— Mais s'ils ne sont que cinq...
— Cinq ayant le statut de membres de la famille, me corrigea-t-elle. Cela n'inclut pas leurs gardes.
— Voilà qui sonne... sérieux, déglutis-je.
— Et ça l'est. La dernière fois que nous en avons entendu parler, ils étaient neuf permanents. Il y en a d'autres... transitoires, dirons-nous. Le nombre varie. Beaucoup parmi eux ont également un talent, des pouvoirs souvent formidables qui me feraient passer pour une amuseuse de salon. Les Volturi les choisissent en fonction de leur habilité, physique ou autre.
J'ouvris la bouche, la refermai. Je n'étais plus du tout certaine d'avoir envie d'en apprendre plus sur les maigres chances que nous réservait notre expédition. Alice hocha la tête, comme si elle avait deviné ce qui me traversait l'esprit.
— Ils évitent la confrontation, cependant. Personne n'est assez bête pour les provoquer. Ils se cantonnent dans leur ville, ne la quittent que lorsque le devoir les appelle.
— Le devoir ?
— Edward ne t'a pas précisé la nature de leurs tâches ?
— Non.
Alice vérifia brièvement que l'homme d'affaires ne nous espionnait pas avant de reprendre ses explications, toujours aussi bas.
— Ce n'est pas pour rien qu'on les considère comme une dynastie... une famille régnante. Au fil des millénaires, ils se sont chargés d'appliquer nos lois, autrement dit de punir ceux qui les transgressent. Une responsabilité dont ils s'acquittent sans états d'âme.
— Parce qu'il y a des lois ! m'exclamai-je, stupéfaite.
— Chut !
— Vous auriez pu m'avertir plus tôt ! chuchotai-je, irritée. Je te signale que je veux devenir un... une des vôtres ! La moindre des choses, c'était de me détailler les règles !
— Ce n'est pas si compliqué, rigola-t-elle doucement. Il n'existe qu'une interdiction majeure. D'ailleurs, en réfléchissant un peu, tu devrais la trouver toute seule.
J'obtempérai. Sans résultat.
— Je ne vois pas.
— C'est qu'elle est peut-être trop évidente, commenta-t-elle, visiblement déçue. Nous avons l'obligation de garder notre existence secrète.
— Oh !
Effectivement, cela aurait dû me crever les yeux.
— Cette clause est plutôt légitime et, en général, nous n'avons aucun mal à nous y conformer. Sinon que, au bout de quelques siècles, certains d'entre nous, parfois, ont tendance à s'ennuyer, ou alors ils deviennent fous, je ne sais pas trop. C'est là que les Volturi interviennent, avant que notre espèce soit compromise.
— Donc, Edward...
— A l'intention de passer outre ce dogme, et ce dans leur propre ville, leur repaire secret depuis trois mille ans, depuis l'époque étrusque. Ils y tiennent tellement que la chasse y est prohibée. Volterra est sans doute la cité la plus sûre du monde. En ce qui concerne les attaques de vampires, du moins.
— Mais s'ils ne la quittent jamais, comment se nourrissent-ils ?
— Ils importent leur subsistance. D'assez loin, même. Ça donne de quoi s'occuper à leur garde quand elle n'est pas chargée d'anéantir les francs-tireurs... ou de protéger les Volturi de toute forme de publicité, telle...
— Celle qu'Edward est en train de leur préparer, terminai-je à sa place.
Il m'était étonnamment facile de prononcer son nom, désormais. Pour quelles raisons ? Aucune idée. Peut-être parce que je n'ambitionnais plus de vivre encore très longtemps, privée de lui. Voire de ne plus vivre du tout si nous arrivions trop tard. La perspective de cette solution de facilité me réconfortait.
— Je doute qu'ils aient jamais été confrontés à pareille situation, marmotta Alice. Les vampires sont rarement du genre suicidaire.
