La Vallée des chevaux
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La première fois que Serenio avait vu le membre viril de Jondalar dressé devant elle, elle avait été un peu effrayée par sa taille exceptionnelle. Mais Jondalar était si expert dans l’art de faire l’amour à une femme qu’elle n’avait jamais eu à en souffrir, bien au contraire.
Elle s’assit sur le lit et but l’infusion qu’il venait de lui apporter.
— Il faut que j’aille faire un tour dehors, dit-elle. Dois-je m’habiller ? Ou les gens sont-ils déjà allés se coucher ?
— Encore tôt, répondit Jondalar. Invités en train de danser. Personne ne fera attention.
Quand elle vint le rejoindre, Jondalar en profita pour la regarder. Comme elle était belle ! Un visage ravissant encadré par une longue chevelure, des jambes longues et fines, des seins petits mais parfaits comme ceux d’une jeune fille. Les quelques vergetures sur son ventre étaient les seules marques que lui avaient laissées la maternité et les petites rides qu’elle avait au coin des yeux le seul signe de son âge.
— Je pensais que tu rentrerais plus tard, dit-elle. A cause de la fête en l’honneur de la Mère.
— Pourquoi es-tu là ? Tu as dit : « Pas d’engagement ».
— Je n’ai rencontré personne d’intéressant et j’étais fatiguée.
— Toi, intéressante... Pas fatiguée, dit Jondalar en souriant.
Il la prit dans ses bras, plaqua ses lèvres contre les siennes et la serra contre lui. En sentant son sexe dur palpiter contre son ventre, Serenio fut inondée par un flot de désir.
Jondalar avait compté se contrôler et attendre le plus longtemps possible mais au lieu de ça il lui prit avidement la bouche, puis lui suça les seins. Sa main descendit vers sa toison et pénétra dans la fente chaude et humide. Serenio poussa un léger cri quand il toucha le petit organe dur à l’intérieur des chauds replis. Elle se releva et se pressa contre lui tandis qu’il caressait cet endroit qui, il le savait, lui donnait du plaisir.
Il sentit ce qu’elle désirait cette fois-ci. Ils changèrent de position Jondalar roula sur le côté et Serenio s’allongea sur le dos. Elle leva une de ses jambes et la mit sur la hanche de Jondalar et plaça l’autre entre ses jambes. Et tandis qu’il continuait à caresser le centre de son plaisir, elle saisit son membre viril et le guida vers les profondeurs de son sexe. Elle poussa un cri passionné quand il la pénétra et éprouva le plaisir exquis de deux sensations à la fois.
Il se sentit enveloppé par sa chaleur intime tandis qu’elle se glissait vers lui pour l’accueillir le plus loin possible. Il ressortit, puis la pénétra à nouveau jusqu’à ce qu’il ne puisse pas aller plus loin. Elle prit sa main et il la caressa de plus belle en plongeant le plus loin possible. Il était sur le point de jouir et Serenio poussait des cris en sentant que le moment approchait. Transportés par de puissantes vagues houleuses, ils furent soulevés à une hauteur insupportable et atteignirent ensemble une merveilleuse libération. Quelques instants plus tard, un frisson les parcourut, avant l’extase totale.
Le souffle court, les jambes encore enlacées, ils restèrent allongés sans bouger. Maintenant seulement, juste avant que son membre encore dur se détende complètement, Serenio pouvait l’accueillir entièrement à l’intérieur d’elle-même. Il semblait toujours lui donner plus que ce qu’elle pouvait lui offrir. Jondalar n’avait pas envie de bouger – il était prêt à s’endormir, mais il n’en avait aucune envie. Il se retira de Serenio et se blottit contre elle.
Il laissa son esprit vagabonder et repensa soudain à Cherunio et à Radonio et aux autres jeunes femmes. Il aurait certainement été très excitant de sentir autour de soi ces jeunes corps nubiles, ces cuisses brûlantes de désir, ces jeunes seins qui se seraient gonflés sous ses caresses. Rien que d’y penser, il avait à nouveau envie de faire l’amour. Pourquoi les avait-il repoussées ? Parfois, il se comportait vraiment comme un idiot...
Est-ce que Serenio s’était endormie ? Il lui souffla dans l’oreille. Elle le regarda en souriant tendrement. C’était vraiment une femme merveilleuse. Pourquoi ne puis-je pas tomber amoureux ? se demanda Jondalar.
