LE GRAND VOYAGE
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Jondalar contemplait en méditant le spectacle de désolation. Sentant la présence d’Ayla qui venait de le rejoindre, il se retourna.
— La vallée doit se rétrécir en aval, remarqua-t-il, et quelque chose bloque la rivière. Sans doute des rochers, ou un glissement de terrain. L’eau est prisonnière. Ce qui expliquerait pourquoi la vallée était si verte. Ce ne doit pas être la première fois qu’elle est inondée.
— Si nous étions restés, la lame déferlante nous aurait emportés. Ma vallée était inondée chaque printemps, et c’était déjà assez dangereux, mais ça...
Incapable de trouver les mots, elle termina inconsciemment sa phrase en utilisant les signes du Clan, qui véhiculaient avec plus de force et de précision ses sentiments de désarroi et de soulagement.
Jondalar la comprenait. Lui-même ne savait comment exprimer ce qu’il ressentait. Ils s’assirent et contemplèrent en silence la vallée détruite qui s’étendait sous leurs yeux. Ayla remarqua le front soucieux de son compagnon.
— Si le bouchon de boue, ou ce qui empêche l’eau de s’écouler, cède d’un coup, l’eau en déferlant risque d’être dangereuse, constata Jondalar. J’espère que personne n’habite par là-bas.
— Ce ne pourra pas être pire que la nuit dernière. Tu ne crois pas ?
— Hier, il pleuvait, il y avait de l’orage. Les gens étaient prêts à affronter le danger, mais si le barrage cède sans avertissement ils seront pris par surprise. Ce serait catastrophique.
— Mais si des humains habitent dans la vallée, ils se rendront compte que la rivière ne s’écoule plus, et ils en chercheront la cause, remarqua Ayla.
— Et nous ? Nous voyageons, et nous n’aurions eu aucun moyen de savoir que la rivière était bouchée. Si un jour nous nous trouvons dans cette situation, rien ne nous préviendra du danger.
Ayla considéra la vallée inondée.
— Tu as raison, Jondalar, dit-elle enfin. Une autre inondation pourrait nous emporter. Tout comme la foudre aurait pu tomber sur nous au lieu de carboniser le pin. Un tremblement de terre pourrait aussi nous engloutir tous, sauf une pauvre petite fille qui resterait seule au monde. On peut aussi tomber malade, ou naître avec une infirmité. Mamut disait toujours que personne ne savait quand la Mère décidait de rappeler Ses enfants à Elle. Cela ne sert à rien de s’inquiéter de ces choses. On n’y peut rien. C’est Elle qui gouverne ?
Jondalar écoutait, soucieux. Puis il se détendit.
— Je m’inquiète trop, dit-il en entourant Ayla d’un bras protecteur. Thonolan me le reprochait souvent. J’ai soudain eu tellement peur de te perdre, et... Ayla, je ne sais pas ce que je deviendrais si jamais cela arrivait, ajouta-t-il en l’étreignant avec ferveur. Je ne crois pas que je pourrais continuer à vivre.
Ayla s’émut d’une réaction aussi absolue.
— J’espère bien que si ! protesta-t-elle. J’espère aussi que tu trouverais quelqu’un d’autre à aimer. Si un malheur devait te frapper, une parcelle de moi, ou de mon esprit, disparaîtrait avec toi parce que je t’aime. Mais je continuerais à vivre. Et une parcelle de ton esprit m’accompagnerait partout.
— Je ne sais pas s’il me serait possible d’aimer quelqu’un d’autre après toi. C’est déjà extraordinaire que de t’avoir rencontrée. Je ne suis pas sûr que je chercherais à te remplacer.
Sans mot dire, ils revinrent ensemble au hallier. Ayla semblait perplexe.
