La Vallée des chevaux

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La Vallée des chevaux Page 62

by Jean M. Auel


  — C’est impossible, Ayla ! Si tu savais le nombre de fois où un homme peut pénétrer une femme avec son membre viril ! Jamais les femmes ne pourraient avoir autant d’enfants ! L’homme fait de la jeune fille une femme en partageant avec elle le Don du Plaisir de la Mère : il l’ouvre afin que l’esprit puisse la pénétrer. Mais le Don de Vie le plus sacré de la Mère n’est donné qu’aux femmes. Elles reçoivent les esprits, créent une nouvelle vie et deviennent mère comme Elle. Si un homme honore la Mère, s’il fait grand cas de Ses Dons et s’il s’engage à prendre soin d’une femme et de ses enfants, Doni peut permettre que les enfants de son foyer soient les enfants de son esprit.

  — Qu’est-ce que le Don du Plaisir ?

  — Ça y est, j’y suis ! s’écria Jondalar, stupéfait par ce qu’il venait de comprendre. Tu n’as jamais connu les Plaisirs, n’est-ce pas ? Je comprends enfin pourquoi tu t’es raidie chaque fois que... En fait, tu as été bénie par la Mère sans avoir été initiée aux Premiers Rites. Ton Clan doit être composé de gens bien étranges. Tous ceux que j’ai rencontrés pendant mon voyage connaissaient la Mère et ses Dons. Le Don du Plaisir, lui expliqua-t-il, c’est quand un homme et une femme se plaisent et se donnent l’un à l’autre.

  — C’est quand un homme est prêt à assouvir son désir avec une femme ? Il introduit alors son sexe à l’endroit d’où sortent les bébés. C’est bien ça le Don du Plaisir ?

  — C’est à la fois ça et beaucoup plus !

  — Je veux bien te croire, convint Ayla. Mais tout le monde m’avait dit que je n’aurais jamais d’enfant car mon totem était trop puissant. Ils ont tous été très surpris. En plus, Durc n’était pas difforme, comme ils l’avaient prédit. Il était en partie comme moi et en partie comme eux. Mais ce n’est qu’après que Broud eut fait le geste que je suis tombée enceinte. Personne d’autre ne voulait de moi – j’étais bien trop grande et trop laide. Même lors du Rassemblement du Clan, aucun homme n’a voulu de moi comme compagne. Et pourtant, Iza avait fait de moi sa fille et j’avais donc hérité de son rang dans le Clan.

  Il y avait dans les propos d’Ayla quelque chose qui tracassait Jondalar, quelque chose qui lui échappait et en même temps ne le laissait pas en repos.

  — Tu m’as dit que tu avais été trouvée par une Femme Qui Guérit qui s’appelait Iza... Mais où donc t’a-t-elle trouvée ? D’où viens-tu, Ayla ?

  — Je n’en sais rien. Iza m’a dit que j’étais née chez les Autres, parmi les gens comme moi. Et comme toi, Jondalar. Mais je n’ai gardé aucun souvenir de ma vie avant d’être adoptée par le Clan. Je ne me souviens même pas du visage de ma mère. Tu es le premier homme, semblable à moi, que je rencontre.

  L’inquiétude qu’éprouvait depuis un moment Jondalar était en train de se préciser. Il ressentait un désagréable pincement au creux de l’estomac.

  — J’avais entendu parler des Autres par une femme que j’ai rencontrée au Rassemblement du Clan, reprit Ayla. Et compte tenu de ce qu’elle m’a dit, j’avais plutôt peur d’eux... jusqu’à ce que je te rencontre. Cette femme avait une petite fille qui ressemblait tellement à Durc qu’elle aurait pu aussi bien être ma fille. Elle voulait que sa fille et mon fils s’unissent quand ils seraient en âge de le faire. Oda disait que sa fille était difforme. A mon avis, elle avait donné naissance à ce bébé après qu’un Autre l’eut forcée à assouvir son désir avec lui.

  — Il l’a forcée ? Elle n’était pas consentante ?

