City Girl

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City Girl Page 11

by Sarah Mlynowski


  Sur mon économiseur d’écran, trois cow-boys affichent en toute impudeur leur torse musclé et leur sourire de publicité pour dentifrice. Dieu qu’ils sont sexy ! Où sont-ils, dans la vraie vie ? Comment fait-on pour les rencontrer, à part sur Beauxmecs.com ? Je veux un homme, un vrai. Un qui sente l’homme, avec des mains calleuses et un torse velu. Terminés, les intellos à la noix !

  Et plus jamais de type dont le prénom commence par un J.

  Réfléchissons. Où vais-je le dénicher, ce monument de virilité qui révélera la Femme en moi ? Sur un chantier ? Un rodéo ? chez Monsieur Bricolage ? Au fait, de quoi Jonathan a-t-il parlé l’autre jour ? De cours de karaté ? Eurêka ! Comment n’y ai-je pas pensé plus tôt ? On laisse tomber les cours d’autodéfense, de toute façon ils ne sont fréquentés que par des nanas. Je me mets de ce pas au karaté. Merci Jonathan. Tu auras au moins servi à autre chose qu’à augmenter ma collection de coups foireux.

  Je me branche aussitôt sur le Net et j’envoie un moteur de recherche. « Boston », « Arts martiaux ». Quatorze réponses. Karaté, Judo, Tae Kwon Do, Origami… Origami ? Pourquoi pas Karaoké ? Bon, je clique sur « Tae Kwon Do ». Apparemment, ça ressemble au « Tae Bo », que j’ai déjà pratiqué. D’accord, je n’ai pas réellement essayé, j’ai acheté la vidéo. Enfin, je l’ai louée. Oui, je ne l’ai jamais regardée, et alors ?

  Sur mon écran, je vois s’afficher une dizaine de demi-dieux en kimono blanc impeccablement repassé, et les mots « seulement 500 dollars » se mettent à clignoter. Seulement 500 dollars pour apprendre à me débarrasser des pervers qui hantent mon quartier et rencontrer l’homme de ma vie ? Je prends ! Ou plutôt, je donne !

  Bien entendu, le prix n’inclut pas l’achat du kimono, le coût des ceintures au fur et à mesure que je progresserai, les frais des examens destinés à me permettre de changer ma couleur de ceinture, sans parler du forfait pour les briques que je vais apprendre à casser en deux, ni les collations à la cafétéria pour me remettre de mes efforts après les cours.

  Mais pour cette modique somme, je vais :

  • Rencontrer enfin des hommes, des vrais ;

  • Apprendre à me protéger des fautes de goût vestimentaires qui me prennent pour un objet sexuel dans les halls d’immeubles (à moins que je ne décide d’être un objet sexuel dans un hall d’immeuble que j’aurai choisi moi-même, et si possible avec un type habillé correctement) ;

  • Me sculpter un corps de déesse qui fera passer la bimbo de Jeremy pour un vilain petit pot à tabac ;

  • Faire revenir de Thaïlande un Jeremy penaud mais fou d’amour, qui aura enfin compris que je suis la femme de sa vie.

  C'est décidé, je passe au dojo dès que je sors du travail. « Rejoignez-nous », clignote l’écran de toutes ses forces. Pas de problème, les gars. Je vous rejoins ventre à terre. Je suis sûre qu’on va bien s’amuser, vous et moi.

  — Bien déjeuné ?

  La voix nasillarde d’Helen me tire de ma rêverie quasi-érotique.

  — Oh ! très bien, merci !

  Je la vois passer sa tête de poule étonnée par-dessus le muret de séparation entre nos box, puis poser son regard rond sur ma tasse de café, avant d’émettre une sorte de caquètement de joie.

  — Alors c’est toi qui m’as emprunté ma tasse ? Je commençais à me demander qui était le coupable. Je veux bien te la prêter, mais je préférerais que tu me demandes avant.

  C'est la tasse d’Helen ? Flûte ! je ne l’ai pas lavée avant de m’en servir. C'est contagieux, la niaiserie ?

