Moi, l'amour et autres catastrophes

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Moi, l'amour et autres catastrophes Page 3

by Karen Templeton


  D’accord. Revenons un peu en arrière.

  Le lendemain du mariage ne compte pas. Celui qui a dit que le champagne ne donnait pas la gueule de bois mentait. Mais le jour suivant, j’étais suffisamment remise pour affronter ma cuisine, ainsi que mon téléphone, qui avait engrangé vingt-cinq messages. Nouveau record mondial. (J’avais aussi éteint la sonnerie de mon portable, persuadée que le monde tournerait aussi bien sans moi pendant deux jours.) Rassemblant mon courage en piteux état — et munie du fabuleux gâteau au citron et aux graines de tournesol de Ted —, j’avais calé mes fesses sur mon tabouret de bar et enclenché la touche play.

  Comme je l’avais soupçonné, les treize premiers messages consistaient en variations diverses sur le thème « Est-ce que tu vas bien ? Appelle-moi. » en provenance de ma mère. Ils étaient suivis de :

  « Salut, Ginger, c’est Nick. Je voulais juste voir si tu avais des nouvelles. Tiens-moi au courant. »

  « Nick ». Pas « Nicky ». J’ai relevé. J’ai aussi relevé sa sincère inquiétude, sans arrière-pensée. Non, vraiment. Après tout, par alliance, il est de la famille. Et une fois dessoûlée, j’ai compris que ma réaction envers lui avait été provoquée par l’alcool et le choc. De plus, la dernière fois que j’ai parlé avec Paula, elle m’a appris que Nicky — Nick — avait une nouvelle petite amie. Une fille sympa, mais pour l’amour du ciel, c’était au moins la sixième cette année et Dieu savait tout le bien qu’elle pensait de son beau-frère, mais quand diable avait-il l’intention de se comporter en adulte ?

  Encore trois messages de ma mère puis :

  « Ma fille, décroche ce foutu téléphone ! »

  Terrie.

  « Allez, allez… merde ! Je sais que tu es là, probablement en train de pleurer toutes les larmes de ton corps. Ce qui est une honte parce que ce putain de salaud ne le mérite pas… »

  Une chose à porter au crédit de Terrie : inutile de s’attendre de sa part à un sermon réconfortant du style « un de perdu dix de retrouvés », parce que d’après elle, vous êtes mieux lotie seule.

  « O.K., soit tu es là et tu refuses de répondre, soit tu as coupé la sonnerie. Je ne t’en veux pas. Mais au cas où tu écouterais mon message dans les dix années à venir, voilà : tu n’y es pour RIEN. D’accord, chérie ? Tu m’appelles quand tu rejoins le monde des vivants, on sortira faire la fête. »

  A ce moment-là, mon état d’esprit présentait une forte affinité avec celui de Mme Krupcek, de l’appartement 5-B, qui d’après la légende était restée, un jour des années 80 où le bâtiment avait subi une coupure d’électricité, coincée deux heures dans l’ascenseur, et avait fait pipi dans sa culotte. Depuis, personne ne l’avait plus jamais vue sortir de l’immeuble.

  Je ne l’ai pas rappelée depuis. Je parle de Terrie, pas de Mme Krupcek. Mais Terrie ne m’en voudra pas. J’espère.

  « Allô, ouais ? C'est Tony de VideoLocation ? »

  A son ton interrogateur, je me suis demandé s’il n’était pas certain de s’appeler Tony ou de travailler chez VideoLocation.

  « J’appelle pour vous rappeler que le DVD Mort à Venise est en retard de cinq jours ? D’ac, salut. »

  Première question : qui diable a bien pu louer Mort à Venise ?

  Deuxième question : un DVD traîne quelque part dans cet appartement ?

