La Vallée des chevaux
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Au printemps précédent, Whinney avait déjà réagi aux hennissements de l’étalon qui se trouvait dans les steppes, au-dessus de la caverne, mais elle n’avait pu aller le rejoindre. Cette fois-ci, son besoin de s’accoupler semblait beaucoup plus fort et Ayla avait beau la caresser, elle continuait à pousser des cris perçants.
Comprenant soudain ce que cela signifiait, Ayla sentit son estomac se contracter. Elle s’appuya contre la jument, exactement comme le faisait Whinney quand elle était inquiète ou effrayée. Whinney allait la quitter ! C’était tellement inattendu ! Préoccupée par l’avenir de Bébé et ses propres projets, Ayla n’avait pas eu le temps de s’y préparer. Elle avait oublié que la saison des amours allait revenir pour Whinney et qu’elle aurait alors besoin de trouver un étalon.
Le cœur déchiré, Ayla quitta la caverne et fit signe à Whinney de venir avec elle. Lorsqu’elles se retrouvèrent sur la plage, elle enfourcha la jument. Bébé s’apprêtait à les suivre mais Ayla fit le geste : « Arrête ! » Elle ne voulait pas que le lion des cavernes les accompagne. Bébé ne pouvait pas savoir qu’elle ne partait pas chasser et elle dut à nouveau refaire le même geste. Impressionné par sa détermination, le lion s’immobilisa et les regarda s’éloigner.
Dans les steppes, il faisait chaud et humide à la fois. Le soleil avait réussi à percer le brouillard matinal. Il brillait maintenant au centre d’un halo brumeux et son éclat faisait paraître le bleu du ciel plus pâle encore qu’il ne l’était déjà. Les légères brumes, provoquées par la neige en train de fondre, adoucissaient les contours sans limiter la visibilité et des poches de brouillard s’accrochaient encore au fond des endroits les plus humides. La perspective s’en trouvait modifiée, et tout semblait ramené au premier plan, ce qui donnait au paysage une immédiateté étonnante, le sentiment de vivre dans le présent, ici et maintenant, comme si l’univers se limitait à cet endroit. Les objets éloignés paraissaient tout proches et néanmoins il aurait fallu marcher interminablement pour les atteindre.
Ayla se laissait guider par sa monture, notant inconsciemment au passage les repères qui lui permettraient de regagner la caverne. La direction prise par Whinney lui importait peu et elle ne se rendait pas compte que son visage, déjà humide à cause de la brume, ruisselait de larmes. Elle repensait à ce jour lointain où elle avait découvert la vallée et aperçu pour la première fois la horde de chevaux dans la prairie. Elle se rappelait sa décision de s’installer dans cette vallée accueillante, ce qui l’avait obligée à tuer un des chevaux de la horde. Elle se souvenait de cette fameuse nuit où elle avait ramené Whinney avec elle pour la protéger des hyènes. Elle aurait dû se douter que cela ne pouvait pas durer indéfiniment, qu’un beau jour Whinney rejoindrait les siens, comme elle-même allait être aussi obligée de le faire.
Un changement dans l’allure de la jument la rappela à la réalité. Whinney avait trouvé ce qu’elle cherchait : une petite horde de chevaux à quelques pas de là.
Le soleil avait fait fondre la neige sur une petite colline, découvrant les pousses minuscules qui émergeaient du sol. Les chevaux étaient en train de manger ces jeunes pousses, qui les changeaient agréablement du fourrage sec de l’année précédente. Quand les chevaux de la horde, remarquant sa présence, levèrent la tête, Whinney s’arrêta. Ayla entendit le hennissement d’un étalon. Occupé à brouter sur un monticule un peu à l’écart, il avait une robe brun-rouge foncé. Sa crinière, sa queue et la moitié inférieure de ses jambes étaient noires. La jeune femme n’avait encore jamais vu un cheval au pelage aussi coloré. La plupart des chevaux sauvages avaient des robes brun grisâtre ou couleur de foin comme celle de Whinney.
