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LE GRAND VOYAGE

Page 63

by Jean M. Auel


  — Olamun a raison. D’ailleurs, nous n’aurions même plus la force à présent, déclara Ebulan. Attaroa s’amuse à nous affaiblir... ou pire encore.

  — Pire ? C’est-à-dire ?

  — Montre-lui, S’Amodun, demanda Ebulan à un homme de haute taille d’une maigreur cadavérique.

  Un visage rude et émacié aux arcades sourcilières saillantes, un long nez busqué, des cheveux gris hirsutes et une longue barbe presque blanche, l’homme frappait surtout par ses yeux. Ils étaient irrésistibles, aussi noirs que ceux d’Attaroa mais on y lisait toute la profondeur d’une sagesse ancestrale, le mystère et la compassion, au lieu de la cruauté. Était-ce à cause de son port altier ou de son attitude, Jondalar était impressionné par le respect qu’imposait le personnage malgré des conditions aussi misérables.

  Le vieil homme approuva d’un air grave et les précéda sous l’auvent où certains s’étaient réfugiés. Jondalar dut courber la tête pour entrer et fut aussitôt assailli par une puanteur épouvantable. Un homme était allongé sur une planche qu’on avait dû arracher du toit, et couvert d’une simple peau de bête déchirée. Le vieil homme souleva la peau, dévoilant une plaie en putréfaction.

  — Pourquoi cet homme est-il ici ? demanda Jondalar, horrifié.

  — Les gardes d’Epadoa lui ont infligé cette blessure, expliqua Ebulan.

  — S’Armuna le sait-elle ? Elle pourrait le soigner.

  — Bah, S’Armuna ! s’exclama Olamun, l’un de ceux qui les avaient suivis. Pourquoi le soignerait-elle ? Qui, crois-tu, a aidé Attaroa à devenir ce qu’elle est ?

  — Mais enfin, c’est elle qui a nettoyé ma blessure ! s’étonna Jondalar.

  — C’est donc qu’Attaroa a des projets pour toi, affirma Ebulan.

  — Des projets ? Que veux-tu dire ?

  — Tant que les hommes sont jeunes et forts, elle aime les faire travailler. A condition qu’elle puisse les garder sous sa coupe, expliqua Olamun.

  — Et si quelqu’un refuse de travailler ? Comment peut-elle l’y obliger ?

  — Oh, les moyens ne lui manquent pas ! Elle le prive d’eau, ou de nourriture. Si ça ne suffit pas, elle menace ses proches, dit Ebulan. Si tu sais qu’elle est prête à enfermer l’homme de ton foyer, ou ton frère dans la cage, sans boire et sans manger, tu cèdes vite à ses caprices.

  — La cage ?

  — Oui, là où tu étais. Là où tu as trouvé cette cape magnifique, déclara Ebulan avec un sourire désabusé.

  Les hommes regardaient Jondalar en souriant, eux aussi. Jondalar baissa les yeux sur la peau de bête qu’il avait arrachée du revêtement de la cage et dont il s’était enveloppé.

  — Félicitations ! s’exclama Olamun. Ardemun nous a raconté comment tu avais presque démoli la cage. Attaroa a dû être surprise.

  — Autrefois elle construira cage solide, dit un autre, moins familier de la langue des Chasseurs de Mammouths.

  Ebulan et Olamun parlaient couramment mamutoï et Jondalar avait oublié que ce n’était pas leur langue maternelle. Mais apparemment, d’autres en maîtrisaient quelques mots, et tous pouvaient suivre la conversation.

  L’homme sur la litière de fortune gémit et le vieil homme s’agenouilla près de lui pour le réconforter. Jondalar remarqua d’autres silhouettes qui s’agitaient sous l’auvent, un peu plus loin.

  — Ça ne changera rien. Si elle n’a plus de cage, elle menacera de torturer tes proches pour t’obliger à faire ce qu’elle te demande. Supposons que tu aies été uni avant qu’elle devienne la Femme Qui Ordonne, et que pour ton malheur la Mère ait fait naître un garçon dans ton foyer, elle t’obligera à te soumettre, expliqua Ebulan.

