LE GRAND VOYAGE

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LE GRAND VOYAGE Page 33

by Jean M. Auel


  — Et voilà ! Zelandoni serait contente que je m’en souvienne.

  — Oh, Jondalar, comme c’est beau ! J’aime la mélodie, et les paroles sont émouvantes.

  Elle ferma les yeux et récita les vers plusieurs fois. En l’écoutant, Jondalar fut de nouveau impressionné par sa mémoire prodigieuse. Elle ne les avait entendus qu’une fois et pourtant elle s’en souvenait déjà. Il enviait sa mémoire, et son don pour les langues.

  — Ce n’est qu’une légende, n’est-ce pas ? Ce n’est pas la réalité ?

  — Qu’est-ce qui n’est pas la réalité ? demanda Jondalar.

  — Les étoiles ne sont pas le lait de la Mère ?

  — Les étoiles ne sont peut-être pas du lait, mais il y a du vrai dans cette légende.

  — Que signifie-t-elle ?

  — Elle raconte le commencement des choses, et d’où nous venons. La légende explique que la Grande Terre Mère nous a créés, que nous sommes issus de Son corps, qu’Elle habite avec le soleil et la lune, dont Elle est la Grande Mère comme Elle est la nôtre. Elle dit aussi que les étoiles font partie de Son univers.

  — Oui, il y a peut-être du vrai dans tout ça, admit Ayla.

  Elle aimait les légendes et elle fut impatiente de rencontrer cette Zelandoni pour qu’elle lui raconte toutes celles de son peuple.

  — Creb m’a dit que les étoiles étaient les foyers de ceux qui vivent dans le monde des esprits, de tous ceux qui s’en sont allés, et de tous ceux à venir, reprit Ayla. Elles abritent aussi les esprits des totems.

  — Oui, il y a peut-être du vrai là-dedans aussi, concéda Jondalar en songeant que les Têtes Plates avaient décidément beaucoup en commun avec les humains. Comment pouvait-on les prendre pour des bêtes ?

  — Un jour, poursuivit Ayla, Creb m’a montré où était le foyer de mon totem, le Grand Lion des Cavernes.

  Elle étouffa un bâillement et se tourna sur le côté.

  Ayla s’efforçait de voir où elle se dirigeait, mais les énormes troncs d’arbres moussus lui bouchaient la vue. Elle continua son ascension sans savoir où elle allait, et ne souhaitant qu’une chose : s’arrêter et se reposer. Ah, si seulement elle pouvait s’asseoir ! A ses pieds, une bûche accueillante semblait n’attendre qu’elle. Ah, si elle pouvait l’atteindre, mais la bûche semblait reculer à mesure qu’Ayla avançait. L’instant d’après, elle était assise dessus, mais la bûche se désintégra en poussière grouillante de vers. Ayla tomba dans un gouffre, s’accrochant désespérément à la terre pour remonter à la surface.

  Elle n’était plus dans la forêt épaisse. Elle grimpait un sentier escarpé et familier à travers un petit bois. En haut, à flanc de montagne, une famille de cerfs paissait dans une prairie bordée de buissons de noisetiers. Ayla avait peur. Les buissons dissimulaient un abri, mais elle n’en trouvait pas l’entrée. Les noisetiers poussaient, poussaient, atteignant la taille d’arbres immenses, recouverts de mousse. Elle essaya de se repérer, mais elle ne voyait que des arbres, et encore des arbres, et l’obscurité tombait. Elle tremblait de peur, mais elle aperçut alors quelqu’un bouger au loin.

  C’était Creb, devant l’entrée d’une petite grotte, et il l’empêchait de passer en lui faisant signe de partir. Ce n’était pas sa grotte, et elle devait se trouver un endroit à elle. Il lui indiqua son chemin, mais il faisait trop sombre pour qu’elle comprît ses gestes. Elle savait seulement qu’elle devait partir. Alors, de sa main valide, Creb lui désigna la voie.

