La Vallée des chevaux
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— Creb avait bien d’autres dons. C’était un puissant magicien. Il pouvait... il faisait... je ne saurais pas t’expliquer...
Jondalar hocha la tête : il était bien difficile d’expliquer les dons d’un zelandoni, d’autant plus qu’ils gardaient jalousement leurs secrets. Regardant à nouveau le bâton, il montra à Ayla les entailles plus profondes et demanda :
— Qu’est-ce que ça signifie ?
— C’est ma... ma... féminité, avoua-t-elle en rougissant.
Pendant toute la durée de leurs règles, les femmes du Clan étaient tenues d’éviter les hommes et ceux-ci les ignoraient complètement. Les femmes étaient victimes de cette exclusion parce que les hommes avaient peur de la force de vie mystérieuse qui leur permettait d’engendrer. Cela conférait à l’esprit de leur totem une puissance extraordinaire, capable de repousser l’essence fécondante de l’esprit du totem de l’homme. Quand la femme saignait, cela voulait dire que son totem avait gagné, qu’il avait blessé celui de l’homme – qu’il avait réussi à le chasser. Aucun homme n’avait envie que l’esprit de son totem soit entraîné dans une bataille durant cette période.
Cet interdit avait posé un véritable dilemme à Ayla peu de temps après qu’elle eut ramené Jondalar à la caverne. Elle n’avait pu s’isoler car l’état du blessé exigeait qu’elle reste constamment à son chevet. Elle avait donc passé outre. Plus tard, elle avait essayé de réduire au minimum ses contacts avec lui chaque fois qu’elle recommençait à saigner. Mais elle ne pouvait l’éviter totalement puisqu’ils partageaient la même caverne. Et comme il n’y avait pas d’autres femmes pour s’acquitter de ses tâches à sa place, il avait bien fallu qu’elle continue à chasser, à préparer les repas et même qu’elle mange avec lui, puisqu’il le désirait.
Elle évitait néanmoins toute allusion à ce sujet et se débrouillait pour qu’il ne s’aperçoive de rien. Le fait qu’il aborde une telle question la mettait mal à l’aise.
— La plupart des femmes font comme toi, dit Jondalar qui ne semblait nullement partager sa gêne. Est-ce Creb et Iza qui t’ont appris à tenir un compte de ces périodes ?
— Non, c’est moi qui l’ai fait pour savoir, répondit Ayla en baissant les yeux. Je voulais pouvoir prendre mes précautions au cas où cela m’arriverait lorsque j’étais loin de la caverne.
Elle fut très surprise de voir que Jondalar hochait la tête d’un air entendu.
— Les femmes racontent une histoire au sujet des mots pour compter, reprit-il. Elles disent que Lumi, l’astre lunaire, est l’amant de la Grande Terre Mère. Les jours où Doni saigne, Elle ne partage pas les Plaisirs avec lui. Cela le rend furieux et blesse son orgueil. Lumi se détourne d’Elle et cache sa lumière. Mais il est incapable de rester longtemps loin d’Elle. Comme il se sent seul et que la chaleur du corps de Doni lui manque, il réapparaît. Quand Lumi revient, Doni, bouleversée par son absence, refuse de le regarder. Lumi tourne alors autour d’Elle et brille pour Elle dans toute sa splendeur. Doni ne lui résiste pas longtemps : Elle s’ouvre pour l’accueillir et ils sont à nouveau heureux. Ayla avait relevé la tête et elle l’écoutait, fascinée.
— C’est pourquoi la plupart des fêtes en l’honneur de la Mère ont lieu au moment de la pleine lune, ajouta Jondalar. Les femmes disent que leurs cycles correspondent à ceux de la Mère. Elles appellent l’époque où elles saignent l’époque de Lumi et elles peuvent dire quand celle-ci va arriver en regardant la lune. Elles disent aussi que Doni leur a donné les mots pour compter afin qu’elles puissent prévoir cette période même quand Lumi est caché par des nuages. Mais les mots pour compter servent aussi à bien d’autres choses, tout aussi importantes.
