La Vallée des chevaux

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La Vallée des chevaux Page 42

by Jean M. Auel


  Du feu dans un camp de Têtes Plates ! Ils savaient donc faire du feu ! Il n’en croyait pas ses yeux et approcha à nouveau ses mains du feu comme s’il avait besoin que ses autres sens lui donnent la preuve qu’il n’était pas en train de rêver. Puis il saisit un des bouts de la fourrure posée sur ses épaules et la tâta du bout des doigts. Il s’agissait d’une peau de loup, tannée, et dont l’intérieur était étonnamment doux. Jondalar se dit que les Sharamudoï n’auraient pas fait mieux. En revanche, cette peau n’avait pas été taillée. Il s’agissait simplement de la dépouille d’un loup de belle taille.

  Dès que Jondalar se sentit un peu réchauffé, il se releva et se plaça dos au feu. Il aperçut alors le jeune mâle qui le regardait. Qu’est-ce qui lui donnait à penser que c’était un mâle ? La peau dont il était vêtu ne laissait pas deviner ses formes. Mais son regard direct, aussi méfiant soit-il, ne trahissait aucune crainte. D’après les Losadunaï, les femelles Têtes Plates n’osaient pas affronter les hommes et elles s’enfuyaient à leur approche.

  Ce jeune Tête Plate était plutôt un adolescent qu’un enfant, remarqua Jondalar en l’observant de plus près. Sa petite taille l’avait induit en erreur au début. Il possédait déjà une forte musculature et sa face commençait à se couvrir de poils.

  Le jeune Tête Plate fît entendre un grognement et la femelle se précipita vers un tas de bois pour alimenter le feu. Jondalar en profita pour la regarder de plus près. Ce doit être sa mère, se dit-il. La femelle ne semblait pas supporter qu’il la regarde. Elle recula en baissant la tête. Jondalar la suivait des yeux mais, quand elle atteignit la limite de la clairière, il tourna la tête l’espace d’une seconde et quand il regarda à nouveau de son côté elle avait disparu. Elle s’était si bien cachée que s’il n’avait pas su qu’elle était à cet endroit jamais il n’aurait deviné sa présence.

  Elle a peur de moi, se dit-il. Je me demande pourquoi elle ne s’est pas enfuie au lieu d’apporter du bois quand le jeune lui a dit de le faire. Qu’est-ce que je raconte ? se demanda-t-il. Comment ce jeune mâle a-t-il pu lui dire quelque chose ? Les Têtes Plates ne parlent pas ! Ce coup de froid m’a donné de la fièvre et je délire...

  Jondalar avait beau se dire le contraire, il éprouvait la nette impression que le jeune mâle avait effectivement ordonné à la femelle d’aller chercher du bois. D’une manière ou d’une autre, il avait transmis cet ordre. Quand Jondalar se tourna à nouveau vers lui, le regard du jeune était nettement hostile. Il comprit que le Tête Plate n’avait pas apprécié qu’il regarde la femelle avec autant d’insistance et qu’il n’avait pas intérêt à s’approcher d’elle. J’ai l’impression qu’il ne fait pas bon s’intéresser aux femelles Têtes Plates quand il y a un mâle autour, de quelque âge que ce soit, se dit-il.

  Quand Jondalar cessa de regarder dans la direction de la femelle, la tension baissa. Malgré tout, il avait la pénible impression que, debout l’un en face de l’autre, ils étaient en train de se jauger mutuellement, exactement comme l’auraient fait deux hommes. Cependant cet homme, si c’en était un, ne ressemblait en rien à ceux qu’il connaissait. Durant ses voyages, les gens qu’il avait rencontrés parlaient des langues différentes de la sienne, avaient des coutumes et des habitats différents mais ils étaient tous humains.

