Surrealist, Lover, Resistant
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Lasses all with modest eye
When he reached them up ahead
Bravo Toro! the fairest said
Bravo Toro! the fairest said
Here’s my body and my soul
Here’s my love unlimited
Hugs and kisses twists of gold
He was loved by two insane
Ladies with no brain in Spain
Are you the one I surnamed the obscure
With your great flares at mountains’ foot aflame
Your streets and precincts and that cynosure
The midnight lady-love without a name
Her body sketched perhaps across the skies
By some astronomer who joined the stars
Joined dot to dot on charts of galaxies
Her body goaded nations into wars
In orchards of the sky she promenades
Unheard and plucks the fruit of starry trees
Watched by the suns that rear on colonnades
Beneath their fiery pillars she proceeds
The sky in turn reduced to sailors’ lore
Rejoins the sea there’s none it shall be said
The crystal moons are stranded on the shore
Where lie the wreck the rigging and the dead
Plague sailors stars and waves and reefs and boat
The phantom boat the plague the milky way
The portholes’ shabby eyes shall meet their fate
In quicksands with the statues’ fine display
What night was worth the closing of our eyes
We roamed their golden gardens and we heard
The frightened ocean yes our lifeblood rise
Hammering for the cruel ones we loved.
LE POÈME À FLORENCE
Comme un aveugle s’en allant vers les frontières
Dans les bruits de la ville assaillie par le soir
Appuie obstinément aux vitres des portières
Ses yeux qui ne voient pas vers l’aile des mouchoirs
Comme ce rail brillant dans l’ombre sous les arbres
Comme un reflet d’éclair dans les yeux des amants
Comme un couteau brisé sur un sexe de marbre
Comme un législateur parlant à des déments
Une flamme a jailli pour perpétuer Florence
Non pas celle qui haute au détour d’un chemin
Porta jusqu’à la lune un appel de souffrance
Mais celle qui flambait au bûcher quand les mains
dressées comme cinq branches d’une étoile opaque
attestaient que demain surgirait d’aujourd’hui
Mais celle qui flambait au chemin de saint Jacques
Quand la déesse nue vers le nadir a fui
Mais celle qui flambait aux parois de ma gorge
Quand fugitive et pure image de l’amour
Tu surgis tu partis et que le feu des forges
Rougeoyait les sapins les palais et les tours
J’inscris ici ton nom hors des deuils anonymes
Où tant d’amantes ont sombré corps âme et biens
Pour perpétuer un soir où dépouilles ultimes
Nous jetions tels des os nos souvenirs aux chiens
Tu fonds tu disparais tu sombres mais je dresse
au bord de ce rivage où ne brille aucun feu
Nul phare blanchissant les bateaux en détresse
Nulle lanterne de rivage au front des bœufs
Mais je dresse aujourd’hui ton visage et ton rire
Tes yeux bouleversants ta gorge et tes parfums
Dans un olympe arbitraire où l’ombre se mire
dans un miroir brisé sous les pas des défunts
Afin que si le tour des autres amoureuses
Venait avant le mien de s’abîmer tu sois
Et l’accueillante et l’illusoire et l’égareuse
la sœur de mes chagrins et la flamme à mes doigts
Car la route se brise au bord des précipices
je sens venir les temps où mourront les amis
Et les amantes d’autrefois et d’aujourd’hui
Voici venir les jours de crêpe et d’artifice
Voici venir les jours où les œuvres sont vaines
où nul bientôt ne comprendra ces mots écrits
Mais je bois goulûment les larmes de nos peines
quitte à briser mon verre à l’écho de tes cris
Je bois joyeusement faisant claquer ma langue
le vin tonique et mâle et j’invite au festin
Tous ceux-là que j’aimai. Ayant brisé leur cangue
qu’ils viennent partager mon rêve et mon butin
Buvons joyeusement! chantons jusqu’à l’ivresse!
nos mains ensanglantées aux tessons des bouteilles
Demain ne pourront plus étreindre nos maîtresses.
Les verrous sont poussés au pays des merveilles.
