by Jean M. Auel
De plus, les réserves de nourriture déclinaient, et ils ne voulaient pas perdre de temps à chasser. Ils s’étaient même couchés plusieurs fois le ventre vide.
Après un dernier à-plat, la pente s’accentua brusquement. Ils étaient encerclés par de hauts plateaux que dominaient les pics glacés. Plus ils avançaient vers l’ouest, plus le manteau de glace s’épaississait. Au sud-ouest, deux pics se dressaient au-dessus des montagnes et faisaient penser à un couple surveillant sa nichée d’enfants.
Le terrain s’aplanit. Jondalar s’éloigna de la rivière et bifurqua vers le sud, en direction d’un nuage de vapeur qui flottait dans le lointain. Arrivés en haut d’une crête, les voyageurs embrassèrent du regard une prairie enneigée qui les séparait d’un bassin d’eau fumante, près d’une caverne.
Plusieurs personnes les avaient vus approcher et regardaient dans leur direction d’un air effaré. Ils étaient tous pétrifiés, sauf un qui pointait sa sagaie vers eux.
35
— Descendons de cheval et continuons à pied, suggéra Jondalar en voyant approcher à pas prudents des hommes et des femmes armés de sagaies. J’aurais dû me souvenir de l’effet de terreur que nous produisons. Il aurait mieux valu laisser les chevaux hors de vue des Losadunaï, et repartir les chercher après avoir démontré que nous n’étions pas des esprits malfaisants.
Ils mirent pied à terre et Jondalar eut la vision soudaine et poignante de son « petit frère », Thonolan, confiant et le sourire aux lèvres, allant vers une Caverne ou un Camp d’étrangers. Cette vision lui parut un heureux présage. Il sourit et fit de grands signes amicaux puis il ôta la capuche de sa pelisse pour qu’on le reconnût, et s’avança les deux mains tendues, paumes vers le haut, pour prouver ses intentions pacifiques.
— Je cherche Laduni des Losadunaï ! clama-t-il. C’est moi, Jondalar des Zelandonii ! Mon frère et moi sommes passés par ici il y a quelques années, et Laduni m’avait proposé de le visiter à mon retour.
— Je suis Laduni, dit un homme en Zelandonii avec un léger accent. Il marcha au-devant des deux voyageurs, la sagaie pointée sur eux, et examina attentivement l’étranger.
— Alors tu prétends être Jondalar ? Jondalar des Zelandonii ? C’est vrai, tu ressembles à l’homme que j’ai connu.
— Parce que c’est moi ! répliqua Jondalar d’un ton enjoué. Ah, je suis content de te voir, Laduni ! Je craignais de m’être trompé de chemin. Je suis allé au bout de la Grande Rivière Mère, et même au-delà, et voilà que si près de chez moi, je n’étais plus sûr de trouver ta Caverne. Ce sont les vapeurs des puits chauds qui m’ont guidé. J’ai avec moi quelqu’un que j’aimerais te présenter.
Le vieil homme dévisagea Jondalar avec circonspection. Était-ce bien là l’homme qu’il avait connu ? Pourquoi réapparaissait-il en si étrange compagnie ? Il avait l’air plus âgé, ce qui était normal, et ressemblait davantage qu’autrefois à Dalanar. Il avait revu le vieux tailleur de silex quelques années plus tôt lorsqu’il était venu faire du troc, et aussi, du moins Laduni le pensait-il, pour découvrir ce qu’il était advenu du fils de son foyer et de son frère. Dalanar serait heureux de la savoir en vie. Laduni s’approcha de Jondalar en tenant sa sagaie d’un geste moins menaçant, mais prête malgré tout, en cas de nécessité. Il jeta un coup d’œil aux chevaux, dont l’étonnante docilité le stupéfiait, et vit seulement la jeune femme.
— Ces chevaux ne ressemblent pas à ceux qu’on voit par ici, fit Laduni. Les chevaux de l’est seraient-ils plus dociles ? On doit les chasser plus facilement, alors.