L’étalon releva la tête en hennissant et retroussa sa lèvre supérieure. Puis il s’approcha au galop et s’arrêta à quelques pas de Whinney, piaffant sur place. Le cou cambré, la queue dressée, son érection était magnifique.
Whinney lui répondit en hennissant à son tour et Ayla se laissa glisser sur le sol. Elle étreignit une dernière fois la jument et commença à s’éloigner. Whinney tourna la tête pour regarder la jeune femme qui avait pris soin d’elle et l’avait élevée.
— Tu as trouvé ton compagnon, lui dit Ayla. Va le rejoindre. Whinney se retourna vers l’étalon en hennissant doucement. Celui-ci vint se placer derrière elle et, baissant la tête, se mit à lui mordiller les jarrets pour qu’elle se rapproche de la horde, comme s’il ramenait au bercail une brebis égarée. Incapable de partir, Ayla regarda la jument s’éloigner. Quand l’étalon la monta, elle ne put s’empêcher de repenser à Broud et à la terrible douleur qu’elle avait éprouvée la première fois qu’il lui avait fait ça. Ensuite, cela avait seulement été désagréable. Jamais elle n’avait aimé qu’il la chevauche et le jour où Broud s’était désintéressé d’elle, elle en avait éprouvé un vif soulagement.
Même si Whinney poussait des cris perçants, elle n’essayait pas de repousser l’étalon et, en la regardant, Ayla se sentit agitée par d’étranges sensations. Elle ne pouvait détacher ses yeux de l’étalon qui, les pattes avant posées sur le dos de la jument, remuait rythmiquement son arrière-train en poussant des cris perçants. Elle sentit une chaude humidité entre ses jambes, une pulsation en accord avec les mouvements rythmiques de l’étalon et un désir incompréhensible. Le souffle court, le cœur battant à tout rompre, elle souffrait de désirer quelque chose dont elle n’avait pas idée.
Quand tout fut fini et que la jument suivit l’étalon, sans même un regard en arrière, Ayla ressentit un sentiment de vide insupportable. Elle réalisa soudain à quel point le monde qu’elle s’était construit dans la vallée était fragile, combien éphémère avait été son bonheur et à quel point son existence était précaire. Elle fit demi-tour et partit en courant vers la vallée. La gorge en feu et souffrant d’un point de côté, elle continuait à courir, comme si cette course éperdue avait le pouvoir de lui faire oublier son cœur meurtri et l’insupportable sentiment de solitude qu’elle éprouvait.
En descendant la pente qui rejoignait la prairie, elle trébucha, roula jusqu’en bas et resta un moment à essayer de retrouver son souffle. Même quand sa respiration eut repris un rythme régulier, elle ne se releva pas. Elle n’avait pas envie de bouger. Elle en avait assez de lutter, plus aucune envie de se battre et même de vivre. Elle avait été maudite, non ?
Puisque je suis déjà morte aux yeux du Clan, pourquoi ne puis-je pas tout simplement mourir ? se demanda-t-elle. Pourquoi faut-il toujours que je perde ceux que j’aime ? Un souffle chaud et un coup de langue râpeuse l’obligèrent à ouvrir les yeux.
— Bébé ! Oh, mon Bébé ! s’écria-t-elle en éclatant en sanglots.
Bébé rampa à côté d’elle et, rentrant les griffes, posa une de ses pattes antérieures sur elle. Roulant sur elle-même, Ayla le prit par le cou et enfouit son visage dans sa crinière.
Quand ses sanglots se furent calmés et qu’elle voulut se relever, elle fut forcée de reconnaître qu’elle avait fait une sacrée chute. Elle s’était ouvert les mains, écorché les coudes et les genoux, sa hanche et son menton étaient tout tuméfiés et elle portait une plaie à la joue droite. Traînant la jambe, elle rentra à la caverne.
