LE GRAND VOYAGE

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LE GRAND VOYAGE Page 47

by Jean M. Auel


  Cette fois, il n’y avait pas de retour possible, aucun espoir auquel se raccrocher. Leurs voies se séparaient, son fils partait d’un côté, et elle de l’autre. Iza le lui avait maintes fois répété : « Va et cherche ton peuple, trouve-toi un compagnon. » Son peuple l’avait acceptée, elle avait trouvé un homme qu’elle aimait, et qui lui rendait son amour. Mais que de pertes en échange. Et son fils en faisait partie. Elle devait assumer cet état de fait.

  En regardant les quatre hommes s’éloigner, Jondalar se sentait tout aussi mélancolique. Il avait vécu avec eux plusieurs années, c’étaient ses amis. Ils n’étaient pas liés à sa mère, et n’étaient pas de son sang, mais il se sentait plus proche d’eux que de sa propre famille. Sa promesse de retourner parmi son peuple éloignait de lui à jamais ceux qu’il considérait comme les siens, et une grande tristesse assombrit son cœur.

  Lorsque le dernier Sharamudoï eut disparu dans un tournant, Loup s’assit sur son arrière-train, leva la tête et poussa quelques cris aigus qui se transformèrent bientôt en un long hurlement plaintif qui déchira le silence de la belle matinée ensoleillée. Les quatre hommes reparurent un peu plus bas sur le sentier et comprenant l’adieu de Loup, saluèrent une dernière fois les voyageurs. Soudain, on entendit, comme en écho, le hurlement d’un autre loup. Markeno chercha des yeux l’auteur de ce deuxième adieu avant de disparaître une dernière fois dans le sentier. Ayla et Jondalar se tournèrent face à la chaîne de montagnes donc les pics glacés étincelaient de reflets bleu-vert.

  Moins haute que la chaîne occidentale, celle qu’ils traversaient s’était pourtant formée à la même époque récente, toute relative vu la lenteur des mouvements de l’épaisse croûte terrestre flottant sur le magma incandescent du globe. Au cours de l’orogenèse du continent, des soulèvements et des plissements de terrain avaient dessiné des chaînes parallèles. Le relief accidenté de l’extrémité orientale de la nouvelle chaîne montagneuse où ils se trouvaient était revêtu d’un manteau de verdure.

  Une ceinture de caducifoliés les séparait des plaines où perdurait la douceur de l’été, pendant qu’en altitude le froid s’installait. La forêt mixte se composait surtout de chênes, de hêtres, de charmes et d’érables. Les feuillages changeaient déjà de couleurs et adoptaient tous les tons de rouge et de jaune que rehaussait le vert profond des épicéas semper virens[16] regroupés tout en haut. Un manteau de conifères, comprenant non seulement des épicéas, mais des ifs, des pins, des sapins et des mélèzes aux aiguilles caduques, enveloppait les rondes épaules des plus bas sommets et recouvrait les pentes abruptes des hautes cimes. Là, de subtiles variations de vert mettaient en valeur le vert tirant sur le jaune des mélèzes. Au-dessus de la ligne forestière, un collier de pâturages alpins blanchissait sous la première neige et, couronnant le tout, le casque de glace bleutée surgissait dans toute sa splendeur.

  La chaleur qui balayait les plaines du souffle éphémère de l’été s’évanouissait lentement, remplacée par l’étreinte glaciale de l’hiver. Bien qu’un radoucissement ait tempéré leur effet dévastateur – sur une période de plusieurs milliers d’années – les glaces se regroupaient pour un dernier assaut avant que leur retrait ne tourne en déroute des milliers d’années plus tard. Mais même pendant le répit précédant l’assaut final, les glaciers ne recouvraient pas seulement les bas sommets ou les flancs des hautes montagnes, ils emprisonnaient le continent entier dans leur étau.

