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LE GRAND VOYAGE

Page 74

by Jean M. Auel


  — Fronde aussi, ajouta-t-elle d’un geste.

  Sans un bruit, Ayla se faufila dans les broussailles et décrivit un arc de cercle pour couper la route des deux femmes. Elle les entendit approcher.

  — Je suis sûre qu’ils sont venus ici en quittant leur campement hier soir, Unavoa, disait celle qui commandait aux Louves.

  — Oui, mais pourquoi les chercher au même endroit ?

  — Ils reviendront peut-être. Et sinon, nous trouverons bien une piste.

  — Certaines prétendent qu’ils disparaissent, ou qu’ils se changent en oiseaux, ou en chevaux, avança la plus jeune.

  — Ne sois pas stupide, fit Epadoa. Nous avons trouvé leur campement, non ? Pourquoi installeraient-ils un campement s’ils se changeaient en animaux ?

  Elle raisonne bien, pensa Ayla. Au moins se sert-elle de sa tête, et elle n’est pas si mauvaise à la traque. Elle chasse sûrement bien. Dommage qu’elle soit si proche d’Attaroa.

  Cachée derrière un buisson d’arbrisseaux au feuillage clairsemé, tapie dans les herbes jaunâtres qui lui montaient aux genoux, Ayla regardait les deux femmes approcher. Lorsqu’elles furent à sa hauteur, elle se releva d’un bond, le propulseur armé à la main.

  Epadoa sursauta et Unavoa laissa échapper un cri de terreur en reculant d’un pas.

  — Vous me cherchez ? demanda Ayla en s’armunaï. Me voici !

  Unavoa était prête à décamper, et Epadoa n’en menait pas large.

  — Nous... nous chassions, bredouilla-t-elle.

  — Ici, pas chevaux pour pousser dans ravin, dit Ayla.

  — Nous ne chassions pas de chevaux, se défendit Epadoa.

  — Je sais. Vous chassez Ayla et Jondalar.

  Son apparition soudaine et la façon étrange dont elle parlait le s’armunaï donnaient l’impression qu’Ayla venait d’un pays lointain, peut-être même d’un autre monde. Effarées, les deux Louves ne songeaient qu’à s’enfuir loin de cette femme dont les qualités dépassaient par trop celles des humains.

  — Ces deux chasseresses devraient rejoindre leur Camp, ou elles risquent de manquer le grand festin de ce soir.

  La voix venue des bois avait prononcé ces mots en mamutoï, langage que les deux femmes comprenaient, et elles reconnurent l’accent de Jondalar. Elles se retournèrent et virent le géant, nonchalamment appuyé contre un gros bouleau blanc, une sagaie engagée dans son propulseur.

  — Oui, tu as raison. Nous ne devons pas manquer le festin, acquiesça Epadoa, et poussant sa compagne muette d’émotion, elle se hâta de décamper.

  Lorsqu’elles eurent disparu, Jondalar ne put réprimer un large sourire.

  Le soleil déclinait à l’horizon quand Jondalar et Ayla, juchés sur leurs montures, revinrent dans le Camp des S’Armunaï. Ils avaient changé la cachette de Loup, qui était à présent beaucoup plus près des habitations. Comme il allait bientôt faire nuit, et que les gens ne se hasardaient pas dans l’obscurité loin de la sécurité du feu, Ayla, bien qu’inquiète, l’avait autorisé à rester plus près d’elle.

  S’Armuna allait quitter son logis quand les deux cavaliers descendirent de cheval à l’entrée du pré. Elle poussa un soupir de soulagement en les voyant. Malgré leur promesse, elle s’était demandée s’ils reviendraient. Pourquoi des étrangers mettraient-ils leur vie en danger pour aider des gens qu’ils ne connaissaient pas ? Leurs propres parents ne s’étaient-ils pas désintéressés de leur sort ? il faut dire que parents et amis avaient été fort mal accueillis lors de leurs dernières visites.