Elle était en train de soigner ses blessures et ses contusions quand soudain elle se demanda : Que se serait-il passé si je m’étais cassé quelque chose ? Sans personne pour me porter secours, cela aurait été encore pire que de mourir... Et pourtant, il ne m’est rien arrivé de grave. Une fois de plus, mon totem m’a protégée. Il est possible que l’esprit du Lion des Cavernes m’ait envoyé Bébé parce qu’il savait que Whinney allait me quitter.
Bébé va partir, lui aussi, pensa-t-elle aussitôt. Il ne va pas tarder à chercher une compagne. Même s’il n’a pas été élevé au sein d’une troupe de lions, il en trouvera une sans difficulté. Il va devenir si grand et si fort qu’il n’aura aucune difficulté à défendre son territoire. En plus, c’est un excellent chasseur. Il ne mourra jamais de faim.
Je suis en train de parler de lui comme
le ferait une mère du Clan réalisant que son fils est devenu un chasseur courageux, se dit-elle avec un sourire un peu forcé. Après tout, Bébé n’est pas mon fils... Ce n’est qu’un lion, un lion des cavernes comme les autres. Non, il n’est pas comme les autres ! corrigea-t-elle. Il est déjà aussi grand qu’un lion adulte et très en avance pour chasser. Il n’empêche qu’il ne va pas tarder à me quitter...
Durc et Ura doivent avoir grandi maintenant, eux aussi. Oda sera triste quand Ura la quittera pour venir vivre avec Durc dans le clan de Brun... Ce n’est plus le clan de Brun, mais celui de Broud maintenant. Je me demande dans combien de temps aura lieu le prochain Rassemblement du Clan ?
Ayla s’approcha de sa couche pour aller chercher le paquet de bouts de bois sur lesquels, chaque soir, elle faisait une entaille. Elle défit la lanière qui les entourait et les éparpilla sur le sol. Puis elle essaya de faire le compte des jours qu’elle avait passés dans la vallée. Elle eut beau placer les doigts de ses deux mains sur les entailles, il y en avait tellement qu’elle était incapable de s’y retrouver. Finalement, elle se dit qu’elle n’avait pas besoin de ces bouts de bois : en comptant les printemps, elle saurait combien d’années avaient passé. Durc est né au printemps qui a précédé le dernier Rassemblement du Clan, se dit-elle. Le printemps suivant a marqué la fin de son année de naissance, continua-t-elle en faisant une marque dans la poussière. Ensuite, c’est l’année où il a marché. (Elle fit une deuxième marque.) Il aurait dû être sevré au printemps suivant, calcula-t-elle en faisant une troisième marque. Mais comme je n’avais pas de lait, j’ai cessé de le nourrir bien avant.
C’est ce même printemps que je suis partie, poursuivit-elle en fermant à demi les yeux pour mieux se concentrer. Et cet été-là, j’ai découvert la vallée et Whinney. Le printemps d’après, j’ai trouvé Bébé. (Elle ajouta une quatrième marque.) Et ce printemps-ci... Ayla hésita un court instant. Elle n’avait aucune envie que le départ de Whinney lui serve de repère pour marquer le début d’une nouvelle année. Et pourtant, les faits étaient là. Elle fit une cinquième marque sur le sol.
Cela représente tous les doigts d’une main, se dit-elle en levant sa main gauche après avoir placé tous les doigts sur les marques. C’est l’âge de Durc aujourd’hui. (Elle tendit le pouce et l’index de sa main droite et replia les autres doigts). Voilà le nombre d’années avant le Rassemblement, ils emmèneront Ura avec eux pour qu’un jour elle devienne la compagne de Durc. Bien sûr, les deux enfants seront encore trop jeunes pour s’accoupler. Mais en la voyant, tout le monde comprendra qu’elle est destinée à Durc. Est-ce que mon fils se souvient de moi ? se demanda-t-elle soudain. A-t-il hérité des souvenirs du Clan ? A qui ressemblera-t-il le plus ? A moi ou à Broud ? Aux Autres ou à ceux du Clan ?