Soudain l’homme se crispa, et leva sa sagaie en visant Ayla.
— Jondalar, ne bouge surtout pas ! s’écria-t-il.
Tout s’était passé si vite que Jondalar n’avait pas eu le temps de réagir.
— Laduni ! Que fais-tu ?
— Un loup vous a suivis. Et il a eu l’audace de s’avancer à découvert.
— Non ! hurla Ayla, en s’interposant entre le loup et la sagaie.
— Ce loup voyage avec nous. Ne le tue pas ! s’exclama Jondalar en se précipitant pour protéger Ayla.
Ayla se laissa tomber près du loup et l’enlaça. Elle le maintint fermement, à la fois pour le protéger et pour l’empêcher d’attaquer l’homme à la sagaie. Les poils du fauve se hérissaient, ses babines retroussées dévoilaient des crocs menaçants tandis qu’il grondait sauvagement.
Laduni se figea. Il avait agi dans l’intérêt des visiteurs, et ils se comportaient comme s’il songeait à les blesser. Il jeta à Jondalar un regard interrogateur.
— Baisse ta sagaie, Laduni, je t’en prie ! dit Jondalar. Le loup est notre compagnon, tout comme les chevaux. Il nous a sauvé la vie. Je te promets qu’il ne fera de mal à personne tant qu’on ne le menacera pas, ou qu’on n’attaquera pas la femme. Cela paraît étrange, je le sais, mais si tu me laisses le temps de t’expliquer, tu comprendras.
Laduni abaissa lentement sa sagaie sans quitter le loup des yeux. La menace éloignée, Ayla calma le fauve, se releva et s’approcha de Jondalar et de Laduni en faisant signe à Loup de rester près d’elle.
— Pardonne Loup, fit Ayla. Il aime beaucoup les humains auxquels il est habitué, mais nous venons de rencontrer des gens dangereux à l’est d’ici, et il est devenu méfiant. Maintenant il nous protège de tous les gens qu’il ne connaît pas.
Laduni remarqua qu’elle parlait parfaitement Zelandonii, avec toutefois une pointe d’accent étranger. Il nota aussi... non, il n’en était pas sûr. Il avait déjà vu beaucoup de femmes blondes aux yeux bleus, mais le dessin de ses pommettes, la forme du visage... quelque chose en elle dénotait l’étrangère. Elle n’en était pas moins d’une beauté surprenante, ce qui ne faisait qu’ajouter au mystère.
Il adressa un sourire complice à Jondalar. Au souvenir de sa visite précédente, il n’était pas surpris que le géant blond revînt de son long Voyage accompagné d’une beauté exotique, mais qui aurait imaginé qu’il ramènerait des souvenirs en chair et en os comme ces chevaux et ce loup ? Il était impatient de l’entendre raconter ses aventures.
Le regard appréciateur de Laduni n’avait pas échappé à Jondalar et en le voyant sourire, il se détendit.
— Voilà celle que je voulais te présenter, dit-il. Laduni, chasseur des Losadunaï, voici Ayla du Camp du Lion des Mamutoï, Élue par le Lion des Cavernes, Protégée par l’Ours des Cavernes, et Fille du Foyer du Mammouth.
Dès que Jondalar avait commencé les formules de politesse, Ayla avait tendu ses mains, paumes ouvertes, dans le geste traditionnel d’amitié.
— Je te salue, Laduni, Maître de Chasse des Losadunaï, déclara-t-elle.
Laduni se demanda comment elle avait deviné qu’il était le chef de chasse de son peuple, puisque Jondalar ne l’avait pas mentionné. Peut-être lui en avait-il parlé avant, mais elle venait de faire preuve d’une finesse évidente. Ce qui ne l’étonna pas. A entendre ses titres et filiations, il ne doutait pas qu’elle tînt un rang élevé parmi son peuple. Laduni n’était pas surpris que Jondalar ramenât une telle femme, sachant que sa mère et l’homme de son foyer avaient tous deux assuré les plus hautes responsabilités. Le sang de la mère et l’esprit de l’homme ne sauraient mentir.
