La Vallée des chevaux

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La Vallée des chevaux Page 41

by Jean M. Auel


  — Crois-tu que j’en sois capable ?

  — Pour quelqu’un qui n’est pas né ici, tu as appris drôlement vite. Jondalar avait très envie de voir s’il était capable de se débrouiller seul sur le fleuve. Les jeunes Ramudoï possédaient leur propre pirogue bien avant d’être adultes. Jondalar, lui aussi, avait fait ses preuves en tant que jeune Zelandonii. Il était à peine plus âgé que Darvo quand il avait tué son premier cerf. Il était maintenant capable de jeter une sagaie plus loin et plus fort que la plupart des hommes. Malgré tout, il ne se sentait pas l’égal des Sharamudoï. Pour être considéré comme un homme, un Ramudoï devait avoir harponné un esturgeon et un Shamudoï devait avoir chassé un chamois dans les montagnes sans l’aide de quiconque.

  Il avait décidé qu’il ne s’unirait pas à Serenio tant qu’il ne se serait pas prouvé à lui-même qu’il pouvait être à la fois ramudoï et shamudoï. Dolando avait essayé de le convaincre qu’il était inutile de vouloir faire les deux. Personne ne doutait de sa valeur et tous ceux qui avaient chassé le rhinocéros avec lui étaient convaincus de ses qualités de chasseur.

  Jondalar aurait été bien incapable de dire pourquoi il ressentait le besoin d’être meilleur que les autres. C’était bien la première fois que cela lui arrivait. Jamais encore il n’avait ressenti le besoin de surpasser d’autres hommes à la chasse. Son seul intérêt dans la vie, la seule tâche où il désirait exceller, était la taille du silex. Il s’y appliquait non pas pour surpasser les autres, mais parce qu’il éprouvait une intense satisfaction à perfectionner ses techniques de taille. Finalement, le shamud avait parlé en privé à Dolando et il lui avait dit qu’il fallait que le grand Zelandonii se prouve à lui-même qu’il pouvait faire partie de leur Caverne.

  Jondalar vivait depuis si longtemps avec Serenio qu’il trouvait que le moment était venu de s’unir officiellement avec elle. Elle était pratiquement sa compagne. C’est en tout cas comme ça que la plupart des gens voyaient la chose. Tous les Sharamudoï avaient à la fois du respect et de l’affection pour lui et, aux yeux de Darvo, il était l’homme du foyer. Mais depuis cette lointaine soirée où Tholie et Shamio avaient été brûlées, une chose ou une autre s’en mêlant, il avait toujours repoussé sa décision. En outre, il était facile de s’installer dans la routine avec Serenio.

  La jeune femme n’exigeait rien de lui et continuait à garder ses distances. Mais récemment Jondalar l’avait surprise en train de lui lancer un regard très étrange, presque halluciné, qui venait du fond de l’âme. Il avait décidé que le moment était venu de se prouver qu’il pouvait être un vrai Sharamudoï. Comme il avait fait part de son intention autour de lui, certaines personnes avaient pensé qu’il n’allait pas tarder à s’unir à Serenio bien que, pour l’instant, aucune Fête de la Promesse ne soit prévue.

  — Ne va pas trop loin, lui conseilla Carlono au moment où il quittait la pirogue. Contente-toi d’apprendre à naviguer tout seul.

  — Je vais emporter un harpon, dit Jondalar en prenant l’instrument qui se trouvait sur le ponton. J’en profiterai pour m’entraîner à le lancer.

  Après avoir placé la longue hampe en bois au fond de la pirogue sous les bancs, il enroula la corde à côté et fixa l’extrémité en os garnie de pointes dans le support placé sur le flanc du bateau. La pointe du harpon, un dard barbelé et acéré, n’était pas le genre d’instrument qu’on puisse laisser traîner au fond d’un bateau. En cas d’accident, il était aussi difficile de l’extraire d’un homme que d’un poisson – sans parler de la difficulté qu’on avait à tailler un os avec des outils en silex. Il était rare que les pirogues des Ramudoï coulent, mais cela ne les empêchait pas de tanguer parfois dangereusement et il valait mieux attacher le matériel.

