by Jean M. Auel
Étonné par les performances de cette solide embarcation qui bondissait sur l’eau agitée, Jondalar l’examina avec curiosité. Le fond, d’une seule pièce, avait été creusé dans un arbre de grande taille. Il était renflé au milieu. Il s’élargissait ensuite grâce à des rangées de planches qui se chevauchaient et étaient solidement fixées les unes aux autres sur les deux côtés du bateau. Ces planches formaient les flancs de l’embarcation et se rejoignaient à la hauteur de la proue. A l’intérieur du bateau, il y avait des appuis placés à intervalles réguliers sur lesquels étaient posées des planches qui servaient de bancs pour les rameurs. Trois d’entre eux étaient assis à l’avant du bateau sur le premier banc.
Jondalar s’absorbait toujours dans la contemplation de l’embarcation quand son regard fut attiré par un tronc d’arbre, poussé par le courant contre la proue. Son cœur fit un bond dans sa poitrine. Il regarda à nouveau pour s’assurer qu’il ne rêvait pas. Mais non. A l’avant de la proue, prise dans les branches de l’arbre, il y avait sa tunique d’été souillée de sang.
9
— Ne sois pas si gourmande, Whinney, conseilla Ayla en voyant que la jeune pouliche était en train de lécher les quelques gouttes d’eau qui restaient encore au fond du récipient en bois. Si tu bois tout, je vais être obligée de faire fondre à nouveau de la glace.
Whinney s’ébroua, secoua la tête et replongea son museau dans le récipient.
— Bon, puisque tu es vraiment assoiffée, il va falloir descendre chercher de la glace. Tu viens avec moi ?
Vivant seule avec la jeune pouliche, Ayla avait pris l’habitude de converser avec elle. Au début, elle avait surtout utilisé les gestes, les mimiques et les différentes postures qui composaient le langage du Clan. Puis elle s’était rendue compte que Whinney était aussi très sensible aux sons qu’elle émettait et cela l’avait amenée à communiquer plus souvent de cette manière avec elle.
Contrairement aux membres du Clan, Ayla n’avait aucune difficulté à utiliser toute une série de sons et d’inflexions. Son fils en était lui aussi capable et pour eux deux, c’était devenu un jeu d’imiter les syllabes dépourvues de sens qu’ils émettaient chacun à leur tour. Et, à force, certaines de ces syllabes avaient fini par acquérir une signification précise.
Depuis qu’Ayla conversait avec le jeune cheval, sa tendance à verbaliser s’était encore accrue. Elle imitait les sons émis par l’animal et inventait de nouveaux mots en combinant des sons dépourvus de sens qu’elle s’amusait à prononcer devant son fils. Comme il n’y avait plus personne pour lui reprocher d’émettre des sons inutiles, son vocabulaire oral était plus étendu qu’avant. Mais ce langage n’était compréhensible que pour elle – et dans une certaine mesure pour Whinney.
Après avoir enfilé ses jambières taillées dans la peau de la jument, elle mit son capuchon et enfila ses moufles. Passant les mains à travers la fente de ses moufles, elle attacha sa fronde à sa ceinture et plaça son panier sur son dos. Puis elle alla chercher l’os qu’elle utilisait pour casser la glace. Pour fabriquer ce pic à glace, elle avait utilisé un des fémurs de la jument : après en avoir retiré la mœlle, elle l’avait taillé en pointe et meulé contre une pierre.
— En route, Whinney, dit-elle en écartant la lourde peau d’aurochs qui, avant, lui servait de tente, et faisait maintenant office de brise-vent à l’entrée de la caverne, solidement attachée à des pieux enfoncés dans le sol.
La pouliche trottant derrière elle, elle emprunta le sentier qui menait à la rivière. En arrivant près du cours d’eau, elle baissa un peu la tête pour se protéger du vent qui soufflait avec violence. Dès qu’elle eut trouvé un endroit où la glace semblait moins épaisse, elle s’y attaqua avec son pic.
