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La Vallée des chevaux

Page 51

by Jean M. Auel


  Ayla exerça une pression à la hauteur de l’aine afin d’arrêter le saignement, puis, pour nettoyer la plaie, elle utilisa une peau de lapin tannée, qu’elle avait écharnée et étirée afin de la rendre souple et absorbante, qu’elle trempa dans l’infusion de pétales de soucis. Cette préparation avait des propriétés astringentes et antiseptiques et elle comptait à nouveau s’en servir pour désinfecter les estafilades du blessé. Quand elle eut nettoyé la plaie extérieurement et intérieurement, elle s’aperçut qu’une partie du muscle, située en dessous de l’entaille externe, avait été déchirée. Elle saupoudra la plaie avec de la poudre de racine de géranium et nota l’effet coagulant que possédait cette préparation.

  La main gauche toujours posée sur l’aine du blessé, elle plongea une racine de consoude dans l’eau pour la rincer, puis elle mâcha celle-ci jusqu’à ce qu’elle ait une consistance pâteuse et recracha cette pâte dans la solution de pétales de soucis afin de préparer un emplâtre. Avant de l’appliquer sur la blessure, elle remit le muscle en place et referma les deux lèvres de la plaie. Mais, dès qu’elle les lâcha, la plaie se rouvrit et le muscle reprit sa position antérieure.

  Elle eut beau refermer à nouveau la plaie, cela ne servit à rien. Elle savait que si elle bandait la jambe du blessé, elle n’obtiendrait pas un meilleur résultat. En plus, elle craignait que la cicatrisation se fasse mal et qu’il ne puisse plus jamais se servir de sa jambe. Si je pouvais rester à côté de lui pour tenir les deux lèvres de la plaie le temps que ça cicatrise ! se dit-elle. Elle se sentait totalement impuissante et aurait aimé qu’Iza soit là pour la conseiller. Elle était persuadée que même si la vieille guérisseuse ne lui avait jamais expliqué comment il fallait traiter un cas de ce genre, elle aurait su quoi faire.

  Soudain, elle se souvint d’une conversation qu’elle avait eue un jour avec Iza. « Comment pourrais-je devenir guérisseuse, alors que je ne suis pas ta vraie fille ? lui avait-elle demandé. Je n’ai pas tes souvenirs ! » Iza lui avait alors expliqué qu’elle lui avait transmis presque tout ce qu’elle savait et que cela lui suffirait, car elle possédait quelque chose d’autre. Un don, avait dit Iza, une manière de penser, une manière de comprendre... et la faculté d’aider ceux qui souffrent.

  Si seulement je pouvais aider cet homme ! songeait Ayla. Elle jeta un coup d’œil autour d’elle et, apercevant les vêtements du blessé, cela lui donna une idée. Elle reprit les peaux qui recouvraient le bas de son corps et les examina à nouveau. Pour assembler ces morceaux de peau, on avait utilisé un cordon très fin. Il s’agissait d’un tendon d’animal. On avait enfilé ce tendon dans un trou d’un côté puis dans un second trou de l’autre, et ensuite on avait rapproché les deux côtés. Elle avait utilisé le même genre de méthode pour fabriquer des récipients en écorce de bouleau. Elle avait percé des trous, puis attaché les deux extrémités à l’aide d’un nœud. Pouvait-elle faire la même chose pour refermer la blessure de cet homme jusqu’à ce qu’elle soit cicatrisée ?

  Elle commença par aller chercher dans ses réserves quelques chose qui ressemblait à un bâton brunâtre. Il s’agissait d’un tendon de cerf qui avait durci en séchant. Puis elle prit un caillou rond et lisse et se mit à frapper rapidement le tendon pour dissocier les longues fibres conjonctives de couleur blanche dont il était formé. Elle les sépara les unes des autres, choisit une des fibres et la plongea dans la solution des pétales de soucis. Comme le cuir, les tendons retrouvaient leur élasticité lorsqu’ils étaient mouillés et, à moins d’être traités, ils durcissaient en séchant. Dès qu’Ayla eut préparé plusieurs fibres, elle alla fouiller dans ses couteaux et ses forets pour voir si elle en trouvait un capable de percer de petits trous dans la peau du blessé. Elle n’arrivait pas à se décider quand, soudain, elle pensa aux éclats de bois qu’elle avait récupérés sur l’arbre frappé par la foudre la nuit de son arrivée. Iza utilisait ces éclats pour percer un furoncle ou une ampoule ou encore les enflures qui avaient besoin d’être drainées. Ces éclats conviendraient parfaitement pour ce qu’elle voulait faire.

