Surrealist, Lover, Resistant
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The flotsam is still there embedded in the sand, its rusty weapons alluring as an octopus.
A gigantic oyster yawns and shows its gigantic pearl in whose rising the lobster and the crab part the algae like a virgin forest.
Once upon a time there was a wandering alga.
Once upon a time there was a queen and a kidney
in draughts of tulle and tussore,
An alga that had seen many things, many reprehensible deeds,
Many suns going down,
Many mermaids going down.
It roved for adventure, dreaming of resedas bored in their clay pot, on the windowsill of old maids wrinkled by abstinence and regretted youth.
Propellers had destroyed the branches and magic seeds of this alga which was slowly dissolving to rottenness in the salt water.
A flying fish spoke to it: “Good morning, alga.”
Because you may have a flying fish speaking, but perhaps not an alga lost at large, detached from its unknown shallows, and subject to the phenomena of dissolution and germination.
The mermaid, I lose her, I think I do, but I always find her again, the mermaid swims towards the beach, enters the forest of the mortal rosebush and, there, she meets the hideous bird, the mute bird and, for a day or a thousand years, teaches it to sing, transfiguring the creature.
The trees lean tall over this encounter and unknown flags bloom in their foliage.
Ferns, razors, lost kisses, it all crumbles and is reborn on a
lovely morning while, on a secluded path, leaving on the grass the charts of a certain success, the mermaid heads for the beach from which she started this disjointed tale.
Back to the beach at the foot of the castle
The sea is back in its bed
The star isn’t shining now but its place, discoloured like an old frock, has a sinister glow.
Back to the beach
Back to the bottle
Resting there
The drunk puts back the cork
The sky is calm.
Everything will fall asleep to the sound of the foam-whitened ebb and flow.
O nothing can part the mermaid from the seahorse.
Nothing can undo this union
Nothing
It’s night
All is asleep or else pretending.
Don’t handle this book lightly
lightly lightly lightly lightly.
I know what it means better than anyone.
I know where I’m going,
It won’t always be fun.
But love and I
will have wished it so.
1934-37
LES QUATRE SANS COU
Ils étaient quatre qui n’avaient plus de tête,
Quatre à qui l’on avait coupé le cou,
On les appelait les quatre sans cou.
Quand ils buvaient un verre,
Au café de la place ou du boulevard,
Les garçons n’oubliaient pas d’apporter des entonnoirs.
Quand ils mangeaient, c’était sanglant,
Et tous quatre chantant et sanglotant,
Quand ils aimaient, c’était du sang.
Quand ils couraient, c’était du vent,
Quand ils pleuraient, c’était vivant,
Quand ils dormaient, c’était sans regret.
Quand ils travaillaient, c’était méchant,
Quand ils rôdaient, c’était effrayant,
Quand ils jouaient, c’était différent,
Quand ils jouaient, c’était comme tout le monde,
Comme vous et moi, vous et nous et tous les autres,
Quand ils jouaient, c’était étonnant.
Mais quand ils parlaient, c’était d’amour.
Ils auraient pour un baiser
Donné ce qui leur restait de sang.
Leurs mains avaient des lignes sans nombre
Qui se perdaient parmi les ombres
Comme des rails dans la forêt.
Quand ils s’asseyaient, c’était plus majestueux que des rois
Et les idoles se cachaient derrière leurs croix
Quand devant elles ils passaient droits.
On leur avait rapporté leur tête
Plus de vingt fois, plus de cent fois,
Les ayants retrouvés à la chasse ou dans les fêtes,
Mais jamais ils ne voulurent reprendre
Ces têtes où brillaient leurs yeux,
Où les souvenirs dormaient dans leur cervelle.
Cela ne faisait peut-être pas l’affaire
Des chapeliers et des dentistes.
La gaieté des uns rend les autres tristes.
Les quatre sans cou vivent encore, c’est certain.
J’en connais au moins un
Et peut-être aussi les trois autres.
Le premier, c’est Anatole,
Le second, c’est Croquignole,
Le troisième, c’est Barbemolle,
Le quatrième, c’est encore Anatole.
Je les vois de moins en moins,
Car c’est déprimant, à la fin,
La fréquentation des gens trop malins.
