LE GRAND VOYAGE

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LE GRAND VOYAGE Page 66

by Jean M. Auel


  Lorsqu’il s’écoulait trop de temps entre deux visiteurs, Attaroa jouait avec les hommes du Camp. Mais après que les premiers eurent succombé à ses « Plaisirs », les autres refusèrent de jouer le jeu. Ils demandaient grâce, mais rien de plus. D’habitude, mais pas toujours, elle cédait à ceux dont une femme plaidait la cause. Certaines femmes se pliaient difficilement à la collaboration – c’était pourtant pour leur bien qu’Attaroa voulait éliminer les hommes – mais on pouvait heureusement les circonvenir en agissant sur les hommes auxquels elles étaient liées, si bien qu’Attaroa avait décidé de garder ceux-là en vie.

  Les visiteurs arrivaient d’ordinaire pendant la saison chaude. On se déplaçait peu durant l’hiver, et ceux du Voyage séjournaient dans un Camp. Ces derniers temps, peu de Voyageurs étaient passés, et pas un seul l’été précédent. Par le plus grand des hasards, quelques hommes avaient réussi à s’échapper, et des femmes s’étaient enfuies. Ils avaient prévenu les autres. Ceux qui entendaient leurs récits les répétaient ensuite comme s’il s’agissait d’une rumeur ou d’un conte de Voyageur, mais les rumeurs qui couraient sur les Louves cruelles s’étaient amplifiées et les gens n’approchaient plus.

  Attaroa s’était réjouie quand on avait ramené Jondalar, mais il s’était vite révélé plus entêté que ses propres hommes. Il refusait de jouer le jeu, et il ne lui donnait même pas la satisfaction de l’implorer. Sinon, elle l’aurait laissé vivre un peu, le temps de savourer le plaisir de le voir céder.

  A son commandement, ses Louves s’emparèrent de Jondalar. Il se débattit farouchement, écartant les sagaies, distribuant des coups qui laissèrent des traces. Il se libéra presque mais le nombre vint à bout de la résistance héroïque. Il continua à se démener pendant que les Louves coupaient les lanières qui retenaient sa tunique et ses jambières, et elles le menacèrent de lui trancher la gorge.

  Après avoir arraché sa tunique et dénudé sa poitrine, elles lui lièrent les poignets et, à l’aide d’une corde passée autour ses liens, elles l’accrochèrent à une cheville en bois fichée au sommet d’un pieu. Il donna des coups de pied, dont certains atteignirent les Louves qui ôtaient ses jambières, mais sa résistance ne servait qu’à les exciter à le frapper davantage, et personne n’était là pour les retenir.

  Lorsqu’elles l’eurent ainsi pendu nu au poteau, elles se reculèrent pour jouir du spectacle en arborant des sourires narquois. Il avait beau être grand et fort, elles avaient eu raison de lui. Jondalar touchait à peine le sol du bout des pieds, et il se doutait qu’à sa place la plupart des hommes se balanceraient au bout de leur corde. De sentir le sol sous ses orteils le rassura, et il adressa une vague supplique à la Grande Terre Mère pour qu’elle le sortît de cette fâcheuse posture.

  Sa cicatrice à la cuisse intrigua Attaroa. La blessure avait été bien soignée. Elle ne l’avait jamais vu boiter, ni tirer la jambe. Puisqu’il était vigoureux, il mettrait plus longtemps à mourir, se dit-elle. Il lui donnerait peut-être du Plaisir, après tout. Cette pensée la fit sourire.

  Jondalar surprit le regard scrutateur d’Attaroa. Il frissonna, mais la bise glacée n’y était pour rien. Attaroa l’observait en souriant, le visage empourpré, le souffle court. Une étrange sensualité l’enveloppait. Ses Plaisirs se décuplaient toujours si l’homme était beau. Séduite à sa manière par le géant au charisme naturel, elle se promit de le faire durer le plus possible.