En rassemblant les bouts de bois, Ayla nota une régularité dans le nombre de marques entre les entailles plus profondes qu’elle faisait chaque fois que son esprit se battait et qu’elle saignait. Tant que je reste dans cette vallée, jamais le totem d’un homme ne se battra avec le mien, se dit-elle. Même si j’avais pour totem une souris, jamais je ne pourrais être enceinte. Pour mettre en train un bébé, il faut qu’un homme vous pénètre. C’est mon avis en tout cas.
Whinney ! songea-t-elle soudain. Était-ce cela que l’étalon était en train de faire ? Mettrait-il un bébé dans le ventre de Whinney ? Oh, Whinney, ce serait tellement merveilleux !
En repensant à Whinney et à l’étalon, la respiration d’Ayla s’accéléra. Puis elle pensa à Broud et la sensation agréable disparut aussitôt. Il n’empêche que c’était le membre de Broud qui avait mis Durc en train. S’il avait su qu’il allait me donner un enfant, jamais il ne m’aurait forcée, se dit Ayla. Durc prendra Ura comme compagne. Cette petite Ura n’est pas difforme. Je suis sûre qu’elle a commencé à grandir dans le ventre d’Oda après que celle-ci a été forcée par les Autres. D’après Oda, ces hommes me ressemblaient. Un jour, je saurai si c’est vrai...
Ayla ne tenait pas en place. Bébé avait quitté la caverne et elle décida de faire comme lui. Elle suivit les buissons qui bordaient la rivière et s’aventura jusqu’au fond de la vallée. Jamais encore elle n’était allée aussi loin à pied. Maintenant que la jument était partie, il lui faudrait reprendre l’habitude de marcher et de porter un panier sur le dos. Quand elle se retrouva tout au bout de la vallée, elle continua à suivre la rivière qui, arrêtée par l’escarpement de la falaise, obliquait alors vers le sud. Juste après cette boucle, le cours d’eau tourbillonnait autour de rochers disposés si régulièrement qu’on pouvait aisément y marcher. A cet endroit, la haute falaise s’élevait par paliers si bien qu’Ayla n’eut aucun mal à l’escalader. Elle se retrouva alors dans les steppes de l’ouest.
Il n’y avait pas de réelles différences entre l’est et l’ouest, sauf que de ce côté-là le terrain était légèrement plus accidenté. Ayla connaissait beaucoup moins bien cette région et en conséquence, elle était décidée à se diriger vers l’ouest le jour où elle quitterait la vallée. Elle fit demi-tour et reprit le chemin de la caverne.
Quand elle arriva, la nuit tombait et Bébé n’était toujours pas rentré. Le feu s’était éteint et il faisait froid. La caverne semblait plus vide encore que quand elle s’y était installée. Elle alluma un feu et fit chauffer de l’eau pour une infusion. Elle n’avait pas le courage de cuisiner et se contenta, pour dîner, d’un morceau de viande séchée et de merises sèches. Cela faisait bien longtemps qu’elle ne s’était pas retrouvée toute seule dans la caverne. Quand vint le moment de se coucher, elle alla fouiller dans son vieux panier de voyage et en sortit la couverture en peau qui lui avait servi à porter Durc. Avant de s’endormir, elle s’y enveloppa.
A peine avait-elle fermé les yeux qu’elle commença à rêver. Elle rêva que Durc et Ura avaient grandi et qu’ils vivaient maintenant ensemble. Puis elle rêva de Whinney : la jument était en compagnie d’un poulain au pelage bai, comme celui de l’étalon. Elle finit par s’éveiller en sueur après avoir fait un cauchemar. Elle venait à nouveau de rêver de ce tremblement de terre qui la terrifiait. Pourquoi ce rêve revenait-il régulièrement ?
