Ne prenez pas mes délires au sérieux, je ne suis même pas capable de poser un piège à souris.
Mais pendant que je préméditais l’assassinat de ma mère, l’heure tournait. Je calcule la durée d’un trajet en taxi pour venir ici depuis l’angle de Riverside Drive et de la 116e Rue. J’ai le temps de me rendre présentable, ou de rendre l’appartement présentable, mais pas les deux. Je lâche une bordée de jurons paniqués. Non que ma mère soit maniaque, croyez-moi — jusqu’à ce que Nonna vienne vivre avec nous après la mort de mon grand-père, lorsque j’avais dix ans, j’ignorais qu’un lit pouvait être fait ! — mais un seul regard à cet endroit, et elle comprendra que je ne suis pas exactement dans mon état normal.
Hors de question.
Evidemment, mes muscles se tétanisent sur-le-champ. Etat qui aurait pu se poursuivre indéfiniment si on n’avait pas sonné à la porte. Je lâche un nouveau juron, valable dans toutes les situations, et me traîne jusqu’à la porte. Ne me dites pas que Nedra a trouvé le seul et unique taxi de tout Manhattan qui connaisse son chemin !
Je glisse un œil par l’œilleton et lance presque un cri victorieux avant d’ouvrir la porte en grand. Alyssa, la fille de douze ans de mon voisin Ted, me sourit de toutes ses dents, toute en jambes, appareil dentaire, cheveux de soie blond miel et grands yeux verts. Je suis tellement heureuse qu’il ne s’agisse pas de ma mère que je ne me préoccupe même pas de ma tête de caniche électrocuté, ni du chocolat fondu étalé sur mon haut de pyjama, juste entre mes seins, ce qui souligne que je ne porte pas de soutien-gorge. Cela ne risque pas de gêner Ted, mais je ne suis pas certaine de montrer le bon exemple à Alyssa.
Malgré ma panique, je souris moi aussi, même si mon sourire tremble aux commissures. Alyssa est ma copine. Je ne compte plus le nombre de fois où j’ai joué les babysitters pour elle depuis que Ted a obtenu sa garde, il y a quatre ans. Pas mal pour un gay, même à notre époque. Depuis l’année dernière, elle commence à remarquer les garçons. Au même âge, apparemment, son père faisait la même chose. Mais vous savez comment ça se passe. Pour ce genre de choses, il est toujours plus facile de se confier à quelqu’un d’extérieur…
Les mains d’Alyssa sont crispées autour d’un plat à gâteau. Oui ! La situation s’améliore pour de bon.
— Comme on te voyait pas sortir de chez toi, nous nous sommes inquiétés, explique le père qui surgit derrière sa fille, son torse solide moulé dans un T-shirt bleu délavé, ses jambes nues dépassant d’un short usé — la tenue d’été de l’écrivain free-lance enchaîné à son ordinateur.
Sous ses cheveux sombres striés d’argent, aussi bouclés que les miens, son regard noisette se voile d’inquiétude à la vue de ma triste apparence.
— J’espère que tu n’as pas travaillé ton look plus de dix minutes, chérie, parce que, fais-moi confiance, on ne te reconnaît pas.
J’ai vraiment, vraiment envie de reporter mon attention sur les cookies, mais je me souviens soudain du danger imminent.
— Mon Dieu. Ma mère arrive. En taxi.
Ted me regarde, puis jette un coup œil dans l’appartement par-dessus mon épaule. Je jure qu’il pâlit. Lui aussi a déjà rencontré ma mère.
— Je vois. On arrive.
— Oh non, vous n’êtes pas obligés de…
Ted me lance un regard ne souffrant aucune protestation.
— Al, rentre à la maison chercher les sacs poubelle. Et ramène Randall pendant que tu y es.
Le débarquement de la cavalerie m’arrache à ma torpeur. Je rentre chez moi et me remets à paniquer. D’où vient tout ce bazar ? Suis-je vraiment abonnée à autant de magazines ? Pourquoi ai-je tant de vaisselle ? Où vais-je planquer tout ça ?
