TENTATION
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— Entre, Bella, lança Billy.
Attablé dans la cuisine, il mangeait un bol de céréales.
— Jake dort ?
— Hum... non.
Il posa sa cuiller, fronça les sourcils.
— Que s'est-il passé ? m'écriai-je, aussitôt alarmée par son comportement.
— Embry, Jared et Paul ont trouvé des traces fraîches tôt ce matin. Sam et Jake sont partis les rejoindre. Sam avait bon espoir ; elle est plus ou moins coincée dans les montagnes. Il pense qu'ils devraient réussir à en terminer aujourd'hui.
— Oh non ! murmurai-je.
— Tu apprécies La Push à ce point que tu voudrais y prolonger ta condamnation à résidence ? rigola-t-il.
— Ne plaisantez pas, Billy. Cette histoire est trop effrayante.
— Tu as raison, admit-il sans se départir de sa satisfaction. C'est une maligne, celle-là.
Je me mordis les lèvres.
— Ce n'est pas aussi dangereux que tu le penses, me rassura-t-il. Sam sait ce qu'il fait. Tu devrais plutôt t'inquiéter pour toi. La rouquine ne tient pas à les affronter. Elle essaie juste de les contourner... pour t'atteindre.
— Comment Sam peut-il être aussi sûr de lui ? Ils n'ont éliminé qu'un vampire, jusqu'à maintenant. C'était peut-être un coup de chance.
— Nous sommes très scrupuleux, Bella. Nous n'avons rien laissé au hasard. Tout ce qu'ils ont besoin de savoir se transmet de père en fils depuis des générations.
Cela ne me réconforta pas autant qu'il l'espérait sans doute. Je gardais un souvenir bien trop précis d'une Victoria invincible, aussi venimeuse qu'une vipère. Si elle ne parvenait pas à les feinter, elle se résoudrait à leur rentrer dedans. Billy retourna à son petit déjeuner, tandis que je m'asseyais sur le divan et zappais au hasard sur la télévision. Je ne tardai pas à étouffer, dans cette petite pièce, et un sentiment de claustrophobie, renforcé par les rideaux tirés sur les fenêtres qui m'empêchaient de voir dehors, me submergea.
— Je serai sur la plage, annonçai-je en me précipitant à l'extérieur.
Malheureusement, le grand air ne me fut guère secourable. Les nuages bas entretenaient mon impression d'enfermement. Je me dirigeai vers la grève, avec le sentiment que les bois étaient étrangement déserts. Je n'y aperçus aucun animal — ni oiseaux ni écureuils -, n'entendis aucun bruit non plus. Le silence était sinistre ; même le son du vent dans les arbres s'était tu.
J'avais beau savoir que c'était dû à la météo, j'avais les nerfs en pelote. Même mes pauvres sens d'humaine percevaient la lourde et chaude pression atmosphérique, qui augurait d'une violente tempête à venir. Ce que me confirma un coup d'œil au ciel : malgré l'absence de vent, les nuages tournoyaient lentement ; les plus proches, gris clair, dissimulaient mal une deuxième couche d'un mauve abominable. La nuée nous réservait un déchaînement féroce pour plus tard. Les animaux se cachaient.
Sitôt sur la plage, je regrettai d'être venue. J'en avais assez de cet endroit. J'y avais déambulé presque quotidiennement, seule. Mes cauchemars étaient-ils très différents de cela ? En même temps, où aller ? Je gagnai à pas lents l'arbre mort et m'y assis en m'adossant à ses racines enchevêtrées. Morose, je contemplai le ciel furieux, attendant que les premières gouttes rompent la quiétude.