  Dans un tel relief accidenté, et de surcroît encombrés par le bateau, Ayla et Jondalar avançaient plus souvent à pied qu’à cheval. Ils escaladaient des pentes escarpées, franchissaient des crêtes, traversaient des éboulis, et redescendaient des ravines abruptes, creusée au printemps par la fonte des neiges et par les torrents alimentés par des pluies diluviennes, fréquentes sur les montagnes méridionales. Dans certains lits, où l’eau suintait des couches de végétation en putréfaction, les chevaux comme les humains s’embourbaient dans la glaise collante. Des filets d’eau claire ruisselaient parfois, mais bientôt, avec l’automne, les ravines déborderaient de flots impétueux.

  Plus bas, dans les forêts feuillues, les broussailles gênaient leur progression, et ils devaient se frayer un chemin à travers les ronces ou contourner les halliers. Les branches rigides et les épineux couverts de mûres si délicieuses constituaient des obstacles infranchissables. Les ronces se prenaient dans les cheveux ou dans les poils, et déchiraient les vêtements et la peau des hommes comme celle des bêtes. Les épaisses toisons des chevaux des steppes, mieux adaptées aux vastes plaines glaciales, se prenaient facilement dans les épineux, et Loup, lui-même, avait son lot de bardanes et de brindilles.

  Ils furent soulagés d’atteindre enfin les forêts de conifères, où l’obscurité empêchait la végétation de se développer. Mais sur les pentes abruptes, le soleil perçait la voûte moins dense, et les sous-bois se garnissaient de nouveau de broussailles. Chevaucher dans les forêts de hautes futaies était tout aussi difficile. Les montures devaient contourner les obstacles incessants, et leurs cavaliers éviter les branches basses. La première nuit, ils campèrent sur un tertre, dans une petite clairière bordée de hauts résineux aux aiguilles d’un vert profond.

  Ils atteignirent la lisière de la forêt le deuxième jour, à la nuit tombante. Enfin libérés des broussailles qui les déchiraient, ils plantèrent leur tente dans un vaste pâturage, près d’un petit torrent. Déchargés de leurs paniers, les chevaux partirent brouter sans attendre. Le fourrage sec et grossier des terrains chauds de moindre altitude leur convenait, mais ils mangèrent avec délice la douce herbe grasse des verts alpages.

  Ils partagèrent leur pâturage avec un troupeau de cerfs dont les mâles s’acharnaient à frayer leurs andouillers sur les branches. Le rut automnal approchait et ils devaient libérer leurs cors de la mince couche de peau appelée velours, irriguée par de minuscules vaisseaux sanguins.

  — C’est bientôt leur saison des Plaisirs, remarqua Jondalar en installant le foyer. Les combats ne vont pas tarder.

  — Est-ce que les combats sont des Plaisirs pour les mâles ? demanda Ayla.

  — Je ne me suis jamais posé la question, mais pour certains c’est possible.

  — Tu aimes te battre ?

  Jondalar parut réfléchir.

  — J’ai eu mon compte de combats, assura-t-il enfin. Il arrive qu’on soit entraîné dans une bagarre, pour une raison ou une autre, mais je ne peux pas dire que j’aime ça. Pas si c’est sérieux, en tout cas. Pourtant, je n’ai rien contre la lutte par exemple.

  — Les hommes du Clan ne se battaient jamais entre eux, c’était interdit. Mais il y avait des concours de lutte. Les concours réservés aux femmes étaient différents.

  — C’est-à-dire ?

  — Les hommes s’enthousiasment davantage pour l’action, expliqua en souriant Ayla, après une longue réflexion. Les femmes, elles, s’intéressent à ce qu’elles fabriquent, les enfants notamment. C’est d’ailleurs une sorte de compétition assez subtile, dont chacune s’imagine la gagnante.

  Jondalar aperçut une famille de mouflons vers le haut de la montagne.

  — Tiens, voilà de vrais bagarreurs ! s’exclama-t-il en désignant les moutons sauvages dont les cornes énormes s’enroulaient en boucle. Quand ils foncent l’un sur l’autre tête baissée, le choc résonne comme un coup de tonnerre.

  — Quand les cerfs ou les béliers se battent à coups de cors ou de cornes, crois-tu que ce soit pour de vrai ? N’est-ce pas plutôt une sorte de compétition ?

