LE GRAND VOYAGE
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Le plateau de glace qu’ils traversaient était né sur les cimes des montagnes escarpées du sud. L’air humide, qui s’élevait en balayant les hautes barrières, se condensait en gouttelettes brumeuses, et la température décidait de la neige ou de la pluie. Les glaciers n’étaient pas le résultat d’un froid perpétuel, mais d’une accumulation de neige d’une année sur l’autre. La neige se transformait en couches de glace qui finissaient par s’étendre sur des continents entiers.
Sous les cimes des hautes montagnes méridionales, trop abruptes pour retenir la neige, de petits bassins se formaient, des cirques nichés sur le flanc de la montagne. De ces cirques les glaciers avaient gagné le reste du pays. De minuscules particules d’eau s’étaient insinuées dans les failles de la roche qu’elles firent exploser en gelant. Dans ces dépressions ainsi créées en haut des montagnes, les légers flocons de neige, dentelle de givre, s’étaient amoncelés. Le poids du volume d’eau gelée avait fini par briser les délicats flocons qui s’étaient compressés en petites boules de glace : les névés.
Le névé se formait en profondeur. Dans les cirques, et à chaque nouvelle chute de neige, les boules de glace compactes étaient poussées vers la surface et basculaient par-dessus la barre du cirque. En tombant, les boules de glace se choquaient les unes contre les autres avec tant de force que la friction libérait de la chaleur. Pendant une fraction de seconde, la glace fondait aux multiples points de contact et regelait aussitôt, formant ainsi un amalgame. Plus les couches de glace s’épaississaient, plus la pression augmentait et transformait la structure des molécules en glace cristalline, mais avec une caractéristique essentielle : la glace s’écoulait.
La glace des glaciers, créée par des pressions colossales, était d’une densité supérieure. Pourtant, à la base, la gigantesque masse de glace compacte s’écoulait comme une rivière. Devant les obstacles tels que les pics montagneux, elle se séparait et de rejoignait de l’autre côté, en emportant souvent une partie de la roche, et en laissant derrière elle des îles de roches déchiquetés. La glace épousait les contours au soi, le broyant et le remodelant au passage.
Le fleuve de glace possédait ses courants, ses tourbillons, ses eaux stagnantes et ses centres impétueux, mais il se déplaçait à son rythme, avec une lenteur solennelle digne de sa masse gigantesque. Il ne couvrait parfois que quelques centimètres en plusieurs années, mais qu’importe ! Le glacier avait tout son temps. Tant que la température moyenne restait en deçà du seuil critique, le glacier prospérait.
Les cirques des montagnes n’étaient pas les uniques matrices pour les glaciers. Ils se formaient aussi sur terrain plat et dès qu’ils recouvraient une surface importante, le refroidissement créait un entonnoir anticyclonique centré au milieu du glacier et par où s’engouffraient les précipitations qui s’étendaient ensuite jusqu’à sa bordure. L’épaisseur de la glace restait la même partout.
Les glaciers n’étaient jamais complètement secs. Les pressions colossales faisaient fondre l’eau qui suintait en permanence. Elle comblait les fentes et les fissures et se dilatait en regelant. De son point de départ, le glacier avançait dans toutes les directions et sa vitesse dépendait de l’inclinaison de sa surface, et non de la pente du sol sur lequel il s’écoulait. Plus l’inclinaison était forte, plus vite l’eau du glacier se précipitait dans les fissures de la glace et étendait le glacier en regelant. Les glaciers grandissaient plus vite quand ils étaient jeunes, près des océans et des mers, dans les montagnes où les hautes cimes leur garantissaient des chutes de neige abondantes. Ils ralentissaient en vieillissant, leur surface immense éloignait les rayons du soleil par réflexion, et au-dessus du centre, l’air devenait plus sec et plus froid, et la neige moins abondante.
