  — Qu'a-t-il dit ?

  — Ce n'est pas moi qui l'ai eu.

  Alice posa son regard pénétrant sur Jacob, qui flancha mais n'en resta pas moins à mon côté. Il s'assit, maladroit, comme s'il voulait m'offrir un rempart de son corps.

  — Il a demandé Charlie, et je lui ai répondu qu'il était absent, grommela-t-il.

  — Rien d'autre ? insista Alice sur un ton glacial.

  — Il m'a raccroché au nez ! balança Jacob avec vigueur.

  Un frisson agita sa colonne vertébrale, et moi avec.

  — Tu lui as dit que Charlie était à l'enterrement, lui rappelai-je.

  — Quels ont été ses mots exacts ? me demanda vivement Alice.

  — « Il n'est pas là », citai-je. Et ensuite : « À l'enterrement ».

  Poussant un gémissement, Alice tomba à genoux.

  — Qu'y a-t-il ? chuchotai-je.

  — Ce n'était pas Carlisle, au bout du fil.

  — Tu me traites de menteur ? se hérissa aussitôt Jacob.

 

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