  Jondalar regarda du côté de l’Enclos, devinant que les hommes observaient la scène par les fentes de la palissade. Il s’étonnait qu’ils ne l’eussent pas prévenu. Ce n’était à l’évidence pas la première fois qu’Attaroa se livrait à ce jeu. Cela aurait-il changé quoi que ce fût s’ils l’avaient mis en garde ? Sans doute avaient-ils estimé préférable qu’il ignorât le sort qui l’attendait.

  En réalité, certains en avaient discuté entre eux. Ils aimaient tous le Zelandonii et admiraient son art de tailleur de silex. Grâce aux excellents couteaux et aux outils qu’il leur avait fabriqués, chacun espérait trouver une occasion de s’enfuir. Ils garderaient précieusement le souvenir de Jondalar, mais, au plus profond de leur cœur, ils savaient que si aucun visiteur ne se présentait, Attaroa n’hésiterait pas à choisir ses victimes parmi eux. Quelques S’Armunaï avaient déjà subi ce triste sort, et tous savaient que leurs pitoyables supplications ne suffiraient pas à faire fléchir la cruelle Attaroa. Ils se félicitèrent secrètement du refus de Jondalar de satisfaire la Femme Qui Ordonne, mais ils craignaient que des démonstrations de joie n’incitassent Attaroa à se retourner contre eux. Ils assistaient donc en silence au déroulement de la scène par trop familière avec une compassion mêlée de peur... et d’un peu de honte.

  Toutes les femmes devaient assister au supplice de Jondalar. La plupart d’entre elles détestaient ce triste spectacle, mais la crainte d’Attaroa l’emportait sur le dégoût, même chez les chasseresses. Certaines se tenaient le plus loin possible, d’autres défaillaient, mais en cas d’absence, les hommes dont elles avaient plaidé la cause risquaient d’être les prochains suppliciés. Quelques-unes avaient essayé de s’enfuir, peu avaient réussi, les autres avaient été reprises et ramenées au Camp et, pour les punir, leurs proches – compagnons, frères, fils avaient été enfermés dans la cage, privés d’eau et de nourriture. Parfois, bien que ce fût rare, on y enfermait aussi des femmes.

  Celles qui avaient un fils tremblaient davantage que les autres, surtout après ce qu’Attaroa avait infligé à Odevan et Ardoban. Mais les plus inquiètes étaient les mères des deux bébés et la femme enceinte. Elles faisaient la joie d’Attaroa qui prenait de leurs nouvelles, et les traitait avec douceur, mais chacune recelait un secret coupable, qui s’il était découvert les conduirait à finir pendues à la cible.

  La Femme Qui Ordonne sortit du rang de ses chasseresses et empoigna une sagaie dont Jondalar remarqua la lourdeur et la pointe émoussée. Il ne put s’empêcher de penser combien il aurait pu l’améliorer. Mais émoussée ou pas, la pointe n’en demeurait pas moins redoutable. Il observa Attaroa viser avec soin, et nota qu’elle le visait bas. Son intention n’était pas de tuer, mais de mutiler. Il réprima une violente envie de recroqueviller les jambes pour se protéger. Il se serait alors balancé au bout de la corde, et aurait offert une cible encore plus vulnérable. D’autre part, il ne voulait pas dévoiler sa terreur.

  Attaroa le surveillait, devinant sa peur et s’en délectant. Certains la suppliaient, mais elle savait que celui-là ne s’y abaisserait pas. Du moins pas encore. Elle leva son bras armé, prête au lancer. Jondalar ferma les yeux et pensa à Ayla, se demandant si elle était encore en vie. Qu’elle fût morte et la vie perdait tout son sens. Cette pensée poignarda son cœur plus sûrement qu’aucune sagaie.

  Il entendit le bruit sourd de la sagaie se fichant dans la cible, mais au-dessus de lui, et non pas en bas où Attaroa avait visé. Et au lieu de la vive douleur attendue, il se retrouva à terre, les mains libres. Il regarda ses poignets, la corde avait été tranchée. Attaroa avait toujours sa sagaie en main, ce n’était donc pas la sienne qu’il avait entendue frapper la cible. Il leva la tête et vit une petite sagaie à la pointe acérée fichée dans la cheville. Les plumes de la hampe vibraient encore. La fine pointe de silex avait coupé net la corde. Il connaissait cette sagaie !

