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La Vallée des chevaux

Page 61

by Jean M. Auel


  — Si tu sens que tu risques de tomber, accroche-toi à son cou, conseilla Ayla à Jondalar.

  Whinney avait l’habitude qu’on la monte. Jamais elle ne faisait le gros dos, ni ne se cabrait. En revanche, quand on ne la guidait pas, elle avançait avec hésitation. Jondalar, qui désirait la rassurer, se pencha pour lui caresser l’encolure, imitant sans le savoir le mouvement que faisait Ayla quand elle voulait que la jument aille plus vite. Le bond en avant de Whinney le surprit et, suivant aussitôt le conseil d’Ayla, il l’attrapa par le cou, se penchant plus encore vers elle. Pour Whinney, cela signifiait : « Encore plus vite ! »

  La jument partit au triple galop dans la prairie, filant droit devant elle, tandis que Jondalar s’accrochait tant bien que mal à son cou, ses longs cheveux blonds flottant derrière lui. Le vent lui fouettait le visage et quand il osa enfin entrouvrir les yeux, il aperçut le paysage qui défilait à une vitesse alarmante. Il avait peur – et à la fois, il trouvait ça sensationnel ! Il comprenait pourquoi Ayla n’avait pu lui décrire le sentiment qu’on éprouvait en montant à cheval. Cela lui rappelait les glissades sur les pentes gelées d’une colline ou encore sa course sur le fleuve quand l’esturgeon le tirait. Mais c’était encore plus excitant. Un mouvement sur le côté lui fit tourner la tête : le poulain galopait à côté de sa mère et il soutenait sans difficulté la même allure.

  Un sifflement lointain mais aigu se fit entendre. Aussitôt, la jument fit volte-face et prit le chemin du retour.

  — Redresse-toi ! cria Ayla au moment où il s’approchait.

  Jondalar suivit son conseil. En arrivant à la hauteur de la jeune femme, la jument ralentit et il en profita pour se redresser complètement. Un instant plus tard, Whinney s’arrêtait près du rocher.

  Lorsque Jondalar mit pied à terre, il tremblait un peu mais ses yeux brillaient d’excitation. Ayla caressa les flancs couverts de sueur de Whinney puis elle lui emboîta le pas alors que la jument reprenait au petit trot le chemin de la caverne avec son poulain.

  — Le poulain l’a suivie sans se laisser distancer ! s’écria Jondalar. Quel coureur ! Comme il est rapide !

  — Qu’est-ce qu’un coureur, Jondalar ? demanda Ayla. Et « rapide » ?

  — Lors de la Réunion d’Été, il y a toutes sortes de jeux, expliqua-t-il. Les plus passionnants sont les courses de vitesse. On appelle coureurs les Zelandonii qui participent à ces courses. Celui qui gagne est le plus rapide. On l’admire comme j’ai admiré ce poulain.

  — Le poulain de Whinney serait le plus rapide, c’est sûr.

  Ils continuèrent à marcher en silence. Quand celui-ci devint trop pesant, Jondalar demanda :

  — Pourquoi m’as-tu dit de me redresser ? Dès que je l’ai fait, Whinney a ralenti. Cela m’a surpris parce que tu m’avais dit que tu ne savais pas comment tu te débrouillais pour lui faire comprendre ce que tu voulais.

  — Je n’y avais encore jamais réfléchi, avoua Ayla. Mais quand je t’ai vu arriver, j’ai tout de suite pensé : « Redresse-toi ! » J’aurais été incapable de t’expliquer cela au départ. J’ai simplement senti qu’il fallait que tu ralentisses et que la seule solution, c’était que tu te redresses.

  — Tu vois bien que tu diriges la jument. Sans t’en rendre compte, tu lui donnes certaines indications. Je me demande si l’on ne pourrait pas faire la même chose avec son poulain...

