by Jean M. Auel
Ayla et Jondalar longeaient les berges de la Grande Rivière Mère, soit à cheval, soit à pied. La neige était trop rare pour camoufler la terre et la végétation dormante montrait son terne aspect hivernal. Les longues hampes des roseaux phragmites et les épis des massettes pointaient vaillamment au-dessus de leur lit marécageux, alors que les fougères mortes et les carex s’étendaient prostrés le long des rives gelées. Les lichens accrochés aux rochers ressemblaient aux croûtes d’une blessure, et la mousse racornie se réduisait en petits tapis secs et cassants.
Les longs doigts squelettiques des rameaux dénudés cliquetaient dans le vent coupant, et seul un œil averti pouvait reconnaître un bosquet de saules, de bouleaux ou d’aulnes. Les conifères au vert profond étaient faciles à différencier – épicéas, sapins ou pins – et bien que les mélèzes eussent perdu leurs aiguilles, leur contour était facilement identifiable. Lorsqu’Ayla et Jondalar s’aventuraient en altitude pour y chasser, ils voyaient des mélèzes nains rampants et des pins minuscules accrochés au sol.
Le petit gibier fournissait l’essentiel de leurs repas. Les longues traques pour chasser de plus grosses proies demandaient trop de temps. Cependant ils n’hésitèrent pas à chasser le cerf quand ils en surprirent un. La viande se conservait bien, et même Loup n’eut pas besoin de chasser pendant un moment. Les lièvres, les lapins et les castors, qui abondaient dans cette région montagneuse, constituaient leur gibier principal, mais ils trouvaient aussi des animaux des steppes habitués au climat continental, tels que marmottes et hamsters géants. Ayla appréciait toujours autant les lagopèdes, gras oiseaux blancs aux pattes recouvertes de plumes blanches.
Ils préféraient économiser les sagaies pour le gros gibier et la fronde d’Ayla était souvent mise à contribution. Il était plus simple de trouver des pierres que de remplacer les sagaies endommagées ou perdues. Mais il arrivait que la chasse leur prît plus de temps que Jondalar ne le souhaitait, et chaque retard le rendait nerveux.
Ils complétaient souvent leur régime, principalement à base de viandes maigres, par des écorces de conifère ou d’autres arbres qu’Ayla faisait cuire dans un brouet de viande, et ils découvraient toujours des baies avec plaisir. Elles étaient gelées mais s’accrochaient encore aux branches. Les baies de genièvre, délicieuses avec de la viande à condition d’en utiliser peu, étaient les plus abondantes ; les gratte-cul, moins fréquents, se ramassaient par poignées quand on en trouvait et leur goût était plus doux après les gelées ; l’empêtre rampant offrait durant tout l’hiver, des petites baies noires et brillantes qui se cachaient dans un feuillage persistant ; les airelles et les raisins d’ours duraient également toute la saison froide.
Ayla ajoutait aussi des graines et des céréales dans ses brouets, mais la cueillette était pénible. Certaines herbacées portaient encore des épis, mais elles étaient rares et avaient perdu leurs feuilles. Ayla, qui regrettait les légumineuses et les fruits séchés que les loups avaient dévorés, ne regrettait pourtant pas les réserves qu’elle avait laissées aux S’Armunaï.
Whinney et Rapide, mangeurs d’herbe exclusifs pendant l’été, avaient étendu leur régime aux brindilles dont ils mâchonnaient le bout, aux écorces d’arbre, ainsi qu’à une variété particulière de lichen, celle que les rennes adoraient. Ayla le remarqua et en cueillit qu’elle goûta avant d’en faire profiter Jondalar. Elle trouva le lichen âpre mais comestible, et elle testa plusieurs façons de le cuire.
Ayla et Jondalar ne mangeaient pas les petits rongeurs, lemmings, souris ou campagnols – ils laissaient cette friandise à Loup pour le remercier de l’avoir débusquée – mais ils pillaient leurs nids. Dès qu’ils trouvaient un terrier, ils fouillaient le sol gelé avec un bâton à fouir, et découvraient les petites animaux camouflés au milieu d’une réserve de graine, de noix, et de bulbes.
Et Ayla avait toujours sa poche à médecines. En songeant aux dommages causés par les loups, elle frémissait à l’idée qu’elle aurait pu la laisser avec la tente et le reste du matériel. Mais jamais elle n’abandonnerait sa poche à médecines, et la simple pensée de la perdre la rendait malade. En outre, son contenu et l’expérience accumulée au cours des siècles qui lui avait été transmise permettaient à Ayla de maintenir les deux Voyageurs en meilleure santé qu’ils ne croyaient l’être.