— Je me demande si c’est ce qui se passe quand on aime ? Est-ce qu’on s’échange des parcelles d’esprit ? C’est peut-être pour cela qu’on souffre tant de perdre ceux qu’on aime... C’est comme les hommes du Clan, poursuivit-elle après réflexion. Ce sont des frères de chasse, et ils s’échangent des parcelles d’esprit, surtout si l’un d’eux sauve la vie d’un autre. On vit difficilement avec un morceau d’esprit en moins, et chaque chasseur sait qu’une parcelle de son esprit partira dans l’autre monde si son frère meurt. Alors il le surveille et le protège, et fait tout son possible pour le sauver. (Elle considéra Jondalar avec curiosité.) Crois-tu que nous ayons échangé des parcelles de nos esprits, Jondalar ? Nous sommes partenaires de chasse, n’est-ce pas ?
— Oui, et tu m’as sauvé la vie. Mais tu es bien davantage qu’un simple frère de chasse pour moi, continua-t-il, souriant de ce qu’il venait de dire. Je t’aime. Je comprends seulement maintenant pourquoi Thonolan ne voulait plus vivre quand Jetamio est morte. Parfois, je me dis qu’il cherchait à atteindre l’autre monde, pour retrouver Jetamio et le bébé qu’elle portait.
— Mais s’il m’arrivait malheur, martela Ayla avec conviction, je ne voudrais pas que tu me suives dans le monde des esprits. Je préférerais que tu restes ici, et que tu trouves une autre compagne.
Parler d’autres mondes lui déplaisait. Elle ignorait de quoi ces autres mondes étaient faits, et même si, au fond de son cœur, elle croyait à leur existence. Ce dont elle était sûre, c’était que pour connaître d’autres mondes, il fallait déjà quitter celui-ci, et elle ne voulait pas que Jondalar mourût, ni avant ni après elle.
Ses réflexions sur les mondes des esprits amenèrent d’autres pensées.
— C’est peut-être ce qui arrive quand on vieillit, supposa-t-elle. Si on échange des parcelles de son esprit avec, les êtres qu’on aime, quand on en a perdu beaucoup, tant de morceaux d’esprit sont partis avec eux qu’il n’en reste plus assez pour continuer à vivre. C’est comme un trou qui se creuse de plus en plus. On peut rejoindre l’autre monde où demeurent la plus grande partie de notre esprit et les êtres chers.
— D’où tiens-tu un si grand savoir ? s’amusa Jondalar.
Malgré son ignorance du monde des esprits, Ayla faisait des hypothèses ingénieuses et spontanées témoignant d’une vive intelligence, et Jondalar, bien qu’il n’eût aucun moyen d’en vérifier le fondement, trouvait ses observations des plus cohérentes. Il regretta que Zelandoni ne fût pas là, il aurait pu lui demander son avis. Soudain, il prit conscience qu’ils rentraient chez lui, et qu’il pourrait bientôt la questionner.
— J’ai déjà perdu des parcelles de mon esprit quand j’étais petite, continua Ayla. Et ceux qui m’ont vue naître ont été engloutis par le tremblement de terre. Ensuite, Iza en a emporté un bout en mourant, puis Creb, et Rydag. Et bien qu’il ne soit pas mort, Durc a gardé un morceau de mon esprit que je ne récupérerai jamais. Ton frère a aussi emporté un morceau de toi, Jondalar, n’est-ce pas ?
— Oui, c’est vrai, admit-il. Il me manquera, et j’en souffrirai toujours. Il m’arrive de penser que c’était de ma faute, que j’aurais dû le sauver.
— Et qu’aurais-tu donc pu faire ? La Mère le voulait, et c’est Elle qui décide. Personne ne doit chercher le chemin qui mène à l’autre monde. Arrivés au hallier de saules où ils avaient passé la nuit, ils commencèrent à inspecter leurs affaires. Presque toutes étaient humides et certaines complètement imprégnées. Ils défirent les nœuds du tapis de sol, toujours fixé à la tente, et essorèrent le tout. Mais de trop fortes torsions risquaient d’endommager les coutures, et ils décidèrent de monter la tente pour la laisser sécher au soleil. C’est alors qu’ils s’aperçurent que de nombreux piquets avaient disparu.
