by Jean M. Auel
— Grand Esprit du Lion des Cavernes, fit-elle avec ses mains, cette femme est reconnaissante de l’intérêt qu’on daigne lui accorder, reconnaissante d’avoir été choisie par le Puissant Lion de Cavernes. Mog-ur avait coutume de dire à cette femme que même s’il était difficile de vivre avec un esprit puissant, cela en valait la peine. Mog-Ur avait raison. Malgré les nombreuses épreuves, les bienfaits ont été à la hauteur des sacrifices. Cette femme est reconnaissante pour les dons de savoir et de compréhension qui lui ont été accordés. Cette femme est aussi reconnaissante pour l’homme que l’Esprit de son puissant totem a guidé vers elle, et qui ramène cette femme chez lui. L’homme ne connaît pas les Esprits du Clan, et il ne comprend pas qu’il a été aussi choisi par l’Esprit du Puissant Lion des Cavernes, mais cette femme est reconnaissante qu’il ait été jugé digne de considération.
Elle allait rouvrir les yeux quand elle se ravisa.
— Puissant Esprit du Lion des Cavernes, reprit-elle dans le même langage du Clan, Mog-ur a dit à cette femme que les esprits des totems ont besoin d’une demeure accueillante où ils puissent demeurer. Ce Voyage aura une fin, mais le peuple de l’homme ne connaît pas les esprits des totems du Clan. Le nouveau foyer de cette femme sera différent, mais l’homme honore l’esprit de tous les animaux et le peuple de l’homme connaît certainement et honore l’Esprit du Lion des Cavernes. Cette femme promet au Puissant Esprit du Lion des Cavernes qu’il sera toujours le bienvenu partout où cette femme sera accueillie. Quand Ayla ouvrit les yeux, elle vit que Jondalar l’observait.
— Tu semblais... très absorbée, je n’ai pas voulu te déranger, hasarda-t-il.
— Je... je pensais au Lion des Cavernes, mon totem, expliqua-t-elle. Et aussi à ton peuple. J’aimerais qu’il soit bien accueilli... là-bas.
— Les esprits des animaux sont les bienvenus auprès de Doni. C’est la Grande Terre Mère qui les a créés. Toutes les légendes en parlent.
— Les légendes ? Les histoires des anciens temps ?
— Oui, on peut les appeler comme ça, mais on les raconte dans un style particulier.
— Le Clan aussi avait ses légendes. J’adorais que Dorv les raconte. Mog-ur a appelé mon fils d’après le héros d’une de mes histoires préférées : la légende de Durc, annonça-t-elle avec fierté.
Jondalar parut surpris. Il n’arrivait pas à croire que ceux du Clan, les Têtes Plates, eussent leurs légendes. Il éprouvait certaines difficultés à se débarrasser des idées préconçues avec lesquelles il avait grandi, bien qu’il eût été obligé de se rendre à l’évidence que ce peuple était plus évolué qu’il ne paraissait. En fait, pourquoi n’auraient-ils pas leurs légendes ?
— Connais-tu des légendes de la Terre Mère ? demanda Ayla.
— Oui, je me souviens de bribes. On les récite d’une façon spéciale pour se les rappeler plus facilement, mais seuls certains zelandoni les connaissent toutes.
Il se concentra quelques instants avant d’entonner un chant mélodieux :
De son ventre, des eaux jaillirent, emplissant mers et ruisseaux,
Inondant les terres où surgirent des arbrisseaux.
De chaque goutte une herbe, une feuille, naquit,
Et bientôt, de verdure la terre se recouvrit.
— Oh, comme c’est beau ! s’écria Ayla, ravie. J’aime la mélodie. On dirait les rythmes des chansons mamutoï. On doit s’en souvenir facilement.
— On chante souvent celle-là. Chaque peuple la chante à sa manière, mais les paroles restent les mêmes. Il y a des personnes capables de chanter l’histoire entière, et toutes les légendes qui s’y rapportent.