  Jondalar ôta le harnais de Rapide pour qu’il pût fuir sans entrave le cas échéant. Ils donnèrent chacun une tape amicale sur la croupe de leurs montures pour les inciter à s’éloigner du Camp. S’Armuna s’avança à leur rencontre.

  — Nous terminons les préparatifs pour la Cérémonie du Feu de demain, expliqua-t-elle. Nous allumons toujours un feu la veille pour chauffer le four, voulez-vous venir en profiter ?

  — Pfft ! Il fait froid ! s’exclama Jondalar.

  En compagnie de S’Armuna, ils se dirigèrent vers l’autre extrémité du Camp.

  — J’ai découvert un moyen de réchauffer les mets que tu as préparés, Ayla. Ça sent bon, déclara la vieille femme avec un sourire gourmand.

  — Comment peux-tu faire chauffer un brouet aussi épais dans des paniers ? demanda Ayla, surprise.

  — Je te montrerai, dit la chamane qui pénétra en se baissant dans l’antichambre de la petite construction.

  Ayla la suivit, précédant Jondalar. Le feu n’était pas allumé dans la petite pièce dont la température était pourtant très douce. S’Armuna se dirigea directement vers la deuxième pièce et déplaça l’omoplate de mammouth qui en fermait l’accès. A l’intérieur, l’air était brûlant, suffisamment pour faire cuire de la nourriture, remarqua Ayla. Elle jeta un coup d’œil. Un feu avait été allumé dans la chambre, et à quelques pas du feu, on avait déposé ses deux jattes.

  — Hmm ! Ça sent bon ! fit Jondalar.

  — Vous ne pouvez pas imaginer combien de personnes m’ont questionnée pour savoir quand la fête commencerait, assura S’Armuna. On sent le fumet depuis l’Enclos. Ardemun est venu me trouver et m’a demandé s’il était vrai que les hommes auraient leur part. Et ce n’est pas tout. Attaroa a ordonné aux femmes de préparer assez de viande pour tout le monde, hommes compris. Je n’arrive pas à me souvenir quand a eu lieu notre dernière fête... il est vrai que nous n’avons pas eu d’événement à célébrer. Je me demande d’ailleurs ce que nous fêtons ce soir.

  — Mais, des hôtes, dit Ayla. Vous honorez des hôtes.

  — Oui, c’est cela, des hôtes, bougonna la vieille femme. N’oubliez pas que c’est le prétexte qu’a trouvé Attaroa pour vous faire revenir. Je dois vous mettre en garde. Ne buvez ni ne mangez rien qu’elle n’ait goûté avant vous. Attaroa connaît de nombreux poisons qu’on peut camoufler en mets succulents. S’il le faut, ne mangez que ce que vous avez apporté. J’ai surveillé vos plats avec soin.

  — Ici aussi ? s’inquiéta Jondalar.

  — Personne n’ose s’aventurer ici sans mon autorisation, assura Celle Qui Sert la Mère. Mais dès que les paniers sortiront de cette pièce, tenez-les à l’œil. Attaroa et Epadoa n’ont cessé de comploter toute la journée. Elles mijotent quelque chose.

  — Et toutes les Louves sont à leurs côtés, renchérit Jondalar. Et nous, sur qui pouvons-nous compter ?

  — Presque tout le monde souhaite un changement, assura S’Armuna.

  — Oui, mais qui nous aidera ?

  — Nous pouvons compter sur Cavoa.

  — Mais elle est enceinte ! s’exclama Jondalar.

  — Raison de plus, rétorqua la vieille femme. Tout laisse penser qu’elle donnera le jour à un garçon. Elle défendra la vie de son bébé en même temps que la sienne. Et même si elle avait une fille, il y a peu de chance qu’Attaroa la garde en vie une fois que le bébé sera sevré. Cavoa le sait.

  — Que penses-tu de la femme qui est intervenue aujourd’hui ? demanda Ayla.

  — C’était Esadoa, la mère de Cavoa. Elle nous sera fidèle, mais elle me reproche la mort de son fils autant qu’à Attaroa.

