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City Girl

Page 15

by Sarah Mlynowski


  « Rassemblons nos forces, nos rires

  Et nos élans de tendresse

  En un torrent de passion

  Afin d’épuiser nos plaisirs

  Aux crocs acérés de l’ivresse

  Avant l’ultime coup de faux ».

  Ça me dit quelque chose mais je n’ai jamais été très bonne à ce genre de jeux — vous savez, quand l’animateur radio passe les premières mesures d’une chanson en vous demandant de retrouver le titre. Mais je dois rapidement citer un nom sous peine de passer pour une pauvre inculte. Au hasard :

  — John Donne ?

  — Non, mais tu brûles. Andrew Marvell, «A sa Belle effarouchée ».

  Ça me revient. J’ai appris cette poésie — à l’époque on disait récitation — à l’école. En gros, c’est l’histoire d’un type qui essaie de convaincre sa petite amie de venir se rouler avec lui dans le foin, en lui disant qu’elle ferait mieux d’apprécier la vie tant qu’elle est encore fraîche — la fille, pas la vie — parce qu’après, elle sera morte et il sera trop tard.

  Message reçu cinq sur cinq. Je me penche sur la table et offre mes lèvres à Damon.

  Je sais que je commets une grossière erreur et que je me mets en infraction grave avec mon Code de Conduite personnel ainsi qu’avec les conseils éclairés de Candice et de toutes ses copines de City Girls, mais la tentation est trop forte.

  Je sais également qu’une vraie héroïne ne coucherait pas le premier soir avec son héros. Elle laisserait monter la tension sexuelle jusqu’au chapitre huit. Là, dans un moment d’égarement, elle se donnerait au héros dont elle tomberait enceinte. Puis elle refuserait de le revoir, donnerait naissance à un adorable petit Nathan (Kevin / Adam) et laisserait passer deux longues années de solitude, jusqu’au jour où elle le croiserait par hasard dans une boutique de location de cassettes vidéo. Evidemment, ce jour-là elle serait accompagnée du jeune Adam (Nathan / Kevin) tout juste âgé de deux ans et doté du même sourire mystérieux que son père. Bien sûr, elle n’aurait jamais pu oublier sa passion pour le père de Kevin (Nathan / Adam).

  Je jouerai les belles effarouchées une autre fois. Ce soir, je me sens pleine d’audace ! Donc, j’embrasse Damon. Pas une gentille papouille du bout des lèvres : un palot à sortir la Belle au Bois dormant de son coma.

  Un siècle plus tard, il chuchote :

  — Partons d’ici.

  Tandis que nous courons sous la pluie, il ne lâche pas ma main. Nous sommes dans une publicité pour un parfum masculin, nous dansons sous une averse couleur d’arc-en-ciel, nous courons vers son appartement au chic délicieusement bohème pour nous aimer entre des draps de lin parfumés à la rose.

  — Tu habites où ? demande-t-il.

  Aussi sec, mon beau rêve vole en éclats. Comment ça, où j’habite ? Mais il est hors de question que je ramène Damon chez moi ! Ma version de l’appartement bohème risquerait de le faire fuir. Ma table de chevet disparaît sous les pots de yaourt vides, mon panier de linge sale déborde et ma couette ne sent plus exactement la rose.

  — Si on allait plutôt chez toi ? Tu ne m’as pas dit que tu habitais dans le coin ?

  — Si, mais je veux voir où tu vis.

  Qui plus est, le fait que Sam dîne ce soir avec Marc me donne quelques inquiétudes. J’ignore quelle ambiance règne à l’appartement en ce moment : guerre déclarée ou réconciliations sur l’oreiller ? Dans les deux cas, je ne suis que moyennement enthousiaste à l’idée d’y accueillir Damon dans un concert de hurlements de Samantha.

  Et moi aussi, je veux voir où il vit. Ce que je lui dis en retour. Il passe son bras autour de mes épaules et m’entraîne dans la rue. Peut-être son appartement est-il aussi outrageusement bohème que le mien ? Peut-être a-t-il peur de ma réaction ? Comme c’est mignon ! Mais je m’en fiche que son appartement soit mal rangé ! Vous avez vu le mien ?