  Elle nettoya le sang qui avait coulé de la blessure et fit un trou dans la chair du blessé. L’homme remua et se mit à gémir. Il fallait qu’elle se dépêche si elle voulait ne pas trop le faire souffrir. Elle fit un second trou en face du premier, fit passer la fibre tendineuse à travers les deux trous, puis elle rapprocha les chairs et fit un nœud.

  Comme elle ne savait pas comment elle allait s’y prendre pour retirer ces fibres lorsqu’elles seraient devenues inutiles, elle préféra faire le moins de nœuds possible. Finalement, elle en fit trois pour maintenir le muscle en place et quatre pour refermer la blessure. Quand elle eut fini, elle ne put s’empêcher de sourire en voyant qu’elle avait réussi à rapprocher les chairs et à remettre le muscle en place. Si la plaie ne s’infectait pas, cet homme pourrait à nouveau utiliser sa jambe comme avant. En tout cas, il y avait de grandes chances qu’il en soit ainsi.

  Elle plaça l’emplâtre de racine de consoude sur la blessure et enveloppa la jambe avec une bande de cuir souple. Puis elle nettoya les estafilades qu’il portait à l’épaule droite et sur la poitrine. L’hématome qu’il avait sur la tête l’inquiétait un peu. Voyant que la peau n’avait pas saigné, elle prépara une infusion de fleurs d’arnica et appliqua une compresse sur l’endroit tuméfié, puis elle lui banda la tête par-dessus la compresse.

  Quand il se réveillerait, elle lui ferait boire des remèdes qu’elle allait préparer pour lui. Mais, pour l’instant, elle ne pouvait rien faire de plus. Elle s’assit sur ses talons et, pour la première fois depuis qu’elle l’avait ramené, elle put le regarder à loisir.

  Même s’il était moins robuste que les hommes du Clan, il était très musclé et ses jambes étaient incroyablement longues. Les poils blonds et bouclés qui lui couvraient la poitrine ne formaient plus qu’un fin duvet sur ses bras. Il avait la peau très pâle. Son système pileux était moins développé que celui des hommes du Clan, ses poils étaient plus longs et plus fins. Son sexe reposait sur une toison blonde et bouclée. Ayla avança la main pour la toucher et elle remarqua la cicatrice et les ecchymoses encore violacées qu’il portait à la hauteur des côtes. Elle en déduisit qu’il avait dû être blessé récemment.

  Qui l’a soigné et d’où vient-il ? se demanda-t-elle.

  Puis elle se pencha vers lui pour examiner son visage. Il semblait beaucoup plus plat que celui des membres du Clan et ses mâchoires étaient beaucoup moins proéminentes. Sa bouche était détendue et il avait les lèvres pleines. Remarquant qu’il possédait, lui aussi, un menton, Ayla toucha le sien, et elle repensa à son fils. Durc était né avec un menton parfaitement dessiné, lui aussi, alors que les membres du Clan n’en avaient pas. Le nez de cet homme, busqué et étroit, ressemblait au leur mais il était plus petit. Ses yeux fermés lui semblaient proéminents par rapport à ceux des gens du Clan, puis elle se rendit compte que cette impression venait du fait qu’ils n’étaient pas cachés sous des arcades saillantes. Son front, marqué de légères rides, était haut et droit. Comparé à celui des êtres parmi lesquels Ayla avait vécu, il était étonnamment bombé. Après avoir vérifié en le touchant que son propre front était pareil, elle se dit qu’elle avait dû paraître bien étrange aux yeux des membres du Clan.