  7

  C'est oui ou Zénon ?

  Exact : je ne suis pas allée au dojo mercredi soir après le travail. Mais ce n’était pas de la flemme, parole d’honneur. Je viens de prendre une décision qui devrait marquer un tournant dans ma vie : désormais, je réfléchirai avant d’agir. Au lieu de partir comme une flèche, je commencerai par m’asseoir pour prendre le temps de la réflexion (là, Bev préconiserait une bonne petite méditation de derrière les fagots, histoire d’harmoniser son Soi Intérieur au Grand Tout Cosmique, mais, pour l’instant, je vais m’en tenir aux bonnes vieilles méthodes. Merci quand même de la suggestion, Bev.)

  J’ai donc commencé par décrocher mon téléphone pour demander un premier rendez-vous à Maître NanChu. Et voilà. Je suis attendue au dojo samedi matin à 11 heures pour un cours d’essai gratuit. Un cours gratuit, génial, non ? Eh ! attendez un instant. Pourquoi veut-il me faire passer un essai ? Et si j’étais trop nulle ? Et s’il ne m’aimait pas ?

  Mais chassons ces pensées négatives. Je vais devenir une championne de karaté. Je vais enfin pouvoir porter cet adorable petit ensemble Calvin Klein que j’ai trouvé en solde l’hiver dernier et qui dort depuis dans un tiroir de ma commode. Je vais ressembler à la fille de Flashdance, dans la scène d’entraînement de She’s a Maniac. Je vais me sculpter un corps de rêve souple et musclé, et… au fait, à quelle heure tout ça va-t-il m’obliger à me lever ?

  Dressons rapidement un rétro-planning. Entre parenthèses, c’est fou comme je peux être organisée depuis que j’ai pris de bonnes résolutions. Pour être à 11 heures au dojo, je dois quitter la maison vers 10 h 30. Par conséquent, il faut que je me lève à 10 heures. Est-ce que j’aurai le temps de prendre un petit déjeuner ? Je ne peux pas attaquer une séance de karaté le ventre vide. Oui, mais on est censé attendre au moins une heure après un repas pour nager. En supposant que le délai est le même pour pratiquer les arts martiaux, il faut que j’aie fini mon petit déjeuner à 10 heures, donc que je le commence vers 9 h 30, donc que je me lève vers 9 h 15. Disons 9 h 25 — je ne vois pas l’intérêt de prendre une douche si c’est pour aller transpirer tout de suite après.

  Comme tout devient simple quand on prend le temps de réfléchir !

  Mais chaque chose en son temps. Pour l’instant, je suis en train d’attendre que Nat passe me chercher pour aller à l’Orgasme. Voilà une éternité que je l’attends dans le hall de l’immeuble en faisant les cent pas dans mes cuissardes de célibataire. Je suis en pantalon ce soir mais j’ai quand même mis mes bottes. Quand je les porte, je me sens sexy. Finalement, être sexy, c’est une question d’attitude plus que de vêtements.

  Une BMW vient de s’arrêter devant la porte dans un crissement de gomme surchauffée. La conductrice est dotée d’une dentition blanc fluo — on dirait une pub pour dentifrice des années quatre-vingt, il ne manque plus que les étincelles rajoutées sur l’image — et d’une longue chevelure noire brillante qui sent les extensions à vingt mètres. A côté d’elle, je reconnais Nat qui m’adresse de grands gestes frénétiques. C'est bon, les filles, je vous ai vues. J’arrive !

  J’ouvre la porte arrière et me glisse sur la banquette de la BM.

  — Jackie, je te présente Amber. Amber, voici Jackie.

  — Enchantée, Amber !

  Celle-ci lève la main dans un geste affecté. Ses ongles sont outrageusement faux, et je profite de l’occasion pour émettre également quelques réserves sur les rondeurs qui débordent de son décolleté. Elle gonfle ses seins à l’hélium ou quoi ? Ses poignets, en revanche, sont aussi maigres que des allumettes, et ils ont l’air aussi cassants. Qu’est-ce qui se passerait si on lui serrait la main un peu énergiquement ?