  Quand ils eurent contourné la saillie rocheuse, ils aperçurent Whinney qui était en train de se rafraîchir en se roulant dans la boue au bord de la rivière avec des gémissements de plaisir. Son poulain était près d’elle et avait, lui aussi, les pattes en l’air. Jondalar sourit en voyant la scène et s’arrêta. Mais Ayla continua à marcher et, la tête basse, elle s’engagea dans l’étroit sentier qui menait à la caverne. Jondalar se précipita à sa suite.

  — Ayla... commença-t-il. (La jeune femme se retourna.) Je... Je... bredouilla-t-il. Je... tenais à te dire merci.

  C’était un mot qu’Ayla avait encore du mal à comprendre, un mot qui n’avait pas d’équivalent dans le langage du Clan. Les membres de chacun des groupes qui composaient le Clan dépendaient tellement les uns des autres pour leur survie que l’assistance mutuelle faisait intimement partie de leur mode d’existence. Remercier quelqu’un leur aurait semblé aussi étrange que si un bébé s’était soudain mis à dire merci à sa mère sous prétexte qu’elle s’occupait de lui. Faveurs ou cadeaux entraînaient l’obligation de les rendre en nature, et ils n’étaient pas toujours les bienvenus.

  Au sein du Clan, ce qui se rapprochait le plus du remerciement était une forme de gratitude dont faisait preuve un membre de rang inférieur vis-à-vis d’un membre plus important – en général une femme vis-à-vis d’un homme – lorsqu’il ou elle avait reçu une faveur bien précise. Ayla avait l’impression que Jondalar voulait lui dire qu’il lui était reconnaissant de lui avoir permis de monter Whinney.

  — Whinney t’a laissé s’asseoir sur son dos, Jondalar. Pourquoi me remercies-tu ?

  — C’est grâce à toi si j’ai pu la monter, Ayla. En plus, j’ai bien d’autres raisons de te remercier. Tu as fait énormément pour moi et tu m’as soigné.

  — Est-ce que le poulain remercie Whinney de s’être occupée de lui ? Tu avais besoin que quelqu’un s’occupe de toi et je l’ai fait. Pourquoi vouloir me dire merci ?

  — Tu m’as aussi sauvé la vie !

  — Je suis une Femme Qui Guérit, Jondalar. Il est inutile de me remercier, dit-elle simplement.

  — Je sais bien que c’est inutile et que tu es une Femme Qui Guérit. Mais, pour moi, il est important que tu saches ce que je ressens. Quand quelqu’un vous aide, on le remercie. Cette marque de politesse fait partie de nos coutumes.

  Ils s’engagèrent l’un derrière l’autre sur l’étroit sentier. Ayla ne disait rien et elle réfléchissait. Ce que venait de lui dire Jondalar lui rappelait les paroles de Creb. Mog-ur lui avait expliqué un jour qu’il était impoli de regarder de l’autre côté des pierres qui délimitaient le foyer d’un homme. Elle avait eu beaucoup de mal à respecter cet interdit : c’était encore plus difficile que d’apprendre le langage du Clan. Jondalar venait de lui expliquer qu’exprimer sa gratitude était une marque de politesse pour les Zelandonii et faisait partie de leurs coutumes. A nouveau, elle éprouvait la même difficulté : elle se sentait complètement perdue.

  Pourquoi désirait-il lui exprimer sa gratitude alors qu’il venait de lui faire honte ? Si un homme du Clan avait manifesté un tel mépris à son égard, elle aurait carrément cessé d’exister à ses yeux. Elle allait avoir du mal à se plier aux coutumes des Zelandonii. Et même si elle était désireuse de les respecter, cela ne retirait rien au sentiment d’humiliation qu’elle éprouvait. Jondalar désirait mettre fin au malentendu qui les divisait. Il l’arrêta au moment où elle allait pénétrer dans la caverne et lui dit :

  — Je suis désolé de t’avoir offensée.

  — Offensée ? Je ne comprends pas ce mot.

  — Je pense que tu es en colère à cause de moi et que je t’ai contrariée.

  — Je ne suis pas en colère. Mais c’est vrai que je suis contrariée. Qu’elle admette le fait aussi facilement étonna Jondalar.

