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Les refuges de pierre

Page 85

by Jean M. Auel


  — Lanidar dit qu’elle n’arrête pas de pleurer.

  — Je sais que la nouvelle a été un choc pour elle, mais je pensais qu’elle s’en remettrait. Après tout, elle n’allaite pas Lorala, elle n’est même pas encore femme. Elle ne compte que onze ans.

  Ayla se rappela qu’elle en comptait moins de douze quand elle avait donné naissance à Durc et qu’elle n’avait pu se résoudre à l’abandonner. Elle aurait préféré mourir. Quand elle n’avait plus eu de lait, les femmes du Clan avaient nourri Durc, mais elle n’en demeurait pas moins sa mère. Elle regrettait encore d’avoir dû le laisser quand on l’avait chassée du Clan. Elle avait voulu l’emmener. Seule sa crainte de ce qu’il deviendrait si elle mourait l’avait convaincue de s’en séparer. Elle avait beau savoir qu’Uba prenait soin de lui et l’aimait comme son enfant, elle avait toujours mal chaque fois qu’elle pensait à lui. Elle ne s’était jamais remise de cette séparation et ne voulait pas que Lanoga connaisse la même souffrance.

  — Ce n’est pas de donner le sein qui fait d’une femme une mère, argua-t-elle. Et ce n’est pas une question d’âge. Regarde Janida. Elle n’est pas beaucoup plus âgée mais personne ne songerait à lui prendre son bébé.

  — Janida a un compagnon, et il jouit d’un bon statut, qui plus est. Le bébé naîtra au foyer de cet homme, qui en sera responsable, et, même si leur union ne dure pas, d’autres Zelandonii ont déjà fait savoir qu’ils sont tout disposés à la prendre pour compagne. Elle a un rang élevé, elle est jolie, elle est enceinte. J’espère que Peridal se rend compte de sa chance. Sa mère cause déjà des ennuis. Elle est allée les voir pendant leur période d’essai et a essayé de persuader son fils de renoncer à cette union.

  Proleva s’interrompit : elle aurait le temps d’en parler plus tard.

  — Mais Lanoga n’est pas Janida, ajouta-t-elle.

  — Non, Lanoga ne jouit pas d’autant de faveurs. Elle les mérite, pourtant. On ne passe pas près d’une année à s’occuper d’un enfant sans s’attacher à lui. Lorala est la fille de Lanoga, maintenant, elle n’est plus à Tremeda. Lanoga est jeune mais elle fait une excellente mère.

  — Bien sûr, acquiesça Proleva. C’est justement pour cela. C’est une fille merveilleuse qui fera une merveilleuse mère un jour. Si elle en a la possibilité. Mais quand elle sera en âge de s’unir, quel homme voudra prendre aussi sa petite sœur, non comme une seconde compagne, mais comme une enfant dont il serait responsable bien qu’elle ne soit pas née à son foyer ? Lanoga a déjà contre elle le foyer dont elle est issue. J’ai bien peur que les seuls hommes disposés à la choisir soient du même acabit que Laramar. J’aimerais qu’elle ait une chance d’avoir une vie meilleure.

  Ayla était convaincue que Proleva avait raison, qu’elle se souciait sincèrement de l’intérêt de Lanoga et qu’elle ferait tout pour l’aider, mais elle savait ce que la fillette éprouverait si elle perdait Lorala.

  — Lanoga n’a pas à s’en faire pour trouver un compagnon, intervint Lanidar.

  Ayla et Proleva avaient presque oublié sa présence. Jondalar fut surpris, lui aussi. Il avait suivi la discussion des deux femmes et trouvait des arguments valables des deux côtés.

  — J’apprendrai à chasser, j’apprendrai à faire l’appelant, poursuivit le petit garçon, et quand je serai grand je prendrai Lanoga pour compagne, je l’aiderai à s’occuper de Lorala, et de tous ses frères et sœurs, si elle veut. Je lui ai déjà demandé, elle est d’accord. C’est la seule fille que je connaisse qui s’en moque, que j’aie le bras comme ça, et je ne crois pas que ça dérangera sa mère non plus.