Partis du massif méridional, les glaciers avaient rempli les vallées et s’étaient déversés par les cols des hautes montagnes. Au cours de la période glaciaire précédente, ils avaient comblé la tranchée profonde de la ligne de faille qui séparait la jeune montagne de l’ancien massif. Ils recouvraient les hauts plateaux et s’étaient étendus jusqu’aux vieux sommets érodés de la chaîne septentrionale. La glace avait reculé pendant la période de réchauffement – qui touchait à sa fin et l’eau avait inondé la vallée de faille, créant une vaste rivière et une longue moraine, mais le plateau de glace qu’elles franchissaient perdura.
Comme ils ne pouvaient installer leur feu directement sur la glace, ils avaient d’abord pensé utiliser le canot comme socle et y installer les rocs qu’ils avaient transportés pour construire le foyer. Mais il leur fallait vider le canot des pierres qui brûlent. Ayla ôta donc la peau de mammouth qui recouvrait le canot et eut l’idée d’en protéger la glace pour bâtir le foyer. Elle risquait d’être légèrement roussie, mais cela n’avait pas d’importance. Elle se félicita de l’avoir conservée. Tout le monde, y compris les chevaux, put se désaltérer et se restaurer.
Pendant leur halte, le soleil disparut entièrement derrière de gros nuages, et avant qu’ils ne reprissent la route, une neige épaisse tomba avec une détermination farouche. Le vent du nord se mit à hurler et rien sur l’étendue glacée ne s’opposait à son souffle glacial. Le blizzard se levait.
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La neige se mit à tomber en flocons serrés et le noroît souffla avec une force accrue. Il fouettait les voyageurs et les brimbalait dans tous les sens comme de vulgaires fétus de paille.
— Il vaut mieux attendre que la tempête se calme ! cria Jondalar par-dessus les hurlements du vent.
Pour dresser leur tente, ils bataillèrent contre les rafales glacées qui soulevaient le petit abri, arrachaient les piquets, laissant le cuir se gonfler et claquer au vent. Le souffle rageur du blizzard menaçait d’emporter la tente à laquelle les deux minuscules humains se cramponnaient, osant braver le vent furieux qui balayait la surface uniforme du glacier de flocons étouffants.
— Comment maintenir la tente ? demanda Ayla. Le vent souffle-t-il toujours aussi fort ?
— Je ne me souviens pas de rafales si violentes, mais cela ne me surprend pas.
Stoïques et silencieux, les chevaux enduraient la tempête, tête baissée. A côté, Loup se creusait un abri.
— On pourrait demander aux chevaux de monter sur les bords de la tente afin de la tenir le temps que nous l’arrimions, suggéra Ayla.
De fil en aiguille, ils trouvèrent une installation de fortune, utilisant les chevaux comme piquets et supports. Ils passèrent la tente au-dessus de Rapide et de Whinney. Ayla incita la jument à marcher sur un des pans de la tente, en espérant qu’elle ne bougerait pas trop et que la tente ne s’envolerait pas. Ayla et Jondalar se blottirent l’un contre l’autre, Loup entre leurs jambes, assis pratiquement sous le ventre des chevaux, sur l’autre extrémité du cuir.
La tempête ne se calma qu’après la tombée de la nuit, et ils campèrent sur place après avoir installé la tente convenablement. Au matin, Ayla découvrit des traînées sombres sur le cuir, à l’endroit où Whinney avait posé ses sabots, et elle s’en inquiéta.
Ils avancèrent mieux le deuxième jour, malgré les monticules de blocs de glace à escalader, et les crevasses béantes à éviter. La tempête se leva de nouveau dans l’après-midi, mais le vent soufflait moins fort et cessa rapidement. Ils poursuivirent leur route jusque tard dans la journée.
Vers le soir, Ayla remarqua que Whinney boitait. En y regardant de plus près, elle aperçut, le cœur brisé et la peur au ventre, des taches rouges sur la glace. Elle souleva le pied de la jument et examina son sabot. Il était entaillé à vif et les plaies saignaient.
