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Les refuges de pierre

Page 89

by Jean M. Auel


  La Première se leva pour mettre fin à la réunion.

  — Je crois que nous avons tous appris des choses importantes, et je remercie Ayla d’avoir accepté de venir ici et de nous avoir parlé si librement de ses expériences insolites. Elle nous a permis de voir la vie d’hommes et de femmes qui peuvent nous paraître étranges mais qui n’ont pas hésité à recueillir une enfant qu’ils savaient différente et à la traiter comme l’une des leurs. Il est arrivé à certains d’entre nous d’avoir peur en apercevant un Tête Plate lors d’une chasse ou d’une cueillette. Il semble que cette peur soit infondée, si le Clan est disposé à recueillir un Zelandonii égaré.

  — Alors, tu crois qu’ils auraient recueilli cette femme de la Neuvième Caverne qui s’est perdue voilà si longtemps ? demanda la Zelandoni aux cheveux blancs de la Dix-Neuvième Caverne. Je me souviens qu’elle était grosse, à son retour. La Mère avait peut-être décidé de lui accorder un enfant quand elle était chez les Têtes Plates, et d’utiliser l’esprit de l’un d’entre eux pour...

  — Non ! s’écria Brukeval. Ce n’est pas vrai. Ma mère n’était pas une abomination !

  — Tu as raison, répondit Ayla. Ta mère n’était pas une abomination. C’est précisément ce que nous avons essayé d’expliquer. Un esprit mêlé n’est pas une abomination.

  — Ma mère n’était pas un esprit mêlé ! Voilà pourquoi elle n’était pas une abomination, rétorqua-t-il.

  Il fixait Ayla avec une telle haine qu’elle tourna la tête pour échapper à la violence de son regard. Puis il sortit, le dos raide d’indignation.

  La discussion s’arrêta là, les participants se levèrent et commencèrent à partir. En sortant, Marona lança à la Première un regard insolent, et la doniate entendit Laramar dire au Zelandoni de la Cinquième Caverne et à Madroman, son acolyte :

  — Comment ça se fait que le foyer de Jondalar est dans les premiers, alors ? Ils avaient pris pour excuse que cette femme avait un rang élevé chez les Mamutoï, le peuple d’où elle dit qu’elle vient, et qu’il ne fallait pas le rabaisser ici, mais elle ne sait même pas chez quel peuple elle est née vraiment. Si elle a été élevée par des Têtes Plates, elle est plus Tête Plate que Mamutoï. C’est quoi, le rang d’un Tête Plate ? Elle aurait dû être dernière et elle est maintenant parmi les premiers. Je ne trouve pas ça juste.

  Après la longue et éprouvante réunion qui s’était terminée par un éclat aussi véhément, Ayla se sentit exténuée. Elle supposait qu’il devait être troublant d’apprendre que des créatures qu’on avait toujours considérées comme des bêtes étaient en fait des êtres humains capables de penser et d’aimer. C’était un changement radical, et le changement ne s’opérait jamais facilement, mais la réaction de Brukeval était déraisonnable, et son regard si haineux qu’il l’avait effrayée.

  Jondalar suggéra une longue chevauchée pour échapper aux autres après les événements qui avaient conclu la réunion. Ayla fut heureuse de voir Loup bondir de nouveau près d’eux, sans bandages, bien qu’il ne fût pas complètement guéri.

  — Je me suis efforcée de ne pas le montrer, dit-elle, mais j’étais furieuse contre ceux qui s’opposaient à l’union de Joplaya et d’Echozar parce que sa mère était du Clan. Je crois que la réunion réclamée par Zelandoni et Dalanar n’a rien réglé. Aux Matrimoniales, certains ont approuvé uniquement parce que le couple n’était pas Zelandonii mais lanzadonii. Tu peux m’expliquer la différence, Jondalar ? Moi, je n’en vois aucune.