  — Alors, Amber, où as-tu connu Nat ?

  — A l’école.

  Je me doute que ce n’est pas à l’université, bimbo ! Je lui tends quand même une perche :

  — Au collège ?

  — Non, en primaire.

  Je l’aurais parié. Amber chérie n’avait pas les capacités d’aller au-delà. Elle me fait penser à Grover, dans 1, rue Sésame. Elle en a la voix éraillée, et probablement aussi le QI.

  — Amber habite près de chez moi, explique Nat.

  Silence.

  Si c’était une tentative pour pallier le manque de conversation d’Amber, c’est raté.

  — Super !

  Nouveau silence. A ton tour de dire quelque chose, Amber adorée.

  Non ?

  Non. D�
��accord, tu passes. A moi de jouer.

  — Et qu’est-ce que tu fais à Boston ?

  — J’habite ici.

  Je m’en doutais un peu, mon chou. Ce que je te demandais, c’est si tu as une activité quelconque. Un job, des études… mais je commence à te soupçonner de passer tes journées assise sur tes fesses osseuses à vernir tes faux ongles ou à retrouver tes copines de Beacon Hill pour manger des bâtons de céleri.

  Depuis l’épisode du pervers en jean, Nat refuse de marcher en ville une fois le soir tombé. A vrai dire, je n’ai pas réussi à déterminer ce qui l’a le plus choquée, de la prestation en direct live du monsieur ou de son impardonnable manque de goût vestimentaire. Je demande :

  — On se gare où ?

  Ma question flotte dans le vide.

  — Allô ? Il y a quelqu’un ? Voiture ? Garer ? Allô ?

  J’ai l’impression de jouer dans une pièce absurde à la Samuel Beckett, ou dans un épisode de Twilight Zone. Enfin, Nat paraît revenir à la vie.

  — Amber se gare toujours à la caserne.

  — Chez les pompiers? Tu as tes entrées à la caserne ?

  Pas de réponse.

  — Ton père est pompier ?

  — Non, il est chirurgien-cardiologue.

  — Alors c’est toi qui es pompier ?

  J’entends très nettement un « arghh » horrifié s’étrangler dans sa gorge. Tiens, on dirait que mes facultés télépathiques s’améliorent.

  — Non, je suis chirurgien-dentiste.

  Et sa mère, elle est chirurgien-femme au foyer ? Je ravale ma réplique. Amber vient de me cueillir à froid. Je l’ai mal jugée : ce n’est pas une bimbo, c’est une bimbo diplômée. Nuance.

  La caserne des pompiers est située juste derrière l’Orgasme. Six pompiers se tiennent dans l’allée qui mène à leur parking. Tiens, ils fument. J’aurais cru que c’était interdit de fumer dans une caserne. Un pompier qui fume, ça a quelque chose d’incongru, non ? Amber case sa BM entre deux gros camions rouges et coupe le moteur.

  — Soyez cool avec Fred, les filles, OK ?

  Fred ? Qui est Fred ?

  Je n’ai pas le temps de poser la question, Amber est déjà descendue de voiture. En la voyant en pied, je souris. Je ne croyais pas si bien dire en la comparant à une pub pour dentifrice. En fait, toute sa personne ressemble à un tube d’Ultra Bright… usé. Comment vous expliquer ? On dirait qu’on l’a pressée sur toute sa longueur pour en extraire le dentifrice et qu’il n’y a plus de pâte qu’au niveau des poumons. Tout le reste — mollets, cuisses, fesses, ventre — a l’air d’avoir été aplati.

  Je confirme. Amber, c’est Silicon Valley, l’intelligence en moins. Mais plus artificiel, tu meurs !

  Un homme de type asiatique, presque plus large que haut, s’approche de nous.

  — Salut, Fred ! roucoule Amber d’une voix aux accents soudain rauques. Je t’ai manqué ?

