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City Girl

Page 6

by Sarah Mlynowski


  — C'est tout ?

  Il a l’air déçu. Que je lui ai-je dit, au juste ? Sais déjà plus. Si seulement il ne m’appelait pas à l’aube pour parler boulot ! Mais je préfère ravaler mes commentaires, je n’ai pas envie de l’entendre embrayer sur son sermon à propos du monde qui appartient à ceux qui, etc. Je réprime le soupir d’impatience qui me démange et je poursuis mon explication.

  — Non, ce n’est pas tout. Le type s’excuse platement, ils se remettent ensemble, font des tas de mômes et s’éclatent comme des fous jusqu’à la fin de leurs jours.

  — C'est très bien, ma chérie. Mais il n’y a pas que le travail, dans la vie. Comment vont tes amours ? Tu vois toujours Jeffrey ?

  Non, il est parti en Thaïlande s’envoyer en l’air sous les cocotiers avec une blondasse hollandaise de deux mètres de haut. Mais prudence, papa est persuadé que je suis encore vierge.

  — Jeremy. Et non, je ne le vois pas en ce moment. Je me laisse du temps pour rencontrer quelqu’un de sérieux.

  — Tu as raison. La précipitation est mauvaise conseillère.

  Cher papa ! Pour lui, j’aurai toujours quinze ans. A sa place, la plupart des parents me tanneraient pour que je leur ramène un gentil fiancé, mais lui n’a pas l’air de voir que j’ai déjà vingt-quatre ans et que mon horloge biologique a déjà largement entamé son compte à rebours. La preuve, il continue de me rapporter de chacun de ses voyages des T-shirts « Bienvenue en Arkansas ! » (« en Idaho », « en Oregon »…) taille enfant.

  Janie, en revanche, ne perd pas une occasion de me rappeler qu’elle aimerait bien « se faire appeler mamie, un de ces quatre ».

  Tu sais quoi, Janie ? Si un jour j’ai des enfants, je leur apprendrai à t’appeler Janie. Ça te fera les pieds.

  — Et toi, papa ? Quoi de neuf ?

  — Je fais partie d’une nouvelle association. On se retrouve pour faire des randonnées, du saut à l’élastique, organiser des débats…

  — Super. Et le boulot?

  — Je suis passé à la semaine de quatre jours. J’en avais assez de perdre ma vie à la gagner, tu comprends ? Il faut vivre, bon sang !

  Ça, c’est du Bev tout craché. J’ai l’impression d’avoir entendu ces phrases à l’emporte-pièce des dizaines de fois. « On n’a qu’une vie, tu sais. » « Il ne faut pas passer à côté de la Vraie Vie. » Et ma préférée : « La vie est faite pour être vécue ! » Papa a toujours travaillé comme une bête de somme, surtout après le divorce. Mais depuis que Bev l’a traîné jusque sur le divan d’un psychanalyste, il a beaucoup changé. Maintenant, il fait partie de ces types qui vous regardent droit dans les yeux en prenant un air grave et posent une main sur leur cœur — ou sur le vôtre, surtout si vous êtes une fille — pour vous demander d’un ton grave : « Et du point de vue émotionnel, comment tu te sens ? » ou encore : « Si on parlait de ce que tu ressens, au niveau du vécu ? » Bref, papa est un homme du XXIe siècle.

  Derrière lui, j’entends la voix de Bev.

  — Tim, c’est Fern ? Tu me la passes ?

  — Bev veut te dire bonjour. Je t’embrasse, ma poulette.

  Parler à Bev à une heure pareille ? Mais il est bien trop tôt ! N’allez pas en déduire que je n’aime pas Bev, je l’adore. Mais j’ai parfois l’impression de parler à une martienne. Bev est accro aux talk-shows télévisés, en particulier celui d’Oprah Winfrey. Elle est persuadée d’être salariée à temps partiel dans une agence de voyages, mais en réalité elle ne fait rien d’autre que préparer ses prochaines vacances — ou plus exactement son prochain trip spirituel, selon ses propres termes. Son trekking au Nepal, son excursion de tourisme solidaire au Nicaragua, sa marche dans le désert avec un ermite copte… Bev ne sait pas se déplacer sans partir en quête de son « Moi intérieur ».