  Ébahies, Ayla et Proleva regardèrent le jeune garçon puis échangèrent un coup d’œil comme pour s’assurer qu’elles avaient entendu la même chose. En fait, ce ne serait pas une mauvaise idée, surtout si cela encourageait Lanidar à acquérir certains talents pour améliorer sa situation. Lanoga et lui étaient tous deux de gentils enfants, étonnamment mûrs pour leur âge. Bien sûr, ils étaient jeunes et pouvaient changer d’avis, mais, d’un autre côté, quel autre choix s’offrirait à l’un ou à l’autre ?

  — Alors, ne donnez pas le bébé de Lanoga à une autre femme, conclut Lanidar. Je n’aime pas la voir pleurer.

  — Elle aime vraiment beaucoup cet enfant, et la Neuvième Caverne est prête à l’aider, souligna Ayla. Pourquoi ne pas laisser les choses comme elles sont ?

  — Que vais-je dire à la femme qui devait la prendre ? s’interrogea Proleva à voix haute.

  — Simplement que la mère de Lorala ne veut pas renoncer à elle. C’est d’ailleurs la vérité : Tremeda n’est pas sa mère ; sa mère, c’est Lanoga. Si cette femme veut vraiment un bébé, elle finira bien par en avoir un, soit un enfant à elle, soit un autre bébé qui aura besoin d’une mère. Les Zelandonii ont beaucoup de Cavernes et sont très nombreux. Il se passe tout le temps quelque chose. Jamais je n’ai vu autant de changements !

  Presque tous les membres de la Neuvième Caverne des Zelandonii et de la Première Caverne des Lanzadonii participèrent à la grande fête organisée en commun pour célébrer les Matrimoniales du frère du chef de l’une et de la fille du foyer du chef de l’autre, qui étaient par ailleurs apparentés. Il s’avéra que deux autres membres de la Neuvième s’étaient unis à des Zelandonii d’autres Cavernes. Proleva l’apprit et veilla à ce qu’ils soient intégrés à la célébration. Une jeune femme nommée Tishona avait pris pour compagnon Marsheval de la Quatorzième Caverne et irait vivre avec lui. Une autre femme un peu plus âgée, Dynoda, avait quitté la Caverne puis donné naissance à un fils, mais elle avait rompu le lien avec son ancien compagnon et noué une nouvelle relation avec Jacsoman de la Septième Caverne. Ils reviendraient vivre à la Neuvième Caverne. Dynoda voulait se rapprocher de sa mère, qui était malade.

  Des membres d’autres Cavernes vinrent aussi présenter leurs vœux de bonheur. Levela et Jondecam, ainsi que Velima, la mère de la jeune femme et de Proleva, passèrent une bonne partie de la journée avec les couples nouvellement unis, ce qui fit grand plaisir à Ayla et Jondalar, à Joplaya et Echozar. La mère et l’oncle de Jondecam vinrent également les féliciter.

  Ayla et Jondalar furent contents de voir Kimeran, qui leur était à présent apparenté de manière lointaine par la compagne de son neveu, sœur de la compagne du frère de Jondalar. Ayla se perdait dans ces liens complexes mais sembla très heureuse de voir la mère de Jondecam, Zelandoni de la Deuxième Caverne. Pour une raison quelconque, elle était ravie de rencontrer une Zelandoni qui avait des enfants, en particulier un fils aussi amical et sûr de lui que Jondecam.

  Janida et Peridal passèrent eux aussi une grande partie de la journée à la Neuvième Caverne, en l’absence – très remarquée – de la mère du jeune homme. Projetant de quitter la Vingt-Neuvième Caverne, ils sondèrent Kimeran et Joharran pour savoir si la Deuxième ou la Neuvième Caverne accepterait de les accueillir. Jondalar était certain que l’une ou l’autre y consentirait. La Première en avait déjà parlé au chef et au Zelandoni de la Deuxième. Elle estimait qu’il serait sage de séparer le jeune couple de la mère de Peridal, au moins quelque temps. Elle ne décolérait pas contre cette femme qui avait imposé sa présence aux jeunes gens pendant leur période d’isolement.