— Moi aussi, il m’arrive de regarder la lune mais cela ne m’empêche pas d’entailler aussi le bâton, expliqua Ayla encore un peu étonnée que Jondalar aborde un sujet féminin aussi intime avec une telle désinvolture. Qu’est-ce donc que ces mots pour compter ?
— Chaque entaille que tu fais sur ton bâton à un nom. On utilise ces noms pour compter toutes sortes de choses. Ils permettent par exemple de dire combien de rennes a vu un éclaireur ou à combien de jours du campement ces animaux se trouvent. S’il s’agit d’un grand troupeau, comme les troupeaux de bisons que l’on chasse à l’automne, on est obligé de faire appel à un zelandoni qui connaît une manière spéciale d’utiliser les mots pour compter.
Ayla sentit qu’elle était sur le point de comprendre ce que signifiait ces fameux mots pour compter. Elle allait enfin résoudre des questions dont les réponses lui avaient jusqu’ici échappé.
— Je vais te montrer, proposa Jondalar.
Il alla chercher les pierres placées autour du foyer, puis les disposa en ligne devant Ayla. Montrant du doigt chaque pierre l’une après l’autre, il commença à compter :
— Un, deux, trois, quatre, cinq, six, sept... Ayla l’observait, de plus en plus fascinée.
Quand il eut fini, il chercha autre chose autour de lui qu’il puisse compter et saisit finalement quelques bâtons d’Ayla.
— Un, recommença-t-il en posant un bâton sur le sol. Deux, dit-il en plaçant le second bâton à côté du premier. Trois, quatre, cinq... Cela rappela aussitôt à Ayla les paroles de Creb : « Année de naissance, année de la marche, année du sevrage... », lui avait dit le magicien en lui montrant au fur et à mesure chacun des doigts de la main.
Levant la main gauche, Ayla ouvrit les doigts, puis, sans quitter des yeux Jondalar, elle lui dit en montrant ses doigts :
— Un, deux, trois, quatre, cinq.
— C’est ça ! s’écria Jondalar. Quand j’ai vu tes bâtons, j’ai tout de suite pensé que tu n’aurais aucun mal à apprendre.
Avec un sourire triomphant, Ayla alla chercher un bâton et commença à compter les entailles. Quand elle arriva à cinq, Jondalar prit la relève.
Mais, avant d’arriver à la seconde entaille plus profonde, il dut s’arrêter. Il fronça les sourcils d’un air concentré.
— Est-ce que ces bâtons représentent le temps pendant lequel tu as vécu dans cette caverne ? demanda-t-il en lui montrant les quelques bâtons qu’elle était allée chercher.
— Non, répondit-elle en allant chercher les autres paquets.
Quand elle eut défait tous les paquets, Jondalar pâlit et ressentit un pincement au creux de l’estomac. Les entailles étaient si nombreuses que cela devait représenter des années ! Même si Zelandoni lui avait expliqué comment faire pour compter les plus grands nombres, il avait besoin de réfléchir.
Il était en train d’étudier les entailles quand soudain il eut une idée. Au lieu de compter les jours, il n’avait qu’à compter les entailles les plus profondes qui représentaient à la fois le début de la période de Lumi d’Ayla et d’un cycle de la lune. Chaque fois qu’il posait son doigt sur une entaille plus profonde, il faisait une marque dans le sol et disait en même temps à voix haute le mot correspondant. Lorsqu’il eut tracé treize marques dans le sol, il commença une nouvelle rangée. Mais il sauta la première marque et n’en fit que douze pour la deuxième rangée car Zelandoni lui avait expliqué que les cycles de la lune ne correspondaient pas exactement aux saisons de l’année. Quand il arriva à la fin des entailles d’Ayla, il avait dessiné trois rangées complètes sur le sol.