  — Zelandonii signifie simplement ce que nous sommes, les Enfants de la Grande Terre Mère, mais Lanzadonii aussi. Le vrai sens de Zelandonii serait : les Enfants de la Terre du Sud-Ouest, et celui de Lanzadonii : les Enfants de la Terre du Nord-Est.

  — Alors pourquoi Dalanar ne continue-t-il pas à se dire Zelandonii et à faire de son peuple une autre Caverne avec un mot à compter plus élevé ?

  — Je ne sais pas. Je ne lui ai jamais posé la question. Peut-être parce qu’ils vivent très loin d’ici. On ne se rend pas chez eux en un après-midi, ni même en un jour ou deux. Il sait que, malgré les nombreux liens qui nous uniront toujours, les Lanzadonii seront un jour un peuple différent du nôtre. Maintenant qu’ils ont leur Zelandoni, ou plutôt Lanzadoni, ils ont encore moins de raisons de parcourir un long chemin pour participer à nos Réunions d’Été. La Zelandonia continuera à former leurs doniates pendant quelque temps, mais, à mesure que la Caverne se développera, ils commenceront à les former eux-mêmes.

  — Ils seront comme les Losadunaï, observa Ayla. Leur langue et leurs coutumes sont si proches de celles des Zelandonii qu’ils ont dû appartenir à un même peuple, autrefois.

  — Je crois que tu as raison et que c’est peut-être pour cela que nous avons des rapports aussi amicaux avec eux. Ils ne sont pas cités dans nos noms et liens mais il fut sans doute un temps où ils y figuraient.

  — Je me demande si cela remonte à loin. Les différences sont nombreuses, maintenant, même dans les paroles du Chant de la Mère.

  Ayla et Jondalar chevauchèrent un moment en silence puis elle reprit :

  — Si les Zelandonii et les Lanzadonii sont un même peuple, pourquoi ceux qui s’opposaient à l’union de Joplaya et Echozar ont-ils fini par l’accepter ? Uniquement parce que leur nom signifie qu’ils vivent au nord-est ? Ce n’est pas logique. Il faut dire que leurs objections ne l’étaient pas non plus.

  — Regarde qui est derrière tout cela. Laramar ! Pourquoi cherche-t-il à créer des problèmes ? Tu n’as rien fait d’autre qu’aider sa famille. Lanoga t’adore, et Lorala ne serait probablement plus de ce monde sans ton intervention. Je me demande si cette union le préoccupe vraiment ou s’il veut juste attirer l’attention. Je crois que c’était la première fois qu’il participait à une réunion de ce genre, avec tous les Zelandonii de haut rang, dont plusieurs, notamment la Première, se sont adressés directement à lui et à quelques autres qui protestaient. Maintenant qu’il y a goûté, je crains qu’il ne continue à créer des ennuis pour demeurer au centre de l’attention. En revanche, je ne comprends toujours pas Brukeval. Il connaît Dalanar et Joplaya, il leur est même apparenté.

  — Sais-tu que la mère de Matagan m’a confié que Brukeval est allé au camp de la Cinquième Caverne pour tenter de persuader certains de ses membres de s’opposer à l’union de Joplaya avant les Matrimoniales ? Il éprouve une profonde aversion pour le Clan. Pourtant, quand on les voit ensemble, Echozar et lui, la ressemblance est frappante. Il a des traits qui évoquent le Clan, de façon moins marquée qu’Echozar mais indéniable. Il me hait parce que j’ai dit que sa mère était née d’esprits mêlés, mais j’essayais juste de démontrer que les esprits mêlés ne sont pas une abomination.

  — Il doit encore penser le contraire. C’est pourquoi il nie si farouchement ses origines. Ce doit être terrible de détester ce que l’on est. C’est drôle, Echozar déteste le Clan, lui aussi. Pourquoi haïssent-ils un peuple dont ils sont issus ?