Elle utilisait toute la végétation disponible, comme les aiguilles de semper virens et surtout les jeunes pousses, riches en vitamines indispensables pour lutter contre le scorbut. Elle en jetait dans les infusions, d’abord parce qu’ils en appréciaient la saveur acide et poivrée, mais aussi parce qu’elle en connaissait les bienfaits. Elle avait souvent préparé des décoctions à base d’aiguilles de semper virens pour ceux dont les gencives saignaient et dont les dents se déchaussaient pendant les longs hivers où la nourriture principale était la viande maigre.
Afin d’éviter toute perte de temps, ils mangeaient peu, mais ne sautaient que rarement un repas. Leur régime sans graisse et les efforts physiques du Voyage les amaigrissaient. Ils n’en parlaient pas souvent, mais ils étaient tous deux las de chevaucher sans cesse, et chacun avait hâte d’arriver à destination. Pendant la journée, ils ne parlaient quasiment pas.
Ils chevauchaient ou marchaient en file indienne, assez près l’un de l’autre pour entendre un éventuel appel, mais trop loin pour mener une conversation. Il leur restait donc du temps pour penser, et le soir au campement chacun faisait part à l’autre du fruit de ses réflexions quotidiennes.
Ayla récapitulait ses dernières aventures. Elle avait beaucoup réfléchi aux événements du Camp des Trois Sœurs, et avait essayé de comparer les S’Armunaï et leurs deux chefs cruels, Brugar et Attaroa, avec les Mamutoï et le frère et la sœur, compréhensifs et amicaux, qui les dirigeaient. Et elle ne manquait pas de s’interroger sur les Zelandonii. Jondalar possédait tant de qualités qu’elle ne pouvait concevoir son peuple autrement que foncièrement bon, mais en réfléchissant à leurs sentiments à l’égard du Clan, elle se demandait si les Zelandonii l’accepteraient. S’Armuna avait fait des allusions à leur forte aversion pour ceux qu’ils appelaient les Têtes Plates, mais Ayla ne les imaginait tout de même pas aussi cruels que la Femme Qui Ordonne des S’Armunaï.
— Je ne comprends pas comment Attaroa a pu commettre de telles atrocités, remarqua-t-elle un soir qu’ils terminaient leur repas. Je me pose des questions.
— Quel genre de questions ?
— Des questions sur mon peuple, les Autres. Quand je t’ai rencontré, j’étais si heureuse de trouver enfin un de mes semblables. J’étais soulagée de n’être plus seule au monde. Et comme tu étais merveilleux, j’ai cru que tous ceux de ma race étaient comme toi. Ça m’a rendu très heureuse.
Elle était sur le point d’ajouter : « jusqu’à ta réaction de dégoût quand je t’ai appris que j’avais été élevée par le Clan ». Mais elle se retint en voyant Jondalar rougir de plaisir sous le compliment.
Jondalar était ému de l’entendre parler ainsi, et il l’admirait.
— Ensuite, quand nous avons rencontré les Mamutoï, Talut et ceux du Camp du Lion, poursuivit Ayla, j’ai continué à croire que tous les Autres étaient bons et généreux. Ils s’aidaient mutuellement, et chacun avait son mot à dire lorsqu’il fallait prendre une décision importante. Bien sûr, il y avait Frébec, mais il n’était pas si méchant en fin de compte. Même ceux de la Réunion d’Été qui s’étaient ligués contre moi à cause de mon éducation chez le Clan, et certains des Sharamudoï, n’agissaient que par une peur due à l’ignorance. Leurs intentions n’étaient pas mauvaises. Mais Attaroa était cruelle, une vraie hyène.
— Attaroa était une exception, rappela Jondalar.
— Oui, mais regarde tous ceux qu’elle a influencés. S’Armuna a été jusqu’à utiliser son savoir sacré pour l’aider à tuer et à persécuter des gens, même si elle l’a regretté par la suite. Et Epadoa était prête à lui obéir aveuglément.
— Elles avaient leurs raisons, protesta Jondalar. Les femmes
avaient été maltraitées.
— Je connais les raisons. S’Armuna croyait bien faire. Epadoa adorait chasser et aimait Attaroa qui l’y autorisait. Je comprends ça. Moi aussi j’aimais chasser et j’ai transgressé les lois du Clan pour le seul plaisir de la chasse.
— Epadoa peut chasser pour tout le Camp, maintenant, et je ne crois pas qu’elle soit vraiment mauvaise. Doban m’a dit qu’elle lui avait promis de ne plus jamais lui faire de mal, et d’empêcher quiconque de lui en faire. Je crois qu’elle l’aime encore plus à cause de tout ce qu’elle lui a fait endurer. Elle tient l’occasion de se racheter, et elle ne la laissera pas passer.