Je m’empare de la robe de mariée, puis reste plantée là à sautiller nerveusement sur place, la robe à la main. Impossible de caser ce trésor dans l’un de mes placards! La seule porte derrière laquelle je pourrais envisager de la suspendre est celle de la salle de bains. Où j’ai besoin de me rendre sur-le-champ…
Randall, l’amant de Ted, passe son grand corps noir baraqué par la porte. Il porte la tenue décontractée type de l’hétéro blanc bien sous touts rapports — pantalon de toile Dockers, cravate Oxford rayée bleu, mocassins. Et un diamant à l’oreille.
— Bon sang ! Tu t’es consolée en te livrant à une orgie ?
Je guette discrètement le retour de Ted et Alyssa. A mon intense soulagement, elle rapporte les cookies, qu’elle dispose sur le comptoir. Deux ou trois de mes neurones se remettent en marche, avec des ratés.
— Je ne sais pas. Non. Enfin, je ne sais pas comment l’appartement s’est retrouvé dans cet état. C'est pour moi ? dis-je à Alyssa avec un grand sourire.
— Oui, oui, répond la gamine. Papa m’a appris ce matin à les préparer.
Elle ôte le film plastique et m’apporte le plat. Randall me prend la robe froissée des mains avant que je ne salive davantage dessus. Je me précipite sur les cookies en le regardant passer la porte avec ma robe. Moment doux-amer.
— Cet appartement est dans cet état lamentable, chérie, déclare Ted, reprenant subtilement le fil de la conversation, parce que tu vis dans une boîte à chaussures.
Il s’attaque au recoin qui d’habitude abrite le bureau.
— Bon Al, lance-t-il à sa fille, il ne s’agit pas de nettoyer, mais de donner l’impression que ça a été nettoyé.
— Comme quand maman vient à la maison ?
— Tu as tout compris.
Je reste debout à croquer les cookies tandis que la gamine ouvre tranquillement un placard, et entreprend d’y entasser tout ce qui lui tombe sous la main. Une vraie pro du camouflage. Pendant ce temps, son père lisse, empile, tapote.
— Tu sais, dit-il, un de mes cousins habite un quatre pièces à Hoboken dont le loyer est environ la moitié de celui de ce taudis.
J’interromps ma mastication.
— Mais c’est dans le New Jersey !
Ted réfléchit un moment.
— C'est un argument.
Randall réapparaît, sans la robe.
— Qu’en as-tu fait ?
— Cela t’intéresse vraiment ?
— Je… en fait non.
C'est peut-être mon imagination, mais il me semble lire le soulagement dans ses yeux sombres. Ted et Randall ne m’ont jamais rien dit, mais je les soupçonne de ne pas beaucoup aimer Greg. Un large sourire étire le visage couleur réglisse de Randall, y creusant deux adorables fossettes. Il plaisante alors en disant que dissimuler une robe de mariée est fichtrement plus facile que dissimuler Ted quand la mère de Randall fait irruption. Comme les cookies sont posés juste devant moi, j’en prends un autre, et explique à Randall — qui a la trentaine bien tassée et n’est pas marié — qu’il se pourrait que ses parents aient quelques soupçons. Ted se redresse.
— Dis donc, moulin à paroles ? Je me tue à la tâche dans ton appart pendant que tu pérores ?
Je me précipite vers la cuisine mais il m’intercepte et me propulse vers la porte de la salle de bains.
— On s’occupe de la cuisine. Tu t’occupes de toi. Et brûle ce… truc que tu as sur le dos.