Laduni saisit les mains qu’Ayla lui tendait.
— Au nom de Duna, la Grande Terre Mère, tu es la bienvenue, Ayla du Camp du Lion des Mamutoï, Élue par le Lion, Protégée par le Puissant Ours, et Fille du Foyer du Mammouth.
— Je te remercie de ton accueil, déclara Ayla selon la tradition. Et si tu me le permets, j’aimerais te présenter Loup, pour qu’il sache que tu es un ami.
Laduni fit la grimace. Il n’était pas si sûr de vouloir faire connaissance avec le loup, mais il n’avait hélas ! pas le choix.
— Loup, voici Laduni des Losadunaï, dit Ayla en prenant la main de l’homme qu’elle fit sentir à l’animal. Laduni est un ami.
Après avoir reniflé la main de l’inconnu, mêlée à l’odeur d’Ayla, Loup parut comprendre que l’homme devait être accepté
. En signe d’amitié, il renifla les parties intimes de Laduni, au grand dam de ce dernier.
— Suffit, Loup, gronda Ayla en lui faisant signe de reculer. Il sait maintenant que tu es un ami, ajouta-t-elle à l’adresse du chasseur, et que tu es un homme. Si tu veux lui souhaiter la bienvenue, Loup adore qu’on lui caresse la tête et qu’on le gratte derrière les oreilles.
Laduni n’était pas tout à fait rassuré, mais l’idée de caresser un loup vivant le tentait. Il avança prudemment la main et frôla la fourrure de l’animal. Enhardi, il flatta la tête de Loup et le gratta derrière les oreilles d’un air amusé. Il avait déjà touché la fourrure d’un loup... mais jamais vivant.
— Je suis désolé d’avoir menacé votre compagnon, assura-t-il. Mais c’est bien la première fois que je vois un loup accompagner des humains de son plein gré. Pareil pour les chevaux, d’ailleurs.
— Oui, je comprends, dit Ayla. Je te présenterai les chevaux plus tard. Ils sont un peu timides avec les étrangers, il leur faut du temps pour s’habituer à de nouveaux visages.
— Est ce que tous les animaux de l’est sont aussi amicaux ? s’étonna Laduni, son instinct de chasseur reprenant le dessus.
— Non, répondit Jondalar en souriant. Les animaux sont les mêmes partout. Ceux-ci doivent leur docilité à Ayla.
Laduni prit un air entendu, réprimant avec peine les questions qui le démangeaient. Mais ceux de la Caverne voudraient aussi profiter de leur récit.
— Je vous ai souhaité la bienvenue, et je vous invite à venir dans la Caverne pour vous réchauffer, partager notre nourriture et vous reposer. Mais laissez-moi d’abord expliquer aux autres la situation.
Sur ce, Laduni retourna vers le groupe qui s’était rassemblé devant l’entrée d’une grotte creusée dans la muraille. Il raconta comment il avait rencontré Jondalar quelques années auparavant lorsque le géant commençait son Voyage, et comment il l’avait invité à les visiter sur le chemin de son retour. Il précisa que Jondalar était apparenté à Dalanar, et insista sur la nature humaine des voyageurs. Il assura qu’ils n’étaient pas des esprits menaçants et qu’ils leur raconteraient tout sur les chevaux et le loup.
— Ils connaissent sûrement des histoires captivantes, conclut-il, sachant l’attrait qu’une telle perspective exerçait sur des gens que l’hiver avait cantonnés dans une caverne et qui commençaient à trouver le temps long.
Il ne parlait plus le Zelandonii qu’il avait utilisé pour converser avec les Voyageurs, mais en l’écoutant attentivement Ayla reconnut des similarités avec la langue de Jondalar. Malgré l’intonation et la prononciation différentes, elle devina que le losadunaï dérivait du Zelandonii comme le s’armunaï et le sharamudoï du mamutoï. Le losadunaï ressemblait même au s’armunaï. Elle comprenait certains mots et avait saisi l’essentiel de ses propos. Il ne lui faudrait pas longtemps pour parler avec ces gens-là.