  Le soir, quand la fête toucha à sa fin, Marthona prépara une tisane pour les parents et amis qui n’étaient pas encore partis. Proleva, Ayla, Joplaya et Folara distribuèrent les coupes. Un jeune homme récemment accepté comme acolyte de la Zelandoni de la Cinquième Caverne s’était lui aussi attardé : c’était la première fois qu’il se trouvait en aussi auguste compagnie et il ne se décidait pas à s’éclipser. La Première, en particulier, l’impressionnait beaucoup.

  — Je suis certain que Matagan n’aurait jamais pu remarcher s’il n’avait pas été soigné tout de suite par quelqu’un de compétent, déclara-t-il.

  Il adressait son commentaire à toutes les personnes présentes mais cherchait en réalité à se faire remarquer de la grande doniate. Celle-ci manifesta son accord :

 
— Tu as tout à fait raison, Quatrième Acolyte de Zelandoni de la Cinquième. Tu fais preuve de perspicacité. Tout dépend maintenant de la Mère, et des pouvoirs de récupération du blessé.

  Le jeune homme eut peine à contenir la joie que lui causait le compliment de Zelandoni. Celle Qui Était la Première lui avait répondu !

  — Puisque tu es maintenant acolyte, poursuivit-elle, tu pourrais toi aussi veiller Matagan. Il est de ta Caverne, non ? Je sais que c’est pénible de rester debout toute la nuit mais il a besoin de quelqu’un à côté de lui en permanence. Je suppose que ta Zelandoni a sollicité ton aide. Sinon, va la lui proposer. La Cinquième ne manquera pas de l’apprécier.

  — Bien sûr, répondit-il en se levant. Merci pour l’infusion. Je dois partir, maintenant, j’ai des responsabilités.

  Il carra les épaules et prit une mine sérieuse en se dirigeant vers le camp principal. Après son départ, plusieurs des personnes présentes laissèrent enfin monter à leurs lèvres le sourire qu’elles retenaient depuis un moment.

  — Tu viens de faire le bonheur de cet acolyte, Zelandoni, commenta Jondalar. Il rayonnait de plaisir. Tu inspires autant de crainte et de respect à tous les autres Zelandonia ?

  — Seulement aux jeunes, répondit-elle. Vu la façon dont les autres discutent avec moi, je me demande parfois pourquoi ils continuent à m’appeler Première. Peut-être parce que je suis plus imposante qu’eux, ajouta-t-elle avec un sourire.

  L’adjectif devait être pris comme une allusion à sa corpulence, et Jondalar, saisissant la plaisanterie, lui rendit son sourire. Marthona répondit en coulant à la doniate un regard entendu. Ayla remarqua l’échange et pensa avoir compris, elle aussi, mais n’en fut pas certaine. Les subtilités des messages passant entre deux personnes qui se connaissaient depuis longtemps lui échappaient encore.

  — Enfin, je crois que je préfère quand même la discussion, continua Zelandoni. C’est quelquefois pénible quand chaque mot que l’on prononce est traité comme s’il sortait tout droit de la bouche de Doni Elle-Même. Cela me contraint à surveiller tout ce que je dis.

  — Qui choisit celui ou celle de la Zelandonia qui deviendra le Premier ou la Première parmi Ceux Qui Servent la Mère ? voulut savoir Jondalar. Est-ce comme pour le chef d’une Caverne ? Chaque Zelandoni donne-t-il son avis ? Est-ce qu’il faut l’accord de tous ou de la plupart, ou seulement de certains ?

  — L’avis de chaque Zelandoni compte, mais ce n’est pas aussi simple. De nombreux autres éléments entrent en considération. Notamment un talent de guérisseur, et nul ne juge plus sévèrement en ce domaine que les Zelandonia. Quelqu’un peut réussir à cacher son incapacité à la communauté en général, mais il ne trompera pas ceux qui savent. L’art de guérir n’est cependant pas essentiel. On a connu des Premiers qui n’avaient que des connaissances rudimentaires en la matière, mais qui compensaient par d’autres capacités. Certains ont des dons naturels ou d’autres attributs.

