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Mon fiancé, sa mère et moi

Page 27

by Brenda Janowitz


  — Allons-y, dis-je en prenant le bras de mon père.

  Jack brise un verre avec son pied, et nous sommes alors officiellement mari et femme.

  — Vous pouvez embrasser la mariée, dit le juge Martin.

  Jack me prend dans ses bras et m’embrasse. J’entends le déclic d’un appareil photo et je sais que le cliché sera parfait. Une de ces photos que l’on encadre et que l’on garde précieusement chez soi toute sa vie. Un trésor familial que nos enfants se disputeront dans quelques décennies, s’étant cotisés à parts égales pour acheter, chez Tiffany, un magnifique cadre en argent pour notre trentième anniversaire de mariage. A propos de Tiffany, ils se raconteront en riant une drôle d’histoire de dispute à la suite de laquelle papa et maman ont failli rompre, mais on ne sait plus pourquoi. Vous savez, une photo avec une belle histoire…

  Excusez-moi, je me suis laissé emporter par l’émotion, revenons à mon mariage.

  Nous nous embrassons, nous sourions et, comme il n’y a pas d’allée à descendre, nous passons de bras en bras, pour recevoir les félicitations de nos familles et de nos amis.

  Dépassés par les souhaits de nos parents, nous ne nous étions jamais demandé, Jack et moi, quel genre de mariage nous voulions. Nous avions le choix entre le rêve de mes parents, c’est-à-dire un mariage juif traditionnel dans une synagogue de Long Island avec la famille proche, et le rêve des parents de Jack, c’est-à-dire un fabuleux mariage dans un grand hôtel de Manhattan, avec traiteur célèbre et une liste d’invités aussi longue que le Bottin mondain.

  En voyant le cabinet du juge Martin aux murs décorés de diplômes et de certificats, avec sa moquette réglementaire, son canapé et ses fauteuils en cuir, je ne peux m’empêcher de penser que c’est un cadre parfait pour mon mariage.

  — Je n’arrive pas à y croire, s’exclame Vanessa, tu es mariée !

  Depuis des années, Vanessa a le rôle de la femme mariée, et moi, celui de la célibataire. Je suis vraiment heureuse pour elle qu’elle ait de nouveau quelqu’un dans sa vie, cette merveilleuse journée n’aurait pas été aussi parfaite, si elle avait été seule et triste.

  — Alors quand allons-nous enfin rencontrer ton mystérieux amoureux? lui dis-je à l’oreille.

  — Il nous retrouvera après la cérémonie à la galerie de ma mère, dit-elle le visage radieux.

  — Il fera connaissance, le même jour, de tes parents et de ta meilleure amie ? Tu es bien courageuse !

  — J’ai confiance, cela va bien se passer, murmure-t-elle les yeux baissés.

  — Vos carrosses vous attendent, mesdames, annonce mon père.

  Nous sortons tous du cabinet du juge et nous nous dirigeons vers la sortie. Je trouve qu’il y a quelque chose d’incroyablement drôle et sexy de traverser le palais de justice en robe de mariée à la place de mon habituel tailleur classique. Cela me rappelle ce mariage d’une amie à Chicago, nous étions sortis de la réception à 3 heures du matin et nous étions allés manger une pizza en ville encore vêtus de nos tenues de cérémonie. Vanessa est d’accord avec moi. Quant à Jack, lorsque je lui fais part de ma réflexion, il me propose de prendre le métro afin que mon rêve soit total. Au lieu de m’écrier : « Mais tu as perdu la tête, tu es dingue ou quoi, de proposer un truc pareil ? Tu sais très bien que je ne prends jamais le métro d’habitude, même quand je suis en jean, alors en robe de mariée ! », je lui réponds gentiment que je n’ai pas besoin de cela pour que mon rêve soit complet car il l’est déjà depuis que nous sommes officiellement mariés.

  Admirez la douce et tendre épouse que je suis déjà!