  — Je ne sais pas. Il arrive qu’ils se blessent, mais c’est rare. Il y en a toujours un qui abandonne avant. Parfois ils brament et paradent, mais se séparent sans s’être battus. Oui, tu as raison, c’est peut-être une compétition. Mais dis-moi, femme, ajouta Jondalar en riant, tu poses des questions très intéressantes !

  Le soleil se cacha derrière les cimes et l’air frais se changea en brise glaciale. Dans la journée, une neige poudreuse, balayée par les vents, s’était abattue des sommets. Le soleil
l’avait fait fondre, mais elle s’était entassée dans les recoins ombreux, présageant une nuit froide et de futures chutes de neige.

  Loup disparut peu après qu’ils eurent dressé leur tente en peau de bête. Ne le voyant pas revenir à la nuit tombée, Ayla s’inquiéta.

  — Tu ne crois pas que je devrais siffler pour l’appeler ? demanda-t-elle quand ils furent sur le point de se coucher.

  — Enfin, Ayla ! Ce n’est pas la première fois qu’il part chasser tout seul. Chez les Sharamudoï, tu l’as gardé constamment près de toi. Tu n’es plus habituée à ses absences, voilà tout.

  — J’espère qu’il sera rentré demain matin, soupira Ayla qui se leva, essayant en vain de percer la pénombre qui entourait le camp.

  — Cesse donc de t’inquiéter, c’est un animal, il retrouvera son chemin. Viens t’asseoir. (Il remit une bûche dans le feu et regarda les étincelles jaillir en crépitant.) Regarde les étoiles, Ayla. En as-tu jamais vu autant ?

  Ayla leva la tête.

  — Oh, comme elles sont nombreuses ! s’exclama-t-elle. C’est sans doute parce que nous sommes plus près de la voûte et qu’on peut en voir davantage. Surtout les plus petites... à moins qu’elles ne soient plus petites parce qu’elles sont plus éloignées. Crois-tu que le ciel finisse jamais ?

  — Je n’en sais rien. Je n’y ai jamais songé. Comment le saurais-je ?

  — Est-ce que ta Zelandoni connaît la réponse ?

  — C’est possible, mais je ne suis pas sûr qu’elle la révélerait. Certaines choses sont réservées à Ceux Qui Servent la Mère. Tu as vraiment le don de poser des questions bizarres ! dit Jondalar, parcouru de frissons dont le froid n’était pas le seul responsable. Ça se rafraîchit, et nous devons partir tôt. Dolando annonçait les pluies pour bientôt. Cela signifie qu’il va sans doute neiger, là-haut. J’aimerais que nous soyons redescendus avant.

  — Je reviens tout de suite. Je veux m’assurer que Whinney et Rapide vont bien. Loup est peut-être avec eux.

  Plus tard, Ayla vint se glisser dans ses fourrures, toujours aussi inquiète. Elle tendait l’oreille au moindre bruit qui lui signalerait le retour de Loup, et sombra d’un coup dans le sommeil.

  Il faisait sombre. Trop sombre pour voir au-delà des quantités d’étoiles qui s’échappaient du feu et montaient dans le ciel nocturne, mais elle essayait tout de même. Alors, deux étoiles, deux points jaunes brillèrent dans la nuit. C’étaient des yeux. Les yeux d’un loup qui la regardait fixement. Il s’en alla, et elle comprit qu’il lui demandait de le suivre. Elle s’élança derrière lui, mais un ours énorme lui barra le chemin.

  L’ours se dressa sur ses pattes arrière et poussa un profond grognement, et elle recula, effrayée. Mais en regardant mieux, elle s’aperçut que ce n’était pas un ours. C’était Creb, le mog-ur, revêtu de son manteau en peau de bête.

  Elle entendit au loin son fils l’appeler. Derrière le grand sorcier, elle vit un loup. Ce n’était pas un loup ordinaire. C’était l’esprit du loup, le totem de Durc, et il voulait qu’elle le suive. L’esprit du loup se changea alors en Durc, et ce fut son fils qui lui demanda de le suivre. Il l’appela encore, mais quand elle s’apprêta à lui emboîter le pas, Creb l’en empêcha. Il désignait un point derrière elle.