  Quand elle ne court pas le monde à la recherche de son Graal personnel, Bev reste à la maison pour suivre les conseils de l’incontournable Oprah. Les recettes de cuisine basses calories du régime crétois selon Oprah, les secrets de maquillage d’Oprah pour paraître trente ans de moins, les trucs de déco pour donner à votre loft l’indispensable touche bohème qui fait fureur cette saison, aucune des préoccupations existentielles de la Femme moderne ne lui échappe.

  Le vocabulaire de Bev est à son image : furieusement new age. Elle use et abuse de verbes comme partager, lâcher prise ou expérimenter et ne recule pas devant l’emploi de termes tels que l’ « être intérieur », le « soi profond », l’ « esprit subtil », même pour les sujets les plus terre-à-terre.

  Surtout pour les sujets les plus terre-à-terre. Ça donne des conversations assez surréalistes, du genre : « Qu’est-ce qu’on mange ce soir, chérie ? » « Je partagerais bien une pizza, si ton être intérieur le ressent comme ça ». Ou encore : « Des projets, pour cet été, chérie ? » « Je nous ai déniché une petite croisière à thème sur le Mississippi, rien de tel pour lâcher prise. Bouddhisme zen et rock acrobatique, ça te dit ? »

  Pauvre papa.

  — Salut, Fern. Comment va ton âme ce matin ?

  — Super, merci. Et la tienne ?

  — Harmonie totale avec le cosmos ! Je baigne dans un océan d’ondes positives. Ta thérapie progresse bien ?

  — Extra.

  Bev a persuadé papa de me donner 75 dollars par semaine pour que je suive des séances de psychothérapie. Elle est convaincue que les enfants ne se remettent que très mal du divorce de leurs parents et que mon départ soudain pour Boston n’était qu’un appel au secours. Jusqu’à présent, j’ai plutôt bien géré mon allocation thérapie puisque je suis l’heureuse propriétaire d’une nouvelle paire de lunettes de soleil qui me donnent un air de star incognito et d’une superbe paire de cuissardes testées sur Jonathan Gradinger. Maintenant, j’économise pour m’acheter un lecteur de CD pour ma voiture. En prévision du jour où j’aurai une voiture. Et des CD.

  — Et qu’as-tu appris sur toi-même, cette semaine ?

  — Pas grand-chose.

  Un peu inexact, mais je ne suis pas assez opérationnelle pour causer psy.

  — Et toi, que fais-tu en ce moment ?

  — Oh ! rien de nouveau ! Je vais à mon groupe de méditation, j’écris dans mon journal de gratitude.

  Un journal de gratitude ? Un vague effroi me retient de demander plus de précisions sur la nature de cette nouvelle lubie.

  — Tiens, poursuit-elle, j’ai commencé un bouquin passionnant. Je suis sûre qu’il te plairait beaucoup.

  — Ah ?

  — Oui, c’est l’histoire autobiographique d’une fille d’un milieu très simple qui est victime d’un inceste. J’ai oublié le nom de l’auteur, mais le récit vaut le détour.

  Je vois mal en quoi la vie d’une héroïne de biographie sordide peut intéresser Bev, qui passe ses samedis chez le coiffeur, ses dimanches chez la manucure et ses semaines à faire du shopping, quand elle n’est pas avec Oprah. Mais Bev a ses raisons que la raison ignore.

  — Envoie-le-moi dès que tu l’auras terminé.

  — O.K., Fern. Passe une bonne journée. Et n‘oublie pas : cherche la Voie !

  — Promis, Bev. Je te tiens au courant.

  Je raccroche. Pour l’instant, la Voie passe par ma couette et mon oreiller. Je me rendors dans un état proche de la béatitude.