  Ce jeune Tête Plate était différent. Mais était-ce pour autant un animal ? Il était plus petit et plus trapu que Jondalar, mais ses pieds nus ressemblaient aux siens. Malgré ses jambes un peu arquées, il se tenait droit et marchait normalement. Il était plus poilu que la moyenne des hommes, surtout autour des bras et des épaules, mais on ne pouvait pas pour autant appeler cela un pelage. Jondalar avait déjà rencontré des hommes aussi poilus que lui. En dépit de sa jeunesse, il avait déjà un torse de taureau et une musculature puissante qui enlevaient toute envie de se bagarrer avec lui. Même chez les mâles adultes que Jondalar avaient précédemment rencontrés, cette musculature, aussi prodigieuse soit-elle, ne différait pas de celle des humains. Ce qui faisait vraiment la différence, c’était le visage et la tête. Mais quelle différence exactement ? Des arcades plus proéminentes, un front moins haut et qui fuyait vers l’arrière. Le jeune mâle avait le cou très court, pas de menton, simplement une mâchoire forte et un nez busqué. Même si son visage diffère de ceux des hommes que j’ai rencontrés jusqu’ici, c’est un visage humain, se dit Jondalar. Et ils savent faire du feu.

  Mais ils ne parlent pas. Je me demande... s’ils ne communiquent pas entre eux ? Grande Doni ! Bien sûr que si, puisque ce jeune Tête Plate a réussi à me faire comprendre qu’il voulait que je le suive. Comment a-t-il su que j’avais besoin de me réchauffer ? Et comment se fait-il qu’un Tête Plate soit venu en aide à un homme ? Jondalar était complètement dérouté. Il n’empêche que ce Tête Plate lui avait probablement sauvé la vie.

  Le jeune mâle semblait avoir pris une décision.

  Utilisant le même geste qu’un peu plus tôt, il invita Jondalar à le suivre. Dès qu’ils s’éloignèrent du feu, Jondalar recommença à avoir froid, car ses vêtements étaient toujours humides, et il se félicita d’avoir conservé la fourrure de loup sur ses épaules. Ils traversèrent la clairière en sens inverse et quand ils arrivèrent en vue du fleuve, le Tête Plate se précipita en avant en émettant des sons aigus et en remuant les mains. Le petit animal qui avait commencé à s’attaquer à l’esturgeon disparut aussitôt dans les fourrés. Le poisson, aussi gros soit-il, n’allait pas tarder à être dévoré si on ne le surveillait pas.

  En voyant avec quelle rage le jeune Tête Plate avait fait fuir le prédateur, Jondalar eut une soudaine intuition. Si ce jeune mâle l’avait aidé, n’était-ce pas à cause du poisson ? En voulait-il un morceau ?

  Après avoir fouillé dans un des replis de la peau qui le couvrait, le Tête Plate sortit un éclat de silex et, se plaçant au-dessus de l’esturgeon, fit semblant de le couper en deux. Puis il fit des gestes qui signifiaient qu’une partie du poisson était pour lui et l’autre pour Jondalar. Il s’immobilisa alors et attendit. Sa proposition était on ne peut plus claire. Mais elle amenait Jondalar à se poser à nouveau toutes sortes de questions.

  Où ce jeune Tête Plate avait-il trouvé cet outil ? Même s’il n’était pas aussi perfectionné que le sien – il s’agissait d’un éclat de silex épais et non d’une lame fine – ce couteau à bords tranchants semblait parfaitement fonctionnel. Il avait été fabriqué par quelqu’un dans un but bien précis. Mais plus encore que cet outil, ce qui l’intriguait c’est que ce jeune ait réussi à lui faire comprendre ses intentions.

  Le jeune mâle attendait toujours. Jondalar opina du bonnet en se demandant si ce mouvement allait être correctement interprété. Toute son attitude indiquait qu’il était d’accord. Pour le Tête Plate, cela avait plus de signification que le hochement de tête et il se mit donc aussitôt au travail.