— En connais-tu d’autres ?
— Quelques-unes. Je les ai toutes entendues, et je connais le fil de l’histoire, mais les vers sont longs, il y en a trop à retenir. Le début raconte la solitude de Doni et comment Elle donne naissance au soleil, Bali, « la grande joie de la Mère », un fils magnifique et très brillant. Ensuite, Elle le perd et Elle se retrouve encore seule. La lune, Lumi, est son amant, et c’est aussi Elle qui l’a créé. Cette partie est une légende qui s’adresse aux femmes, elle parle des périodes lunaires et raconte comment on devient femme. D’autres légendes expliquent comment Elle a donné naissance à l’esprit des animaux, à l’esprit de l’homme et de la femme, et à tous les Enfants de la Terre.
Loup jappa, un jappement de jeune chiot qui a envie qu’on s’occupe de lui et qu’il avait déjà utilisé avec succès, ce qui l’incitait à s’en servir encore bien qu’il en eût passé l’âge. Jondalar et Ayla se retournèrent et comprirent la cause de son agitation. Plus bas, dans la verte vallée alluviale, un petit troupeau d’aurochs venait de se montrer. Les bœufs sauvages étaient énormes, leurs cornes ramassées et leur toison épaisse, d’un roux si foncé qu’il en était presque noir. On comptait dans ce troupeau deux ou trois bœufs tachetés de blanc à la tête et à l’avant-train, aberrations génétiques fréquentes chez les aurochs.
Ayla et Jondalar se regardèrent, et d’un commun accord ils appelèrent les chevaux. Après avoir déchargé Whinney et Rapide des paniers qu’ils rangèrent à l’intérieur de l’abri, ils s’armèrent de leur propulseur et de quelques sagaies et enfourchèrent leur monture. Comme il approchait du troupeau, Jondalar s’arrêta pour étudier la situation et décider d’une tactique. Ayla fit halte à sa hauteur. Elle connaissait bien les carnassiers, surtout les petits – même si elle avait également chassé des lynx et une hyène des cavernes énorme et puissante, et vécu avec un lion, et à présent un loup – mais les ruminants ne lui étaient pas familiers. Elle en avait chassé, à sa manière, quand elle vivait seule. Jondalar, lui, les chassait depuis son enfance et pouvait se prévaloir d’une plus grande expérience.
Peut-être parce qu’elle était entrée en relation avec son totem, et avec le monde des esprits, en tout cas Ayla considérait le troupeau avec un sentiment d’incrédulité. Comment ? Ils venaient juste de se convaincre que la Mère ne se fâcherait pas s’ils restaient quelques jours dans la grotte le temps de remplacer leurs pertes et de trouver de quoi remplir leur garde-manger, et un troupeau d’aurochs apparaissait comme par enchantement. Ayla ne croyait pas en une heureuse coïncidence. Elle se demandait si ce n’était pas plutôt un signe de la Mère, ou encore de son totem.
Il n’y avait pourtant là rien d’extraordinaire. Toute l’année, surtout à la saison chaude, divers animaux, en troupeau ou solitaires, traversaient les forêts et les riches pâturages des vallées alluviales. Où que ce soit le long d’un fleuve important, on voyait couramment toute sortes d’animaux se reposer quelques jours, et pendant certaines saisons de véritables défilés ininterrompus traversaient les rivières. Cette fois il s’agissait d’un troupeau de bovins sauvages, exactement ce dont ils avaient besoin.
— Ayla, tu vois la femelle, là-bas ? demanda Jondalar. Celle qui a la tache blanche ?
— Oui.
— C’est elle qu’il nous faut. Elle est adulte, mais pas trop vieille d’après la taille de ses cornes. Et elle est seule.