  32

  Selon une vielle coutume juive, remontant à l’époque de Rebecca, les nouveaux époux doivent s’isoler dans une pièce juste après la cérémonie afin d’être seuls pour la première fois. Cela fait presque un an que Jack et moi vivons ensemble, nous avons donc eu largement l’occasion d’être seuls. Malgré cela, mon père tient absolument à ce qu’à peine arrivés à la galerie d’art de Millie, la mère de Vanessa, nous nous isolions dans son bureau.

  — Ça y est, nous sommes mariés ! s’exclame Jack en me prenant dans ses bras pour m’embrasser.

  Ce n’est pas le baiser innocent et chaste qu’il m’a donné dans le cabinet du juge Martin, celui-là est un baiser fervent qui me brûle et qui signifie qu’il m’aime et m’aimera toute sa vie, et que je l’aime et l’aimerai toute ma vie.

  Cela pourrait durer des heures, mais l’un de nous deux – il me semble que c’est lui – réalisant que le temps passe et que nous ne pouvons pas décemment rester indéfiniment dans ce bureau, interrompt nos effusions.

  — Hé oui, nous sommes mariés, dis-je après avoir retouché mon maquillage devant l’immense fenêtre du bureau de Millie.

  Curieux qu’un ancien mannequin comme elle n’ait pas un miroir dans son bureau…

  — Tu ne croyais pas que j’allais te laisser échapper encore une fois ? demande Jack.

  Je me tourne pour faire face à mon nouvel époux.

  — J’espérais bien que tu m’en aurais empêchée de toute façon.

  En sortant du bureau, je suis fascinée par la façon dont Millie a aménagé sa galerie. C’est un immense penthouse, avec une hauteur sous plafond de plus de cinq mètres et une vue imprenable sur le fleuve, qui donne l’impression d’être dans un film. Les murs de brique et de bois encadrent de larges fenêtres. Pour la réception, elle a enlevé les œuvres d’art et les a remplacées par des tables nappées de lin blanc avec leurs chaises assorties. Le plafond est parsemé de minuscules ampoules donnant l’impression d’être sous un ciel étoilé en été. A l’autre bout de la pièce, j’aperçois Vanessa en compagnie de son père et de son mystérieux amoureux. Je suis surprise de découvrir que je le connais. Son père aussi le connaît. Très bien, même, puisque c’est son mari, en fait, son ex-mari, Marcus. Ils se tiennent par la main et ont l’air de s’amuser comme deux gamins. Deux gosses amoureux.

  — Félicitations, me dit Marcus, puis-je embrasser la mariée ?

  — Bien sûr.

  — Et puis-je embrasser la demoiselle d’honneur? demande Jack à Vanessa.

  — Hé, je suis tout de même la première demoiselle d’honneur!

  — Excuse-moi, répond Jack en riant, alors puis-je embrasser la première demoiselle d’honneur ?

  — Parce que je n’ai pas fait tout cela pour me faire voler la vedette, tout de même, dit-elle en désignant la salle magnifiquement décorée par ses soins.

  — Bien sûr que non, dis-je en prenant un mini-hot-dog sur un plateau présenté par un serveur.

  Je le plonge dans la moutarde puis je prends une serviette en papier pour m’essuyer les mains. Elle porte le monogramme BSJ, pour Brooke et Jack Solomon. C’est bien vrai, nous sommes mariés. Le mini hot-dog est délicieux.

  — C’est mon amuse-gueule préféré.

  — Moi aussi, s’exclame Jack en enfournant un hot-dog entier dans la bouche.

  — Je le savais, dit Vanessa en souriant. Une demoiselle d’honneur qui se respecte connaît ce genre de détail.