  Tout en le regardant faire, le jeune Zelandonii se disait : Il ne réagit pas du tout comme un animal. Un animal se serait précipité sur ce poisson pour en manger un morceau. Un animal plus évolué se serait dit que je représentais un danger pour lui et il aurait attendu que je sois parti avant de toucher à l’esturgeon. Jamais un animal n’aurait compris que j’avais froid et n’aurait pu me proposer de venir me réchauffer. Et surtout, jamais il ne m’aurait demandé de partager ce poisson avec lui ! Seuls les humains sont accessibles à la pitié et ce jeune Tête Plate a eu à mon égard un comportement humain.

  Toutes les croyances de Jondalar – ancrées en lui depuis sa plus tendre enfance – étaient en train de vaciller. Les Têtes Plates étaient des animaux. C’était en tout cas ce que tout le monde disait. Cette évidence s’appuyait sur le fait que les Têtes Plates étaient incapables de parler. Était-ce là la seule chose qui les différenciait des hommes ?

  Jondalar aurait de bon cœur accepté que le jeune mâle emporte la totalité du poisson. Il était curieux de voir comme il allait s’y prendre pour le partager en deux. De toute façon, ce poisson était si gros que quatre hommes auraient eu du mal
à le porter et, d’une manière ou d’une autre, il aurait fallu le découper.

  Le jeune Tête Plate releva brusquement la tête. Avait-il entendu quelque chose ?

  — Jondalar ! Jondalar !

  Le Tête Plate semblait interloqué. Jondalar écarta les buissons et se précipita vers la rive.

  — Ici ! cria-t-il. Je suis ici, Thonolan !

  Son frère était parti à sa recherche ! En apercevant le bateau qui voguait au milieu du fleuve, Jondalar recommença à crier. Les rameurs le saluèrent de la main et obliquèrent en direction de la rive.

  En entendant un grognement dans son dos, Jondalar se retourna. L’esturgeon avait été partagé en deux sur toute sa longueur et le jeune Tête Plate était en train de placer la moitié qui lui revenait sur une peau étendue sur le sol. Il réunit les bords de la peau et posa le chargement sur son dos. La demi-tête et la demi-queue dépassant de son sac, il disparut dans les bois.

  — Attends ! cria Jondalar en se précipitant à sa suite.

  Il le rattrapa au moment où il atteignait la clairière. La femelle, qui portait un grand panier sur son dos, recula en le voyant. Il ne restait dans la clairière aucune trace de leur passage et même les traces de feu avaient disparu. Si Jondalar n’avait pas eu l’occasion de s’y réchauffer un peu plus tôt, jamais il n’aurait cru qu’il y avait eu un feu à cet endroit.

  Enlevant la fourrure de loup de ses épaules, il la tendit à la femelle. Sur un grognement du mâle, celle-ci prit la fourrure, puis ils s’enfoncèrent tous deux dans les bois.

  Jondalar frissonna dans ses vêtements mouillés et retourna vers la petite plage. Quand il y arriva, le bateau était en train d’accoster. Son frère sauta sur la rive et, tombant dans les bras l’un de l’autre, ils s’étreignirent longuement.

  — Je suis tellement heureux de te voir, Thonolan ! s’écria Jondalar. Je craignais qu’en découvrant la pirogue, vous pensiez que je m’étais noyé.

  — Combien de rivières avons-nous traversées ensemble, Grand Frère ? je savais que tu étais un bon nageur. Quand nous avons découvert la pirogue, nous nous sommes doutés que tu ne devais pas être bien loin et nous avons continué à remonter le fleuve.

  — Qui a pris la moitié de ce poisson ? demanda Dolando.

  — J’en ai fait cadeau.

  — Tu en as fait cadeau ! A qui ?

  — A un Tête Plate.

  — Un Tête Plate ! s’écrièrent en chœur les hommes debout sur le rivage.

  — Pourquoi as-tu donné la moitié d’un aussi gros poisson à un Tête Plate ? demanda Dolando.

  — Il m’a donné un coup de main et, en échange, m’a demandé la moitié de l’esturgeon.

  — Qu’est-ce tu racontes ? demanda Dolando avec colère. Comment un Tête Plate peut-il demander quoi que ce soit ? Où est-il ?