  Il regarda dans la direction d’où elle venait. Il aperçut un mouvement derrière Attaroa. Son regard s’embua de larmes de soulagement. Il arrivait à peine à y croire. Était-ce bien elle ? Était-elle vraiment en vie ? Il cligna plusieurs fois des yeux pour effacer ses larmes et vit alors un cheval au pelage louvet portant une femme sur son dos.

  — Ayla ! s’écria-t-il. Ayla, tu es vivante !

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  Attaroa fit volte-face. A l’autre bout du pré, devant l’entrée du Camp, elle vit une femme sur le dos d’un cheval qui s’avançait vers elle. La capuche de sa pelisse rejetée en arrière dévoilait une chevelure blonde de la même couleur que la robe du cheval. La créature effrayante et sa monture semblaient faites d�
��une même chair. La femme-cheval avait-elle lancé la sagaie ? Attaroa s’interrogeait. Mais comment pouvait-on atteindre une cible à une telle distance ? Elle s’aperçut alors que la femme avait une autre sagaie à portée de main.

  Attaroa frissonna d’effroi, ses cheveux se dressèrent sur sa tête, mais la terreur glacée qui l’habitait ne provenait pas d’un objet aussi matériel qu’une sagaie. L’apparition n’était pas humaine, elle l’aurait juré. Dans un éclair de lucidité, elle comprit toute l’horreur des atrocités qu’elle avait commises et elle devina que la créature qui s’avançait à sa rencontre était une matérialisation de la Mère, une munaï, un esprit vengeur, dépêché pour son châtiment. Au fond de son cœur, Attaroa bénit Sa venue : sa vie avait été un long cauchemar dont elle n’était pas fâchée de voir arriver la fin.

  Attaroa n’était pas seule à être terrifiée par l’étrange femme-cheval. Jondalar avait pourtant essayé de leur expliquer, mais personne ne l’avait cru. Personne ne pouvait concevoir qu’un humain montât sur le dos d’un cheval, et il ne suffisait pas de le voir pour le croire. L’apparition opportune d’Ayla frappa tous les esprits. Pour certains, ce n’était que la peur de la nouveauté. Pour d’autres, c’était le signe d’un pouvoir surnaturel lourd de menaces. Mais beaucoup, de la même façon qu’Attaroa, considéraient Ayla comme un instrument de vengeance contre leurs actes coupables. Encouragée ou forcée par Attaroa, plus d’une femme avait commis des brutalités épouvantables, ou les avait permises, et dans le secret de la nuit, avait ressenti une honte inavouable ou la crainte d’un châtiment futur.

  Jondalar lui-même se demanda un instant si Ayla n’était pas revenue de l’autre monde pour le sauver, convaincu qu’elle l’aurait pu si elle l’avait voulu. Il la regarda approcher, se repaissant de chaque détail avec amour, affamé de l’image qu’il avait cru ne plus jamais revoir : la femme qu’il aimait chevauchant se chère jument. Des mèches rebelles échappées de la lanière de cuir qui ceignait son front encadraient son visage rougi par le froid. L’haleine de la femme et de sa jument formaient des nuages de buée et firent prendre conscience à Jondalar qu’il grelottait.

  Elle portait sa ceinture par-dessus sa pelisse, et il vit la dague en défense de mammouth, que Talut lui avait offerte, pendre à une boucle à côté du couteau de silex à manche d’ivoire qu’il lui avait fabriqué. Sa poche à médecines en peau de loutre était accrochée à une autre boucle de sa ceinture.

  Chevauchant avec grâce, sûre d’elle et conquérante, elle tenait dans sa main droite la fronde dont Jondalar connaissait la précision et la rapidité. De sa main gauche, où Jondalar savait que deux pierres étaient préparées, elle maintenait son propulseur armé d’une sagaie sur le garrot de Whinney.