— Jondalar, viens voir, elle a des coupures au pied. Comment s’est-elle blessée ?
Jondalar examina les blessures de la jument et inspecta ensuite les sabots de Rapide. Il découvrit les mêmes coupures.
— Ce doit être la glace, dit-il d’un air soucieux. Vérifie donc les pattes de Loup.
Les coussinets de ses pattes étaient écorchés, mais son état était moins inquiétant.
— Qu’allon
s-nous faire ? gémit Ayla. Ils seront bientôt estropiés si ça continue.
— Je n’aurais jamais cru que la glace puisse couper à ce point, avoua Jondalar, rongé par le remords. J’ai essayé de penser à tout... et voilà !
— Les sabots sont durs, mais ils ne sont pas en pierre. C’est un peu comme de l’ongle, cela s’abîme. Jondalar, ils ne peuvent pas continuer. Encore un ou deux jours et ils ne pourront plus marcher du tout. Il faut les aider.
— Oui, mais que faire ?
— J’ai encore ma poche à médecines, je peux soigner leurs plaies.
— Mais, Ayla, nous ne pouvons pas attendre qu’ils guérissent. Et puis, une fois guéris, ils vont de nouveau se blesser.
Jondalar s’arrêta, le front soucieux, un pli amer aux lèvres. Il refusait d’envisager ce qu’il considérait pourtant comme inévitable, et il osait encore moins en parler.
— Ayla, il va falloir les laisser, finit-il par dire avec une grande douceur.
— Les laisser ? Comment ça, « les laisser » ? On ne peut pas abandonner Whinney et Rapide. Où trouveraient-ils à boire ? Et à manger ? Il n’y a rien à brouter sur cette maudite glace, pas même la moindre brindille. Ils mourront de faim, ou de froid. Non, nous ne pouvons pas faire cela ! On ne peut pas les abandonner ici ! Pas question !
— Tu as raison, nous ne pouvons pas les laisser comme ça. Ce ne serait pas juste. Ils souffriraient trop... mais... mais nous avons des sagaies, et des propulseurs...
— Non ! Non, Jondalar ! hurla Ayla. Non, je ne te laisserai pas faire.
— C’est mieux que de les abandonner à une mort lente, à des souffrances inutiles. Ce n’est pas comme si on n’avait jamais... chassé les chevaux. Tout le monde les tue.
— Whinney et Rapide ne sont pas des chevaux ordinaires. Ce sont nos amis. Nous avons vécu tant de choses ensemble. Ils nous ont aidés, Whinney m’a sauvé la vie. Je ne peux pas l’abandonner.
— Ça ne m’amuse pas plus que toi, assura Jondalar. Mais que faire d’autre ?
L’idée de tuer l’étalon qui avait été son compagnon de voyage pendant si longtemps le révulsait, et il comprenait la réaction d’Ayla.
— Faisons demi-tour, proposa-t-elle. Rebroussons chemin, tu disais qu’il y avait une autre route.
— Voilà deux jours que nous marchons sur ce glacier et les chevaux sont presque estropiés. Nous pouvons revenir en arrière, Ayla, mais je ne sais pas si les chevaux y arriveront.
Il ignorait également si Loup y parviendrait, et le remords l’accablait.
— Je suis navré, Ayla. C’est de ma faute. J’ai été stupide de croire qu’on pouvait traverser le glacier avec les chevaux. Nous aurions dû prendre l’autre chemin, mais c’est trop tard à présent.
Ayla surprit des larmes dans les yeux de son compagnon. Elle ne l’avait jamais vu pleurer. Les Autres pleuraient parfois, mais Jondalar préférait cacher ses émotions. D’une certaine manière, cela renforçait l’amour qu’il portait à Ayla. Il ne se livrait que devant elle, et elle ne l’en aimait que davantage, mais elle refusait d’abandonner Whinney. La jument était sa meilleure amie, la seule qui l’avait soutenue dans la vallée, avant l’arrivée de Jondalar.