  Lorsqu’elle releva la tête, les arbres avaient disparu. Elle reprit son ascension vers la grotte. Elle ne l’avait jamais vue, et pourtant c’était une grotte étrangement familière, et au-dessus, elle apercevait la forme d’un rocher en équilibre. Lorsqu’elle se retourna, Creb s’en allait. Elle l’appela, le supplia :

  — Creb ! Creb ! Oh, Creb, reste !

  — Ayla ! Réveille-toi ! Ayla, tu rêves ! disait Jondalar en la secouant gentiment.

  Ayla ouvrit les yeux, mais le feu s’était éteint, et elle ne vit que l’obscurité. Elle s’accrocha à Jondalar.

  — Oh, Jondalar, c’était Creb. Il m’empêchait de passer, il ne voulait pas que je rentre, il ne voulait pas que je reste. Il me disait quelque chose, mais il faisait trop noir pour que je voie ses signes. Il me montrait une grotte qui m’était familière, mais il ne voulait pas rester. Jondalar la prit dans ses bras et la rassura. Elle tremblait.

  — La grotte ! s’écria-t-elle soudain en se redressant. Celle dont il bouchait l’entrée, c’était ma grotte. C’est là que je suis allée après la naissance de Durc, quand j’ai eu peur qu’ils m’empêchent de le garder.

  — Les rêves sont souvent confus, tu sais. Une zelandoni arrive à les interpréter, de temps en temps. C’est peut-être parce que tu regrettes d’avoir abandonné ton fils.

  — Oui, peut-être.

  Elle ne regrettait rien, mais si c’était vraiment le sens de son rêve, pourquoi le faire maintenant ? Pourquoi pas après qu’ils eurent contemplé la mer de Beran, quand elle avait adressé un dernier adieu à Durc ? Quelque chose lui suggérait que son rêve signifiait davantage que cela. Lorsqu’elle se réveilla pour la deuxième fois, il faisait jour. L’épais feuillage de la forêt tamisait la lumière du soleil.

  Au matin, Ayla et Jondalar repartirent à pied vers le nord. Ils nouèrent les perches ensemble, attachèrent le canot au milieu, et portant chacun une extrémité des perches, ils purent contourner les obstacles plus facilement que la jument. Les chevaux, chargés seulement des paniers, purent ainsi se reposer. Mais Rapide, livré à lui-même, avait tendance à s’arrêter pour picoter les feuilles des jeunes rejets, à défaut de pâturage. Reniflant l’herbe tendre d’une petite clairière qu’une tornade avait créée en couchant les arbres, permettant ainsi au soleil de percer, il fit même un large détour.

  Jondalar, fatigué de lui courir après, essaya de tenir la longe de l’étalon en même temps que les perches, mais il avait du mal à tout surveiller en même temps : les changements de direction d’Ayla, l’endroit où il mettait les pieds, et faire attention à ne pas entraîner Rapide dans un trou, ou pire encore. Il aurait tant voulu que l’étalon, à l’instar de Whinney, le suive sans longe ni harnais. Finalement, quand par mégarde il heurta assez violemment Ayla avec les perches, elle lui fit une suggestion.

  — Pourquoi ne pas attacher Rapide à Whinney ? proposa-t-elle. Elle a l’habitude de me suivre, elle fait attention où elle passe et elle guidera Rapide. Il la suit partout. Comme ça, tu n’auras pas à t’occuper de lui et tu pourras te concentrer sur les perches.

  Jondalar parut perplexe. Puis son visage s’éclaira.

  — Pourquoi n’y ai-je pas pensé plus tôt ! s’exclama-t-il, ravi.

  Ils grimpaient depuis longtemps. La pente devint soudain plus raide et la forêt changea brutalement. Les bois s’éclaircirent et on ne vit plus de grands caducifoliés[10]. Les sapins et les épicéas formaient la base de la nouvelle sylve. S’y mêlaient quelques rares bois durs, plus petits que leurs cousins d’en bas.

