The Complete Poetry of Aimé Césaire
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et subitement l’Afrique parla
ce fut pour nous an neuf
l’Afrique selon l’us
de chacun nous balaya le seuil d’une torche enflammée
reliant la nuit traquée
et toutes les nuits mutilées
de l’amère marée des nègres inconsolés
au plein ciel violet piqué de feux
She said: “rifle still warm the man
died yesterday. Yesterday the unrestrained covetous
trampler trampling pilferer pilfering
yesterday well and truly died yesterday.”
. . . Africa spoke a sacred language
in which the same word signified
knife of rains blood of bull
nerve and tendon of the hidden god
profound lichen release of birds
Elle dit : « L’homme au fusil encore chaud
est mort hier. Hier le convoiteux sans frein
piétineur piétinant saccageur saccageant
hier est bien mort hier. »
… l’Afrique parlait en une langue sacrée
où le même mot signifiait
couteau des pluies sang de taureau
nerf et tendon du dieu caché
lichen profond lâcher d’oiseaux
Reply to Depestre Haitian Poet
(Elements of an Ars Poetica)
Réponse à Depestre poète haïtien
(Éléments d’un art poétique)
It is a Seine night
and I recall as though drunk
the mad chant of Boukman birthing your country
with the forceps of the storm
C’est une nuit de Seine
et moi je me souviens comme ivre
du chant dément de Boukmann accouchant ton pays
aux forceps de l’orage
DEPESTRE
valiant rider of the tom-tom
is it true that you mistrust the native forest
our hoarse voices our hearts that carry us back bitter
our red-rum eyes our burned-out nights
is it possible
that the rains of exile
have slackened the drumskin of your voice
DEPESTRE
vaillant cavalier du tam-tam
est-il vrai que tu doutes de la forêt natale
de nos voix rauques de nos coeurs qui nous remontent amers
de nos yeux de rhum rouge de nos nuits incendiées
se peut-il
que les pluies de l’exil
aient détendu la peau de tambour de ta voix
Leave it Depestre leave it
the solemn beggary of a cadged melody
leave them
the droning of the minuet blood the stale water trickling down
along the pink steps
Laisse-là Depestre laisse-là
la gueuserie solennelle d’un air mendié
laisse-leur
le ronron de leur sang à menuets l’eau fade dégoulinant
le long des marches roses
and as for the gruntings of the schoolmasters
enough
let’s maroon* on them Depestre let’s maroon on them
as in times past we marooned on our slave drivers
et pour les grognements des maîtres d’école
assez
marronnons-les Depestre marronnons-les
comme jadis nous marronnions nos maîtres à fouet
Depestre I indict the bad manners of our blood
is it our fault
if the squall blows up
and suddenly unteaches us how to count on our fingers
to do three turns to salute
Depestre j’accuse les mauvaises manières de notre sang
est-ce notre faute
si la bourrasque se lève
et nous désapprend tout soudain de compter sur nos doigts
de faire trois tours de saluer
Or rather it comes to the same thing
blood is something that comes goes and comes back
and ours I suppose comes back to us after lingering
at some macumba*. What is to be done? Truly
blood is a powerful vodun
Ou bien encore cela revient au même
le sang est une chose qui va vient et revient
et le nôtre je suppose nous revient après s’être attardé
à quelque macumba. Qu’y faire ? En vérité
le sang est un vaudoun puissant
It is true that this season they are turning out nicely rounded sonnets
for us to do that would recall far too well
the sugary juice that back there drool the distilleries in the mornes
when the slow thin oxen circle round to the buzzing of the mosquitoes
C’est vrai ils arrondissent cette saison des sonnets
pour nous à le faire cela me rappellerait par trop
le jus sucré que bavent là-bas les distilleries des mornes
quand les lents boeufs maigres font leur rond au zonzon des moustiques
Ouch! Depestre a poem is not a mill for
crushing sugar cane stalks not at all
and if rhymes are flies on ponds
without rhymes
all season long
far from the ponds
I justifying to you
let’s laugh drink and maroon
Ouiche ! Depestre le poème n’est pas un moulin à
passer de la canne à sucre ça non
et si les rimes sont mouches sur les mares
sans rimes
toute une saison
loin des mares
moi te faisant raison
rions buvons et marronnons
Gentle heart
around my neck the order of commander of the moon
around my arm the tightly wrapped coil of the lasso of the sun
my chest tattooed as by one of the wounds of the night
just so I recall
Gentil cœur
avec au cou le collier de commandement de la lune
avec autour du bras le rouleau bien lové du lasso du soleil
la poitrine tatouée comme par une des blessures de la nuit
aussi je me souviens
did Dessalines actually mince about at Vertières
and for the rest
whether the poem turns well or badly on the oil of its hinges
screw it Depestre screw it let Aragon talk
au fait est-ce que Dessalines mignonnait à Vertières
et pour le reste
que le poème tourne bien ou mal sur l’huile de ses gonds
fous-t-en Depestre fous-t-en laisse dire Aragon
Comrade Depestre
It is assuredly a very great problem
the relation between poetry and Revolution
content conditions form
and if we took into account the dialectical detour
Camarade Depestre
C’est un problème assurément très grave
des rapports de la poésie et de la Révolution
le fond conditionne la forme
et si l’on s’avisait aussi du détour dialectique
by which form taking its revenge
like a strangler fig suffocates the poem
but no
I don’t accept to write the report
I’d rather look at the spring. Precisely
par quoi la forme prenant sa revanche
comme un figuier maudit étouffe le poème
mais non
je ne me charge pas du rapport
j’aime mieux regarder le printemps. Justement
it’s the Revolution
and the forms that linger
humming in our ears
eating the new sprouts
eating the shoots.