13
Quand Ayla se retrouva aux abords de la caverne, un nouveau problème se posa à elle. Elle avait prévu de dépecer et de faire sécher la viande sur la plage comme la première fois. Mais le lionceau blessé ne pouvait pas être soigné en plein air. Il fallait qu’elle l’installe dans la caverne. Elle n’aurait aucune difficulté à le transporter là-haut dans ses bras : il était un peu plus gros et trapu qu’un renard. Mais le renne, c’était une autre histoire... Les épieux qui servaient de supports au travois étaient trop écartés pour que Whinney puisse s’engager avec son chargement dans l’étroit sentier. Et pourtant, il faudrait bien hisser le renne jusque là-haut. Il n’était pas question de le laisser sur la plage alors que des hyènes se trouvaient à proximité.
Ayla avait raison de s’inquiéter. Quand elle redescendit de la caverne, après y avoir déposé le lionceau blessé, les nécrophages étaient en train de renifler la natte qui enveloppait le renne, en dépit des ruades de Whinney. Ayla n’attendit pas d’être arrivée en bas pour se servir de sa fronde et elle fit mouche du premier coup. Surmontant le dégoût que lui inspirait cet animal, elle saisit la hyène morte par les pattes arrière et alla la déposer de l’autre côté de la saillie rocheuse. Elle se lava les mains dans la rivière pour chasser l’odeur infecte que dégageait la bête et rejoignit Whinney.
Tremblante et couverte de sueur, Whinney battait l’air de sa queue. Elle avait eu tellement peur en voyant les hyènes qu’elle avait tenté de fuir, mais une des perches du travois s’était coincée entre deux rochers. Elle était complètement paniquée.
— Tu as eu une dure journée, n’est-ce pas, Whinney ? dit Ayla en entourant de ses bras l’encolure de la jument, comme elle aurait serré contre elle un enfant apeuré.
La présence d’Ayla finit par calmer Whinney, elle cessa de trembler et sa respiration reprit un rythme régulier. Ayla la lâcha et décida que mieux valait la débarrasser de son chargement, même si elle ne savait toujours pas comment faire pour transporter le renne jusqu’à la caverne. Après avoir desserré un des épieux, elle s’aperçut qu’il se rapprochait de celui qui restait en place, réduisant du même coup la largeur du travois. Son problème était résolu. Elle bloqua la perche qu’elle avait desserrée le plus près possible de l’autre et s’engagea avec Whinney dans le sentier. Le chargement manquait de stabilité, mais la distance à parcourir était très courte.
Le renne pesait à peu près le même poids que Whinney et la montée était rude : la jument peina pour arriver jusqu’en haut, fournissant une fois de plus la preuve des services qu’elle pouvait rendre. Lorsqu’elle s’arrêta en face de l’entrée de la caverne, Ayla la débarrassa de son harnachement et lui donna une tape amicale. Elle allait pénétrer à l’intérieur de la caverne quand un hennissement plaintif de Whinney la fit se retourner.
— Que se passe-t-il ? demanda-t-elle.
Le lionceau ! se dit-elle aussitôt. Whinney avait senti l’odeur du félin et n’osait pas la suivre à l’intérieur.
— Tout va bien, Whinney, dit-elle en posant son bras sur l’encolure de la jument et en la poussant gentiment à l’intérieur. Ce lionceau ne peut pas te faire de mal.
Ayla s’approcha avec Whinney du petit lion toujours étendu sur le sol. La jument le renifla, puis elle recula en poussant un hennissement peureux. Ayla ne l’avait pas lâchée et sa présence était si rassurante que Whinney, après avoir à nouveau reniflé le lionceau, finit par se diriger vers son emplacement habituel. Oubliant l’intrus, elle s’attaqua aussitôt au foin qui se trouvait dans son panier.
Ayla s’approcha alors du lionceau. Sa livrée beige très clair était marquée de taches légèrement plus foncées. Il semblait tout jeune. Mais elle était incapable de déterminer son age exact. Les lions des cavernes hantaient les steppes ; elle avait seulement étudié les carnivores qui vivaient dans les régions boisées proches de la caverne du Clan. A cette époque-là, elle ne chassait pa
s en terrain ouvert.
Elle tenta de se rappeler ce qui disaient les chasseurs du Clan de ces animaux. Ils conseillaient aux femmes de se méfier des lions car leur pelage, de la même teinte que l’herbe sèche ou que la poussière, se confondait si bien avec leur environnement que l’on risquait de ne les apercevoir qu’au dernier moment – quand il était trop tard. Une bande de lions, endormis à l’ombre des buissons ou au milieu des pierres et des affleurements rocheux à quelques pas de leur repaire, pouvaient très bien passer pour des rochers.
Ainsi s’expliquait le fait que la livrée de ce lionceau soit légèrement plus claire que celle des lions qui vivaient plus au sud. Son pelage beige très clair s’harmonisait parfaitement avec la teinte qui dominait dans les steppes.