— Il est plus facile de ramasser de la neige que de casser la glace, Whinney, expliqua-t-elle à la jeune pouliche en plaçant les blocs de glace à l’intérieur de son panier.
Elle s’arrêta au pied de la falaise pour prendre quelques morceaux de bois flottés dans la pile qui se trouvait là et remonta vers la caverne.
— L’hiver est sec par ici, expliqua-t-elle à la pouliche. Plus froid aussi. La neige me manque, Whinney. Les petites chutes de neige que nous avons eues jusqu’ici ne me suffisent pas. Elles n’ont apporté que du froid.
Ayla plaça les blocs de glace dans un grand bol qu’elle posa à côté du feu. Il fallait que la glace fonde légèrement avant qu’elle puisse la transvaser dans un récipient en peau pour la mettre à chauffer au-dessus du feu. Sans eau au fond, le récipient en peau risquait de brûler.
Puis elle jeta un coup d’œil autour d’elle et examina différents objets en cours de fabrication. Lequel allait-elle choisir aujourd’hui ? Aucun de ces travaux ne la tentait.
Et si j’allais chasser ? se dit-elle en apercevant les épieux qu’elle avait fabriqués récemment. Cela fait un bon bout de temps que je ne suis pas allée dans les steppes. Inutile de les emporter, ajouta-t-elle aussitôt en fronçant les sourcils. Jamais je ne pourrai m’approcher suffisamment d’un animal pour pouvoir m’en servir. Je vais simplement emporter ma fronde et faire un tour. Cela me fera du bien.
Elle choisit quelques cailloux arrondis parmi ceux qu’elle avait entreposés dans la caverne au cas où les hyènes s’aventureraient à nouveau jusque-là, les fourra dans les replis de son vêtement et ajouta un peu de bois sur le feu.
Lorsqu’elle s’engagea dans la montée escarpée qui reliait la caverne et les steppes, Whinney voulut la suivre et hennit derrière elle.
— Ne t’inquiète pas, Whinney. Je ne serai pas absente longtemps. Tu ne risques rien.
En arrivant en haut, Ayla dut resserrer les cordons de son capuchon car le vent soufflait si fort qu’il faillit arracher la fourrure de glouton qui lui couvrait la tête. Elle s’arrêta un instant pour regarder autour d’elle. Aussi arides et desséchées soient-elles en été, les steppes semblaient alors pleines de vie si on les comparait à l’aspect désolé qu’elles présentaient en hiver. Le vent soufflait en rafales, émettant une mélopée funèbre aux accents discordants. Sa plainte déchirante s’enflait jusqu’au cri perçant, puis diminuait jusqu’à n’être plus qu’un gémissement étouffé. Il balayait sans relâche la terre brun grisâtre et allait chercher les cristaux de neige qui se trouvaient au fond des creux, projetant à nouveau dans l’air ces flocons glacés.
La neige balayée par le vent avait la consistance des grains de sable et sous sa morsure, Ayla eut bientôt le visage en feu. Elle rapprocha le plus possible les pans de son capuchon, baissa la tête et continua à avancer face au vent qui venait du nord-est. L’herbe gelée crissait sous ses pas. Chaque fois qu’une nouvelle rafale de vent chargée de neige l’atteignait, ses narines se pinçaient et sa gorge lui faisait mal. Sa respiration était devenue sifflante et elle se mit à tousser.
Mais qu’est-ce que je fais là ? se demanda-t-elle. Jamais je n’aurais pensé qu’il fasse aussi froid. Je ferais mieux de rentrer.
Elle allait faire demi-tour quand, soudain, elle s’immobilisa en dépit du froid intense. De l’autre côté du ravin, un petit groupe de mammouths laineux avançait à pas pesants, énormes tertres ambulants à la fourrure brun-roux et aux longues défenses incurvées. Ils vivaient dans cette morne région en se nourrissant exclusivement d’herbe gelée sur pied. En s’adaptant à cet environnement, ils avaient perdu toute capacité d’évoluer dans un milieu différent. Leurs jours étaient comptés et ils s’éteindraient dès qu’il n’y aurait plus de glaciers.