  — Mais on ne peut pas aller chez moi, répond-il.

  — Pourquoi ?

  C'est bien la première fois que je vois un garçon faire l’impasse sur une nuit d’amour par peur de montrer un appartement mal rangé !

  — Parce que.

  Parce qu’il y a déjà une fille dans l’appartement en question. Il m’a fallu le temps, mais mon intuition féminine vient enfin de se remettre en marche. L'alcool, sans doute. Je repousse la main de Damon de mon épaule.

  — Tu vis avec ta petite amie ?

  Je commence à comprendre comment il peut se payer un loyer dans ce quartier. Ce n’est pas avec ses nouvelles dans Playboy qu’il peut se débrouiller tout seul.

  — Je te l’ai dit, je suis en train de me chercher un appartement. Mais ce n’est pas avec ce que je gagne que je…

  — Va te faire voir.

  — Tu ne veux vraiment pas qu’on aille chez toi ?

  — Non. Je ne couche pas avec le mec d’une autre.

  — Je n’avais pas l’intention de coucher avec toi.

  — A quoi pensais-tu ? A me réciter de la poésie toute la nuit ?

  Il détourne le regard.

  — On n’est pas obligés de discuter.

  — Qu’est-ce que tu voulais exactement ? Une pipe ?

  — Heu… pourquoi pas ?

  Je retiens de justesse la gifle qui me démange la main. Que s’imagine-t-il qu’Andrew Marvell proposait à sa belle effarouchée ? De rassembler ses élans de tendresse pour lui tailler une pipe ? Si je maîtrisais mieux mes postures de Tae Kwon Do, je lui enverrais un bon coup là où je pense, histoire de lui faire passer le goût des plaisanteries douteuses.

  — Va te faire f… !

  Ma dernière réplique avant de le laisser sur place. Pas la réplique la plus raffinée de ma vie sentimentale, mais sûrement la plus percutante.

  Vers 3 heures du matin, j’entends des gémissement étouffés dans la chambre de Sam. Tiens, elle s’est réconciliée avec Marc. Moi aussi je me réconcilierais bien. Damon ? Appelle-moi, je le veux !

  Vers 4 heures, j’entends des gémissements dans le salon. Ils exagèrent ! Les réconciliations sur l’oreiller, je veux bien, mais pas sur le canapé ! Enfin, j’entends des pas dans l’escalier. Je me rendors.

  Vers 5 heures, le téléphone sonne. Damon a entendu mon appel télépathique. Il veut se réconcilier. J’entends un sanglot au téléphone. Que c’est touchant, les larmes d’un homme !

  — C'est moi, dit Sam. Tu dors ?

  — Non. Et toi ?

  — J’ai mangé toute la glace aux pépites de chocolat, et je suis en train de m’attaquer au paquet de cookies.

  — Que s’est-il passé avec Marc ?

  — Il dit qu’il a besoin d’espace. Il ne veut pas vivre avec moi. Il ne m’aime pas.

  Un vertige me prend soudain. Si je suis déjà au téléphone, comment Sam peut-elle m’appeler ?

  — Tu m’appelles d’où ?

  — Du salon, sur mon portable.

  — Bouge pas, j’arrive.

  C'est vrai que j’ai une petite fringale, moi. Je m’apprête à rejoindre Sam dans le salon, après un arrêt technique dans la cuisine. Je vais prendre quelques biscuits apéritifs au fromage, au cas où Sam aurait déjà réglé leur sort aux cookies. Je vais prendre la boîte. On en a peut-être pour un moment, avec Sam.

  9

  Opération « Sauvez Samantha »

  Un rayon de soleil se faufile par les volets et traverse l’obscurité du salon pour venir se poser sur mes pieds. Un milliard de particules flottent dans l’air. On respire ça en permanence ? Beurk !