— Il faut trouver une solution, hoqueta-t-elle en pleurant.
— Oui, mais laquelle ?
Il ne s’était jamais senti aussi malheureux, aussi frustré devant son impuissance.
— Bon, en attendant, je vais soigner leur plaies, dit Ayla en essuyant les larmes qui gelaient sur sa figure. Il faut un bon feu, assez chaud pour faire bouillir de l’eau.
Elle prit la peau de mammouth et l’étendit sur la glace. Quelques traces de roussi n’avaient pas endommagé l’épais cuir robuste. Elle déposa les rocs près du centre pour y bâtir le foyer, S’ils n’avaient plus à économiser les pierres qui brûlent, ils pourraient les abandonner.
Ayla était incapable de parler, et Jondalar n’avait rien à dire. Les mots semblaient inutiles et dérisoires. Tant de préparatifs, de calculs, pour être confrontés à un problème qu’ils n’avaient même pas envisagé. Ayla regardait le feu d’un air absent. Loup, sentant son désarroi, rampa à ses côtés et gémit doucement. Ayla examina de nouveau ses plaies. Elles n’étaient pas aussi graves que celles des chevaux. Il faisait davantage attention où il posait ses pattes, et il léchait soigneusement la glace collée à chaque arrêt. L’idée de le perdre bouleversait Ayla.
Elle n’avait pas oublié Durc bien qu’elle n’y pensât pas consciemment. Il restait dans sa mémoire comme une douleur inextinguible. Elle se surprit à se demander ce qu’il devenait. A-t-il commencé à chasser avec le Clan ? Se sert-il de la fronde ? Uba doit être une bonne mère pour lui. Je suis sûre qu’elle le soigne bien, qu’elle lui prépare à manger et lui fabrique de bons vêtements chauds.
En pensant au froid, Ayla frissonna. Elle se rappela alors les habits qu’Iza lui fabriquait. Elle adorait le bonnet en peau de lapin avec la fourrure à l’intérieur. Pour les protège-pieds d’hiver aussi, la fourrure était à l’intérieur. Elle se voyait encore folâtrer avec une paire neuve aux pieds et le modèle assez simple des protège-pieds lui revint en mémoire. C’est une pièce de cuir rassemblée autour de la jambe et attachée à la cheville. Au début, ils n’étaient pas très pratiques, mais à l’usage le cuir se moulait au pied.
Ayla fixait toujours le feu, surveillant l’eau qui commençait à frémir. Quelque chose la tracassait. Quelque chose d’important... à propos des...
— Jondalar ! haleta-t-elle, en proie à une agitation intense. Oh, Jondalar !
— Qu’y a-t-il ? s’inquiéta Jondalar.
— Il y a... il y a que j’ai trouvé ! s’écria-t-elle. Oh, Jondalar, je viens de m’en souvenir.
Jondalar ne comprenait pas le comportement étrange de sa compagne.
— Tu viens de te souvenir de quoi ?
A l’évidence, la perspective de perdre les deux chevaux la perturbe, se désola Jondalar.
Ayla tira brusquement la lourde peau de mammouth du feu, renversant une pierre brûlante sur le cuir.
— Donne-moi un couteau, Jondalar. Ton couteau le mieux aiguisé.
— Mon couteau ?
— Oui, je vais fabriquer des bottes pour les chevaux.
— Des quoi ?
— Je vais faire des bottes pour les chevaux, et aussi pour Loup. Regarde, avec cette peau de mammouth !
— Des bottes pour chevaux ?
— Voilà, je découpe des cercles dans le cuir, je perce des trous sur les bords, j’enfile des tendons que j’attacherai aux paturons des chevaux. Puisque la peau de mammouth protège nos pieds des coupures de la glace, elle protégera aussi les sabots de Whinney et de Rapide, expliqua Ayla.