  En s’approchant, Ayla avait surveillé le visage de la Femme Qui Ordonne où se reflétaient des sentiments profonds. Elle y avait lu de la terreur et le brusque désespoir dû à son éclair de lucidité qui céda bientôt la place aux ombres familières de son esprit détraqué. Les yeux d’Attaroa se rétrécirent, un sourire cruel tordit sa bouche, et Ayla devina les calculs malveillants qui germaient dans sa tête.

  Ayla n’avait jamais rencontré la folie, mais elle déchiffrait les expressions inconscientes d’Attaroa, et comprit qu’elle devrait se méfier de cette femme qui menaçait Jondalar : c’était une hyène. La femme-cheval avait tué de nombreux carnassiers et savait que leurs réactions étaient parfois imprévisibles, mais les hyènes étaient les seules qu’elle détestait, et Attaroa était, à n’en pas douter, une hyène, une dangereuse manifestation du mal.

  Le regard furieux d’Ayla se concentra sur Attaroa, bien qu’elle surveillât l’assistance du coin de l’œil, y compris les Louves. Et bien lui en prit. Lorsque Whinney fut à quelques pas d’Attaroa, Ayla surprit un mouvement fugitif. D’un geste si vif qu’il en devenait invisible, elle glissa une pierre dans sa fronde, qu’elle fit tournoyer en l’air et le projectile fusa.

  Epadoa poussa un cri de douleur et saisit son bras, lâchant sa sagaie qui cliqueta sur le sol gelé. Si elle l’avait voulu, Ayla aurait pu lui briser l’os, mais elle avait délibérément visé vers l’épaule et retenu son coup. La Louve dominante en garderait tout de même des traces.

  — Femme Qui Ordonne, dis femmes-sagaies arrêter, ordonna Ayla. Jondalar, qui avait saisi le sens du commandement, mit du temps à comprendre qu’Ayla venait de parler dans une langue étrange. Il s’aperçut alors avec stupeur qu’elle avait délivré son ordre en s’armunaï. Comment pouvait-elle connaître le s’armunaï ? Était-il possible qu’elle l’eût entendu auparavant ?

  Il n’était pas le seul surpris. Entendre une étrangère l’appeler par son nom stupéfia Attaroa, mais ce fut surtout l’accent guttural d’Ayla qui la bouleversa et fit ressurgir des émotions oubliées depuis longtemps. Des émotions complexes qui l’envahirent d’un inquiétant malaise, et renforcèrent sa conviction que l’apparition n’était pas une simple femme sur le dos d’un cheval.

  Ces émotions remontaient à des années. Attaroa n’avait pas aimé les circonstances qui les avaient provoquées et elle aimait encore moins qu’on les fasse revivre. Une violente colère l’emporta. Elle voulait chasser ces souvenirs, s’en débarrasser à jamais. Mais comment faire ? Elle regarda Ayla, Tout était de la faute de l’étrangère. C’était elle qui avait fait jaillir les émotions mauvaises. Si elle disparaissait, Attaroa serait délivrée du cauchemar. Avec la vivacité coutumière de son esprit malade, Attaroa commença à échafauder les plans de la destruction projetée, et son visage s’éclaira d’un sourire sournois.

  — Eh bien, on dirait que le Zelandonii n’avait pas menti, en fin de compte ! déclara-t-elle. Tu es arrivée à temps. Nous pensions qu’il était venu voler notre viande, alors que nous en manquons cruellement. Chez les S’Armunaï, le vol est puni de mort. Il nous avait conté une histoire à propos d’une femme qui voyageait à dos de cheval, mais tu comprendras que c’était difficile à croire...

  Attaroa remarqua alors que ses paroles n’étaient pas traduites. Elle s’arrêta net.

  — S’Armuna ! aboya-t-elle. Tu ne parles pas mes mots.