  Je suis couchée sur le canapé dans la position du Bretzel — pas le Bretzel du Kama-Sûtra mais celui qui résulte de l’étroitesse du sofa où j’ai passé la nuit pour ne pas laisser Sam en tête à tête avec son chagrin d’amour. Sur le plan de travail qui sépare la cuisine du séjour, mes magazines et les albums photos de Sam sont rangés en piles bien nettes. Au-delà, assise à la table de la cuisine, Sam semble plongée en catalepsie.

  — Bonjour, je croasse.

  — Jour de merde, répond-elle sans me regarder.

  Ah oui
! Marc. Besoin d’espace. Il a répondu à son ultimatum et elle n’a pas aimé sa réponse. Tout me revient, maintenant. Quand je l’ai rejointe hier soir dans le séjour, Sam était en larmes.

  — Hi hi hi a dit…… ki ne vou vou vouuuulait pas vivre avec m-m-moiiiii. Ki sait pas… sssssi je suis la f-f-f-f-femme de sa viiiiiie.

  Elle a continué de gémir et de hoqueter jusqu’à ce que j’aie descendu environ la moitié du paquet de biscuits apéritifs (un peu salés, il faudra que j’essaie une autre marque). Puis elle a commencé à s’énerver.

  — Pas la femme de sa vie ! Mais qu’est-ce qu’il croit, ce plantigrade arriéré, qu’il va en trouver une autre mieux que moi ? Qu’il en existe une autre capable de le supporter ? Pour qui se prend-il ? Minable ! Pauvre type ! Ringard !

  Et elle a éclaté de nouveau en sanglots. Après les biscuits au fromage, j’ai fini le paquet de céréales et on s’est assises à la table de la cuisine pour se faire du café. On a regardé le soleil se lever derrière les toits de la ville et monter dans un grand ciel bleu. Je me sentais aussi mâchée qu’un vieux chewing-gum à la chlorophylle. Ensuite, j’ai dû ramper jusqu’au canapé pour m’y effondrer.

  — Tu t’es levée tôt ?

  — Hier matin, répond Sam d’une voix d’outre-tombe.

  J’essaie de m’asseoir. Impossible. Suis complètement coincée. J’ai mal partout, à des endroits de mon corps que je ne connaissais pas. Je pousse un long gémissement de douleur. Que m’arrive-t-il ? Et si j’avais attrapé une de ces maladies musculaires foudroyantes ? Vous vous couchez en pleine forme et vous vous réveillez plus molle qu’une serpillière mouillée. Non, impossible : je ne me suis pas couchée en pleine forme.

  J’y suis, c’est la méningite ! Horreur ! Je n’ai plus que quelques minutes à vivre. Je vais pousser mon dernier souffle toute seule sur un canapé Ikéa défoncé au lieu d’expirer entre les bras de Jeremy sur une plage de sable blanc parsemée au cocotier.

  — Sam, je crois que j’ai attrapé une méningite. Je suis déjà paralysée. Je ne peux plus bouger. Je vais mourir.

  Elle me jette un regard éteint.

  — Ce n’est pas la méningite. C'est le karaté.

  Ah ! je préfère ça.

  — Le Tae Kwon Do, je rectifie en essayant de me soulever sur un coude.

  Sam ne répond pas. Elle est absorbée dans la contemplation de la table. Je regarde la table à mon tour. Quelque chose a changé, mais je ne saurais dire quoi.

  — Qu’as-tu fait à cette table ?

  — L'ai cirée.

  Elle marque une pause et reprend d’une voix étrangement monocorde :

  — J’ai ciré une table de verre. Qu’est-ce qui m’a pris de cirer une table de verre ? Pas étonnant que Marc ne veuille plus de moi.

  Et elle se remet à pleurer. Bon, c’est très bien tout ça, mais moi j’ai besoin d’une bonne douche. J’y verrai plus clair ensuite. Je me lève… et je manque de m’étaler sur le plancher. Bon sang ! que se passe-t-il dans cette maison ?

  — Sam ? Tu as mis quelque chose sur le plancher ?

  — L'ai ciré. L'avait l’air sale.