  — Pourquoi serait-ce un malheur d’avoir un garçon dans son foyer ? s’étonna Jondalar, choqué.

  Ebulan interrogea le vieil homme du regard.

  — Je vais leur demander s’ils acceptent de rencontrer le Zelandonii, déclara alors S’Amodun.

  C’était la première fois que Jondalar entendait le vieil homme parler. Qu’une voix si profonde et si riche émanât d’un corps si maigre le surprit. Le vieil homme retourna sous l’auvent et se pencha pour parler avec deux silhouettes blotties près de l’endroit où le toit incliné s’appuyait sur le sol. On entendait sa voix grave et douce et quelques bribes de réponses provenant de voix plus jeunes. Aidée par le vieillard, l’une des silhouettes se leva et avança vers Jondalar en boitant.

  — Voici Ardoban, annonça le vieil homme.

  — Je suis Jondalar de la Neuvième Caverne des Zelandonii, et au nom de Doni, la Grande Terre Mère, je te salue, Ardoban, déclara Jondalar avec cérémonie, tendant ses deux mains au jeune garçon, devinant que ce dernier avait besoin d’être traité avec dignité.

  Le garçon essaya de se redresser et de saisir les mains que Jondalar lui offrait, mais il grimaça de douleur. Jondalar voulut le soutenir, mais se ravisa.

  — Je préfère qu’on m’appelle Jondalar, reprit-il avec un sourire forcé, essayant de détendre l’atmosphère.

  — Moi, Doban. Pas aimer Ardoban. Attaroa toujours dire Ardoban. Elle veut moi appeler elle S’Attaroa. Moi plus le dire.

  Jondalar prit un air perplexe.

  — C’est difficile à traduire, intervint Ebulan. C’est une forme de respect qu’on utilise quand on s’adresse à quelqu’un qu’on estime.

  — Et Doban ne respecte plus Attaroa ?

  — Doban déteste Attaroa ! s’exclama le jeune garçon au bord des larmes, et il retourna sous L’auvent en claudiquant.

  Le vieil homme aida Doban à regagner sa place.

  — Que lui est-il arrivé ? interrogea Jondalar.

  — On a tiré sa jambe jusqu’à ce qu’elle se déboîte de la hanche, expliqua Ebulan. C’est Attaroa qui lui a fait ça... ou plutôt, elle a demandé à Epadoa de le faire à sa place.

  — Comment ! s’exclama Jondalar, incrédule. Vous prétendez qu’elle a fait exprès de déboîter la hanche de cet enfant ? Mais quel genre de monstre est-elle ?

  — Elle a agi de la même manière avec l’autre garçon, le jeune Odevan.

  — Comment peut-elle justifier un acte aussi abominable, ne serait-ce qu’à ses propres yeux ?

  — Pour le plus jeune, c’était pour faire un exemple. La mère du garçon n’aimait pas la façon dont Attaroa nous traitait, et elle exigeait que son compagnon retourne dans son foyer. Avanoa avait même réussi à s’introduire dans l’Enclos et à passer parfois la nuit avec son compagnon. Elle nous apportait aussi à manger en cachette, et elle n’est d’ailleurs pas la seule à le faire. Mais elle montait les autres femmes contre Attaroa, et Armodan, son compagnon... il résistait, il refusait de travailler. Attaroa s’est vengée sur l’enfant. Elle prétendait qu’à sept ans on était assez grand pour quitter sa mère et vivre avec les hommes. Mais elle lui a d’abord déboîté la jambe.

  — Le garçon n’avait que sept ans ? demanda Jondalar, frémissant d’horreur. Je n’ai jamais rien entendu d’aussi monstrueux.

  — Odevan souffre beaucoup, et sa mère lui manque, mais l’histoire d’Ardoban est encore plus triste, assura S’Amodun qui venait de les rejoindre.

  — On a du mal à imaginer pire, dit Jondalar.