  Quand je me réveille, vers 13 h 30, j’ouvre les yeux sur un jour radieux. J’ai enfin rencontré mon futur mari. Il s’appelle Jonathan Gradinger. Le Jonathan Gradinger. Bien sûr, une fois que nous aurons convolé en justes noces, il faudra que je cesse de l’appeler Jonathan Gradinger, sous peine d’avoir l’impression d’être l’héroïne d’un roman de Jane Austen. « Mes hommages du matin, monsieur Gradinger. Voulez-vous me passer le sel, monsieur Gradinger ? »

  Pourquoi ne m’a-t-il pas encore appelée ? Je dois être trop impatiente. Il paraît que l’homme doit laisser passer un délai d’au moins trois jours.

  Trois jours? Que vais-je faire pendant tout ce temps ?

  Je sais. Je vais appeler Wendy. Je compose son numéro.

  Au
travail. Navrant. On est samedi après-midi et j’appelle directement à sa banque sans même essayer de la joindre chez elle.

  — Wendy à l’appareil.

  — Salut, c’est moi !

  — Alors, raconte, comment c’était ?

  — Fabuleux. J’ai déjà oublié Jeremy.

  — Bien sûr.

  N’aurais-je pas décelé une pointe de sarcasme dans sa voix ?

  — Puisque je te le dis. Et j’ai rencontré quelqu’un. Je vais me marier.

  — Chouette ! Je peux être ton témoin ?

  — J’ai déjà promis à Iris que ce serait elle. Mais tu peux être ma demoiselle d’honneur.

  — Marché conclu, déclare-t-elle de sa voix de business woman. Mais ne te crois pas libérée pour autant, je compte toujours sur toi pour être mon témoin. Si je trouve un jour le temps de draguer, ajoute-t-elle dans un soupir. Bon, et si tu me parlais un peu du futur M. Norris ? Je le connais ?

  — Un peu.

  Je marque une pause pour mieux savourer mon petit effet avant d’ajouter, gonflée de fierté :

  — Jonathan Gradinger.

  — Quoi ?

  — Eh oui.

  — Tu plaisantes ! Tu n’as pas rêvé ?

  — Non, je ne plaisante pas.

  Et non, je n’ai pas rêvé. Je suis sûre que je n’ai pas rêvé.

  Est-ce que j’aurais rêvé ? D’un regard fébrile, je balaie la chambre à la recherche d’une preuve de mon expédition à l’Orgasme. Ma jupe fendue gît par terre au pied de mon lit, là où je l’ai laissée tomber hier soir. Je la ramasse. Elle pue la cigarette. Non, je n’ai pas rêvé.

  — Comment l’as-tu rencontré ?

  — Oh ! il m’a repérée au bar !

  A quoi bon m’étendre sur la stratégie humiliante que j’ai dû déployer pour qu’il me remarque ? L'essentiel est que la Rencontre Magique ait eu lieu, pas vrai ?

  — On a discuté, et il m’a demandé mon numéro de téléphone.

  — C'est dingue ! Il est toujours aussi canon ?

  — Tu parles ! Enfin, un peu moins supercanon qu’autrefois, mais canon quand même.

  — C'est dingue, répète Wendy. Il t’a déjà appelée ?

  — Non, pas encore.

  — Oh !

  Comment, oh ? Qu’est-ce que ça veut dire, oh ?

  — Il ne peut pas, Wen. Quel type aurait l’idée saugrenue d’appeler dès le lendemain matin ? Il appellera probablement demain soir, vers 20 h 30. Après les Simpson.

  — Sauf s’il veut sortir avec toi ce soir, me contredit Wendy d’un ton pratique.

  — Mais il ne va pas me proposer de sortir ce soir !

  — Et pourquoi pas ?

  Chère Wendy. Chère adorable et naïve Wendy !

  — Parce qu’il aurait l’air de quémander ! Fais-moi confiance, Wen, ce n’est pas comme ça que ça se passe.

  Elle me répond par un ricanement. L'aurais-je vexée ?

  — Comment sais-tu comment ça se passe ? Tu n’as pas dragué depuis un siècle !