  Vaguement angoissée, j’inspecte la pièce du regard. A présent que mes yeux sont bien ouverts, je commence à mesurer l’ampleur des dégâts. Les plans de travail sont étincelants. Le sol aussi. On ne voit quasiment plus les vitres tant elles ont été briquées. Je remonte le couloir en me tenant aux murs, vaguement inquiète. Sur quel spectacle épouvantable vais-je tomber ?

  Intriguée par l’odeur inhabituelle qui flotte dans l’air, je pousse la porte de ma salle de bains. Ça sent un peu comme à l’hôpital. La pièce a l’air plus claire que d’habitude. Et il n’y a rien qui traîne. Mes pots de crème sont alignés au garde-à-vous sur la tablette, des serviettes propres assorties aux gants de toilette sont disposées symétriquement sur la barre. Même ma brosse à dents a pris un petit air martial que je ne lui connaissais pas.

  — Tu as fait aussi ma salle de bains ?

  — T’inquiète pas, j’ai mis des gants.

  — Mais je l’avais nettoyée la semaine dernière !

  — Justement. Il était temps de recommencer. Maintenant, elle est vraiment propre.

  J’essaie de passer sur le « vraiment » dans lequel je décèle un je-ne-sais-quoi de triomphal et je patine jusqu’à ma chambre en me retenant aux murs (Bon sang ! avec quoi Sam a-t-elle ciré le plancher ? Au savon noir ?).

  Tout est effroyablement en ordre. Mon lit est au carré. Mon panier de linge sale vide. Ma table de chevet rutilante de propreté. J’ouvre mon armoire. Mes frusques repassées sont pliées en piles impeccables et classées par couleurs. Je regarde le sol.

  — Tu as même passé l’aspirateur ?

  — Il fallait bien remettre les poils de la moquette dans le même sens ! marmonne Sam depuis la cuisine.

  L'heure est grave.

  Je décide d’emmener Sam faire un peu de shopping. Ça lui changera les idées, et à moi aussi par la même occasion…

  Au moment où nous franchissons les portes d’entrée du magasin, nous croisons un couple, main dans la main. Je sens Sam se crisper.

  — Je veux rentrer à la maison.

  — Pas question. On est ici, on y reste. Tu te souviens de ce que je t’ai dit ? Mon manuel de survie après une rupture sentimentale ?

  Elle hausse les épaules d’un air désespéré.

  — Les cuissardes ne me vont pas.

  — C'est juste un manque d’habitude, tu t’es laissée aller trop longtemps. Fais un petit effort et tu verras, je te promets que la séductrice en cuissardes cachée en toi ne va pas tarder à se révéler.

  Elle pousse un gros soupir mouillé.

  — Si tu le dis…

  Je la cornaque vers les rayons maquillage et parfumerie. C'est ce qu’il y a de plus amusant dans un grand magasin, non ? Tiens, le drôle de vernis à ongles doré. J’en étale une couche sur mon pouce gauche. Très joli. Ooooh ! que vois-je ? Un nouveau parfum ? Hum, ça sent bon ! Un petit pshitt à l’intérieur du poignet… Oui, j’aime. J’ai longtemps cru que les femmes se parfumaient le poignet parce que les hommes les embrassaient sur la main. Jusqu’au jour où j’ai lu que le poignet est en fait un point de pulsation du sang, et que la chaleur qu’il dégage aide les molécules de parfum à se déployer. Pas très romantique, finalement. Oh ! le superbe vernis marron ! On dirait du chocolat, il faut absolument que je l’essaye. Très chic. Et c’est quoi, ce flacon ? Un autre parfum ? Pas mal.

  Chouette ! Ils ont déjà sorti les nouvelles couleurs de maquillage pour l’hiver prochain. « Prune cosmique », « Quetsche mystère » et « Figue lunaire ». C'est marrant, on dirait vraiment les couleurs de l’hiver dernier. Trois femmes maquillées dans les couleurs tendance me font de l’œil derrière un comptoir. Idée ! Je vais faire maquiller Sam. Ça ne lui coûtera pas un centime et ça l’occupera un peu.