Ils étendirent le tapis de sol sur un buisson, et vérifièrent leurs vêtements, eux aussi passablement mouillés. Les affaires qui étaient restées dans les paniers avaient moins souffert. Beaucoup étaient trempées mais sécheraient assez vite, à condition de trouver un endroit sec où les exposer aux rayons du soleil. Les steppes étaient idéales dans la journée, mais c’était justement le jour qu’ils voyageaient, et le soir, le sol était souvent froid et humide. Ils n’avaient pas l’intention de dormir sous une tente imbibée d’eau.
— Si nous buvions une infusion bien chaude ? proposa Ayla, découragée.
Il était déjà tard. Elle alluma du feu, y fit chauffer des pierres en prévision du repas. Elle s’aperçut alors que les restes de la veille avaient disparu.
— Oh, Jondalar ! gémit-elle. Nous n’avons rien à manger. To
ut est resté dans la vallée. J’ai laissé les céréales dans le panier de cuisson, près des braises. J’en ai d’autres, mais celui-là était bien. Heureusement que j’ai toujours ma poche à médecines, soupira-t-elle avec soulagement en la retrouvant. La peau de loutre est usée, mais elle a tout de même résisté à l’eau, les herbes sont complètement sèches. Je vais chercher de l’eau. Où est le panier dans lequel je prépare les tisanes ? Demanda-t-elle en contrôlant leurs affaires entassées. L’aurais-je aussi perdu ? J’ai pourtant l’impression de l’avoir mis à l’abri quand il a commencé à pleuvoir. Il a dû tomber en route.
— Il y a encore autre chose que nous avons laissé là-bas, et ça ne va pas te réjouir, annonça Jondalar.
— Qu’est-ce que c’est ? s’inquiéta Ayla.
— Ton parflèche, et les longues perches. Ayla leva les yeux au ciel, consternée.
— Oh, non ! s’écria-t-elle. C’était si pratique pour conserver la viande ! Et il était rempli de morceaux de chevreuil. Et les perches ! Elles étaient juste de la bonne taille, nous aurons du mal à les remplacer. Je ferais bien de m’assurer que nous n’avons rien perdu d’autre, et que nous avons toujours la nourriture de secours.
Elle fouilla dans le panier où elle rangeait quelques affaires personnelles et les vêtements de rechange. Les paniers étaient tous trempés et déformés, mais les cordes et les lanières entassées dans le fond avaient assez bien protégé le contenu de l’humidité. La nourriture pour la route était sur le dessus, recouvrant les rations de secours soigneusement emballées et encore sèches. Ayla décida d’en profiter pour vérifier si les aliments étaient en bon état, et combien de temps ils leur dureraient.
Elle étala les aliments séchés sur la fourrure de couchage. Il y avait des baies – mûres, myrtilles, baies de sureau, framboises, airelles, fraises – réduites en pâte et séchées. D’autres sucreries cuites, séchées jusqu’à former une croûte dure comme du cuir, mélangées avec des morceaux de pommes au goût aigrelet, riches en pectine. Des baies et des pommes sauvages, mélangées à des poires et des prunes, coupées en morceaux ou entières, séchées au soleil. Cela pouvait se manger tel quel, ou cuit dans de l’eau, et Ayla en utilisait souvent pour aromatiser les plats. Il y avait aussi des céréales et des graines, certaines à peine cuites et ensuite grillées, des noisettes décortiquées et grillées ; ainsi que les pommes de pin aux pignons nutritifs qu’elle avait ramassées la veille.
