Surrealist, Lover, Resistant
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The waste of fortunes and the wash of tears
Deep in the woods the ruthless shining star
Nights of insanity and slain desires
My words were twisted like our love-affair
I murmured them when bleary midnight smeared
Its bony fingers on pale faces where
It dried moist eyes and left the make-up blurred
The sky was heavy then and shadowy
And chiming midnight guided to my bed
Pitiless women The anemone
Roused madness up more dismal than the dead
Blooms moulted petals on the fruits of fall
Perfumed the buds on compote-bowls below
On broken columns immemorial
The salt sea-breezes threw a glacier-glow
The porcelain’s pride these fragrances shall float
Through airy dining-rooms a place of peace
Persistent too the shining crystal salt
In shepherds’ airy overcoats of fleece
My kisses shall rejoin the prophesied
Tears and the solitude implacable
Sea-winds that blow on hearths unoccupied
And perfume dying in the compote-bowl
My loves have made a lasting mark on me
Like a wild horse that slips the gauchos’ snares
Regains the pampas and his liberty
Shows off his branded hide to all the mares
The siren singing to a carbon sky
With sweeping virile gestures out at sea
Where reefs rip barrels open, magicks, high
Into the whirlwinds’ heart, the anemone.
L’AVEUGLE
Les yeux clos elle allait dans un pays de nacre
Où la vie assumait la forme d’un croissant
C’était un jour de foire et les jeux de massacre
Retentissaient du rire et des cris des passants
Dans l’eau de l’océan les mines englouties
Recélaient des échos en place de trésors
Les ouvriers lâchant le manche des outils
Incendiaient les forêts et la nouvelle aurore
Répandue à grands flots se brisait aux murailles
La terre tressaillait à l’appel des volcans
Les sorciers découvraient dans le corps des volailles
Le mirage du ciel et d’impurs talismans
Chaque nuit éclairée par les aérolithes
Se déchirait sinistre avec un bruit d’accroc
Et les loups en hurlant surgissaient de leurs gîtes
Pour sceller les cailloux des marques de leurs crocs
Sans souci j’ai suivi le chemin de l’aveugle
Ses pieds trébuchaient sur les dalles des perrons
Mais ses doigts déchiffraient les mufles et les gueules
Des fauves effrayés par le bruit des clairons
Sa bouche ne savait ni chanson ni prière
Ses seins qu’avaient mordus d’anonymes amants
Saillaient sous le corsage et sous ses deux paupières
Deux miroirs reflétaient son attendrissement
Il fleurissait dans l’ombre en roses phosphoriques
Dans un parc de granit de flamme et de métal
Où jamais le refrain grotesque des cantiques
Ne troubla le silence immobile et fatal
Je n’oublierai jamais le docteur imbécile
Qui l’ayant délivré des nuits de cécité
Mourut en attendant avec un cœur tranquille
Qu’un archange joufflu vînt l’en féliciter
Mais avant d’évoquer au fond de ses prunelles
Un paysage absurde avec ses monuments
Le fer heurtant le fer en crachats d’étincelles
Et les menteurs levant la main pour les serments
Soyez bénis dit-elle au granit de son rêve
Soyez bénis dit-elle aux reflets des cristaux
Le voyage à bon port en cet instant s’achève
Au pied du sémaphore à l’ombre des signaux
Mais aujourd’hui n’est pas mon jour de délivrance
Ce n’est pas moi qu’on rend aux soirs et aux matins
Le rêve prisonnier de mon esprit s’élance
Comme un beau patineur chaussé de ses patins
La terre connaîtra mes cités ténébreuses
Mes spectres minéraux mon cœur sans dimension
Les lilas effeuillés la mort des tubéreuses
La danse que Don Juan et moi-même dansions
Que tous ferment les yeux au temps où mes yeux s’ouvrent
S’il n’est pas tout à moi que me fait l’univers
Avec ses Westminsters ses Kremlins et ses Louvres
Que m’importe l’amour si mon amant voit clair
Et ce soir célébrant notre mariage atroce
Je plongerai l’acier dans ses yeux adorés
Que mon premier baiser soit un baiser féroce
Et puis je guiderai ses pas mal assurés
Je finirai ma vie en veillant sur sa vie
Je le protégerai des maux et des dangers
Je couvrirai son corps contre l’intempérie
Et je prendrai la lettre aux mains du messager
Je lirai l’heure ardente au cadran de l’horloge
J’aurai pour lui des soins hideux et maternels
Je serai l’infirmière à qui vont les éloges
La maîtresse impérieuse aux ordres sans appel
Le soir qu’éclaboussaient les étoiles filantes
Se déplia comme un serpent sur les pays
Chaque fleur à son tour a fleuri sur les plantes
Et puis voici la mort qui n’a jamais failli
Lits éventrés nuit éternelle éclair des crimes
Incendie allumé dans la maison des fous
Voici venir l’amour du fin fond des abîmes
Voici venir l’amour lampes éteignez-vous!