  « Hello, ma grande, c’est Shelby. Tu es là ? Bon, j’ai l’impression que non. Enfin, Mark et moi avons pensé que tu aimerais peut-être venir dîner un soir de cette semaine ? Les enfants te réclament. Bon, d’accord. Bisous, au revoir. »

  Pour répondre à votre question, non, je n’ai pas accepté son invitation. Mais j’ai tout de même fini par la rappeler et la remercier. Dieu sait que la dernière chose dont j’aie besoin en ce moment, c’est de passer une soirée en compagnie de Nicolas et Pimprenelle. Peut-être le mois prochain. Ou plus tard.

  J’avais enfourné une nouvelle bouchée de gâteau.

  « Salut, Ginge… »

  La voix de Greg. Ma fourchette a volé et je me suis jetée sur le téléphone, oubliant complètement qu’il s’agit d’un message. Quelle idiote.

  « ... J'ai appris par le téléphone arabe que mon père avait carrément fait appel à la police. Très fort. Alors je me suis dit que je ferais mieux de faire savoir à tout le monde que je vais bien. Il se trouve simplement que je n’ai pas pu… »

  Il soupire.

  « ... Zut, c’est difficile à expliquer… »

  Il faut bien comprendre que jusqu’à cet instant, je m’étais persuadée que ce mec était mort, avait été kidnappé, ou avait une explication parfaitement plausible pour expliquer sa brusque disparition. La première hypothèse s’étant révélée caduque dès la première syllabe, et la seconde hautement douteuse — il ne s’exprimait pas comme quelqu’un qui a un revolver pointé sur la tempe —, il ne me restait plus que la numéro trois, tout aussi peu prometteuse.

  « … je sais que tu es probablement en colère, d’accord, extrêmement en colère. »

  Exact, j’ai éprouvé cette sensation deux ou trois fois durant les vingt-quatre heures précédentes.

  « … et tu as tous les droits de l’être. Ma conduite est impardonnable. Même si je vis jusqu’à cent ans, je ne comprendrai jamais pourquoi j’ai pris mes jambes à mon cou. Non… ce n’est pas vrai. Je crois que je le sais, j’ai… euh… paniqué. A cause de nous, notre mariage, ta façon de me placer sur un piédestal… »

  Je me suis étouffée avec ma bouchée de gâteau.

  « … et j’ai réalisé que je n’avais pas pris assez le temps de réfléchir en profondeur… »

  A ce stade, ma fureur commençait à atteindre des proportions intéressantes. Zut ! Pourquoi n’était-il pas parvenu à cette conclusion avant que je ne dépense les économies de toute une vie dans un buffet que personne n’a jamais eu l’occasion de déguster ?

  Et qu’est-ce que c’est que ces conneries, comme quoi je le place sur piédestal ?

  « ... Je n’ai vraiment pas prémédité mon comportement. Je ne veux pas que tu croies à un genre de jeu malsain ou je ne sais quoi. Ginge, je suis nul, c’est tout. »

  Je ne conteste pas.

  « ... mon gros regret est de ne pas avoir été capable d’analyser mes sentiments avant samedi matin. Je suppose que j’ai été emporté par… par le tourbillon, et je ne me suis pas accordé cinq minutes pour me demander si j’étais prêt… »

  Merde, ce mec a trente-cinq ans. Quand croyait-il être prêt ?

  « ... sexuellement, c’était super, n’est-ce pas ? »

  J’ai contemplé ma table basse en soupirant.

  « ... qui aurait deviné que mes parents signaleraient ma disparition à la police, flûte ? J’espère que cela ne t’a pas bouleversée encore davantage… »

  Oh non. Pas du tout.

  « ... et j’espère que peut-être, un jour, nous redeviendrons amis. Mais je comprendrais totalement si tu ne pouvais plus me voir en peinture. »

  Tu crois ?

  « ... enfin, je réglerai les choses avec VideoLocation cette semaine… »

  Un mystère d’élucidé. Toujours pas trouvé ce fichu DVD d’ailleurs.

  « ... Ça ne t’ennuierait pas de leur déposer le film ? Et peut-être devrions-nous convenir d’un jour où tu pourrais passer reprendre tes affaires, quand ça t’arrange… Tu pourrais appeler maman. Ce serait peut-être plus facile, tu ne crois pas ? »

  D’où le pèlerinage à Scarsdale.