Quelques secondes plus tard, je suis sous la douche, et je crois entendre la petite voix gaie de Shelby — « Positive, chérie, les choses s’arrangent toujours » —, immédiatement suivie de celle de Terrie — « Tu n’as pas besoin de ce gros nul dans ta vie, ma fille, et tu le sais. »
Entre ces bonnes paroles et mon shoot de sucre, je finis par y croire. Tu sais qu’elles ont raison, me dis-je. J’ai des amies formidables, un nouveau client à voir lundi et une toute nouvelle marque de shampooing à essayer. Et je n’attends pas mes règles avant encore deux semaines. D’accord, j’étais supposée être en pleine lune de miel. Et mon cœur est brisé. Mais je guérirai, la vie continuera, parce que je suis une femme invincible et que ce n’est pas un homme qui va me mettre à terre, alors que je vis dans une ville où je peux me faire livrer du poulet Kung-Pao à domicile vingt-quatre heures sur vingt-quatre, sept jou
rs sur sept.
Et si cette boule logée en permanence dans ma poitrine voulait bien déguerpir, je serais dans une forme olympique.
Quand j’émerge dix minutes plus tard, le corps dépourvu du moindre poil — selon ma mère, s’épiler signifie se soumettre aux diktats masculins concernant la beauté féminine; en ce qui me concerne, j’aime ne pas donner l’impression d’avoir raté plusieurs barreaux de l’échelle de l’évolution —, mon appartement a de nouveau une apparence à peu près civilisée, et Ted, Randall et Alyssa ont disparu. Le DVD de chez VideoLocation, lui, a réapparu. Il est tellement en retard que je suis surprise que VideoLocation n’ait pas lancé ses sbires à mes trousses. Sur cette note joyeuse, je m’empare d’un autre cookie (hum, ils ont dû en remporter avec eux). Je réalise combien j’aime cet endroit ridiculement minuscule, avec sa cuisine de poupée Barbie, ses hauts plafonds et ses deux grandes fenêtres orientées à l’est, plongeant sur la Seconde Avenue et avec vue directe sur l’appartement d’en face.
Je le sous-loue depuis cinq ans à Annie Murphy, une costumière partie pour six mois à L.A. pour travailler sur un film. Finalement, elle n’est jamais revenue. Au fil des ans, sa sœur de Hoboken est passée prendre ses meubles — avec sa bénédiction — et j’y ai mis les miens. Maintenant, c’est vraiment chez moi, dans tous les sens du terme, sauf ceux du bail.
Mais j’aurais été tout aussi heureuse à Scarsdale. J’avais l’intention de prendre un chien. Un gros chien. Un qui bave partout.
Oh et puis zut.
Tout en ruminant mes pensées, les dents plantées dans un demi-cookie, je me décide à piocher dans les bagages destinés à ma lune de miel qui contiennent les seuls vêtements qui me restent. Un monceau de petites choses légères, moulantes et scintillantes m’adressent un clin d’œil dès l’ouverture du sac. Quand je travaille, je m’habille de tenues simples et de teintes neutres : du noir, du beige, du gris, du crème. Rien qui puisse distraire mes clients — je veux qu’ils voient les dessins, pas la dessinatrice. Hors boulot, je me lâche. Couleurs vives, imprimés audacieux… tout ce qui peut me mettre de bonne humeur.
Je lèche les miettes sur mes lèvres, en me répétant que je n’ai pas envie d’un autre cookie, surtout après l’esquimau Häagen-Dazs. J’enfile un slip Bikini rouge pompier tout neuf et le soutien-gorge de dentelle assorti. Puis je passe une courte jupe violette et un débardeur de soie turquoise. J’ai peut-être des seins minuscules mais, sans fausse modestie, mes jambes sont super, surtout glissées dans cette paire de mules dorées en cuir et acrylique qui me propulse à plus d’un mètre quatre-vingts. Sur la liste de mes plaisirs favoris dans l’existence, les chaussures talonnent la nourriture et le sexe. Encore que parfois, comme aujourd’hui, le sexe se retrouve en troisième position. Je me retourne pour admirer mes pieds. Ciel, ils sont à tomber !