BLIND
Wall-eyed the land she entered was of pearl
A crescent was life’s new morphology
Games of mass killing at a festival
Rang with the merry cries of passers-by
In subterranean mines the ocean pools
Held echoes but no treasure stashed away
While all the workers laid aside their tools
Burnt down the forest and the dawning day
Spilled in great waves and smashed against the walls
The earth was shaking at volcanoes’ cries
Magicians found in slaughtered birds’ entrails
Disgusting talismans deceitful skies
Night after night lit up by meteors
Burst open with an eerie rending squeal
And howling wolves came surging from their lairs
Scrunched pebbles with their tooth-marks for a seal
Unfazed I tailed the blind one on her course
On flights of flagstone steps her footsteps swerved
Her fingers traced the muzzles and the jaws
Of savage beasts that bugle-calls unnerved
Her lips knew neither songs nor litanies
Blemished by nameless lovers’ bites her breasts
Swelled in her bodice while about her eyes
Two mirrors signalled back her tenderness
Phosphorus roses were its blooms in shade
The park was formed of granite metal flame
Where hymns in uncouth chorus never made
A dent in the unmoving deathly calm
I won’t forget that doctor what a fool
Who freed her from the dark and sightless place
 
; Died happy waiting for a you’ve-done-well
From an archangel with a chubby face
Before she summoned up inside her eyes
The spitting sparks the crash of blade on blade
Memorials a land’s absurdities
An upraised hand by perjured oath betrayed
Bless you she murmured to her granite dream
Bless you she murmured now I sail no more
I’m safe in port she told the crystal gleam
Under the signals and the semaphore
But I’m not free I’m not set free today
Restored to dark and light to dusk and dawn
My spirit’s captive dream cavorts away
Like a fine skater with her ice-skates on
The earth shall know my towns fuliginous
Mineral ghosts my heart’s infinity
The moulted lilacs withered tuberose
The dance we always danced Don Juan and I
All eyes but mine must shut what good is all
The universe unless it’s all for me
What good are Louvre Kremlin and Whitehall
What good’s my loving if my love can see
Tonight to mark our worthless married bliss
I’ll plunge the steel in his beloved eyes
Then my first kiss shall be a savage kiss
And I shall guide his feet’s uncertainties
I’ll end my life in watching over his
Protect him from all danger and mischance
I’ll shield him from the weather’s vagaries
Collect the letter from the postman’s hands
I’ll care for him in vile maternal ways
Let the clock tell the time for us to feel
I’ll be the nurse who’s given all the praise
Imperious mistress brooking no appeal
The dusk was spattered splashed by shooting-stars
On plants each bloom in turn burst into bloom
Dusk snaked its coils across these lands of ours
Hullo here’s death inevitable doom
Slit guts of beds and everlasting night
The flash of crimes the madhouse set on fire
Love enters in from the deep infinite
Love enters in. Burn out, you lamps, expire!