THE POEM TO FLORENCE
Like a blind man with border-posts to pass
And noises of a town that dusk aggrieves
Stubbornly pressing to the carriage glass
His sightless eyes towards winged handkerchieves
Like the rail glinting in the shade of trees
Lightning that lovers’ eyes reflect again
Knife trashed on marble sex of effigies
A statesman who addresses the insane
A flame flared up that Florence may live on
Not that which high above the journey’s bends
Carried a cry of anguish to the moon
But that which flamed on funeral-pyres when hands
Like a dark star’s five branches were upraised
Tomorrow rises from today they said
But that which flamed along the milky road
When the nude goddess to the nadir fled
But that which flamed on walls about my gorge
When you love’s image fugitive and pure
Rose up and left us and the glowing forge
Cast a red light on palace tower and fir
I carve your name and shun that nameless dirge
For sea-drowned lovers body soul and goods
I mark that night we sloughed our full discharge
And threw our memories like bones to dogs
You melt you sink you vanish but I raise
Beside this haven where no signal glows
No lighthouse blanching vessels in distress
No harbour-lanterns hung on heads of cows
I raise today your laughter and your face
Your stunning eyes your throat your wafting scents
Shade in a mirror smashed by ghosts who pace
On some Olympus of inconsequence
So if the turn of other sweethearts came
Before my own to perish, you shall play
My sorrows’ sister and my fingers’ flame
Shall welcome and deceive and lead astray
For the road’s breaking up on the precipice-rim
The time is at hand when my friends have to die
My loves of the past and my loves of this time
The days of black crepe and contrivance are nigh
The time is at hand when these works are in vain
When none can make sense of these readable runes
But I greedily swallow the tears of our pain
Short of breaking my glass on your echoing groans
I am drinking with joy and a smack of the tongue
A manly strong wine I invite to the party
All those whom I loved having broken their kang
Let them come and partake of my dream and my booty
Let’s drink up with
joy, draining songs to the lees!
The sharp broken bottles have bloodied our hand
So tomorrow we can’t give our darlings a squeeze
The gates have been bolted on wonderland.
kang – pillory
THE NIGHT OF LOVELESS NIGHTS
Nuit putride et glaciale, épouvantable nuit,
Nuit du fantôme infirme et des plantes pourries,
Incandescente nuit, flamme et feu dans les puits,
Ténèbres sans éclairs, mensonges et roueries.
Qui me regarde ainsi au fracas des rivières?
Noyés, pêcheurs, marins? Éclatez les tumeurs
Malignes sur la peau des ombres passagères,
Ces yeux m’ont déjà vu, retentissez clameurs!
Le soleil ce jour-là couchait dans la cité
L’ombre des marronniers au pied des édifices,
Les étendards claquaient sur les tours et l’été
Amoncelait ses fruits pour d’annuels sacrifices.
Tu viens de loin, c’est entendu, vomisseur de couleuvres,
Héros, bien sûr, assassin môme, l’amoureux
Sans douleur disparaît, et toi, fils de tes œuvres,
Suicide, rougis-tu du désir d’être heureux?
Fantôme, c’est ma glace où la nuit se prolonge
Parmi les cercueils froids et les cœurs dégouttants,
Amour cuit et recuit comme une fausse oronge
Et l’ombre d’une amante aux mains d’un impotent.
Et pourtant tu n’es pas de ceux que je dédaigne.
Ah! serrons-nous les mains, mon frère, embrassons-nous
Parmi les billets doux, les rubans et les peignes,
La prière jamais n’a sali tes genoux.
Tu cherchais sur la plage au pied des rochers droits
La crique où vont s’échouer les étoiles marines:
C’était le soir, des feux à travers le ciel froid
Naviguaient et, rêvant au milieu des salines,
Tu voyais circuler des frégates sans nom
Dans l’éclaboussement des chutes impossibles.
Où sont ces soirs? Ô flots rechargez vos canons
Car le ciel en rumeur est encombré de cibles.
Quel destin t’enchaîna pour servir les sévères,
Celles dont les cheveux charment les colibris,
Celles dont les seins durs sont un fatal abri
Et celles dont la nuque est un nid de mystère,
Celles rencontrées nues dans les nuits de naufrage,
Celles des incendies et celles des déserts,
Celles qui sont flétries par l’amour avant l’âge,
Celles qui pour mentir gardent les yeux sincères,
Celles au cœur profond, celles aux belles jambes,
Celles dont le sourire est subtil et méchant,
Celles dont la tendresse est un diamant qui flambe
Et celles dont les reins balancent en marchant,
Celles dont la culotte étroite étreint les cuisses,
Celles qui, sous la jupe, ont un pantalon blanc
Laissant un peu de chair libre par artifice
Entre la jarretière et le flot des volants,
Celles que tu suivis dans l’espoir ou le doute,
Celles que tu suivis ne se retournaient pas
Et les bouquets fanés qu’elles jetaient en route
T’entraînèrent longtemps au hasard de leurs pas
Mais tu les poursuivras à la mort sans répit,
Les yeux las de percer des ténèbres moroses,
De voir lever le jour sur le ciel de leur lit
Et d’abriter leur ombre en tes prunelles closes.