— Trois ans ! dit-il en lui lançant un regard empreint de respect. Tu as vécu trois ans ici ! Et moi, j’ai commencé mon Voyage il y a trois ans. Tu as vécu seule pendant tout ce temps ?
— J’ai d’abord vécu avec Whinney, puis ensuite...
— Mais tu n’as vu aucun être humain ?
— Non, aucun depuis que j’ai quitté le Clan.
Ayla repensa à la manière dont elle avait compté les années. Celle où elle était partie, avait découvert la vallée, puis adopté la jeune pouliche, elle l’avait appelée : l’année de Whinney. Au printemps suivant – le début du cycle de la nouvelle croissance –, elle avait découvert le lionceau. Pour elle, c’était l’année de Bébé. Un, disait Jondalar pour compter le temps
écoulé entre l’année de Whinney et celle de Bébé. Deux, pour l’année de l’étalon. Trois, c’était l’année de Jondalar et du poulain. Ayla se souvenait mieux des années en utilisant sa propre méthode. Mais en examinant les entailles, Jondalar avait réussi à déterminer combien de temps elle avait vécu dans la vallée et elle voulait apprendre à se servir de ces mots pour compter.
— Sais-tu quel âge tu as, Ayla ? lui demanda soudain Jondalar. Combien d’années tu as vécu ?
— Laisse-moi réfléchir... (Elle leva sa main droite et ouvrit les doigts.) Creb m’a dit qu’Iza pensait que j’avais à peu près... cinq... années quand ils m’ont trouvée. (Jondalar traça cinq traits sur le sol.) Durc est né l’année du Rassemblement du Clan. Creb disait qu’il y avait ce nombre-là d’années entre chaque Rassemblement, précisa-t-elle en levant le pouce et l’index de la main gauche pour les ajouter aux doigts de sa main droite.
— Cela fait sept ans.
— Il y avait eu un Rassemblement du Clan l’été avant qu’ils me trouvent.
— Ça fait une année de moins, dit Jondalar en traçant d’autres traits sur le sol. Tu es sûre de ne pas t’être trompée ? demanda-t-il après réflexion. Cela voudrait dire que tu avais onze ans quand ton fils est né !
— Je ne me trompe pas, Jondalar !
— J’ai entendu dire qu’on pouvait mettre un enfant au monde à cet âge-là, mais c’est très rare. En général, c’est plutôt treize ou quatorze ans. Et certains pensent que c’est encore trop jeune. Tu étais encore pratiquement une enfant...
— Non, je n’étais plus une enfant depuis longtemps. J’étais trop grande pour ça, plus grande que tous les membres du Clan, y compris les hommes. Et j’avais largement dépassé l’âge auquel la plupart des filles du Clan deviennent des femmes. Je ne crois pas que j’aurais pu attendre plus longtemps, avoua Ayla en souriant. Bien des gens pensaient que je ne serais jamais une femme parce que mon totem était trop fort et que c’était un totem mâle. Iza ne se tenait plus de joie quand j’ai eu pour la première fois ma... période de Lumi. Et ensuite... (Son sourire disparut.) Ensuite, il y a eu l’année de Broud. Puis l’année de Durc.
— Tu as eu ton fils à onze ans... donc tu avais dix ans quand il t’a forcée ! Comment a-t-il pu faire une chose pareille !
— J’étais une femme. Plus grande que tous les membres du Clan. Plus grande que lui.
— Plus grande peut-être, mais pas aussi forte. J’ai rencontré quelques Têtes Plates. Ils sont drôlement forts. Je n’aimerais pas avoir à me battre avec l’un d’eux.
— Ce sont des hommes, Jondalar, corrigea-t-elle d’une voix douce. Pas des Têtes Plates – des hommes du Clan.
Ayla n’avait pas élevé la voix, mais elle serrait les mâchoires d’un air obstiné.