  Elle se retourna et vit un sentier qui menait à une caverne. Le toit de la caverne était formé d’un surplomb de roche colorée qui saillait d’une falaise, au sommet de laquelle un étrange rocher en équilibre semblait s’être figé au moment de basculer dans le vide. Elle se retourna, Durc et Creb avaient disparu.

  — Creb ! Durc ! Où êtes-vous ? s’écria Ayla en se redressant brusquement.

  — Ayla, tu as encore rêvé, dit Jondalar en s’asseyant, lui aussi.

  — Ils sont partis. Pourquoi ne voulait-il pas que je les accompagne ? gémit Ayla, les larmes aux yeux, un sanglot dans la voix.

  — Ils sont partis, qui ça ? demanda Jondalar en l’enlaçant.

  — Durc, et Creb ne voulait pas que je le suive. Il m’a empêchée de passer. Pourquoi ? Oh, pourquoi ? se lamenta-t-elle en fondant en larmes dans les bras de Jondalar.

  — Ce n’était qu’un rêve, Ayla. Il a peut-être un sens, mais ce n’était qu’un rêve.

  — Oui, je sais que tu as raison, mais il semblait si réel.

  — Tu as pensé à ton fils, ces derniers temps ? demanda Jondalar.

  — Oui, je crois. Je me suis rendu compte que je ne le reverrais plus jamais.

  — C’est peut-être pour cela que tu as rêvé de lui. Zelandoni prétend qu’on doit essayer de retenir ce genre de rêves, et qu’un jour on en comprendra le sens, assura Jondalar en essayant de distinguer le visage d’Ayla dans l’obscurité. Allons, tâche de te rendormir.

  Ils restèrent encore longtemps éveillés. Le lendemain matin, un ciel couvert incita Jondalar à partir au plus vite. Mais Loup n’était toujours pas rentré. Pendant qu’ils repliaient la tente et chargeaient leurs bagages, Ayla le sifflait de temps en temps, mais il ne reparut pas.

  — Ayla, il faut partir. Il nous rattrapera comme d’habitude.

  — Je ne partirai pas sans savoir où il est, protesta-t-elle. Pars si tu veux, moi je vais le chercher.

  — Le chercher où cela ? Il peut être n’importe où.

  — Il est peut-être retourné au camp, il aimait beaucoup Shamio. On devrait y aller.

  — Ah, non, pas question ! On n’a pas fait tout ce chemin pour rien.

  — S’il le faut, j’irai, s’entêta Ayla. Je ne partirai pas sans Loup.

  En hochant la tête, Jondalar la regarda rebrousser chemin. Impossible de la faire changer d’avis. Dire qu’ils seraient déjà loin sans cette maudite bête ! S’il ne tenait qu’à lui, les Sharamudoï pouvaient bien garder Loup !

  Tout en marchant, Ayla sifflait de temps en temps, et soudain, alors qu’elle pénétrait dans la forêt, elle le vit apparaître à l’autre bout de la clairière et courir à sa rencontre. Il la renversa presque en sautant sur elle, la lécha et lui mordilla la joue.

  — Loup ! Enfin, te voilà ! Où étais-tu passé ? s’écria-t-elle en empoignant sa fourrure et en frottant sa tête contre la sienne, mordant ensuite sa mâchoire en retour. J’étais folle d’inquiétude, tu ne devrais pas disparaître comme ça.

  — On peut y aller, maintenant ? s’impatienta Jondalar. La matinée touche à sa fin.

  — Eh bien, il est revenu ! dit Ayla en enfourchant Whinney. Nous n’avons pas eu besoin de faire demi-tour. Par où allons-nous ? je suis prête !