Je m'efforçais de ne pas songer aux dangers auxquels Jacob et ses amis s'exposaient à cette heure. Rien ne devait arriver à Jacob — l'idée était par trop intolérable. J'avais déjà tant perdu. Le destin m'arracherait-il les maigres lambeaux de paix qu'il me restait ? Ça me semblait injuste, déséquilibré. Mais j'avais peut-être violé une règle dont je n'avais pas conscience, traversé une ligne marquant ma condamnation. Et j'avais sans doute tort de m'impliquer autant dans les mythes et les légendes et de tourner le dos au monde des humains. Non, Jake s'en sortirait indemne ! Il fallait que j'y croie, sinon je craquerais. En grognant, je bondis sur mes pieds. J'étais incapable de me tenir tranquille, mieux valait encore marcher.
J'avais vraiment escompté entendre Edward, ce matin-là. Comme si c'était la seule chose à même de rendre vivable cette journée. Le trou s'était envenimé, ces derniers temps, à croire qu'il se vengeait de l'époque où la présence de Jacob l'avait dompté. Les bords de la plaie brûlaient.
La houle avait forci, et les vagues s'écrasaient plus brutalement sur les rochers, bien qu'il n'y eût pas un souffle de vent. Autour de moi, l'univers tourbillonnait, même si j'étais comme enveloppée dans une bulle de calme. L'atmosphère était chargée d'électricité, je le sentais dans mes cheveux. Au loin, l'océan était encore plus démonté qu'au bord de la plage. Les déferlantes s'abattaient contre le rempart de falaises dans de grandes gerbes d'écume. L'air était immobile, et pourtant les nuages roulaient de plus en plus vite, donnant l'impression étrange et effrayante qu'ils se déplaçaient de par leur seule volonté, ce qui accentuait mon malaise.
Les falaises évoquaient la lame sombre d'un couteau contre le ciel livide. Je me rappelai soudain le jour où Jake m'avait parlé de Sam et de sa bande. Je revis les garçons — des loups-garous — se jeter dans le vide. L'image des corps qui tombaient en tournant était encore très vive dans mon esprit. J'imaginai l'incroyable liberté de la chute... j'inventai les échos de la voix d'Edward, furieux, veloutés, parfaits... L'incendie dans ma poitrine se déchaîna, me tortura. Il y avait forcément un moyen de l'éteindre. La douleur augmentait, de plus en plus intolérable. Je contemplai les falaises et les vagues moutonnantes.
Pourquoi pas ? Pourquoi ne pas apaiser le feu tout de suite ? Jacob m'avait promis un plongeon, n'est-ce pas ? Ce n'était pas parce qu'il était indisponible que je devais refuser la distraction qui m'était si nécessaire. Qui l'était d'autant plus que Jacob était en train de risquer sa vie. À cause de moi, dans le fond. Car sans moi, Victoria n'aurait tué personne dans les parages... ailleurs, loin d'ici, oui. S'il arrivait malheur à Jacob, j'en serais responsable. Cette prise de conscience me fit mal ; je repartis en courant en direction de la maison des Black, où m'attendait la Chevrolet.
Je connaissais la piste qui me conduirait au plus près des falaises, mais je dus batailler un peu pour dénicher le sentier qui me mènerait à leur bord. Tout en le suivant, je cherchai des yeux des bifurcations, me souvenant que Jake avait parlé de commencer par une saillie moins haute, mais le chemin sinuait jusqu'au précipice, n'offrant aucune possibilité de tourner. Je ne disposais pas du temps suffisant pour trouver un autre accès, plus bas sur le flanc des rochers, car la tempête n'était plus loin à présent. Le vent atteignait enfin le sol ; les nuages se rapprochaient de la terre. Au moment où je parvins à l'endroit où le sentier s'élargissait en impasse sur la mer, les premières gouttes crépitèrent.
Je n'eus aucun mal à me convaincre de renoncer à la saillie située à mi-pente. Je voulais sauter du sommet ; c'était l'image qui m'avait hantée. J'exigeais la plus longue chute, afin d'avoir l'impression de voler. J'étais consciente que je m'apprêtais à commettre l'acte le plus idiot et le plus téméraire de mon existence. Cela m'arracha un sourire. Déjà, la douleur de mon cœur s'estompait, comme si mon corps avait deviné que la voix d'Edward allait bientôt retentir...