  — Peut-être parce que d’autres les insultent en raison de ces origines et qu’ils ne peuvent les cacher, parce qu’ils ont vraiment l’air différents. Le regard que Brukeval m’a lancé avant de partir m’a effrayée. Il me rappelle un peu Attaroa. Comme s’il avait quelque chose de difforme en lui, pas un bras comme Lanidar, quelque chose à l’intérieur.

  — Un esprit mauvais s’est peut-être introduit en lui, hasarda Jondalar. Ou alors son élan est tordu. Tu devrais peut-être te méfier de lui. Il n’est pas impossible qu’il cherche encore à t’attirer des ennuis.

  36

  L’été avançait, les journées devenaient plus chaudes. Dans la plaine, les épis croissaient et prenaient une teinte dorée. Au bout des tiges, les têtes ployaient sous le poids des grains, promesse d’une vie nouvelle. Le corps d’Ayla s’alourdissait aussi de la vie nouvelle d’un enfant à naître. Elle peinait à côté de Jondalar, détachant les grains d’avoine, quand elle sentit un mouvement en elle pour la première fois. Elle se figea, porta une main à son ventre gonflé.

  —
Qu’y a-t-il ? s’inquiéta aussitôt son compagnon.

  — Je viens de sentir le bébé bouger. C’est la première fois ! Elle prit la main de Jondalar, la posa sur le renflement de sa taille.

  — Il va peut-être encore remuer, murmura-t-elle.

  Plein d’espoir, il attendit mais ne perçut aucun mouvement.

  — Je ne sens rien, dit-il.

  Au même moment, quelque chose frémit sous sa main, une onde à peine perceptible.

  — Je l’ai senti ! s’exclama-t-il. J’ai senti le bébé.

  — Il bougera davantage plus tard. N’est-ce pas merveilleux ? Qu’est-ce que tu voudrais ? Un garçon ou une fille ?

  — Peu importe. Je veux juste que le bébé soit en bonne santé et que tu enfantes sans souffrir. Toi, tu voudrais quoi ?

  — Je crois que j’aimerais avoir une fille, mais un garçon me rendrait tout aussi heureuse, répondit-elle. C’est sans importance. Je veux juste un bébé, ton bébé. Il est le tien aussi.

  — Eh, vous deux, la Cinquième Caverne est sûre de gagner si vous continuez à paresser comme ça !

  Ils se retournèrent et virent approcher un jeune homme de taille moyenne, de constitution robuste. Il tenait une béquille sous un bras et une outre sous l’autre.

  — Vous voulez de l’eau ? leur proposa-t-il.

  — Salutations, Matagan ! lui lança Jondalar. Il fait chaud, cette eau est la bienvenue.

  Il prit l’outre, la souleva au-dessus de sa tête et laissa le filet de liquide couler dans sa bouche. Passant ensuite l’outre à Ayla, il demanda :

  — Et ta jambe ?

  — Plus solide chaque jour, répondit Matagan. Je pourrai jeter ce bâton avant longtemps. J’étais censé porter de l’eau uniquement à la Cinquième Caverne mais j’ai aperçu ma guérisseuse préférée et j’ai eu envie de tricher un peu. Comment te sens-tu, Ayla ?

  — Très bien. Le bébé pousse. Qui est en tête, d’après toi ?

  — Difficile à dire. La Quatorzième a déjà rempli plusieurs paniers, mais la Troisième vient de dénicher un autre coin très fourni.

  — Et la Neuvième ? demanda Jondalar.

  — Je crois qu’elle a une chance, mais je parierais sur la Cinquième, répondit le jeune homme.

  — Tu n’es pas objectif, s’esclaffa Jondalar. Tu veux des prix pour ta Caverne. Qu’est-ce que la Cinquième a donné, cette année ?

  — La viande séchée de deux aurochs tués à la première chasse, une douzaine de sagaies, une grande écuelle en bois décorée par notre meilleur graveur. Et la Neuvième ?

  — Une grosse outre du vin de Marthona, cinq lance-sagaies en bouleau gravés, cinq pierres à feu, deux des grands paniers de Salova, l’un rempli de noisettes, l’autre de pommes.