  Les cheveux de l’homme, longs et raides, étaient attachés par une lanière sur la nuque et ils étaient blonds, comme les siens. Un peu plus clairs, se dit-elle en songeant avec étonnement que cela lui rappelait quelque chose. Et soudain elle se souvint de son rêve. Elle n’avait pas vu son visage, mais l’homme qui lui était apparu en rêve avait les cheveux blonds !

  Elle couvrit le corps du blessé et sortit sur la corniche, tout étonnée de voir qu’il faisait encore jour. Tant de choses s’étaient produites depuis le matin et elle avait dépensé une telle somme d’énergie qu’elle n’aurait jamais pensé que le soleil n’avait parcouru qu’un peu plus de la moitié de sa course. Elle essaya de mettre de l’ordre dans ses idées, mais mille questions se bouscul
aient dans sa tête.

  Pourquoi avait-elle choisi de partir à cheval dans les steppes de l’ouest et comment se faisait-il qu’elle se soit trouvée justement là au moment où l’homme avait crié ? N’était-il pas incroyable que, parmi tant de lions des cavernes, ce soit Bébé qu’elle ait découvert dans ce canyon ? Son totem avait dû la conduire à cet endroit. Et que penser de l’homme qu’elle avait vu en rêve ? Il avait des cheveux blonds comme celui-là. Était-ce le même homme ? Et que faisait-il dans ce canyon ? Même si Ayla ne pouvait prévoir la signification de cette rencontre, elle savait que sa vie ne serait plus jamais la même. Maintenant, elle avait contemplé le visage des Autres.

  En sentant le museau de Whinney contre sa main, elle se retourna vers la jument. Whinney posa sa tête sur son épaule et Ayla leva les bras pour lui prendre l’encolure, puis elle y colla son front. Elle serra la jument contre elle comme si ce geste lui permettait de se raccrocher une dernière fois à son ancien mode de vie et d’apaiser les craintes qu’elle éprouvait concernant le futur. Puis elle caressa les flancs de la jument et sentit le petit qu’elle portait dans son ventre.

  — C’est pour bientôt, Whinney. Mais cela ne t’a pas empêchée de m’aider à ramener cet homme. Jamais je n’aurais pu le transporter jusqu’ici sans ton aide.

  Je ferais mieux de rentrer pour voir comment il va, se dit-elle, inquiète à l’idée que quelque chose puisse lui arriver si elle le laissait seul, même un court instant.

  En s’approchant du blessé, qui n’avait toujours pas bougé, elle remarqua quelque chose d’anormal. Alors que les hommes du Clan avaient tous une barbe brune et broussailleuse, cet homme n’en avait pas ! Ayla lui toucha les mâchoires et sentit sous ses doigts une barbe naissante. Elle remua la tête d’un air étonné. Cet homme paraissait si jeune. Aussi grand et musclé soit-il, il lui donnait soudain l’impression d’être un jeune garçon, et non un homme.

  Tandis qu’Ayla le regardait, il remua la tête en gémissant, puis murmura quelque chose. Pour elle, ces mots étaient incompréhensibles. Et pourtant, elle avait la curieuse impression qu’elle aurait dû les comprendre. Elle posa sa main sur son front, puis sur ses joues, et sentit qu’il avait de la fièvre. Je ferais mieux d’aller voir si j’ai de l’écorce de saule, se dit-elle.

  Elle s’était toujours demandée pourquoi elle continuait à ramasser autant de plantes alors qu’elle mise à part, elle n’avait plus personne à soigner. Mais maintenant elle se félicitait d’avoir conservé cette bonne habitude. Même si certaines plantes, qui poussaient près de la caverne du Clan, étaient introuvables dans la vallée et dans les steppes, celles qu’elle possédait étaient largement suffisantes et elle avait même ajouté à sa pharmacopée certaines espèces introuvables plus au sud. Iza lui avait expliqué comment tester de nouvelles plantes sur elle-même. Malgré tout, elle n’était pas encore suffisamment sûre de l’efficacité de ces nouveaux remèdes pour les utiliser sur le blessé.