Je lâchai un son extrêmement faible, mais elle devina qu'il s'agissait d'un cri de douleur étouffé, car elle me prit par les épaules.
— Nous allons faire tout notre possible, Bella, me rassura-t-elle. Nous n'avons pas encore dit notre dernier mot.
— Oui, convins-je, bien que je doute fortement de notre réussite. Et si nous échouons, les Volturi nous régleront notre compte.
— Tu en parles comme si c'était une bonne chose, me reprocha-t-elle en se raidissant.
J'eus un geste désinvolte.
— Oublie ça, Bella, ou je te renvoie à Forks dès que nous sommes à New York.
— Pourquoi prends-tu la mouche ?
— Pas de ça avec moi. Si nous arrivons en retard pour Edward, j'ai bien l'intention de me démener comme une diablesse pour que tu retrouves Charlie, et je t'interdis de me mettre des bâtons dans les roues. C'est clair ?
— Oui, Alice.
Elle se recula légèrement pour me toiser avec sévérité.
— Pas d'entourloupes, compris ?
— Croix de bois, croix de fer..., maugréai-je.
Elle leva les yeux au ciel.
— Et maintenant, reprit-elle, laisse-moi me concentrer que j'essaie de voir ce qu'il mijote.
Elle ne retira pas son bras de mon épaule, mais appuya sa tête contre le dossier de son siège et ferma les paupières. Ses doigts libres caressaient sa tempe. Je l'observai un long moment, fascinée. Elle finit par devenir totalement immobile, le visage pareil à celui d'une statue de pierre. Les minutes s'écoulèrent et, si je n'avais su à quoi m'en tenir, j'aurais pu croire qu'elle s'était endormie. Je n'osai l'interrompre en lui demandant ce qui se passait.
J'aurais aimé avoir de quoi m'occuper l'esprit, quelque chose d'anodin, s'entend. Il était hors de question que je m'autorise à réfléchir aux horreurs qui nous attendaient ou, pire encore, à notre échec éventuel — pas si je souhaitais éviter de me mettre à hurler comme une démente. Je n'étais pas non plus en mesure d'anticiper quoi que ce soit. Avec beaucoup, beaucoup, beaucoup de chance, je serais peut-être à même de sauver Edward. Je n'étais cependant pas assez naïve pour croire que cela impliquerait que j'aurais le droit de rester auprès de lui, par la suite. Je n'étais ni différente ni plus spéciale qu'avant, et il n'aurait aucune nouvelle raison de me désirer. J'allais le revoir, et j'allais le perdre une fois encore... Je luttai contre le chagrin. Tel était le prix qu'il me fallait payer pour qu'il vive. J'étais prête à l'assumer.
Ils nous passèrent un film mais, bien que je distingue de temps à autre des silhouettes qui traversaient l'écran, je n'aurais su dire s'il s'agissait de cinéma romantique ou d'horreur.
Au bout d'une éternité, l'avion commença sa descente sur New York. Alice ne sortit pas de sa transe, et j'hésitai à l'effleurer, tentant le geste une dizaine de fois et y renonçant, jusqu'au moment où l'appareil se posa en nous secouant comme des pruniers.
— Alice ! murmurai-je enfin. Alice, nous y sommes.
Je la touchai. Elle ouvrit très lentement les yeux et tourna la tête de droite à gauche.
— Du neuf ? m'enquis-je à voix basse, consciente de mon voisin indiscret.
— Pas vraiment, souffla-t-elle, à peine audible. Il se rapproche. Il est en train de s'interroger sur la manière de présenter sa requête.
Nous dûmes courir pour attraper notre correspondance, ce qui valait mieux que devoir poireauter. Dès que l'appareil eut décollé, Alice referma les yeux et retomba dans sa stupeur. Je patientai autant que possible. Lorsque la nuit tomba, je soulevai le volet pour me perdre dans la contemplation du ciel obscur.