  — L'amour de ma vie ! Je croyais que tu m’avais oublié !

  — Tu es inoubliable, Fred, feule-t-elle en s’approchant de lui pour l’embrasser.

  Sur les lèvres.

  Qui est ce type ? Son petit ami en titre ? Un admirateur quelconque ?

  — Tu te souviens de moi, Fred ? glousse Nat à son tour.

  — Mais bien sûr, quelle question ! Qui pourrait oublier un aussi joli minois ?

  Et voilà qu’il l’embrasse. Sur les lèvres, elle aussi. La situation devient intéressante. Et moi, qu’est-ce que je fais ?

  — Salut les gars ! lance Amber à la cantonade en faisant coucou de la main.

  Sauvée ! Les pompiers fumeurs répondent : « Salut » comme un seul homme, puis je vois Fred écraser son mégot.

  — Vous buvez quelque chose? propose-t-il à Amber.

  — Pas ce soir, chéri. On va à l’Orgasme.

  — Un coup de main ?

  — Ah ! ah ! Une autre fois, Fred, une autre fois. Je peux laisser la voiture ici.

  Ce n’est pas une question, c’est une affirmation.

  — Qui pourrait dire non à trois beautés comme vous ?

  — Merci, Fred. C'est vraiment sympa, dit Amber avant de l’embrasser.

  Sur la bouche.

  Nat s’approche de lui et l’embrasse. Sur la bouche.

  Je lui fais un signe de la main et je détale.

  L'hôtesse me dit bonsoir. Chic alors, me voilà promue au rang d’habituée ! Amber, qui appelle l’hôtesse par son prénom, nous obtient une table près du bar. Si j’en juge au regard assassin des deux fausses blondes qui nous regardent, ça relève de l’exploit. Amber et Nat s’assoient sur la banquette, me laissant la place face au mur. A moins qu’il y ait un fétichiste du dos dans cette salle, je suis la femme invisible. Merci les filles.

  La barmaid aux poumons surdéveloppés vient prendre nos commandes.

  — Un Manhattan, laisse tomber Amber d’une voix blasée.

  J’aimerais bien savoir ce que c’est qu’un Manhattan, mais je n’ai pas envie de passer pour une gourde.

  — Moi aussi, dit Nat.

  — Pareil, j’ajoute.

  Quelques minutes plus tard, la serveuse revient déposer trois cocktails rouges très chic dans des verres à Martini sur notre table. Mmm, délicieux. Chargé en alcool, mais traîtreusement facile à boire. Il t’arrive d’avoir de la classe, Tiffany. Debbie. Amber. Enfin, peu importe.

  — Tu ne devineras jamais qui j’ai vu ! s’exclame Nat. Darlene Powell. Non, ça ne peut pas être elle, je l’ai croisée chez Saks la semaine dernière au rayon parfums, elle avait l’air d’un zombie. Livide, des poches sous les yeux grosses comme ses sacs de courses, un cauchemar ambulant.

  Elle s’interrompt pour noter un chiffre sur son carnet de calories.

  — A propos, reprend-elle, tu as vu le diamant de Nicole ?

  Oui, Nat, à quel propos ? Amber, elle, semble avoir établi le rapport avec ce qui précède car je la vois hocher la tête d’un air entendu.

  — Tu veux parler de ce malheureux petit gravier ? La pauvre fille, heureusement que le ridicule ne tue plus.

  Heureusement surtout pour vous, les filles. Incapable de supporter plus longtemps leur distribution de fiel, je me lève d’un bond et pars faire un tour vers le bar, mon verre à la main.

  Disons plutôt que je vais jouer des coudes dans la foule compacte qui bourdonne autour du bar. Je me sens aussi impressionnante qu’un moucheron dans un essaim de frelons.

  Obstacle n°1: ma petite taille m’empêche de voir par-dessus les têtes, donc de m’orienter vers un visage connu (au hasard, Andrew Mackenzie). Ou de le fuir (au hasard, Jonathan Gradinger).