  — Ardoban souffre davantage de la trahison que de douleur physique, expliqua S’Amodun. Ardoban croyait qu’Attaroa était sa mère. Sa vraie mère est morte quand il était petit et Attaroa l’a élevé. Mais il n’était qu’un jouet pour elle. Elle l’habillait en fille et l’affublait de parures ridicules, mais elle le nourrissait bien et lui donnait souvent des friandises. Parfois, elle le câlinait, et elle le laissait même dormir avec elle quand l’envie lui prenait. Mais quand elle se fatiguait de lui, elle le jetait hors du lit et l’obligeait à dormir par terre. Il y a quelques années, Attaroa s’est mis en tête qu’on cherchait à l’empoisonner.

  — On dit qu’elle a elle-même empoisonné son compagnon, intervint Olamun.

  — Elle obligeait Ardoban à goûter tout ce qu’elle mangeait, poursuivit le vieillard. Et quand il devint plus grand,
elle l’a attaché, persuadée qu’il voulait s’enfuir. Mais il la considérait comme sa mère, et il l’aimait. Il s’efforçait de lui faire plaisir. Il traitait les autres enfants aussi mal qu’elle traitait les hommes, et il a commencé à donner des ordres aux hommes. Attaroa l’encourageait, bien sûr.

  — Il était insupportable, renchérit Ebulan. On aurait cru que le Camp lui appartenait, et il persécutait les autres garçons.

  — Alors qu’est-il arrivé ? demanda Jondalar.

  — Il est devenu un homme, raconta S’Amodun, puis, voyant l’air surpris de Jondalar, il expliqua : la Mère lui est apparue pendant son sommeil sous la forme d’une jeune femme, et a éveillé sa virilité.

  — Oui, c’est ce qui arrive à tous les garçons, dit Jondalar.

  — Attaroa l’a découvert, poursuivit S’Amodun, et on aurait dit qu’il avait fait exprès de devenir un homme afin de la contrarier. Elle était blême ! Elle s’est mise à hurler, à le traiter de noms horribles, elle l’a banni et l’a expédié dans le Camp des Hommes. Mais elle lui a déboîté la hanche auparavant.

  — Pour Odevan, c’était plus facile, continua Ebulan. Il était plus jeune, et je ne suis même pas sûr que c’était vraiment son intention. Elle voulait surtout punir sa mère et son compagnon en le faisant crier de douleur. Mais Attaroa a compris le parti qu’elle pouvait tirer de ce qui s’est produit. C’est un bon moyen d’affaiblir un homme, et de pouvoir ensuite le contrôler.

  — C’est Ardemun qui lui a inspiré cette pratique, remarqua Olamun.

  — Elle lui a aussi déboîté la jambe ?

  — D’une certaine façon, oui, admit S’Amodun. En fait, c’était un accident, mais c’est arrivé alors qu’il cherchait à s’enfuir. Je crois que S’Armuna l’aurait volontiers soigné, mais Attaroa le lui a interdit.

  — C’était plus difficile avec un garçon de douze ans. Il criait et se débattait, mais en pure perte, raconta Ebulan. Et je vais t’avouer une chose : après avoir entendu ses cris de douleur, personne ici n’a été capable de lui garder rancune. Il a largement payé pour ses erreurs d’enfant.

  — On prétend qu’elle a dit aux femmes que tous les garçons, même ceux qui ne sont pas encore nés, auront leurs membres disloqués, déclara Olamun.

  — Oui, Ardemun nous l’a confirmé, fit Ebulan.

  — Comment ose-t-elle commander à la Mère ? s’indigna Jondalar. Prétend-elle la forcer à n’accorder que des filles ? Cette femme joue avec son destin.

  — C’est possible, admit Ebulan. Mais seule la Mère pourra l’arrêter, j’en ai peur.

  — Le Zelandonii a raison, dit S’Amodun. La Mère a déjà essayé de la prévenir. Regardez comme peu d’enfants sont nés ces dernières années. Torturer des enfants, cet ultime affront à la Mère ne restera sans doute pas impuni. Ses Enfants doivent être protégés, on n’a pas le droit de les maltraiter.