  Ils atteignirent le haut d’une crête d’où ils dominèrent un vaste plateau qui descendait en pente douce avant de se stabiliser. En haut du plateau, s’étendait une forêt de conifères, sapins, épicéas et pins, dont le vert foncé était rehaussé par la présence de quelques mélèzes aux aiguilles virant sur le jaune doré. Le paysage était illuminé par l’or des prairies éclaboussées du bleu du ciel et du blanc des nuages qui se reflétaient dans de petits lacs. Un rapide cours d’eau partageait l’espace, alimenté par des torrents qui tombaient en cascades de la montagne au loin. Et au-delà, montait jusqu’au ciel un pic couronné de blanc que les nuages masquaient en partie. C’était un spectacle à couper le souffle.

  Il paraissait si proche qu’Ayla avait l’impression de pouvoir le toucher. Derrière elle, le soleil illuminait les couleurs et les reliefs de la pierre ; des roches ocre saillaient de murs gris pâle ; des parois presque blanches contrastaient avec le gris foncé d’étranges colonnes droites et anguleuses surgies du cœur en fus
ion de la terre. Et au-dessus, scintillaient les glaces bleu-vert d’un glacier auquel les neiges éternelles donnaient un écrin nacré. Soudain, comme par magie, le soleil et les nuages de pluie s’associèrent pour créer un arc-en-ciel qui enjamba la montagne.

  Émerveillés par tant de beauté, les deux voyageurs buvaient littéralement des yeux ce spectacle d’une sérénité grandiose. Ayla n’était pas loin de penser que l’arc-en-ciel était un signe de bienvenue, et elle nota que l’air était délicieusement frais et pur. Elle poussa un soupir de soulagement à l’idée d’être débarrassée de la chaleur mortelle de la plaine, et des moucherons infernaux. Elle aurait volontiers mis un terme à son Voyage, tant ce haut plateau était l’endroit rêvé pour s’y installer.

  Elle se tourna vers Jondalar, le visage radieux. Il fut d’abord frappé par l’intensité de son bonheur, de son ravissement, et de son envie de vivre dans ce lieu merveilleux. L’émotion et la joie qui illuminaient Ayla la rendaient si belle et si désirable que Jondalar voulut la prendre sur-le-champ, et ce désir urgent transparut dans ses yeux d’un bleu profond. Ayla sentit la force de cet amour qui répondait au sien.

  Chacun sur leur monture, ils se dévoraient du regard, fascinés par des sentiments aussi impérieux qu’inexplicables : leur désir commun de partager des émotions intimes ; le rayonnement de chacun offert à l’autre ; et la force de leur amour. Inconsciemment, ils tentèrent de se rapprocher l’un de l’autre. Les chevaux interprétèrent mal leur mouvement. Whinney, suivie de Rapide, commença à descendre la colline, sortant les cavaliers de leur envoûtement. Attendris, et amusés par leur méprise, Ayla et Jondalar échangèrent un regard plein de promesses, et se laissèrent guider par les chevaux jusqu’au pied de la colline. Là, ils tournèrent vers le nord-ouest pour longer le plateau.

  Par une fraîche matinée où les premières gelées annonçaient le prochain changement de saison, ce qu’Ayla accueillit avec soulagement, Jondalar reconnut les alentours du territoire des Sharamudoï. Les collines boisées rappelaient à Ayla les forêts de son enfance, et elle s’attendait toujours à tomber sur un paysage connu. Tout semblait familier : les arbres, les plantes, les prés, la disposition des sols. Plus elle avançait, plus elle se sentait chez elle.

  A la vue de noisettes dans leur cupule verte, à peine mûres, comme elle les préférait, elle ne put s’empêcher de descendre de cheval pour en cueillir. Elle brisa quelques coquilles avec ses dents, et soudain, elle comprit pourquoi elle se sentait chez elle. La ressemblance avec la région montagneuse de la péninsule était frappante, on se serait cru près de la caverne du clan de Brun. Elle avait grandi dans un lieu quasi identique.

  Jondalar, pour d’autres raisons, trouvait aussi l’endroit familier, et les traces qui menaient à un sentier longeant une falaise lui confirmèrent qu’ils approchaient du campement. Il avait peine à retenir son impatience, et quand Ayla s’arrêta près d’un monceau de ronces aux longs stolons bardés d’aiguillons, aux branches croulant de mûres tendres et juteuses, il la soupçonna de les retarder volontairement.