  A côté de l’écorce de saule se trouvait une plante dont elle connaissait parfaitement les usages. Sa tige velue semblait jaillir au milieu de larges feuilles lancéolées et ses fleurs blanches étaient devenues brunes en séchant. Ayla avait longtemps pensé qu’il s’agissait d’une variété d’aigremoine jusqu’au jour où une autre guérisseuse, rencontrée au Rassemblement du Clan, lui avait dit que cette plante était de l’eupatoire pour faire tomber la fièvre, mais il fallait la faire bouillir jusqu’à ce qu’on obtienne un sirop épais, ce qui prenait du temps. En plus, cette préparation faisait abondamment transpirer et elle craignait d’affaiblir le blessé qui avait déjà perdu beaucoup de sang. Elle allait préparer le sirop et ne l’utiliserait que si la fièvre persistait.

  Elle pensa alors aux feuilles de luzerne. Des feuilles fraîches mises à macérer dans de l’eau chaude facilitaient la coagulation du sang. Elle irait en ramasser dans la prairie. Elle allait aussi lui préparer un bon bouillon de viande pour qu’il reprenne des forces. Réfléchir aux soins qu’elle allait lui prodiguer lui faisait du bien : elle recommençait à avoir les idées claires. Depuis le début, elle était hantée par une pensée unique : il fallait qu’elle sauve cet homme. Il fallait qu’il vive.

  Posant la tête du blessé sur ses genoux, elle essaya de lui faire boire un peu d’infusion d’écorce de saule. Ses yeux papillotèrent et il marmonna. Mais il était toujours inconscient. Les longues estafilades qu’il portait sur le corps étaient rouges et brûlantes et sa jambe droite était en train d’enfler. Ayla changea l’emplâtre et posa une compresse fraîche sur la blessure qu’il avait à la tête ; l’ecchymose était en train de diminuer. Au fur et à mesure que la nuit approchait, l’état du blessé semblait empirer et elle regretta que Creb ne fût pas là pour implorer les esprits comme il faisait lorsque Iza soignait un malade.

  Quand la nuit fut tombée, l’homme commença à s’agiter dans son sommeil, à se débattre et à crier. Dans ce qu’il disait, un mot revenait très souvent, associé à d’autres sons, comme s’il lançait un avertissement.

  Ayla se dit que le mot qu’il répétait était peut-être le nom de l’homme qui l’accompagnait. A minuit, elle alla chercher une côte de cerf dont elle avait creusé une des extrémités et qui lui servit de cuillère afin de faire avaler au blessé quelques gorgées de la préparation d’eupatoire.[8] En sentant ce goût amer dans sa bouche, l’homme se débattit et il ouvrit les yeux, sans pour autant reprendre conscience. Elle eut moins de mal ensuite à lui faire avaler une infusion de datura, comme s’il appréciait de se rincer la bouche pour chasser l’amertume du sirop. Le datura avait un rôle analgésique et soporifique et elle se félicitait d’en avoir ramassé tout près de la vallée.

  Elle veilla le blessé durant toute la nuit. Un peu avant l’aube, la fièvre atteignit son maximum, puis elle commença à baisser. Ayla en profita pour laver le corps trempé par la transpiration avec de l’eau fraîche et, dès qu’elle eut changé les fourrures dans lesquelles il dormait, son sommeil devint plus calme. Elle s’allongea sur une fourrure à côté de sa couche et s’assoupit.

  Elle ouvrit brusquement les yeux et, en voyant le soleil qui pénétrait à grands flots par l’ouverture, elle se demanda ce qui l’avait réveillée. En se retournant, elle aperçut l’homme couché sur son lit et se souvint soudain de ce qui s’était passé la veille. Le blessé semblait détendu et son sommeil était normal. Ce n’était pas lui qui l’avait réveillée mais la respiration précipitée de Whinney.

