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ELEANOR DÉBARQUE !

Page 29

by Lee Nicols


  Agissant sur les conseils de la voyante et conseillère intuitive locale, Elle Medina, la police de Santa Barbara a localisé le chien au domicile d’Anthony Tasch, trente-deux ans, qui a été mis en état d'arrestation.

  « Elle était mal en point et maltraitée, a déclaré Sally Ameson, la propriétaire du chien. Si Elle Medina ne l'avait pas trouvée, je ne sais pas ce qui serait arrivé. »

  Après avoir reçu ce qu'elle appelle une « transmission intuitive d'aura à aura », Elle Medina a réuni une équipe constituée de James Spenser Ross, de l’agence de détectives du même nom et Carlos Neruda, de l'association nationale de crédit. Elle s’est ensuite rendue incognito au Café Lustre, un club masculin. Se faisant passer pour une strip teaseuse à la recherche d’un emploi, Elle Medina a réuni les preuves nécessaires à Spenser et Neruda pour identifier Tasch comme le kidnappeur de chien.

  « Je continue de voir des femmes nues en train de danser », a déclaré Elle Medina.

  En plus du chien manquant, les enquêteurs ont trouvé à la résidence de Tasch des preuves de son implication dans une escroquerie aux cartes de crédit. Employé comme personnel de sécurité au Café Lustre, Tasch volerait des informations relatives aux cartes de crédit depuis des mois.

  « Les enquêteurs soupçonnaient depuis longtemps le kidnappeur de chien d'être impliqué dans une telle escroquerie », ont déclaré les autorités, car une carte volée avait été utilisée lors de la première tentative d’achat du chiot. Mais il aura fallu la prouesse de la voyante Elle Medina pour faire la relation entre le chiot disparu et le videur de la boîte de strip-tease.

  Quant à Holly, elle est en sécurité chez elle.

  « Elle a bien pris ses médicaments, a déclaré le vétérinaire Anna Van der Water. Elle était mal en point, mais avec des soins vétérinaires de qualité, elle s'en sortira. »

  Des soins vétérinaires de qualité, et les prouesses de la voyante Elle Medina ! Encore que je ne sois pas emballée par cette citation de « femmes nues en train de danser ». Ils auraient certainement pu trouver quelque chose de mieux. Mais quand même, c’est l’édition du dimanche et il y a une photo couleur de moi avec Holly et Spenser.

  Quand j’ai dit à Spenser qu’il serait en partie rendu responsable de l’arrestation, il m’a pardonné les poursuites judiciaires et m’a offert une indemnité de consultante, que j’ai refusée ; cela ne me semblait pas juste puisque j’allais toucher la récompense. Et puis Sally Ameson m’a gratifiée d’une super-recommandation dans les pubs que je vais faire passer dans le journal local.

  Dans le même temps, Maya et Merrick m’ont convaincue de me réinscrire en fac de psychologie. Quatre écoles proposent des cours, ici, à Santa Barbara. Je n’aurai donc pas besoin de quitter la ville. Ils ont peut-être raison, il est temps que je me prenne au sérieux.

  Carlos essaie de convaincre ses patrons de me récompenser d’avoir mis fin à l’escroquerie de Tasch par un chèque du montant exact de mes dettes. Nous verrons. Il dit que l’affaire est dans la poche, mais je ne compte pas dessus. Non, je compte sur moi.

  Je suis en train de nourrir Miu quand le téléphone sonne.

  — Elle, c’est Nyla. Vous ne vous souvenez probablement pas de moi, mais…

  — Ne soyez pas bête ! Bien sûr que je me souviens de vous.

  Je ne suis même pas surprise d’avoir de ses nouvelles. J’ai pris un café avec Darwin et Adèle — enfin Adèle a pris une tisane — et je leur ai donné mon numéro de téléphone. Ils m’ont envoyé un paquet de vieux clients. Ainsi je donne des consultations téléphoniques en plus de mes rendez-vous réguliers. J’ai une moyenne de huit clients par semaine. Cent dollars le client. Il y a les impôts, bien sûr, mais je débute seulement et une fois que j’aurai mon diplôme, je devrais avoir davantage de clients et… bon, faites le calcul.

  — Nous nous sommes séparés, dit Nyla. Enfin, en vérité, je l’ai quitté.

  — Vous l’avez quitté ?

  — Temporairement. Vous savez, je crois qu’il me tenait pour « acquise ». Et j’imagine que je pensais la même chose de lui.

  — Vous avez l’air de bien prendre la chose.

  — Eh bien, oui. Je travaille dans une librairie, et nous sortons ensemble. Nous essayons de refaire connaissance.

  Je ris.

  — Et apprendre à vous connaître vous-même, n’est-ce pas ?

  — Ça semble idiot, dit Nyla, mais vous savez… J’ai la sensation que ça va marcher. Qu’en pensez-vous ?

  — Les cartes me disent que tout va aller très bien.

  37

  — Elle ! Que fais-tu ici ?

  — Je prends un bain.

  — Comment es-tu entrée ?

  — Neil.

  — Je savais qu’il abuserait de son double de clé. Merrick tente de paraître déçu, mais ne peut empêcher le sourire de transparaître dans sa voix.

  — C'est une terrible trahison de ma confiance.

  Je souris en plongeant sous les bulles dans la baignoire de Merrick. C'est aussi bon que dans mon fantasme — plonger dans une gigantesque cuve d’eau chaude qui surplombe la mer bleue.

  Merrick passe du couloir à la salle de bains. J’aime sa façon de traverser une pièce. J’aime le contact de sa main qui trace son chemin vers mon bras à travers les bulles. J’aime ses yeux qui pétillent quand il remarque la bougie à trois mèches. Avec lui, je sais que je n’ai pas besoin de faire semblant, et j’aime ça aussi.

  Et j’aime l’aspect de ses cheveux. A la lumière de la lucarne, je remarque qu’ils sont naturellement d’un brun chaud.

  — Ma nièce a finalement réussi.

  Mon rouquin à faire peur s’est transformé en Adonis acajou.

  — En parlant de faire les choses correctement, dis-je en fixant les rebords de fenêtres. Je vois ce que tu veux dire. Ils sont de nuances différentes. Tu ferais bien de rappeler ton peintre… Ils gâchent mon plaisir.

  — Je ne crois pas, dit-il, tandis que sa main plonge plus profond dans l’eau. Parce que tu sais ce que j’ai appris ?

  — Quoi ?

  — Les meilleures choses dans la vie sont toujours un peu différentes.

  Hé ! C'est moi qui lui ai appris ça. Je ne fais pas qu’apprendre des leçons, j’en enseigne aussi ! Je lui dis combien je suis sage.

  Il se penche au-dessus de la baignoire, je l’embrasse et presse mon corps mouillé contre sa poitrine. Un raz de marée déferle par-dessus bord.

  — Ouah ! dit-il en riant, trempé. Calme-toi Medina.

  — Je ne me calmerai jamais.

  Et je le tire dans la baignoire.

  Vous avez envie de connaître la suite

  des aventures d'Eleanor...

  Patience !

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  le 1er août 2007

 

 

 


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