  — Ayla ne tolérerait jamais ça, renchérit Jondalar... Mais est-elle seulement vivante ? s’interrogea-t-il tout haut alors que ses yeux se voilaient d’inquiétude.

  Les hommes se regardèrent, gênés, hésitants à poser la question qui était sur toutes les lèvres. Finalement Ebulan osa s’aventurer.

  — Est-ce la femme dont tu prétends qu’elle voyage sur le dos des chevaux ? demanda-t-il. Si c’est vrai, elle doit avoir des pouvoirs immenses.

  — Elle ne dirait pas cela, répondit Jondalar avec un sourire amusé. Pourtant, elle possède plus de « pouvoir » qu’elle ne le pense. Mais elle ne monte pas sur tous les chevaux, seulement sur la jument qu’elle a élevée, et parfois l’étalon sur lequel je monte moi-même. Mais elle a quelques difficultés à le maîtriser. C’est d’ailleurs à cause de ça que...

  — Tu montes aussi sur le dos des chevaux ? s’étonna Olamun, incrédule.

  — Non, sur un seul... euh... enfin, je monte aussi sur la jument, mais...

  — L’histoire que tu as racontée à Attaroa serait donc vraie ? demanda Ebulan.

  — Bien sûr qu’elle est vraie. Pourquoi aurais-je inventé une chose pareille ? s’offusqua-t-il devant leur scepticisme. Peut-être vaudrait-il mieux que je commence par le début. Ayla a élevé une jeune pouliche...

  — Où a-t-elle trouvé une pouliche ? demanda Olamun.

  — Elle avait tué sa mère en chassant.

  — Mais pourquoi l’avoir élevée ? s’étonna Ebulan.

  — Parce que la pouliche était seule, que la femme était seule, elle aussi... Et parce que... Ah, c’est une longue histoire ! ajouta-t-il, soucieux d’éluder la question. Disons qu’elle avait envie de compagnie et qu’elle a décidé de garder la pouliche. Quand Whinney a grandi – c’est le nom qu’elle lui a donné – elle a mis bas un poulain, C’est à peu près à ce moment-là que nous nous sommes rencontrés, Ayla et moi. Elle m’a montré comment monter sur le poulain et elle me l’a donné pour que je le dresse. Je l’ai appelé Rapide, parce qu’il court vite. Depuis que nous sommes partis de la Réunion d’Été des Mamutoï, nous avons voyagé sur le dos des chevaux en contournant les montagnes jusqu’ici. Nous n’avons pas de pouvoirs extraordinaires, il suffit de prendre soin des chevaux dès leur naissance, comme une mère élève ses enfants.

  — Puisque tu le dis, déclara Ebulan.

  — Je le dis parce que c’est vrai, répliqua Jondalar.

  Il comprit toute la vanité de ses efforts, et décida de changer de sujet. Ils ne croiraient pas son histoire avant de l’avoir vérifiée de leurs propres yeux, ce qui n’était pas près d’arriver. Ayla avait disparu, et les chevaux aussi.

  Le portail s’ouvrit alors, et toutes les têtes se tournèrent. Epadoa entra, suivie par quelques-unes de ses gardes. Après ce qu’il avait appris, Jondalar étudia plus attentivement celle qui avait infligé tant de souffrance à deux jeunes enfants. Il ne savait pas laquelle était la plus monstrueuse, celle qui avait conçu l’idée ou celle qui l’avait exécutée. Il croyait Attaroa capable de torturer elle-même, elle avait quelque chose d’anormal. Un esprit maléfique s’était certainement emparé d’une parcelle vitale de son être. Mais que dire d’Epadoa ? Elle semblait saine et pourtant elle commettait des actes d’une invraisemblable cruauté. Lui manquait-il aussi une partie vitale de son être ?

  A la surprise générale, Attaroa en personne pénétra à son tour dans l’Enclos.

  — Que veut-elle ? Elle ne vient jamais ici, s’étonna Olamun, effrayé par cette démarche inhabituelle.