  Comprenant ce qui se passait, Ayla bondit sur ses pieds et s’approcha de la jument.

  — Ça y est, Whinney ? lui demanda-t-elle, tout excitée.

  Elle avait déjà assisté des femmes qui accouchaient et elle-même avait eu un enfant, mais elle n’avait jamais joué le rôle de sage-femme pour une jument. Même si Whinney savait ce qu’il fallait faire, la présence d’Ayla à ses côtés semblait la rassurer et, tout à la fin, la jeune femme tira sur le poulain pour l’aider à sortir complètement. Elle sourit de plaisir en voyant la jument lécher la fourrure brune de son petit.

  — C’est la première fois que je vois quelqu’un accoucher une jument, dit Jondalar.

  En entendant ces sons étranges, Ayla se retourna aussitôt et regarda l’homme qui l’observait, appuyé sur ses coudes.

  20

  Ayla ne pouvait détacher ses yeux de l’homme. Tout en sachant qu’il était incorrect de dévisager quelqu’un ainsi, elle ne pouvait pas s’en empêcher. Maintenant qu’il était réveillé, elle découvrait quelque chose qui lui avait échappé jusqu’ici : cet homme avait les yeux bleus ! Comme les siens. Les gens du Clan avaient tous les yeux bruns. Elle n’avait encore jamais rencontré quelqu’un qui ait les yeux bleus, et d’un bleu si vif qu’il semblait presque surnaturel.

  Clouée sur place par le regard de cet homme, elle ne bougea pas jusqu’à ce qu’elle réalise qu’elle tremblait de tout son corps. Honteuse d’avoir osé le regarder dans les yeux, elle rougit et détourna la tête. Non seulement il était impoli de dévisager qui que ce soit, mais une femme ne devai
t jamais regarder un homme dans les yeux, surtout lorsqu’il s’agissait d’un étranger.

  Que va-t-il penser de moi ! se dit-elle en baissant les yeux et en essayant de recouvrer son sang-froid. Cela faisait tellement longtemps qu’elle vivait seule et elle ne se rappelait pas avoir jamais eu l’occasion de voir un représentant des Autres. Elle avait follement envie de relever la tête pour plonger son regard dans celui d’un autre être humain. Mais il lui semblait important de faire bonne impression. Elle ne voulait pas le rebuter par une attitude inconvenante.

  — Je suis désolé, dit Jondalar. J’espère que je ne t’ai pas offensée. Avait-il été grossier en lui adressant la parole le premier ou était-elle simplement timide ? Il lui avait parlé en zelandonii et, comme elle ne répondait pas, il répéta ses excuses en mamutoï, puis essaya le sharamudoï.

  Ayla lui avait jeté quelques coups d’œil furtifs, comme faisaient les femmes du Clan lorsqu’elles attendaient qu’un homme leur fasse signe d’approcher. Mais l’homme ne faisait aucun geste, il se contentait de parler. Et les mots qu’il employait n’avaient rien à voir avec les sons dont se servait le Clan. Les membres du Clan employaient des syllabes hachées et gutturales, tandis que les mots de cet homme coulaient avec aisance. Ayla était bien incapable de déterminer où un mot se terminait et où un autre commençait. Même si le son de sa voix était agréable à l’oreille, elle était frustrée : elle sentait, plus ou moins consciemment, qu’elle aurait dû comprendre ce qu’il disait et elle en était pourtant incapable.

  Elle attendait depuis un long moment qu’il lui fasse signe d’approcher ou de parler quand soudain elle se souvint de ce qui s’était passé lorsqu’elle avait été adoptée par le Clan : Creb avait été obligé de lui enseigner le langage par signes car, à l’époque, elle s’exprimait uniquement à l’aide de sons et le magicien s’était demandé si les Autres ne faisaient pas comme elle. Il était possible que cet homme ne connaisse pas les signes en usage dans le Clan. Elle devait donc trouver un autre moyen de communiquer avec lui, ne serait-ce que pour lui proposer les remèdes qu’elle avait préparés à son intention.

 

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