— Malgré ce qu’il t’a fait, tu prétends toujours que ce n’est pas un animal ?
— Si Broud, sous prétexte qu’il m’a forcée, est un animal, les hommes qui ont violé les femmes du Clan sont aussi des animaux, non ?
Jondalar n’avais jamais encore envisagé la question sous cet angle.
— Tous les hommes du Clan n’étaient pas comme Broud, reprit Ayla. Creb avait beau être un puissant mog-ur, cela ne l’empêchait pas d’être doux et gentil. Brun, le chef, était un homme volontaire, mais il était juste. Il était obligé de respecter les lois du Clan, mais cela ne l’a pas empêché de me donner l’autorisation de chasser et il a accepté Durc. Quand je suis partie, il m’a promis de s’occuper de lui.
— Quand es-tu partie ?
Ayla réfléchit : année de naissance, année de la marche, année du sevrage...
— Durc avait trois ans quand j’ai quitté le Clan, dit-elle. Jondalar traça trois traits de plus sur le sol.
— Tu avais quatorze ans ? Seulement quatorze ans ? Et tu as vécu ensuite dans cette vallée pendant trois ans ? (Jondalar fit le compte des traits.) Tu as dix-sept ans, Ayla. Dix-sept ans qui, en l’occurrence, représentent toute une vie.
Le regard songeur, Ayla s’assit sur le sol pour mieux réfléchir.
— Durc a six ans maintenant, dit-elle au bout d’un moment. Les hommes ne vont pas tarder à l’emmener dans la clairière pour qu’il commence à s’entraîner. Grod va lui fabriquer un épieu à sa taille et Brun lui montrera comment s’en servir. Et s’il est toujours en vie, le vieux Zoug lui apprendra à se servir d’une fronde. Durc s’amusera à chasser des petits animaux avec Grev, son ami. Durc était plus jeune que Grev, mais il le dépassait déjà d’une tête. Il a toujours été très grand pour son âge. Il tient ça de moi. Il court vite. Je suis sûre qu’à la course, il les bat tous. Et il sera aussi très fort à la fronde. Il ne manquera pas d’affection. Uba l’aime beaucoup. Au moins autant que moi...
Le visage ruisselant de larmes, Ayla éclata en sanglots et, avant qu’elle puisse se rendre compte de ce qui se passait, elle laissa retomber sa tête sur l’épaule de Jondalar et se retrouva dans ses bras.
— Tout va bien, Ayla, dit celui-ci en lui tapotant gentiment l’épaule. Mère à onze ans et séparée de son fils à quatorze ans ! Elle n’avait pas pu le regarder grandir et n’était même pas certaine qu’il soit en vie. Elle se raccrochait à l’espoir que quelqu’un prenait soin de lui, l’aimait et qu’on allait lui apprendre à chasser... comme à n’importe quel autre enfant.
Quand Ayla releva la tête et s’écarta de Jondalar, elle était vidée mais se sentait le cœur plus léger, comme si sa douleur pesait maintenant moins lourd. Pour la première fois depuis qu’elle avait quitté le Clan, elle avait pu partager son chagrin avec un autre être et elle eut un sourire de gratitude pour Jondalar.
Celui-ci lui sourit à son tour, avec tendresse et compassion. Son regard exprimait aussi un sentiment plus profond dont il n’avait pas conscience mais qui se lisait clairement dans ses yeux bleus et qui trouva aussitôt un écho chez Ayla. Ils restèrent un long moment les yeux dans les yeux à échanger en silence ce qu’ils n’osaient dire à haute voix.
Ayla, qui n’était pas encore très à l’aise quand on la regardait dans les yeux, finit par détourner la tête et se mit à ranger les bâtons. Il fallut un certain temps avant que Jondalar reprenne ses esprits et se décide à l’aider.
Même s’ils se rendaient compte qu’il n’y avait rien de choquant dans leur étreinte, ils évitaient de se regarder ou de se retrouver trop près l’un de l’autre afin de ne pas gâcher ce moment de tendresse imprévu.