  Tandis que Carlono tenait le bateau, Jondalar s’installa sur le siège arrière. Il prit la pagaie à double pale et s’éloigna du ponton. Maintenant que l’embarcation n’était plus équilibrée par un second passager, l’avant de la pirogue se soulevait davantage et elle était plus difficile à manœuvrer. Malgré tout, dès que Jondalar se fut adapté à ce changement, il glissa sans difficulté dans le courant en rasant l’eau et se servit de sa pagaie comme gouvernail, en la plaçant un peu à l’écart de la poupe. Au bout d’un certain temps, il se dit que le moment était venu d’essayer d’avancer à contre-courant.

  Il avait descendu la rivière plus loin qu’il ne le pensait et, quand il arriva en vue du ponton, il songea un instant à rentrer. Mais changeant soudain d’avis, il continua à pagayer. Il s’était promis à lui-même d’égaler l’habileté des Ramudoï sur le fleuve et ce n’était pas le moment de flancher. Il sourit à Carlono qui le saluait de la rive et dépassa le ponton.

  En amont, le fleuve s’élargissant, le courant était moins fort et il était plus facile de pagayer. Apercevant une petite plage, ombragée par des saules, Jondalar se dirigea vers elle. Il réussit sans mal à s’en approcher car la pirogue était une embarcation si légère qu’elle pouvait voguer dans des eaux peu profondes. Jondalar en profita pour se reposer un peu, se contentant de barrer avec sa pagaie pour ramener le bateau vers la berge chaque fois qu’il s’en éloignait. Il regardait distraitement le fleuve quand, soudain, son attention fut attirée par une longue forme silencieuse qui se déplaçait sous la surface de l’eau.

  C’était encore un peu tôt pour les esturgeons. Habituellement, ils remontaient le fleuve au début de l’été. Mais le printemps avait été précoce et chaud, et les crues plus impressionnantes encore que d’habitude. En regardant de plus près, Jondalar aperçut d’autres poissons glissant silencieusement dans l’eau. Les esturgeons migraient ! Quelle chance il avait ! Il allait pouvoir pêcher le premier esturgeon de la saison !

  Il posa sa pagaie au fond de la pirogue et se mit à assembler les différentes parties du harpon. En l’absence de tout gouvernail, la pirogue pivota sur elle-même. Elle fila légèrement dans le courant, puis lui présenta son flanc. Au moment où Jondalar fixait la corde du harpon à l’avant de la pirogue, l’embarcation avait retrouvé son assiette et s’était pratiquement immobilisée en travers du courant. Jondalar fouillait du regard l’eau du fleuve. Et il ne fut pas déçu. Une forme énorme et sombre se dirigeait vers lui en ondulant de la queue – il comprit alors d’où venait l’Haduma que son frère avait pêchée avec les jeunes Hadumaï.

  Pour avoir déjà pêché avec les Ramudoï, il savait que l’eau modifiait la position réelle du poisson. L’esturgeon était légèrement décalé une ruse employée par la Rivière pour cacher ses créatures. Quand le poisson s’approcha de l’embarcation, Jondalar modifia légèrement son angle de visée pour compenser la réfraction de l’eau. Penché par-dessus le flanc de la pirogue, il attendit un court instant et lança avec violence le harpon en direction de l’esturgeon.

  Tout aussi violemment, la petite embarcation fut projetée dans la direction opposée et, se retrouvant dans le sens du courant, elle quitta aussitôt l’abri de la rive. Jondalar avait bien visé. La pointe du harpon s’était enfoncée dans la chair de l’esturgeon géant – mais sans lui faire grand mal. Il n’était nullement hors de combat et filait à toute vitesse vers le milieu du lit, là où l’eau était plus profonde. La corde se déroula rapidement, puis se tendit avec une secousse quand il n’y eut plus de mou.