Le don qu’elle possédait pour les langues ne l’étonnait pas. Elle ne faisait pas d’efforts particuliers pour apprendre, mais son oreille exercée et sa vivacité à comprendre les relations entre les mots facilitaient grandement son apprentissage. La perte de son propre langage en même temps que de son peuple dans les premières années de sa vie, conjuguée à la nécessité d’acquérir un autre moyen de communication, qui utilisait toutefois la même partie du cerveau que le langage verbal, avaient renforcé son don inné pour les langues. Son envie impérative de communiquer quand elle s’était rendue compte qu’elle ne savait pas parler avait développé chez elle un besoin inconscient d’apprendre toutes les langues inconnues. La combinaison de ces différents facteurs avait concouru à la rendre extrêmement réceptive à toutes les langues nouvelles.
— Losaduna est heureux de vous accueillir au foyer des visiteurs, déclara Laduni après avoir parlementé avec les autres Losadunaï.
— Nous voulons d’abord décharger les chevaux et les faire paître, dit Jondalar. Peut-on les installer dans le pré devant votre Caverne, je vois qu’il y reste du fourrage d’hiver.
— Oui, bien sûr, répondit Laduni. Tout le monde sera ravi de voir les chevaux de si près.
Il observait Ayla du coin de l’œil, et se demandait quel sort elle avait bien pu jeter aux animaux. Nul doute qu’elle détînt des pouvoirs magiques extrêmement puissants.
— J’ai une autre faveur à te demander, fit Ayla. Loup a l’habitude de dormir près de nous. Il serait très malheureux d’être éloigné de nous. Au cas où votre Losaduna, ou votre Caverne, ne supporterait pas sa présence, nous planterions notre tente dehors.
Laduni parlementa encore avec les siens, et revint trouver les visiteurs.
— Ils veulent que vous vous installiez à l’intérieur, mais les mères sont inquiètes pour leurs enfants.
— Je comprends leur inquiétude, admit Ayla. Je te promets que Loup ne fera de mal à personne, mais si cela ne suffit pas, nous resterons dehors.
Nouveau conciliabule.
— Ils disent que vous pouvez entrer, déclara ensuite Laduni. Laduni accompagna Ayla et Jondalar à l’endroit où ils avaient laissé les chevaux, très ému de faire connaissance avec Whinney et Rapide. Il avait souvent chassé des chevaux, mais n’avait jamais eu l’occasion d’en toucher un vivant, sauf par hasard et en pleine course. Devant son air émerveillé, Ayla décida de lui proposer plus tard un tour sur le dos de Whinney.
Comme ils revenaient à la caverne en tirant le canot chargé de toutes leurs affaires, Laduni demanda des nouvelles de Thonolan. Il devina la tragédie sur le visage de Jondalar.
— Thonolan est mort. Il a été tué par un lion des cavernes.
— Je suis navré de l’apprendre. J’aimais bien ton frère.
— Oui, tout le monde l’aimait.
— Il voulait tant suivre la Grande Rivière Mère jusqu’au bout. Y est-il parvenu ?
— Oui, il a vu la fin de la Grande Mère avant de mourir, mais il n’avait plus le cœur à l’apprécier. Il était épris d’une femme et s’était uni à elle. Mais elle est morte en couches. Ensuite, il n’a plus été le même. Il avait perdu le goût de vivre.
— Comme c’est triste, s’apitoya Laduni. Lui qui était si plein de vie. Filonia a longtemps pensé à lui après votre départ. Elle espérait qu’il reviendrait.
— Oh, Filonia ! Comment va-t-elle ? demanda Jondalar, qui n’avait pas oublié la jolie jeune fille du foyer de Laduni.