  — Je te fais toutes mes excuses.

  — Tes excuses ! C’est encore de la politesse, non ? Une coutume de ton peuple ? A quoi sert un mot comme excuses, Jondalar ? Cela ne change rien à rien et je ne me sens pas mieux pour cela.

  Elle a raison, songea Jondalar en se passant la main dans les cheveux. Quoi qu’il ait fait – et il pensait savoir quelle faute il avait commise –, s’excuser n’avançait à rien. De même que cela n’avait servi à rien de faire comme s’il n’y avait pas de problème. Il avait préféré éluder la question de crainte de se sentir plus gêné qu’avant. Mais ce n’était pas une solution.

  Dès qu’ils se trouvèrent à l’intérieur de la caverne, Ayla se débarrassa de son panier et ranima le feu pour le repas du soir. Jondalar posa son panier à côté du sien, puis il s’installa sur une natte non loin d
u feu et la regarda préparer à dîner.

  Même si elle utilisait maintenant les outils qu’il lui avait donnés après avoir découpé le cerf, pour certaines tâches elle préférait se servir des siens. Jondalar trouvait qu’elle maniait son couteau grossier, débité sur un éclat de silex bien plus lourd que ses propres lames, avec autant de dextérité que s’il s’agissait d’un couteau à manche, plus petit et plus sophistiqué. En tailleur de silex expérimenté, il comparait les mérites respectifs des deux outils. Il se disait que ce n’était pas tant une question de tranchant : les outils d’Ayla coupaient aussi bien que les siens. Mais si l’on voulait que chaque membre de la tribu possède ses propres outils, quelle quantité de silex il fallait utiliser ! Sans parler des problèmes de transport que cela devait poser.

  Gênée qu’il la regarde avec autant d’insistance, Ayla s’éloigna du feu dans l’espoir de distraire son attention et s’approcha des claies pour y prendre de la camomille. Elle allait se préparer une infusion calmante. Son embarras manifeste rappela à Jondalar qu’il n’avait toujours pas osé aborder le problème. Prenant son courage à deux mains, il lui dit :

  — Tu as raison, Ayla. Ça ne sert à rien de s’excuser. Mais je ne savais pas quoi dire d’autre. J’ignore en quoi j’ai pu te choquer. Dis-moi au moins pourquoi tu es contrariée.

  Est-il encore en train de me dire des mots qui ne sont pas vrais ? se demanda Ayla. Il devrait pourtant savoir pourquoi je réagis ainsi. Malgré tout, Jondalar semblait gêné. Ayla baissa les yeux. Comme elle aurait préféré qu’il ne lui pose pas cette question ! C’était déjà suffisamment désagréable de subir une telle humiliation sans devoir, en plus, en parler. Mais Jondalar lui avait demandé quelque chose et elle se sentait obligée de lui répondre.

  — Je suis contrariée parce que je vois bien que... personne ne veut de moi.

  — Personne ne veut de toi ? Je ne comprends pas.

  Pourquoi l’embêtait-il avec ses questions ? Voulait-il qu’elle se sente encore plus mal à l’aise ? Levant les yeux, elle lui jeta un coup d’œil. Jondalar était penché en avant et son regard, comme sa position, exprimait un mélange de sincérité et d’inquiétude.

  — Aucun homme du Clan n’aurait jamais assouvi son désir tout seul s’il avait eu à ses côtés une femme acceptable. Mais toi, tu as préféré t’enfuir loin de moi. Crois-tu que ce soit agréable pour moi de savoir que je ne te plais pas ?

  — Es-tu en train de me dire que tu te sens offensée parce que je n’ai pas... commença Jondalar en levant les yeux au ciel. Oh, Doni ! Comment as-tu pu être aussi stupide, mon pauvre Jondalar ! s’écria-t-il en prenant la caverne à témoin.

  Comme Ayla semblait stupéfaite, il lui expliqua :

  — Je croyais que tu ne voulais pas que je t’embête, Ayla. J’ai fait tout ce que j’ai pu pour respecter tes désirs. J’avais tellement envie de toi que c’en était parfois intenable. Mais quand je te touchais, tu te raidissais, comme si tu ne voulais pas de moi. Comment as-tu pu croire qu’un homme puisse ne pas vouloir de toi ?