  Projeté en avant, Jondalar faillit passer par-dessus bord. Alors qu’il s’agrippait au flanc de la pirogue, sa pagaie rebondit et tomba dans l’eau. Comme il se penchait pour essayer de la rattraper, l’embarcation déséquilibrée manqua de chavirer. Par miracle, l’esturgeon qui se trouvait maintenant au milieu du courant commença à remonter le fleuve, redressant du même coup la pirogue et repoussant violemment Jondalar, complètement affolé, au fond de l’embarcation. Jondalar voyait passer à toute vitesse sous ses yeux les rives du fleuve. Il se pencha en avant et essaya de donner une secousse à la corde tendue dans l’espoir de déloger le harpon. L’avant de la pirogue piqua du nez et celle-ci commença à se remplir d’eau. L’esturgeon se jeta de côté et le bateau fit de
même. Ballotté, secoué, Jondalar se cramponna de plus belle à la corde.

  Il ne remarqua pas qu’il venait de dépasser la clairière où on fabriquait les bateaux et ne vit pas non plus les gens qui, debout sur le rivage, le regardaient passer, bouche bée, alors qu’il continuait à tirer des deux mains sur la corde dans l’espoir de déloger le harpon.

  — Vous avez vu ? fit Thonolan. J’ai l’impression que mon frère a attrapé un poisson volant ! Moi qui croyais avoir tout vu ! continua-t-il en pouffant de rire. Avez-vous remarqué comme il tirait sur cette corde dans l’espoir de libérer le poisson ? (Plié en deux à force de rire, il se tapa sur la cuisse avant d’ajouter :) Ce n’est pas lui qui a attrapé un poisson mais le poisson qui l’a attrapé !

  — Ce n’est pas drôle, Thonolan ! dit Markeno, qui avait bien du mal à garder son sérieux. Ton frère a des ennuis.

  — Je sais. Je sais. Mais toi aussi tu l’as vu, non ? Remorqué par un poisson en amont du fleuve ! Reconnais qu’il y a de quoi rire.

  Riant toujours, Thonolan aida Markeno et Carlono à mettre un bateau à l’eau. Quand Dolando et Carolio les eurent rejoints, ils s’engagèrent sur le fleuve en pagayant le plus vite possible. Les ennuis de Jondalar pouvaient très bien mettre sa vie en danger.

  L’esturgeon commençait à s’épuiser. Le harpon enfoncé dans sa chair et cette longue course avec son fardeau finissaient par avoir raison de ses forces. Il était en train de ralentir.

  Jondalar en profita pour réfléchir. Il ne savait pas où il était. Depuis la lointaine traversée en pleine tempête de neige, jamais il n’était remonté aussi haut. Comment faire pour s’arrêter ? Il eut soudain une idée : il suffisait de couper la corde.

  Il venait de sortir son couteau en silex de son fourreau quand, brusquement, l’esturgeon, dans un dernier combat mortel, essaya d’échapper au dard planté dans sa chair. Il se battait avec une telle violence que, chaque fois qu’il s’enfonçait dans l’eau, il entraînait la pirogue avec lui. Même retourné, le canoë en bois aurait flotté facilement. Mais rempli d’eau, il risquait de sombrer au fond du fleuve. Tandis que Jondalar essayait de couper la corde, le bateau dansait sur l’eau, piquait du nez et était ballotté d’un côté et de l’autre. Jondalar ne vit pas le tronc qui, poussé par le courant, avançait sous l’eau, jusqu’au moment où celui-ci heurta de plein fouet la pirogue, lui faisant sauter le couteau des mains.

  Le premier instant de surprise passé, Jondalar essaya de tirer la corde en hauteur pour lui donner du mou afin que la pirogue se redresse. Dans un dernier effort désespéré pour se libérer, l’esturgeon se précipita vers la rive et réussit finalement à déloger le harpon. Mais il était trop tard. Le peu de vie qui lui restait s’échappa par la blessure béante. L’énorme créature coula au fond de l’eau, puis réapparut à la surface, le ventre en l’air, secouée par un dernier mouvement convulsif qui témoignait du prodigieux combat mené par ce poisson des premiers âges.