  « Oh, et écoute… »

  Soupir plein de compassion.

  « … Je n’ai jamais eu l’intention de te laisser te charger des factures, je te le jure. S'il te plaît, fais-les suivre à mon bureau, d’accord ? Je les paierai, je le promets. Bon… »

  Il s’est éclairci la gorge.

  « … Je crois que… bon. Salut. Et Ginge ? »

  — Quoi ? ai-je aboyé en direction du pauvre répondeur.

  « Tu n’y es pour rien, d’accord ? Je suis sérieux. Tu es une fille géniale. Mon Dieu, je suis tellement désolé
. »

  Tu as bien raison.

  Après avoir fait défiler en accéléré le reste des messages, tous de ma mère, j’ai jeté un œil au gâteau et découvert que, sans m’en rendre compte, j’en avais avalé la moitié. Aucune importance d’ailleurs puisque — ne me haïssez pas — je peux avaler tout ce que je veux sans jamais grossir (mais je soupçonne vaguement toutes ces calories de se dissimuler dans mon corps, prêtes à resurgir le jour de mon quarantième anniversaire). Mais le gâteau était encore coincé dans ma gorge lorsque j’ai éclaté en sanglots. De vrais sanglots qui vous coupent le souffle et qui, conjugués aux résidus de gâteau, ont manqué m’étouffer. J’ai cru mon cerveau prêt à exploser.

  Cinq minutes plus tard, réduite à l’état de loque tremblotante et transpirante, j’étais parvenue à la conclusion écœurante que, même si j’aurais préféré subir une éviscération au couteau émoussé que de souffrir ainsi, j’aimais encore cet enfoiré. Presque une semaine plus tard, j’éprouve toujours ce même sentiment. Sinon pourquoi aurais-je avalé une douzaine de paquets de Cheetos ? Je devrais le haïr, je le sais, mais je n’ai jamais été amoureuse auparavant. Pas vraiment. Et je découvre que faire cesser cet état n’est pas aussi simple que tourner un robinet. Ce qui fait de moi quelqu’un de très loyal, ou de très bête. Oui, je suis blessée, furieuse et d’humeur à lui infliger de sérieux dommages corporels, mais quand j’ai réécouté le message (oh ça va, comme si vous n’auriez pas fait la même chose !) j’ai trouvé Greg vraiment bouleversant…

  Bon. Enfin. Je recommençais à m’empiffrer du gâteau, ballottée par mes émotions, quand le téléphone a sonné, me faisant sursauter parce que j’avais réglé la sonnerie trop fort. Trop surprise pour me rappeler que je n’étais pas censée répondre, j’ai décroché.

  — Salut, Ginger ? C'est Nick.

  Vous vous en doutiez, non ?

  Mais moi pas du tout. Et je me suis dit : « D’accord, ce n’est pas lui qui va me remonter le moral. » J’ai passé ma main dans mes cheveux, mais ma bague de fiançailles s’est prise dans un nœud, m’arrachant une grimace et une nouvelle quinte de toux.

  Nick m’a demandé si j’allais bien, mais je ne pouvais pas répondre puisque j’étais en train de mourir étouffée.

  — Ne quitte pas, ai-je croassé dans le combiné, avant de me pencher sur l’évier pour avaler un demi-verre d’eau tiède.

  Beurk.

  Une minute plus tard, j’ai repris le combiné.

  — Devine qui m’a appelée ?

  — Je sais, a répondu Nick. On vient de m’apprendre que Munson est en pleine forme.

  Il semblait presque déçu.

  Je parie que Nick ne se défilerait pas ainsi, ai-je pensé, juste avant de me souvenir que c’était exactement ce qu’il avait fait.

  Mon regard a glissé sur ma main gauche et la bague de fiançailles de la taille du Bronx que j’arborais avec fierté depuis la Saint-Valentin. Deux carats, taillée en émeraude, sertie de platine. Flûte, pour cette petite chérie, je m’étais même laissé pousser les ongles.