  — Jondalar ! s’écria-t-elle en se laissant glisser du dos de Whinney. Attends, des mûres ! Regarde !

  — Nous sommes presque arrivés, Ayla. Viens.

  — Non, attends. Emportons-en avec nous, suggéra-t-elle, la bouche pleine. Je n’en ai pas vu d’aussi belles depuis que j’ai quitté le Clan. Goûte-les, Jondalar ! Elles sont délicieuses, non ?

  A force d’en cueillir à pleines poignées et de les engloutir voracement, ses mains et sa bouche étaient devenues violettes.

  — Ayla, si tu te voyais ! s’exclama-t-il en éclatant de rire. On dirait une petite fille.

  La scène lui paraissait si drôle qu’il avait oublié sa rancœur. Ayla, de son côté, ne pouvait rien lui répondre. Sa bouche était trop pleine.

  A son tour, il descendit cueillir des mûres, les trouva excellentes, et poursuivit sa collecte.

  — Je croyais que tu voulais en rapporter, s’interrompit-il après en avoir mangé de bonnes poignées. Mais nous n’avons rien pour les mettre.

  — Oh, que si ! fit-elle avec un sourire barbouillé, en ôtant son chapeau de paille conique qu’elle tapissa de feuilles. Tiens, sers-toi de ton chapeau.

  Ils avaient rempli les trois quarts de leur chapeau quand Loup se mit à gronder. Ils levèrent la tête et virent arriver du sentier un grand garçon qui les contemplait bouche bée, les yeux dilatés de peur à la vue du gros loup.

  — Darvo ? Darvo, c’est toi ? s’écria Jondalar en s’avançant vers le garçon. C’est moi, Jondalar ! Jondalar des Zelandonii !

  Jondalar avait parlé dans une langue qu’Ayla ne connaissait pas, bien que certains mots ou sons fussent proches du mamutoï. Elle vit avec amusement le visage du jeune homme passer de la terreur à l’incrédulité, puis à la joie.

  — Jondalar ! s’exclama-t-il. Que fais-tu ici ? Je croyais que je ne te reverrais jamais.

  Ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre. Jondalar se recula ensuite, saisit le nouveau venu par les épaules et l’étudia soigneusement.

  — Laisse-moi t’admirer. Grande Mère, comme tu as grandi !

  Ayla, frustrée de vie sociale depuis si longtemps, dévorait le garçon des yeux. Jondalar étreignit encore l’étranger, et Ayla devina leur sympathie mutuelle. Mais passées les premières embrassades, Darvo parut gêné. Il n’était plus un enfant, et autant il acceptait des retrouvailles chaleureuses, autant les démonstrations exubérantes de Jondalar lui paraissaient excessives, même venant de celui qui avait été l’homme de son foyer. Darvo regarda ensuite Ayla, puis le loup, et ses yeux s’agrandirent de peur. Il remarqua alors les chevaux quelques pas plus loin, les paniers suspendus à leurs flancs et les perches jaillissant du dos de Whinney. Il écarquilla les yeux de plus belle.

  — Euh... il vaut mieux que je te présente mes... mes amis, dit vivement Jondalar. Darvo des Sharamudoï, je te présente Ayla des Mamutoï.

  Ayla reconnut le ton des présentations rituelles, et comprit quelques mots. Elle fit signe à Loup de se tenir tranquille pendant qu’elle s’avançait vers le garçon, les deux mains tendues, paumes en l’air.

  — Je suis Darvo des Sharamudoï, dit le jeune homme en lui prenant les mains. (Et il ajouta dans la langue des Mamutoï :) Je te souhaite la bienvenue, Ayla des Mamutoï.

  — Ça alors ! s’extasia Jondalar. Tholie t’a rudement bien appris. Tu parles le mamutoï comme si c’était ta langue maternelle. Dois-je t’appeler Darvo, ou Darvalo, maintenant ?

  — Mon nom est Darvalo, Darvo était un nom d’enfant, avoua le jeune homme en rougissant. Mais tu peux continuer à m’appeler Darvo, si tu préfères. Après tout, c’est sous ce nom que tu m’as toujours connu.