  Ils traversèrent les pâturages sans dire un mot, en colère l’un contre l’autre, et parvinrent au pied d’une crête qu’ils longèrent, à la recherche d’un chemin praticable. Ils ne rencontrèrent qu’un passage escarpé, parsemé de rocs et où les pierres glissaient sous les pas. Trouvant la montée dangereuse, Jondalar poursuivit ses recherches. Sans les chevaux, ils auraient pu gravir la pente à différents endroits, mais avec eux il ne restait que le passage caillouteux.

  — Qu’en penses-tu, Ayla ? Les chevaux pourront-ils gravir ça ? A moins de redescendre et de contourner la colline ?

  — Je croyais que tu ne voulais pas faire demi-tour, surtout pour un animal ?

  — C’est vrai, excepté lorsque c’est indispensable. Si tu estimes que c’est trop dangereux pour les chevaux, nous ne prendrons pas de risques.

  — Et si c’est trop dangereux pour Loup ? On l’abandonnera ? Jondalar jugeait les chevaux utiles, mais Loup, qu’il aimait pourtant bien, ne valait pas la peine à ses yeux de retarder leur avance. A l’évidence, Ayla ne partageait pas son point de vue, et le conflit couvait. Sans doute son désir de rester chez les Sharamudoï renforçait sa mauvaise humeur. Jondalar espérait qu’à mesure qu’ils s’éloigneraient du camp, elle oublierait sa déception et partagerait aussi son impatience d’arriver à destination. En attendant, il ne voulait pas l’accabler davantage.

  — J’étais sûr qu’il nous rejoindrait, comme il le fait toujours. Je n’avais pas l’intention d’abandonner Loup, affirma-t-il, bien qu’il eût
été à deux doigts de le faire.

  Ayla ne le croyait pas tout à fait, mais ne supportait pas de se fâcher avec l’homme qu’elle aimait. Son anxiété disparue avec le retour de Loup, sa colère retomba. Elle descendit donc de cheval et testa la stabilité de la pente. Elle n’était pas certaine que les chevaux pussent la gravir, mais Jondalar avait bien précisé qu’ils chercheraient un autre passage en désespoir de cause.

  — Essayons, proposa-t-elle. Ça dérape moins qu’on le croit. S’ils n’y arrivent pas, nous ferons demi-tour et nous chercherons un autre endroit.

  Ils entreprirent donc d’escalader la pente qui s’avéra moins glissante que prévu. Il y eut bien quelques moments ardus mais l’aisance des chevaux les surprit. Contents d’avoir franchi cet obstacle, ils continuèrent de gravir la montagne et affrontèrent d’autres difficultés. Partageant la même inquiétude pour leurs montures, ils en avaient oublié leur dispute.

  Pour Loup, la pente fut un jeu d’enfant. Il l’avait escaladée en courant et était déjà redescendu pendant qu’ils menaient les chevaux avec de multiples précautions. Arrivée en haut, Ayla le siffla et attendit. Jondalar, qui l’observait, se rendit compte qu’elle s’angoissait davantage qu’avant pour le quadrupède. Surpris, il fut sur le point de lui demander des explications, mais se ravisa, craignant de la froisser. Il décida malgré tout de lui poser la question.

  — Ayla, est-ce que je me trompe, je te trouve plus inquiète au sujet de Loup ? Avant, tu le laissais volontiers aller à sa guise. Dis-moi ce qui te tracasse. Après tout, c’est toi qui souhaitais qu’on ne se cache rien.

  Ayla ferma les yeux et prit une profonde inspiration. Elle regarda ensuite Jondalar d’un air soucieux.

  — Tu as raison. Mais je ne cherche pas à te cacher quoi que ce soit, c’est moi qui ne veux pas voir les choses en face. Tu te souviens des cerfs qui frayaient leurs andouillers ?

  — Oui, pourquoi ?

  — Eh bien, j’ai peur que ce soit aussi la saison des Plaisirs pour les loups. Et je refuse d’y penser. C’est Tholie qui m’a mis cela dans la tête quand je racontais comment Bébé m’avait quittée. Elle m’a demandé si Loup ne risquait pas de faire pareil un jour ? Jondalar, je ne veux pas que Loup me quitte. C’est comme un fils pour moi, c’est mon enfant.

 

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