  Le chef des Sharamudoï semblait furieux, ce qui surprit beaucoup Jondalar. Habituellement, Dolando ne perdait jamais son sang-froid.

  — Il est parti dans les bois, expliqua Jondalar. Quand je l’ai rencontré, j’étais trempé et je n’arrivais pas à me réchauffer. Il m’a emmené jusqu’à son feu et...

  — Son feu ! le coupa Thonolan. Depuis quand savent-ils faire du feu ?

  — J’ai déjà vu des Têtes Plates faire du feu, dit Barono.

  — Moi aussi, il m’est arrivé d’en apercevoir quelques-uns de loin sur cette rive du fleuve, fit remarquer Carolio.

  — Je ne savais pas qu’ils étaient revenus, intervint Dolando. Combien étaient-ils ?

  — Juste un jeune mâle et une femelle. J’ai pensé que c’était peut-être sa mère.

  — S’ils ont emmené des femelles avec eux, ils doivent être plus nombreux que ça, reprit Dolando en jetant un coup d’œil vers les bois. Ce serait une bonne idée d’organiser une chasse aux Têtes Plates et de débarrasser la forêt de toute cette vermine.

  Dolando avait parlé d’un ton nettement menaçant. Jondalar savait, pour l’avoir déjà entendu faire quelques remarques à ce sujet, qu’il ne portait pas les Têtes Plates dans son cœur. Mais c’était la première fois qu’il laissait éclater une telle haine à leur égard.

  Si Dolando était tacitement reconnu comme le chef des Sharamudoï, ce n’était pas parce qu’il était plus intelligent ou plus fort que les autres, mais parce qu’il possédait les qualités nécessaires pour ce poste de commandement et un réel pouvoir de persuasion. Il avait le don de s’attirer la sympathie de tous et de résoudre les problèmes qui se présentaient. Jamais il ne donnait d’ordres. Il cajolait, enjôlait, persuadait et transigeait. Il se débrouillait pour mettre de l’huile dans les rouages afin d’amortir les frictions qui s’élevaient inévitablement entre gens vivant ensemble. Il était astucieux et efficace, si bien que ses décisions étaient habituellement acceptées. Mais personne n’était tenu de s’y soumettre et cela entraînait parfois des discussions pour le moins animées.

  Dolando avait suffisamment confiance en lui pour défendre son point de vue lorsqu’il était sûr d’avoir raison et pour demander l’avis de quelqu’un d’autre, possédant un savoir ou une expérience supérieurs à la sienne, quand le besoin s’en faisait sentir. Il avait tendance à ne pas intervenir dans les querelles personnelles et, quand il le faisait, c’était toujours à la demande de quelqu’un. Même s’il était plutôt calme, la cruauté, la bêtise ou la négligence pouvaient néanmoins le faire sortir de ses gonds, surtout lorsque ce type de comportement faisait courir des risques à la Caverne tout entière ou était dirigé contre un être faible et sans défense. Il y avait encore une chose qu’il ne supportait pas : c’était les Têtes Plates. Il leur vouait une véritable haine. A ses yeux, les Têtes Plates étaient des animaux vicieux et dangereux qui devaient être éliminés.

  — J’étais gelé, rappela Jondalar, et ce jeune Tête Plate m’a aidé. Il m’a amené près de son feu et m’a donné une fourrure pour que je me réchauffe. S’il avait voulu emporter la totalité du poisson, j’aurais été bien incapable de l’en empêcher. Mais il n’a pas profité de la situation et m’en a laissé la moitié. Je n’ai nullement envie de lui donner la chasse.

  — En général, ils ne font pas grand mal, dit Barono. Mais j’aime bien savoir quand ils recommencent à traîner par ici. Ils sont malins. Mieux vaut ne pas se laisser surprendre par eux lorsqu’ils sont en groupe.

  — Ce ne sont que des brutes assassines... dit Dolando. Barono ne releva pas cette remarque.