  A l’endroit où le poisson était venu mourir, le fleuve faisait un léger coude, créant un tourbillon, si bien qu’entraîné par les remous, l’esturgeon se retrouva dans le bras de décharge, tout près du rivage. Le bateau suivit le mouvement, ballotté à gauche et à droite, heurtant le tronc et le poisson qui lui barraient le passage.

  Profitant de cette accalmie, Jondalar se dit qu’il avait eu bien de la chance de ne pas réussir à couper la corde. Sans pagaie, jamais il n’aurait pu manœuvrer le bateau et il aurait été entraîné par le courant. Le rivage était tout proche : une étroite plage caillouteuse qui s’interrompait net après le coude du fleuve pour faire place à une berge à pic, couverte d’arbres qui poussaient si près du bord que leurs racines étaient à nu. Peut-être pourrait-il trouver là de quoi fabriquer une nouvelle pagaie. Il prit une longue inspiration pour se préparer à plonger dans l’eau glaciale et se laissa glisser hors du bateau.

  Le fleuve était plus profond qu’il ne le pensait : il n’avait pas pied. Quand il sauta dans l’eau, la pirogue changea de position et fut aussitôt entraînée par le courant. L’esturgeon, lui, se rapprocha du rivage. Jondalar se mit à nager à la suite du bateau, avançant la main pour saisir la corde. Mais le léger canoë, rasant à peine la surface de l’eau, filait trop vite pour qu’il puisse le rattraper.

  Le corps tout engourdi par l’eau glacée, il se dirigea vers le rivage. Arrivé à la hauteur de l’esturgeon, il le saisit par la gueule ouverte et le hala vers la plage. Après tout le mal qu’il s’était donné pour attraper ce poisson, il n’était pas question de l’abandonner. Mais l’esturgeon était si lourd qu’après l’avoir traîné sur quelques mètres, il l’abandonna sur la plage. « Je n’ai plus besoin de pagaie, maintenant que je n’ai plus de pirogue, se dit-il. Mais peut-être vais-je trouver un peu de bois pour faire du feu ». Trempé comme il l’était, il grelottait.

  Quand il voulut prendre son couteau, il s’aperçut que le fourreau était vide. Il se souvint que le couteau lui avait échappé des mains au moment où il tentait de couper la corde. Et il n’en avait pas d’autre. Peut-être trouverait-il de quoi fabriquer une drille à feu et une sole, mais sans couteau il ne pourrait jamais fendre du bois ou récupérer sur les arbres l’écorce dont il avait besoin pour allumer son feu. Je peux toujours ramasser du bois, se dit-il.

  Il regarda autour de lui et entendit une galopade dans les fourrés. Le sol était couvert de branches gorgées d’eau et pourrissantes, de feuilles et de mousse. Pas un morceau de bois sec à la ronde. Jondalar se dit que s’il trouvait des conifères il pourrait toujours détacher les branches sèches qui restaient à la base du tronc, mais il n’y avait pas sur les rives du fleuve de grandes forêts de conifères comme dans la région dont il était originaire. Subissant moins l’influence des grands glaciers du nord, le climat était plus doux et plus humide. Au lieu de la forêt boréale, c’était une forêt de feuillus, caractéristique des régions à climat tempéré.

  Jondalar se trouvait dans une forêt de chênes et de hêtres où poussaient aussi quelques charmes et quelques saules. Au pied de ces arbres à l’écorce épaisse et brune, ou grise et lisse, pas de petites branches sèches qui lui auraient permis d’allumer un feu. On était au printemps et tous ces feuillus bourgeonnaient. Et sans le secours d’une hache en pierre, comment couper un de ces arbres ? Le corps agité de frissons et claquant des dents, Jondalar se mit à courir sur place dans l’espoir de se réchauffer. Mais il avait beau s’activer, se frotter les mains et se donner des claques dans le dos, il avait toujours aussi froid. Entendant à nouveau une galopade dans les fourrés, il se dit qu’il avait dû déranger un animal.