  Des femmes arrivèrent ensuite, portant des plateaux de viandes cuites encore fumantes, et des paniers tressés d’où s’échappait une alléchante odeur de soupe. De la viande de cheval ! Les chasseresses seraient-elles de retour ? Jondalar était perplexe. Voilà longtemps qu’il n’avait pas mangé de viande de cheval, et bien qu’il n’en raffolât pas, le fumet lui parut délicieux. On apporta également un grand récipient d’eau et des bols.

  Les hommes observaient la scène avec avidité, mais pas un ne broncha de peur qu’Attaroa ne revînt sur sa décision. Ils craignaient une nouvelle perfidie destinée à les frustrer davantage.

  — Zelandonii ! cria Attaroa sur un ton impérieux.

  Jondalar approcha en l’observant attentivement. Elle était presque masculine_ non, pas tout à fait. Une charpente solide, des traits bien dessinés et assez fins... elle était plutôt belle, du moins aurait-elle pu l’être si la dureté de son expression ne l’enlaidissait pas. Mais un rictus cruel déformait sa bouche, et la méchanceté assombrissait son regard.

  S’Armuna parut à ses côtés. Elle a dû arriver avec les porteuses, se dit Jondalar qui remarquait seulement sa présence.

  — Je parle pour Attaroa, annonça-t-elle en Zelandonii.

  — Tu ferais mieux de parler pour toi, il faudra bien que tu t’expliques un jour, lança Jondalar, son regard bleu glacé de mépris. Comment as-tu permis tout cela ? Attaroa n’a pas toute sa raison, mais toi ? Je te tiens pour responsable de tout !

  D’un ton furieux, Attaroa dit quelques mots à la chamane.

  — Attaroa ne veut pas que tu me parles. Je ne
suis ici que pour traduire ses paroles. Attaroa ordonne que tu la regardes quand tu t’adresses à elle, dit S’Armuna.

  Jondalar dévisageait Attaroa.

  — Attaroa parle maintenant : Est-ce que ton nouveau... logis te plaît ?

  — Que s’imagine-t-elle ? riposta Jondalar en fixant S’Armuna qui évita son regard et traduisit pour Attaroa.

  Un sourire cruel tordit le visage de la Femme Qui Ordonne.

  — Tu as dû entendre beaucoup de choses sur mon compte, mais tu ne devrais pas croire tout ce qu’on raconte.

  — Je crois ce que je vois, rétorqua Jondalar.

  — Précisément. Tu m’as vue apporter à manger.

  — Oui, mais je ne vois personne manger, et je sais que ces hommes ont faim.

  Le sourire d’Attaroa s’élargit en entendant la traduction.

  — Ils mangeront, je te le promets. Toi aussi, d’ailleurs. Tu auras besoin de toute ta force, s’exclama-t-elle dans un grand éclat de rire.

  — Je n’en doute pas.

  Après la traduction de S’Armuna, Attaroa quitta brusquement l’Enclos, entraînant ses gardes à sa suite.

  — Je te tiens pour responsable ! répéta Jondalar à l’adresse de S’Armuna qui s’éloignait.

  — Vous feriez mieux de manger tout de suite. Attaroa pourrait changer d’avis, déclara une des gardes dès que le portail se fut refermé. Les hommes se ruèrent sur la nourriture.

  — Sois prudent, Zelandonii, lui glissa S’Amodun. Elle te réserve un traitement spécial.

  Pour Jondalar, les jours qui suivirent s’écoulèrent lentement. On apporta de l’eau, et très peu de nourriture, mais personne ne fut autorisé à sortir, même pour travailler, ce qui était très inhabituel. Les hommes étaient nerveux, d’autant qu’Ardemun était maintenant parmi eux. Sa connaissance de plusieurs langues avait d’abord fait d’Ardemun un interprète, puis le porte-parole entre Attaroa et les hommes. Son infirmité rassurait Attaroa. Il ne pouvait s’enfuir et elle le jugeait inoffensif. Il bénéficiait d’une grande liberté à l’intérieur du Camp, ce qui lui permettait de transmettre des nouvelles sur la vie hors de l’Enclos, et d’apporter parfois un peu de nourriture supplémentaire.

 

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