Elle se leva, ranima le feu et fit réchauffer le reste de l’infusion. Bébé n’était toujours pas rentré. Assise en face du feu, la couverture en peau roulée dans son giron, Ayla repensa à l’histoire que lui avait racontée Oda. D’après elle, l’homme qui l’avait forcée lui ressemblait. Mais que voulait-elle dire par là ?
Ayla tenta d’imaginer le visage d’un homme qui ressemblerait au sien en essayant de se souvenir de sa propre image quand elle s’était regardée dans l’eau de l’étang. Mais la seule chose qu’elle se rappelait, c’était la longue chevelure qui lui encadrait alors le visage, jaune comme le pelage de Whinney, mais d’une teinte plus chaude et plus dorée que la robe de la jument.
Chaque fois qu’elle tentait d’imaginer un visage masculin, celui de Broud s’interposait, déformé par un ricanement triomphant. De guerre lasse, elle retourna se coucher. A nouveau elle rêva de Whinney et de l’étalon. Puis d’un homme qu’elle n’avait encore jamais vu. Ses traits étaient indistincts. Une seule chose était certaine : il avait de longs cheveux blonds.
15
— Tu te débrouilles très bien, Jondalar, dit Carlono. Nous finirons par faire de toi un homme du fleuve. Sur une grande embarcation, ce n’est pas grave de rater un coup de pagaie. Comme il y a d’autres pagayeurs, tu risques seulement de casser le rythme. Mais sur les petits bateaux, comme celui-ci, tu ne peux pas te permettre de perdre le contrôle. Rater un coup de pagaie peut être dangereux ou même fatal. Ne quitte jamais le fleuve des yeux. Tu ne sais pas quelle surprise il te réserve. Le fleuve est profond à cet endroit, c’est pourquoi il a l’air calme. Mais ne t’y fie pas. Tu n’as qu’à enfoncer ta pagaie dans l’eau pour sentir la force du courant. C’est contre lui que tu luttes.
Carlono continua ses explications tandis qu’ils faisaient prendre au canoë la direction du ponton des Ramudoï. Jondalar ne l’écoutait q
ue d’une oreille. Il essayait avant tout de manœuvrer correctement sa pagaie. Mais cela ne l’empêchait pas d’enregistrer au niveau de ses muscles les conseils de Carlono.
— Il est faux de croire qu’il est plus facile de naviguer dans le sens du courant, disait Carlono. Quand on remonte le fleuve et qu’on lutte contre le courant, on fait très attention à ce qu’on fait. On sait que si on relâche un instant son effort, on va perdre ce qu’on a gagné. En plus, on peut voir ce qui vous arrive dessus et l’éviter. Tandis que quand le courant vous porte, l’attention se relâche. On risque alors d’être précipité sur un de ces gros rochers qui se trouvent au milieu du fleuve ou d’être heurté par un tronc. Il ne faut jamais tourner le dos à la Grande Rivière Mère, rappela-t-il. Quand on croit savoir a qui on a affaire et qu’on se dit que c’est gagné, c’est justement là que le fleuve vous réserve des surprises.
Carlono sortit sa pagaie de l’eau et se recula un peu sur son banc pour observer Jondalar. Le jeune Zelandonii se concentrait sur les mouvements de sa pagaie. Ses longs cheveux blonds étaient attachés par une lanière à hauteur de la nuque, une excellente précaution. Il portait la tenue des Ramudoï : un pantalon et une tunique en peau de chamois, coupés sur le même modèle que ceux des Shamudoï, mais adaptés à la vie sur le fleuve.
— Veux-tu que je descende quand nous serons arrivés au ponton ? proposa Carlono. Tu pourrais aller faire un tour sans moi. Ça fait une différence quand on se retrouve tout seul avec le fleuve.