  Elle non plus, je n’ai pas encore décidé de son sort.

  Mais revenons au coup de fil.

  — Ouais. Supernouvelle hein ?

  — Merde, a répondu Nick, d’une voix douce.

  Comme s’il ne s’agissait pas d’un juron.

  — ... Que s’est-il passé ?

  Malheureusement, les larmes étaient revenues à la charge.

  — Il a laissé un message sur mon répondeur. Mon répondeur.

  — Tu plaisantes ? C'est carrément nul.

  La colère menaçait de nouveau de m’envahir. Et ça aurait été bénéfique, j’imagine, de m’y abandonner une minute. Mais je me suis alors rappelé la promesse que je m’étais faite enfant de ne pas me laisser contrôler par mes émotions, de ne prendre que des décisions dictées par la raison et la logique, non par la passion et l’impulsivité.

  Je me suis rappelé que je n’étais pas comme ma mère.

  Un sentiment d’apaisement m’a brusquement envahie. A moins que ce ne soit un souffle d’air frais venant de la fenêtre ouverte de la cuisine. L'espace de quelques brèves secondes, j’ai éprouvé la certitude que tout allait bien. Peut-être l’ouragan avait-il fait pencher le bateau, mais redresser la barre était en mon pouvoir.

  Je me suis étirée, faisant bouger les muscles noués de ma nuque.

  — Mais il s’est confondu en excuses.

  Même à mes propres oreilles, ma voix semblait incroyablement égale.

  — … Et il ne me plante pas avec les factures ni rien.

  — Bon Dieu.

  Quoi?

  — Tu me fais peur.

  — Je te fais peur ? Pourquoi ?

  — Tu n’es pas censée péter les plombs, être en train de tout casser ?

  J’ai hésité entre rester sans voix et m’indigner.

  — C'est comme si j’affirmais que tous les hommes passent leur dimanche devant la télé à regarder le sport en s’empiffrant de chips et de côtes de porc.

  — Ouais. Et alors ?

  J’ai soupiré.

  — Greg n’est pas comme ça.

  — Non, lui se contente de déserter le jour de votre mariage.

  J’ai froncé les sourcils. Un tout petit peu.

  — Mais il a dit que…

  — Je me fous de ce qu’il a dit. Ce type n’a même pas eu le courage de te parler en face. Il t’a traitée de façon inacceptable, Ginger. Quant à moi, j’aurais dû t’appeler après… le mariage de Paula. Mais je ne l’ai pas fait. Et même en considérant que je n’avais que vingt et un ans et ne fonctionnais qu’avec la moitié de mon cerveau, ça n’en fait pas moins de moi un nul. Mais je survis malgré tout. Alors que ce que ce mec t’a fait… merde ! Comment fais-tu pour ne pas exploser de fureur ?

  — La colère n’est pas productive…

  — Conneries. Ne pas exprimer sa colère n’est pas sain.

  Le rouge m’est monté au front.

  — Tu ne dois pas suivre avec beaucoup d’attention les cours de gestion de l’agressivité auxquels on vous force à assister.

  Qu’est-ce que ce mec cherchait à obtenir de moi ?

  — Gérer ne signifie pas réprimer.

  — A propos de réprimer…

  — Je parie que tu portes encore sa bague.

  — Cela ne te regar…

  — Enlève-la, Ginger. Tout de suite.

  C'est là que, voulant me passer la main sur le visage, je me suis écorché le nez avec le diamant (ce qui m’arrive, si vous voulez tout savoir, au moins une fois par jour depuis que j’ai passé ce foutu bijou à mon doigt ). Exactement ce qu’il fallait pour me faire péter un plomb. J’ai arraché la bague et l’ai propulsée contre le comptoir de la cuisine. La force du son produit m’a surprise. Et ravie.

  — Ton doigt est nu ?

  — J’espère que tu es seul…

  Je me retenais d’aller la récupérer au milieu de mes livres de cuisine avant que les cafards ne l’emportent. (oui, dans l’East Side aussi nous avons des cafards, mais ils sont mouchetés du sigle Louis Vuitton).