  — Je l’ai vue aux funérailles, dit Jondalar. Elle avait jeté des objets dans la tombe, et cela avait déplu à Attaroa.

  — Oui, c’étaient des outils pour l’autre monde. Attaroa avait interdit qu’on leur donne quoi que ce soit pour les aider dans le monde des esprits.

  — Je t’ai vue prendre la défense de cette femme, assura Jondalar. S’Armuna balaya son affirmation d’un geste éloquent.

  — J’ai dît à Attaroa qu’une fois les objets donnés, on ne pouvait plus les reprendre. Et elle n’a pas osé les récupérer.

  Jondalar hocha la tête.

  — Les hommes de l’Enclos seraient ravis de nous aider, déclara-t-il.

  — Oui, mais il faut d’abord les libérer, dit S’Armuna. Les gardes les surveillent étroitement. Je doute que quiconque puisse se glisser derrière la palissade sans être vu. Dans qu
elques jours, peut-être. Cela nous laissera le temps de regrouper les femmes. Quand nous saurons combien nous sommes, nous pourrons étudier un plan pour renverser Attaroa et ses Louves. Il faudra se battre, j’en ai peur. C’est la seule manière de délivrer les hommes.

  — Je suis de ton avis, approuva Jondalar d’un air sombre.

  Ayla hocha la tête avec gravité. Le Camp en avait déjà assez enduré, et elle n’envisageait pas le combat, avec son cortège de souffrances, de gaieté de cœur.

  — Tu as dit que tu avais donné une boisson à Attaroa pour endormir les hommes. Pourquoi ne verserais-tu pas des herbes dans l’infusion d’Attaroa et de ses Louves pour les faire dormir ? proposa-t-elle.

  — Attaroa se méfie. On ne lui fera rien avaler qui n’ait pas été goûté auparavant. C’était le rôle de Doban. Maintenant, elle désignera n’importe lequel des enfants pour remplir cette fonction, expliqua S’Armuna en jetant un coup d’œil dehors. Il fait presque nuit, annonça-t-elle. Si vous êtes prêts, je crois que la fête va commencer.

  Ayla et Jondalar prirent chacun un récipient dans la pièce intérieure, et Celle Qui Sert la Mère replaça l’omoplate de mammouth derrière eux. Dehors, ils virent qu’on avait allumé un grand feu de joie devant l’habitation d’Attaroa.

  — Je croyais qu’elle nous inviterait chez elle, déclara S’Armuna, mais on dirait que la fête aura lieu dehors, malgré le froid.

  En les voyant approcher chargés de leurs récipients, Attaroa les accueillit par ces mots :

  — Puisque vous vouliez partager ce festin avec les hommes, j’ai décidé que la fête se déroulerait dehors, afin que vous puissiez les voir.

  S’Armuna traduisit, bien qu’Ayla eût très bien compris et Jondalar également.

  — On ne les voit guère dans le noir, remarqua Ayla. Il faudrait construire un autre feu de leur côté.

  Attaroa étudia la proposition, puis éclata de rire sans esquisser un geste pour accéder à cette requête.

  Le festin se composait d’un nombre extravagant de plats, consistant surtout en viandes maigres, avec de rares légumineuses, céréales ou racines ; pas de fruits secs, pas l’ombre d’une sucrerie, pas même d’écorces tendres. On avait préparé le breuvage légèrement fermenté, à la sève de bouleau, mais Ayla s’abstint d’en boire et constata avec soulagement qu’une femme servait des coupes d’infusion chaude à celles qui ne prenaient pas de sève. Depuis son expérience précédente chez les Mamutoï, Ayla avait remarqué que ce breuvage lui obscurcissait l’esprit, et ce soir, elle avait besoin de toute sa tête.

  Tout compte fait, c’est un bien maigre festin, constata Ayla. C’était un repas de fin d’hiver, quand tous les vivres étaient épuisés. Quelques fourrures avaient été disposées autour du siège surélevé d’Attaroa, près du grand feu. Les autres femmes avaient apporté les leurs.