J'étais contente de m'être entraînée à contrôler mes pensées durant autant de mois. Au lieu de ressasser les terrifiantes éventualités à venir auxquelles, en dépit d'Alice, je n'avais pas l'intention de survivre, je me concentrai sur des problèmes moins essentiels. Par exemple, ce que j'allais raconter à Charlie si je revenais. Cette question se révéla assez délicate pour me divertir pendant plusieurs heures. Et Jacob ? Il avait promis de m'attendre, mais ce serment était-il encore valable ? Me retrouverais-je seule à Forks, sans plus personne ? Finalement, je ne tenais peut-être pas à la vie, quoi qu'il se passe à Volterra.
Je me rendis compte que je m'étais endormie quand Alice me révei
lla.
— Bella, siffla-t-elle un tout petit peu trop fort dans la cabine sombre pleine de gens qui sommeillaient.
Je ne fus pas désorientée, n'ayant pas perdu conscience assez longtemps pour ça.
— Qu'y a-t-il ?
Sous la lueur d'une lampe restée allumée dans la rangée de sièges derrière nous, ses prunelles brillaient.
— Tout va bien, sourit-elle. Ils délibèrent, mais ils ont déjà décidé de refuser.
— Les Volturi ?
— Évidemment. Concentre-toi ! J'ai vu la réponse qu'ils s'apprêtaient à lui servir.
— Raconte !
Un steward s'approcha de nous sur la pointe des pieds.
— Puis-je vous apporter un oreiller ?
Son chuchotis était un reproche à peine voilé adressé à notre conversation.
— Non merci, répondit Alice en le pulvérisant d'un de ses sourires ravageurs.
Le type retourna à son poste d'un pas mal assuré.
— Allez, raconte ! répétai-je, tout doucement cette fois.
— Il les intéresse, à cause de son don. Ils aimeraient lui offrir une place parmi eux.
— Que dira-t-il ?
— Je n'en sais encore rien. Néanmoins, je te parie que ça va chauffer. (Derechef, un large sourire fendit son visage.) Ça, c'est la première bonne nouvelle. Ils sont intrigués, et ils n'ont pas du tout envie de le détruire. « Du gâchis », pour reprendre les mots d'Aro. Cela suffira peut-être à forcer Edward à plus de créativité. Et plus il consacrera de temps à échafauder son plan, mieux ça vaudra pour nous.
Voilà qui ne suffisait pas à me rendre espoir, à me soulager autant qu'elle. Il restait tant de raisons pour que nous rations le rendez-vous. Or, si je ne pénétrais pas dans les murs de Volterra, je n'empêcherais pas Alice de me ramener de force à la maison.
— Alice ?
— Oui ?
— Je suis surprise. Comment parviens-tu à voir cela avec autant de clarté ? Surtout quand on songe que, à d'autres moments, tes prévisions ne se concrétisent pas ?
Elle se tendit, et je me demandai si elle avait saisi le fond de ma pensée.
— C'est clair parce que c'est immédiat et proche, et parce que je me suis vraiment concentrée. Les événements lointains qui surgissent d'eux-mêmes ne sont que de brèves images, de faibles éventualités. De plus, je vois mieux ceux de mon espèce que les humains. Pour Edward, c'est encore plus facile, à cause de l'habitude.
— Il t'arrive de me voir, lui rappelai-je.
— Jamais avec autant de certitude.
— J'aurais vraiment aimé que tu aies eu raison à mon sujet, soupirai-je. Au tout début, avant même que nous ne nous connaissions...
— Comment ça ?
— Tu m'as vue devenir l'une des vôtres.
— Cette possibilité a en effet existé. À l'époque.
— À l'époque, répétai-je.
— Écoute, Bella... tout cela a pris des proportions ridicules, se lança-t-elle après une hésitation. Franchement, j'en suis à me demander s'il ne serait pas plus simple que je m'occupe en personne de ta transformation.
