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TENTATION

Page 28

by Stephenie Meyer


  Je repensai à ce que Jacob m'avait dit de l'hypocrisie. Je m'y attardai longtemps. Je n'aimais guère l'idée d'être une sainte-nitouche, mais à quoi bon me mentir ?

  Je me roulai en boule. Non, Edward n'était pas un tueur. Même dans son passé le plus sombre, il n'avait jamais assassiné d'innocents. En étais-je certaine, toutefois ? Et si, à l'époque où je l'avais fréquenté, il s'était comporté comme n'importe quel autre vampire ? Si des randonneurs avaient disparu dans la forêt, comme aujourd'hui ? Cela m'aurait-il éloigné de lui ? Je secouai la tête, accablée de chagrin. L'amour était irrationnel. Plus on aimait une personne, moins cela avait de sens.

  Me remettant sur le dos, je m'obligeai à réfléchir à autre chose. L'image de Jacob et de ses frères écumant les bois dans l'obscurité s'imposa à moi. Je sombrai dans l'inconscience en songeant aux animaux invisibles qui me protégeaient de tout danger. Lorsque je rêvai, je me retrouvai une fois de plus au milieu des arbres, sauf que je n'y errais pas. Je tenais la main balafrée d'Emily et, toutes deux, nous attendions avec angoisse le retour de nos loups-garous.

  15

  PRESSION

  C'étaient à nouveau les vacances de Pâques à Forks. À mon réveil, le lundi matin, je restai au lit pendant quelques instants pour m'imprégner de cette nouvelle. L'année précédente, à la même époque, un vampire avait tenté de me tuer. Pourvu qu'il ne s'agisse pas d'une espèce de tradition en train de s'installer.

  J'avais déjà établi une routine à La Push. J'avais consacré l'essentiel de mon dimanche à la plage, tandis que Charlie traînassait chez les Black en compagnie de Billy. J'étais censée être avec Jacob, sauf qu'il avait d'autres priorités, et que je m'étais promenée seule, à l'insu de mon père.

  Quand Jacob était repassé me prendre, il s'était excusé de m'abandonner autant. Son emploi du temps n'était pas aussi fou d'ordinaire, mais jusqu'à ce que Victoria ne soit plus en état de nuire, les loups restaient sur le qui-vive.

  Maintenant, quand nous déambulions ensemble sur la grève, il me prenait toujours la main. Ce qui m'avait amenée à méditer sur les paroles de Jared à propos de Jacob impliquant sa « copine ». De l'extérieur, cela devait effectivement y ressembler. Tant que Jake et moi sachions à quoi nous en tenir, ce postulat ne me dérangeait pas. Mais j'avais compris que Jacob aurait adoré que la réalité correspondît aux apparences. Cependant, sa main réchauffait la mienne, et je ne protestai pas.

  Le mardi après-midi, je travaillais. Jacob me suivit à vélo afin de s'assurer que j'arrivais saine et sauve sur place, ce que Mike ne manqua pas de remarquer.

  — Tu sors avec le môme de La Push, le mec de Seconde ? s'enquit-il sans réussir à cacher sa rancœur.

  — Pas au sens technique du terme, éludai-je. Mais je passe la plupart de mon temps avec lui. C'est mon meilleur ami.

  — Arrête de te raconter des histoires, répliqua-t-il avec l'air de celui à qui on ne la fait pas. Ce gamin en mord pour toi.

  — Je sais, soupirai-je. Dieu que la vie est compliquée !

  — Et les filles cruelles, ajouta-t-il dans sa barbe.

  J'imagine qu'il était en effet aisé de tirer cette conclusion.

  Ce soir-là, Sam et Emily se joignirent à Charlie et moi pour le dessert, chez Billy. Emily apporta un gâteau qui aurait séduit un homme plus rétif que mon père. Je constatai, pendant que la conversation roulait sans heurt d'un sujet à l'autre, que les soucis qu'il était susceptible d'avoir nourris envers la bande s'étaient dissipés. Jake et moi nous éclipsâmes tôt afin d'être un peu tranquilles. Nous nous réfugiâmes dans son garage et nous assîmes dans la Golf. Il appuya sa tête sur son dossier et ferma les paupières, l'air éreinté.