  — C’est le vin de Marthona que j’aimerais avoir si la Cinquième gagne. J’espère que les osselets me porteront chance. Une fois que je me serai débarrassé de ce bâton, dit Matagan en levant sa béquille, je retournerai dans la tente des hommes. Je crois même que je pourrais y aller dès maintenant, bâton ou pas, mais ma mère refuse. Elle a été remarquable, personne n’aurait pu mieux me soigner, mais ça commence à faire un peu trop. Depuis mon accident, elle s’imagine que j’ai cinq ans.

  — Tu ne peux pas le lui reprocher, dit Ayla.

  — Je ne le lui reproche pas. Je comprends. Je veux seulement retourner dans la tente des hommes. Je t’inviterais même pour la fête qu’on s’offrira avec le vin de Marthona si tu n’étais pas uni, Jondalar.

  — Merci, mais j’ai eu mon content de tente d’hommes. Un jour, quand tu seras plus âgé, tu découvriras qu’être uni n’est pas aussi triste que tu le penses.

  — Tu as déjà pris la femme que je voulais, geignit le jeune homme en lançant à Ayla un coup d’œil taquin. Si j’étais son compagnon, moi aussi je laisserais tomber la tente des hommes. Quand je l’ai vue à vos Matrimoniales, j’ai pensé que c’était la plus belle femme du monde. Tous les hommes auraient voulu être à ta place, Jondalar.

  Timide au début, Matagan avait perdu sa gêne en présence d’Ayla après avoir appris à la connaître pendant les nombreuses journées qu’elle avait passées dans la hutte de la Zelandonia pour participer aux soins. Il avait laissé libre cours à son aisance naturelle, à sa cordialité et à son charme naissant.

  — Écoutez-le, railla la jeune femme en tapotant le renflement de son corps. Quelle beauté je fais ! Une vieille femme au ventre plein.

  — Ça t’embellit encore. Et j’aime les femmes âgées. J’en prendrai peut-être une pour compagne un jour si j’en trouve une comme toi.

  Jondalar sourit au jeune homme, qui lui rappelait Thonolan. Ce serait un séducteur plus tard, et il aurait bien besoin de ce charme s’il était affligé d’une boiterie permanente. Jondalar ne voyait pas d’objection à ce qu’il s’entraîne un peu sur Ayla, dont il s’était entiché. Lui aussi avait été amoureux d’une femme plus âgée.

  — En plus tu es ma guérisseuse attitrée, ajouta Matagan, dont l’expression se fit plus sérieuse. J’ai repris plusieurs fois connaissance quand on me portait sur la litière et j’ai cru rêver quand je t’ai vue : une magnifique donii venue me conduire à la Grande Mère ! Tu m’as sauvé la vie, Ayla, et sans toi je n’aurais jamais remarché.

  — Je me trouvais là, j’ai fait ce que j’ai pu.

  — Peut-être, mais sache que si tu as besoin de quoi que ce soit... Il baissa les yeux, le visage écarlate, reprit en bredouillant :

  — Si tu as besoin de quoi que ce soit, tu n’as qu’à demander.

  — Je me rappelle un temps où je prenais moi aussi Ayla pour une donii, dit Jondalar afin de dissiper l’embarras du jeune homme. Sais-tu qu’elle m’a recousu la peau ? Pendant notre Voyage, tout un camp de S’Armunaï croyait qu’elle était la Mère en personne, une donii vivante venue aider Ses enfants. C’est peut-être ce qu’elle est, finalement, à voir la façon dont les hommes tombent amoureux d’elle.

  — Jondalar ! protesta Ayla. Arrête de lui bourrer la tête de bêtises. Et remettons-nous au travail, sinon la Neuvième Caverne perdra. Je voudrais aussi garder un peu de ce grain pour deux chevaux et peut-être un poulain. Je suis contente que nous ayons cueilli beaucoup de seigle quand il était mûr, mais les chevaux préfèrent l’avoine.