D’une main exercée, Ayla explora le corps du lionceau pour voir où il était blessé. Une de ses côtes était cassée. Quand elle toucha l’endroit qui le faisait souffrir, il émit un petit miaulement plaintif. Pour l’instant, il était impossible de dire s’il souffrait de blessures internes. Il avait à la tête une plaie ouverte, provoquée par un coup de sabot.
Le feu était éteint depuis longtemps mais elle s’empressa de le rallumer et mit aussitôt de l’eau à chauffer. Après avoir entouré les côtes du lionceau avec une bande en cuir souple, elle retira la peau noire qui recouvrait les racines de consoude qu’elle avait déterrées sur le chemin du retour et récupéra le mucilage visqueux qui s’en échappait. Elle jeta des fleurs de soucis dans l’eau bouillante et quand la décoction eut pris une belle teinte dorée, elle la laissa refroidir, puis y trempa un morceau de peau absorbante afin de laver la blessure que le lionceau portait à la tête.
Lorsqu’elle retira le sang séché, la blessure se remit à saigner, mais elle avait eu le temps de voir que la boîte crânienne était fêlée et non écrasée. Après avoir fendu en deux la racine de consoude, elle appliqua directement sur la plaie la substance gluante – qui arrêterait le saignement et faciliterait la consolidation de la boîte crânienne. Puis elle enveloppa la tête du lionceau avec une autre bande en cuir souple.
Ce n’était pas la première fois qu’elle soignait un animal blessé mais jamais elle n’aurait pensé exercer un jour son talent de guérisseuse sur un lionceau. Brun serait drôlement surpris s’il pouvait me voir, se dit-elle. Lui qui m’avait interdit de ramener à la caverne un louveteau blessé, que dirait-il s’il savait que je soigne un lionceau ! Il n’empêche que si ce bébé s’en sort, j’apprendrai beaucoup de choses sur les lions des cavernes.
Bien qu’ignorant comment faire pour que le lionceau absorbe ce remède, Ayla remit de l’eau à bouillir et elle prépara une infusion de camomille et de feuilles de consoude. Puis elle ressortit pour s’occuper du renne. Elle avait écorché l’animal et commencé à découper la viande en fines lanières quand elle réalisa soudain qu’elle aurait bien du mal à la faire sécher. Comment ferait-elle pour planter dans la roche les bouts de bois auxquels elle fixait ses cordes ?
Énervée par ce nouveau contretemps, elle jeta rageusement le bout de bois qu’elle tenait à la main. Elle était exténuée et inquiète aussi à l’idée d’avoir ramené le lionceau à la caverne. N’était-ce pas une erreur ? Au lieu de préparer son futur départ de la vallée, il faudrait qu’elle s’occupe maintenant de l’animal blessé. Elle ferait aussi bien de le ramener dans les steppes et de l’abandonner à son destin... Jamais je ne pourrais faire une chose pareille ! se dit-elle. Abandonné à lui-même, il mourra ! Il n’empêche que si elle décidait de garder le lionceau, elle ne pourrait pas quitter la vallée comme elle avait prévu de le faire.
Elle revint à l’intérieur de la caverne pour jeter un coup d’œil au blessé. Il n’avait toujours pas bougé. Sa poitrine était chaude et il respirait normalement. Sa fourrure toute frisottée faisait penser au pelage de Whinney quand Ayla l’avait recueillie. Il était si mignon ce bébé lion et si drôle avec ce bandage qui lui couvrait la tête qu’elle ne put s’empêcher de sourire. Ce mignon bébé va devenir un lion énorme, se dit-elle. Mais tant pis ! Maintenant que je l’ai ramené, je ne peux pas le laisser mourir.
Ayla alla rechercher le bâton qu’elle avait jeté et regarda autour d’elle dans l’espoir de trouver un endroit où le planter. Tout au bout de la corniche, il y avait un tas de pierres qui s’étaient détachées de la paroi rocheuse. Elle y enfonça le bout de bois. Il tenait droit mais jamais il ne pourrait supporter la traction que la viande exercerait sur les cordes. Malgré tout, Ayla tenait là une idée. Elle alla chercher un panier, descendit vers la plage et remonta avec un chargement de pierres.
Après quelques essais infructueux, elle découvrit qu’il fallait qu’elle donne au tas de pierres la forme d’une pyramide et qu’elle utilise un bâton plus long que d’habitude. Elle fit quelques corvées supplémentaires jusqu’à la plage pour rapporter plus de pierres, coupa des bâtons à la longueur voulue et tendit les cordes en travers de la corniche. Avant de se remettre à découper la viande, elle alluma un petit feu sur la corniche et en profita pour y griller une épaisse tranche de renne qu’elle mangea aussitôt.