  S’Armuna conduisit Ayla et Jondalar au pied du trône et ils attendirent qu’Attaroa gagne sa place. Elle avait revêtu ses plus belles peaux fourrées, et portait des colliers de dents, d’os, d’ivoire et de coquillages, décorés de plumes et de touffes de fourrure. Mais Ayla remarqua surtout le bâton qu’elle tenait, sculpté dans une défense de mammouth.

  Attaroa fit commencer le service, et avec un regard appuyé en direction d’Ayla ordonna qu’on apportât la part des hommes dans l’Enclos, sans oublier le mets qu’Ayla et Jondalar avaient offert. Elle s’installa ensuite sur son trône, ce que chacun comprit comme l’autorisation de s’asseoir. Ayla observait la Femme Qui Ordonne qui, de sa place, dominait tout le monde. Ayla se souvint qu’on se perchait ainsi sur des souches ou sur des rochers lorsqu’on voulait haranguer un groupe de personnes. Mais jamais personne n’avait choisi systématiquement cette position.

  Attaroa avait astucieusement renforcé son pouvoir. Ayla s’en aperçut en observant les gestes et les attitudes inconscientes des femmes. Chacune adoptait envers Attaroa la posture déférente d’une femme du Clan lorsqu’elle s’asseyait en silence aux pieds d’un homme, attendant qu’il lui touchât l’épaule pour l’autoriser à exposer ses pensées. Il y avait toutefois une différence, difficile à définir. Dans le Clan, Ayla n’avait jamais noté chez les femmes l’amertume qu’elle discernait ici, ni un manque de respect de la part des hommes. C’était simplement comme cela que les choses se passaient, un comportement naturel, qui présentait l’avantage d’assurer à chacune des parties l’attention de l’autre puisque les gestes composaient l’essentiel du langage du Clan.

  En attendant d’être servie, Ayla examina attentivement le bâton de la Femme Qui Ordonne. Il ressemblait au Bâton Qui Parle qu’utilisait Talut au Camp du Lion, mais les sculptures en étaient très différentes, bien que vaguement familières. Ayla se souvint que Talut employait son Bâton Qui Parle à l’occasion de cérémonies, mais surtout au cours de débats et s’il y avait dispute.

  Le Bâton Qui Parle investissait celui qui le tenait du droit de parole, et permettait à chacun d’exprimer son point de vue sans être interrompu. Celui ou celle qui désirait faire un commentaire sur ce qu’avait dit l’orateur devait demander le bâton. En principe, seul celui qui tenait le Bâton Qui Parle avait le droit de s’exprimer, mais au Camp du Lion, on n’attendait pas toujours sagement son tour. Toutefois avec quelques rappels à l’ordre, Talut s’arrangeait finalement pour donner à chacun une chance de s’exprimer.

  — Ton Bâton Qui Parle est très beau et très exceptionnel, observa Ayla. Puis-je le voir ?

  Attaroa sourit en entendant la traduction de S’Armuna. Elle tendit le bâton pour qu’Ayla l’examine à la lueur du feu, tout en se gardant de le lui confier. Il était évident qu’elle n’avait nulle intention de s’en séparer, et Ayla devina qu’elle utilisait le Bâton Qui Parle pour asseoir davantage son pouvoir. Tant qu’Attaroa le conservait, quiconque voulait prendre la parole devait lui en demander l’autorisation. Et cela avait fini par s’étendre aux autres actions – à quel moment servir, quand commencer à manger, par exemple. Comme le trône, c’était un nouveau moyen de dominer et d’assujettir chacun à son pouvoir. Toutes ces observations incitèrent Ayla à la réflexion.

  Le dessin gravé dans la défense de mammouth était une représentation abstraite de la Grande Terre Mère. Des cercles concentriques figuraient les lourdes mamelles, le ventre rond et les larges hanches. Le cercle symbolisait le tout, le monde connu et les mondes obscurs, et la Grande Mère de Toutes les Créatures. Les cercles concentriques qui suggéraient les attributs de la fécondité renforçaient le symbolisme.