  Elle regarda dans le panier qu’elle portait accroché à son cou pour avoir les mains libres, estima la quantité de grains qu’il contenait déjà puis reprit sa tâche. D’une main, elle saisit une poignée de tiges, de l’autre elle pressa une pierre ronde un peu en dessous des épis mûrs puis, d’un mouvement souple, elle tira sur les tiges de manière que la pierre dure fit tomber les grains dans sa paume. Elle la vida dans le panier et recommença l’opération.

  C’était un travail lent et méticuleux, mais assez facile une fois qu’on avait attrapé le rythme. La pierre permettait d’égrener les tiges plus efficacement et plus vite. Quand Ayla avait demandé qui en avait eu l’idée, personne n’avait pu lui répondre : aussi loin que la mémoire des Zelandonii remontât, ils avaient toujours procédé ainsi.

  Tandis que Matagan s’éloignait en claudiquant, Jondalar murmura à sa compagne :

  — Tu as un admirateur fervent à la Cinquième Caverne, et beaucoup d’autres pensent comme lui. Tu t’es fait beaucoup d’amis à cette Réunion. La plupart des Zelandonii te considèrent comme une doniate. Ils n’ont pas l’habitude de voir une guérisseuse qui ne soit pas aussi Zelandoni.

  — Matagan est un gentil garçon. La veste à capuche doublée de fourrure que sa mère a tenu à me donner est superbe, et assez ample pour que je puisse la porter cet hiver. Elle m’a invitée à leur rendre visite après notre retour, cet automne. Ne sommes-nous pas passés devant leur abri en venant ici ?

  — Si, il se trouve en aval d’un petit affluent de la Rivière. Nous y ferons peut-être halte au retour. A propos, j’irai chasser avec Joharran et plusieurs autres dans quelques jours. Nous resterons peut-être au loin un moment, prévint Jondalar en s’efforçant d’adopter un air détaché.

  — J
’imagine que je ne peux pas vous accompagner ? fit Ayla d’un ton de regret.

  — Je crains que tu ne doives renoncer à la chasse pour quelque temps. Tu sais toi-même – et l’accident de Matagan l’a encore prouvé – que la chasse peut-être dangereuse, surtout quand on n’est pas aussi alerte que d’ordinaire. Lorsque le bébé sera né, tu devras le nourrir et t’occuper de lui.

  — J’ai chassé après la naissance de Durc. L’une des femmes lui donnait le sein à ma place si je ne rentrais pas à temps pour l’allaiter.

  — Tu ne restais pas absente plusieurs jours d’affilée.

  — Non, je chassais uniquement de petits animaux avec ma fronde, reconnut Ayla.

  — Ça, tu pourras peut-être le faire, mais sans partir pour de longues expéditions. De toute façon, je suis ton compagnon, maintenant. Il m’appartient de m’occuper de toi et de tes enfants. Je m’y suis engagé le jour de notre union. Si un homme ne pourvoit pas aux besoins de sa compagne et des enfants, à quoi sert-il ? A quoi servent les hommes si les femmes ont des enfants et pourvoient aussi à leurs besoins ?

  Ayla n’avait jamais entendu Jondalar tenir ces propos. Tous les hommes réagissent-ils ainsi ? se demanda-t-elle. Ont-ils besoin de justifier leur existence parce que ce ne sont pas eux qui enfantent ? Elle tenta d’imaginer ce qu’elle éprouverait si la situation était inverse, si ce n’était pas elle qui enfantait et si sa contribution se réduisait à subvenir à leurs besoins. Elle se tourna vers son compagnon.

  — Ce bébé ne serait pas en moi si tu n’étais pas là, déclara-t-elle en posant les mains sur le renflement de son corps. Il est autant à toi qu’à moi. Sans ton essence, il n’aurait pas commencé à vivre.

  — Tu n’en sais rien, repartit-il. C’est ce que tu penses, mais personne n’est de ton avis, pas même Zelandoni.

 

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