  — … parce que je ne sais pas si tu te rends compte à quoi ressemble cette conversation, vue de ton côté…

  — As… tu… ôté… cette… bague ?

  — Tu sais, tu as un léger problème de patience…

  — Zut, Ginger…

  — Oui, Nick. J’ai enlevé la bague. Content ?

  — Délirant de joie. Tu l’as balancée dans la pièce ?

  J’ai écarté mes cheveux de mon visage.

  — Oui. Je l’ai balancée…

  — Fort ?

  Avec un lourd soupir, j’ai quitté mon tabouret et me suis penchée pour scruter le comptoir. J’y ai distingué une minuscule égratignure, mais je jure qu’elle s’y trouvait déjà lorsque j’ai emménagé. Comme j’étais sur place, j’ai ramassé la bague, et me suis rassise en la faisant rouler entre mes doigts.

  — Assez fort.

  — Bien.

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bsp; Sa voix semblait dire « Mon boulot ici est terminé. »

  — Je t’appelais pour mettre les choses au point, te dire officiellement que tu étais hors de cause.

  — Oh. D’accord. Merci.

  Le silence s’est installé sur la ligne.

  — Bon. Prends soin de toi, d’accord ? Et, Ginger ?

  — Oui ?

  — Ne repasse pas la bague à ton doigt.

  Après avoir raccroché, je suis restée plusieurs secondes à écouter la tonalité, le corps frémissant, comme si je venais de faire l’amour.

  Bon, maintenant que vous avez eu droit au récit de mon troisième jour de lune de miel, nous pouvons revenir au présent, tout aussi trépidant et amusant, qui me voit, catatonique, figée devant la télé. Nick n’a pas rappelé depuis. Mais pourquoi le ferait-il ?

  Et la bague est soigneusement nichée dans sa petite boîte Tiffany sous mes sous-vêtements.

  Vous l’avez peut-être deviné, la sensation grisante que j’allais redresser la barre m’a quittée. Peut-être, une minute ou deux, ai-je surfé sur la crête de la vague, mais très vite, elle m’a de nouveau engloutie. Jusqu’à ce que j’aie un mec attitré, je ne m’étais pas rendu compte combien je détestais les rendez-vous et tout ce qui s’ensuit. L'atroce perspective de devoir recommencer de zéro m’exaspère.

  Un générique défile sur l’écran. Il est plus tard que je ne pensais. Je dois me reprendre, c’est-à-dire prendre une douche et m’arranger un minimum afin de ne pas faire peur aux petits enfants lorsque je mettrai le pied dehors. La dernière fois que j’ai croisé mon reflet, je ressemblais à un caniche électrocuté. Et je devrais rapporter leur plat à Ted et Randall. Si j’ai l’air assez lamentable, peut-être me prendront-ils en pitié et le rempliront-ils de nouveau. De cookies au chocolat, noisettes et céréales. Ou de brownies, ce serait bien aussi…

  Mon téléphone sonne de nouveau. J’hésite avant de répondre.

  — Cara?

  Mon cœur s’arrête. Ma grand-mère.

  Qui jamais, au grand jamais, ne téléphone.

  — Nonna, qu’est-ce que… ?

  — Ta mère, elle vient chez toi. En taxi. Mais je ne t’ai rien dit.

  Nonna raccroche. Je réfléchis environ dix secondes. Que Greg ne soit pas mort tombe à pic. Maintenant que j’ai été rayée de la liste des suspects, cela prendra davantage de temps à la police de New York pour me relier à l’assassinat de ma mère. Evidemment, si elle y parvient tout de même, peut-être Nick reviendra-t-il m’interroger — perspective encore plus que séduisante que celle d’être débarrassée de ma mère — sauf que je ne me crois pas capable d’affronter la déception dans son regard quand il découvrira que c’est moi la coupable. Je crois que je ne vais pas tuer ma mère.

 

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