  — Non seulement il l’a forcée, mais il a tué sa première petite fille. Oda était en compagnie de deux femmes du Clan quand les Autres sont arrivés. Ils étaient nombreux et aucun d’eux n’a fait le geste. Quand un des Autres l’a agrippée, Oda a laissé tomber son bébé et la tête de la petite fille a heurté un rocher.

  Brusquement, Jondalar se souvint de l’histoire de cette bande de jeunes dont Laduni lui avait parlé au tout début de son Voyage. Ils vivaient très loin à l’ouest. Mais s’ils avaient commis de telles horreurs, pourquoi d’autres ne feraient-ils pas comme eux ? La conclusion s’imposait. Mais avant de se résoudre à l’accepter, Jondalar avait besoin de certaines précisions.

  — Ayla, tu n’as pas arrêté de me dire que tu ne ressemblais pas aux membres du Clan. Explique-moi en quoi ils sont différents de toi.

  — Ils sont beaucoup plus petits. C’est d’ailleurs pourquoi j’ai été si surprise la première fois que je t’ai vu debout. J’étais beaucoup plus grande qu’eux, les hommes y compris. C’est pour ça qu’ils ne voulaient pas de moi : ils me trouvaient grande et laide.

  — Quoi d’autre ? demanda Jondalar à contrecœur.

  Il n’avait aucune envie de connaître la vérité et pourtant il fallait qu’il sache à quoi s’en tenir.

  — Ils ont tous les yeux bruns. Iza a toujours pensé que mes yeux avaient quelque chose d’anormal car ils sont bleus comme le ciel. Durc avait les mêmes yeux qu’eux et des gros... je ne sais pas comment on appelle ça... des gros sourcils. Son front était comme le mien. Tandis qu’eux avaient la tête beaucoup plus plate...

  — Des Têtes Plates ! s’écria Jondalar avec une moue de dégoût. Bonne Mère, Ayla ! Tu as vécu parmi ces animaux ! Tu as laissé un des mâles... (Jondalar s’interrompit en frissonnant.) Tu as donné naissance à un monstre, à un esprit mêlé, moitié humain, moitié animal !

  Jondalar se recula comme s’il venait de toucher quelque chose de dégoûtant et bondit sur ses pieds. Sa réaction était due à un préjugé irrationnel, profondément ancré dans les mentalités, et qui n’avait jamais été remis en cause par la majorité des gens qu’il connaissait.

  Ayla, abasourdie, le fixait d’un air perplexe. Mais quand elle vit que son visage reflétait le même genre de répugnance que celui que lui inspiraient les hyènes, elle saisit soudain le sens de ses paroles.

  Des animaux ! Il traitait d’animaux les gens qu’elle aimait ! De hyènes puantes ! Creb, le doux et aimant Creb, le plus puissant magicien du Clan, un animal ? Et Iza alors ? Iza qui l’avait élevée comme si elle était sa mère et lui avait appris son métier de guérisseuse, Iza, elle aussi, était une hyène puante ? Et Durc ! Son fils !

  — Tu n’as pas honte de les traiter d’animaux ! s’écria-t-elle en bondissant à son tour sur ses pieds pour lui faire face. (Jamais encore Ayla n’avait élevé la voix : elle était la première surprise de pouvoir crier aussi fort – et de distiller autant de venin.) Creb et Iza sont des animaux, alors ? Et Durc, mon fils, est à moitié humain ? Les gens du Clan ne sont pas des hyènes puantes, que je sache ! Est-ce que des animaux auraient recueilli une petite fille blessée ? Est-ce qu’ils en auraient fait une des leurs ? Se seraient-ils occupés d’elle ? Avec qui crois-tu que j’ai appris à cuisiner ? Qui m’a appris à soigner ? Sans ces soi-disant animaux, je ne serais pas là aujourd’hui, et toi non plus, Jondalar ! Avant de dire que les gens du Clan sont des animaux et que les Autres sont des humains, tu ferais mieux de comparer : le Clan a recueilli une petite fille qui était née chez les Autres, alors que les Autres n’ont pas hésité à tuer une petite fille qui faisait partie du Clan. Si je devais choisir entre humains et animaux, je choisirais tout de suite les hyènes puantes !