Bizarrement, la mer paraissait très loin, plus qu'avant, quand j'étais encore dans les arbres. Je songeai à la température de l'eau en grimaçant. Mais bon, ça n'allait pas m'arrêter. Les rafales étaient violentes, maintenant, et la pluie me fouettait en tournoyant. J'avançai jusqu'au bord, en gardant les yeux fixés sur le vide qui s'étalait devant moi. Je tâtonnai du pied, à l'aveugle, jusqu'à deviner l'endroit où la roche le cédait au néant. J'inspirai profondément, retins mon souffle, attendis.
« Bella. »
En souriant, j'exhalai.
— Oui ?
Je n'avais pas répondu tout fort, par peur que le son ne détruise la splendide illusion. Il semblait si réel, si proche. Ce n'était que quand il me grondait comme ça que je retrouvais la vraie mémoire de ses intonations, la texture veloutée et mélodieuse qui n'appartenait qu'à la plus parfaite de
s voix.
« Ne fais pas ça », me supplia-t-il.
— Tu voulais que je sois humaine. Eh bien, regarde.
« Je t'en prie. Pour moi. »
— C'est la seule façon que j'ai trouvée pour que tu acceptes de rester avec moi.
« S'il te plaît. »
Ce n'était qu'un chuchotis dans les tourbillons de pluie qui ébouriffaient mes cheveux et trempaient mes vêtements, me mouillant autant que si j'avais déjà sauté. Je tanguai sur la paume de mes pieds.
« Non, Bella ! »
Il était en colère, à présent, et cette colère était si belle ! Je souris, levai les bras comme pour plonger, offrant mon visage à l'averse. Je me penchai en avant, m'accroupissant pour avoir plus de ressort... et me jetai du haut de la falaise.
Je chutai comme un météore, en hurlant de toutes mes forces, mais c'était un cri de bonheur et non de peur. Le vent m'opposait sa résistance, essayant en vain de lutter contre l'inéluctable gravité, me repoussant, me ballottant en spirales semblables à celles d'une fusée s'écrasant à terre. « Oui ! » Le mot résonna dans mon crâne quand je fendis la surface. L'eau était glacée, encore plus que ce que j'avais craint, pourtant les frissons ne faisaient qu'ajouter au plaisir. J'étais très fière de moi lorsque je m'enfonçai dans l'océan gelé et noir. Pas un instant je n'avais été victime de la terreur. Ça n'avait été que pure adrénaline. Finalement, le saut n'était pas du tout effrayant. En quoi cela constituait-il un défi ?
C'est alors que le courant m'emporta.
J'avais été si occupée à songer à la hauteur des falaises, au danger évident de leurs parois élevées et à pic que je n'avais pas un instant pensé à la mer sombre qui m'attendait en bas. Je n'avais pas envisagé que la véritable menace qui me guettait se trouvait sous le violent ressac.
J'eus l'impression que les vagues se disputaient mon corps, me secouant de tous côtés comme si elles avaient la ferme intention de me couper en deux. Je savais comment échapper à un courant de retour : nager parallèlement à la plage au lieu de tenter de rejoindre la grève. Malheureusement, cela ne m'était guère utile puisque j'avais perdu tout sens de l'orientation. Je ne savais même plus où était la surface. Partout, ce n'était qu'eaux noires et déchaînées, où ne filtrait aucune lueur. Si la gravité m'avait emportée en dépit de l'air, elle était impuissante face aux déferlantes. Je ne sentais nulle attraction, vers le fond ou ailleurs, juste la force des courants qui me bringuebalaient comme une poupée de chiffon.
Je luttai pour conserver mes réserves d'oxygène et garder mes lèvres serrées.
La présence de mon hallucination ne me surprit pas. Edward me devait bien ça, vu que j'étais en train de mourir. Certitude qui, elle, m'étonna. J'allais me noyer. Je me noyais.