Les légumineuses aussi étaient sèches – tiges et fanes, bulbes, racines et rhizomes riches en amidon, tels queues-de-rat, chardons, réglisses, ou bulbes de lis. Certaines étaient préalablement cuites à la vapeur avant d’être séchées, d’autres pelées et suspendues à des fils confectionnés avec des écorces filandreuses ou des tendons d’animaux. Il y avait encore des guirlandes de champignons séchés et fumés pour leur donner plus de goût. Quelques lichens comestibles ébouillantés, séchés et pressés pour constituer des pains de riche valeur nutritive. Une grande variété de viande et de poissons fumés complétait leurs provisions, avec, en cas d’urgence, de petites galettes à base de viande hachée séchée, de graisse et de fruits secs.
Les aliments séchés étaient compacts et se conservaient bien. Certains dataient de l’année dernière et provenaient des réserves de l’hiver précédent, mais la plupart étaient en quantité limitée. Nezzie les avait reçus d’amies et de parentes qui les avaient apportés à la Réunion d’Été. Ayla, qui préférait se nourrir des produits frais de la terre pendant la bonne saison, s’en était peu servie. S’ils n’étaient pas capables de survivre en profitant de la générosité de la Grande Terre Mère, comment espéraient-ils surmonter la traversée d’un pays inconnu pendant les rigueurs de l’hiver ?
Satisfaite, Ayla remballa le tout. Il n’était pas dans ses intentions de prélever des provisions de secours pour le repas du matin. Un couple de ramiers tomba sous les coups de sa fronde et finit à la broche. Quelques œufs qui n’auraient jamais éclos furent étêtés et mis à cuire dans le feu dans leur coquille et l’heureuse découverte d’une cachette de marmotte agrémenta le repas. Le trou de l’animal se trouvait sous leurs fourrures de couchage, empli d’arroches que la marmotte avait récoltées quand les bulbes étaient à leur maximum. Ayla les cuisit avec les pignons, qu’elle débarrassa de leur gangue en les cassant avec une pierre, après les avoir chauffés. Des mûres fraîchement cueillies complétèrent le repas.
Jondalar et Ayla laissèrent derrière eux la vallée inondée et prirent le chemin de l’ouest, en se rapprochant imperceptiblement de la chaîne de montagnes. Les plus hautes cimes, bien que de moyenne altitude, étaient couvertes de neiges éternelles, souvent enveloppées de brume et de nuages.
Ils étaient arrivés dans le sud du continent froid et le caractère des prairies s’était légèrement modifié. La profusion des herbacées n’expliquait pas seule la variété des animaux qui prospéraient dans les plaines froides. Dans chaque espèce, les animaux eux-mêmes avaient introduit des variations dans leur régime alimentaire, leur schéma migrateur, et le partage des territoires. Comme ce serait le cas par la suite dans les grandes plaines équatoriales du sud, seul équivalent à la prodigieuse richesse des steppes de l’Ere Glaciaire, la faune se partageait l’espace dans une interrelation complexe.
Certains animaux se nourrissaient exclusivement d’une seule sorte de plante, d’autres d’une partie précise de ces plantes. D’autres ne mangeaient ces mêmes plantes qu’à un stade ultérieur de leur développement. Certains paissaient dans des lieux où d’autres n’allaient jamais, ou alors à une autre saison. La diversité des espèces était respectée parce que les habitudes alimentaires et les migrations des uns et des autres se complétaient.
Les mammouths à l’épaisse toison avaient besoin de grandes quantités d’herbacées fibreuses, tiges, herbes ou carex, et de peur de s’embourber dans la neige profonde, les marais ou la sphaigne des prairies, ils se cantonnaient dans les plaines fermes et venteuses, proches des glaciers. Ils entreprenaient de longues migrations le long du mur de glace, ne descendant vers le sud qu’au printemps et en été.
Les chevaux des steppes se nourrissaient eux aussi de fibres végétales. Comme les mammouths, ils digéraient les tiges grossières, mais leur goût plus sélectif leur faisait préférer les variétés d’herbe de taille moyenne. Ils savaient fouiller la neige pour trouver leur nourriture, mais l’énergie dépensée dans cette quête dépassait l’énergie absorbée. D’autre part, les déplacements dans la neige les épuisaient. Ils ne résistaient pas longtemps à ces climats, et préféraient les surfaces dures et ventées.