Ayla attendit que les formes indistinctes aient disparu de sa vue, happées par la neige tourbillonnante, pour se remettre en route. Elle ne traîna pas en chemin et poussa un soupir de soulagement lorsque, après avoir franchi la crête, elle se retrouva à nouveau à l’abri du vent. Elle se sentait aussi heureuse que le jour où elle avait découvert pour la première fois son sanctuaire. Que serais-je devenue si je n’avais pas trouvé cette vallée ? se dit-elle. Quand elle atteignit la corniche, qui se trouvait en face de la caverne, elle étreignit Whinney, pui
s s’avança tout au bout du piton rocheux pour regarder la vallée. La couche de neige était légèrement plus épaisse que dans les steppes et, là où le vent avait soufflé, il y avait même quelques congères.
Debout sur la corniche, Ayla entendit le hurlement d’un loup. Baissant les yeux, elle aperçut un renard polaire qui était en train de traverser le cours d’eau gelée. Sa fourrure blanche se confondait si bien avec la neige que, lorsqu’il s’immobilisa sur l’autre rive, elle le perdit pratiquement de vue. Elle nota alors un mouvement en bas de la vallée et reconnut la silhouette d’un lion des cavernes. Son pelage épais et fourni était si clair qu’il semblait presque blanc. Tous ces prédateurs quadrupèdes s’adaptaient à l’environnement de leur proie. A l’inverse, Ayla et ses semblables faisaient en sorte que l’environnement s’adapte à eux.
La jeune femme allait partir quand elle entendit un ricanement au-dessus d’elle. Levant la tête, elle aperçut alors une hyène qui se penchait par-dessus le bord de la corniche. Elle saisit aussitôt sa fronde. Mais, avant qu’elle ait pu s’en servir, la hyène s’éloigna de son pas traînant et disparut en direction des steppes. Whinney s’approcha d’Ayla en hennissant doucement et la poussa de la tête. Prenant la jeune pouliche par l’encolure, Ayla se dirigea vers la caverne.
Allongée sous sa fourrure, Ayla regardait la voûte de la caverne en se demandant ce qui avait bien pu la réveiller. Elle tourna la tête pour regarder Whinney : la pouliche avait, elle aussi, les yeux ouverts mais on n’y lisait aucune inquiétude. Pourtant, il y avait quelque chose de changé.
Ayla se blottit frileusement sous ses fourrures et, profitant de la lumière qui entrait par le trou placé au-dessus de l’entrée, elle jeta un coup d’œil à ses claies auxquelles étaient maintenant suspendues, à côté des herbes et des racines, des petites saucisses blanches qu’elle avait fabriquées en remplissant les intestins de la jument avec la graisse de l’animal, puis en pinçant et en faisant tourner la membrane à intervalles réguliers.
En voyant les saucisses, elle se mit à penser à son petit déjeuner. Un bouillon de viande séchée, un peu de graisse, quelques plantes pour assaisonner, une poignée de céréales et des raisins secs. Elle était trop réveillée pour rester plus longtemps au lit et repoussa les couvertures. S’enveloppant dans la fourrure de lynx qui gardait encore la chaleur de son corps, elle courut vers l’entrée de la caverne, écarta le brise-vent et s’arrêta, médusée.
Les contours escarpés de la corniche étaient recouverts d’une épaisse couche de neige tombée durant la nuit, qui brillait uniformément au soleil et reflétait le ciel d’un bleu transparent où subsistaient encore quelques nuages floconneux. L’air était immobile, il n’y avait plus trace de vent.