« Continue à nager ! m'encouragea-t-il avec des accents désespérés.
— Où donc ? » répliquai-je mentalement.
J'étais cernée par les ténèbres.
« Arrête ça ! explosa-t-il. Je t'interdis de renoncer ! »
Le froid engourdissait mes membres, et je n'avais plus autant qu'avant l'impression d'être ballottée. C'était plutôt une espèce de vertige, à présent, une impression de tourner sans fin dans les remous. Malgré tout, je lui obéis, obligeant mes bras à s'agiter et mes jambes à pousser, en dépit des changements de direction constants auxquels j'étais soumise. Hélas, cela ne servait à rien.
« Bats-toi ! hurla-t-il. Je t'en supplie, bats-toi, Bella !
— Pourquoi ? »
Je n'avais plus envie de lutter. Et ce ne fut pas le vertige, le froid ou l'épuisement de mes muscles qui m'amena à abandonner la partie. J'étais presque contente que c'en fût terminé. Cette mort était préférable à celles auxquelles j'avais déjà été confrontée. Étrangement paisible. Savoir la fin proche était réconfortant. Je songeai brièvement aux clichés qui affirment que votre vie défile devant vos yeux. Je n'eus pas cette malchance. Qui aurait d'ailleurs souhaité visionner la rediffusion de ma pauvre existence ?
En revanche, je le vis, lui, sans pour autant retrouver le désir de résister. L'image était si claire, tellement plus définie que dans mes souvenirs. Mon inconscient avait emmagasiné Edward dans les moindres détails de sa perfection, le préservant pour cet ultime moment. Son visage sans défauts était aussi réel que s'il avait été présent, avec l'exacte nuance de sa peau glacée, la forme de ses lèvres, la courbe de sa mâchoire, l'étincelle d'or de ses prunelles enragées. Il était courroucé, naturellement, parce que je démissionnais. Il serrait les dents ; la fureur dilatait ses narines.
« Non ! Bella ! Non ! »
Mes oreilles étaient submergées par l'océan glacial, et pourtant le ténor était plus distinct qu'avant. Ignorant ses suppliques, je me concentrai sur le son de sa voix. Pourquoi aurais-je résisté, alors que j'étais tellement heureuse qu'il fût là ? Malgré mes poumons brûlants et mes jambes assaillies par les crampes, j'étais contente. J'avais oublié à quoi ressemblait le vrai bonheur.
Le bonheur. Il rendait la mort plutôt agréable.
Soudain, le courant m'emporta, me projetant contre quelque chose de dur, un rocher invisible dans l'obscurité qui heurta brutalement ma poitrine, telle une barre de fer, et l'oxygène s'échappa de mes poumons en un flot de bulles argentées. L'eau envahit ma gorge, m'étranglant, m'incendiant. La barre de fer parut m'attirer vers elle, m'entraîner loin d'Edward, encore plus loin dans le noir, vers le fond de l'océan.
« Au revoir, je t'aime. » Telles furent mes dernières pensées.
16
PRIS
À cet instant, ma tête remonta à la surface.
Très désorientant. Moi qui avais été si sûre de couler !
La houle acharnée m'expédia contre d'autres rochers qui me mordirent le dos et, à force, expulsèrent l'eau de mes poumons en torrents énormes et stupéfiants qui dégoulinèrent de ma bouche et de mon nez. Le sel me brûlait à l'intérieur, le liquide qui encombrait ma gorge m'empêchait d'aspirer une goulée d'air, et les pierres meurtrissaient mes omoplates et mes reins. En dépit des vagues qui mugissaient autour de moi, je ne bougeais plus. Partout, je n'apercevais que la mer, la mer, la mer qui léchait mon visage.
— Respire ! m'ordonna une voix anxieuse.
Pas celle d'Edward. J'éprouvai un brusque élancement lorsque je la reconnus.