  Sortant comme une folle de la caverne, Ayla dégringola le sentier et siffla Whinney.

  24

  De la corniche, Jondalar vit Ayla bondir sur le dos de la jument et descendre la vallée au triple galop. Il n’en revenait pas : c’était la première fois qu’elle se mettait en colère et elle était si douce habituellement que son éclat lui semblait encore plus stupéfiant.

  Jusque-là, il avait eu l’impression d’être plutôt large d’esprit vis-à-vis des Têtes Plates : il pensait qu’il fallait les laisser tranquilles, ne pas les harceler et jamais il n’en aurait tué un à moins d’y être forcé. Mais cela le choquait profondément qu’un homme puisse prendre son Plaisir avec une femelle Tête Plate et il était carrément hors de lui à l’idée qu’un mâle Tête Plate ait pu faire de même avec une femme. La femme avait été souillée.


  Lui qui avait désiré Ayla avec tant d’ardeur ! Ce qu’elle venait de lui avouer lui rappelait ces histoires vulgaires que racontent en ricanant les adolescents et les jeunes gens. Rien que d’y penser, il avait l’impression que son sexe se recroquevillait, comme s’il était déjà contaminé, et qu’après s’être ratatiné, il allait tomber en poussière. Doni soit louée, cette souillure lui avait été épargnée !

  Pire encore, Ayla avait mis au monde un monstre, le produit de l’union d’esprits maléfiques dont on préférait ne pas parler entre personnes convenables. Certains soutenaient avec force que ces monstres n’existaient pas. Néanmoins, on continuait à en parler.

  Ayla n’avait nullement nié le fait et elle avait défendu son fils... avec autant de véhémence que n’importe quelle mère à qui on dirait du mal de son enfant. Elle avait l’air offensée et elle était furieuse qu’il ait parlé des Têtes Plates dans des termes aussi péjoratifs. Avait-elle vraiment été élevée par une bande de Têtes Plates ?

  Jondalar en avait rencontré quelques-uns durant son Voyage. Il s’était même alors demandé si ceux-ci étaient vraiment des animaux. Repensant à la rencontre qui avait eu lieu sur le bord du fleuve, il se dit que le jeune Tête Plate qui avait coupé en deux l’esturgeon avait utilisé une laine exactement semblable à celles d’Ayla. Et la femelle portait une peau informe qui ressemblait étrangement à celle de la jeune femme. D’ailleurs, Ayla se comportait comme cette femelle, surtout au début : elle avait tendance, elle aussi, à baisser les yeux et à adopter une attitude effacée, comme si elle ne voulait pas qu’on la remarque. Les fourrures qui recouvraient sa couche avaient le même grain et la même souplesse que la peau de loup que la femelle lui avait posée sur les épaules. Quant aux épieux d’Ayla, ces armes lourdes et primitives, ils étaient la réplique exacte de ceux que portaient les Têtes Plates que Thonolan et lui avaient rencontrés au début de leur Voyage.

  Tout ça crevait les yeux depuis le début, mais il n’y avait pas prêté attention. Pourquoi s’était-il imaginé qu’Ayla faisait partie de Ceux Qui Servent la Mère et qu’elle vivait seule pour perfectionner ses talents ? Ce qui l’avait induit en erreur, c’était ses extraordinaires qualités de Femme Qui Guérit. Avait-elle vraiment été formée par une Tête Plate ?

  Comme la colère lui va bien ! se dit Jondalar en l’observant de loin. Elle est vraiment de toute beauté ! Il avait connu pas mal de femmes qui élevaient la voix à la moindre provocation. Marona, qui avait failli devenir sa compagne, avait un caractère de chien. Lorsqu’elle se mettait en colère, on aurait dit une vraie mégère. Mais Jondalar était attiré par la force qui émanait de ces femmes exigeantes. Il aimait les femmes qui avaient du tempérament, qui ne se laissaient pas submerger par ses propres colères quand d’aventure il explosait. Jondalar s’était toujours douté que le calme apparent d’Ayla cachait une force intérieure peu commune. Regarde-moi ça, se dit-il. Comme elle est belle lorsqu’elle file sur le cheval !