  — Darvalo est un beau nom, assura Jondalar. Et je suis très content que tu aies continué les leçons de mamutoï avec Tholie.

  — Dolando trouvait l’idée très bonne. Il disait que j’aurais besoin de parler la langue pour faire du troc avec les Mamutoï au printemps prochain.

  — Veux-tu que je te présente Loup ? demanda Ayla.

  Le jeune homme sourcilla. Il n’avait jamais pensé qu’il se trouverait un jour nez à nez avec un loup, et l’avait encore moins souhaité. Mais Jondalar n’avait pas peur du redoutable carnassier, pas plus que la femme, d’ailleurs... L’accent d’Ayla le troublait, il différait de celui de Tholie. Les sons surtout étaient étranges.

  — Tends ta main, qu’il puisse la sentir. Loup a besoin de s’habituer à ton odeur, expliqua Ayla.

  Darvalo n’était pas sûr d’avoir envie d’approcher sa main de la gueule du loup, mais il était trop tard pour reculer. Il avança donc sa main à contrecœur. Loup la renifla, et à la grande surprise du garçon, la lécha. La langue était chaude et humide. La bête ne lui faisait aucun mal. C’était même plutôt agréable. Darvalo regarda tour à tour la femme et l’animal. Ayla avait passé un bras autour du loup et lui flattait la tête de son autre main. Caresser la tête d’un loup ! Darvalo n’en croyait pas ses yeux.

  — Aimerais-
tu toucher sa fourrure ? demanda Ayla.

  Darvalo allait de surprise en surprise. Il approcha la main, mais Loup se recula.

  — Attends, fit Ayla, qui prit la main du garçon et la posa d’un geste décidé sur la tête de Loup. Il aime bien qu’on le gratte. Regarde, comme ça, lui montra-t-elle.

  Une puce dérangea le quadrupède, à moins que le grattement ne lui ait provoqué une démangeaison. Toujours est-il qu’il s’assit sur son arrière-train, et se gratta énergiquement l’oreille avec sa patte arrière, ce qui arracha un sourire à Darvalo. Il n’avait jamais vu un loup pris d’une telle frénésie.

  — Tu vois, je t’avais dit qu’il aimait bien qu’on le gratte. C’est comme les chevaux, déclara Ayla en appelant Whinney.

  Darvalo coula un regard furtif vers Jondalar. Il le vit sourire comme s’il trouvait normal qu’une femme caressât ou grattât des loups et des chevaux.

  — Darvalo des Sharamudoï, je te présente Whinney.

  — Tu parles aux chevaux ? s’étonna Darvalo, de plus en plus dérouté.

  — Tout le monde peut parler à un cheval, mais il n’écoute pas n’importe qui, expliqua Ayla. Il faut d’abord l’apprivoiser. C’est parce Jondalar l’a connu tout petit que Rapide l’écoute.

  Darvalo se retourna et eut un brusque mouvement de recul en voyant Jondalar perché sur le dos de Rapide.

  — Mais... mais tu es assis sur cette bête ! s’exclama-t-il.

  — Bien sûr que je suis assis sur Rapide ! répliqua Jondalar, amusé. Il me laisse faire parce qu’il me connaît, Darvo... euh, Darvalo. Je peux même rester sur lui quand il galope, et il va vite, je te jure.

  Le jeune homme était sur le point de décamper... à toute vitesse, lui aussi.

  — A propos de ces animaux, reprit Jondalar se laissant glisser du dos de Rapide, il faut que tu nous aides. (Le garçon le regarda pétrifié, prêt à prendre ses jambes à son cou.) Nous voyageons depuis longtemps et j’ai hâte de revoir Dolando, Roshario, et tous les autres, mais je ne veux pas qu’ils s’effraient en voyant les bêtes. Ils n’ont pas l’habitude, tu comprends. Accepterais-tu de nous accompagner, Darvalo ? S’ils s’aperçoivent que tu n’as pas peur, ils seront moins inquiets. Qu’en dis-tu ?

 

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