  — Tu as besoin de dormir, Jake.

  — Ça va aller.

  Il s'empara de ma main ; sa peau était brûlante.

  — La chaleur que tu dégages, c'est aussi un truc de loups ?

  — Oui. Notre température est légèrement plus élevée que la normale. Entre quarante-deux et quarante-trois degrés. Je ne souffre plus du tout du froid. Je pourrais affronter une tempête de neige comme ça (il désigna son torse nu) sans grelotter. Les flocons se transformeraient en pluie à mon contact.

  — Et votre rapidité à cicatriser, c'est pareil ?

  — Oui. Tu veux voir ? C'est supercool.

  Il rouvrit les yeux, sourit. Se penchant par-dessus moi, il fouilla dans la boîte à gants pendant quelques instants. Quand il se redressa, il tenait un canif.

  — Non ! hurlai-je en comprenant ses intentions. Ça ne m'intéresse pas. Range-moi ça tout de suite !

  Il rit, obtempéra néanmoins.

  — À ta guise. En tout cas, c'est une bonne chose, cette cicatrisation à la vitesse grand V. Impossible d'aller consulter le médecin quand on a une température censée vous tuer.

  — En effet. Et votre taille ? Elle vient aussi de ça ? C'est pourquoi vous êtes préoccupés par Quil ?

  — Oui. Et parce que son grand-père affirme qu'on pourrait faire cuire un œuf sur son front. Ça ne va plus tarder. Il n'y a pas d'âge précis... Cette... énergie s'accumule, s'accumule, puis, un beau jour...

  Il s'interrompit, garda le silence un bon moment.

  — Des fois, quand on est bouleversé ou vraiment en colère, ça déclenche le processus. Moi, j'allais bien, j'étais heureux. (Il eut un rire amer.) Grâce à toi, surtout. Voilà pourquoi ça ne m'est pas arrivé plus tôt. Au lieu de cela, ça n'a cessé de s'amplifier peu à peu — j'étais comme une bombe à retardement. Devine ce qui a mis le feu aux poudres ? Je suis rentré du cinéma, ce fameux jour, et Billy m'a accusé d'avoir l'air bizarre. Ça a suffi, j'ai craqué. Alors, j'ai... j'ai explosé. J'ai failli lui arracher le visage ! Mon propre père !

  Il frissonna, tout pâle.

  — C'est à ce point-là ? demandai-je en regrettant de ne pouvoir l'aider. Es-tu malheureux ?

  — Non. Plus maintenant, en tout cas. Puisque tu es au courant. Avant, ça n'a pas été simple.

  Il se pencha et posa sa joue sur le sommet de mon crâne. Le silence s'installa. À quoi pensait-il ? Je ne tenais peut-être pas à le savoir.

  — Qu'est-ce qui est le plus dur ? chuchotai-je.

  — C'est de se sentir... incontrôlable, murmura-t-il lentement. Comme si je ne répondais plus de moi, qu'il valait mieux que tu ne sois pas là, ni toi ni les autres. Comme si j'étais un monstre susceptible de blesser quelqu'un. Tu as vu Emily. Sam s'est emporté, rien qu'une seconde, et... elle était trop près de lui. Désormais, il n'y a rien qu'il puisse faire pour réparer. Je lis dans ses pensées. Je connais ses émotions... Qui a envie d'être un cauchemar, un monstre ? Et puis, il y a la facilité avec laquelle ça me vient. Je suis bien meilleur que les autres. Cela me rend-il moins humain qu'Embry ou Sam ? Parfois, j'ai peur de... me perdre.

  — C'est difficile ? De... te retrouver ?

  — Au début. Ça exige un peu de pratique pour muter d'un état à l'autre. Pour moi, c'est plus aisé.

  — Pourquoi ?

  — Parce qu'Ephraïm Black était le grand-père de mon père, et Quil Ateara le grand-père de ma mère.