  Dis donc, j’ai tout de même eu une vie avant Jeremy ! Je réprime un sourire condescendant et j’explique à Wendy :

  — Il m’appellera dimanche pour me proposer de sortir jeudi, tu comprends ?

  — Non.

  — Comme ça, jeudi il pourra me demander de sortir le samedi d’après, c’est pourtant limpide !

  — Si tu le dis… Et où va-t-il t’emmener ?

  — Quand, jeudi ou samedi ?

  Wendy ne répond pas. J’ai l’impression que ces subtilités la dépassent un peu. Aussi, un an sans voir un homme de près, ça a dû lui ramollir les neurones. Je devrais peut-être lui passer l’adresse de beauxmecs.com ?

  — En tout cas, cette truffe de Sherri Burns va en faire une jaunisse, déclare-t-elle, hilare.

  Là, je retrouve ma Wendy !

  — Exact. Génial, non ?

  — Mais comment va-t-elle l’apprendre ? Je veux dire, avant de tomber sur le faire-part de mariage dans le Times, bien sûr.

  — J’avais pensé envoyer une photo de lui et moi au site Internet des anciens de Stapley High.

  — Bonne idée. Flûte ! j’ai une réunion qui commence. Je file.

  — Une réunion ? Il y a d’autres cinglés enfermés avec toi dans ce bureau le samedi matin ?

  — Mais… on est tous là !

  Ce n’est pas une banque, c’est un asile de fous.

  — Ma pauvre Wendy. Pourquoi ne pas chercher un travail normal ?

  — Et passer à côté de la Vraie Vie ? Tu plaisantes !

  Je m’allonge dans mon lit, indécise. Quelle est la suite du programme ? Presque 14 heures. Bientôt l’heure de me lever. Je crie, pour qu’elle m’entende à travers la cloison :

  — Sam, tu es là ?

  — Oui !

  — Tu es levée ?

  — Je nettoie la salle de bains.

  J’ai parfois l’impression que Sam nettoie sa salle de bains trois fois par jour — après chaque brossage de dents. Sam est une dangereuse maniaque de l’hygiène. Elle fait une fixation sur les dates limites des conserves alimentaires et jette scrupuleusement ses bouteilles de lait trois jours après les avoir ouvertes. Quel gâchis ! « Tu n’as pas l’intention d’avaler ça ? » m’a-t-elle dit l’autre jour en regardant d’un air dégoûté mon paquet de tranches de dinde vieux de six jours. A vrai dire, si, j’en avais l’intention.

  Si tout le monde était aussi cinglé qu’elle, la planète serait invivable.

  Je me lève pour rejoindre Sam dans sa salle de bains. Elle est à quatre pattes, occupée à frotter le carrelage impeccable avec un… truc qui gratte et qui mousse (une éponge ? ma science limitée dans ce domaine m’interdit de l’affirmer à cent pour cent).

  — Salut.

  — Salut ! Couchée tard ?

  — Heu… tôt. Ce matin.

  — Passé une bonne soirée ?

  — D’enfer.

  — Tant mieux. J’ai presque fini, je vais tout te passer si tu veux nettoyer chez toi.

  J’ai comme l’impression qu’elle me tend une perche. D’accord, ma salle de bains n’est pas aussi nickel que la sienne. Je n’y ai pas fait le ménage depuis… au fait, ai-je déjà fait le ménage dans ma salle de bains ? Je n’en mettrais pas ma main au feu.

  — Merci. Je vais m’en occuper après le petit déj’. Enfin, le déj’.

  Je me prépare un sandwich, allégé puisque, en lieu et place de mes tranches de dinde, il ne me reste qu’une feuille de laitue (jaune et déshydratée, mais je préfère ne rien dire. Sam est capable de me la faire jeter à la poubelle).

  Allez, une petite heure de détente devant la télé et je m’attaque à la salle de bains. Tiens, ils rediffusent Urgences ? Oh ! George ! Qu’il est beau ! Presque aussi beau que mon Jonathan… Déjà 15 heures ? Le temps passe vite. Il est temps d’aller nettoyer la douche. Ah non ! ils passent Tournez Manège. J’adore cette émission. Bon, je regarde seulement le début.