  Vanessa a parfaitement fait son travail. Tous nos plats favoris sont au menu : salades de pommes de terre, toasts et caviar au buffet, pendant que d’élégants serveurs en vestes immaculées proposent du tartare de thon et des boulettes de légumes. Sans oublier le bar à Martini. Et, bien entendu, de la viande casher, préparée avec amour par mon père. Alors que nous nous dirigeons, Jack et moi, vers le buffet où l’on sert des côtelettes, j’entends mon père essayer de convaincre Joan, la mère de Jack, de goûter un minuscule morceau de sa viande.

  — C’est casher, s’écrie-t-il, cette viande a été bénie par un pouvoir supérieur.

  — Ce n’est vraiment pas le problème, Barry, proteste Joan en lorgnant sur un plateau de crudités qui passe à proximité.

  — Alors, où est le problème ? demande mon père, j’aimerais tellement vous faire apprécier ma viande! Allez, goûtez ! insiste mon père sur le ton d’un lycéen de terminale parlant à une élève de seconde qu�
�il a réussi à ramener chez elle. C’est le mariage de votre fils, juste un petit morceau.

  — Je ne peux pas, Barry, je me bats contre mon poids depuis des années et il n’y a que le régime végétarien qui me permette de me maintenir à un poids acceptable.

  — C’est à cause de ça? Mais regardez ma Mimi, elle mange de la viande et elle est mince comme un fil. Je peux tout à fait vous préparer quelques morceaux maigres mais qui vous apporteront tout de même les protéines nécessaires à une bonne alimentation.

  Après l’avoir assurée qu’elle n’avait pas à s’en faire et qu’elle était très belle comme ça, il lui promet de lui réserver quelques morceaux « façon Mimi », comme il les appelle, qui l’aideront efficacement dans son régime. Je jurerais avoir surpris plus tard ma mère en train de donner à Joan ses meilleures recettes de régime. Ce qui est étrange, car elle ne me les a jamais données, à moi, sa fille.

  L’orchestre se met à jouer, et Jack me tend la main pour ouvrir le bal. La dernière fois que nous avons dansé lors d’un mariage, c’était à celui de mon ex-petit ami. Alors que nous n’étions qu’amis et collègues, j’avais fait passer Jack pour mon fiancé écossais qui venait de me plaquer pour une autre. C’est à ce mariage, pendant une danse, que j’ai réalisé que Jack était l’homme de mes rêves et que je voulais vivre toute ma vie avec lui. Depuis cette nuit-là, nous avons eu des hauts et des bas – un peu trop du reste –, mais nous les avons dépassés. C’est le jour de notre mariage et je suis follement heureuse.

  Autour de moi, il n’y a que ma famille et mes amis, les gens qui comptent le plus pour moi. Mes parents et ceux de Jack, ses sœurs et ses beaux frères et Vanessa… Ils sont tous là pour nous, pour fêter ce grand jour avec moi. Ce n’est peut-être pas une synagogue de Long Island ni un grand hôtel de Manhattan, mais cela n’aurait pas pu être plus réussi, si je l’avais organisé moi-même.

  C’est le plus beau jour de ma vie.

  Petites annonces du New York Times

  BROOKE MILLER ET JACK SOLOMON

  Brooke Miller, 30 ans (certains prétendent qu’elle n’en aurait que 28, mais un coup de fil à son ancien lycée a confirmé qu’elle avait bien 30 ans), fille de Marty Miller et de Miriam Miller, dite Mimi, vivant à Long Island, a épousé aujourd’hui Jack Solomon, 36 ans, fils du juge Edward Solomon et de Joan Solomon. La nouvelle Mme Miller, qui n’a pas encore décidé si elle conserverait son nom de jeune fille, est avocate associée au sein de la firme Smith, Goldberg et Reede, de Manhattan. « Je m’attends à être nommée partenaire très prochainement », a déclaré la jeune mariée. Jack Solomon est avocat partenaire au sein de la firme Gilson, Hecht et Trattner, elle aussi située à Manhattan. Ils se sont rencontrés chez Gilson, Hecht et Trattner, alors qu’ils travaillaient ensemble. « A cette époque, il ne s’est absolument rien passé entre nous, mais il était évident que Jack était complètement, furieusement, désespérément amoureux de moi ! » a précisé la mariée.