  — Quil ? sursautai-je.

  — Pas lui, son arrière-grand-père. Nous sommes cousins.

  — En quoi la personnalité de vos aïeux a-t-elle de l'importance ?

  — Ephraïm et Quil faisaient partie de la dernière meute. Levi Uley aussi. J'ai ça dans le sang, des deux côtés de ma famille. Je n'aurais pas pu y échapper. Quil non plus, d'ailleurs.

  Il m'exposait tous ces détails d'une voix morne.

  — Qu'est-ce qui est le mieux ? demandai-je en espérant lui remonter le moral.

  — La vitesse ! s'écria-t-il en retrouvant soudain le sourire.

  — Plus qu'à moto ?

  — Aucune comparaison ! s'enthousiasma-t-il en hochant la tête.

  — À combien peux-tu...

  — Courir ? Vite. Comment te donner une idée ? Nous avons rattrapé... c'était quoi son nom ? Laurent. Voilà qui doit te parler, non ?

  Oh que oui ! J'�
�tais incapable d'imaginer ça — des loups plus rapides qu'un vampire. Quand les Cullen se mettaient à galoper, ils en devenaient presque invisibles.

  — À ton tour, reprit-il. Raconte-moi quelque chose que j'ignore. À propos des vampires. Comment as-tu réussi à supporter leur compagnie ? Tu n'as pas eu les foies ?

  — Non.

  Ma sécheresse calma ses ardeurs.

  — Dis-moi, recommença-t-il brusquement, pourquoi ton buveur de sang a-t-il tué ce James ?

  — Parce qu'il avait essayé de me tuer. C'était un jeu, pour lui. Il a perdu. Tu te rappelles, au printemps dernier, quand j'ai été hospitalisée à Phoenix ?

  — C'est allé jusque-là ? souffla-t-il, effaré.

  — Ce n'est pas passé loin, effectivement, confirmai-je en frottant ma cicatrice.

  Jacob s'en aperçut.

  — Qu'est-ce que c'est ? fit-il en examinant ma main droite. Ah, ta drôle de marque, celle qui est froide.

  Il l'inspecta sous un jour nouveau, retint un cri.

  — Oui, c'est bien ça, James m'a mordue.

  Il écarquilla les yeux, et sa peau cuivrée prit une étrange teinte jaunâtre. J'eus l'impression qu'il allait vomir.

  — Mais dans ce cas... Tu ne devrais pas être...

  — Edward m'a sauvée, soupirai-je. Une deuxième fois. Il a sucé le venin, un peu comme avec un serpent à sonnette, tu vois ?

  La douleur de ma plaie béante se réveilla, et je frémis. Je n'étais pas la seule, cependant. À côté de moi, Jacob tremblait de la tête aux pieds. Au point que la voiture en bougeait.

  — Attention, Jake ! Calme-toi.

  — Oui, haleta-t-il.

  Il agita rapidement la tête. Au bout d'un moment, il s'apaisa. Hormis ses mains.

  — Ça va ?

  — Presque. Raconte-moi autre chose, que je ne pense plus à ça.

  — Que veux-tu savoir ?

  — Aucune idée. (Il avait fermé les yeux, concentré.) Ce qui n'est pas essentiel, tiens. Est-ce que les autres Cullen ont des talents... particuliers ? Comme celui d'Edward ?

  J'hésitai. Cela ressemblait à une question qu'il aurait pu poser à une espionne, pas à son amie. En même temps, à quoi servait de taire ce que j'avais appris ? Ça n'avait plus d'importance, désormais. Et puis, ça l'aiderait à garder la maîtrise de lui-même. L'image du visage détruit d'Emily à l'esprit, les poils de mes bras hérissés (je ne voyais pas comment le loup roux tiendrait dans la voiture — il serait plutôt susceptible de démolir entièrement le garage), je lui confiai donc la vérité.