— Epadoa ne voulait pas faire du mal à ces enfants. Elle a dit à S’Armuna qu’elle avait obéi à Attaroa de crainte que la Femme Qui Ordonne les tuât si elle refusait. Attaroa elle-même avait de bonnes raisons. La souffrance l’avait pervertie. Elle avait cessé d’être humaine, mais quelles qu’en soient les raisons, elles ne l’excusent pas. Même Broud, aussi cruel fut-il, n’aurait jamais commis autant de crimes, et pourtant il me détestait. Et il n’a jamais fait souffrir volontairement un enfant. Je croyais que ceux de ma race étaient bons, mais je n’en suis plus aussi sûre, ajouta Ayla, l’air triste.
— Il y a des bons et des mauvais partout, Ayla, chacun possède du bon et du moins bon en lui, avança Jondalar.
Il comprenait qu’Ayla était en train de faire l’inventaire de ses dernières expériences et qu’elle essayait de les intégrer dans sa vision du monde. C’était un moment important pour elle.
— Mais l’un dans l’autre, tout le monde est honnête et essaie d’aider son prochain, ajouta-t-il. C’est dans l’intérêt de chacun. Après tout, on ne sait jamais si on n’aura pas besoin d’aide un jour, alors autant faire preuve de civilité.
— Oui, mais il y a les détraqués, comme Attaroa, rétorqua Ayla.
— C’est vrai, concéda Jondalar. Et aussi ceux qui ne donnent qu’à contrecœur, ou pas du tout, mais ils ne sont pas mauvais pour autant.
— Oui, mais quelqu’un peut à lui seul développer chez les autres le mal que chacun porte en soi, comme Attaroa avec Epadoa.
— La seule chose que nous puissions faire est d’empêcher les êtres malfaisants de nuire. Estimons-nous heureux qu’il n’y ait pas davantage d’Attaroa. Mais je t’en prie, Ayla, ne laisse personne gâcher l’élan qui te porte vers les autres.
— Attaroa ne changera pas l’opinion que j’ai sur ceux que je connais, et je crois que tu as raison pour la majorité des humains, Jondalar. Mais Attaroa m’a rendue prudente.
— La prudence n’a jamais fait de mal à personne, mais donne une chance aux gens de montrer leur bon côté avant de les condamner.
Les hauts plateaux de la rive nord les accompagnaient dans leur avancée vers l’ouest. Sur les monts vallonnés, les arbres aux feuilles persistantes, et dont les cimes étaient sculptées par les vents glacés, se découpaient sur le ciel. Le fleuve se partageait en plusieurs chenaux qui serpentaient au fond d’un cirque. Au sud et au nord, les frontières de la vallée gardaient leurs différences caractéristiques, mais le fondement rocheux entre le lit de la rivière et les falaises calcaires des montagnes méridionales était craquelé et creusé de profondes failles. Le cours du fleuve s’inclinait vers le nord-ouest.
L’extrémité est du bassin était bordée par une autre ligne de faille causée par la dépression du cirque davantage que par le soulèvement de la roche calcaire. Vers le sud, le terrain s’étendait sur un vaste plateau avant de remonter vers les montagnes, mais le plateau granitique septentrional se rapprochait du fleuve, et descendait en pente raide sur la rive opposée.
Ils campèrent dans le cirque. Près de la rivière, les troncs grisâtres et les branches dénudées des hêtres firent une apparition parmi les épicéas, les sapins, les pins et les mélèzes. La région était assez abritée pour que croissent des arbres aux feuilles caduques. Autour des arbres, un petit troupeau de mammouths, mâles et femelles mêlés, tournait en rond dans une apparente confusion. Ayla s’approcha pour tenter de découvrir ce qui se passait.
Un mammouth, vieux géant aux défenses gigantesques, gisait au sol. Ayla se demandait si c’était le troupeau qu’ils avaient observé casser les blocs de glace. Existait-il deux mammouths aussi vieux dans la même région ? Jondalar rejoignit Ayla.
— Je crois qu’il est en train de mourir. Ah, comme j’aimerais pouvoir faire quelque chose ! s’exclama Ayla.
— Il a dû perdre ses dents, expliqua Jondalar. Dans ce cas, il n’y a rien à faire, si ce n’est rester avec lui pour lui tenir compagnie, comme ce troupeau.
— Que peut-on exiger de plus ? soupira Ayla.
Chaque mammouth adulte consommait de grandes quantités de nourriture tous les jours, principalement les tiges ligneuses des hautes herbacées ainsi que quelques petits arbustes. Avec un régime aussi rugueux, les dents des mammouths étaient donc essentielles. Si essentielles même que l’espérance de vie d’un mammouth dépendait de la solidité de sa denture.