  Brusquement, il se rendit compte de la gravité de sa situation. En voyant qu’il ne rentrait pas, allait-on partir à sa recherche ? Il n’était pas sûr que Thonolan remarque son absence. Ils se voyaient peu ces derniers temps, car son frère partait chasser le chamois avec les Shamudoï alors que lui passait la plupart de ses journées avec les hommes du fleuve. Il ne savait même pas ce que son frère devait faire ce jour-là.

  Carlono va-t-il partir à ma recherche ? se demanda-t-il. Il sait que je remontais le fleuve en bateau. Le bateau ! se dit-il, en frissonnant, mais de crainte cette fois. Quand ils verront que la pirogue est vide, ils penseront que je me suis noyé. S’ils me croient noyé, pourquoi partiraient-ils à ma recherche ?

  Hors d’haleine à force de courir sur place et de sauter, Jondalar se laissa tomber sur le sol et se roula en boule pour conserver sa chaleur. A nouveau, il entendit une galopade. Mais il n’eut pas le courage d’aller voir ce qui se passait. Et soudain il aperçut deux pieds – deux pieds nus, sales, mais incontestablement humains.

  Il sursauta et leva les yeux. Debout en face de lui, si près qu’il lui aurait suffi d’allonger le bras pour le toucher, se trouvait un enfant aux grands yeux bruns enfoncés sous des arcades proéminentes. Un Tête Plate ! se dit Jondalar. Un jeune Tête Plate !

  Muet d’étonnement, il se dit que maintenant qu’il avait surpris ce jeune animal, celui-ci allait disparaître derrière les buissons.
Mais pas du tout : le jeune Tête Plate ne bougeait pas. Ils restèrent pendant un long moment face à face à se regarder, puis le Tête Plate lui fit un signe de la main, comme s’il voulait qu’il vienne avec lui. C’est en tout cas l’impression qu’avait Jondalar, même s’il n’arrivait pas à y croire. Le Tête Plate renouvela son geste et fit un pas en arrière.

  Que me veut-il ? se demanda Jondalar. Me propose-t-il de le suivre ? Jondalar se leva et commença à avancer vers lui, persuadé que le Tête Plate allait déguerpir. Mais la jeune créature se contenta de reculer en renouvelant son geste. Jondalar le suivit, lentement au début, puis il accéléra l’allure.

  Un moment plus tard, le jeune Tête Plate écarta des buissons et Jondalar aperçut une clairière au milieu de laquelle brûlait un feu qui laissait échapper très peu de fumée. En voyant Jondalar s’approcher du feu, la femelle qui se trouvait là sursauta et s’écarta, apeurée. Jondalar s’installa à croupetons devant le feu, heureux de pouvoir se réchauffer. Non loin de là, la femelle et le jeune Tête Plate émettaient des sons gutturaux et remuaient les mains, comme s’ils étaient en train de se dire quelque chose.

  Jondalar, uniquement occupé à se réchauffer, leur prêtait peu d’attention.

  Il se rendit à peine compte que la femelle se faufilait derrière lui et fut d’autant plus surpris quand il sentit qu’on posait une fourrure sur ses épaules. Il eut le temps de surprendre le regard qu’elle lui lançait avant qu’elle ne baisse la tête et qu’elle ne batte précipitamment en retraite. Il était incontestable qu’elle avait peur de lui.

  Même mouillés, les vêtements en peau de chamois qu’il portait tenaient encore un peu chaud et, grâce à la fourrure et à la chaleur du feu, il cessa de trembler. Il réalisa alors où il se trouvait. Grande Doni ! C’était un camp de Têtes Plates ! Il approchait ses mains du feu pour les réchauffer quand il comprit tout d’un coup ce que ce simple geste impliquait. Il fut tellement surpris qu’il recula brusquement comme s’il venait de se brûler.

 

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