  — Jasper était capable de dominer les émotions des gens autour de lui. Pas pour les manipuler, juste pour apaiser quelqu'un, par exemple. Ça rendrait pas mal service à Paul, précisai-je dans une tentative de plaisanterie faiblarde. Quant à Alice, elle prévoyait les événements, le futur. Mais pas de façon très nette. Ce qu'elle pressentait était susceptible de se modifier, pour peu que quelqu'un intervienne.

  Comme la fois où elle avait deviné ma mort prochaine... et ma transformation en vampire. Deux incidents qui ne s'étaient finalement pas produits. Et ne se produiraient jamais. Mon cœur commença à battre la chamade ; j'eus l'impression que je manquais d'air, qu'on m'avait privée de mes poumons.

  À côté de moi, Jacob, sous contrôle à présent, ne s'agitait plus.

  — Pourquoi fais-tu cela ? me demanda-t-il soudain.

  Il tira doucement sur l'un de mes bras qui étreignaient mon torse, laissa tomber quand je résistai. Je ne m'étais même pas aperçue que je les avais déplacés.

  — Ça t'arrive quand tu es émue, ajouta-t-il.

  — Il m'est douloureux de penser à eux, avouai-je. C'est comme si je ne pouvais plus respirer... comme si je me brisais en mille morceaux.

  J'étais étonnée du nombre de choses que j'étais à même de confier à Jacob, désormais. Nous n'avions plus de secrets l'un pour l'autre. Il caressa mes cheveux.

  — Ne t'inquiète pas, Bella, je n'en parlerai plus. Je suis navré.

  — Ça ira, haletai-je. Ça se produit tout le temps. Tu n'y es pour rien.

  — On forme un drôle de couple de dingos, hein ? Ni toi ni moi ne tournons très rond.

  — De vrais tocards, acquiesçai-je.

  — Au moins, nous pouvons nous soutenir mutuellement, soupira-t-il, visiblement réconforté par l'idée.

  — Oui, reconnus-je, moi aussi soulagée.

  Et, lorsque nous étions ensemble, les choses étaient en effet moins dures. Malheureusement, Jacob estimait qu'il avait une tâche horrible et dangereuse à remplir, si bien que je me retrouvais souvent seule, confinée à La Push par mesure de sécurité, avec rien pour m'occuper l'esprit et me détourner de mes tourments.

  Envahir l'espace de Billy me gênait. Je révisais mes maths en vue de l'examen qui aurait lieu la semaine suivante, mais ça ne pouvait remplir ma vie. Lorsque j'étais désœuvrée, je me sentais obligée de faire la conversation au vieil Indien, sauf qu'il n'était pas du genre à meubler le silence pour l'éviter. Bref, mon malaise augmentait de plus belle.

  Le mercredi après-midi, pour varier les plaisirs, j'allai chez Emily. La jeune femme était joyeuse et ne restait jamais en place. Je me traînais derrière elle tandis qu'elle vaquait dans son logis de poupée et son jardin, nettoyant une tache imaginaire, arrachant une mauvaise herbe, réparant un gond brisé, et cuisinant du matin au soir. Elle se plaignit un peu de l'appétit sans cesse grandissant des garçons (à cause de toute cette dépense d'énergie supplémentaire), mais il était facile de comprendre qu'elle adorait prendre soin d'eux. Sa compagnie était agréable — après tout, nous étions maintenant l'une comme l'autre des filles à loups.

  Au bout de quelques heures, Sam revint, et je ne restai que le temps de m'enquérir que Jacob se portait bien, et qu'il n'y avait rien de neuf, avant de m'éclipser. L'aura d'amour et de bien-être qui entourait le couple était plus délicat à absorber en doses concentrées, lorsqu'il n'y avait personne alentour pour les diluer.

  Je retournai donc à mes errances sur la plage, à arpenter le long croissant rocailleux dans un sens puis dans l'autre.