Une rose à la bouche et les yeux caressants
Elles s’acharneront avec des mains cruelles
À torturer ton cœur, à répandre ton sang
Comme pour les punir d’avoir battu pour elles.
Heureux s’il suffisait, pour se faire aimer d’elles,
D’affronter sans faiblir des dangers merveilleux
Et de toujours garder l’âme et le cœur fidèle
Pour lire la tendresse aux éclairs de leurs yeux,
Mais les plus audacieux, sinon les plus sincères,
Volent à pleine bouche à leur bouche un aveu
Et devant nos pensées, comme aux proues les chimères,
Resplendit leur sourire et flottent leurs cheveux.
Car l’unique régit l’amour et ses douleurs,
Lui seul a possédé les âmes passionnées
Les uns s’étant soumis à sa loi par malheur
N’ont connu qu’un bourreau pendant maintes années.
D’autres l’ont poursuivi dans ses métamorphoses:
Après les yeux très bleus voici les yeux très noirs
Brillant dans un visage où se flétrit la rose,
Plus profonds que le ciel et que le désespoir.
Maître de leur sommeil et de leurs insomnies
Il les entraîne en foule, à travers les pays,
Vers des mers éventrées et des épiphanies…
La marée sera haute et l’étoile a failli.
Quelqu’un m’a raconté que, perdu dans les glaces,
Dans un chaos de monts, loin de tout océan,
Il vit passer, sans heurt et sans fumée, la masse
Immense et pavoisée d’un paquebot géant.
Des marins silencieux s’accrochaient aux cordages
Et des oiseaux gueulards volaient dans les haubans
Des danseuses rêvaient au bord des bastingages
En robes de soirée et coiffées de turbans.
Les bijoux entouraient d’étincelles glaciales
Leur gorge et leurs poignets et de grands éventails
De plumes, dans leurs mains, claquaient vers des escales
Où les bals rougissaient les tours et les portails.
Les danseurs abîmés dans leur mélancolie
En songe comparaient leurs désirs à l’acier.
C’était parmi les monts, dans un soir de folie,
De grands nuages coulaient sur le flanc des glaciers.
Un autre découvrit, au creux d’une clairière,
Un rosier florissant entouré de sapins.
Combien a-t-il cueilli de roses sanguinaires
Avant de s’endormir sous la mousse au matin?
Mais ses yeux ont gardé l’étrange paysage
Inscrit sur leur prunelle et son cœur incertain
A choisi pour cesser de battre sans courage
Ce lieu clos par l’odeur de la rose et du thym.
Du temps où nous chantions avec des voix vibrantes
Nous avons traversé ces pays singuliers
Où l’écho répondait aux questions des amantes
Par des mots dont le sens nous était familier.
Mais, depuis que la nuit s’écroule sur nos têtes,
Ces mots ont dans nos cœurs des accents mystérieux
Et quand un souvenir parfois nous les répète
Nous désobéissons à leur ordre impérieux.
Entendez-vous chanter des voix dans les montagnes
Et retentir le bruit des cors et des buccins?
Pourquoi ne chantons-nous que les refrains du bagne
Au son d’un éternel et lugubre tocsin?
Serait-ce pas Don Juan qui parcourt ces allées
Où l’ombre se marie aux spectres de l’amour?
Ce pas qui retentit dans les nuits désolées
A-t-il marqué les cœurs avec un talon lourd?
Ce n’est pas le Don Juan qui descend impassible
L’escalier ruissel
ant d’infernales splendeurs
Ni celui qui crachait aux versets de la Bible
Et but en ricanant avec le commandeur.
Ses beaux yeux incompris n’ont pas touche les cœurs,
Sa bouche n’a connu que le baiser du rêve,
Et c’est celui que rêve en de sombres ardeurs
Celle qui le dédaigne et l’ignore et sans trêve
Heurte ses diamants froids, ses lèvres sépulcrales,
Sa bouche silencieuse à sa bouche et ses yeux,
Ses yeux de sphinx cruels et ses mains animales