Je ne parvins pas à obtempérer. Les cascades qui jaillissaient de ma bouche ne s'interrompaient pas assez longtemps pour que j'arrive à reprendre mon souffle, et l'eau sombre et glacée s'infiltrait de nouveau dans mes poumons.
— Respire, Bella ! Allez ! Respire ! me supplia Jacob.
Des taches noires s'épanouirent devant mes yeux, de plus en plus grosses, obscurcissant la lumière. Je me heurtai contre un rocher. Il n'était pas gelé comme l'océan. Il était même chaud. Je compris qu'il s'agissait de la main de Jake qui frappait mon dos pour m'obliger à recracher ce qu'il restait d'eau à l'intérieur de moi. La barre de fer qui m'avait tirée hors de la mer avait été également... chaude... J'avais le vertige ; les points noirs cachaient tout. Étais-je en train de mourir une deuxième fois ? Sauf que je n'aimais pas cette mort, elle n'était pas aussi bien que la précédente. Désormais, il n'y avait plus que l'obscurité, sans rien qui valût la peine d'être regardé. Le bruit des vagues s'estompa dans les ténèbres, se réduisant à un murmure qui paraissait provenir de mes oreilles...
— Bella ? demanda Jacob, un peu moins tendu qu'auparavant. Bella chérie, tu m'entends ?
Le contenu de mon crâne tanguait et balançait de manière nauséeuse, comme s'il avait rejoint la mer déchaînée.
— Depuis combien de temps a-t-elle perdu conscience ? s'enquit quelqu'un d'autre.
Cette voix-là me ramena à la réalité. Je me rendis compte de mon immobilité. Le courant avait disparu, les ballottements ne se trouvaient plus que dans ma tête. La surface sur laquelle j'étais allongée, dure et stable, griffait vaguement mes bras nus.
— Je ne sais pas, répondit Jacob avec des accents frénétiques.
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bsp; Il paraissait tout proche. Des mains, si chaudes qu'elles ne pouvaient que lui appartenir, écartèrent mes cheveux de mes joues.
— Quelques minutes ? enchaîna-t-il. Il ne m'a pas fallu longtemps pour la tirer sur la plage.
Le chuchotis dans mes tympans n'était pas les vagues, mais l'air qui soulevait de nouveau mes poumons. Chaque inspiration et expiration me brûlait, les conduits à vif, comme frottés au papier d'émeri. Mais bon, j'étais vivante. Et je grelottais. Des milliers de gouttelettes glaciales transperçaient ma peau, renforçant l'impression de froid.
— Elle respire. Elle va revenir à elle. Nous devrions la mettre au chaud. Je n'aime pas beaucoup cette pâleur...
J'identifiai Sam.
— Tu crois qu'on peut la déplacer ?
— Elle ne s'est pas blessé le dos ni rien quand elle est tombée ?
— Aucune idée.
Ils hésitaient. J'essayai d'ouvrir les paupières. D'abord, je ne distinguai rien d'autre que les nuages violet sombre qui déversaient leur pluie gelée sur moi.
— Jake ? croassai-je.
Son visage envahit mon champ de vision.
— Oh ! souffla-t-il, et le soulagement se dessina sur ses traits. Oh, Bella ! Tu vas bien ? Tu m'entends ? Tu as mal quelque part ?
— J-juste à... à la g-gorge, bégayai-je, en claquant des dents.
— Dans ce cas, nous allons t'emmener d'ici, décida-t-il.
Glissant un bras sous moi, il me souleva sans effort, comme s'il avait ramassé une boîte vide. Son torse nu était tiède. Il se courba pour tenter de me protéger de l'averse. Ma tête roula sur son coude, et je contemplai sans le voir l'océan furieux qui maltraitait la grève.
— Tu l'as ? lança Sam.
— Oui. Je m'occupe d'elle. Toi, retourne à l'hôpital. Je t'y rejoindrai plus tard. Merci, Sam.