  La solitude ne me valait rien. Ma récente honnêteté envers Jacob m'avait amenée à penser aux Cullen et à les évoquer beaucoup trop souvent. Par ailleurs, j'étais foncièrement inquiète pour Jacob et ses frères, terrifiée pour Charlie et les autres traqueurs, de plus en plus intime avec mon meilleur ami sans même avoir consciemment décidé de suivre cette pente et infichue de réagir à cette fâcheuse tendance. J'eus beau faire, nul de ces problèmes très réels et urgents, qui réclamaient toute ma réflexion, ne parvint à me détourner bien longtemps de la souffrance qui déchirait ma poitrine. C'en fut au point que je finis par ne plus pouvoir marcher parce que j'étais à bout de souffle, et que je dus m'asseoir sur un rocher à moitié sec où je me repliai sur moi-même. C'est ainsi que Jake me trouva et, rien qu'à son visage, je compris qu'il avait immédiatement deviné.

  — Désolé, s'excusa-t-il aussitôt.

  Me relevant, il enroula ses bras autour de mes épaules, et ce ne fut qu'alors que je me rendis compte que j'avais froid. Sa chaleur déclencha mes grelottements, mais au moins, lui présent, je respirai de nouveau normalement.

  — Je te gâche tes vacances, s'accusa-t-il en m'escortant vers le village.

  — Bien sûr que non. Je n'avais rien prévu, de toute façon. Et je n'aime pas les congés de printemps.

  — Je me débrouillerai pour me libérer, demain matin. Les autres peuvent se passer de moi. On fera quelque chose d'amusant.

  Un mot qui semblait déplacé dans ma vie actuelle, à peine compréhensible, bizarre.

  — Amusant ?

  — C'est exactement ce qu'il te faut. Voyons un peu...

  Il contempla les grosses vagues grises à l'horizon et, tout à coup, parut frappé par l'inspiration.

  — Ça y est ! s'écria-t-il. Une autre promesse à tenir.

  — De quoi parles-tu ?

  Lâchant ma main, il me montra l'extrémité sud de la plage où l'arc de cercle se terminait en c
ul-de-sac, au pied de falaises abruptes. Je ne compris pas.

  — Ne t'avais-je pas promis de t'emmener plonger de là-haut ?

  Je tressaillis.

  — Oui, ça risque d'être plutôt froid, mais pas autant qu'aujourd'hui. Tu ne sens pas que le temps change ? Et la pression atmosphérique ? Il fera plus tiède demain. Alors, partante ?

  Les eaux sombres n'étaient pas attirantes et, vues sous cet angle, les falaises paraissaient encore plus élevées. Sauf que je n'avais pas entendu la voix d'Edward depuis des jours. Ce qui, d'ailleurs, expliquait sûrement ma morosité. J'étais accro à mes hallucinations auditives. Sans elles, mon état empirait. Sauter d'une paroi rocheuse avait toutes les chances de combler mon manque.

  — Bien sûr que oui ! Tu as raison, ce sera marrant.

  — Marché conclu, alors.

  — Et maintenant, allons dormir.

  Les cernes commençaient à se graver définitivement sous ses yeux, ce qui ne me plaisait pas.

  Le lendemain matin, je me réveillai tôt et en profitai pour porter en catimini un change de vêtements dans la camionnette. J'avais le sentiment que Charlie n'approuverait pas plus le plan de la journée qu'il n'aurait apprécié que je joue les casse-cou à moto.

  La perspective de me divertir un peu m'exaltait presque. Ce serait peut-être amusant, en effet. Un rendez-vous avec Jacob, un rendez-vous avec Edward... Je ricanai intérieurement. Jake avait beau affirmer que nous étions deux dingues, c'était moi la plus atteinte. En comparaison, un loup-garou avait des allures de normalité.

  Je m'attendais à ce que Jacob, comme d'ordinaire, sorte m'accueillir en entendant le rugissement du moteur. Il n'en fit rien, et je me dis qu'il dormait sans doute encore. Qu'à cela ne tienne, j'attendrais — autant qu'il en profite un maximum. Il avait besoin de se reposer, et cela permettrait à la température d'augmenter un peu. Il ne s'était pas trompé — dans la nuit, la météo s'était modifiée. Une épaisse couche de nuages alourdissait l'atmosphère, la rendant presque suffocante. Vu la chaleur, je laissai mon sweat-shirt dans la voiture avant de frapper à la porte.

 

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