Un mammouth laineux développait plusieurs séries de grosses molaires broyeuses pendant sa vie d’environ soixante-dix ans. Six de chaque côté du maxillaire supérieur et inférieur. Chaque dent pesait près de quatre kilos et était spécialement adaptée au broyage des robustes herbacées. La surface était faite de fines stries parallèles extrêmement dures – plaques de dentine recouvertes d’émail – et possédait des couronnes plus hautes et davantage de stries que les dents de n’importe quelle autre espèce existante ou à venir. Les mammouths étaient surtout des mangeurs d’herbe. En hiver, les lambeaux d’écorce, les pousses printanières, les feuilles ou les branches, même les petits arbustes qu’ils ajoutaient à leur menu ordinaire constitué de grossières tiges ligneuses n’étaient que des à-côtés.
Les molaires précoces, les plus petites, poussaient les premières vers l’avant des mâchoires. Les autres, à l’arrière de la mâchoire, poussaient d’une façon régulière et continue pendant toute la vie de l’animal. Une ou deux dents seulement étaient utilisées en même temps. Aussi dure que fût la surface broyeuse, les dents s’élimaient peu à peu à mesure qu’elles poussaient, et les racines finissaient par se désagréger. Enfin, les derniers fragments de dents tombaient, et de nouvelles molaires les remplaçaient. Un mammouth commençait à utiliser ses dernières dents vers cinquante ans, et quand elles étaient trop usées il devenait incapable de mâcher les herbacées rugueuses. Il pouvait encore manger des plantes plus tendres, des plantes printanières, et la faim et le désespoir l’amenaient souvent à quitter le troupeau pour chercher de meilleurs pâturages, mais il ne trouvait que la mort. Le troupeau savait quand la fin d’un des siens approchait, et il n’était pas rare qu’il l’accompagne dans ses derniers jours.
Les mammouths protégeaient les mourants avec autant de soin que les nouveau-nés. Unissant leurs efforts, ils se groupaient autour de celui qui était tombé de vieillesse et tentaient de le relever. A sa mort, ils l’enfouissaient sous des piles de détritus, de feuillage ou de neige. On racontait que des mammouths ensevelissaient aussi d’autres animaux, et même des humains !
En quittant la plaine alluviale et les mammouths, Ayla, Jondalar et leurs compagnons à quatre pattes s’engagèrent sur un terrain plus accidenté et plus pentu. Ils approchaient d’une gorge. Un pied de l’ancien massif septentrional s’était étendu trop au sud, et les eaux de la Mère l’avaient coupé en deux. En s’engouffrant dans le défilé, le débit s’accélérait et l’eau coulait trop vite pour geler mais elle charriait des glaces flottantes provenant des eaux plus calmes de l’amont. Après toute cette étendue de glace, les voyageurs contemplaient avec étonnement les eaux tumultueuses. Au sud s’étendaient des mesas[22] plantées de bois de conifères dont les branches enneigées scintillaient. Les squelettes décharnés des arbres à feuilles caduques et des arbrisseaux étaient enrobés d’une coulée de glace, vestige d’une pluie glaciale, qui soulignait chaque branche et chaque brindille. Ayla était fascinée par la beauté du spectacle hivernal.<
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L’altitude s’élevait toujours, après chaque crête, le vallon suivant était plus haut que le précédent. L’air était froid, vif et limpide. Même lorsque le ciel se couvrait, il ne neigeait jamais. Les précipitations se faisaient plus rares à mesure que l’hiver avançait. La seule humidité provenait de la buée exhalée par les deux humains et leurs compagnons de voyage.
A l’ouest, ils rencontrèrent une autre gorge. Ils escaladèrent la crête rocheuse jusqu’à un promontoire qui dominait le paysage. Là, ils s’arrêtèrent, saisis par la majesté du panorama. Les voyageurs ne savaient pas encore qu’ils contemplaient pour la dernière fois la Grande Mère partagée en multiples chenaux. Sous leurs yeux, la vallée alluviale s’incurvait brusquement dans une gorge en un courant unique et tourbillonnant, charriant des blocs de glace et des débris de toute sorte. Après une traversée mouvementée, les flots étaient expulsés avec un formidable rugissement dans la vallée où ils gelaient de nouveau rapidement.
Ayla et Jondalar observèrent un tronc d’arbre tournoyer en s’enfonçant davantage à chaque nouvelle spirale.
— Je n’aimerais pas tomber là-dedans, avoua Ayla en frissonnant.
— Moi non plus.
L’attention d’Ayla fut alors attirée par quelque chose à l’horizon.
— D’où viennent ces nuages de vapeur, Jondalar ? demanda-t-elle. Il gèle et les collines sont couvertes de neige.
— Il y a des sources d’eau chaude par là-bas. C’est le souffle de Doni Elle-même qui réchauffe l’eau. Certains humains ont peur de s’y aventurer, mais le peuple que je veux visiter habite près d’un de ces puits chauds. Les puits chauds sont sacrés pour eux, même si certains sentent très mauvais. On dit que l’eau de ces puits guérit les maladies.
— Quand arriverons-nous chez eux ? demanda Ayla, impatiente d’enrichir sa culture médicale.