Quand Ayla eut fini de ranger les bâtons, elle se tourna vers Jondalar et lui demanda :
— Quel âge as-tu ?
— J’avais dix-huit ans au début de mon Voyage, dit-il. Thonolan avait quinze ans... et dix-huit ans quand il est mort. Il était encore si jeune ! (Il se tut, le visage douloureux, avant de reprendre :) J’ai vingt et un ans, Ayla... C’est très âgé pour être encore seul. La plupart des hommes plus jeunes que moi ont déjà trouvé une compagne et fondé un foyer. Thonolan avait seize ans lors de la Cérémonie de l’Union.
— Quand je vous ai découverts, vous n’étiez que deux. Où est sa compagne ?
— Elle est morte. En mettant au monde un enfant. Le bébé est mort, lui aussi. (Les yeux d’Ayla se remplirent de pitié.) C’est pour ça que nous nous sommes remis en route. Il ne pouvait plus rester là-bas. Depuis le début, c’était son Voyage, plus que le mien. Il ne tenait pas en place et aimait l’aventure. Il n’avait peur de rien et se faisait des amis partout. Moi, je ne faisais que voyager avec lui. Thonolan était mon frère mais aussi mon meilleur ami. Quand Jetamio est morte, j’ai essayé de le convaincre de rentrer avec moi. Mais il n’a pas voulu. Il souffrait tellement qu’il voulait suivre Jetamio dans l’autre monde.
Se souvenant soudain du chagrin de Jondalar à l’annonce de la mort de son frère, Ayla se rendit compte qu’il souffrait toujours.
— Si c’était son désir, peut-être est-il plus heureux ainsi, dit-elle d’une voix douce. Il est difficile de continuer à vivre quand on perd quelqu’un qu’on aime autant.
Repensant a
u chagrin inconsolable de son frère, Jondalar eut l’impression qu’il le comprenait un peu mieux. Ayla avait peut-être raison... Après avoir elle-même tant souffert, elle devait savoir ce qu’on éprouvait en pareil cas. Thonolan avait du courage : il était intrépide et plein de fougue. Le courage d’Ayla était différent : elle ne se révoltait pas et, malgré ses souffrances, elle avait choisi de continuer à vivre.
Ayla n’arrivait pas à s’endormir. En entendant Jondalar remuer de l’autre côté du foyer, elle se demanda s’il dormait. Elle serait bien allée le rejoindre. Mais l’élan de tendresse qui les avait rapprochés un peu plus tôt semblait si fragile qu’elle craignait de le gâcher en lui demandant plus qu’il ne pouvait donner.
A la lueur des braises, elle apercevait la forme de son corps enveloppé dans les fourrures. Un de ses bras était sorti, ainsi que son mollet musclé, et son talon était posé sur le sol. Ayla le voyait bien plus distinctement quand elle fermait les yeux que quand elle regardait la forme allongée de l’autre côté du foyer. Ses longs cheveux blonds et raides retenus par une lanière à hauteur de la nuque, sa barbe d’un blond plus foncé et bouclée, ses yeux saisissants qui en disaient beaucoup plus long que ses paroles et ses grandes mains aux doigts sensibles lui apparaissaient alors bien plus clairement. Qu’il s’agisse de tailler un silex ou de caresser le poulain, il savait merveilleusement se servir de ses mains.
Comment un homme aussi fort et solide pouvait-il être aussi gentil ? Ayla avait senti la puissance de ses muscles quand il l’avait prise dans ses bras. Il ne semblait nullement honteux de montrer ses sentiments et de manifester son chagrin. Les hommes du Clan étaient plus réservés. Creb qui, Ayla le savait, l’aimait tendrement, ne se serait jamais laissé aller à exposer aussi ouvertement ses sentiments, même à l’intérieur des pierres qui délimitaient son foyer.