  — Tu as eu de la chance de tomber sur un jeune Tête Plate et une femelle. Les femelles ne se battent pas.

  Thonolan, qui n’appréciait pas le tour pris par la conversation, demanda :

  — Comment allons-nous faire pour ramener cette magnifique demi-prise dans la maison de mon frère ? (Repensant soudain aux conditions dans lesquelles l’esturgeon avait été pêché, il ajouta en souriant :) Après tout le mal que ce poisson t’a donné, je suis étonné que tu en aies si facilement fait cadeau de la moitié.

  Des rires fusèrent, encore teintés d’une certaine nervosité.

  — Est-ce que ça veut dire que Jondalar est maintenant à moitié ramudoï ? demanda Markeno.

  — Nous devrions l’emmener chasser avec nous, proposa Thonolan. S’il réussit à ramener un demi-chamois, il sera alors à moitié shamudoï et cela fera le compte.

  — Je me demande laquelle des deux moitiés préférera Serenio ? demanda Barono en clignant de l’œil.

  — J’en connais beaucoup qui se contenteraient de la moitié d’un pareil homme, renchérit Carolio.

  Son sourire moqueur signifiait clairement qu’elle faisait référence à autre chose qu’à la haute stature de Jondalar. Pour ceux qui habitaient les abris proches du sien, ses exploits sexuels n’étaient plus un secret. Quand tout le monde éclata de rire, Jondalar rougit, mais il n’en voulut pas à Carolio car elle avait réussi à détendre l’atmosphère. Tout le monde semblait avoir oublié la nervosité provoquée par les propos de Dolando.

  Ils allèrent chercher dans le bateau un filet en fibres qu’ils étendirent
sur le sol à côté du poisson. Après y avoir placé l’esturgeon, ils le halèrent dans l’eau et attachèrent le filet à la poupe de l’embarcation.

  Profitant du fait que tout le monde était en train de s’activer autour du poisson, Carolio s’approcha de Jondalar et lui expliqua à voix basse :

  — Le fils de Roshario a été tué par les Têtes Plates. Il était encore tout jeune et n’avait pas encore pris de compagne. C’était un garçon plein d’humour et courageux. Dolando adorait le fils de son foyer et, après sa mort, il a embarqué tous les hommes de la Caverne avec lui et il a donné la chasse aux Têtes Plates qui se trouvaient dans la forêt. Plusieurs ont été tués et les autres ont filé. Déjà avant, Dolando ne les portait pas dans son cœur, mais depuis...

  — Je comprends, dit Jondalar en hochant la tête.

  Au moment où ils allaient embarquer, Thonolan lui demanda :

  — Comment le Tête Plate a-t-il fait pour emporter la moitié de ce poisson ?

  — Il l’a placée dans une peau et l’a embarquée sur son dos.

  — Il l’a transportée sans l’aide de qui que ce soit !

  — Et ce n’était qu’un jeune adolescent, précisa Jondalar.

  Thonolan se dirigea vers l’abri en bois qu’habitaient Serenio, Jondalar et Darvo. Cet abri était construit avec des madriers appuyés sur une poutre faîtière qui s’inclinait vers le sol, si bien qu’il ressemblait à une tente. La paroi de devant, triangulaire, était beaucoup plus haute que celle du fond et les deux parois latérales avaient la forme d’un trapèze. On utilisait la même technique que pour les bordages des bateaux : les madriers se chevauchaient, le bord le plus épais recouvrant le bord le plus mince, et étaient reliés ensemble à l’aide de branches de saule.

  C’était des abris solides, confortables et étanches. Il fallait qu’ils soient anciens pour que les parois en bois se fendent et qu’on aperçoive alors le jour au travers. Le surplomb en grès les protégeait en partie du mauvais temps et ils nécessitaient beaucoup moins d’entretien que les bateaux. L’ouverture pratiquée dans la paroi de devant laissait entrer la lumière pendant la journée et, lorsque la nuit tombait, le foyer, délimité par des pierres, éclairait l’intérieur de l’abri.

 

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