1934-37
THE FOUR CUT NECKS
They were four without their heads,
Four who’d had their necks cut,
Known as the four cut necks.
When they took a drink
In the café on the square or the boulevard
The waiters remembered to bring funnels.
When they ate, it was bloody,
And all four singing and sobbing,
When they made love, it was blood.
When they ran, it was wind.
When they wept, it was alive.
When they slept, it was with no regrets.
When they worked, it was naughty.
When they prowled, it was scary.
When they played, it was extraordinary.
When they played, it was like everybody,
Like you and me, you and us and all the others,
When they played, it was uncanny.
But when they spoke, it was of love.
For a kiss they would have
Given away what blood they had left.
Lines on their hands most numerous
Ran into regions tenebrous
Like railway tracks in greenery.
They sat like kings, most royally
And idols cowered fearfully
Behind a cross, when they passed by.
A score of times, a hundred times,
People had brought them back their heads,
Found while out shooting, or at fêtes.
But they would never take them back,
Those heads from which their eyes shone out,
Those brains with memories asleep.
This hardly served the interests
Of dental specialists and hatters.
What’s fun for some is sad for others.
The four cut necks are still alive, for sure.
I know at least one,
Possibly the other three.
The first is Anatole.
The second is Cracknole.
The third is Baby-jowl.
The fourth is again Anatole.
I find I see them less and less.
People of too much artfulness,
In time, are certain to depress.
COMME
Come, dit l’Anglais à l’Anglais, et l’Anglais vient.
Côme, dit le chef de gare, et le voyageur qui vient dans cette ville descend du train, sa valise à la main.
Come, dit l’autre, et il mange.
Comme,
je dis comme et tout se métamorphose, le marbre en eau, le ciel en orange, le vin en plaine, le fil en six, le cœur en peine, la peur en seine.
Mais si l’Anglais dit as, c’est à son tour de voir le monde changer de forme à sa convenance.
Et moi je ne vois plus qu’un signe unique sur une carte
L’as de cœur si c’est en février,
L’as de carreau et l’as de trèfle, misère en Flandre,
L’as de pique aux mains des aventuriers.
Et si cela me plait à moi de vous dire machin,
Pot à eau, mousseline et potiron.
Que l’Anglais dise machin,
Que machin dise le chef de gare,
Machin dise l’autre,
Et moi aussi.
Machin.
Et même machin chose.
Il est vrai que vous vous en foutez
Que vous ne comprenez pas la raison de ce poème.
Moi non plus d’ailleurs.
Poème, je vous demande un peu?
Poème? je vous demande un peu de confiture,
Encore un peu de gigot,
Encore un petit verre de vin
Pour nous mettre en train…
Poème, je ne vous demande pas l’heure qu’il est,
Poème, je ne vous demande pas si votre beau-père est poilu comme un sapeur.
Poème, je vous demande un peu…?
Poème, je ne vous demande pas l’aumône,
Je vous la fais.
Poème, je ne vous demande pas l’heure qu’il est,
Je vous la donne.
Poème, je ne vous demande pas si vous allez bien,
Cela se devine.
Poème, poème, je vous demande un peu…
Je vous demande un peu d’or pour être heureux avec celle que j’aime.
LIKE
Laïque says Frenchman to Frenchman civil as you like.
Lake? says Como stationmaster, and toting his bag, tripper trips up skipper’s gangplank.
Leica tourist he’s snap-happy he clicks away.
Lick, says someone, and he likes eating.
Like I say like and everything is metamorphosed. Marble into water, sky into sturmers, wines into bottlefields, liquors into slickers, heart into hurtbeat, fright into stageflight.
But when the Englishman says “as”, it’s his turn to watch the world change shape to his taste.
And me I see just one aspect one sign on a playing-card,
The ace of hearts assuming it’s February,
The ace of diamonds and the ace of clubs in astounding ’Asselt, astringent Asturias,
The ace of spades assaulted by astronauts.
And what if I fancy saying “whatsit” to you,
Pitcher mashed potato pumpkin.
Let the Englishman say whatsit,
Say whatsit the stationmaster,
Say whatsit what’s his name,
And me as well.
Whatsit.
And even whatsit thingummy.