Ayla eut une bouffée de reconnaissance. Maintenant, elle était sûre qu’il s’agissait d’un signe. Jondalar avait choisi celle qui était différente ! La vache tachetée ! A chaque tournant de sa vie, après moult tentatives pour expliquer ou rationaliser son choix, son totem l’avait confirmé en lui envoyant un signe, un objet ou un indice marquant une différence. Petite fille, Creb lui avait expliqué le sens de ces signes et l’avait incitée à les écouter. La plupart des objets qu’elle portait autour du cou dans une bourse décorée étaient des signes de son totem. La soudaine apparition du troupeau d’aurochs, suivant immédiatement leur décision de rester dans l’abri, et la vache choisie par Jondalar, tout cela ressemblait étrangement aux signes d’un totem.
Bien que la décision de rester dans ce Camp ne fût pas l’aboutissement d’une hésitation tourmentée de sa part, c’était malgré tout une décision importante requérant une profonde réflexion. Ce Camp était le foyer d’hiver d’un groupe de personne
s qui avaient invoqué la Mère pour qu’elle le gardât pendant leur absence. Bien que la nécessaire survie autorisât un étranger de passage à s’y réfugier en cas de besoin, on ne pouvait pas utiliser cet abri sans raison valable. Nul ne pouvait encourir à la légère les foudres de la Mère.
La terre était abondamment peuplée de créatures vivantes. Dans leur voyage, ils avaient rencontré d’innombrables variétés d’animaux, mais aucun être humain. Dans un monde où l’homme était si rare, il était réconfortant de penser qu’un royaume d’esprits invisibles connaissait leur existence, surveillait leurs actions et guidait parfois leurs pas. Même un esprit sévère ou inamical, assez concerné pour exiger des actes de pénitence, était préférable à la froide indifférence d’un monde dur et sans pitié, où leur vie ne dépendait que d’eux-mêmes et où ils n’avaient personne vers qui se tourner, pas même en pensée.
Ayla en était arrivée à la conclusion que si leur chasse était couronnée de succès, ils auraient le droit d’utiliser le Camp, mais s’ils échouaient, il leur faudrait partir. On leur avait envoyé un signe, la vache tachetée, et pour mériter la récompense, ils devaient en venir à bout. Sinon, s’ils rataient leur chasse, cela signifierait qu’ils étaient dans leur tort, que la Mère ne leur permettait pas de rester. Dans ce cas, ils devraient partir sur-le-champ. La jeune femme s’interrogeait sur leurs chances de succès.
9
Jondalar étudia la disposition du troupeau. Les aurochs, éparpillés entre le pied de la colline et la rive, paissaient dans des pâturages verdoyants parsemés de buissons et d’arbres. Jondalar choisit la femelle isolée dans un pré par un rideau d’aulnes et de bouleaux qui partait du pied de la colline avant de s’éclaircir et de laisser place à une bande de terre marécageuse envahie de grands roseaux et de massettes.
— Traverse les roseaux et poste-toi près du marécage, décida Jondalar. Moi, je passerai par cette trouée dans les aulnes pour la rabattre vers toi.
Ayla approuva le plan d’attaque et descendit de cheval pour attacher le long étui de cuir brut aux lanières qui retenaient la couverture de daim sur le dos de Whinney et qui contenait plusieurs sagaies aux fines pointes en os, polies, aiguisées et fendues à la base pour se fixer sur la hampe. Chaque sagaie, empennée de deux plumes droites, avait une entaille à sa base.
De son côté, Jondalar prit une sagaie dans son propre étui qu’il portait en bandoulière. Il avait conservé cette habitude de l’époque où il ne chassait qu’à pied. Toutefois, pendant les longues marches, il portait un sac au dos sur les côtés duquel étaient fixées ses sagaies. Il plaça la sagaie dans son propulseur, prêt à tirer.
Jondalar avait inventé le propulseur pendant l’été passé avec Ayla, dans sa vallée. C’était une innovation totale, une création de pur génie due à son sens technique inné et à une intuition de principes physiques qui ne seraient pas définis ni codifiés avant des centaines de siècles. Ingénieux dans son principe, le propulseur était pourtant d’une extrême simplicité.