Située à cheval entre les steppes continentales plus humides et les steppes sèches, arides et recouvertes de lœss, la vallée subissait l’influence des deux types de climats. Le froid était donc sec par moments, humide à d’autres. L’épaisse couche de neige tombée pendant la nuit rappelait à Ayla les conditions climatiques qui régnaient autour de la caverne du clan. Elle avait soudain l’impression de se retrouver chez elle.
— Whinney ! appela-t-elle. Viens voir ! Il a neigé ! De la vraie neige pour une fois.
Si Ayla s’était précipitée dehors un instant plus tôt, c’était avant tout pour satisfaire un besoin naturel, aussi se dépêcha-t-elle de gagner l’extrémité de la corniche. Quand elle revint vers la caverne, elle aperçut la jeune pouliche qui avançait avec précaution une de ses pattes dans cette substance immatérielle. Baissant la tête, Whinney renifla la surface gelée, puis elle s’ébroua. En voyant Ayla, elle se mit à hennir plaintivement.
— Approche-toi, Whinney ! Tu ne risques rien.
C’était la première fois que la jeune pouliche voyait autant de neige. Quand, avançant un peu plus, elle sentit son sabot s’enfoncer dans l’épaisse couche, elle hennit à nouveau en direction d’Ayla comme si elle éprouvait le besoin d’être rassurée. Celle-ci s’approcha et l’aida à avancer sur la corniche enneigée jusqu’à ce qu’elle se sente plus à l’aise. La curiosité naturelle de la jeune pouliche et son goût du jeu finirent par prendre le dessus et elle se mit à gambader joyeusement autour d’Ayla.
— Je vais faire chauffer une infusion et préparer à manger, dit-elle en sentant qu’elle commençait à avoir froid. Je n’ai presque plus d’eau. Il va falloir casser de la glace. (S’interrompant soudain, elle éclata de rire.) Je n’ai pas besoin de glace ! Il suffit que je remplisse un bol avec de la neige. Que dirais-tu ce matin d’une bouillie chaude, Whinney ?
Quand elles eurent fini de manger, Ayla s’habilla chaudement et quitta la caverne. L’air avait une douceur inhabituelle à cause de l’absence de vent. Mais ce qu’elle appréciait surtout, c’était le plaisir de marcher dans la neige. Après avoir rempli de neige des bols et des paniers, elle plaça ceux-ci près du feu pour que leur contenu fonde.
C’était tellement plus facile que de casser de la glace qu’elle se dit qu’elle allait en utiliser une partie pour se laver. Quand elle vivait encore au sein du Clan, elle se lavait régulièrement avec de la neige fondue. Dans la vallée, elle avait tellement de mal à se procurer la glace dont elle avait besoin simplement pour boire et cuisiner qu’elle avait dû renoncer à se laver. Mais le moment était venu de renouer avec cette saine habitude.
Elle ajouta du bois dans le feu en piochant dans les réserves qui se trouvaient à l’intérieur de la caverne, puis elle ressortit et se mit à dégager la pile de bois de chauffe qui se trouvait près de l’entrée.
Si je pouvais empiler de la neige comme j’empile du bois, ce serait bien pratique, se dit-elle. Le vent risque de se remettre à souffler et alors, fini la neige...
Elle transporta à l’intérieur de la caverne une partie du bois qu’elle venait de dégager et en profita pour prendre un bol afin de retirer plus rapidement la neige.
Elle venait de remplir son bol et d’en déverser le contenu à côté de la pile de bois quand elle remarqua que le petit tas de neige conservait la forme du bol lorsqu’elle retirait le récipient. Pourquoi ne pas empiler de la neige comme ça ? Exactement comme j’empile mon bois...
Pleine d’enthousiasme à cette idée, elle se mit aussitôt à ramasser la neige qui recouvrait la corniche et l’entassa contre la paroi à côté de l’entrée de la caverne. Quand elle eut terminé, elle s’attaqua à l’étroit sentier qui descendait vers la rivière. Whinney profita du fait que la voie était dégagée pour aller faire un tour dans la vallée.