Frankly you don’t give a damn
You don’t get the point of this poem.
Me neither as it goes.
Poem I’d like a bit?
Poem? I’d like a bit of jam,
A bit more lamb,
Another little glass of wine
To get us into the swing…
Poem I’m not asking you what the time is.
Poem I’m not asking if your good lady’s daddy’s as hairy as a navvy’s navel.
Poem I’d like a bit…?
Poem I’m not looking for charity,
I’m giving it.
Poem I’m not asking you what the time is,
I’m telling you.
Poem I’m not asking if you’re well,
I can guess.
Poem poem I’d like a bit…
A bit of gold to make us happy, me and my love.
SUR LA RADIO
COMPLAINTE DE FANTÔMAS
Écoutez,… Faites silence
La triste énumération
De tous les forfaits sans nom,
Des tortures, des violences
Toujours impunis, hélas!
Du criminel Fantômas.
Lady Beltham, sa maîtresse,
Le vit tuer son mari
Car il les avait surpris
Au milieu de leurs caresses.
Il coula le paquebot
Lancaster au fond des flots.
Cent personnes il assassine
Mais Juve aidé de Fandor
Va lui faire subir son sort
Enfin sur la guillotine…
Mais un acteur, très bien grimé,
À sa place est exécuté.
Un phare dans la tempête
Croule, et les pauvres bateaux
Font naufrage au fond de l’eau.
Mais surgissent quatre têtes:
Lady Beltham aux yeux d’or,
Fantômas, Juve et Fandor.
Le monstre avait une fille
Aussi jolie qu’une fleur.
La douce Hélène au grand cœur
Ne tenait pas de sa famille,
Car elle sauva Fandor
Qu’était condamné à mort.
En consigne d’une gare
Un colis ensanglanté!
Un escroc est arrêté!
Qu’est devenu le cadavre?
Le cadavre est bien vivant
C’est Fantômas, mes enfants!
Prisonnier dans une cloche
Sonnant un enterrement
Ainsi mourut son lieutenant.
Le sang de sa pauv’ caboche
Avec saphirs et diamants
Pleuvait sur les assistants.
Un beau jour des fontaines
Soudain chantèr’nt à Paris.
Le monde était surpris,
Ignorant que ces sirènes
De la Concorde enfermaient
Un roi captif qui pleurait.
Certain secret d’importance
Allait être dit au tzar.
Fantômas, lui, le reçut car
Ayant pris sa ressemblance
Il remplaçait l’empereur
Quand Juv’ l’arrêta sans peur.
Il fit tuer par la Toulouche,
Vieillarde aux yeux dégoûtants,
Un Anglais à grands coups de dents
Et le sang remplit sa bouche.
Puis il cacha un trésor
Dans les entrailles du mort.
Cette grande catastrophe
De l’autobus qui rentra
Dans la banque qu’on pilla
Dont on éventra les coffres…
Vous vous souvenez de ça…
Ce fut lui qui l’agença.
La peste en épidémie
Ravage un grand paquebot
Tout seul au milieu des flots.
Quel spectacle de folie!
Agonies et morts hélas!
Qui a fait ça? Fantômas.
Il tua un cocher de fiacre.
Au siège il le ficela
Et roulant cahin-caha,
Malgré les clients qui sacrent,
Il ne s’arrêtait jamais
L’ fiacre qu’un mort conduisait.
Méfiez-vous des roses noires,
Il en sort une langueur
Épuisante et l’on en meurt.
C’est une bien sombre histoire
Encore un triste forfait
De Fantômas en effet!
Il assassina la mère
De l’héroïque Fandor.
Quelle injustice du sort
Doule
ur poignante et amère…
Il n’avait donc pas de cœur,
Cet infâme malfaiteur!
Du Dôme des Invalides
On volait l’or chaque nuit.
Qui c’était? mais c’était lui,
L’auteur de ce plan cupide.
User aussi mal son temps
Quand on est intelligent!
À la Reine de Hollande
Même, il osa s’attaquer.
Juve le fit prisonnier
Ainsi que toute sa bande.
Mais il échappa pourtant
À un juste châtiment.
Pour effacer sa trace
Il se fit tailler des gants
Dans la peau d’un trophée sanglant,