— Elle est unie à présent, et Duna lui sourit. Elle a deux enfants. Peu après votre départ, elle a découvert qu’elle était enceinte, et tous les Losadunaï en âge de s’unir ont soudain trouvé de multiples prétextes pour nous rendre visite.
— Je les comprends, assura Jondalar. Dans mon souvenir, c’était une très jolie femme. Elle avait entrepris le Voyage, si je ne me trompe ?
— Oui, avec un cousin plus âgé qu’elle.
— Et tu dis qu’elle a deux enfants ?
— Oui, confirma Laduni, l’œil pétillant de joie. Une fille de sa première bénédiction, Thonolia – Filonia était persuadée qu’elle était la fille de l’esprit de ton frère – et elle a eu un fils il y a peu. Elle vit dans la Caverne de son compagnon. Ils y ont plus de place, et ce n’est pas trop loin. Nous voyons souvent ses enfants, précisa-t-il avec un brin de fierté dans la voix.
— Je serais très heureux si Thonolia était l’enfant de l’esprit de Thonolan, dit Jondalar. La pensée qu’une parcelle de son esprit vit toujours dans ce monde atténuerait ma peine.
Était-il possible que cela fût arrivé si vite ? s’interrogeait-il. Thonolan n’avait passé qu’une seule nuit avec Filonia. Son esprit était-il si puissant ? Ou alors, si Ayla avait raison, Thonolan aurait donc fait naître une nouvelle vie dans le ventre de Filonia grâce à l’essence de sa virilité pendant la nuit que nous avons passée chez eux ? Il se souvint alors de la femme avec qui il avait partagé les Plaisirs.
— Et Lanalia ? demanda-t-il.
— Elle va bien. Elle est allée rendre visite à des parents d’une autre Caverne. Ils essaient de lui arranger u
ne Union. Un homme a perdu sa compagne et se retrouve seul avec trois jeunes enfants de son foyer. Lanalia n’a pas eu la chance d’être bénie, et elle aurait pourtant aimé avoir des enfants. Si l’homme lui convient, ils s’uniront et elle adoptera les trois enfants de son foyer. Ce sera un arrangement heureux et elle était très impatiente de le rencontrer.
— Je suis content pour elle, et je lui souhaite beaucoup de bonheur, dit Jondalar en cachant sa déception.
Il avait espéré qu’elle serait devenue enceinte après avoir partagé les Plaisirs avec lui. Que ce soit son esprit ou l’essence de sa virilité, Thonolan a démontré sa puissance, se disait Jondalar. Mais moi ? Mon essence, ou mon esprit, manqueraient-ils de force ?
En entrant, Ayla examina la caverne avec intérêt. Elle avait déjà vu beaucoup d’habitations des Autres : abris mobiles utilisés en été, ou structures plus solides capables de résister aux rigueurs de l’hiver. Certaines étaient bâties avec des os de mammouth et recouvertes de gazon et d’argile, d’autres en bois sous un surplomb de la roche ou sur un ponton flottant, mais elle n’avait jamais vu de caverne comme celle-là depuis qu’elle avait quitté le Clan. La large entrée ouvrait au sud-est, et l’intérieur était spacieux. Brun s’y serait plu, songea-t-elle.
Lorsque ses yeux se furent habitués à l’obscurité, Ayla fut surprise par l’agencement qu’elle découvrit. Elle s’était attendue à voir plusieurs foyers, un foyer par famille, en somme. Or, il y avait bien plusieurs foyers, mais chacun d’eux était à l’entrée d’une sorte de tente faite de peaux tendues sur des pieux verticaux et sans toiture. Il est vrai que la caverne suffisait à protéger des intempéries. Elle comprit que les peaux formaient un écran contre les regards. Elle se souvint alors de l’interdit du Clan : on ne devait pas porter les yeux à l’intérieur des espaces définis par des pierres qui délimitaient chaque foyer. C’était une question de tradition et de contrôle sur soi, mais le but était le même : garantir une certaine intimité.
Laduni les conduisit à l’un des foyers.