c’est la Révolution
et les formes qui s’attardent
à nos oreilles bourdonnant
ce sont mangeant le
neuf qui lève
mangeant les pousses
they are fat cockchafers cockchafing the spring.
Depestre
from the Seine I send you my greetings to Brazil
to you to Bahia to all the saints to all the devils
to those in the favellas
de gros hannetons hannetonnant le printemps.
Depestre
de la Seine je t’envoie au Brésil mon salut
à toi à Bahia à tous les saints à tous les diables
à ceux des favellas
Depestre
Bombaya Bombaya*
believe me as in former times beat for us the good tom-tom
splattering their rancid night
with a succinct rutting of moudang* stars.
Depestre
Bombaïa Bombaïa
crois-m’en comme jadis bats-nous le bon tam-tam
éclaboussant leur nuit rance
d’un rut sommaire d’astres moudangs.
Vodun Ceremony
For Saint-John Perse. . .
Cérémonie vaudou pour Saint-John Perse…
the one who marks with beacons the landing field of hummingbirds
the one who plants in the ground a stalk of Curaçao asclepias
to provide shelter for the world’s greatest monarchs
who are in the nobility of exile and transient butterflies
celui qui balise l’aire d’atterissage des colibris
celui qui plante en terre une hampe d’asclépias de Curaçao
pour fournir le gîte aux plus grands monarques du monde
qui sont en noblesse d’exil et papillons de passage
the one for whom the burseras of the sierra
sweating blood and water and more blood than water and peeling
never cease twisting their arms
grotesques in their parade of the damned
celui pour qui les burseras de la sierra
suant sang et eau et plus de sang que d’eau et pelés
n’en finissent pas de se tordre les bras
grotesques dans leur parade de damnés
the one who contemplates each day the first genetic letter
that it is superfluous to name
to the point of perfect reddening
with the surpluses of strength to be gathered from the historical void
celui qui contemple chaque jour la première lettre génétique
qu’il est superflu de nommer
jusqu’à parfait rougeoiement
avec à recueillir le surplus de forces hors du vide historique
the seeker of lost springheads
the disentangler of ropy lava
le chercheur de sources perdues
le démêleur de laves cordées
the one who calculates the low water mark of anger
in the workable and tutelary earth
the one who encounters the beat and the off-beat wheel of blood
moaning a thousand times more than norias on the Orontes
celui qui calcule l’étiage de la colère
dans les terres de labour et de mainbour
celui qui du sang rencontre la roue du temps et du contretemps
mille fois plus gémissante que norias sur l’Oronte
the one who replaces the asphodel of infernal meadows
with—sacral—the beautiful afro of the haemanthus
—the Angela Davis of these regions—rich with all the pins of our bristling bloods
celui qui remplace l’asphodèle des prairies infernales
par – sacrale – la belle coiffure afro de l’haemanthus
– Angela Davis de ces lieux – riche de toutes les épingles de nos sangs hérissés
(did he see it did he see it the Stranger
redder still than the blood of Tammuz
and our decebalian faces
did he see it did he see it the Stranger?)