On plaçait la sagaie sur l’engin, l’encoche reposant sur le crochet d’arrêt. L’index et le majeur engagés dans les anneaux de cuir, à l’avant du propulseur, à un point d’équilibre en retrait du milieu de la sagaie, plus longue que son support, et on tenait l’engin à l’horizontale. Mais tout l’intérêt résidait dans le lancement de la sagaie. En maintenant fermement l’avant de l’engin quand on projetait l’arme, l’arrière du propulseur s’élevait, et démultipliait l’extension du bras, accroissant l’effet de levier et la vitesse, avec pour résultat un gain de puissance, donc un jet plus long.
Avec un propulseur ou à main nue, le geste du lancer restait le même, mais les résultats étaient incomparables. La sagaie allait deux fois plus loin, avec une force d’impact bien supérieure.
L’invention de Jondalar utilisait un artifice mécanique pour transmettre et amplifier la force, mais ce n’était pas la première application de ce principe. Son peuple, inventif par tradition, utilisait des moyens analogues dans d’autres domaines. Ainsi, un silex bien aiguisé constituait déjà un outil tranchant, mais au bout d’un manche il donnait à l’utilisateur un surcroît de force et de précision. L’idée, simple en elle-même, d’ajouter un manche à une lame – couteau, hache, herminette, ou autres outils pour couper, creuser, percer ; un manche plus long pour les pelles et les râteaux, et même un manche détachable pour lancer une sagaie – décuplait leur efficacité. Ce n’était pas une trouvaille quelconque, c’était une invention capitale qui rendait le travail plus facile et la survie moins aléatoire.
Ceux qui les avaient précédés avaient inventé ou amélioré divers instruments, mais des gens comme Jondalar et Ayla étaient les premiers à apporter de telles innovations décisives. Ils étaient déjà capables d’abstraction. Ils savaient concevoir l’application directe d’une idée. A partir d’instruments fonctionnant avec des principes avancés, intuitivement compris, ils tiraient les conclusions logiques et les appliquaient dans d’autres circonstances. Ils n’inventaient pas seulement des outils utiles, ils découvraient la science. Avec ces mêmes pouvoirs de créativité et d’abstraction, ils étaient les premiers à voir le monde extérieur sous des formes symboliques, les premiers à en extraire l’essence et à la reproduire. Ils étaient à l’origine de l’art.
Son étui en place, Ayla enfourcha sa monture. Voyant que Jondalar avait préparé son propulseur, elle l’imita et se dirigea vers le lieu qu’il lui avait indiqué. Le troupeau de bœufs sauvages se déplaçait lentement tout en broutant. La vache qu’ils avaient choisie avait changé de pâturage, une autre et un taurillon l’avaient rejointe. Ayla longea la rivière, guidant Whinney d’une pression des genoux ou des jambes, accompagnée le plus souvent d’un mouvement du corps. En approchant de leur proie, elle aperçut Jondalar qui traversait le pré à sa rencontre. Les trois aurochs étaient pris en tenaille.
Jondalar leva le bras qui tenait le propulseur, espérant qu’Ayla comprendrait qu’il lui demandait d’attendre. Il se reprochait de n’avoir pas élaboré une stratégie plus précise, mais d’un autre côté, il était préférable de ne jamais définir de plan trop strict. Tout dépendait de la situation et de la réaction de la proie. Les deux aurochs qui paissaient aux côtés de la vache tachetée compliquaient la tâche, mais rien ne pressait. Leur présence ne semblait pas les alarmer et il voulait n’attaquer qu’à coup sûr.