Je la contemplai, choquée. Mon cerveau bloqua immédiatement ses paroles — pas question de me permettre un espoir quelconque si elle se ravisait.
— Je t'effraie ? enchaîna-t-elle. Je croyais que c'était ce que tu voulais.
— Mais oui ! soufflai-je. Oh, Alice ! Fais-le maintenant ! Comme ça, je te serais beaucoup plus utile, et je ne te ralentirais pas. Mords-moi !
— Chut ! me morigéna-t-elle (le steward regardait une fois encore dans notre direction). Essaie d'être raisonnable. Nous n'avons pas le temps. Nous devons être à Volterra demain. Tu te tordrais de douleur pendant des jours. Par ailleurs, j'ai le sentiment que les autres passagers ne réagiraient pas bien.
— Si tu n'agis pas tout de suite, tu changeras d'avis.
— Non. Je ne crois pas. Il sera furieux, mais qu'y pourra-t-il, hein ?
— Rien du tout, murmurai-je, le cœur battant.
Elle partit d'un rire étouffé, soupira.
— Tu as bien trop confiance en moi, Bella. Je ne suis pas certaine d'en être capable. Ça se terminera sans doute par ta mort pure et simple.
— Je suis prête à courir le risque.
— Tu es tellement bizarre, même pour une humaine.
— Merci du compliment.
— De toute façon, ça reste purement hypothétique, à ce stade. D'abord, nous devons survivre à demain.
— Exact.
Néanmoins, j'avais enfin un espoir auquel m'accrocher. Si Alice ne trahissait pas sa promesse, et si elle ne me tuait pas, Edward pourrait courir tout son soûl après ses distractions — je le pourchasserais. Je l'empêcherais d'être distrait. D'ailleurs, lorsque je serais belle et forte, avec un peu de chance il n'aurait plus besoin de ça.
— Rendors-toi, me conseilla Alice. Je te réveillerai quand il y a aura du neuf.
Je grommelai, certaine que le sommeil était une cause perdue, à présent. Alice se roula en boule, pieds sur le siège, bras autour des jambes et front appuyé sur les genoux. Elle se concentra derechef en oscillant d'avant en arrière. Je m'adossai à mon fauteuil, les yeux fixés sur elle... et je fus réveillée quand Alice ferma brutalement le volet du hublot, dissimulant le ciel qui rosissait à l'est.
— Que se passe-t-il ? marmottai-je.
— Ils lui ont stipulé leur refus.
Elle s'exprimait tout doucement, et je remarquai que son enthousiasme l'avait désertée.
— Et ? m'étranglai-je.
— Au début, ça a été chaotique, je n'ai perçu que des images éparses, ses plans n'arrêtaient pas de changer.
— Quels plans ?
— Il y a eu un mauvais moment, quand il a décidé de chasser. Dans la ville, précisa-t-elle en constatant que je n'avais pas compris la nuance. Il a failli le faire, puis il s'est ravisé à la dernière minute.
— Il n'a pas voulu décevoir Carlisle, murmurai-je. Pas sur la fin.
— Sans doute.
— Aurons-nous le temps ?
Au même instant, l'appareil s'inclina, et la pression se modifia. Nous entamions notre descente.
— J'espère. S'il s'en tient à sa dernière décision, peut-être.
— Laquelle ?
— Oh, c'est très simple. Il va juste se mettre en plein soleil.
Très simple en effet. Ça suffirait amplement. Le souvenir d'Edward dans la clairière, resplendissant, ruisselant de lumière comme si sa peau avait été constituée de milliers de diamants, était gravé dans ma mémoire. Nul humain ayant eu le loisir d'assister à ce spectacle n'était près de l'oublier. Les Volturi ne toléreraient pas un tel geste. Pas s'ils souhaitaient conserver l'anonymat de leur présence dans la cité. Je regardai la faible lueur de l'aube qui filtrait par quelques hublots aux volets restés ouverts.