Les yeux brillants et les joues rougies par le froid, Ayla s’arrêta et sourit d’un air satisfait en contemplant l’imposant tas de neige qui se trouvait près de l’entrée. Jetant un coup d’œil autour d’elle, elle s’aperçut qu’il restait encore un peu de neige à l’extrémité de la corniche et se dirigea aussitôt de ce côté. De loin, elle vit Whinney en train de se frayer un chemin au milieu de ces masses de neige inhabituelles, levant bien haut les pattes.
Lorsqu’elle eut complètement dégagé la corniche et qu’elle s’arrêta pour examiner à nouveau le tas de neige, la forme de celui-ci la fit sourire. D’où elle était, les diverses bosses faites par le bol suggéraient les contours d’un visage.
Pour que ça ressemble vraiment à Brun, il faudrait que le nez soit un peu plus gros, songea-t-elle en ajoutant un peu de neige à l’endroit voulu. Puis elle approfondit un creux, aplatit légèrement une bosse et se recula pour contempler son œuvre.
— Bonjour, Brun, dit-elle avec un sourire malicieux en utilisant les gestes appropriés.
Mais son sourire s’effaça aussitôt. Brun n’apprécierait peut-être pas tellement que l’on se serve de son nom pour s’adresser à un tas de neige. Le nom qu’on portait revêtait trop d’importance pour qu’on l’utilise à tort et à travers. Ce visage ressemble pourtant à celui de Brun, se dit Ayla avec un petit rire étouffé. Mais je devrais être plus polie lorsque je m’adresse à lui. Quand on est une femme, il n’est pas correct de parler au chef de la tribu avant q
ue celui-ci vous en donne la permission. Se prenant au jeu, elle s’assit en face du tas de neige et baissa les yeux, dans la position qu’adoptaient les femmes du Clan lorsqu’elles demandaient à un homme la permission de s’adresser à lui.
Immobile, les yeux fixés sur le sol, Ayla attendait comme s’il y avait quelque chance que Brun lui tape sur l’épaule pour lui indiquer qu’elle avait le droit de lui parler. Rien ne se produisait et le silence devenait de plus en plus pesant. Le sol rocheux sur lequel elle était assise était glacé et elle commençait à se sentir un peu ridicule dans cette position. Ce tas de neige avait beau ressembler à Brun, jamais il ne lui taperait sur l’épaule. Brun lui-même était resté insensible à sa requête la dernière fois qu’elle s’était assise en face de lui, juste après avoir été injustement maudite, alors qu’elle voulait lui demander de prendre Durc sous sa protection. Le vieux chef s’était détourné d’elle car il était trop tard elle était déjà morte aux yeux du clan.
Au souvenir des événements qui l’avaient obligée à partir, son humeur changea du tout au tout. Bondissant sur ses pieds, elle s’approcha du visage sculpté dans la neige et se mit à le bourrer de coups de poing et de pied.
— Tu n’es pas Brun ! dit-elle en tentant de détruire toute ressemblance avec l’original. Tu n’es pas Brun ! Jamais plus je ne le reverrai ! Jamais je ne reverrai Durc ! Jamais plus je ne reverrai qui que ce soit ! Je suis toute seule ! ajouta-t-elle en laissant échapper un gémissement de désespoir. Oh ! pourquoi suis-je si seule ?
Elle s’effondra à genoux en pleurant et se laissa tomber dans la neige. Ramenant celle-ci sur elle, elle se blottit au creux de cette humidité glaciale, essayant de s’y enterrer et appelant de tous ses vœux l’engourdissement mortel dans l’espoir qu’il mette fin une fois pour toutes à ses souffrances et à sa solitude. Quand son corps commença à être parcouru de frissons, elle ferma les yeux et essaya d’oublier la sensation de froid qui la pénétrait maintenant jusqu’aux os.