  — On n’entend parler que de la Première. Y a-t-il une Deuxième, une Troisième ? Une Dernière ? demanda Jondalar.

  Le sujet passionnait tout le monde. Zelandoni ne se montrait pas souvent loquace sur le fonctionnement interne de la Zelandonia, mais elle avait remarqué l’intérêt d’Ayla et avait des raisons pour montrer une franchise inhabituelle.

  — L’ordre n’est pas individuel. Il y a des rangs. Il serait difficile à une Caverne d’accepter une doniate qui serait la Dernière parmi Ceux Qui Servent, non ? Les acolytes occupent le rang le plus bas, naturellement, mais il existe aussi des rangs pour les distinguer entre eux, quelquefois selon leurs capacités particulières. Vous avez peut-être deviné que le jeune Quatrième Acolyte de la Zelandoni de la Cinquième Caverne vient tout juste d’être accepté. C’est un novice – le rang le plus bas – mais il montre des possibilités, sinon il n’aurait pas été accepté. Certains ne souhaitent pas aller au-delà du statut d’acolyte, ils ne veulent pas avoir trop de responsabilités, ils désirent seulement exercer leurs capacités, et ils le peuvent mieux que partout ailleurs au sein de la Zelandonia.

  « Chaque Zelandoni doit se sentir personnellement appelé et, plus que cela, il doit convaincre le reste de la Zelandonia de la sincérité de sa vocation. Certains ne vont jamais au-delà du rang d’acolyte, même s’ils le souhaitent ardemment. Parfois, certains acolytes veulent tellement devenir Zelandoni qu’ils feignent de se sentir appelés, mais ils sont toujours rejetés. Ceux qui sont passés par l’épreuve savent faire la différence. Ce rejet peut rendre certains acolytes – et anciens acolytes – très amers.

  — Que faut-il d’autre pour devenir Zelandoni ? insista Jondalar. Que faut-il en particulier pour devenir Celle Qui Est la Première ?

  Les autres lui laissaient volontiers le soin de poser les questions. Si certains, comme Marthona, qui avait elle-même été acolyte, connaissaient la plupart des qualités exigées, d’autres n’avaient jamais entendu Zelandoni répondre de manière aussi directe.

  — Pour devenir membre de la Zelandonia, il faut mémoriser les Histoires et Légendes Anciennes et comprendre ce qu’elles signifient. Il faut connaître les mots à compter et savoir les utiliser, savoir quand commencent les saisons, les phases de la lune, et d’autres choses dont seule la Zelandonia doit avoir connaissance. Mais le plus important, peut-être, c’est d’être capable de visiter le Monde des Esprits. C’est pour cette raison qu’il faut vraiment être appelé. La plupart des Zelandonia savent dès le début qui sera le Premier, et qui lui succédera probablement. Cela peut se révéler la première fois qu’un Zelandoni est appelé à s’aventurer dans le Monde des Esprits. Être Premier est aussi une vocation, une vocation dont tous les Zelandonia ne veulent pas.

  — Comment est-ce, le Monde des Esprits ? Est-ce effrayant ? As-tu peur quand tu dois aller là-bas ?

  — Jondalar, personne ne peut décrire le Monde des Esprits à quelqu’un qui n’y est jamais allé. Oui, c’est effrayant, surtout la première fois. Cela ne cesse d’ailleurs jamais de l’être, mais par la méditation et la préparation, on peut maîtriser sa peur, en sachant que la Zelandonia et la Caverne sont là pour aider. Sans l’aide des membres de sa Caverne, un Zelandoni pourrait avoir beaucoup de mal à revenir.

  — Si cela est effrayant, pourquoi le fais-tu ?

  — On ne peut refuser.

  Ayla sentit soudain le froid et eut un frisson.