MOUCHOIRS AU NADIR
Comme l’espace entre eux devenait plus opaque
Le signe des mouchoirs disparut pour jamais
Eux c’était une amante aux carillons de Pâques
Qui revenait de Rome et que l’onde animait
Eux c’était un amant qui partait vers la nuit
Érigée sur la route au seuil des capitales
Eux c’était la rivière et le miroir qui fuit
La porte du sépulcre et le cœur du crotale
Combien d’oiseaux combien d’échos combien de flammes
Se sont unis au fond des lits de cauchemars
Combien de matelots ont-ils brisé leurs rames
En les trempant dans l’eau hantée par les calmars
Combien d’appels perdus à travers les déserts
Avant de se briser aux portes de la ville
Combien de prêtres morts pendus à leurs rosaires
Combien de trahisons dans les guerres civiles
Le signe des mouchoirs qui se perd dans les nuages
Aux ailes des oiseaux fait ressembler le lin
Les filles à minuit contemplent son image
Vol de mouette apparue dans le miroir sans tain
Les avirons ne heurtent plus les flots du port
Les cloches vendredi ne partent plus pour Rome
Tout s’est tu puisqu’un soir l’au revoir et la mort
Ont échangé le sel et le vin et la pomme
Les astres sont éteints au zénith qui les porte
Ô Zénith ô Nadir ô ciel tous les chemins
Conduisent à l’amour marqué sur chaque porte
Conduisent à la mort marquée dans chaque main
Ô Nadir je connais tes parcs et ton palais
Je connais ton parfum tes fleurs tes créatures
Tes sentiers de vertige où passent les mulets
Du ciel les nuages blancs du soir à l’aventure
Ô Nadir dans ton lit de torrent et cascades
Le négatif de celle aimée la seule au ciel
Se baigne et des troupeaux lumineux de dorades
Paissent l’azur sous les arceaux de l’arc-en-ciel
Ni vierge ni déesse et posant ses deux pieds
Sur le croissant de lune et l’anneau des planètes
Dans le ronronnement de tes rouages d’acier
Hors du champ tumultueux fouillé par les lunettes
Vieux Nadir ô pavé au col pur des amantes
Est-ce dans ta volière au parc des étincelles
Qu’aboutissent les vols de mouchoirs et la menthe
L’herbe d’oubli dans tes gazons resplendit-elle?
HANDKERCHIEFS AT THE NADIR
The space between them getting more opaque
The waving hanky sign was gone for good
They were a sweetheart Easter bells brought back
From Rome, excited by the tidal flood
They were a lover heading for the night
Raised on the road where mighty cities start
They were the mirror and the stream in flight
From cemetery gate and rattler’s heart
In depth of nightmare beds how many birds
How many echoes and how many fires
How many sailors dipped and broke their oars
Deep in the watery haunts of calamars
How many deserts lost how many cries
Before they shattered on the city doors
How many priests hanged by their rosaries
How many treasons in the civil wars
The hanky sign is lost behind the clouds
Linen like birds’ wings vanishing from sight
Observed by studious girls through wakeful hours
In the untarnished glass a seagull’s flight
The oars no longer lap along the staithe
And Rome no longer gets her Friday bell
It’s all gone silent since the night that Death
Swapped wine and salt and apples with Farewell
The stars that ride the Zenith shine no more
O Zenith Nadir sky the paths all tend
Towards the love that’s marked on every door
Towards the death that’s marked on every hand
Nadir I know your parks your palace too
I know your flowers your creatures and your musk
Your paths of vertigo and derring-do
For mules in heaven for white clouds at dusk
O Nadir in your leaping torrents’ bed
The negative of her the sky’s one love
Bathes where the shining shoals of bream have fed
On azure blue beneath the rainbows’ curve
No virgin and no goddess feet set wide
On crescent moon and planetary disc
Within your steel cogs’ purring and outside
The field of strife that lunar lenses frisk
Old Nadir, paving on pure neck of love,
Is it your birdcage on the lawns of sparks
That lures the fluttering hankies while the herb
Mint of forgetfulness gleams in your grass?
DE SILEX ET DE FEU
Éraillé béant abritant peste et démence
Il arrive il pénètre au port le paquebot
Hors de son flanc comme l’intestin d’une panse
La cargaison étonnem
ent des cachalots
Est partie à la dérive au sommet du mât
Flotte un pavillon noir Écartez-vous voilures
Tout l’équipage mort moisit dans les hamacs
Proie de l’épidémie aux yeux de pourriture
Sur l’épaule inclinant le manche de sa faux
Tout à l’heure à midi des bureaux sanitaires
L’épouvante danseuse étique aux bijoux faux
Paraîtra saluée par les cris des fonctionnaires
Déjà le feu pétille il est trop tard trop tard
Le ciel contemple les gestes des sémaphores