  Celle-ci, qui a quitté la société après une victoire éclatante dans l’affaire Grains de santé, est devenue associée chez SGR. C’est alors que leur relation sentimentale a démarré. « S’il vous plaît, ne dites pas à ma grand-mère de 82 ans que nous avons vécu dans le péché avant notre mariage. Elle en mourrait et je suis sûre que vous ne voudriez pas en être responsable ! » a dit la mariée sur le ton de la plaisanterie.

  La cérémonie s’est déroulée au cabinet du juge Harold Martin, un ancien condisciple du père du marié. Se marier devant le juge Martin était un symbole pour le jeune couple, car c’est durant une affaire que celui-ci présidait, et dans laquelle ils plaidaient l’un contre l’autre, qu’ils avaient momentanément rompu. « Nous étions tous persuadés qu’ils allaient renouer, ce n’était qu’une question de temps », a affirmé Vanessa Taylor, la première demoiselle d’honneur de Brooke. La réception s’est déroulée dans la galerie d’art de la mère de Vanessa Taylor – it girl et mannequin célèbre dans les années 60 – et c’est le père de la mariée, propriétaire de Miller Viande Casher dans le South Shore de Long Island, qui a régalé toute l’assemblée. « Croyez-moi, ce sont les meilleures côtelettes de tout Long Island ! » a-t-il dit fièrement, et j’avoue que c’est aussi l’opinion de votre humble serviteur.

  Épilogue

  — Oh, mon Dieu, Vanessa, tu es magnifique, je crois que je vais pleurer ! dis-je en la voyant sortir de la cabine d’essayage.

  — Ne pleure pas, je t’en prie !

  — Tu es si belle, dis-je en me tamponnant le coin de l’œil.

  Nous sommes chez Monique, et Vanessa essaie sa robe de mariée pour son mariage avec Marcus. (Pour les personnes qui tiennent des comptes, il s’agit bien de son second mariage avec Marcus. Pour ma mère, c’est surtout son second mariage avec un médecin. Et, aux yeux de ma mère, même si Marcus n’est pas juif, un médecin, c’est un médecin !)

  — Je n’aime pas du tout ! s’exclame Millie, la mère de Vanessa. Enlève-la.

  Puis se tournant vers Monique, elle ajoute :

  — Tu n’aurais rien avec des manches pour dissimuler la maigreur de ses bras ?

  Elle a à peine murmuré le mot « maigreur », mais comme elle est à cinquante centimètres de sa fille, celle-ci l’a forcément entendue.

  — Je t’ai entendue, maman, je ne suis pas maigre, je suis sportive, je cours.

  — Lorsque nous étions mannequins, nous avions des courbes, rappelle Millie à Monique, tu devrais peut-être arrêter la course à pied jusqu’au mariage pour te remplumer un peu.

  — Je n’ai pas besoin de me remplumer.

  Je lui tends la coupe de champagne que Monique nous a servie à notre arrivée, mais elle me fait signe qu’elle n’en veut pas.

  — Brooke pourrait te donner quelques recettes, suggère Millie. Quel est ton secret, Brooke, comment fais-tu pour avoir d’aussi jolies formes ?

  — Je mange un paquet entier de cookies quand je suis stressée, dis-je en avalant la coupe de Vanessa d’un trait.

  — Savez-vous qu’au moment de mon mariage, j’étais la muse d’Yves Saint Laurent ? demande Millie.

  Alors que Vanessa s’apprête à répondre à sa mère qu’elle a sans doute hérité de l’intelligence de la famille plutôt que du tour de taille de sa mère, j’en profite pour m’éclipser et me rendre aux toilettes. C’est bizarre, ça fait un mois que je suis barbouillée et que je n’arrive pas à me débarrasser de cette espèce de crise de foie. J’ai été débordée ces derniers temps au travail, car je suis devenue l’avocate principale dans de nombreuses affaires, mais la fatigue n’explique pas tout. C’est peut-être le stress et la pression. Je pense être nommée très prochainement partenaire. Je le crois, j’en suis sûre.