  Brusquement, comme s’il venait de recevoir une averse d’eau glacée, il se rendit compte de ce qu’il avait fait. Il devint blanc comme un linge. Ayla lui avait sauvé la vie et l’avait soigné et lui, en guise de remerciement, il s’était éloigné d’elle comme si elle le dégoûtait ! Il avait traité le fils qu’elle aimait de monstre ! Il était effaré par son insensibilité.

  Il revint dans la caverne et se jeta sur sa couche. La couche d’Ayla, cette femme qu’il venait de traiter avec un mépris hautain.

  — Oh, Doni ! cria-t-il. Comment as-tu pu me laisser faire ça ? Pourquoi ne m’en as-tu pas empêché ?

  Il enfouit son visage sous les fourrures. Il se sentait aussi malheureux que lorsqu’il était enfant. A nouveau, il avait agi sans réfléchir. Lui qui pensait que jamais une telle situation ne se reproduirait. Il était donc incapable d’apprendre ? Pourquoi n’avait-il pas fait preuve de discrétion ? Sa jambe était pratiquement guérie et il n’allait pas tarder à partir. Pourquoi ne s’était-il pas contrôlé jusqu’à son départ ?

  Et pourquoi donc était-il resté si longtemps ? Il aurait très bien pu remercier Ayla et se remettre en route pour rentrer chez lui. Rien ne le retenait dans cette vallée. Si, au lieu de la presser de questions indiscrètes, il était parti, il aurait conservé dans son souvenir l’image d’une femme magnifique et mystérieuse qui vivait seule dans une vallée, charmait les animaux et lui avait sauvé la vie.

  Pourquoi n’es-tu pas parti ? se demanda-t-il à nouveau. Parce que tu étais bien incapable de quitter une femme belle et mystérieuse, mon cher Jondalar, et que tu le savais !

  Si c’était le cas, pourquoi se tracassait-il ? Quelle différence cela faisait-il qu’elle ait... vécu avec les Têtes Plates ?

  La différence, c’est que tu désires partager les Plaisirs avec elle. Et que maintenant tu penses qu’elle n’est pas assez bonne pour toi parce qu’elle a... parce qu’elle a laissé...

  Imbécile ! Tu n’as même pas écouté ce qu’elle t’a dit. Elle ne l’a pas laissé, c’est lui qui l’a forcée ! Et sans qu’elle ait été initiée aux Premiers Rites. Et tu as osé lui jeter la pierre ! Elle t’a ouvert son cœur, elle a revécu cette scène douloureuse en te la racontant et toi, comment as-tu réagi ?

  Tu es encore pire que ce Broud, Jondalar ! Au moins, avec lui, elle savait à quoi s’en tenir : elle savait qu’il la haïssait et qu’il voulait la faire souffrir. Mais toi ! Toi, elle te faisait confiance ! Elle t’a dit ce qu’elle ressentait pour toi. Tu aurais pu partager les Plaisirs avec elle quand tu aurais voulu, Jondalar ! Mais tu t’es senti blessé dans ton orgueil.

  Si tu lui avais prêté un peu plus d’attention, tu te serais aperçu qu’elle ne se comportait pas comme une femme pleine d’expérience mais comme une jeune fille intimidée. Tu as pourtant tenu entre tes bras suffisamment de femmes et de jeunes filles pour faire la différence.

  Le problème, c’est qu’elle n’a nullement l’air d’une jeune fille. C’est certainement la plus belle femme que tu aies jamais vue. Si belle, si intelligente et si pleine d’assurance que tu as eu peur qu’elle ne veuille pas de toi. Jondalar, l’homme que toutes les femmes désirent... ! Tu peux être sûr que maintenant elle ne voudra plus de toi !

  Dire qu’elle n’a même pas conscience de sa beauté ! Qu’elle se croit grande et laide. Comment peut-elle penser une chose pareille ?