  S’Armuna était perdue dans la contemplation d’Ayla. Une des chasseresses revenue avec le premier groupe qui transportait Jondalar lui avait parlé d’une vision qu’elle avait eue pendant la chasse, et dont elle voulait connaître l’interprétation. Elle avait vu une femme se tenant sur le dos d’un des chevaux qu’elles poussaient vers le précipice. La femme luttait pour maîtriser l’animal, et avait finalement réussi à lui faire rebrousser chemin. Lorsque les chasseresses qui portaient le deuxième chargement de viande parlèrent d’une femme qui s’éloignait sur le dos d’un cheval au galop, S’Armuna s’était interrogée sur le sens de ces visions étranges et répétées.

  Voilà quelque temps que de nombreux faits perturbaient Celle Qui Sert la Mère. Mais quand l’homme qu’on avait rapporté sembla surgi de son passé, et qu’il lui raconta l’histoire d’une femme à cheval, elle fut bouleversée. Ce devait être un signe, mais elle n’avait pas réussi à en déceler le sens. Ce signe revenait dans les visions collectives des chasseresses, et la femme qui venait d’entrer à cheval dans le Camp en décuplait la puissance. La vision avait jeté S’Armuna dans un trouble profond. Elle en avait oublié Attaroa. Mais elle entendit le reproche de la Femme Qui Ordonne et s’empressa de traduire.

  — La mort pour un chasseur coupable d’avoir chassé n’est pas un châtiment que demande la Grande Mère de Toutes les Créatures, répliqua Ayla après avoir pris connaissance de la traduction.

  Ayla avait saisi l’essentiel du discours d’Attaroa. Le s’armunaï était très proche du mamutoï, et elle en avait déjà appris les rudiments, mais elle s’exprimait plus facilement en Zelandonii.

  — La Mère recommande à Ses enfants de partager la nourriture et d’offrir l’hospitalité aux visiteurs, reprit-elle.

  Ce fut quand elle parla en Zelandonii que S’Armuna remarqua l’accent d’Ayla. Son Zelandonii était parfait mais il y avait un peti
t quelque chose... mais ce n’était pas le moment de penser à cela. Attaroa attendait.

  — Précisément, c’est pour cela que nous administrons le châtiment, expliqua Attaroa d’une voix suave, bien que la rage qu’elle tentait d’étouffer n’échappât ni à Ayla ni à S’Armuna. Il décourage le vol et permet qu’il y ait assez à partager. Mais comment une femme comme toi, si adroite avec ses armes, pourrait-elle comprendre nos difficultés ? Avant moi, les femmes n’avaient pas le droit de chasser, et la nourriture était rare. Nous avons toutes beaucoup souffert.

  — Mais la Grande Terre Mère n’accorde pas que de la viande à Ses Enfants. Il y a bien ici des femmes qui connaissent la nourriture qui pousse de la terre et attend d’être cueillie, repartit Ayla.

  — J’ai dû l’interdire ! Si elles avaient passé leur temps à la cueillette, elles n’auraient jamais appris à chasser.

  — Alors tu es responsable de la pénurie, et celles qui t’ont suivie aussi. Et cela ne justifie pas le meurtre de ceux qui ne connaissent pas vos coutumes, s’offusqua Ayla. Tu as usurpé la place de la Mère. Elle rappelle à Elle Ses enfants quand Elle le décide. Tu n’as pas à te substituer à Son autorité.

  — Chaque peuple possède ses coutumes et ses traditions. Lorsque leurs lois sont transgressées, le châtiment est quelquefois la mort, proclama Attaroa.

  Ce qui n’était que trop vrai, Ayla l’avait appris à ses dépens.

  — Mais pourquoi vos coutumes exigent-elles la mort pour ceux qui ne cherchent qu’à se nourrir ? demanda-t-elle. Les lois de la Mère prévalent contre toutes les coutumes. Elle exige le partage de la nourriture, et l’hospitalité pour les visiteurs. Tu es... tu es discourtoise et inhospitalière, Attaroa.

 

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