  Le poids qu’Ayla avait sur le cœur s’envola aussitôt. Jondalar la désirait ! Il avait cru qu’elle ne voulait pas de lui ! S’ils ne s’étaient pas compris, c’était à nouveau à cause d’une différence de coutumes.

  — Pourquoi n’as-tu pas fait le geste ? demanda-t-elle. Que je veuille ou non n’avait pas d’importance...

  — Bien sûr que si, c’est important ! s’écria-t-il. Est-ce que par hasard... tu ne me désires pas ? demanda-t-il en rougissant.

  Il y avait au fond de ses yeux une lueur d’hésitation et son regard exprimait aussi la crainte d’être rejeté. C’était un sentiment qu’Ayla connaissait bien. Même si elle était un peu surprise qu’un homme puisse l’éprouver, les craintes de Jondalar firent fondre ses derniers doutes et ceux-ci furent aussitôt remplacés par un élan de tendresse.

  — Je te désire, Jondalar. Depuis le premier jour où je t’ai vu. Quand tu étais si gravement blessé et que je ne savais pas si tu vivrais, je te regardais et j’éprouvais... C’était un sentiment tellement profond... Mais tu n’as jamais fait le geste !

  Ayla se tut et baissa les yeux, gênée d’en avoir autant dit. Quand une femme du Clan désirait un homme, elle le manifestait avec des gestes un peu plus subtils que ça.

  — Et moi, pendant tout ce temps, je croyais que... Quel est ce geste dont tu n’arrêtes pas de parler ?

  — Dans le Clan, quand un homme désire une femme, il fait un signe bien précis.

  — Montre-moi.

  Ayla s’exécuta en rougissant. Habituellement, seuls les hommes faisaient ce geste.

  — C’est tout ? s’étonna Jondalar. Et après, que fais-tu, toi ?

  Il fut un peu étonné de voir qu’elle se levait, puis qu’elle s’agenouillait et se mettait en position.

  — Si j’ai bien compris, l’homme fait le geste que tu m’as montré, la femme se met en position, et c’est tout ! Ils sont prêts ?

  — Si un homme n’est pas prêt, il ne fait pas signe à une femme. N’étais-tu pas prêt, aujourd’hui ?

  Ce fut au tour de Jondalar de rougir. Il avait oublié qu’il était prêt, comme elle disait, et qu’il avait même failli la prendre de force. Comme il aurait aimé connaître le geste dont elle venait de lui parler !

  — Que se passe-t-il quand une femme ne veut pas ou qu’elle n’est pas prête à le recevoir ?

  — Si l’homme fait le geste, la femme doit se mettre en position.

  Le visage d’Ayla s’assombrit : elle venait de repenser à Broud, à la douleur et à l’avilissement qu’elle avait alors ressentis.

  — N’importe quand ? demanda Jondalar en remarquant son changement d’expression. Même la première fois ? (Ayla hocha la tête.) C’est ce qui est arrivé pour toi ? Un homme quelconque a fait le geste et tu t’es exécutée ?

  Vaincue par l’émotion, Ayla ferma les yeux. Puis elle hocha à nouveau la tête.

  — Tu veux dire qu’il n’y a pas de Premiers Rites ! s’écria Jondalar, indigné. Personne n’est présent pour vérifier que l’homme ne fait pas trop mal à la jeune fille ? Qu’est-ce que c’est que ces gens qui se moquent éperdument que ce soit la première fois pour une femme ? Qui la laissent à la merci du premier type qui veut la prendre sous prétexte qu’il est en chaleur ? Qui trouvent normal qu’il la force si elle n’est pas prête ? Qui se fichent que cela lui fasse mal ou non ? (Jondalar avait bondi sur ses pieds et il faisait les cent pas à l’intérieur de la caverne.) Quelle cruauté ! C’est vraiment inhumain ! Ce sont des gens sans pitié !