  Dans les grands magasins, on peut se faire maquiller à l’œil — si j’ose dire. Fond de teint, blush, paupières… On vous fait la totale sauf la cellulite et la coiffure. Ça s’appelle du marketing, et l’idée de base est de vous faire acheter les produits qu’on vous a étalés sur le visage. Vous n’êtes pas obligée de tout prendre, ce qui est une chance car il y en a en général pour l’équivalent d’un loyer, mais il est bien vu de faire l’acquisition d’au moins un article.

  Au fond, vous pouvez considérer ça comme un pourboire.

  Mais conseil d’amie, ne choisissez pas le rouge à lèvres. Ce serait une dépense inutile car en général on vous l’offre en échantillon dans le petit sac qu’on vous remet pour vous remercier de vos achats — un peu comme ces sacs pleins de bonbons qu’on rapportait des fêtes d’anniversaire quand on était enfants. Sauf que là, au lieu de sucettes et de confettis, vous aurez une pastille de rouge à lèvres, malheureusement pas de la couleur de votre choix, et jamais dans la gamme des nouvelles couleurs de maquillage pour l’hiver prochain.

  Ce qui n’est pas un drame, les couleurs de l’hiver dernier ressemblent à s’y m�
�prendre à celles de cette année.

  Le véritable problème dans ce genre d’endroit, ce sont les vendeuses qui vous maquillent. La plupart du temps, elles sont effrayantes. Soit elles ressemblent à des poupées Barbie en tailleur Chanel, soit ce sont des dames d’âge mûr aux lèvres et aux sourcils redessinés au crayon marron, soit vous avez affaire à des drag-queens en turban ivoire et boucles d’oreilles au format ballon de foot.

  Pour mon amie Sam, je choisis Barbie. La nôtre est dotée de longs cheveux d’un blond joliment factice, d’un nez tellement refait qu’on dirait celui de Michael Jackson, et de lèvres gonflées à la pompe à air.

  — Bonjour. Mon amie aimerait changer de maquillage, vous avez du temps pour une consultation ?

  « Consultation » est un euphémisme pour « maquillage gratuit ». Je pousse ma colocataire, toujours en état de léthargie avancée, sur le tabouret destiné aux candidates au relookage facial. L'Experte en Beauté féminine se penche vers Sam et lui annonce d’une voix de Pythie qu’elle a une jolie peau, mais qu’un peu de fond de teint ne lui ferait pas de mal.

  — Ah ? murmure Sam avec un imperceptible accent d’espoir.

  Je crois que j’ai suivi son raisonnement. Si sa peau était vraiment parfaite (traduisez : si elle est assez maline pour acheter le fond de teint), Marc ne pourra résister à l’envie de passer le reste de ses jours auprès d’elle. Mais si elle n’achète pas le fond de teint, une autre l’achètera, dont Marc tombera bien sûr éperdument amoureux, et la pauvre Sam restera toute seule avec sa peau qui est jolie mais sans plus, puisqu’un peu de fond de teint ne lui ferait pas de mal, c’est la spécialiste qui l’a dit.

  Oh ! la superbe ombre à paupières dorée ! Je plonge le doigt dans le pot de démonstration et j’en tartine mes paupières. Intéressant. Pour sortir le soir, ce serait bien, non ? Je devrais peut-être adopter un style plus sophistiqué ? Voyons ce qu’ils ont à proposer…

  — Fond de teint poudre ou fond de teint crème ? demande Barbie à Sam.

  Celle-ci la regarde comme si elle lui parlait en javanais. Ou en coréen. Hanna twul zed ned ? Tiens, le joli blush orangé ! J’en applique un peu sur mes pommettes. Est-ce que ça s’harmonise avec l’ombre à paupières dorée ? Pas sûr. Il faudrait que je demande à Drag-Queen ou à Sourcils-Peints, mais je ne suis pas tout à fait persuadée de pouvoir me fier aveuglément à leurs goûts.

 

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