— Alors, nous arriverons trop tard, murmurai-je, à deux doigts de la panique.
— Non, objecta-t-elle. En ce moment, il est obsédé par la théâtralité. Il veut le plus vaste public possible. Il a donc choisi la place principale, sous la tour de l'horloge. Les murs sont élevés, à cet endroit. Il attendra que le soleil soit à son zénith.
— Nous avons donc jusqu'à midi ?
— S'il s'en tient à ce qu'il a décidé, oui.
Le pilote annonça par haut-parleur, en italien puis en anglais, que nous allions atterrir. Les signaux nous intimant d'attacher nos ceintures s'allumèrent.
— Combien d'heures de voyage entre Florence et Volterra ?
— Tout dépend de ta moyenne... Bella ?
— Oui ?
— Tu aurais beaucoup de scrupules à ce que nous volions une voiture de sport ?
Dans un crissement de pneus, une Porsche d'un jaune éclatant s'arrêta à quelques pas de l'endroit où je trépignais. Le mot « TURBO » était inscrit en cursives argentées sur l'arrière du véhicule. Tout le monde autour de moi reluqua l'engin.
— Grouille, Bella ! me cria Alice, de derrière le vo
lant.
Je courus vers la voiture et me jetai dedans avec l'impression que j'aurais eu l'air tout aussi coupable si j'avais porté un collant sur la tête.
— Bon sang, Alice ! me plaignis-je. Tu n'aurais pas pu trouver quelque chose de moins voyant ?
L'intérieur était en cuir noir, et les vitres sombres teintées. Je me sentais en sécurité, comme au milieu de la nuit. Alice louvoyait déjà au milieu des encombrements de l'aéroport, se glissant dans des espaces si étroits que je fermai les yeux et tâtonnai pour attacher ma ceinture.
— Ce qui compte, rectifia-t-elle, c'est que je ne pense pas que j'aurais réussi à voler plus rapide que ça. J'ai eu de la veine.
— Voilà qui nous sera très utile au prochain barrage routier.
Elle éclata de rire.
— Crois-moi, Bella, s'ils en installent un, nous serons déjà loin.
Et elle appuya sur le champignon pour souligner ses intentions.
J'aurais sans doute dû regarder par la fenêtre pour tenter d'admirer Florence puis les paysages de Toscane qui défilaient à une vitesse vertigineuse. C'était mon tout premier voyage à l'étranger — mon dernier aussi sans doute. Mais la conduite d'Alice me flanquait la frousse, alors que je savais pouvoir compter sur sa dextérité. Et puis, l'anxiété me tenaillait trop pour que je profite des collines et des villes fortifiées qui, de loin, évoquaient des châteaux.
— Tu as vu autre chose ? demandai-je.
— Il se passe quelque chose. Une espèce de festival. Les rues sont bondées de visiteurs, et des drapeaux rouges ont été accrochés un peu partout. Quel jour sommes-nous ?
— Le quinze ?
— Quelle ironie ! La Saint-Marcus.
— C'est-à-dire ?
— La ville célèbre cette date tous les ans, ricana-t-elle, sardonique. D'après la légende, un missionnaire chrétien, un certain père Marcus — celui des Volturi — a chassé les vampires de Volterra il y a mille cinq cents ans. Ensuite, il serait mort en martyr, en Roumanie où il poursuivait sa traque. N'importe quoi, naturellement. Il n'a jamais quitté la cité. Mais c'est de là que viennent toutes ces superstitions à propos de croix et d'ail. Le père Marcus les aurait utilisés avec tant d'efficacité ! Après tout, nul vampire ne dérange plus la paix de Volterra. C'est ce qui fait la réputation de la ville, et celle de la police. Bizarrement, il n'existe pas d'endroit plus sûr, et la maréchaussée ne manque pas d'en tirer tout le profit.
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