  Obstacle n° 2 : à force de me faire heurter par des gens qui ne me voient même pas (cf. alinéa précédent), je suis en train de faire passer la moitié de mon Manhattan par-dessus bord. A ce propos, j’aurais deux mots à dire au designer idiot qui a pondu ces verres en V.

  Parvenue à la moitié de la salle, je m’accorde une pause. Là-bas, le fond du bar me semble aussi lointain que le rayon lingerie d’un grand magasin un jour de soldes. Et si l’Amour de ma vie m’attendait à l’autre bout du bar ? Si je ne disposais que d’une fenêtre spatio-temporelle de trois minutes pour que la rencontre s’effectue ? Si une fois cette fenêtre refermée je ne devais plus jamais le croiser, et devais promener ma solitude à la surface de cette planète jusqu’à la fin des temps ?

  Tiens, le Garçon à Rayures ! Le joli blondinet à lunettes cerclées de la semaine dernière ! Il est assis au bar sur un tabouret haut, à quelques pas seulement de moi. Quelques pas en apparence, mais, en réalité, un gouffre. Voyez vous-même : si pour atteindre mon Garçon à Rayures, que nous appellerons GR pour les besoins de la démonstration, je dois d’abord avoir parcouru la moitié de la distance qui nous sépare, je ne parviendrai jamais à mon but puisque ce point central de ma progression représente en lui-même une destination, et que toute destination comporte un point central. C'est un type qui s’appelait Zénon qui a énoncé cet intéressant paradoxe — dans son cas, la question était de savoir si sa flè
che atteindrait un jour sa cible, sachant qu’avant d’y parvenir elle devrait d’abord avoir atteint la moitié du parcours, et avant cela la moitié de la moitié, et encore avant la moitié de la moitié de la moitié, etcaetera.

  En d’autres termes, et pour revenir à mon cas personnel, si la distance entre moi et GR est de vingt pas, je devrai d’abord franchir le point central, soit une dizaine de pas, avant de l’atteindre (GR, pas le dixième pas. Ne compliquez pas tout, s’il vous plaît). Mais auparavant, je devrai franchir la moitié de cette distance située à cinq pas, que je ne pourrai pas atteindre avant d’avoir atteint environ deux pas et demi, etc, etc, etc. Bref, il y aura toujours une demi-distance à atteindre avant de parvenir au but, et jamais je ne rejoindrai l’Amour de ma vie.

  Merci, Zénon.

  Oh ! Garçon à Rayures, tu resteras à jamais le but inaccessible, l’objet de tous mes désirs et de tous mes fantasmes !

  Ce qui n’est pas forcément un drame, vu que Jonathan Gradinger se trouve pile poil au point central entre GR et moi, accoudé au bar, dans un pull à col roulé (et un pantalon en Tergal ? d’ici, je ne vois pas. Mais il en serait bien capable, le bougre).

  On n’a pas idée de porter un col roulé dans un bar branché.

  On n’a pas idée de porter un col roulé.

  Découragée, je pivote sur mes talons et rebrousse les trois demi-étapes que j’avais pourtant vaillamment franchies pour parvenir ici. Et puisqu’on parle géométrie, pourquoi GR fait-il une fixation sur les rayures ? Serait-il un maniaque de la ligne droite ? Aurait-il une phobie des formes courbes (mauvais pour moi, ça) ? Est-il du genre à aller droit au but (oh oui !) ?

  Soudain, je sens mon alarme intérieure émettre de fortes vibrations. Andrew à quatorze heures. Andrew à quatorze heures. Chouette, je vais enfin pouvoir parler à quelqu’un d’autre qu’à moi, ce qui me donnera l’occasion de démontrer aux sceptiques — notamment à Andrew lui-même — que j’ai des amis à qui parler. Je me propulse vers lui à travers la foule compacte. Quelqu’un me met une main aux fesses, mais je ne réussis pas à l’identifier. Dommage.

 

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