  — Beaucoup tentent de se dérober et y parviennent un temps, poursuivit la doniate, mais la Mère finit par imposer sa volonté. Il vaut mieux être préparé. On ne cache jamais les dangers à celui qui envisage de tenter l’aventure et c’est pourquoi l’initiation est si éprouvante. De l’autre côté, l’épreuve est plus terrible encore. On a l’impression d’être écartelé, dispersé dans le tourbillon de l’inconnu. Certains ne regagnent jamais leur corps. Certains de ceux qui reviennent laissent une partie d’eux-mêmes en chemin et ne se sentent plus jamais bien après. Nul ne peut aller dans le Monde des Esprits et rester le même.

  « Une fois qu’on a été appelé, il faut accepter sa vocation, ainsi que les devoirs et les responsabilités qui l’accompagnent. Je crois que c’est la raison pour laquelle si peu de Zelandonia s’unissent. Il ne leur est interdit ni de s’unir ni d’avoir des enfants, mais c’est un peu comme d’être chef. Il est parfois difficile de trouver une compagne ou un compagnon prêt à vivre avec quelqu’un qui doit répondre à tant d’exigences. N’est-ce pas, Marthona ?

  La mère de Jondalar acquiesça, sourit à Dalanar puis se tourna vers son fils.

  — Pourquoi crois-tu que Dalanar et moi avons rompu le lien, Jondalar ? Nous en avons parlé le jour de ton union. Ce n’était pas à cause de son envie de voyager – Willamar aussi a cette envie. A de nombreux égards, nous nous ressemblions trop, Dalanar et moi. Il est heureux maintenant d’être le chef de sa Caverne – de son propre peuple, à vrai dire – mais il lui a fallu un moment pour comprendre que c’était cela qu’il voulait vraiment. Longtemps il a refusé les responsabilités, alors que je pense que c’était cela qui l’attirai
t en moi. J’étais déjà Femme Qui Ordonne de la Neuvième Caverne, après la mort de Joconan, quand nous nous sommes unis. Nous avons été très heureux, au début, puis il a commencé à se sentir mal à l’aise. Il valait mieux nous séparer. Jerika est la femme qu’il lui faut. Elle a de la volonté – il a besoin d’une femme forte – mais c’est lui le chef.

  Les deux personnes qu’elle venait de citer se regardèrent et se sourirent, puis Dalanar prit la main de Jerika.

  — Losaduna est Celui Qui Sert pour le peuple qui vit de l’autre côté du glacier, intervint Ayla. Il a une compagne et cette femme a quatre enfants. Elle semble très heureuse.

  Elle avait écouté Zelandoni avec une fascination mêlée de peur.

  — Losaduna a de la chance d’avoir trouvé une femme comme elle, répondit Marthona. Comme j’ai eu de la chance de trouver Willamar. J’ai longuement hésité à prendre un nouveau compagnon, mais je suis contente qu’il ait insisté, avoua-t-elle en se tournant pour sourire au Maître du Troc. C’est l’une des raisons pour lesquelles j’ai renoncé aux responsabilités de Femme Qui Ordonne. Je l’ai été pendant des années avec Willamar à mes côtés, et nous n’avons jamais eu de difficultés, mais je me suis lassée des exigences que cela comportait. J’ai voulu avoir du temps pour moi, du temps à partager avec Willamar. Comme Joharran semblait avoir les capacités requises, j’ai commencé à le préparer et, lorsqu’il a été en âge de devenir chef, je lui ai cédé la place avec plaisir. Il ressemble beaucoup à Joconan, je suis sûre qu’il est le fils de son esprit. (Elle sourit à son aîné.) Je continue à m’occuper un peu de ces choses. Joharran me consulte souvent, bien qu’il le fasse plutôt pour moi que pour lui, je pense.

  — Ce n’est pas vrai. Ton avis m’est précieux, assura Joharran.

  L’autre fils avait encore une question :

  — Tu aimais beaucoup Dalanar, mère ? Tu sais qu’il y a des chants et des histoires sur votre amour ?

 

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