Contrairement aux mammouths et aux chevaux, le bison se nourrissait de feuilles et des enveloppes de l’herbe plus riches en protéine, et préférait par conséquent l’herbe courte, ne s’aventurant dans les hautes herbes qu’au printemps, à la saison des jeunes pousses. Pourtant en été, une coopération, involontaire mais essentielle s’établissait. Grâce à leur denture servant de cisailles, les chevaux tondaient les tiges épaisses de l’herbe des prairies, stimulant la croissance des jeunes pousses derrière leur passage. Les bisons, qui raffolaient précisément des jeunes pousses, suivaient les chevaux à quelques jours d’intervalle.
L’hiver, les bisons descendaient dans le sud, où le climat humide et les abondantes chutes de neige conservaient à l’herbe courte sa fraîcheur, or les bisons excellaient à déblayer la neige pour trouver leur nourriture. Toutefois, vivre dans les steppes enneigées du sud comportait des risques.
Bien que protégés du froid sec par leur lourde toison à poils rudes, les bisons, ainsi que d’autres animaux migrant l’hiver vers le sud enneigé, rencontraient de grandes difficultés lorsque le temps hésitait entre le gel et le redoux. Leur robe trempée par le dégel pouvait leur être fatale en cas de refroidissement subit, surtout si le gel les surprenait couchés car leurs longs poils gelés les empêchaient alors de se relever. De même, une neige trop profonde, ou recouverte d’une couche glacée, leur était souvent fatale, tout comme les
blizzards, ou la fonte des glaces à la surface des lacs et les inondations.
Les mouflons et les saïgas prospéraient en se nourrissant exclusivement de plantes adaptées au climat très sec : petites herbacées et herbe feuillue à tige courte. Mais contrairement aux bisons, les saïgas n’étaient pas à l’aise dans la neige où ils ne pouvaient bondir. Admirables coureurs sur longue distance, ils ne semaient leurs prédateurs que sur le sol ferme des steppes venteuses. Le mouflon lui, sorte de mouton sauvage et grand grimpeur, échappait à ses poursuivants sur les pentes abruptes. En revanche, il ne savait pas se nourrir en creusant la neige et vivait de préférence dans les hautes montagnes rocheuses exposées aux vents.
Les espèces parentes du mouflon, du chamois, et du bouquetin se répartissaient les territoires en fonction de l’altitude, ou de la nature du terrain. Le bouquetin résidait sur les sommets escarpés. Au-dessous régnait le chamois, agile et plus petit, et encore plus bas vivait le mouflon. Tous se partageaient les terrains accidentés des hauts plateaux, tant qu’il y faisait froid et sec.
Le bœuf musqué ressemblait aux caprins, en plus trapu, et sa toison d’une double épaisseur, tout comme celle du mammouth et du rhinocéros, lui donnait un aspect lourd et plus bovin. Il se nourrissait de feuilles d’arbustes et de carex, se plaisait dans les climats très froids, et recherchait par conséquent les plaines gelées et ventées, proches du glacier. Bien qu’il perdît son double pelage en été, le bœuf musqué détestait la chaleur.
Les cerfs géants et les rennes parcouraient les plaines où ils paissaient en troupeaux, mais les autres cervidés se nourrissaient surtout des feuilles des arbres. L’élan solitaire était rare. Il raffolait des feuillages et des succulentes plantes aquatiques, herbes des marais et des les lacs. Ses larges sabots et ses longues pattes lui évitaient de s’embourber dans la vase des marécages ou sur le sol boueux des plaines alluviales. L’hiver, il survivait grâce à des herbacées plus indigestes, ou aux feuilles des hautes branches d’arbres poussant près des rivières, ses sabots et ses pattes le portant sans peine sur la neige que les rafales de vent entassaient dans les vallées.