Jondalar se taisait, essayant de visualiser l’objet qu’Ayla venait de décrire. Son visage s’éclaira.
— Oui, je crois que ça peut marcher. Par la Grande Terre Mère, ça marchera ! Quelle idée fantastique ! Comment y as-tu pensé ?
— C’est comme cela qu’Iza fabriquait mes bottes. C’est comme cela que le peuple du Clan fabrique ses protège-pieds et ses protège-mains. Comment étaient ceux que portaient Guban et Yorga ? Ah, c’est difficile à dire parce qu’après un certain temps, le cuir se moule exactement aux pieds.
— Cette peau suffira-t-elle ?
— Oui, je crois. Je vais terminer la préparation de la potion pour les coupures pendant que le feu est encore chaud, et je ferai aussi une infusion pour nous. Nous n’en avons pas bu depuis deux jours, et nous n’aurons certainement pas l’occasion d’en prendre avant d’être sortis de ce glacier. Il va falloir économiser les pierres qui brûlent, mais une bonne infusion sera la bienvenue.
— Allons-y pour l’infusion ! approuva Jondalar qui avait retrouvé sa bonne humeur.
Ayla examina les sabots des chevaux, nettoya les plaies, appliqua sa potion, et enveloppa ensuite les paturons des deux montures dans des morceaux de la peau de mammouth. Ils essayèrent d’abord de se débarrasser des étranges protège-pieds, mais le cuir était solidement attaché
et ils s’y habituèrent vite. Elle recommença l’opération avec Loup. Il mâchonna et rongea le cuir qui le dérangeait, mais finit pas se lasser, lui aussi.
Ainsi, le lendemain matin, la charge des chevaux fut allégée. Des pierres qui brûlent avaient disparu dans le feu, et la lourde peau de mammouth entourait maintenant leurs pieds. De surcroît. Ayla les déchargea à chaque arrêt, et prit une partie du fardeau sur son dos, bien qu’avec la meilleure volonté du monde, elle ne pût les soulager que d’un poids insignifiant. Mais malgré la marche, leurs blessures se cicatrisèrent. Loup semblait être déjà guéri, au grand soulagement d’Ayla et de Jondalar. Avantage inattendu, les bottes, comme les raquettes, empêchaient les chevaux de s’enfoncer dans la neige épaisse.
Le rythme du premier jour se maintint, avec quelques variantes. Ils parcouraient les plus grandes distances le matin, car l’après-midi apportait la neige et le vent. Parfois, ils reprenaient la route après la tempête, mais ils étaient souvent obligés de camper là où le blizzard les surprenait. Pourtant, ils n’eurent plus à affronter des vents aussi violents que le premier jour.
Le glacier n’était pas aussi plat et lisse qu’il leur avait paru. Ils pataugeaient dans des monticules de neige poudreuse détrempée amoncelée par des tempêtes locales, trébuchaient sur des amas de glace coupante, glissaient dans des fossés, se prenaient les pieds dans des fissures, se tordaient les chevilles sur la surface inégale. De brusques bourrasques soufflaient sans crier gare, les vents féroces ne faiblissaient presque jamais, et les deux voyageurs vivaient dans la hantise d’une crevasse invisible recouverte d’un pont trop fragile ou d’une corniche de neige friable.
Ils contournaient les crevasses béantes, particulièrement nombreuses vers le centre du glacier où l’air sec ne permettait pas d’importantes chutes de neige qui les eussent recouvertes. Le froid intense, âpre, mordant, polaire ne s’adoucissait jamais. Leur haleine gelait sur la fourrure de leur capuche, autour de la bouche. Une goutte d’eau qui coulait d’un bol gelait avant d’atteindre le sol. Leur visage exposé aux vents vifs et au soleil ardent se craquelait, pelait et noircissait. Les gelures menaçaient en permanence.