  La tête était représentée par un triangle renversé, la pointe formant le menton, et la base légèrement incurvée le sommet du crâne. Le triangle renversé était le symbole universel de la femme, à l’image extérieure de son organe reproducteur, et représentait donc la fécondité et la Grande Mère de Toutes les Créatures. Le visage était strié de deux traits parallèles horizontaux que rejoignaient deux lignes latérales allant de la pointe du menton à la hauteur des yeux. Trois rangées de doubles lignes reliaient la base incurvée à l’endroit où auraient dû se trouver les yeux.

  Les dessins géométriques ne représentaient pas un visage. Le triangle renversé semblait suggérer une tête, mais les traits gravés ne pouvaient pas figurer un visage. Aucun humain n’aurait pu contempler celui de la Grande Mère. Son pouvoir était si gigantesque qu’on eût été détruit à La contempler en face. Le symbolisme abstrait du Bâton Qui Parle d’Attaroa communiquait cette impression de puissance avec art et élégance.

  Ayla avait commencé à être initiée par Mamut au sens profond des symboles. Elle se rappela que les trois côtés du triangle – Trois était Son nombre premier – représentaient les trois saisons principales, le printemps, l’été et l’hiver, auxquelles on pouvait adjoindre deux saisons mineures, l’automne et la mi-hiver, qui préfiguraient les saisons à venir. Ce qui donnait cinq. Cinq, comme l’avait appris Ayla, était Son nombre secret. Mais même les non-initiés connaissaient la figure inversée à trois côtés.

  Ayla se souvint des formes tri
angulaires de la femme-oiseau, représentant la Mère transcendantale, qu’avait sculptée Ranec... Ranec... Ayla se rappela d’un coup où elle avait vu le dessin du Bâton Qui Parle d’Attaroa. Sur la tunique de Ranec ! La magnifique tunique de cuir souple, d’un beige splendide qu’il portait à la cérémonie d’adoption. Elle l’avait frappée par son aspect inhabituel, buste ajusté et larges manches, mais aussi à cause de la couleur qui allait si bien à sa peau brune. Pourtant, c’étaient les motifs qui avaient particulièrement marqué Ayla.

  La figure abstraite de la Mère, brodée de piquants de porc-épic aux teintes vives et de fils de tendons, était une copie exacte de celle gravée sur le bâton d’Attaroa ; mêmes cercles concentriques, même tête triangulaire. Ayla en conclut que les S’Armunaï devaient être de lointains parents des Mamutoï chez qui Ranec s’était procuré sa tunique. S’ils avaient emprunté la route que leur avait suggérée Talut, Jondalar et elle seraient passés par ce Camp.

  A leur départ, Danug, le fils de Nezzie, portrait vivant de Talut, lui avait dit qu’il comptait entreprendre un jour le Voyage, et se rendre chez les Zelandonii pour voir Jondalar. Et si dans quelques années, Danug décidait réellement de faire ce Voyage et qu’il vienne à passer par le Camp des S’Armunaï ? Si Danug, ou un autre Mamutoï, venait à tomber entre les mains d’Attaroa ? Cette seule pensée la renforça dans son désir d’aider ce peuple à mettre un terme à la domination abusive d’Attaroa.

  La Femme Qui Ordonne ôta le bâton de la vue d’Ayla et lui présenta une écuelle en bois.

  — Puisque tu es mon invitée d’honneur, et que tu as fourni pour ce festin un mets qui recueille tant de compliments, dit Attaroa d’un ton lourd de sarcasmes, permets-moi de t’offrir la spécialité d’une des nôtres.

  L’écuelle était remplie de champignons cuits et coupés en morceaux. Ayla n’avait aucun moyen de les identifier.

  Après avoir traduit, S’Armuna la supplia de se méfier. Mais la jeune femme n’avait besoin ni de traduction ni de mise en garde.

 

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