  La réaction de Jondalar était si inattendue qu’Ayla avait commencé par le regarder en ouvrant de grands yeux. Mais, au fur et à mesure qu’il s’échauffait, sûr d’être dans son bon droit, et que ses accusations devenaient de plus en plus injurieuses, elle s’était mise à secouer la tête pour bien montrer qu’elle n’était pas d’accord avec lui.

  — Non ! s’écria-t-elle finalement. Ce n’est pas vrai ! Ces gens ont eu pitié de moi ! Iza a pris soin de moi. Ils m’ont adoptée et ont fait de moi un membre du Clan, même si j’étais née chez les Autres. Ils n’étaient pas obligés de faire cela. Creb n’avait jamais eu de compagne et il ne pouvait donc pas comprendre que Broud m’avait fait mal. En plus, Broud était dans son droit. Et quand je suis tombée enceinte, Iza a pris soin de moi. A force d’aller chercher des plantes pour que je ne perde pas le bébé, elle est même tombée malade. Si elle n’avait pas été là, je serais certainement morte au moment de la naissance de Durc. Brun a accepté mon fils même si tout le monde pensait qu’il était difforme. En réalité, Durc est fort et en excellente santé...

  En voyant que Jondalar la dévisageait d’un air surpris, Ayla se tut soudain.

  — Tu as un fils ? demanda-t-il. Où est-il ?

  Elle ne lui avait jamais parlé de son fils car, malgré le temps écoulé, c’était encore très douloureux pour elle. Maintenant qu’elle le lui avait avoué, elle ne pouvait pas se dérober.

  — Oui, j’ai un fils, reconnut-el
le. Il vit au sein du Clan. Je l’ai confié à Uba quand Broud m’a obligée à partir.

  — On t’a obligée à partir ? demanda Jondalar en se rasseyant. Comment quelqu’un peut-il obliger une mère à se séparer de son enfant ? Qui est ce... Broud ?

  Comment lui expliquer ce qui s’est passé ? se demanda Ayla en fermant un instant les yeux.

  — Broud est le chef, dit-elle en le regardant de nouveau. Quand Iza m’a trouvée, c’est Brun qui était le chef. Il a autorisé Creb à faire de moi un membre du Clan. Mais il était vieux et Broud a pris sa suite. Broud m’a toujours détestée, même lorsque j’étais enfant.

  — Et c’est lui qui t’a fait mal, n’est-ce pas ?

  — Quand je suis devenue une femme, Iza m’a expliqué que les hommes pouvaient maintenant me faire signe et elle m’a dit aussi qu’ils assouvissaient leur désir avec les femmes qu’ils aimaient. Mais ce n’était pas le cas de Broud. Lui, ce qui lui plaisait, c’était de m’obliger à faire quelque chose que je détestais. Malgré tout, je pense que c’est mon totem qui l’a poussé à faire cela. L’esprit du Lion des Cavernes savait à quel point je désirais un enfant.

  — Ce Broud n’a rien à voir avec le fait que tu aies un bébé. La Grande Terre Mère bénit les femmes quand bon lui semble. Durc était-il le fils de l’esprit de cet homme ?

  — Creb disait que les esprits des totems font les enfants et que la femme avale l’esprit du totem de l’homme. Si celui-ci est suffisamment fort pour vaincre l’esprit du totem de la femme, il lui prend sa force de vie et une nouvelle vie commence à l’intérieur du ventre de la femme.

  — Quelle étrange manière de voir les choses ! En réalité, c’est la Mère qui décide de mélanger l’esprit d’un homme à celui de la femme qu’Elle veut bénir.

  — A mon avis, ce n’est ni l’un ni l’autre : ce ne sont pas les esprits qui font les enfants. J’ai l’impression que la vie du bébé commence quand l’homme introduit son sexe gonflé de désir à l’intérieur d’une femme. A mon avis, c’est pour cela que les hommes ont des désirs aussi puissants et que les femmes désirent autant les hommes.

 

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