Deux peignes pour retenir mes cheveux, une vaporisation de parfum, un soupçon de brillant à lèvres…
Je contemple mon reflet dans la glace. Mon pauvre Greg… Regarde ce que tu rates. C'est alors qu’on sonne à l’Interphone.
Dieu tout-puissant.
3
Dans mon premier appartement, au cinquième étage d’un immeuble sans portier, tout au sud de Manhattan, le sol de la salle de bains était incrusté d’une telle couche de crasse que les produits de nettoyage ordinaires s’étaient avérés inefficaces. Aussi un jour m’étais-je traînée jusqu’au petit magasin de bricolage du coin pour expliquer mon calvaire au petit homme trapu derrière le comptoir, qui semblait implanté là depuis Mathusalem. Il m’avait observée avec attention derrière ses lunettes à double foyer, puis avait hoché la tête avant de disparaître dans les profondeurs de son magasin encombré. Il en avait resurgi muni d’un pot qu’il avait placé avec précaution sur le comptoir, me jaugeant du regard, comme si nous nous adonnions au trafic de drogue.
— Ce produit vient à bout de tout, garanti.
« Acide muriatique » indiquait l’étiquette en lettres d’un noir lourd de menaces. Le crâne et les tibias croisés ajoutaient une touche sympathique à l’ensemble.
— Surtout ouvrez les fenêtres, avait précisé l’homme trapu, enfilez deux paires de gants, et comme c’est un poison, n’en respirez pas les émanations.
Pas démontée, j’avais réintégré mon taudis, revêtu ma panoplie, ouvert le vasistas de la salle de bains à l’aide d’une pince achetée en même temps que l’acide, et versé une cuillère à soupe du produit à un endroit crasseux près de la baignoire. La réaction avait été si violente que je n’aurais pas été surprise qu’une horde de minidémons s’échappent des vapeurs. J’ai paniqué un instant, craignant qu’après avoir dévoré un siècle de crasse et de tartre accumulés, l’acide ne dévore aussi le carrelage, puis le plancher, et enfin le plafond de mon voisin du dessous. Mais passées quelques secondes de légère inquiétude, le crépitement et la mousse avaient cessé, et je m’étais trouvée en possession des sept centimètres carrés de carrelage les plus propres de tout Manhattan.
Et ceci, mesdames et messieurs, illustre assez bien la réaction qui se produit quand ma mère et moi entrons en contact.
A l’instant où Nedra investit mon espace, ou moi le sien, l’assurance et l’indépendance que j’ai développées durant la dernière décennie se dissolvent, me laissant, du moins temporairement, avec le sentiment d’être à vif, fragile et vulnérable. Raison pour laquelle j’évite cette femme. Tout comme les épilations du maillot à la cire.
Elle ne cherche pas à se montrer critique, du moins pas au sens négatif. C'est juste que, au contraire de la vaste majorité de ses pairs, Nedra a conservé sa ferveur idéaliste des sixties. Au contraire, l’âge — ainsi que quelques années consacrées à l’enseignement des sciences politiques à l’université de Columbia — n’ont fait qu’aiguiser ladite conscience. Alors que moi, pur produit de la génération « Moi d’abord », j’aime gagner de l’argent, le dépenser, de préférence dans des fringues de marque, des places de théâtre et des restaus branchés. Je contribue de mon mieux à prévenir l’effondrement de l’économie, ainsi qu’à soutenir le petit commerce et les beaux-arts. Nedra, elle, ne comprend pas par quelle aberration elle a pu engendrer une progéniture aussi irresponsable. Et n’a pas encore accepté l’idée que mon cas était désespéré.
Mais d’ordinaire, le malaise ne dure pas. Malgré mon apparent sentiment d’insécurité, je ne suis pas aussi fragile que j’en ai l’air. Je suis capable de survivre à une attaque de Nedra, comme à un cyclone. Cela ne signifie pas que j’éprouve le désir de déménager en zone tropicale, mais j’ai appris à jouer le jeu.