  Tu oublies qu’elle a été élevée par des Têtes Plates. Comment se fait-il qu’ils aient recueilli une petite fille aussi différente d’eux ? Est-ce que nous aurions fait la même chose pour un des leurs ? Et quel âge avait Ayla lorsqu’ils l’ont adoptée ? Elle devait être toute jeune car les cicatrices qu’elle porte sur la cuisse sont très anciennes. Comme elle a dû avoir peur quand elle s’est retrouvée toute seule et qu’elle a aperçu cet énorme lion des cavernes !

  Quand je pense que c’est une Tête Plate qui l’a soignée ! Comment une Tête Plate peut-elle connaître l’art de guérir ? Et pourtant, c’est bien d’eux qu’Ayla a appris son savoir et il est grand. Si grand que tu as même pensé qu’elle faisait partie de Ceux Qui Servent la Mère. Tu ferais mieux d’abandonner la taille du silex et de te mettre conteur d’histoires ! Tu ne voulais pas regarder la vérité en face. Et maintenant que tu es au courant, est-ce que ça change vraiment quelque chose ? Le fait qu’elle ait appris l’art de guérir chez les Têtes Plates change-t-il quoi que ce soit à l’état de ta jambe ? Ayla est-elle moins belle maintenant que tu sais qu’elle a donné naissance à un monstre ? Qu’est-ce que ça change là encore ?

  Tu la désires toujours autant, Jondalar.

  Il est trop tard. Jamais plus elle ne te fera confiance. Tu n’es qu’un imbécile ! cria-t-il en bourrant la fourrure de coups de poing. Imbécile Idiot ! Tu as tout gâché ! Pourquoi ne t’en vas-tu pas ?

  C’est impossible ! Ce serait vraiment de la lâcheté ! En plus, tu n’as ni vêtement, ni armes, ni réserves de nourriture. Tu ne peux pas voyager sans rien.

  Si tu veux t’équiper avant de partir, tu vas être obligé de demander à Ayla. Où trouverai
s-tu ailleurs ce dont tu as besoin ? Tu peux au moins lui demander quelques silex. Si tu as des outils, tu pourras fabriquer des sagaies. Tu chasseras pour faire des réserves de viande et avec les peaux, tu fabriqueras des vêtements, des fourrures de couchage et un sac. Il te faudra un certain temps avant d’être prêt à partir. Et ensuite tu en as pour un an au moins avant de te retrouver chez toi. Le Voyage va te sembler bien long maintenant que Thonolan n’est plus là.

  Pourquoi Thonolan est-il mort ? se demanda-t-il en enfouissant à nouveau son visage dans les fourrures. Pourquoi n’est-ce pas moi qui me suis fait tuer par ce lion ? (Des larmes apparurent au coin de ses yeux.) Thonolan, s’il avait été à ma place, n’aurait jamais commis une erreur pareille. Comme j’aimerais savoir où se trouve ce canyon, Petit Frère ! Comme j’aimerais qu’un zelandoni ait été là pour t’aider à trouver ton chemin vers l’autre monde ! Quand je pense que ton corps a été abandonné à la merci des charognards...

  Entendant un bruit de sabots sur le sentier, il se leva et sortit sur la corniche pour voir si Ayla était de retour. Ce n’était que le poulain.

  — Que se passe-t-il, petit ? demanda-t-il. Elles ne t’ont pas attendu ? C’est de ma faute ! Mais elles ne vont pas tarder à rentrer... ne serait-ce que pour s’occuper de toi. Ayla n’a pas d’autre endroit où aller. C’est sa caverne, ici. Quand je pense qu’elle a vécu toute seule dans cette vallée ! Je ne sais pas si j’en serais capable... Quelle femme remarquable ! se dit-il. Je suis certain que, malgré ce que je lui ai dit, elle ne va pas verser une larme. Et, non contente de posséder une telle force d’âme, elle est aussi de toute beauté. Quand je pense à ce que j’ai perdu ! Je me suis conduit comme un idiot ! Oh, Doni ! Il faut absolument que j’arrange ça !

 

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