Qu’allait-elle donner à manger au lionceau ? Les bébés absorbaient la même nourriture que les adultes, se souvint-elle, à condition que celle-ci soit réduite en bouillie pour qu’ils puissent l’avaler sans avoir à mâcher. Le mieux, c’était de préparer un bouillon de viande en coupant très finement des tranches de renne. Et pourquoi ne pas mettre la viande à cuire dans l’infusion qu’elle venait de préparer ?
Aussitôt, Ayla se mit au travail. Elle coupa la viande en petits morceaux et la mit à cuire dans l’infusion de camomille et feuilles de consoude.
Un moment plus tard, quand elle jeta un coup d’œil dans la caverne, elle s’aperçut que le lionceau était réveillé. Incapable de se relever, il poussait des miaulements plaintifs. En la voyant s’approcher, il se mit à grogner et à siffler et essaya de reculer. Nullement impressionnée, Ayla se pencha vers lui en souriant.
Pauvre petite chose apeurée, songeait-elle. Comme je te comprends. Ouvrir les yeux et se retrouver dans un endroit qu’on ne connaît pas et en face de quelqu’un qui ne ressemble pas à sa mère. (Elle approcha sa main du museau de l’animal.) Ouille ! Tes petites dents sont drôlement pointues ! Vas-y, ne te gêne pas. Goûte ma main et renifle mon odeur. Comme ça, tu auras moins de mal à t’habituer à moi. C’est moi qui vais être ta mère maintenant, car ta vraie mère ne saurait pas prendre soin de toi. Je ne connais pas très bien les lions des cavernes. Mais cela n’a pas d’importance. Un bébé est un bébé et j’ai déjà élevé une petite pouliche. As-tu faim ? Je ne peux pas te donner de lait. Mais je t’ai préparé un bouillon de viande.
Ayla se releva pour aller chercher le récipient dans lequel avait cuit le bouillon. En refroidissant, celui-ci avait pris une consistance épaisse qui l’étonna beaucoup. Elle le remua avec l’os qui lui servait de cuillère et s’aperçut que les morceaux de viande formaient un bloc compact et gélatineux au fond du récipient. Et soudain, elle comprit ce qui s’était passé et éclata de rire.
Je comprends pourquoi la consoude est bonne pour les blessures, se dit-elle. Si elle rapproche l’une de l’autre les chairs déchirées comme elle a figé ce bouillon autour des morceaux de viande, cela doit en effet faciliter la cicatrisation.
— Veux-tu un peu de ce bouillon, bébé ? demanda-t-elle, par gestes, au lionceau.
Elle versa un peu de bouillon gélatineux dans un petit récipient en écorce de bouleau et le plaça sous le museau du lionceau qui avait réussi à se remettre debout. Celui-ci recula en sifflant.
Ayla entendit le bruit des sabots de Whinney et, l’instant d’après, la jument pénétra dans la caverne. Le lionceau était parfaitement réveillé et comme il bougeait, Whinney s’approcha pour le renifler. Effrayé par cet animal de grande taille qu’il ne connaissait pas, le bébé lion recula en grognant et alla se réfugier entre les jambes d’Ayla. Un peu rassuré par la chaleur de son corps et cette odeur qu’il commençait à connaître, il se blottit contre elle.
Il se passait vraiment de drôles de choses dans cette caverne.
Ayla souleva le lionceau et le posa sur ses genoux. Puis elle l’entoura de ses bras et commença à le bercer en chantonnant d’une voix apaisante – comme elle aurait fait pour n’importe quel bébé.
— Tout va bien. Tu vas t’habituer à nous.
Whinney remua la tête et poussa un hennissement. Maintenant que le lionceau était niché dans les bras d’Ayla, elle n’en avait plus peur. Le fait de vivre avec un être humain avait déjà modifié son comportement. Il y avait des chances qu’elle finisse par accepter la présence du jeune félin.
Rassuré par les caresses d’Ayla, le lionceau fourrait son museau dans les replis de son vêtement, cherchant à téter.
— Tu as faim, n’est-ce pas, bébé ? demanda Ayla en récupérant le récipient où elle avait versé le bouillon.
Comme le lionceau reniflait l’épais bouillon sans y toucher, elle y trempa ses doigts et les fourra dans la gueule de l’animal. Il comprit tout de suite ce qu’on attendait de lui et, comme n’importe quel bébé, se mit à téter.
Assise sur le sol de la petite caverne, se balançant d’avant en arrière pour bercer le lionceau tandis que celui-ci continuait à sucer le bout de ses doigts, Ayla était tellement absorbée par le souvenir de son fils qu’elle ne se rendit pas compte que des larmes coulaient le long de ses joues et tombaient sur la fourrure de l’animal niché sur ses genoux.