Comme à cet instant précis, par exemple, où j’ouvre la porte en la fusillant du regard. Il s’agit de prendre le dessus durant les quelques secondes où c’est encore possible. Parce qu’elle ignore que j’ai une informatrice.
— Nedra ! Mais que fais-tu ici ?
— Oh, laisse tomber. Tu vas m’autoriser à jouer mon rôle de mère, oui ?
C'est bien ce qui me fait peur.
Elle entre en trombe, armée d’un sac à provisions.
— Je croyais t’avoir dit que je ne voulais voir personne?
— Dans cet état de détresse, tu ne peux pas savoir ce que tu veux. Ni ce dont tu as besoin. Or en ce moment, tu as besoin du soutien de ta mère.
Puis elle détaille mon apparence et son visage reflète sa désapprobation. Pas à cause des vêtements en eux-mêmes, mais parce qu’elle sait que cette tenue m’a coûté une fortune. Elle, en revanche, est en plein revival hippie — jupe à imprimé fleuri, T-shirt blanc sous une large blouse brodée (sans soutien-gorge) et claquettes à semelle de bois du Dr Scholl.
Je croise les bras et noircis encore mon regard.
— Ne t’inquiète pas, tout est made in USA.
Cette affirmation est archifausse et nous le savons toutes les deux — les chaussures en particulier crient leur origine italienne à pleins poumons — mais même quand elle tombe bas, Nedra n’est pas du genre à vérifier les étiquettes. Elle préfè
re céder à cinq mille ans de conditionnement génétique et jouer les mères juives outragées.
— J’ai dit quelque chose ?
— Tu n’as pas besoin de parler. Ta jupe date de quand?
Elle balaie mon commentaire d’un geste et fait claquer ses semelles de bois en direction de ma cuisine. Une fois de plus, à mon grand regret, la présence autoritaire de ma mère me cloue le bec.
Les bons jours, Nedra me rappelle Anne Bancroft, l’actrice américaine des années 50. Mais aujourd’hui, elle m’évoque davantage une imitation d’Anne Bancroft. Des vagues grises strient ses cheveux sombres qui lui tombent sur les épaules, aussi épais et indisciplinés que les miens. Dans son visage aux traits saillants, ses sourcils dessinent deux tirets sombres qui surplombent des yeux presque noirs aux paupières lourdes. Ses lèvres pleines, qui ignorent le rouge à lèvres, sont dessinées avec précision. Bien qu’elle n’ait jamais fumé — du moins pas des cigarettes et jamais en ma présence — sa voix est rauque. Sans doute a-t-elle trop crié lors de manifestations. Ses seins tombent et se balancent au-dessus d’un ventre rond et de larges hanches. Ses grandes mains puissantes se terminent par des ongles cassés.
Pourtant, impossible de nier l’aura magnétique qu’elle dégage. Elle évolue avec l’assurance d’une femme totalement à l’aise avec son corps, sa féminité. Toute ma vie, j’ai vu combien elle envoûtait les hommes. Beaucoup restent muets, l’air idiot, mais j’ai vite appris à reconnaître leur émerveillement libidineux, mais respectueux. Moi, je n’ai jamais provoqué de tels sentiments, du moins pas associés les uns aux autres. Depuis la mort de mon père, elle refuse de sortir avec d’autres hommes. C'est dommage. Elle répète qu’elle en a fini avec l’amour, le mariage et les hommes. Et que maintenant, elle est libre de consacrer sa vie à son travail, aux causes qu’elle défend, et à moi ! Oui c’est une femme formidable, quelqu’un que d’instinct vous avez envie d’avoir à vos côtés — ou aussi loin de vous que possible —, mais Nedra dégage une sensualité si puissante, si naturelle et si primale, qu’elle pourrait sans problème incarner une déesse païenne de la fertilité.
Moi, l'amour et autres catastrophes Page 4