  Il est 17 heures, je n’ai toujours pas bougé du canapé.

  Pourquoi Jonathan n’a-t-il pas encore appelé ?

  18 h 30. J’ai faim. Je me ferais bien des céréales, mais Sam a jeté tout le lait. Je vais me commander une pizza. Mon être intérieur le ressent comme ça. J’appelle pour commander. Une spéciale pepperoni avec supplément anchois mais sans olives noires. Et une crème glacée caramel-pistache. Plus un soda pour faire descendre tout ça. Au fait, on ne devait pas aller au Point G ce soir avec Nat ? Pourquoi ne m’a-t-elle pas téléphoné ? Je vais l’appeler moi-même. A la prochaine publicité.

  19 h 30. Alors, cette pizza, elle arrive ? C'est ça, leur livraison express ? J’ai le temps de crever de faim ! Bon, j’appelle Nat.

  — Tu tombes bien, j’allais partir.

  — Où ça ?

  — Dîner. Avec Eric.

  — Le type en Armani ?

  — Oui, il m’a appelée ce matin.

  Attendez un instant. Le type qu’elle a rencontré hier soir l’a déjà appelée ? Pour l’inviter ce
soir ? Et elle a accepté ?

  — Bien sûr que j’ai accepté. Je n’aurais pas dû ?

  Non. Et moi, qu’est-ce que je fais de ma soirée ?

  — Si, si, tu as bien fait.

  A sa place, j’en aurais fait autant, alors…

  — Ça t’ennuie que j’aie accepté ? demande Natalie.

  — Non, amuse-toi bien.

  — Tu peux toujours retourner à l’Orgasme.

  Pour attendre trois heures devant la porte et me parler toute seule au bar ? Non merci.

  — Je crois que je vais rester me reposer. Je suis un peu fatiguée.

  — C'est toi qui vois. Allez, je file. Ciao !

  On frappe à la porte au moment où je raccroche. Enfin, ma pizza ! J’avais l’intention de n’en manger que la moitié et de garder l’autre pour le déjeuner de lundi, mais puisque je n’ai plus besoin de porter des vêtements sexy ce soir, je vais me goinfrer de pizza. Tant pis si j’ai l’air d’une barrique ensuite. Je hais ma vie. Je hais Jeremy. Je hais Natalie. Et je me demande si je ne hais pas aussi Jonathan.

  — Tu sors, ce soir ? demande Sam en faisant irruption dans le séjour.

  — Nan.

  — Tu veux nous accompagner ? On va voir le dernier James Bond.

  — Nan.

  Quoique… Pourquoi est-ce que je ne me ferais pas une toile avec Sam et Marc ?

  — Enfin, si.

  — Mais oui, viens avec nous ! Tu n’as pas bougé tes fesses de ce canapé depuis six heures.

  — Parce que c’est plus physique de regarder un film sur grand écran qu’à la télé ? Première nouvelle !

  — Non, mais au moins tu devras marcher pour aller de ton canapé à ton fauteuil de cinéma.

  Un point pour elle. Au fait, est-ce que ça vaut le coup de me fatiguer autant ? Je vais devoir me lever, m’habiller, marcher… J’en bâille rien que d’y penser. Oh ! et puis flûte ! Un peu d’exercice ne peut pas me faire de mal.

  — C'est bon, je viens.

  Sous la douche, je fais semblant de ne pas voir les auréoles verdâtres qui apportent leur note fleurie au décor de mon carrelage. Juré craché, demain je fais le ménage. Non, pas craché.

  Nous retrouvons Marc un peu plus tard au pied de l’immeuble. Au volant de sa Honda Civic deux portes flambant neuve, il a l’air d’un plantigrade dans une boîte de conserve. Il baisse sa vitre et tend les lèvres vers Sam pour l’embrasser. J’avais oublié ça ! S'ils se font des papouilles toute la soirée, je ne m’assieds pas à côté d’eux !

 

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