Soudain, les aurochs levèrent la tête et leur indifférence placide se mua en inquiétude. D’abord surpris, Jondalar sentit la colère monter en lui lorsqu’il découvrit la cause de leur réaction. La langue pendante, Loup avançait vers les aurochs l’air à la fois menaçant et joueur. Ayla ne s’en était pas encore rendu compte et Jondalar dut se retenir de lui crier de rappeler son louveteau. Un cri aurait effrayé les bêtes et les aurait probablement fait fuir. Il attira l’attention de sa compagne en agitant la main, et lui désigna Loup de sa sagaie.
Ayla aperçut Loup, mais elle n’était pas sûre des intentions de Jondalar et elle lui demanda de lui expliquer ce qu’il attendait d’elle en utilisant les signes du Clan. Bien qu’il en connût les rudiments, Jondalar ne comprit pas qu’Ayla lui parlait en langage du Clan. Il se demandait surtout comment retourner une situation largement compromise. Les vaches s’étaient mises à meugler, et le taurillon, sensible à leur peur, s’était joint au concert. On les sentait prêts à fuir. Ce qui s’était annoncé comme une chasse sans problème se transformait en débâcle.
Avant que les choses n’empirent, Jondalar lança Rapide. Apercevant le cheval au galop, la vache à la robe unie s’enfuit vers les fourrés. Le taurillon la suivit en beuglant. Ayla attendit d’être sûre que Jondalar poursuivait bien la vache tachetée, et à son tour elle lança Whinney sur la proie. Celle-ci, plantée au milieu du pré, les regardait arriver en meuglant avec inquiétude, lorsque soudain, elle détala vers le marécage. Ils se précipitèrent à sa poursuite, mais comme ils la rejoignaient, la bête affolée fit volte-face et fonça entre les deux cavaliers, droit vers les
arbres de l’autre côté du pré.
D’un rapide mouvement du corps, Ayla poussa Whinney dans la même direction. La jument était habituée à de tels changements. Ayla avait déjà une grande pratique de la chasse à cheval, même si elle choisissait d’habitude des proies plus petites qu’elle abattait de sa fronde. Jondalar était plus à la peine. Les rênes ne transmettaient pas ses ordres assez vite et, moins expérimenté, il synchronisait mal les mouvements de son corps. Après quelques hésitations, le cheval et son cavalier fondirent à leur tour sur la vache tachetée.
La vache fonçait à toute allure vers le fourré broussailleux. Qu’elle s’y réfugiât et il serait difficile de la suivre. Elle risquait donc de leur échapper. Ayla et Whinney, avec derrière eux Jondalar sur Rapide, gagnaient du terrain, mais les ruminants ne devaient compter que sur la rapidité pour assurer leur survie, et les bovins sauvages couraient presque aussi vite que les chevaux.
Jondalar poussa Rapide qui accéléra aussitôt. Tout en préparant son propulseur, Jondalar rejoignit Ayla, et la dépassa. Mais à un signe imperceptible de la jeune femme, Whinney allongea son galop. Ayla aussi avait son arme prête, et même au triple galop son aisance et sa grâce étaient remarquables, fruits d’une longue expérience et d’années de dressage spontané. Les signaux qu’elle adressait à sa monture étaient comme des extensions de son propre corps et non comme des ordres. Il lui suffisait de penser à la direction à prendre pour que la jument comprît. Si grande était leur complicité qu’Ayla ne se rendait pas compte que ses pensées s’accompagnaient de mouvements subtils, immédiatement enregistrés par l’intelligente Whinney.
Au moment même où Ayla armait son lancer, Loup avait rattrapé la vache. Celle-ci, un instant distraite par ce prédateur familier, dévia légèrement sa trajectoire et ralentit. Le loup bondit sur l’énorme aurochs qui lui fit face pour le menacer de ses cornes massives. Le loup recula, puis s’élança de nouveau, et, cherchant un point vulnérable, planta ses crocs acérés de toute la force de ses puissantes mâchoires dans le museau fragile de la vache. L’énorme bête redressa la tête en soulevant Loup, et le secoua pour lui faire lâcher prise. Ballotté comme un vulgaire sac de fourrure, l’intrépide canin tint bon.