(le vit-il le vit-il l’Étranger
plus rouge pourtant que le sang de Tammouz
et nos faces décebales
le vit-il le vit-il l’Étranger ?)
flegrian
birds profound
turtledoves of darkness and resentment
phlégréennes
oiseaux profonds
tourterelles de l’ombre et du grief
and may the arch catch fire
and from one ocean to the other
may the sumptuous magmas answer one another as volcanoes to
honor with all muzzles all portholes smoking
under sail for the high seas
the ultimate Conquistador on his final voyage
et que l’arc s’embrase
et que de l’un à l’autre océan
les magnas fastueux en volcans se répondent pour
de toutes gueules de tous fumants sabords honorer
en route pour le grand large
l’ultime Conquistador en son dernier voyage
LIKE A MISUNDERSTANDING OF SALVATION. . .
COMME UN MALENTENDU DE SALUT…
In 1994, Aimé Césaire, at the urging of Daniel Maximin, collected twenty-two poems under the title “Like a Misunderstanding of Salvation. . . .” Since his death, the collection has acquired the status of a poetic testament, marking out what the Martinican poet saw as his lasting accomplishment, while noting how the desire to create a diasporic negritude had overreached itself. “Like a Misunderstanding of Salvation” states obliquely but clearly enough what was implied in i, laminaria. . . . “Ridiculous” treats with bitter sarcasm the Promethean motif his earlier persona assumed in the tragic oratorio “And the Dogs Were Silent” (1946): “I am not nailed to the most absurd of rocks / No winged feat of valor ever visited me / From the abyss no chorus rises toward me / Unless it be the occasional hiccup of a cargo of castaways.” In “References,” the “he” clearly references Césaire’s own career in Martinique: “He sought no alibi / on the contrary / he scanned the landscape to incrust himself / husbander of the place. . . .” In “incrust,” we recognize the same poetic turn Césaire had used in imagining himself twelve years earlier as a laminarian alga. In this late verse, the language of poetry is no longer a vehicle; it is the substance of the poem: “I challenge not / I greet the words (gathering the blood of sound) / I know their memory, what they have to offer me: / that is to say everything. . .” (“Rumination”). A clear echo of “And the Dogs Were Silent” is heard again in “Word Owing”: “on the way / without diverting the dogs / the wind through you living through yourself hounds them. . . .”
“I have for the wrecking of the gods reinvented words,” he tells us in “Trajectory,” whereas in “Supreme Mask,” his goal was “to array the mask of words.” The role of his poetry in the Caribbean is seen as “communication via essential hiccups” over against “the inept babbling of the ambient swamp” in “Virtue of Fireflies.” He admits, however, to having created “mistaken tracks” in “Passage” and, in the poem that gave its title to the collection: “it’s all one / the labyrinth retreats from the obscured future / to the night of poorly unsealed fountains / bungle / blunder / fades away like a misunderstanding of salvation.” The post-scriptum to “Ridiculous” offers conditional consolation: “But if all sap has been abolished / If the current flows not / If the trade wind is lacking / If even pollen and sand reach me not / native / If from myself to myself / the useless path gets scared and pursues itself / May my silence alone deliver to me / By a blow in the hollow of helpless repose / The ill-deciphered jubilation of a / solitary magma / Rider of time and spume.”
The collection is rounded out by six occasional pieces that include praise poems and tombeaux, testimonials to a departed friend (Alioune Diop) and fellow poets (L.S. Senghor and E. Maunick).
Obsidian Stele for Alioune Diop
Stèle obsidienne pour Alioune Diop
Brother for you I have examined your bird aspects
African sand grouse to traverse intact the hottest sands
of the desert
African mousebird to foil the ruses of the bush and to confront the laughter of the forest
Frère pour toi je t’ai instruit en oiseau
oiseau ganga d’Afrique pour traverser intact le plus chaud des sables du désert
oiseau coliou d’Afrique pour déjouer les ruses de la broussaille et
affronter le rire
de la forêt
overleaper of ergs
crest raised from sudden pride
you knew how to fly high
major migrant
you knew how to fly far
franchisseur d’areg
huppe redressée d’un soudain orgueil
tu savais voler haut
migrant majeur
tu savais voler loin
high above all
taking in with a single glimpse the most distant parcel of
the hereditary patrimony
inspector of lost inheritances
tester of fidelities
haut surtout
embrassant d’un coup d’œil seul et jusqu’à sa plus lointaine parcelle
le patrimoine héréditaire
inspecteur des déshérences
testeur des fidélités
agreeing to daily commerce
only with unperceived hopes and vast memories
whose fervor nielloed in the hollow or gilded on the obverse