  — J’étais comme toi quand j’attendais Vanessa, dit Millie en me voyant revenir.

  — Mais je ne suis pas enceinte! dis-je en riant. Inconsciemment, je pose la main sur mon ventre. C’est vrai qu’il est moins plat que d’habitude, mais c’est normal, je prends mon rôle d’épouse très au sérieux et je cuisine chaque soir pour Jack. Chacun sait que, lorsqu’on cuisine, on a tendance à goûter aux plats.

  Bon, d’accord, je ne cuisine pas vraiment, disons que je commande des plats cuisinés et que je les sers dans des assiettes en carton. Mais ce sont de très jolies assiettes en carton, évidemment ! Je vous ai déjà dit que, chez SGR, je suis devenue incontournable et que je suis débordée… Vous ne voudriez tout de même pas qu’en plus je cuisine ? De toute façon, mon mari m’apprécie pour tous mes autres talents, alors ! Je n’ai absolument pas le temps d’être enceinte. Du reste, je ne le suis pas. Et je n’ai pas l’air enceinte et, même quand je le serai, ne comptez pas sur moi pour me laisser aller à traîner pieds nus chez moi. Enceinte peut-être, mais avec de jolies chaussures !

  — Je sais qu’en général on évite de l’annoncer avant la fin du premier trimestre, dit Millie, mais il me semble que ce serait plus raisonnable de prévoir une robe de dame d’honneur ajustable.

  — Mais je n’ai pas besoin d’une
robe ajustable!

  — Elle vous dit qu’elle n’est pas enceinte ! proteste Vanessa.

  — Est-ce que Jack et toi voudrez savoir si c’est une fille ou un garçon ? demande Monique en se joignant à la conversation.

  — Je ne suis pas enceinte !

  — Tu plaisantes? s’écrie Millie. C’est une fille, ça crève les yeux, regarde son visage !

  Elles se tournent vers moi et m’examinent sous toutes les coutures, comme si elles étaient des chasseurs de mannequins pour l’agence Elite.

  — Qu’est-ce qu’il a, mon visage ? dis-je en y passant la main.

  — Tu sais ce qu’on dit, quand on attend une fille, elle vous vole votre beauté.

  — Cela suffit, s’interpose Vanessa en jouant des coudes pour les éloigner. Elle n’est pas enceinte, elle est toujours aussi jolie et, plus important, c’est pour moi que vous êtes ici, alors on se concentre !

  — Je ne veux pas dire que tu n’es pas jolie, Brooke, évidemment, dit Millie, c’est une façon de parler. C’est un truc de bonnes femmes, on dit que lorsque l’on attend une fille, le nez s’élargit.

  Mon nez? La dictature du poids ne suffit-elle pas à nous rendre folles ? Après les cuisses, le ventre et les fesses, voilà maintenant qu’il faut que je fasse attention à mon nez ?

  Vanessa et moi nous replions dans la cabine d’essayage où d’autres modèles l’attendent. Elle enfile une robe fourreau avec une longue traîne et, au passage, me murmure à l’oreille :

  — Tu n’as pas intérêt à être enceinte, on avait dit qu’on le serait ensemble !

  C’est vrai. Mais je vois d’ici le tableau. Elle, dont le principal problème dans la vie est d’être trop mince, et moi, gonflant comme un ballon à la première occasion.

  (La mère de Vanessa : — Pourquoi est-ce que ton ventre ne grossit pas comme celui de Brooke ?

  Vanessa : — Parce que je ne suis enceinte que de deux mois.

  Moi : — C’est naturel, mon ventre est toujours comme ça.)

 

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